The Cadence of Part-time Poets

Harry Potter - J. K. Rowling
M/M
NC-17
The Cadence of Part-time Poets
Summary
“Ils sont… chaotiques,” déclara fermement Remus. “Et le chaos, c’est—”“Rock and roll.”Il lança un regard perçant à Sirius et, pour une fois, lui rendit son sourire. “Ouais.”“Alors peut-être que c’est mon excuse,” dit Sirius. “Je sème un peu de chaos maintenant, et peut-être qu’un jour, ça deviendra du rock and roll.”Après avoir perdu sa mère à onze ans, Remus a passé la majeure partie des quatre dernières années à faire le tour des écoles ou à courir dans Londres en prétendant ne pas être le garçon bien élevé que son père l’avait éduqué à devenir. Maintenant que toutes ses chances se sont épuisées, il est envoyé à Hawkings Independent School dans une ultime tentative pour redresser la barre. Là-bas, il rencontre les personnes qui marqueront le reste de sa vie et est forcé d’affronter les morceaux de lui-même qu’il pensait avoir perdus depuis longtemps.
Note
Coucou! Voici ma traduction de l’œuvre incroyable qu’est TCOPTP, écrite par la merveilleuse mostwolo!J’ai vu qu’il y a déjà une traduction en français mais il n’y a a que 8 chapitres donc je me devais de continuer, pour le bien des francophones ;)N’hésitez pas à me notifier de quelconque faute d’orthographe ou de grammaire, je jongle entre études et traduction donc je suis parfois HS hahaBonne lecture!PS:Certaines phrases sont en français dans la version originale, car quelques personnages parlent français. J’ai décidé de les laisser en français mais de les souligner afin que ça reste compréhensible, car c’est important dans certains passages.J’espère que vous comprenez ce que je veux dire :)
All Chapters Forward

Pleine Lune

I see the bad moon a-rising,
I see trouble on the way;
I see earthquakes and lightnin’,
I see bad times today;
Don’t go around tonight,
Well it’s bound to take your life,
There’s a bad moon on the rise…

- “Bad Moon Rising” Creedence Clearwater Revival, 1969

 

Thursday 10th June 1976, la suite...

 

Les examens terminés, chacun devait reprendre son emploi du temps habituel pour les précieux jours précédant la fin du trimestre. Les garçons allaient donc passer leur dernier après-midi de cours sur le terrain de sport, sous le soleil brûlant de juin. Le lendemain, place au rangement et au ménage, et le surlendemain, tous les étudiants du Hawkings Independent College rentreraient chez eux pour l'été. Sachant qu'il serait enfin de retour à Londres après s'être vu refuser la visite de son pays pendant les vacances d'avril, Remus aurait dû être enthousiaste – et il l'avait été, jusqu'à ce qu'on lui annonce qu'ils consacreraient leur dernier cours de sport à jouer au rugby.

"C'est cruel, vraiment. Une semaine entière de souffrances liées aux examens après des mois de révision, et pourtant, ils tentent de nous forcer à reprendre une routine normale, comme si nous n'étions que des robots à huiler et à polir. Comme si nous n'étions pas des êtres humains avec des désirs et des besoins légitimes. Franchement, impossible d'être systématiquement oppressif sans sport scolaire obligatoire."

"Cours avec ce foutu ballon, Lupin !" cria James de l'autre côté du terrain, juste sous les poteaux du grand terrain de rugby vert.

Remus souffla et fit tourner le ballon dans ses mains avant de s'élancer vers les poteaux, indigné. Sirius le rejoignit à mi-chemin et lui lança le ballon en arrière, laissant l'autre garçon terminer l'action et marquer le point d'entraînement, tandis qu'il se dirigeait vers l'autre bout des poteaux, en direction des bancs et de Peter, qui se tenait là, à regarder le match se dérouler.

"Bien essayé, Lupin", dit Peter, et il lui fallut un moment pour comprendre qu'il parlait de "bien joué" et non d'une remarque sarcastique. "Essai", "maul", "mêlée"—devoir suivre le vocabulaire du rugby était presque aussi pénible que de faire semblant d'aimer le football.

"Je pense que c'est le moment le plus dramatique qu'il ait jamais vécu", dit Sirius à James, alors qu'ils traversaient tous les deux le terrain et les rejoignaient.

"C'est qu'un match amical, Lupin", soupira James, visiblement irrité par l'intention de Remus de faire partager son malheur à tout le monde. Franchement, il était facile d'apprécier le sport quand on avait les bras et les cuisses d'un dieu grec. Si Sirius était fait à l'image d'un ange rebelle, James était fait à l'image d'un saint bienveillant—un saint qui passait son temps libre à faire des pompes et des 100 mètres pour le plaisir.

Parfois, Remus détestait tout simplement James.

Bien sûr, leurs uniformes n'arrangeaient rien à son attitude. Le sien ne lui allait jamais vraiment, avec des shorts trop larges à la taille et toujours tombants. Le confort de son pantalon de survêtement lui manquait, mais même la fatigue due à la chaleur qu'il aurait ressentie en le portant ne lui aurait pas permis de se faire pardonner par Mme Bibine, qui semblait vivre et respirer pour l'effort physique.

Lorsqu'elle leur avait annoncé qu'ils fêteraient la fin du trimestre avec une partie de rugby amusante et facile, Sirius avait rayonné de joie. Apparemment, il préférait le rugby au football et était aux anges, car ils avaient évité ce sport pendant la majeure partie du trimestre, James étant dans leur classe et un expert incontesté en matière d'entraînement de football et de coordination de jeux.

Remus avait initialement fait beaucoup plus d'efforts en salle de sport pour dissimuler son aversion pour ce sport juste pour maintenir la façade devant le capitaine de football des Hawkings, mais il s'était senti nettement moins motivé à mesure qu'ils approchaient de la fin de l'année, et maintenant avec les examens et la FA Cup terminés, et un spectacle de musique en direct et les vacances d'été à attendre avec impatience, Remus en avait fini de prétendre qu'il tolérait plus que simplement les sports d'équipe.

"Je ne ferai pas sport l'année prochaine", leur dit-il à chacun, tandis que James et Sirius inclinaient la tête en arrière, buvant à grandes gorgées d'eau dans leurs bouteilles.

"Tu pourrais plutôt essayer la musculation et le conditionnement physique", suggéra James. "Tu sais, pour rester actif et peut-être prendre un peu de masse ?"

"Tu me traites de maigre ?"

"Eh bien, tu es un peu bâti comme une cigarette. Parfois, j'ai peur que tu te tournes de travers et que tu disparaisses."

"Tu te crois trooooop drôle, Potter."

"Oh, ne t'inquiète pas pour ça, Lupin," dit Sirius en contournant le banc et en passant par-dessus l'épaule de Remus pour lui tapoter le côté de la poitrine, "au moins t'es grand."

"Ouais, les filles choisissent toujours les grands", acquiesça Peter, et Remus se souvint de la façon dont l'autre garçon se vantait depuis sa dernière visite à l'infirmière de l'école qu'il avait grandi d'un pouce et demi depuis son dernier anniversaire.

"Moira te l'a dit ?" demanda Remus, et Peter fit une grimace sarcastique. Un instant plus tard, Bibine siffla, indiquant que l'échauffement était terminé et que le match allait commencer.

James finit par être l'un des capitaines d'équipe, et Sirius, impatient de jouer, prit la tête de l'autre. Aussitôt, les deux garçons commencèrent à jaser tandis que leur professeur de sport répartissait le reste de la classe et distribuait les gilets de couleur à chaque équipe (bleu pour James, rouge pour Sirius), s'incitant mutuellement avec plus ou moins de méchanceté jusqu'à ce qu'ils soient presque en lutte et qu'il faille les séparer pour commencer le match.

Après avoir reçu une tunique bleue avec Peter, Remus l'a enfilée sur sa tête et est allé se tenir du côté du terrain de James, essayant de ne pas établir de contact visuel direct avec son ami, qui, à son propre crédit, n'avait pas ricané ou gémi lorsque Remus l'avait rejoint et avait plutôt souri et lui avait fait un signe de pouce levé.

Une autre raison de détester James Potter : il était tellement gentil.

Au moins, ils avaient les gilets, supposa-t-il. Hawkings était un endroit trop chic pour se contenter de 'chemises et peaux', ce qu'un Remus plus jeune, encore plus écorché, aurait apprécié de la 7ème à la 10ème années.

"Essaie de ne pas trop pleurer quand tu perds, Potter !" cria Sirius de l'autre côté du terrain, en attachant ses longs cheveux en queue-de-cheval. Il était le seul des garçons de 4A à intégrer l'équipe rouge et, sachant que cela agacerait James, Sirius tapota l'épaule de Davey Gudgeon et passa un bras autour du cou de l'autre garçon, brandissant son poing en direction de son meilleur ami.

"Lupin," dit James très doucement, "si tu ne mets pas tes longues jambes à profit aujourd'hui, je jure que je demanderai à Pete de falsifier ton emploi du temps pour le prochain trimestre et que tu feras faire des exercices à chaque cours de gym pendant toute l'année."

Remus secoua la tête. "Tu sais, il y a la compétition, et puis il y a le mal pur et dur."

"Et je peux être les deux."

James lui lança un regard en coin avec un sourire narquois, que Remus lui rendit. Il n'avait pas hâte de jouer, mais l'occasion de faire redescendre Sirius Black ? Ça, il l'attendait avec impatience.

Suivant l'exemple de James, Remus a glissé son protège-dents en caoutchouc autour de ses dents et s'est avancé jusqu'à la ligne médiane du terrain.

"À vous, Monsieur Potter !" cria Bibine depuis le bord du terrain, son sifflet déjà aux lèvres. James fit un signe de la main et lança le ballon entre ses mains tandis que son équipe s'alignait sur la ligne médiane. Comme il le pouvait, Sirius tira sur James depuis l'autre côté du terrain, la langue tirée. James laissa tomber le ballon pour lui rendre son geste, et ils reçurent tous deux un sifflet d'avertissement de leur professeur.

"Hé Pete", dit Remus, debout, une main sur la hanche, l’autre protégeant ses yeux du soleil, "tu veux faire un pari ?"

"Un pari ?" demanda Peter en le regardant en plissant les yeux. "Quels sont les enjeux ?"

"Dix livres que Black commet une faute dans les cinq premières minutes du jeu."

Peter regarda Sirius, qui s'était détourné et s'étirait comme s'il s'ennuyait. Dès qu'il se retourna et surprit ses amis en train de le fixer, il leur fit signe de la main et leur tira dessus, juste pour faire bonne mesure.

Un autre sifflement. "Monsieur Black !"

"Désolé, Bibine !"

"Pas question", dit Peter en secouant la tête, "je sais reconnaître un pari perdant quand j'en vois un."

"Alors pourquoi tu ne gagnes jamais au poker ?" le taquina Remus. Il tendit la main à Peter pour qu'il lui donne une tape amicale, ce qu'il fit, sans la moindre amertume.

Alors que Mme Bibine s'approchait du milieu de la ligne médiane, chaque garçon commença à rebondir un peu plus sur ses talons. Remus ne faisait pas partie de la ligne d'attaque, mais si l'un des joueurs de l'équipe rouge tentait de percer, il serait censé le poursuivre ou lui barrer la route. C'en était presque risible. Doss avait dit un jour que Remus risquait autant de se faire plier en avion en papier que de se faire prendre par une masse musculaire quelconque ; donc, naturellement, l'idée de plaquer ses amis en cours de sport n'était pas idéale.

"Ouah ! Ouais ! On y va !" cria Sirius, tandis que Bibine levait le bras. Un bref coup de sifflet plus tard, James envoyait le premier coup de pied du match à travers le terrain. C'était impressionnant, et Remus se surprit à le regarder filer pendant ce qui lui sembla une éternité, jusqu'à ce qu'un autre garçon de son équipe le pousse vers l'avant et le fasse courir.

Ils se rassemblèrent tous au même endroit, du côté de l'équipe rouge, sur la ligne médiane, les garçons se bousculant pour tenter de s'emparer du ballon. Rien de tout cela n'aurait été légal dans un vrai match de rugby, mais tant que personne ne repartait avec le nez en sang ou les rafales de vent, Bibine était parfaitement d'accord pour les laisser s'entraîner. Remus avait déjà pensé plus d'une fois au cours de l'année que Bibine devait être une sorte de sadique, mais c'était vrai pour la plupart des professeurs de sport, supposait-il.

"Allez, Remus", dit James après le coup de sifflet final et la reprise du jeu, "retour à la ligne médiane." Il lui sourit derrière ses lunettes de sport, un sourire d'autant plus grand que sa peau sombre brillait déjà de sueur sous le soleil.

Suivant son ami, Remus retourna sur la ligne et attendit le coup de sifflet suivant. Cette fois, Sirius donnait le coup d'envoi et envoya le ballon valser à travers le terrain. Le ballon passa au-dessus de la tête de Remus et vola droit vers James, qui le fixa du regard avant de s'élancer dans les airs et de le rattraper dans ses bras, à la grande joie apparente du reste de son équipe.

Tout le monde s'était mis à courir avant même que Remus ne comprenne ce qui se passait, et après que Peter lui eut crié dessus pour s'être figé, il l'imita. Il ne se souvenait même plus de sa position, et encore moins de ce qu'il aurait dû faire – mais cela n'avait plus beaucoup d'importance une fois que Davey Gudgeon l'eut rattrapé et envoyé au sol avec un bruit sourd.

Il y eut un coup de sifflet, et Remus cligna des yeux vers le ciel lorsque James apparut au-dessus de lui, lançant un regard noir à Davey, étendu sur le terrain à côté de lui. Tendant un bras, James aida Remus à se relever et lui tapa dans le dos tandis qu'un autre coup de sifflet retentissait.

"Tacle illégal, Monsieur Gudgeon ! " aboya Bibine.

Davey roula sur l'herbe et se releva, pointant Remus du doigt avec indignation. "Je ne l'ai pas plaqué ! Le connard m'a foncé dessus !"

James cracha son protège-dents pour défendre Remus : " Il ne l'a pas fait ! Tu t'es jeté sur lui ! "

"On recommence", ordonna Bibine en dispersant le groupe. Secouant toujours la tête, Remus se retourna et trouva Sirius juste devant lui, un sourire narquois et scrutateur.

"Tu n’essaies même pas."

"Si", dit Remus avec indignation en arrachant un brin d'herbe de sa langue. "J'ai juste mangé de la tourbe, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué."

" Seulement parce que tu courais pratiquement à reculons. " Sirius tendit la main et lui donna un coup dans l'épaule, juste au-dessus d'une tache d'herbe fraîchement réalisée. " Si tu essayais, tu serais probablement plus rapide que n'importe lequel d'entre nous. "

"C'est censé être un compliment ?" ricana Remus en se tenant l'épaule

"Je suppose que nous devrons voir."

Sirius le dépassa d'un petit trot, rejoignant ses coéquipiers qui attendaient le penalty. Il fallut à Remus quelques secondes d'inactivité pour comprendre que c'était lui qui allait tirer.

"Cela ne peut pas faire partie de mon travail", murmura-t-il tandis que James pressait le ballon dans ses bras.

"C'est comme une mêlée en cours de sport", a déclaré James, "tout le monde doit s'y prendre. Il faut juste essayer de passer les poteaux."

"Seigneur." Soupirant, Remus s'avança vers la ligne, comme indiqué par leur professeur de sport.

"Juste un petit coup de pied, Monsieur Lupin", dit Bibine joyeusement avant de siffler. Remus tressaillit au son sec avant de se tourner vers le but, constitué de deux hauts poteaux métalliques encastrés au-dessus d'un but de football. Juste en dessous, droit devant lui, Sirius fit un petit signe de la main et il ressentit cette irritation au ventre qu'il ressentait toujours quand Sirius le narguait.

Avec plus d'efforts qu'il n'en avait déployés jusqu'alors, Remus émit un grognement vigoureux et laissa tomber le ballon juste au-dessus de son pied pour un coup de pied vigoureux. Au lieu de l'envoyer vers les poteaux, le ballon frappa le bout de sa chaussure et fila droit vers Sirius, qui se précipita pour l'attraper et finit par le recevoir en pleine gorge, s'étouffant légèrement lorsque le ballon rebondit sur un autre de ses coéquipiers.

Avant que Sirius ne puisse se reprendre, James s'empara du ballon d'un autre joueur en maillot rouge et s'élança sur le terrain. Il avait marqué un point avant même que Remus n'ait fait un pas en avant, et tous les garçons en bleu levèrent les bras pour célébrer.

"Putain, Lupin", siffla Sirius en s'écroulant dramatiquement aux côtés de Remus, le poussant de quelques pas sur le côté. "Tu essayais de me tuer ?"

"T'égratigner, peut-être", dit Remus, les joues rouges. Malgré ses paroles, il n'avait visiblement pas voulu viser Sirius directement, mais il ne se souvenait pas avoir regardé ailleurs.

"Tu ne t'en tireras pas comme ça à nouveau", avertit Sirius, tandis qu'un autre coup de sifflet signalait la fin de la pièce, dissolvant les équipes de leur côté.

Après cela, Sirius était toujours là pour l'intercepter, ce qui impliquait généralement de plaquer Remus au sol avec plus ou moins de sauvagerie. Au deuxième ou troisième plaquage, il commença à réaliser que Sirius ne se contentait pas de le viser, mais qu'il prenait du plaisir à le faire.

"Tu défends sur moi !" cria Remus, après que Sirius ait tiré sur le dos de sa chemise pendant qu'ils recommençaient à nouveau et ait crié : 'Wotcher !'.

"Même pas", dit Sirius avec hauteur.

"Alors reste loin !"

"Ça fait partie du jeu, Lupin !"

Il n'eut pas besoin d'une nouvelle menace de James pour que Remus commence à s'efforcer de courir après cela. Sirius était rapide, mais il avait aussi raison, comme d'habitude ; quand il s'y mettait, Remus était assez rapide pour distancer la plupart d'entre eux. Heureusement, il n'avait rien à voir avec les mêlées, qui ressemblaient plus à un combat de catch qu'à une manœuvre sportive.

À la fin de l'heure de jeu, tous étaient en sueur et essoufflés. Peter a réussi à marquer le dernier point avant que les deux équipes ne se regroupent pour un dernier match, prêtes à tout pour briser l'égalité qui les opposait depuis la moitié du match.

"Bailey, Jackson, Murphy—vous trois, vous vous occuperez du centre", dit James, et les trois garçons hochèrent la tête avec agressivité. "Mason, Poole—vous les gardez à l'arrière, comme ailiers. Pete, vous êtes avec Walsh et Roberts, encadrant les lanceurs depuis l'autre côté. Les autres feront la mêlée. Remus courra avec le ballon."

Remus resta bouche bée. "Alors, qu'est-ce que tu vas faire ?"

"C'est moi qui te lance le ballon, idiot. À moins que tu veuilles être dans la mêlée ?"

Il ne l'a pas fait, mais l'idée qu'il allait être celui qui allait marquer le point gagnant le mettait plus que mal à l'aise. "Et tu supposes que je pourrai l'attraper ?"

"Ne t'inquiète pas, Lupin", dit Murphy en frappant Remus entre les omoplates assez fort pour le faire tressaillir, "si tu le laisses tomber, les autres s'accumuleront sur toi et nous aurons une autre chance."

"Oh, quelle joie", railla-t-il. "Et pendant que je remets ma colonne vertébrale en place, vous pourrez me porter jusqu'à la ligne d'arrivée."

"Je suis content que tu sois d'accord", dit James, avant de taper dans ses mains et de laisser tous les garçons se disperser.

Un instant plus tard, Sirius conduisit ses garçons en position et Bibine regarda sa montre.

"Faisons en sorte que cette dernière pièce soit propre !" a-t-elle crié.

"Il va encore s'en prendre à toi", dit James à l'oreille de Remus. Se retournant, Remus suivit le regard de James vers Sirius, qui se frappait les cuisses d'impatience tandis que les deux équipes se disposaient en une ridicule mêlée, têtes baissées l'une contre l'autre comme une énorme pile de câlins.

"Fausse gauche", lui dit James. "Il te suivra, et Pete et les gars pourront l'emmener avec les autres pendant que tu contournes le bord."

"Mais c'est là qu'ils vont entrer en collision avec les attaquants", dit Remus, peu enclin à se retrouver pris au milieu de la mêlée. "Je ne les rattraperai jamais si je trébuche dessus."

"Je te donnerai le ballon", promit James, "va juste à gauche."

"D'accord."

"Bien."

Avant que James ne puisse lui donner une nouvelle tape sur l'épaule avec son air sportif habituel, Remus esquiva et prit sa place. Le point final, semblait-il, se jouerait à celui qui serait assez rapide après que le ballon aurait quitté la mêlée, et il n'était pas sûr que ce soit lui.

" Très bien les gars ", dit Hooch, tandis que le groupe de mêlée se penchait les uns sur les autres, James et Davey se tenant prêts à faire rouler le ballon au milieu de leurs corps agrippés. " Accroupissez-vous! Prêts! Engagez! "

Tels deux rhinocéros enragés, les équipes se bousculèrent aussitôt, se renvoyant le ballon jusqu'à ce que James le libère enfin de leurs jambes et l'envoie en spirale vers Remus. Par la grâce du ciel, il s'empara du ballon et, une seconde plus tard, aperçut Sirius filer à travers la foule vers lui. Sur le point de feinter à gauche, Remus remarqua une petite brèche dans la défense pourtant solidement ancrée de l'équipe rouge sur son côté droit. Adressant à James des excuses télépathiques et sarcastiques, Remus plongea à travers les corps éparpillés, s'élançant à toutes jambes.

La ligne d'essai se profilait devant lui, il pouvait presque goûter à la victoire. Il était si proche qu'il lui suffisait de toucher le gazon de l'autre côté pour avoir le droit de se vanter auprès de Sirius jusqu'à la fin de l'été.

"Cours, Lupin !" hurla James, à quelques mètres sur sa gauche, courant vers la ligne d'essai comme s'il pouvait marquer le point à sa place. "COURS !"

Et il le fit. Il courut si vite et si fort qu'il faillit franchir la ligne de lancer—jusqu'à ce que Sirius plonge et enroule ses bras autour de ses cuisses, le tirant au sol d'un seul coup, au moment même où il tentait de plaquer la balle sur l'herbe pour marquer le point.

Ou du moins, il en a traîné une partie au sol.

Accroché aux jambes, Remus s'élança à travers le terrain, se cognant le visage et le ballon dans la surface tandis que Sirius trébuchait sur le côté, roulant avec une telle force qu'il s'écrasa lui aussi sur le dos. Plus d'une douzaine de garçons s'immobilisèrent en dérapant—maillots bleus et rouges confondus—tous grimaçant en les regardant dégringoler.

Secouant son crâne secoué et cherchant son front meurtri, Remus s'éloigna du terrain, étourdi et clignant des yeux en voyant le ballon de rugby qui s'était arrêté péniblement juste devant lui, de l'autre côté de la ligne blanche du terrain.

Il l'avait fait ! Il avait marqué le point—Sirius ne l'avait pas eu !

Remus s'apprêtait à célébrer, à se tourner vers ses camarades et à ricaner joyeusement à Sirius, lorsqu'il sentit une chaleur particulière en contrebas. La chaleur du soleil d'été, là où elle n'avait jamais été.

"Oh mon Dieu", s'écria l'un des garçons derrière lui, "tu l'as défroqué !"

Soudain, Remus réalisa qu'il se redressait à genoux. Son short de sport avait disparu, volé par le plaquage, et maintenant à plusieurs mètres de distance, serré dans le poing de Sirius. Il se redressa à son tour et regarda autour de lui, confus, ses cheveux lâchés et retombant sur son front.

Remus frappa dans ses mains et ne sentit que sa peau. Il portait encore ses sous-vêtements, mais le slip était descendu jusqu'aux genoux. Si tous les garçons n'étaient pas derrière lui sur le terrain, ils auraient reçu une fessée frontale ; mais en réalité, ils n'eurent droit qu'à un éclair aveuglant venant de son pauvre cul pâle.

"Putain", haleta James, étonné, et un instant plus tard, toute la classe éclata d’un rire fou.

Mortifié, Remus tira son slip autour de sa taille et se releva, se tournant vers Sirius, dont le regard se perdait entre lui et son short, comme s'il était à court de mots. Bien sûr, le connaissant, cette perte ne dura pas très longtemps.

"Désolé, Lupin", dit-il, respirant si fort que Remus comprit qu'il ne faisait que réprimer son propre rire. "Je ne voulais pas faire de toi un exhibitionniste."

"Donne moi ça!" rugit Remus en s'élançant. Mais avant qu'il puisse l'atteindre, Sirius s'était levé d'un bond et s'était faufilé entre les autres garçons, le short de Remus toujours à la main.

"Éloignez le nudiste!" cria-t-il, et Remus fulmina, le visage rouge écarlate de gêne. "Je crois qu'il veut m'endoctriner !"

"Espèce d'idiot ! T'as quel âge ?!" cria-t-il, tandis que tout le monde se séparait autour du garçon sans pantalon et que Sirius se précipitait droit dans les mains de Mme Bibine, qui siffla si fort qu'il grimaça et laissa tomber son short gris sur le terrain.

"Monsieur Lupin," ordonna-t-elle, sans être méchante, "veuillez ramener votre pantalon sur la moitié inférieure de votre corps."

Au milieu des rires de ses camarades, Remus s'avança d'un pas raide et attrapa son short, le tirant furieusement sur ses jambes tandis que Sirius se cachait derrière leur professeur. Même James et Peter riaient, et lorsqu'il leur lança un regard noir, James haussa les épaules.

"T'aurais dû aller à gauche, Lupin."

* * *

Remus fonçait sur le talus, les bras tendus avec plus d'effort que pendant le match. Il était encore un peu étourdi après un coup de tête reçu au sol et, du coup, il finit par trébucher sur ses propres pieds. Ses amis le suivaient par derrière, sacs de sport en bandoulière, cachant leurs ricanements derrière leurs doigts et leurs lèvres narquoises.

"Mais on a gagné, Remus !" dit James, peut-être pour la trentième fois. "Tu nous as fait gagner la partie !"

"Au prix de ma propre fierté ! Si il n'avait pas continué à me viser tout le temps—"

"Je n'arrête pas de te dire que c'était un accident", cria Sirius. "Je ne voulais pas que tu montres ta lune à toute la classe!"

"C'est vraiment le moment idéal", a dit Peter. "Dans quelques jours, tout le monde rentrera chez soi et personne ne se souviendra que tu as montré tes fesses en cours de sport."

"Je n'ai pas montré mes fesses en cours de sport !" gémit Remus en se retournant et en pointant un doigt vers Sirius. "Il m'a saboté !"

"Oh, allez, Moony", dit Sirius, "c'était juste pour s'amuser. Tu as eu de la chance qu'il n'y ait pas eu de filles. Ou peut-être que tu voulais te la péter ?"

Avant que Remus ne s'emporte contre lui à cause de ce surnom horrible , Peter donna un violent coup de coude à James et tous trois levèrent les yeux vers lui. "Qu'est-ce qu'elles ont?" murmura-t-il.

Suivant leur regard, Remus se retourna et trouva Lily debout au milieu du trottoir, l'air impatient. Ses sourcils roux étaient levés, probablement à cause de leurs cris. Les bras croisés dans le dos, elle pencha la tête d'un air interrogateur et le bord de son chapeau de soleil s'abaissa sur son front. Au lieu de ses vêtements d'école habituels, elle portait une jolie robe pull verte, dont les bretelles étaient bouclées sur un chemisier blanc.

"Vous avez l'air heureuses", dit-elle avant de remarquer le visage de Remus. "Ou pas."

"Oh mon Dieu, Evans, tu ne devineras jamais ce qui lui est arrivé en sport."

Avant que Sirius ait pu terminer, Remus se retourna et le poussa. Lorsqu'il se retourna vers Lily, il força un sourire radieux. "Lily", annonça-t-il, "j'allais justement te chercher !" En croisant son coude avec le sien, Remus ignora sa surprise et les fit se retourner, l'éloignant déjà des garçons.

"C'est vrai ?"

"Ouais!"

"Non, c'est faux", appela Sirius, "il est juste gêné parce qu'il…"

"Hé… je veux dire… Hé, Evans !" appela James, et à la surprise de Remus , Lily s'arrêta brusquement et se retourna pour le regarder avec de grands yeux.

"Oui?"

Se frottant la nuque, James esquissa un sourire qui semblait vouloir contenir une grimace. "Je suis désolé", dit-il, "d'avoir… attaqué Rogue. Je sais que ça t'a contrarié et je ne voulais pas te mettre dans l'embarras. Non pas que tu aurais dû être gêné ! C'était sa faute – et la mienne ! Juste… désolé."

Lily regarda James puis Remus, comme si elle attendait une réponse de sa part. Bien qu'il fût toujours en colère contre ses amis, il se sentit un peu démoralisé. Soupirant, Remus hocha la tête, désignant James d'un geste avant de détourner le regard. Lily esquissa un petit sourire avant de se tourner vers James.

"J’accepte tes excuses", dit-elle, l’image même du décorum.

La surprise se lisait clairement sur son visage, James se redressa. "Oh. Génial !"

Lily hocha fermement la tête. "Sev l'a plus ou moins mérité. Il s'est excusé plus tard, au cas où tu te poserais la question."

"Nous ne l'étions pas", dit Sirius, et James le frappa à l'épaule, le faisant siffler.

"Heureux pour toi, Evans", dit James.

Lily hocha de nouveau la tête, cette fois avec un sourire. "À plus tard, alors. On y va, Remus ?"

"Oui s'il te plait."

"Non !" fit Sirius en faisant la moue, tandis qu'ils s'engageaient tous les deux sur la route. "Ne nous enlevez pas notre Moony! On n'en avait pas fini avec lui ! J'allais le présenter au club d'art comme leur premier modèle nu !"

Par-dessus son épaule, Remus lança un doigt d'honneur à Sirius et Lily lui lança un regard étrange. Heureusement, les garçons cessèrent de le suivre, probablement parce que James était simplement soulagé d'être pardonné et ne voulait pas perdre sa chance avec Lily.

Laissant Lily prendre les devants, Remus fut agréablement surpris lorsqu'ils s'approchèrent du chemin menant au lac, qui était la chose la plus proche des terrains de sport à part le garage où les chariots de l'école étaient garés la nuit.

"Pourquoi cette robe ?" demanda-t-il tandis qu'ils descendaient la rive du lac Dubh. Ils avaient depuis baissé les bras, et Lily s'occupait à ramasser des pierres lisses et à les jeter dans l'eau.

"Oh, les préfets organisent toujours une fête de fin d'année à la dernière heure et on est censés se déguiser", dit-elle. "Tu l'aimes ?"

"Euh, oui ?"

Rayonnante, Lily sautilla plus loin sur la rive rocheuse du lac, pressant le haut de son chapeau pour l'empêcher de tomber tandis qu'elle se penchait pour continuer à ramasser des cailloux. "Tu devrais être préfet, Remus. Tu es raisonnable, et comme les 13ème années passent leurs examens, on a un trou dans les rangs."

"C'est pas vrai", se moqua-t-il, "je suis sûr qu'il y a quelqu'un de plus apte que moi à faire ce travail."

Lily fit un bruit de grognement. "Sérieusement, Remus, il faut que tu te remettes de cette attitude du genre : 'Oh, je suis vraiment nul—j'ai des trous dans mon pantalon et j'écoute de la musique endiablée—tout le monde doit me fuir de terreur'. Ça commence à devenir lassant."

"Eh bien, excuse moi", murmura-t-il, tandis que Lily jetait une autre pierre dans le lac et s'arrêtait pour écouter le 'plop' qu'elle faisait en atterrissant.

"Tu voulais parler de quelque chose, alors ?" demanda-t-elle, tandis que Remus la suivait en écartant les pierres de son chemin. "J'allais quelque part, tu sais."

Remus grimaça, écarta d'un coup de pied un gros rocher et le regarda dévaler la berge jusqu'à l'eau. "Désolé. Je voulais juste un peu de paix, loin de ces idiots qui se disent mes amis."

"Il s’est passé quelque chose en sport alors ?"

"Disons simplement que je ne jouerai plus jamais au rugby."

Lily sourit. "Qu'a fait Black ?"

"Comment as-tu su que c’était lui ?"

"Donc ce n’était pas lui ?"

"Bien sûr que c'était lui", souffla Remus en levant les yeux au ciel. "Ce salaud me met vraiment à rude épreuve."

"Eh bien, qu’a-t-il fait ?"

"Peu importe", dit Remus, cherchant désespérément à changer de sujet. "Tu as pardonné James assez facilement cette fois-ci. Qu'est-ce qui se passe ?"

"Oh", commença Lily, "eh bien, j'ai parlé à Mary et elle a dit que j'étais un peu trop dure. Finalement, il n'a jamais frappé Sev, il l'a juste un peu embarrassé. Et je pense qu'il a retenu la leçon après avoir reçu un coup pareil."

"Il a dû passer son dernier examen avec une poche de glace collée sur son visage."

Lily sourit timidement au sol. "C'est quand même un idiot."

"Oh oui", acquiesça Remus, "je ne pense pas que ça changera un jour." Il baissa les yeux vers ses pieds et Lily dut suivre son regard, car elle bondit en avant très soudainement, se penchant entre ses pieds et se relevant avec une autre pierre.

"Celui-là est parfait pour les ricochets!" déclara-t-elle avant de se précipiter jusqu'au bord de l'eau. Tandis que Remus la rattrapait sur la berge, Lily retira son bras et lança le rocher aplati à la surface du lac. Il rebondit cinq fois avant de disparaître sous l'eau sombre.

"Beau travail", dit-il, sincèrement impressionné.

Lily frappa joyeusement ses mains. "J'ai beaucoup d'expérience. Maman et papa nous emmenaient, Pet et moi, dans toutes sortes d'endroits pendant qu'ils faisaient des recherches pour leurs livres. Une fois, nous—"

Un sifflement aigu traversa le lac derrière eux, faisant sursauter Remus et Lily avant de se retourner et de trouver Barty Croupton et son acolyte préféré, Yaxley, au sommet de la berge et debout au milieu du chemin à califourchon sur deux vélos de l'école.

"J'ai entendu dire que tu avais fait un petit spectacle sur le terrain, Lupin !" lança Barty. "Quoi, trop gêné pour tenter ta chance en tutorat ? Tu aurais dû me le dire, j'aurais apporté un appareil photo !"

"Putain !" grommela Remus. "Il y a un genre de souffleur dans toute l'école dont je ne suis pas au courant ?"

Barty aperçut Lily, qui le fusillait du regard sous son chapeau de soleil et se pencha par-dessus son guidon. "Tu te la pètes aussi devant les filles, Lupin ? À quel point c'est pâle, ma puce ? Il paraît qu'il est aveuglant."

"De quoi parle-t-il ?" demanda Lily, et Remus serra les dents.

"Black… a peut-être bien descendu mon short pendant la dernière moitié de la séance de sport."

"Il a fait quoi ?"

"Il m’a défroqué."

"Alors tout le monde a vu tes fesses ?"

"Hé !" demanda Croupton, tandis que Yaxley lançait un autre sifflement horrible. "Lupin ! As-tu, oui ou non, montré ton petit soldat devant toute l'équipe d'athlétisme ? Ou Bibine cherchait-elle juste à faire une petite action ?"

Avant même que Remus puisse répondre, Lily prit un de ses cailloux et le lança sur la berge, blessant Croupton à l'épaule. Même James aurait été impressionné par sa précision.

"Putain !" s'écria Barty en lui tenant le bras. "Tu—"

"Oh", dit Lily, "on dirait que ça fait mal. Tu ferais mieux d'aller voir Mme Pomfresh à l'infirmerie pour un pansement."

"Tu ne peux pas faire ça !" dit Yaxley. Lily lança une autre pierre, l'atteignant au front après qu'il eut tenté de l'esquiver tout en gardant son vélo. Yaxley hurla et porta une main à sa tête, tandis que Crouch restait bouche bée.

"Dégagez tous les deux, avant que je vous donne une retenue pour tout le mois de septembre prochain", ordonna Lily, déjà armée d'une autre pierre.

"Tu es complètement tarée", dit Barty, et Remus ramassa à son tour une pierre, bien plus grosse celle-ci que celles que Lily lui avait lancées. Avant qu'il puisse décider lequel des deux frapper à la tête, les deux garçons firent demi-tour et s'enfuirent à vélo.

"Tu es un peu folle, tu sais", remarqua Remus en lâchant la pierre tandis qu'ils regardaient les garçons s'éloigner. Il ne l'aurait pas vraiment lancée. Probablement.

"Bien", dit Lily, "j’aime garder les gens sur le qui-vive."

Elle leva les yeux vers lui, son chapeau souple tombant sur son joli visage couvert de taches de rousseur, et Remus réalisa que Lily Evans était la personne la plus féroce qu'il ait jamais connue.

Des années plus tard, après que tout le bien soit arrivé et que tout le mal soit passé, ce serait toujours la vérité.

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