
L'espoir fait vivre
-Prêt Sirius ?
-J’arrive, crie ce dernier.
Sirius Black finit par apparaitre dans son champ de vision, après qu’il ait dévalé l’escalier, manquant de tomber à la dernière marche. Léwina avait déjà son manteau sur ses épaules alors que le Gryffondor peinait maintenant à mettre ses chaussures. Elle sourit en remarquant qu’il portait sa chemise noire ainsi qu’un pantalon droit de la même couleur : Sirius s’était bien habillé. Aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres et le Gryffondor s’était vêtu en conséquence. En effet, ils allaient devenir des membres de l’Ordre du Phénix.
Bien que se battre contre les forces du mal avait été pendant longtemps une évidence pour Léwina et Sirius et nombre de leurs amis, la façon de le faire leur avait quelque peu échappé. Pourtant, ils avaient essayé, ils avaient fait des réunions entre eux, étaient partis à l’aventure, avaient traqué des Mangemorts, mais toujours sans succès. En effet, ils n’avaient qu’un nombre très restreints de connaissances et leur scolarité à Poudlard les avait malheureusement gardés loin de la réalité du terrain pendant trop longtemps.
Mais, un jour, un homme était venu, ils l’avaient vite reconnu. Il fallait dire que ses cheveux argentés et sa longue barbe étaient inoubliables : Albus Dumbledore. Il leur avait alors fait une proposition : rejoindre l’Ordre du Phénix. A l’époque, personne ne savait ce qu’était cette organisation mais leur ancien professeur avait mis un point d’honneur à tout leur raconter. L’Ordre du Phénix était une organisation secrète créée par Dumbledore lui-même afin de faire face aux forces du mal et de protéger la communauté magique de ses actions malveillantes. Le directeur de Poudlard n’avait pas suffisamment confiance dans le ministère de la magie pour agir contre les forces du mal et avait alors décidé de créer sa propre société avec des membres en qui il avait pleine confiance. Pour les maraudeurs et leurs amis, l’Ordre était alors devenu une évidence. Comme si toutes leurs actions depuis leur sortie de Poudlard les avaient menés exactement à cet instant, comme s’ils avaient attendu cette nouvelle avec impatience sans même savoir qu’elle existait. Ils étaient aussi très honorés d’avoir spécialement été sélectionnée par Dumbledore. Ils avaient alors tous répondu par l’affirmative et leur professeur leur avait donné quelques directives. Tout d’abord, ils devaient garder secrète cette entrevue ainsi que l’organisation. Ensuite, ils devaient s’assurer que c’était bien ce qu’ils voulaient tous : entrer dans l’Ordre n’était pas une décision qu’on prenait sur un coup de tête, on y mettait en péril notre propre vie au profit d’une cause et cela ne devait pas être pris à la légère. Enfin, il leur montra un endroit où ils devraient se rendre quelques jours plus tard afin de rencontrer les autres membres de l’organisation et commencer à faire connaissance.
A peine hors de leur maison, Léwina et Sirius transplanèrent. Ils avaient tous les deux brillamment obtenus leur permis de transplanage au contraire de Peter qui s’était fait désartibulé un doigt la première fois et qui avait donc dû le repasser.
En vérité, ils ne connaissaient pas l’emplacement exact du point de rendez-vous mais Dumbledore, comme à son habitude, avait tout prévu. Alors, l’instant d’après le couple se retrouva en haut d’une colline. Le vent fit s’envoler leurs cheveux et la chaleur du soleil les réchauffa. Ils ouvrirent leurs yeux pour découvrir l’immense paysage qui se présentait à eux. Ils n’étaient pas les premiers à être arrivés. Léwina dirait sûrement que c’était de la faute de Sirius car celui-ci prend toujours des années pour se préparer et Sirius trouverait une excuse, comme d’habitude. Emmeline était là, accompagnée d’Arthur et Anna ainsi que de Remus, Peter et Mary. Entre eux, se trouvaient quelque chose qui ressemblait à un vieux pneu de voiture moldue, ils ne mirent pas très longtemps à comprendre que c’était un portoloin. Leurs amis leur firent de grand signes et ils partirent les rejoindre, avec hâte et une certaine excitation qui commençait à se faire ressentir.
-Salut, crie Sirius alors qu’il était à peine arrivé devant eux.
Léwina adorait toujours autant le naturel de Sirius, elle aimait sa bonne humeur et son sourire resplendissent. Elle le trouvait lumineux malgré toute la noirceur qu’il cachait méticuleusement au plus profond de lui-même. Léwina n’était pas comme lui : elle ne rayonnait pas. Elle avait cependant d’autres qualités, ils s’équilibraient alors à la perfection, c’était au moins ce qu’elle aimait se dire.
A l’instant où les autres se préparèrent à lui répondre, on entendit un lourd craquement, toutes les têtes se tournèrent vers l’origine du bruit. Lily et James venaient d’arriver. La rousse et le sorcier à lunettes étaient toujours ensemble et surtout toujours aussi amoureux. Ils étaient pour beaucoup la définition même des âmes-sœurs si une telle chose devait exister. Quiconque qui s’abandonnait à les regarder quelques instants aurait pu remarquer leur amour profond et pur. Bien qu’ils soient encore très jeunes, ils parlaient enfants, ils parlaient mariage et leurs amis ne pouvaient que se réjouir pour eux.
Sirius sauta immédiatement sur son meilleur ami qu’il n’avait pas vu depuis deux jours seulement et Lily vint tous les saluer. Ils furent tous très heureux de se revoir malgré que cela ne faisait que quelques jours qu’ils ne s’étaient pas croisés. En effet, même après Poudlard, ils étaient tous restés très proches et se voyaient fréquemment. Les maraudeurs étaient toujours les bienvenus chez Léwina et Sirius ou chez Lily et James, les deux couples possédaient chacun leur maison ce qui était plus pratique pour leurs réunions. Marlène et Mary étaient toujours trouvable à discuter avec Lily sur son canapé, une tasse de thé à la main et Arthur possédait un double des clés de chez Léwina.
-Emmeline, Dorcas n’est pas avec toi, demande la rousse avec les mains posées sur les hanches et un regard interrogateur juste après avoir salué la blonde ?
Emmeline eut un petit sourire faible et se mit à tortiller ses longs cheveux autour de son doigt ce qui était, dans son cas, un signe évident d’inconfort :
-Non… En fait, on est plus ensemble.
Les yeux de la rousse s’écarquillèrent. Elle fit un mouvement vers l’avant comme si elle voulait demander plus d’explications mais devant le regard fuyant de la Serpentard, elle préféra ne rien dire et partit saluer Anna non sans donner des coups d’œil réguliers en direction de la blonde.
Arthur et Léwina firent alors, comme une seule personne, un pas vers Emmeline, décidés à obtenir plus d’explications de la part de leur camarade de maison. La dernière fois qu’ils avaient eu la chance de les voir ensemble, Emmeline et Dorcas ne semblaient pas en froid. Au fil de leur relation, elles étaient devenues de moins en moins démonstratives en public mais elles avaient toujours ces petites attentions pour l’autre. La dernière fois n’était pas une exception, en effet, Dorcas leur avait montré le nouveau bracelet que sa copine, maintenant ex-copine, lui avait offert.
-Qu’est-ce qui s’est passé, demande Léwina à son amie, les sourcils légèrement froncés marquant son étonnement ?
Arthur leva les yeux au ciel : Léwina était toujours trop directe, lui se serait déjà renseigné sur le ressenti d’Emmeline avant de renfoncer tout de suite le couteau dans la plaie. Malheureusement, Léwina avait été plus rapide que lui sur ce coup-là. Emmeline avait le regard fuyant et le rouge vint rapidement colorer la peau pâle de ses joues. Malgré beaucoup d’efforts, elle restait toujours timide et avait du mal à parler d’elle.
-Je… Enfin on, bafouille-t-elle sans jamais regarder les deux Serpentard. Je l’ai quitté.
Arthur vit les yeux de sa meilleure amie sortir de ses orbites et ses sourcils s’envoler. Cela fit apparaitre un sourire sur ses lèvres qu’il s’empressa de supprimer par respect pour Emmeline. Lui aussi était surpris à vrai dire, jamais il n’avait envisagé que Dorcas et Emmeline allait se séparer et merlin savait qu’il était observateur. Ce qui le surprenait encore davantage était que ce soit la Serpentard qui ait mis fin à leur relation, il imaginait plus Dorcas et son caractère de feu.
-Comment s’est arrivé, reprend Léwina, vous sembliez pourtant si bien ensemble ?
-Et bien, reprend Emmeline en tirant nerveusement sur des mèches de ses cheveux. Je crois que je me suis rendu compte que je n’étais plus vraiment amoureuse d’elle. Et, reprend-t-elle en voyant le regard de Léwina qui ne semblait pas satisfait des explications qu’elle donnait, je l’adore et je serais toujours reconnaissante envers elle mais il n’y avait plus l’étincelle.
-Et Dorcas, comment elle se sent, demande Arthur coupant Léwina qui ouvrait la bouche ?
-Je ne sais pas trop, réplique Emmeline en les regardant enfin, je pense qu’elle s’y attendait, elle m’a dit qu’elle allait bien mais je ne sais pas si je dois la croire.
Plongés dans leur discussion, les trois seuls Serpentard n’avaient pas remarqué l’arrivée des deux dernières : Marlène et Dorcas.
-En parlant du loup, laisse échapper Arthur, peut-être un peu trop fort ce qui lui valut un coup derrière la tête de la part de Léwina.
Emmeline fit courir son regard sur le corps de son ancienne copine. Elle la trouvait toujours aussi belle et impressionnante, là n’était pas la raison de la fin de leur relation. La blonde ne savait pas trop comment l’expliquer mais elle avait l’impression que Dorcas et elle n’étaient plus sur la même page, elles n’avançaient plus à la même vitesse comme si après trois ans à s’aimer elles avaient choisi des chemins différents. Emmeline ne saurait donner d’exemples mais elle ne se sentait plus en phase avec celle avec qui elle avait partagé plusieurs années de sa vie. Cela n’était pas un reproche à Dorcas, elle l’aimait encore d’un amour doux et sincère, mais ce n’était plus que de l’amitié. Sentant son regard sur elle, la Serdaigle releva ses yeux noirs pour tomber sur celle qui avait rompu avec elle il y a à peine quelques jours. Le cœur d’Emmeline se serra quand elle détourna rapidement le regard : elle détestait la voir souffrir mais rester avec elle alors qu’elle ne l’aimait plus n’aurait rimé à rien.
-Il est presque dix heures, rapprochez-vous du portoloin, déclare Remus les yeux sur sa montre.
Tout le monde l’écouta et à peine quelques minutes plus tard, ils avaient disparu.
Quand Sirius rouvrit les yeux, ils étaient dans une énorme salle avec plusieurs mètres sous plafond. Les murs étaient gris et le sol était fait de parquet. Pour seul meuble, une grande et longue table se trouvait en plein centre. Ses yeux parcoururent la pièce mais il n’y trouva rien d’autre. Ses amis semblaient eux aussi en pleine admiration du lieu. Son regard accrocha le temps d’un instant celui de Léwina. Il prit alors une grande inspiration et sentit son corps se décontracter. A vrai dire, Sirius était stressé ce qui était un peu surprenant venant de lui, mais il plaçait d’énormes espoirs dans l’Ordre et n’avait pas envie de voir tout disparaitre devant lui. C’est pourquoi ses mains étaient aussi moites. Néanmoins, Léwina avait toujours eu ce pouvoir sur lui. Il avait l’impression qu’elle lisait à travers lui, il ne pouvait jamais rien lui cacher. Elle comprenait ses pensées avec une facilité déconcertante, savait le calmer d’un regard et choisissait toujours les bons mots pour le consoler. Il aimait se sentir entouré de tout cet amour, il se sentait bien dans cette bulle. Léwina était amoureuse de lui, il n’y avait aucun doute sur cela, elle le lui montrait chaque jour et il ne pouvait qu’en profiter.
Soudain, ils entendirent un bruit et se retournèrent. Dans l’encadrement de la porte se trouvait Albus Dumbledore, un petit sourire sur les lèvres. Quelque chose l’avait toujours impressionné chez le directeur. En effet, malgré sa robe violette et sa longue chevelure, qui pouvaient parfois le décrédibiliser, il dégageait quelque chose de plus fort, comme si n’importe qui pouvait ressentir sa puissance tout en étant à plusieurs mètres de distance. Mais il n’était pas seul, il dépassa la porte pour venir se placer devant le petit groupe. Pas moins d’une quinzaine de personnes étaient sur ses pas. Parmi eux se trouvaient quelques visages connus. Les Gryffondor n’eurent aucun mal à reconnaître Franck et Alice Londubat qui avaient terminés leurs études à Poudlard lorsque les maraudeurs y entraient. Arthur se permit de faire un petit signe de la main à son frère et sa sœur. Owen était facilement reconnaissable par son crâne rasé et une musculature à l’image de celle de son jeune frère. Rose, quant à elle, avait des yeux verts très clairs et un visage sur lequel on lisait facilement la détermination. Personne ne reconnut les autres mais certains visages marquaient. On avait d’abord deux jumeaux roux à l’air moqueur, cet homme aux cheveux jaune paille ou encore ce petit homme qui regardait les alentours avec méfiance.
-Bonjour à tous, lance Dumbledore en désignant les jeunes du regard. Je vous présente l’Ordre du Phénix que nous vous invitons à rejoindre si cela est toujours votre souhait.
Les deux groupes se jaugèrent du regard. En vérité, les plus jeunes attiraient également l’attention des membres de l’Ordre. Leurs yeux avaient d’abord fixé ceux qu’ils avaient reconnu comme était Léwina Malfoy et Sirius Black. Les cheveux platine de la première et l’air moqueur du second n’avait trompé personne. Il faut dire qu’ils étaient comme des célébrités ici. En effet, il n’était pas fréquent que des enfants des plus vieilles familles de sang-pur se retournent contre les leurs et décident de se battre pour la cause des né-moldus. Ils avaient entendu toute sorte de choses sur eux et n’attendaient que de les confirmer ou de les réfuter. Parcourant le groupe, leur regard s’était attardé sur Arthur Lei, le jeune frère d’Owen et Rose. Peu difficile à trouver parmi ses amis : il avait les yeux de son frère et les cheveux de sa sœur. Le dernier qui attrapa leur regard était quelqu’un de beaucoup moins extraverti : Remus Lupin. Il est vrai que Dumbledore leur avait précisé qu’un loup-garou se trouvait parmi les jeunes recrues. Bien que cela puisse servir d’une arme contre Remus, il lui avait paru essentiel de transmettre cette information, pour la sécurité de tous. Il n’avait néanmoins pas dévoilé le prénom de la personne concernée, mais, malheureusement pour Lupin, les longues cicatrices qui trônaient sur son visage parlaient pour lui.
Dumbledore vint alors s’adresser aux nouvelles recrues pendant que les plus vieux commencèrent à discuter entre eux. Il leur parla de la confiance qu’il plaçait en eux et leur fit jurer qu’importe ce qu’ils arriveraient ils devraient rester fidèles à l’Ordre. Il tint après un discours bien plus sombre :
-Il y a des morts et des disparitions chaque jour. Entrer dans l’Ordre n’est pas une décision à prendre à la légère. Votre vie sera menacée, vous serez traqués jusqu’à la mort, vous serez torturés pour obtenir des informations, vous verrez vos amis mourir devant vous et vous serez impuissants.
Les sourires avaient déserté les visages. Jamais ils n’avaient entendu leur directeur utiliser de tels mots. Le ton calme de sa voix était également plus effrayant que rassurant. Mais les maraudeurs et leurs amis savaient dans quoi ils s’engageaient.
-Peu importe, lance alors Sirius s’attirant alors les regards de la trentaine de personnes qui étaient présentes dans cette salle mais il ne sembla pas déstabilisé par cet intérêt soudain et garda le regard droit sur le visage de Dumbledore. Peu importe les sacrifices qu’il faudra faire, il n’y a aucune raison qui justifie le fait de se rallier à Voldemort.
Le mot fit frissonner une partie des personnes présentes. Il n’avait pas été employé à la légère ou par oubli. Non, Sirius n’avait pas peur de ce mage noir, il le haïssait de chaque part de son être et était prêt à tout abandonner pour le détruire.
-Nous sommes déterminés à nous battre et peu importe si je dois y laisser ma vie, reprend Sirius.
Certains auraient pu croire que ce n’étaient que des paroles en l’air mais le sérieux de son visage et la détermination présente dans sa voix savaient les faire changer d’avis. Depuis longtemps, mais surtout depuis qu’il avait fui la maison des Black, Sirius n’avait plus qu’une obsession : se battre. Chaque jour où on parlait de nouvelles disparitions était un véritable supplice, il ne supportait pas d’être impuissant dans une telle affaire.
-Il a raison.
Les yeux se tournèrent alors vers le sorcier à lunettes et aux cheveux noirs qui était venu se placer à côté de son meilleur ami. Les Potter étaient connus parmi les gens qui se battaient contre les forces du mal. Ils n’hésitaient jamais à leur apporter aide et soutien et leur fils semblait leur ressembler. Ce dernier reprit :
-Ce n’est pas une vie que de vivre dans la peur.
Ils acquiescèrent tous. L’avenir était incertain mais ils étaient tous déterminés les uns plus que les autres. Des sourires apparurent sur les lèvres de certains membres. Ils aimaient les voir motivés. Il est vrai que lorsque Dumbledore leur avait annoncé qu’il allait recruter une dizaine de jeunes sorciers, à peine sortis de Poudlard, les avis sur cette décision avaient été assez divergents. Certains les jugeaient trop jeunes annonçant qu’ils allaient se dégonfler à la première difficulté. D’autres avaient été heureux, les bancs de l’Ordre n’avaient jamais été autant remplis. Dorénavant, ils pouvaient tous s’accorder : Dumbledore avait des bonnes idées. Et même s’ils attendaient que ces jeunes fassent leurs preuves, ils plaçaient beaucoup d’espoir en eux. Et comme on dit, l’espoir fait vivre.