Deux soirées pour tout détruire

Harry Potter - J. K. Rowling
F/F
F/M
M/M
G
Deux soirées pour tout détruire
Summary
A leur sortie de Poudlard, Léwina, les maraudeurs et leurs amis n’hésitèrent pas avant de se jeter corps et âme dans la guerre contre les forces du mal qui faisait rage. Cependant, protégés pendant trop longtemps par les murs de Poudlard, la réalité du terrain fut bien différente de celle qu’ils s’imaginaient. Peut-être étaient-ils trop jeunes, trop faibles ou bien trop naïfs ? Mais cela n’avait plus d’importance, car une fois engagés dans l’Ordre du Phénix, plus aucun retour en arrière n’était possible. Alors, il ne tenait plus qu’à eux d’honorer leur promesse à Dumbledore et de prendre tous les risques pour la victoire du bien. Ou bien préféreront-ils se tourner vers le mal après avoir été confrontés à la souffrance, à la torture, à la mort de leurs amis et à leur propre sacrifice ? Car « La colère, la peur et la souffrance peuvent transformer le plus raisonnable des Hommes en monstre. ». Sept minutes suffisent pour s’aimer.Mais deux soirées suffisent pour tout détruire.
All Chapters Forward

Les Malfoy

Ils étaient reconnaissables entre mille : leurs cheveux blond platine ne pouvaient tromper personne. La génétique avait parfois une manière de fonctionner qui nous échappait. C’était quelque chose qu’on ne pouvait éviter, au plus grand désespoir de Léwina Malfoy. Ses cheveux avaient longtemps été une source d’inconfort : ils rappelaient sans cesse à quiconque qui la regardait qu’elle appartenait à une famille dont elle haïssait les idées. Elle les avait alors teints, de nombreuses fois, comme si elle espérait échapper à la vérité. Mais cela était vain, elle le savait, on ne change pas ce que l’on est. Malgré tout, après toutes ses années, elle avait fini par les accepter. En effet, ils représentaient une part d’elle dont elle ne pouvait nier l’existence, ils définissaient une partie de son être et bien que ça ne soit pas la part dont elle était la plus fière, elle devait admettre que les Malfoy faisaient partie de son identité.

Alors, ses longs cheveux platine volaient au gré du vent. Mais elle n’était pas la seule à les porter sur cette colline. Au loin, il avançait vers elle. Il n’avait pas changé. Sa chevelure encadrait un visage au teint pâle. Il avait des yeux gris surmontés par des sourcils droits et bien dessinés. Son regard était franc et ses lèvres tirées. Sa posture était droite et il avançait l’air fier et conquérant. Léwina reconnaissait bien là son frère.

Leur dernière rencontre remontait au mariage de Lucius et cela aurait pu le rester si leur mère n’était pas décédé quelques jours plus tôt. Bien que ses idées soient très loin des siennes, Léwina ne pouvait détester sa mère, elle avait à son égard une affection particulière mais qui n’avait rien de celle qu’on donne à sa maman, peut-être voulait-elle juste lui dire merci de l’avoir fait vivre. Les souvenirs qu’elle avait d’elle étaient rares et entachés d’un goût amer. Mais c’était la seule personne qui avait osé s’interposer entre elle et son père et rien que pour cela, aujourd’hui, elle s’était habillée de noir.

-T’es en retard, laisse échapper Léwina alors que son frère venait d’arriver à son niveau.

Les salutations n’étaient pas nécessaires entre eux. Tout de manière, aucun des deux n’étaient heureux de voir l’autre en ce début de septembre et surtout pour une telle raison. Ils se toisèrent quelques instants sans parler. Il la dépassait maintenant d’une tête probablement si Léwina n’avait pas mis de talons. Elle ne manqua pas de remarquer que Lucius portait la cape que leur mère lui avait offert à sa sortie de Poudlard. Elle était longue et douce, d’un gris anthracite et était brodée de l’écusson de leur famille.

-Narcissa n’est pas venu, demande Léwina ?
Lucius croisa son regard et répondit simplement :
-Non.

Soudainement, on entendit un craquement et un homme se matérialisa devant eux. Il était bien plus petit qu’eux puisque Léwina et Lucius le dépassaient chacun d’au moins une, voire deux têtes. Il semblait âgé à la couleur de ses cheveux. Il leva les yeux vers eux et leur adressa un sourire fatigué.
-Bonjour à vous deux, ravi de vous raconter, déclare-t-il d’une voix étonnamment forte, je suis le notaire monsieur Sebaki. Je viens surveiller la répartition des biens entre vous deux suite au décès de Careen Malfoy le 31 août 1978. Aussi, nous discuterons de cela à l’intérieur, suivez-moi.

L’homme ne semblait nullement impressionné par les deux Malfoy. Il passa alors entre eux pour rejoindre le portail qu’il déverrouilla à l’aide de la clé. Léwina s’autorisa alors à tourner la tête pour réussir à apercevoir l’endroit où elle avait passé son enfance : le manoir Malfoy. Puisqu’elle et Lucius étaient tous les deux majeurs et que leur mère venait de décéder, ils allaient recevoir l’héritage de la famille Malfoy, un héritage conséquent. Léwina prit une grande inspiration : tout cela ne serait sûrement pas une partie de plaisir, peut-être faudra-t-il qu’elle se batte avec Lucius. En effet, son frère à ses côtés, semblait tendu : il ne lui ferait probablement aucun cadeau.

Le manoir Malfoy transpirait la richesse de leur famille. Ils traversèrent la cour sur le chemin pavé. D’ici, ils pouvaient admirer les jardins. Ses yeux se perdirent sur les buissons coupés à la perfection ou sur ce grand platane qu’elle aimait escalader. Il fallait dire que le manteau de feuilles de cet arbre était si épais qu’il était une cachette introuvable. Elle se voyait encore courir dans ces jardins alors que le soleil était au plus haut, elle montrait sa roue à sa mère, elle se piquait régulièrement avec les rosiers. Mais aujourd’hui le soleil était caché par d’épais nuage, elle détourna le regard presque dégoutée d’associer de souvenirs aussi tendres à son enfance. Préférant éviter les jardins, son regard se posa, sans d’autres possibilités, sur le bâtiment. Le manoir Malfoy était devenu une véritable attraction par ici, dans le sud du Wiltshire. Il était le témoin de leur fortune et même Léwina devait l’avouer, il était grandiose. Il semblait avoir appartenu à des puissants seigneurs car quiconque le voyait ne pouvait que s’en rappeler. Pourtant, il lui provoquait toujours ce petit frisement comme si son inconscient se plaisait à imaginer toutes les choses terribles qui avaient pu arriver sur ses terres.

Alors qu’ils arrivaient devant la porte, Léwina se dit que ses ancêtres devaient avoir la folie des grandeurs et pour cause, la porte devait faire la taille d’un géant ! Voilà bien l’une des seules maisons dans laquelle Hagrid aurait pu rentrer sans problème. Néanmoins, il ne pouvait y entrer : il était un demi-géant, « un horrible hybride » comme disait Mme. Malfoy.

Il ne fallut qu’entrouvrir la porte de droite pour que le groupe puisse s’y faufiler. Il faisait noir et froid. La lumière extérieure peinait à traverser les opaques rideaux et toute forme de vie semblait avoir désertée cette maison depuis bien longtemps. Ils suivirent Monsieur Sebaki jusqu’au salon principal du manoir dans une atmosphère étrangement pesante. Les talons de Léwina claquaient le sol à chaque pas et même si la Serpentard avait pris l’habitude de vivre seule dans une si grande habitation, elle fut choquée par le vide : on n’entendait pas un bruit autre que leur marche sur le carrelage. Une fois arrivés au salon, le notaire ralluma la cheminée grâce à sa baguette et Léwina observa son frère enlever sa cape et s’installer sur la longue table de marbre qui prônait au centre de la pièce. Cette hâte ne pouvait signifier qu’une seule chose : Lucius était stressé. Léwina eut un rictus et se félicita de son sens de l’observation, cela ne pourrait que l’avantager pour les négociations à venir. Néanmoins, elle n’imita pas son frère, du moins, pas tout de suite. Ses yeux étaient remontés et son regard avait de nouveau rencontré le sien. En effet, accroché au mur trônait un gigantesque tableau de la famille Malfoy. On pouvait y observer son père, Abraxas Malfoy, debout et dont la main reposait sur l’épaule de sa femme assise devant lui. A leurs côtés on reconnaissait facilement leurs deux enfants : Lucius et Léwina, âgée de seulement huit ans à ce moment. Pendant longtemps les ressemblances qu’elle avait avec son frère avaient effrayés Léwina. Si on prenait des photos d’eux au même âge, n’importe qui aurait pu croire qu’ils étaient des jumeaux tant leurs traits se ressemblaient. Mais l’une de leur plus grande ressemblance n’avait pas été capturé sur ce tableau. Seule apparaissait la couleur de leurs yeux, gris pour Lucius et presque noir pour elle. Mais l’artiste avait définitivement manqué ce regard orgueilleux et supérieur qu’ils lançaient tous deux à. Etrangement, malgré les remarques, surtout de la part d’Arthur, Léwina n’avait jamais essayé de le faire disparaitre. D’une certaine manière, c’était un mécanisme défensif : personne n’osait l’approcher lorsqu’elle les regardait de cette manière et cela, elle en était sûre, lui avait permis d’éviter de nombreux problèmes lorsqu’elle était encore à Poudlard.

-Du thé Madame Malfoy ?
Le nom la choqua. Elle n’avait pas l’habitude qu’on l’appelle de cette façon. Avant, ce titre était réservé à sa mère ou à la rigueur à Narcissa depuis qu’elle s’était mariée à un Malfoy. Mais maintenant, elle en avant hérité, malheureusement. Son regard tomba du tableau puis finit par croiser celui de monsieur Sebaki qui se tenait devant elle, une théière dans la main. La Serpentard eut un sourire qu’elle tenta de cacher, il prenait beaucoup ses aises celui-ci. Elle lança un regard vers Lucius et ne fut pas surprise de ce qu’elle trouva : les sourcils froncés et les traits tirés de son frère montraient bien qu’ils n’appréciaient aucunement les manières de cet homme.
-Avec plaisir, merci.

Elle partit alors s’asseoir aux côtés de Lucius pendant que le notaire leur servait du thé. Le moment tant redouté arriva : la lecture du testament. Monsieur Sebaki s’assit en face d’eux et sortit de sa petite mallette une enveloppe. Léwina ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil à sa gauche pour observer Lucius, il semblait tendu et analysait chaque faits et gestes du notaire. Un certain stress prit possession d’elle, elle espérait sincèrement que sa mère ait été clémente avec elle : elle avait terriblement besoin de cet argent. En effet, la guerre avait commencé. Aujourd’hui, tout le monde ne parlait plus que de Vous-savez-qui. Certains annonçaient même que Grindelwald était un moins que rien face à la puissance de Lord Voldemort. Les sorciers avaient peur, certains commençaient à se cacher. Les alliances se formaient et des familles se séparaient. Certains, nés-moldus, fuyaient vers d’autres pays dans l’espoir de survivre. Alors dans un tel contexte, il était impensable pour Léwina, tout juste sortie de Poudlard, de chercher du travail. Surtout que des rumeurs commençaient à dire que le ministère était corrompu. Et si cela était vrai ce ne pouvait être la faute que d’un homme et celui-ci se trouvait à ses côtés : Lucius Malfoy. Léwina n’avait pas besoin de voir l’avant-bras de son frère pour savoir que celui-ci était un Mangemort. Elle était sûre qu’il avait couru dans les bras de son nouveau maître dès que ce dernier avait montré ses premiers signes de puissance : Lucius avait toujours été comme ça. Il agissait dans l’ombre, tel un prédateur qui observe sa proie tapi derrière les buissons avant de lui sauter dessus et de l’égorger. Son frère était un homme politique, ses paroles étaient belles et faisaient rêver, et tel un caméléon, il savait toujours s’adapter pour plaire à son interlocuteur.

Léwina fut coupée dans ses réflexions par un raclement de gorge du notaire qui s’apprêtait à prendre la parole. Elle souffla pour se détendre et desserra ses poings. Elle ne s’était même pas rendue compte de la force qu’elle avait employé. Ses paumes étaient maintenant marquées par ses ongles.

-Votre père n’a laissé aucun testament, déclare le notaire, le regard fixé sur l’enveloppe qu’il était en train d’ouvrir. Ainsi, tous ses biens reviennent à votre mère qui va les distribuer à l’aide de ce testament.

Une fois ouverte, il déposa l’enveloppe fermé du sceaux des Malfoy sur la table, déplia la lettre et commença à lire :
-Dernière volonté et testament de Careen Arabella Rowle-Malfoy. Je confie à Monsieur Evann Sebaki le devoir d’être le liquidateur de ma succession. J’atteste être en pleine possession de mes moyens au moment où ces lignes sont rédigées. Mes biens sont les suivants : le manoir Malfoy ainsi que toute la propriétés comprenant toutes les infrastructures qui la composent…
Dès que les mots eurent passer la barrière des lèvres du notaire, Léwina sentit Lucius se tendre à ses côtés : il était si simple de savoir ce qu’il pensait, elle lisait à travers lui comme dans un livre ouvert. Voilà donc ce que son frère espérait de cet héritage : le manoir Malfoy, la maison dans laquelle il avait grandi. A vrai dire, cela ne la surpris que très peu.
-La collection de tableaux de la famille Malfoy qui se transmet de génération en génération, mes bijoux ainsi que les objets précieux rassemblés dans le salon de ma chambre et afin l’entièreté de ma fortune financière se trouvant pour la majorité à Gringotts dans les chambres 427 et 428.

Que se passerait-il si sa mère ne lui avait rien laissé, se demanda Léwina. Cette hypothèse lui semblait peu plausible mais il fallait bien la considérer, c’était une possibilité comme une autre. Elle n’avait pas vu sa mère pendant une longue période de temps alors que Lucius venait régulièrement la voir. Qui sait ce qu’il aurait pu dire pour l’influencer dans l’écriture de son testament. Léwina prit une grande inspiration et souffla doucement : elle était définitivement stressée. Elle sentait son cœur battre à vive allure. Or, elle tenta de le masquer du mieux qu’elle le pouvait, elle avait peur que son frère se serve de son état comme une arme lors de leurs négociations, ce qu’elle projetait totalement de faire avec lui.

-Les seuls bénéficiaires sont mes deux enfants : Lucius Abraxas Armant Malfoy et Léwina Charlotte Margaret Malfoy.
Léwina ne put s’empêcher de grincer des dents à l’entente de son deuxième et troisième prénom mais elle n’eut pas le temps de s’attarder dessus car le notaire continua sa lecture :
-Mes dernières volontés sont des plus simples. Malgré les différences évidentes entre mes deux enfants, je les aime d’un amour équivalent et ainsi je ne souhaite avantager ni l’un ni l’autre. De plus, je sais qu’ils arriveront à se mettre d’accord. Ainsi, je souhaite que chacun reçoive la moitié de chaque bien et libre à eux par la suite de s’arranger afin de faire une distribution égalitaire qui devra satisfaire monsieur Sebaki en qui j’ai pleine confiance.

Les yeux de Léwina s’écarquillèrent : elle n’avait pu imaginer de meilleurs scénarios. Un sourire apparut sur ses lèvres : merlin, merci, elle était riche. A ses côtés, son frère n’avait pas eu la même réaction : il lui avait lancé un regard apeuré. Les manigances de sa sœur lui faisaient peur. Le notaire posa alors la lettre et les regarda, les invitant à discuter entre eux pour venir au meilleur arrangement. Léwina regarda Lucius, elle avait l’ascendant dans cette affaire. Elle qui était venue en se demandant si elle allait devoir se battre pour recevoir ne serait-ce qu’un peu d’argent, la voilà maintenant à pouvoir mener Lucius du bout du nez. Elle décida de montrer son avantage en prenant la parole en première :
-Je t’autorise à m’acheter ma partie du manoir, Lucius.
Voilà comment elle agissait. Tout était réfléchi à l’avance. Elle avait peut-être passé plus de trois heures à réfléchir à toutes les issues possibles mais elle ne regrettait rien. Elle aimait voir cette lueur de doute dans les yeux gris de son frère. Elle adorait être en plein contrôle de la situation et avait cette confiance infaillible en elle : le choixpeau ne s’était pas trompé, elle était définitivement une Serpentard.
-Vraiment ?
Lucius était dans le doute : ça lui semblait trop facile et il avait bien l’impression que Léwina avait beaucoup d’arrières pensées. Il l’avait toujours trouvé calculatrice et en vérité il avait terriblement redouté ces négociations avec elles.
-Achète moi tout ce que tu veux, répond-t-elle d’une voix transpirant la confiance, je désire seulement vider le peu d’affaires qu’il reste dans ma chambre avant que tu ne prennes possession des lieux, je ne demande rien d’autres.
Lucius haussa les sourcils : tout ce qu’il voulait c’était le manoir. Il voulait venir vivre ici comme toutes les générations de Malfoy avant lui. C’était pour lui le seul et véritable héritage. De son point de vue, il lui semblait totalement invraisemblable que Léwina ne revendique ne serait-ce qu’un peu ce droit. Mais, il finit par l’accepter. Elle lui offrait ce qu’il voulait sur un plateau d’argent, il n’allait pas non plus refuser. Alors il se tourna vers le notaire et il lui demanda si cela lui semblait équitable :
-Si vous achetez le manoir à votre sœur, monsieur Malfoy, dit-il d’une voix lente, cela me convient parfaitement. Néanmoins, je me chargerais de décider du prix de vente à l’aide d’un expert qui évaluera la valeur de votre bien.
Les enfants Malfoy ne purent qu’acquiescer et laissèrent continuer Sebaki :
-Monsieur Malfoy, je déduirai de votre succession le prix de la moitié du domaine et je le transférais à madame Malfoy. Madame, il fixa Léwina dans les yeux, il avait son entière attention, je vous propose que demain vous venez vider vos affaires, monsieur Malfoy n’aura pas le droit de pénétrer sur les lieux sur toute la journée mais à minuit pile le domaine deviendra sien et vous ne pourrez y entrer que s’il vous l’autorise.

Léwina ne pouvait être plus heureuse, tout s’était déroulé de la meilleure manière imaginable. Avoir le manoir pour elle seule pour la journée était une chance incommensurable, elle le savait et son frère aussi. En effet, à cette annonce, elle n’avait pu empêcher son regard de courir sur le visage de Lucius : son léger haussement de sourcils qu’il avait tenté de masquer parlait bien plus que des mots.

Lucius et elle n’appartenaient pas au même camp dans cette guerre, et, aussi étrange que cela puisse paraître, ils en étaient parfaitement conscients. Or, aujourd’hui ils s’étaient retrouvés sur le même terrain. Léwina s’était pendant longtemps posé la question si son frère allait essayer de la tuer. Bien sûr, jamais elle ne se serait laissée faire et peut-être que c’est elle qui l’aurait tué à la fin. C’est ainsi qu’en traversant le salon dans l’autre sens, pour rejoindre la sortie cette fois-ci, sa main reposait dans sa poche droite, où se trouvait sa baguette. En effet, il était peu probable que Lucius ne l’attaque lorsque monsieur Sebaki était toujours là, il semblait être un homme juste et sérieux, le pauvre Mangemort aurait dû se battre contre deux personnes en même temps. Mais le notaire allait les quitter d’ici quelques minutes et Léwina devait décider de sa stratégie : disparaître immédiatement ou bien rester et se battre.

Alors lorsque monsieur Sebaki s’évapora après avoir verrouillé le domaine, Léwina lança un regard à son frère. Ce dernier sut y lire un soupçon de peur ce qui le surpris venant de la part de sa sœur. Mais il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre de quoi il était question, lui-même sentait son cœur battre à un rythme affolant dans sa poitrine. Les voilà maintenant les deux enfants d’une famille vieille de centaines années à se fixer en chien de faïence devant la porte du domaine familial. Qu’allait-il se passer maintenant ? Allaient-ils se battre ? Cela faisait mal à son égo de se l’avouer mais les rumeurs disaient que Léwina était redoutable en duel alors peut-être ce n’était pas une bonne idée de l’affronter en ce terrain. Alors oui, c’était l’unique raison qui traversa son cerveau et qui l’empêcha d’empoigner sa baguette et lui lancer le sortilège de la mort. Mais son cœur était d’un avis différent : il n’avait aucune envie de se battre contre sa sœur, surtout que son maître ne lui avait pas demandé, peut-être s’attirerait-il les foudres de ce dernier ? Alors, Lucius fit quelque chose dont il ne pensait être capable :

-Adieu, déclare-t-il.
Léwina releva son regard vers lui et le corrigea :
-A bientôt plutôt, je suis sûre que nous nous reverrons.
Elle avait voulu parler d’une voix assurée mais le ton qu’elle avait employé la surprit : elle eut du mal à se reconnaitre. Aussi, la boule qui se trouvait dans sa gorge l’embêtait fortement pour parler.
-Oui bien sûr, répond Lucius, un demi-sourire sur le visage. Mais la situation sera bien différente de celle d’aujourd’hui.
Il marqua une pause où ils ne se lâchèrent du regard. Chacun d’eux savait ce qu’il était en train de se passer : aujourd’hui serait la dernière fois où ils se parleraient comme un frère et une sœur.
-Tu peux toujours venir nous rejoindre, propose le plus âgé.
-Jamais, tu le sais bien. La proposition vaut aussi pour toi lorsque tu te rendras compte que tu as fait le mauvais choix.
-Quelle erreur tu fais.
Léwina eut un sourire triste : qu’aurait dit leur mère devant leur scène d’adieu ? Lucius l’imita avant de commencer à se retourner pour partir, mais Léwina s’adressa une dernière fois à lui en criant presque pour être sûre qu’il l’entende bien. :
-Je n’aurais aucune pitié, Lucius. La prochaine que nous nous voyons, et si nos camps sont toujours opposés, je n’aurais aucune pitié.
Son frère se retourna une dernière fois :
-Ne t’inquiète pas, je n’aurais aucune pitié pour toi.

Lucius disparut alors et Léwina finit par l’imiter effaçant le dernier sourire qui traînait sur ses lèvres, se disant que la prochaine fois qu’ils se verraient tout serait différent.

Malgré tout, qu’ils ne l’acceptent ou pas, ils étaient reliés par des forces qui les dépassaient : ils partageaient le même sang ; et, aucune parole, aucun sortilège et aucune guerre ne saurait le changer.

Forward
Sign in to leave a review.