
Du sang sur les mains
-William Grimshaw a été remis en liberté, annonce Arthur d’une voix plus calme qu’il ne l’était lui-même.
Les deux filles en face de lui eurent la réaction qu’il attendait. Emmeline baissa les yeux vers ses pieds et tenta de camoufler une grimace alors que Léwina se leva, envoya ses bras au ciel et décida de faire les cents pas dans sa chambre. Après quelques instants, elle s’arrêta soudainement, mit ses mains sur ses hanches et après avoir souffler longuement, elle déclara :
-Mallory Grimshaw a été remise au ministère, le procès est vendredi prochain. S’ils innocentent le frère, ils ont qu’à innocenter la sœur aussi, surtout qu’on a moins de preuves cette fois-ci.
Arthur souffla à son tour, toute cette situation l’énervait.
Ce n’était pas la première fois que les trois Serpentard se retrouvaient à l’abris des oreilles indiscrètes, dans la chambre de Léwina et Sirius, afin de parler plus librement. En effet, ils avaient fini par se rendre compte qu’ils ne partageaient pas l’avis de leurs collègues, du moins pas sur tous les sujets.
-On ne peut pas continuer comme ça, se plaint Emmeline. Combattre, capturer, amener en procès et puis libérer sans poursuite. William Grimshaw est le troisième Mangemort à se faire innocenter rien que ce mois-ci ! Ils vont bientôt commencer à libérer ceux qui sont déjà à Azkaban à ce rythme.
-C’est comme si on se battait pour rien, appuie Léwina. Je ne vais pas continuer à risquer ma vie pour... rien !
-Tu ne vas pas quitter l’Ordre quand même, demande avec stupeur son meilleur ami ?
-Je ne pense pas… Mais qu’ils envoient ces putains de Gryffondor qui sont prêts à donner leur vie pour un rien en mission risquée.
Par ses qualités au combat, Léwina était souvent envoyée dans les missions qui nécessitaient de se battre. Cela ne la dérangeait pas particulièrement, elle aimait sentir l’adrénaline couler dans ses veines. Néanmoins, elle était bien consciente que les premiers à tomber au combat étaient toujours ceux qui constituaient la première ligne.
Au cours des dernières semaines, les différences entre les opinions avaient commencé à se faire ressentir au sein de l’Ordre. Ils s’étaient rapidement rendu compte qu’elles séparaient les membres qui n’appartenaient pas aux même maisons. Cela n’était pas une question d’un sorte d’esprit d’équipe hérité des rivalités fortes qui existaient entre les maisons de Poudlard lorsqu’ils avaient fait leurs études. Non, c’était bien plus profond que cela, c’était une question d’idéologie. Les Gryffondor n’hésitaient pas à se jeter dans des duels ingagnables dans l’espoir de sauver tout le monde, quitte à faire plus de victimes. Les Poufsouffle ne souhaitaient blesser gravement personne, quitte à les laisser s’enfuir. Les Serdaigle aimaient trop se fier au plan, quitte à abandonner des vies pour le suivre à la lettre. Enfin, les Serpentard voulaient terminer la guerre au plus vite, quitte à devoir tuer et torturer autant de fois qu’il le fallait. Ils avaient quatre visions différentes, toutes justes en un sens mais différentes. Ainsi, des clans commençaient à apparaitre leurs des réunions. Le plan de table ne suivait plus les affinités mais les idéologies. Les Serpentard présidaient d’un côté, faisant face aux Poufsouffle alors que les Serdaigle et les Gryffondor se regardaient en chien de faïence au centre. L’ambiance n’était pas si mauvaise, si on excluait le temps des réunions où il était devenu de coutume de ne plus être d’accord avec quelqu’un juste car il était d’une autre maison. Lors des soirées entre amis, cela était passé sous silence. Cela était de même dans les relations, Léwina et Sirius étaient l’un des seuls couples à avoir transgresser la règle des maisons. C’était un sujet qu’ils aimaient ne pas aborder, de peur d’entrainer une dispute. Quoique, lorsqu’ils étaient juste tous les deux ils trouvaient le plus souvent un terrain d’entente. Léwina avait probablement une part Gryffondor et Sirius une part Serpentard.
-Avant de porter l’idée plus loin, déclare Arthur sérieusement, il faut être sûr qu’on soit prêt à entreprendre ce qu’on avance. Sûr à 100%. On perd toute crédibilité si on revient en arrière. Emmeline ?
-La fin justifie les moyens, je suis prête à tout pour mettre fin à cette guerre, explique-t-elle.
-Très bien. Léwina ?
-J’ai déjà utilisé un sortilège impardonnable, je n’aurais pas peur d’utiliser les autres.
-Parfait.
-Et toi, Arthur, lui retourne la question sa meilleure amie en le regardant droit dans les yeux ?
-Je ne suis pas pour la violence gratuite ni pour la torture absurde mais je n’aurais pas peur de tuer un meurtrier, finit-il par promettre.
Avant que Léwina ne puisse ajouter autre chose, des coups furent portés à la porte. Juste à l’intonation, la Serpentard put reconnaître la façon de frapper de Sirius. Elle se retourna vers la porte et le vit entrer. Il semblait ne pas trop savoir où se placer, c’était souvent le cas lorsqu’il venait interrompre les réunions des Serpentard.
-Ca va commencer, on vous attend, annonce-t-il.
Arthur et Emmeline le remercièrent et sortirent de la chambre pour descendre au salon. Léwina s’apprêtait à faire de même lorsqu’elle fut retenue par son copain.
-De quoi vous discutiez encore ?
-Tu le sauras bien assez vite, lui répond-elle avec un petit sourire mystérieux plaqué sur les lèvres.
Pourtant, son expression changea brutalement et elle fit un pas vers lui. Elle posa ses mains sur le bas des joues de Sirius, à la naissance de son cou et l’observa avec attention :
-Promet-moi, chuchote-t-elle comme si elle lui disait un secret, que rien ne changera jamais ce qu’il se passe entre nous.
Sirius était comme hypnotisés par ces yeux noirs qui parcouraient chaque parcelle de son visage.
-Tout ça, c’est en partie pour toi, déclare-t-elle, analysant la moindre de ses réactions. Alors, un seul mot de toi et je fais tout arrêter.
Au-delà de leurs différences, le couple entre Sirius et Léwina se maintenait aussi bien car ils avaient le choix de toujours s’aimer et de toujours s’entendre. Alors oui, ils n’étaient pas toujours d’accord mais tous deux savaient mettre leurs différents de côté pour vivre avec l’autre sans rancœur. Alors, Sirius passa ses mains sur la taille de Léwina et vint replacer une mèche de ses cheveux qui lui tombaient devant les yeux.
-Fais ce qui te parait juste, dit-il.
Ils s’embrassèrent rapidement, un baiser qui promettait que quoiqu’il allait se passer durant cette réunion, ils resteraient ensemble, unis et amoureux.
Une fois en bas, ils s’assirent à leurs places respectives : ils étaient la frontière entre les Serpentard et les Gryffondor. La réunion n’avait pas encore commencé pourtant tout le monde parlait déjà bruyamment. Léwina jeta un rapide regard autour de la table pour analyser les présents et les absents. Elle fut très surprise de remarquer qu’un vieil homme leur faisait l’honneur de sa présence : Albus Dumbledore. Il lui adressa un petit sourire comme s’il savait qu’elle allait le regarder, cet homme avait définitivement un sixième sens.
-Qu’est-ce que Dumbledore fait là, demande Léwina à Arthur, son voisin, lorsque son regard quitta celui du directeur de Poudlard ?
-Aucune idée, lui répond le Serpentard, j’espère juste que ça ne va pas contrarier nos plans.
Maugrey se leva alors et fit racler bruyamment sa chaise contre le parquet, cela fit taire toutes les discussions. Alastor Maugrey était un homme respecté par tous et pour cause c’était l’un des meilleurs aurors qu’il existait. Les rares chanceux qui étaient partis en mission avec lui en était revenu avec des étoiles dans les yeux. Son visage était témoin de ses nombreuses batailles et sa peau commençait à être recouverte de cicatrices.
Il jeta un regard autour de la table pour s’assurer que tout le monde était attentif avant de commencer à parler :
-Trin Barnes !
Sur la table il jeta plusieurs photos et certains les attrapèrent pour regarder. Léwina se pencha vers Sirius qui en tenait une dans les mains pour découvrir un homme à peine plus vieux qu’eux. Il avait des cheveux courts et bouclés, un nez bossu et des yeux perçants. Son visage n’évoquait rien du tout à Léwina mais cela n’était pas le cas de tout le monde autour de la table.
-Tu as bien dit Trin Barnes, interroge Rose ?
-Putain, souffle Owen en passant une main sur son crâne rasé.
-Trin Barnes comme… L’ancien préfet de Serdaigle, demande finalement Anna ?
Maugrey la regarda et lui intima un faible « oui » de la tête. Anna expliqua :
-C’était le préfet-en-chef de Serdaigle lorsque je suis rentrée à Poudlard. Je ne connaissais pas grand-chose sur lui mais je sais qu’il a toujours été considéré comme l’un des meilleurs élèves.
-Trin Barnes était réellement intelligent, ajoute Owen de l’autre côté de la table. On n’était pas dans la même année mais on savait quand même qu’il excellait dans tout ce qu’il entreprenait.
-Comment un mec comme lui a fini comme ça, demande Peter ?
-Tu remarqueras qu’on n’a pas forcément besoin d’être un méchant Serpentard pour mal finir, lance Léwina. La frontière entre la soif de pouvoir et la soif de connaissance est très fine.
-Bon on a quand même quatre-vingt-dix pourcents des troupes de Vous-savez-qui qui viennent de Serpentard, attaque Dorcas.
-Ca suffit, crie Maugrey.
Le calme revint aussitôt, personne ne voulait défier Alastor Maugrey et surtout pas Dorcas qui était assise à côté de lui. Le regard de Léwina retomba inévitablement sur Dumbledore à l’autre bout de la table. Il semblait surpris et amusé. Il devait sûrement se demander comment son équipe de choc personnellement sélectionnée finissait par se disputer pour des choses aussi futiles que leur appartenance à une certaine maison de Poudlard.
-La question n’est pas qui était Trin Barnes, reprend Maugrey du ton empressé qui lui était propre, mais plutôt qui il est, aujourd’hui. Et aujourd’hui, c’est un Mangemort, l’un des meilleurs éléments de Voldemort, il n’y a pas de doute là-dessus. Il a apparemment une maîtrise parfaite du sortilège de l’Imperium.
A peine eut-il prononcé ce mot que la salle eut un mouvement de frisson. Léwina leva les yeux au ciel : des Mangemorts tuaient et kidnappaient des innocents tous les jours comment pouvait-on être surpris qu’ils maitrisent l’Imperio. Passée la surprise, Maugrey reprit :
-Le sortilège de l’Imperium est un sortilège impardonnable et il est normalement très difficile de lui résister si nous n’avons pas été entrainé. Mais Trin Barnes aurait une maîtrise très complète du sortilège qui ferait qu’il serait encore plus difficile de combattre son emprise. C’est pourquoi, nous avons choisi de mettre en place des sessions pour l’entraînement à l’Imperium le jeudi soir…
-Et comment on fait si on est de gardes les jeudis soir, demande Léwina sans se préoccuper de si oui ou non il avait terminé sa phrase ?
-Benjy est déjà plus ou moins entrainé, répond Maugrey sous le hochement de tête de ce dernier. Pour ce qui est de toi, on s’arrangera à l’avenir.
La réponse ne plut que guère à Léwina mais elle s’en contenta.
Maugrey continua de parler sur la stratégie de l’Ordre. Voldemort gagnait des pouvoirs à chaque minute qui passait et l’ennemi se cachait de moins en moins. Il fallait donc se préparer à des affrontements plus dangereux et probablement plus mortels également. Certains allaient partir en mission sur des périodes plus importante pour infiltrer des réseaux de partisans, rallier des personnes à l’Ordre et empêcher les Mangemorts de faire de même.
Maugrey finit par se rasseoir dans un silence plus que total après avoir déblatéré toutes les choses les plus déprimantes que l’Ordre avait entendu depuis des semaines. Les trois Serpentard se lancèrent un regard : est-ce que c’était à eux de parler ? Dans l’ignorance, ils levèrent les yeux vers Dumbledore qui leur fit un petit signe de main. Ils prirent cela comme une invitation et se lancèrent dans l’arène. Arthur jeta un regard aux deux filles à ses côtés, elles ne semblaient pas prêtes à prendre la parole alors il commença :
-Nous avons une demande à vous faire.
Des dizaines de paires d’yeux se tournèrent vers lui. Il accrocha pendant quelques secondes le regard d’Anna qui lui sourit discrètement.
-Durant les dernières semaines, nous avons beaucoup réfléchi avec Léwina et Emmeline et dernièrement nos craintes se sont révélées fondées.
Arthur parlait avec une assurance et un calme que Léwina admirait. Il valait mieux que ce soit lui qui fasse ce discours plutôt que la timide Emmeline ou la colérique Léwina.
-William Grimshaw, comme Sturgis a pu vous le raconter, à échapper à la prison à vie et est rentré chez lui tranquillement. Mais ce n’était pas le premier Mangemort à éviter Azkaban : Gabriella Kovac, Marco Camajo ; pour ne citer que ceux de ce mois-ci. Pour nous, il nous semble essentiel de revoir notre stratégie.
-Oh non pas encore ce débat, attaque James, faut vraiment que vous arrêtez avec vos idées !
Malheureusement, Arthur n’eut pas le temps de se défendre car Léwina s’avança brusquement de la table et répondit à sa place. Sa voix était plutôt posée mais on entendait aisément l’once de colère ou de haine.
-C’est ça le problème avec vous, les Gryffondor. Vous êtes toujours prêts à défendre l’innocent, à protéger la veuve et l’enfant. Vous êtes toujours prêts à vous jeter dans la plus grosse bataille à main nue s’il le faut. Vous êtes toujours prêts à être torturés et à faire tout en votre pouvoir pour sauver les autres, à être blessé et même à vous sacrifier s’il le faut. Mais vous n’êtes définitivement pas prêts à gagner. On ne gagne pas une guerre en jouant les protecteurs, on la gagne parce que l’ennemi se rend ou est détruit. Vous ne semblez visiblement pas comprendre tous les enjeux. Si un Mangemort doit mourir pour sauver des dizaines d’innocents et bien tuons le et ne laissons pas la justice corrompue agir !
-Vous êtes vraiment en train de demander l’autorisation de tuer, demande Fabian ?
Le mot glaça la pièce mais les trois Serpentard ne baissèrent pas le regard, ils étaient animés d’un feu bien trop ardent pour être refroidi.
-Oui, déclare Emmeline.
-Vous êtes complètement malades, s’écrie Dorcas.
-Nous ne demandons pas seulement l’autorisation de tuer, affirme Emmeline.
C’était la première fois qu’elle parlait avec autant d’assurance devant une foule. Elle croisa un instant le regard de Dorcas, elle savait que son ex désapprouvait ses choix. Mais, elles n’étaient plus ensemble, elle n’avait plus besoin d’elle.
-Nous demandons l’autorisation de faire ce qui nous parait juste pour gagner cette guerre et cela passe par faire des choses qui sont normalement interdites. Ce n’est pas pour nous faire plaisir mais il faudra tuer et faire des interrogatoires volontaires, ou non.
Léwina croisa le regard de Dumbledore une nouvelle fois. Ce dernier les regardait avec attention comme s’il attendait la suite de leur discours. La Serpentard fut rassurée de voir qu’il ne semblait pas complètement opposé à la décision, du moins, c’était ce qu’elle pensait, il était toujours très difficile de comprendre les émotions du directeur de Poudlard.
-Putain mais réagissez, lance James consterné du silence qui pesait dans la salle, ils sont juste en train de vous dire qu’ils ont envie de buter des gens !
-Calme-toi James, commande Lily.
-Mais on marche sur la tête, vous avez entendu leur proposition, ils veulent nous faire devenir une organisation terroriste !
-On ne vous demande pas de tuer qui que ce soit James, lance Arthur avec une voix presque trop calme. On vous demande juste d’accepter nos opinions et nos actions comme elles sont et de ne pas transposer les vôtres sur nous. Nous en avons beaucoup discuté ensemble et c’est la meilleure solution que nous avons trouvée.
-J’en ai marre d’aller risquer ma vie à me battre contre des ennemis qui veulent juste ma mort, complète Léwina. Je veux juste me battre à armes égales et pas tout risquer pour juste éviter de tuer ou de blesser un meurtrier. Mais, jamais, au grand jamais, on vous demandera de tuer si vous ne voulez pas. On est prêt à avoir nos mains couvertes de sang si vous voulez garder les vôtres propres.
Arthur et Emmeline acquiescèrent aux paroles de leur amie et le silence retomba dans la salle. Certains avaient l’air particulièrement insulté comme James, Dorcas ou Peter même s’il ne l’avait pas fait savoir. D’autres semblaient en accord comme Anna, Maugrey ou encore Rose. Enfin, il était très difficile de savoir ce qui se passait dans l’esprit de Sirius qui regardait ses chaussures, Owen dont la main recouvrait le visage ou Lily qui se massait les tempes. Les autres étaient entre ces trois catégories semblant tantôt en accord, tantôt en désaccord le plus complet.
Léwina fixait Dumbledore, pourquoi lui en particulier ? Elle n’en avait aucune idée, peut-être parce qu’il était situé en face d’elle ou bien parce qu’elle espérait qu’en tant que chef de cette organisation il avait un certain pouvoir. Mais le directeur ne le regarda pas : il passa son regard tour à tour sur chaque membre autour de la table.
-Soit, finit-il par déclarer après un long silence. Si personne n’y voit d’objections.
-Mais professeur…
James fut coupé avant d’avoir pu finir sa phrase :
-Très bien, alors, c’est accepté.
Des légers sourires fleurirent sur les lèvres des Serpentard et de certains autres : ils avaient réussi leur coup.
-Néanmoins…
Forcément, il restait quelque chose à dire.
-Sans porter aucun jugement à la maison Serpentard car n’importe qui peut tomber dans la facilité des forces du mal, reprit Dumbledore, cette décision n’est pas sans conséquence. La frontière entre le bien et le mal deviendra si floue que vous aurez parfois du mal à savoir de quel côté vous êtes. Rappelez-vous alors pourquoi vous vous battez, pas pour la haine ou pour la mort, mais pour l’amour et la protection.
Ils ne purent qu’acquiescer.
James, abasourdi, se leva en furie et quitta le quartier général sans même dire au revoir, Lily, sur ses talons s’excusa avant de disparaitre à son tour. Le salon se vida de moitié en un claquement de doigts et quelques instants plus tard, ils n’étaient plus que six ou sept.
Dumbledore s’avança alors vers le trio. Il se mit à leur parler en chuchotant, pour qu’ils soient les seuls à entendre :
-Le chemin que vous choisissez d’emprunter répond à une certaine logique mais est semé d’embûches. Vous allez en faire des cauchemars, vous ne pourrez plus en dormir la nuit, vous allez être hanté toute votre vie. Soyez bien sûr de vous avant de prendre ce chemin, soyez sûr de ne pas vous y perdre car rien ne pourra vous ramener après cela.
-C’est notre volonté, professeur, affirme Arthur ayant assez de confiance pour tenir le regard fixe de Dumbledore. Nous souhaitons seulement la victoire.
-Et cela est tout à votre honneur.
Dumbledore ne mit pas longtemps avant de partir à son tour. Arthur et Emmeline tentèrent de rester un peu plus mais Léwina remarqua Sirius, sur le canapé qui regardait dans le vide en jouant distraitement avec ses bagues.
-Je devrais aller le voir, déclare-t-elle à ses amis.
Ils comprirent tous les deux le sous-entendu et se pressèrent à partir.
Léwina et Sirius se retrouvèrent alors rapidement seuls dans une maison toute aussi silencieuse. La Serpentard s’approcha avec douceur et s’assit à côté de son copain sur le canapé. Ses gestes étaient d’une lenteur calculée, elle avait peur de le brusquer. Peut-être regrettait-il d’avoir affirmé que rien n’allait changer. La voyait-il sous un autre jour maintenant qu’elle avait affirmé qu’elle était prête à tuer. Malgré tout, cela ne semblait pas trop être le genre de Sirius. En effet, lorsqu’elle lui avait raconté qu’elle avait utilisé, pour la première fois, un sortilège impardonnable, il avait simplement répondu « Et toi, comment ça va ? ». Néanmoins le doute planait toujours sur son cœur.
-Sirius, fit-elle d’une voix bien plus calme que celle qu’elle avait employé tout à l’heure, parle-moi s’il-te-plait, qu’est-ce qu’il y a ?
Sirius eut l’air de réfléchir, il ouvrit et referma la bouche plusieurs fois avant de finalement déclarer :
-Je… Je ne sais pas comment me positionner dans cette histoire. J’ai peur de devenir le même monstre que mes parents si je m’y laisse aller mais je sais aussi que c’est la solution la plus rationnelle. J’ai peur de ce que je pourrais devenir si je le fais.
-Sirius, dit-elle doucement en lui prenant les mains et en le forçant à le regarder. Tu dois être accord en accord avec toi-même, c’est le plus important. Je suis largement capable de prendre cette charge pour nous deux. Sirius… Je suis prête à tuer autant de Mangemorts que nécessaire si ça signifie pour toi de garder des mains aussi propres que tu le souhaites.
-Mais je ne suis pas sûr de vouloir les garder propres, avoue-t-il à demi voix.
-Alors, je serais là derrière toi si tu flanches, je serais là pour te protéger et pour t’aider. Je serais toujours là.