Fondation d'une meute
"La confiance est à toutes relations humaines ce que les fondations sont à toutes constructions humaines."
Chapitre 4 : Fondation d'une meute
Au commissariat, Derek avait fait une déclaration de disparition pour sa sœur pour que le shérif puisse mettre en route une procédure. Des avis de recherche avaient été publié après avoir rempli des tonnes de formulaires et ils commençaient à les diffuser un peu partout. Quelqu'un l'avait forcément aperçut en ville et ils arriveraient certainement à retrouver sa trace. Au fur et à mesure des démarches, le jeune Hale reprenait espoir et il voyait le shérif s'impliquer au-delà de ce qu'il aurait cru possible pour de la simple conscience professionnelle. Il n'était pas stupide, le shérif lui cachait quelque chose.
Tant que cela allait dans son sens, il décida de se laisser aider. Après tout, le shérif ne faisait que l'aider, il serait toujours temps de le confronter pour avoir des réponses.
Avec impatience, Derek attendait le moment où Stiles viendrait le chercher. Il n'aimait pas savoir les adolescents seuls alors qu'il n'avait pas encore identifié l'Alpha et que les chasseurs pouvaient avoir monté un plan sordide. D'ici, il ne pouvait pas les surveiller et agir en conséquence. Sa nervosité était accentuée par les coups d'œil fréquents que lui jetaient certains membres de la police jusqu'à ce que Monroe se présente devant le shérif.
En le voyant, l'adjoint faillit fondre sur place une rougeur s'étalant sur ses joues, il bredouilla quelque chose en tendant un dossier à son supérieur. Derek se leva en soupirant pour se poster à la fenêtre et Monroe mangea un mot sur deux avant de s'excuser et de sortir précipitamment des images de la veille le hantant toujours. Il en avait fantasmé toute la nuit après sa garde. Mort de honte car il rêvait d'interdit juste au dessus de la chambre de sa mère ! Monroe se répétait en boucle qu'il n'était pas de ce bord là mais quand même, ce gars là n'était pas un humain normal avec un charisme pareil.
-Monroe ! cria le shérif. Il manque le rapport toxicologique ! Monroe ! Mais qu'est ce qui vous prend encore !
Le shérif soupira exaspéré par le comportement de son adjoint et reporta son attention sur Derek. Son énième coup d'œil à l'horloge ne passa pas inaperçu auprès du shérif. Celui-ci cherchait à mettre Derek suffisamment en confiance pour qu'il puisse agir efficacement contre les Argent. Cette fois, s'il obtenait la preuve qu'il cherchait, il ne les laisserait pas s'en sortir. C'était une affaire personnelle. Une vengeance.
A l'époque, Chris lui avait assuré qu'il n'y était pour rien, il lui avait juré que ce n'était pas leur méthode que jamais des chasseurs ne tuaient comme « ça ». Bien sûr, il savait bien que son ami n'aurait jamais été capable de ça, bien trop fragile. Mais si Chris lui avait semblé sincère, il avait toujours su au fond de lui que les chasseurs Argent étaient liés à l'incendie. Son instinct n'avait cessé de lui crier, il n'y avait hélas pas de preuve. Des preuves, Laura en avait trouvé semble-t-il ! Peut-être n'aurait-il pas dû rejeter Chris comme il l'avait fait ? Trop de rancœur l'habitait et il l'avait pris comme exutoire parce qu'il n'avait pas été assez fort pour résister à l'influence paternelle. Il s'était drapé dans sa dignité et lui avait jeté la pierre, lui crachant son mépris. Il lui avait tourné le dos … et peut-être au pire moment.
Maintenant, il allait orienté l'enquête vers Kate, car si à l'époque, il avait cru qu'elle ne participait pas à la folie familiale, il avait quasiment eu une preuve récente du contraire. Mais pourquoi faire accuser Derek ?
Pour le mettre hors circuit, surtout s'il pensait sa sœur décédée. Pourquoi s'acharner sur les Hale comme ça ? Qu'est ce qui avait pu arriver à la petite Kate pour qu'elle se mette à massacrer toute une famille et qu'elle persécute les derniers survivants ?
-Tu as faim ? interrogea le Shérif sentant son ventre gargouiller et pressé de sortir de ses pensées.
-Pas vraiment, Stiles m'a donné une importante quantité de nourriture à ingurgiter avant de partir ce matin, avoua Derek en se souvenant avec satisfaction de la montagne de tartines que l'adolescent avait préparé et souriant au souvenir de ce mémorable petit-déjeuner.
-C'est un brave garçon. Dévoué et attentionné, il mérite de recevoir ce qu'il donne tant.
Sentant venir la discussion d'homme à homme, Derek voulut assurer au shérif que ses intentions concernant son fils étaient aussi pures que possibles. Enfin autant que deux jeunes gens de 16 et 23 ans peuvent se permettre, surtout qu'ils n'en étaient qu'aux débuts balbutiants de leur relation quelque peu hors norme. Après tout, individuellement, aucun des deux ne rentrait dans une norme quelconque, alors leur couple n'en parlons pas !
Le shérif n'insista pas pour ne pas qu'une gêne s'installe entre eux. Jusqu'à présent, il avait réussi à intégrer le fait qu'ils sortent ensemble et la cohabitation semblait bien se passer. Il ne voulait pas que Stiles soit blessé, c'est tout. Il savait qu'une relation avec un loup-garou comportait des risques, il savait surtout que la passion d'un loup pouvait faire des ravages.
Derek n'avait pas voulu paraître grandiloquent en affirmant qu'il se ferait tuer pour l'adolescent ou qu'il irait le chercher en enfer. Les actes étaient plus probant que des mots et les deux étaient destinés à Stiles et non à son père.
Il repensa à l'érection de ce matin et se sourit en fixant son reflet sur la vitre du bureau. Vraiment, il allait apprécier les réveils dans ce lit contre ce corps délié et tout en os.
-Permettez-vous Monsieur Stlilinski que je courtise votre fils ? demanda de manière tout à fait officielle Derek Hale au shérif.
Le verbe courtiser avait une sonorité un peu désuète mais indéniablement romantique dans la bouche du mystérieux Derek Hale. La question avait surgit brutalement du néant d'un silence confortable. Que se passait-il dans la tête du jeune loup ? C'était plutôt touchant de voir que Stiles était mis sur un piédestal avec autant d'attention. Un peu comme s'il était une jeune fille fragile. Cette simple phrase lui rappelait la manière dont lui-même avait demandé la permission de s'approcher de la mère de Stiles.
Et puis, s'il prenait la peine de lui demander la permission …
Derek attendait patiemment la réponse, il avait voulu réaffirmé la conquête de Stiles et son rapprochement avec l'adolescent en commençant par le début. Il était parfois un peu vieux jeu mais ça venait de sa mère et des contes qu'elle lui lisait. Il lui rendait hommage en quelque sorte.
-Eh bien, je n'aurais jamais cru dire cela un jour, mais je vais reprendre la réponse de mon beau-père quand je lui ai posé la même question : Derek, soit son chevalier servant avec tout ce que cela implique, accepta sérieusement monsieur Stilinski. Je te passe les menaces en cas de problèmes, ajouta-t-il laissant en suspend les éventuelles représailles.
C'était officiel, Derek venait de faire un grand pas en avant vers Stiles dans les règles de l'art.
/
/
Quand le fils du shérif se présenta au poste après son entrainement pour récupérer le loup-garou afin de reprendre la camaro, il ne s'attendait certainement pas à ce genre d'accueil. Certains agents de police qu'il croisait, le regardaient avec un petit sourire. Une femme le fusilla même carrément d'un regard jaloux et il se demanda ce que Derek et son père avait fait ou dit , avant de se rappeler de la visite de Monroe hier au soir. Ce souvenir lui fit monter le rouge au joue. Il s'efforça de paraître aussi normal que possible et fila vers le bureau paternel en regardant ses pieds.
Il entra dans le bureau de son père ou plutôt se jeta dedans précipitamment. Reprenant ses habitudes immédiatement dans ce lieu rassurant, il contempla le tableau derrière son père pour avoir une vue d'ensemble des avancées des dernières enquêtes. Puis, il salua d'un vague signe de main les deux occupants, sans leur accorder plus d'attention. Derek lui lança un regard semblant dire : c'est tout, juste un mouvement de main, t'as pas oublié quelque chose ?
Apercevant les mimiques de Derek, Stiles parut se rappeler qu'il devait adopter une autre attitude, surtout devant son père. Comment faisait Scott déjà ? Il lançait un regard énamouré puis avançait pour enlacer Allison.
Un pas en fixant Derek d'un regard pénétrant comme si son père n'était pas là et le loup prit les choses en main. Se levant, il s'approcha les yeux brillant puis toucha légèrement ses lèvres des siennes en passant un bras autour de sa taille. Chaste et pourtant tellement chargé de sexualité que le shérif se racla la gorge pour rappeler sa présence avant que ça ne dérape. Le commissariat regorgeait déjà des ragots de la veille, mieux valait ne pas en ajouter.
-Tu m'as manqué, lui glissa-t-il langoureusement à l'oreille avec tant de spontanéité que ce ne pouvait qu'être vrai.
Stiles se savait heureux d'avoir un bras solide enroulé autour de lui, car sinon, il aurait défailli. Un peu comme une de ses héroïnes de roman à l'eau de rose qui tombent dans les pommes parce que le prince charmant leur effleure la main. Ses neurones étaient tous dans un état extatique refusant de reprendre une activité normale. Il devait pourtant dire ou faire quelque chose de naturelle. La main de Derek caressa son dos de manière rassurante. La confusion régnait toujours dans son esprit, il dut se forcer à penser de manière cohérente pour se rappeler du pourquoi de sa présence.
-On va récupérer ta voiture, commença-t-il avant d'ajouter incertain, chéri.
La main se figea un instant dans son dos puis les doigts tracèrent une ligne de feu jusqu'à la ceinture barrant l'accès au bas du dos de Stiles. Le père de l'adolescent crut un instant que son bureau allait s'embraser pour cause de jeunesse en plein prélude amoureux. Leur intimant de vaquer à leurs occupations et de rentrer rapidement, il fit mine de se saisir de son téléphone pour avoir l'air occupé et les forcer à vider les lieux. Quand ils quittèrent enfin la pièce, il ouvrit la fenêtre pour faire rentrer un peu d'air frais de ce début de soirée.
Dès que ces deux là se touchaient, ils projetaient tellement de phéromones que ça devait causer pas mal de dégâts. Il avait pu constater ce que ça avait donné sur ce pauvre Monroe. Le pire étant qu'ils ne semblaient même pas s'en rendre compte. Il se refusa catégoriquement d'imaginer ce que ça donnerait dans un lit, quand Stiles serait en âge de dépasser le stade de l'évanouissement suite à un léger baiser. Ce phénomène lui rappelait les parents de Derek, que de souvenirs.
Son propre fils vivait une passion amoureuse et il ne voulait rien savoir de plus. Seulement croire Derek sur parole quand il lui avait promis de prendre soin de lui. De son côté, il ferait son possible pour les protéger.
/
/
Le « chéri » avait été de trop. Stiles savait qu'il n'aurait pas dû le dire au moment où le mot avait franchi ses lèvres. Il s'était laissé emporter par son instinct. Instinct, visiblement toujours aussi naze concernant ses relations avec les autres. Il aurait voulu s'excuser. En même temps, les signaux que lui envoyaient Derek étaient trompeurs, il était trop crédible dans son rôle et Stiles avait cru que peut-être, il était réellement intéressé, avec sa main caressante et ses doigts voluptueux. Il s'était laissé dépasser, emporté par l'euphorie hormonale.
Dans son élan, il avait oublié que ce n'était qu'un jeu tordu. Qui les dépassait ou qui le dépassait seulement lui ? Le baiser s'était de trop. Trop bon, trop cool, trop merveilleux. Le loup-garou ténébreux et hyper sexy en super blouson en cuir l'avait embrassé lui, l'insignifiant humain. Trop pas bon, trop problématique, il était trop foutu !
Le silence dans la voiture fut brisé par la voix nerveuse de Stiles les mains crispées sur le volant.
-C'était quoi ce baiser ? murmura-t-il.
-Allons chéri, je pensais que tu avais compris, répondit Derek en fixant le visage obstinément braqué sur la route depuis leur départ du commissariat.
-C'est juste encore cette mascarade ! cria presque soudainement Stiles contrarié faisant sursauter le loup qui ne s'attendait pas à ce brusque et incompréhensible mouvement de colère.
-Mascarade, grogna Derek entre ses dents. Tu devrais faire attention à ce que tu dis !
-Sinon quoi ?
-Sinon, je t'arrache ta stupide langue pour éviter d'avoir à entendre des inepties, menaça-t-il les yeux incandescents, énervé par l'attitude stupide de Stiles. Avec mes crocs …
Stiles avala de travers et fit un écart sur la route avant de s'engager dans la rue menant au lycée. Ils allaient arriver d'un instant à l'autre et Derek jugea que ce n'était pas le bon moment pour entamer cette discussion. Respirant profondément pour se calmer, il entendit battre le pouls de l'adolescent à une cadence anormalement élevée. Il aurait payé cher pour connaître les pensées de Stiles et savoir ce qui se passait dans sa petite tête.
Derek ne comprenait pas cette attitude, pour lui tout se passait bien. Il s'était même embrassé et il avait vraiment aimé ce doux contact. Peut-être que l'adolescent s'inquiétait à propos de ça ? Derek n'avait jamais embrassé de garçon avant et il doutait que ce fut le cas de Stiles. Il ne voulait pas qu'il se monte des films. Peut-être que ça ne lui avait pas plu ? Ou alors, il l'avait brusqué et ce n'était jamais bon de brusquer Stiles. Aussi le rassura-t-il à sa façon.
-Je ne sais pas ce que tu t'imagines mais arrête. Juste arrête ok. Je ne plaisante pas, assura-t-il.
Loin d'être rassuré, Stiles le prit comme une énième menace. Arrivé sur le parking du lycée, Stiles gara la jeep à côté de la camaro toute rutilante. Jackson et Lydia les attendaient avec Danny sur le trottoir en plaisantant tranquillement devant la Porsche de Jackson. Avant de descendre, Derek lui lança un dernier regard signifiant que cette conversation n'était pas finie. Stiles détourna la tête et soupira un peu contrarié de s'être emporté. Il avait le sentiment de s'être fait avoir. En descendant à son tour, il remarqua que le vélo de Scott était également là, mais son copain, lui, n'était pas en vue.
Scott aurait dû être parti depuis longtemps.
-Où est Scott ? demanda Stiles inquiet coupant les explications de Danny sur ses réparations.
-Certainement avec Allison, répondit Lydia en désignant la voiture de la jeune fille à l'autre bout de l'allée.
Bien que celle-ci semblait vide, Stiles commença à s'y diriger, juste pour vérifier. C'est alors qu'un cri terrifié retentit dans le silence. L'atmosphère changea et en instant Derek fut près de lui, sa stature imposante assurant une forme de protection. Tous scrutaient les environs dans l'attente d'un nouveau son. Stiles regarda les autres ayant l'envie irrationnelle de leur crier de rentrer chez eux, de fuir avant d'être impliqué ou tué.
-On aurait dit Allison, dit Jackson anxieux. Elle a l'air d'avoir des ennuis.
-Il faut aller la chercher, renchérit Lydia pas rassurée par les bruits qui émanaient maintenant de l'édifice.
En réponses, des grognements féroces se firent entendre à l'intérieur du bâtiment principal. Sans y repenser à deux fois, Stiles fonça tête baissé entraînant derrière lui un mouvement de groupe et Derek ne put que suivre, exaspéré par sa conduite suicidaire. Il était sûr que c'était un piège. Mais l'adolescent et ses camarades ne pensaient à rien.
Un silence de mort s'était abattu soudainement sur les lieux à leur entrée et Stiles se stoppa quand il sentit la présence d'une aura douloureusement familière. L'Alpha était là, il ressentait sa présence par tous les pores de sa peau. Son ventre se tordit et il sentit une terreur glacée couler dans ses veines. Il recommença à marcher prudemment, il devait absolument retrouver ses amis.
A peine le groupe avait-il fait quelques pas dans les couloirs qu'une forme gigantesque se jeta sur Danny qui fermait la marche, le faisait tomber lourdement sur le sol. Ce dernier poussa un hurlement de douleur et Jackson n'hésita pas avant de se lancer dans la mêlé pour défendre son ami contre cette bête enragée qui lui infligeait une morsure sauvage sur le haut du corps.
Et voilà, pensa Derek en cherchant un angle de défense pour sortir le gamin des griffes du monstre. Il poussa Stiles derrière lui comme pour lui signifier de vider les lieux au plus vite pour se mettre à l'abri.
Voyant une ouverture, il sauta et usa de force brute pour faire lâcher prise à l'Alpha. Stiles en profita pour tirer un Danny blessé dans une salle de classe vide avec Lydia et le laissa avec la jeune fille qui appuyait déjà son gilet contre l'épaule ensanglantée. Finalement, le gardien s'évanouit sous la douleur intense. La jeune fille prit son pouls pour s'assurer qu'il ne mourrait pas, celui-ci était toujours bien présent et même rapide. Elle concentra donc ses efforts sur la plaie pour endiguer le flot de sang du mieux possible.
Stiles retourna dans le couloir et décrocha un extincteur pour le pulvériser sur l'Alpha et dégager Derek de la situation périlleuse dans laquelle il était. S'arrêtant en pleine action, les yeux rougeoyant le fixèrent sauvagement avant de saisir l'autre loup à la gorge et de le balancer à travers une fenêtre après lui avoir broyé le cou d'une main ferme. Belle démonstration de force brute.
Vu la violence, Jackson regarda la scène en pensant que c'en était fini de Derek. Un instant, il crut même que c'était leur fin à tous. Le prédateur fixait Stiles avec une avidité malsaine. Le temps semblait suspendu et Jackson refusait de bouger pour ne pas attirer l'attention sur lui. Il attendait que Stiles réagisse et fasse quelque chose avec son arme improvisé.
Figé, Stiles ne bougeait plus d'un pouce, son cerveau refusant d'enregistrer une quelconque fatalité concernant Derek. Leurs regards s'étaient croisés une dernière fois avant que la luminescence ne s'éteigne dans les yeux de Derek. Ce fut comme si on poignardait le cœur de Stiles. L'Alpha lui avait brisé le cou d'un mouvement sec en le fixant, comme s'il brisait son dernier rempart. Il eut envie de pleurer. Bien sûr, il était pratiquement certain que cela n'avait pas tué Derek. Mais, ils allaient y passer avant qu'il ne reprenne connaissance. Son cerveau tournait à plein régime, hypnotisé par le regard de braise. Son corps ne lui répondait plus.
Jackson actionna l'extincteur et le tira avec lui hors du couloir avant de barricader la porte de leur camp retranché improvisé.
-Qu'est ce que c'est que ce truc ? lui demanda-t-il à bout de souffle le cœur battant à tout rompre.
-J'en sais rien, un puma peut-être, tenta d'éluder Stiles le regard vide.
-Arrête de me prendre pour un con et regarde ce qu'il a fait à Danny et à ton copain. Je sais que ce n'est pas un puma ! Il n'en avait même pas la forme, putain, s'énerva Jackson en le secouant par les épaules.
La porte de la classe vibrant sous l'intensité du coup reçu coupa la discussion. Ils surent très vite que l'endroit n'était pas un refuge acceptable s'ils voulaient survivre. Reculant, ils attrapèrent Danny pour l'aider à se déplacer. Avec une parfaite maitrise d'elle-même, Lydia ouvrit la porte du fond et guida les garçons à travers le lycée. Evitant les couloirs où ils leur semblaient entendre les griffes râpant le sol ou les murs.
Le corps lourd du gardien de l'équipe commençait à leur peser sur les épaules et les deux garçons s'essoufflaient sous l'effort. Il semblait à Lydia que la bête les rabattait comme des proies vers un endroit précis. Pour l'instant, ils n'avaient d'autres choix que de subir et essayer de retrouver leurs amis. De temps en temps, elle appelait discrètement leurs prénoms dans la pénombre.
-T'en fais pas mon pote, je vais te sortir de là, chuchota discrètement Jackson à Danny en reprenant son souffle.
Stiles observa la façon dont Jackson s'occupait de son ami, refusant d'abandonner. Cela l'éclairait sous un nouveau jour et lui donnait un air moins agaçant que le genre qu'il se donnait habituellement.
-Pas par là, chuchota Lydia en pointant une direction.
L'adolescent aurait voulu lui dire que celui qui les traquait entendait ses chuchotements aussi clairement que si elle criait mais il se contenta de suivre le mouvement en priant pour retrouver au plus vite Scott. Clairement, ils étaient mal barrés et les forces étaient plutôt inégales étant donné que le seul autre loup garou de leur groupe avait été mis au tapis dès l'ouverture du bal.
Finalement, ils tombèrent enfin sur Allison et Scott retranchés dans la salle de chimie. Immédiatement, Stiles pensa que c'était fait exprès, comme un piège où ils seraient tous enfin regroupés. Il croisa le regard de Lydia et il sut qu'ils étaient sur la même longueur d'onde. Son cerveau s'enclencha en mode plan de survie efficace.
Allison aida les garçons à installer Danny confortablement quand elle remarqua la blessure identifiable entre mille. Elle ne put retenir un mouvement de panique et attira l'attention de Scott.
-Oh mon dieu. Danny a aussi été mordu, constata avec effroi Allison. Il faut le prévenir de ce qui risque de lui arriver.
-Il va survivre et avec … Derek, on va l'aider, tenta de la rassurer Scott en essayant de voir la profondeur de la blessure sur l'épaule du gardien qui gémissait.
-Ton copain Derek va rien faire, je crois qu'il est mort, intervint Jackson embarrassé, ne sachant que faire pour aider son ami.
-Alors si tu nous expliquais de quoi il retourne exactement, on pourrait faire quelque chose, claqua Lydia agacée en constatant les dégâts sanglant sur son gilet.
Scott se tourna vers Stiles pour savoir quoi faire mais ce dernier était livide et visiblement ailleurs, en pleine réflexion. Scott s'approcha pour l'examiner et constata avec soulagement qu'il n'avait aucune blessure apparente. Impossible de savoir ce qui l'avait mis dans cet état, lui qui était toujours monsieur sarcasme à toute épreuve. Accessoirement, il était aussi son génial ami qui les sortaient toujours de situations extrêmes. Et là, c'était le bon moment pour étaler son génie.
-Qu'est ce qu'on fait ? tenta-t-il pour ramener Stiles sur terre.
Entièrement concentré sur un plan pas trop bancal où il ne finirait pas en cinq à sept pour alpha, Stiles ne percevait que vaguement le monde exté simple question sembla le sortir du chaos mental dans lequel il était plongé.
-Au point où en on est …, souffla-t-il en rassemblant ses idées. Voilà, la bête dehors c'est un loup-garou Alpha, exposa calmement Stiles sous le regard résigné de Scott. Donc qui a des balles en argent ou de l'aconit dans son sac ? Personne, je m'en doutais, ajouta-t-il sarcastiquement en claquant la langue.
-Je savais qu'il y avait un truc de louche chez toi McCall ! fanfaronna Jackson en le pointant du doigt comme si c'était son moment de triomphe.
Jackson avait conclu de lui-même que Scott était un loup-garou. Les performances physiques soudaines qu'il avait démontré, trouvait enfin une explication logique. Enfin, si on acceptait l'existence des loup-garou. Et après ce soir, il était tout à fait prêt à croire au surnaturel. Scott soupira en faisant face au doigt accusateur et le sourire de Jackson s'élargit. Il finit par lui tendre la main et Scott la serra rassuré, finissant par se cogner les poings comme dans un signe de reconnaissance amicale.
-Et qu'est ce qu'il nous veut ? demanda Lydia pragmatique ignorant la répartie de son copain et se concentrant sur Stiles qui semblait être le seul interlocuteur valable.
-Une meute, il veut qu'on le rejoigne. Enfin, à la base, il voulait que Scott le rejoigne et pour l'aider à se décider … il va tenter de nous transformer. La « morsure » nous transformera ou nous tuera. Les loups sont plus forts en meute et il veut être le plus fort possible, énonça-t-il balançant rapidement les informations en continuant à réfléchir à un plan de sortie.
-Danny est brûlant, informa Allison qui avait la main posée sur son front. C'est plutôt bon signe.
-Si tu le dis, grommela le blessé un peu comateux alors qu'elle l'obligeait à rester coucher.
Il leur fallait absolument un plan pour sortir et le cerveau de Stiles était entrain de produire quelque chose d'extrêmement complexe car il ne s'agissait pas juste de sortir de ce lycée des horreurs. Non, il fallait voir plus loin car ce n'était pas ce soir qu'ils se débarrasseraient de l'Alpha.
Ses idées en poupées russes s'imbriquaient et se complétaient. Une partie en entraînant une autre, mais le plus important était la première volée de domino. Si il réussissait l'introduction, alors ils avaient peut-être une chance. Oui, il allait en falloir de la chance et du courage aussi. Il tenait enfin quelque chose, un fil conducteur permettant d'organiser le schéma.
Allison avait son arbalète mais plus de flèche. Lydia proposa de créer quelques bombes artisanales avec le matériel de chimie de la salle. Stiles approuva et s'y consacra avec elle, plus pour occuper son esprit que par volonté pyromane.
Il était si concentré qu'il ne se rendit pas tout de suite compte de ce qu'il se passait. Allison et Scott expliquait à Jackson par quoi Danny allait passer et comment il faudrait l'aider. Scott étant déjà passé par là récemment, il savait à quoi s'en tenir pour les premiers temps de la transformation.
~Délicieux enfant, chantonnait une voix dans sa tête. Aux lèvres douces et tentatrices. Rebel et désirable. Viens me retrouver. Entends ma voix. Suis le chant, répétait-elle comme une litanie.
Stiles se crispa. Son plan commençait à se mettre en place. Il pouvait donner une chance supplémentaire à ses amis de fuir et de protéger Danny de l'influence de l'Alpha. Oui, il était un putain de taré suicidaire. En même temps, il croyait en sa bonne étoile et son plan fonctionnerait. Il jeta un regard à sa montre, le temps était contre lui. Au pire, son idée ne fonctionnerait qu'à moitié …
Ils entendirent les griffes racler sur le sol dans la salle au dessus d'eux. C'était le moment d'agir, mais il était bien trop tôt au goût de Stiles. Jackson et Scott portaient Danny, Lydia avait les clefs de la Porsche en main et Allison était armée des bombes ainsi que Stiles qui fermait la marche.
Aussi vite que possible, ils rejoignirent l'entrée, derrière eux le bruit d'un animal les traquant. Allison visa tant bien que mal et arriva à ralentir leur assaillant le temps qu'ils atteignent les portes principales. Le groupe sortit sauf Stiles qui barra la porte derrière ses amis. Immédiatement, Scott lâcha Danny quand il comprit la manœuvre mais il était trop tard.
-Il n'y a pas assez de place dans la voiture de toute façon, lui cria Stiles avant de courir vers le gymnase conscient que la première partie de son idée avait fonctionné.
Scott secoua la porte dans tous les sens sans arriver à la faire céder. Il ne pouvait pas abandonner son ami. Pas Stiles. N'importe qui d'autre mais pas lui ! Il devait faire quelque chose. Lydia posa la main sur son épaule et lui fit signe pour que lui et son regard incandescent la suive. Un instant, il avait failli l'éjecter avant de se concentrer et de la rattraper à grande vitesse.
/
/
Stiles dérapa sur le sol ciré du gymnase pour se glisser vite fait sous les gradins en rampant. Derrière lui, il entendait le pas lent et assuré de son tourmenteur. Il se détestait d'avance pour ce qui allait se passer. Mais c'était la seule solution qu'il avait réussi à trouver. Il devait servir de point focal.
~Très malin. J'aime ton intelligence marquée, ta loyauté avec ce sens du sacrifice. Je sens ton odeur exquise et ton cœur me chantant la sérénade. Viens à moi.
Mais bien sûr, pensa Stiles. Essayant de calmer sa respiration, il se recroquevilla dans sa cachette. Il n'avait aucunement l'intention de venir à lui. Il avait besoin de temps. Il vit les pattes du loup se métamorphoser pour redevenir des pieds humains, se déplaçant avec patience et contentement. Les pieds s'arrêtèrent devant lui et il sentit émaner de son agresseur une certaine satisfaction malsaine. Il l'entendit inspirer bruyamment se délectant de son odeur.
Carrément flippant.
Stiles sut qu'il était cuit à point quand une main ferme l'attrapa pour le tirer de dessous les gradins où il s'était réfugié. Il se retrouva plaqué entre le mur et le corps d'homme du loup Alpha. Ce regard allumé lui fila immédiatement la nausée. Une main se voulant rassurante lui caressa doucement le visage.
-Si tu me suis maintenant, je peux patienter jusqu'à ce que tu sois prêt, proposa presque tendrement le fou.
-Je crois que je ne serais jamais prêt à vous suivre, répondit Stiles à la limite de mourir de peur mais incapable de se taire.
L'homme face à lui éclata d'un grand rire démoniaque, ravi de cette tournure. Stiles lui ne trouvait pas cela drôle du tout, il avait pourtant un grand sens de l'humour. Il se jugeait assez comique dans son genre. Stiles se raidit en sentant le corps de l'homme se coller d'avantage contre le sien.
-Oh crois moi, tu ne voudras pas rester sage bien longtemps, je sais faire ce qu'il faut pour cela, déclara-t-il en laissant sa main frotter de manière suggestive l'entrejambe de l'adolescent. Ne pleure pas, je t'assure que ça te plaira, lui sourit-il.
Stiles ne s'était pas aperçu de ses larmes avant qu'un pouce ne tente de les effacer presque tendrement. La douceur ne cadrait absolument avec le personnage face à lui. Une tendresse corrompue, avec pour seul but de le salir. Or, il n'avait plus rien à perdre, il avait tout misé sur son plan mais n'avait pas prévu que l'Alpha soit si entreprenant. Ses attouchements brisaient toutes les barrières protectrices qu'il pouvait mettre en place.
L'espace d'une seconde, il revit le visage de Derek avant qu'il ne l'embrasse. Il aurait donné n'importe quoi pour que l'Alpha soit l'autre loup, que ce soit lui qui efface ses larmes traitresses. Lui qui fasse preuve de douceur.
Il bougea une de ses mains pour fouiller ses poches mais son agresseur ne l'entendit pas de cette oreille. Lui saisissant les deux poignets, il les lui bloqua au dessus de sa tête et se colla un peu plus à lui.
Stiles se sentit encore plus vulnérable dans cette position. Exposé. Tout ce qu'il pouvait faire était de jeter un regard de pure haine à ce démon. Il aurait aimé que ses yeux puissent tuer, genre avec un rayon laser comme un super héros.
-Doucement mon mignon, loup échaudé craint l'eau froide. Qui sait quel tour tu me réserves. Très excitant ce côté rebelle, tu sais, expliqua calmement d'une voix perverse l'Alpha.
Brutalement, il plaqua ses lèvres contre celles du jeune homme les meurtrissant avec application pour imposer sa marque. Rageur, Stiles le mordit violement en retour et n'obtint qu'un regard amusé. L'homme récidiva en l'obligeant à ouvrir la bouche pour qu'il puisse en prendre possession. Il avait l'ascendant et comptait en profiter au maximum. Retenant d'une main ferme ses poignets, son autre main se décida à ramper comme un serpent le long de son corps jusqu'à ses fesses qu'elle colla sans ménagement contre son bassin nu d'homme viril. Lascivement, il frotta son corps contre le sien, tentant de le faire réagir.
Il écarta la chemise de l'adolescent et remonta son t-shirt pour dévoiler le corps mince et blanc qu'il jugea pourtant appétissant, la cage thoracique se soulevant sur un rythme anarchique de sanglots silencieux.
Stiles essayait de respirer, de se débattre en vain. Il désespérait de se sortir de cette situation sans dommage. Avait-il présumé de son plan ? La seule faille était le timing. Il refusait pour autant d'abandonner la partie. Incapable de se laisser aller, il se redressa brusquement sur ses pieds pour déstabiliser son assaillant immoral. Cette manœuvre n'eut d'autre effet que d'arracher un gémissement rauque d'envie de la part de l'Alpha. Un éclat malsain passa dans son regard carmin.
-Impatient ? susurra-t-il en mordillant sensuellement la lèvre salée de larmes de l'adolescent, sa main libre et insistante caressant fiévreusement ses fesses.
Un grondement sourd retentit soudain dans le gymnase tel un coup de tonnerre. Un avertissement effrayant, un ordre claquant dans le silence, intimant un arrêt immédiat des hostilités sur l'adolescent. En une fraction de seconde, l'Alpha fut retransformé en loup protégeant sa proie, les babines retroussées sur de longues canines blanches et pointues. Mécontent d'avoir été interrompu, il s'y attendait pourtant plus ou moins. Il savait qu'il n'aurait pas dû traîner mais l'odeur et la proximité du jeune homme l'avait rendu fou d'impatience. Imprudent.
Les jambes de Stiles lâchèrent de soulagement en reconnaissant Derek un air vraiment agressif sur le visage. Il était revenu pour lui. Encore. Il ne pouvait pas mourir. Pas lui. Il avait misé sur le fait que l'Alpha ne l'avait pas tué la veille et il n'avait fait que gagner du temps pour qu'il puisse agir. Le temps de guérir.
La voix du loup l'envahit comme si profaner son corps ne suffisait pas, il le souillait mentalement aussi.
~C'est son odeur qui est sur toi, constata-t-il calmement. Le petit solitaire a bon goût mais que pourrait-il faire contre moi ? S'il ne plie pas, c'est la mort ! ça te ferait un excellent cadeau, n'est-ce pas ? ricana l'Alpha à la seule attention de l'adolescent.
Son cœur sembla rater un battement à l'évocation de ce cadeau écœurant. Insupportable, jamais il ne pourrait vivre avec ça, si par malheur cela arrivait.
Et, ce fut au tour de Stiles d'éclater de rire en voyant Scott se positionner auprès de Derek, suivi par Lydia, déterminée pointant la lance à incendie et Jackson armé de la hache des pompiers avec l'intention farouche de s'en servir. Un immense soulagement l'envahit, son plan fonctionnait mieux que prévu. L'alpha ne prendrait pas le risque d'une attaque frontale face à autant d'adversaires unis.
-Tu vois, ma meute a plus de membres que la tienne, se permit de plaisanter Stiles pour tenter de reprendre le dessus face à son cauchemar.
~Peut-être, mon petit Alpha... On se retrouvera bien assez tôt, crois moi. Tu représentes trop de … tentation pour que je t'abandonne !
Le loup lui fit un dernier sourire étrange et après un coup de langue sur les lèvres abîmées, il s'enfuit en écoutant le long hurlement de rage de Derek. Quelle douce mélodie à ses oreilles. Il le ferait sien et quand il serait à lui, les autres se joindront d'eux même à leur meute. Ensemble, ils seront forts, invincibles et sa vengeance serait sanglante.
La salive commença à faire son effet sur ses lèvres mais de là où ils étaient Derek et Scott avaient bien eu le temps de voir son visage marqué. Une certaine fureur avait envahi Derek et il devait se maîtriser pour ne pas se lancer à la poursuite de l'Alpha pour le mettre en pièce, le réduire à l'état de chair sanglante et suppliante. Même si, seul, c'était impossible, il se sentait la force intérieur de le faire grâce à la rage qui le consumait. Prenant une profonde inspiration pour s'humaniser, il voulut s'approcher doucement de Stiles pour le réconforter mais les autres adolescents le devancèrent et l'aidèrent à se relever.
Scott le traita d'inconscient et de fou. Il aurait pu perdre son meilleur ami ce soir. Mais Stiles n'en avait cure. Son plan avait plus que fonctionné, ils formaient une meute maintenant face à toutes menaces extérieures. Quand les autres réaliseraient, il saurait qu'il avait fait le bon choix. Ça serait la meilleure des protections. Il avait hâte de leur faire comprendre dans quoi ils avaient mis les pieds.
-De quoi tu te plains Scott. Tu vas avoir un nouveau frère et deux nouveaux amis dans la confidence. On est tous vivants, elle est pas belle la vie, relativisa Stiles tentant d'allumer une première lumière dans l'esprit de son meilleur ami. On devrait plutôt être auprès de Danny là, si tu veux mon avis. Il en a plus besoin que moi, tu vois ce que je veux dire,insista-t-il un peu lourdement.
Ravi d'avoir une excuse pour détourner l'attention de lui, il passa devant Derek et résista à l'envie de se jeter dans ses bras comme s'il ne voulait pas le contaminer avec cette odeur infecte et corrompue. Lydia regarda bizarrement la scène, elle sentait qu'entre les deux garçons, il y avait plus que de l'amitié. Et en se tournant vers Scott, elle sut qu'elle n'était pas la seule à avoir remarqué. Seulement, Scott n'avait pas l'air satisfait. Serait-il jaloux ?
Il ne s'était pourtant rien passé à part cette hésitation dans la démarche de Stiles, ce drôle de regard sur le visage de Derek. Rien de tangible, peut-être un truc de loup-garou. Jackson lui toucha doucement l'épaule et la guida pour rejoindre Danny dehors. La mâchoire serrée, Scott les suivit en silence.
Sur le parking, il fut décidé de se rendre chez les Whittemore, la maison étant vide pour le week-end. Scott chargea son vélo à l'arrière de la jeep de Stiles et monta sur le siège passager. Trop heureux que Jackson leur ouvre sa maison car il ne se voyait pas expliquer à sa mère pourquoi il débarquait avec autant de monde sans l'avoir prévenu et il savait d'avance que le père de Stiles refuserait qu'une bande d'ado envahisse la maison du shérif.
Son ami venait de subir une agression et Scott s'inquiétait pour lui. Bon, il s'inquiétait également de ce qui se tramait entre lui et Derek mais il ne pouvait le lui dire sans que ça passe pour une inexplicable et soudaine crise de jalousie. Et, ce n'était pas le moment pour ça.
-T'es sûr que ça va ? s'enquit-il après que le moteur est démarré.
-A part que je suis la cible privilégiée d'un malade mentale qui se trouve être un loup garou Alpha ? Je trouve que ça va plutôt pas mal oui. Et alors, votre entrée de groupe était de toute splendeur, au top. Belle chorégraphie ! Super les gars, façon super héros. Surtout Lydia avec sa lance incendie, très wonder woman.
Et Stiles ne fut plus qu'un long monologue ininterrompu jusqu'à leur arrivée chez Jackson. Exubérant à souhait, faisant rire Scott qui n'arrivait pas à en placer une, autre que pour surenchérir, content d'être avec son ami qui semblait finalement en pleine forme après les instants d'angoisse de ces dernières heures et son tête à tête avec un monstre. Le deuxième en deux jours, il allait falloir revoir les règles concernant ses rendez-vous. Stiles semblait finalement égal à lui-même, ce qui le rassurait.
En arrivant, Scott sauta de la voiture et alla aider à installer Danny dans la chambre d'ami. Stiles soupira de soulagement quand son ami se fut enfin éloigné de lui. De loin, il aperçut Derek le couver du regard. Mais, il ne pouvait pas aller vers lui. Il avala difficilement et posa sa tête contre sa portière jusqu'à ce que Lydia vienne vers lui. Elle lui serra doucement le bras et l'entraina vers la maison de son petit-ami. Passant devant le brun, elle l'invita du regard à entrer.
Jackson, aidé d'Allison et Scott, avait investi la grande chambre d'ami pour déposer son ami Danny. Après cela, il était allé chercher ce qu'il fallait pour désinfecter et nettoyer la blessure sanglante. Ils durent découper son t-shirt pour avoir accès plus facilement à la morsure.
Une fois confortablement installé et soigné, Derek expliqua que toutes émotions fortes pouvaient générer une transformation mais que normalement, il n'y avait rien à craindre avant la prochaine pleine lune, tant qu'il resterait calme. A ce moment là, il faudrait l'enfermer et Scott également. Ce dernier lui lança un regard mauvais par habitude. Il ne supportait pas quand l'autre mettait en doute sa maîtrise (il est vrai assez aléatoire parfois), surtout devant tout le monde.
De manière général, Scott ne supportait pas Derek et son ton paternaliste. Sa façon de vouloir lui dicter sa conduite, de se comporter comme une sorte de guide, son air narquois, sa façon de se pavaner et bref tout en lui l'agaçait. Monsieur je suis né comme ça et toi, tu dois tout apprendre.
Danny était de plus en plus brûlant, visiblement, il serait un loup-garou ce qui rassura tout le monde. Perdre un camarade n'aurait pas été acceptable pour les adolescents, alors savoir qu'il serait un loup-garou était une bonne nouvelle. Surtout pour Jackson.
Depuis quand le monde fabriquait-il des êtres comme eux ? Pas comme les loups-garous non, comme ces jeunes.
C'est vrai, s'étonna intérieurement Stiles. Une attaque de loup-garou au lycée et personne ne finissait en crise d'hystérie. Non, c'était normal et pourquoi pas se faire des vampires demain ? Ok, maintenant, notre pote qui aurait pu mourir va se transformer en loup à chaque pleine lune, très bien, n'oubliez pas de faire vos devoirs ! Personne ne trouvait ça étonnant, fantastique au moins ? Etait-il le seul à s'en rendre compte ? En même temps, c'était pas plus mal. Faire preuve d'autant de pragmatisme les aidait à survivre et à surmonter à peu prêt tout.
-Maintenant, il faut vraiment que tout le monde ait conscience que le secret est notre seul protection. Il y a des gens qui veulent nous tuer. L'alpha de ce soir qui veut agrandir sa meute et revendique ce territoire. Il a déjà transformé deux d'entre vous. Scott avait refusé de faire partie de sa meute ce qui l'a amené à s'attaquer au suivant, expliqua Derek soucieux pour le reste des adolescents et Stiles en particulier qu'il couva un instant du regard ce qui agaça encore plus Scott.
- Il faut rester ensemble le plus possible. Ensemble, on est plus fort, renchérit Stiles sentant que s'était le moment des explications et d'étaler son coup de génie. La meute est faite pour assurer la protection de chacun de ses membres. Même l'alpha a compris que nous en étions une désormais. C'est pour cela qu'il a renoncé ce soir. Il va y réfléchir à deux fois si nous sommes en groupe. Nous sommes une meute.
La déclaration de Stiles avait impressionné son auditoire. Surtout Derek qui prenait de plus en plus conscience des qualités du jeune homme. Cet humain avait percé leur mode de fonctionnement et le mettait en application pour leur permettre à tous de survivre. Ce mec était vraiment un génie. Retournant le plan de l'Alpha contre lui, il était entrain de les réunir et leur faire accepter un fait, ensemble nous somme plus forts. Un vrai chef de meute ! C'était ça son plan en détournant l'attention de l'Alpha, il avait misé sur la loyauté de ses camarades. Il avait parié sa vie sur le fait que lui ne les aurait pas abandonnés et partant de là que tous agiraient de même. Ce n'était pas un surdoué mais un fou furieux de miser sur les valeurs humaines, surtout chez des adolescents.
Comment un naïf tel que lui avait-il fait pour survivre dans ce monde de brutes ?
-Alors, je ne sais pas vous mais pour moi ça va être compliqué d'annoncer à mes parents que je ne rentre pas à la maison, glissa Allison.
-Allison, c'est ce que les jeunes font, à savoir passer du temps à trainer en bande. Donne-moi ton téléphone. Je vais expliquer à tes parents que nous passons le week-end ensemble, claqua Lydia autoritaire.
-Juste pour se resituer dans le contexte, ma famille traque les loup-garou, ce sont des chasseurs, répondit Allison mais son intervention ne sembla faire réagir personne et Lydia tendit la main avec plus d'insistance pour obtenir le téléphone.
Voyant qu'elle ne la ferait pas changer d'avis, Allison tendit son smartphone à sa copine. Si elle réussissait à convaincre son père de la laisser passer la nuit hors de la maison, alors elle la considérerait comme une héroïne. En même temps, la soirée avait été suffisamment riches en surprises en tous genres et elle ne serait pas mécontente de rester ici, avec ses amis, là où elle se sentait à la fois utile et en sécurité.
La sonnerie du téléphone de Derek retentit pendant que Lydia exposait un week-end de révision et de détente au père d'Allison. Elle était drôlement convaincante et douée pour les négociations. Il s'éloigna pour répondre à ce numéro inconnu de son répertoire. Peut-être des nouvelles pour sa sœur ? En tout cas, il l'espérait vivement même s'il doutait que le shérif et son équipe aient pu avoir un débouché si rapide.
-Derek Hale ? interrogea la voix du shérif.
-Oui, monsieur Stilinski. Des nouvelles à propos de …, sa phrase mourut, coupée par la voix stressée du shérif.
-Mais où êtes-vous bon sang ? Et pourquoi le téléphone de Stiles est en messagerie ?
-On traîne avec des amis de Stiles, répondit le brun en fronçant les sourcils en entendant la pointe d'inquiétude dans la voix. Je vais vous le passer.
A pas de loup, il s'approcha en souhaitant pouvoir le prendre dans ses bras. Au lieu de cela, il prit l'adolescent par le col et le tira vers lui en lui signifiant que c'était son père. Stiles réajusta son t-shirt en se saisissant du combiné. Les yeux de Derek se plissèrent étrangement quand l'odeur lui parvint. Stiles le mit mentalement au défi d'oser approcher une flamme de son bien et lui lança un regard de circonstance puis se concentra sur sa conversation en s'éloignant prudemment.
-Ouais, ben avec Scott, commença-t-il. Nan, t'inquiète pas, on est chez Jackson. Voyons papa, pourquoi irait-on saccager le lycée ? Nous sommes des ados, je te rappelle que le vendredi soir, nous préférons nous tenir loin de cet endroit maudit et traîner entre potes, avec aussi Danny et Lydia et Allison. Pourquoi, il s'est passé quelque chose là bas ?demanda-t-il curieux.
-Juste du vandalisme, soupira-t-il soulagé. C'est bien que Scott et toi vous ouvriez à d'autres amis et ne veniez plus traîner sur des scènes de crime.
-Tu as dit que c'était juste du vandalisme, tiqua Stiles et tous les loup-garou présents tendirent l'oreille.
-Passez une bonne soirée et branche ton téléphone ! coupa le shérif en terminant la communication.
Stiles maugréa qu'il n'avait plus de téléphone, que celui-ci pourrissait en piteux état au fond des bois derrière chez eux. Bravo l'écologie. Pourquoi trier les déchets si c'était pour ne pas mettre son téléphone au recyclage. Du grand n'importe quoi Stilinski ! En plus de ça, il voyait déjà la tête de son père quand il avouerait qu'il lui fallait encore un appareil de remplacement. Pire, s'il se voyait contraint de lui avouer comment il l'avait perdu. En parlant de remplacement, son t-shirt était en danger ainsi que le reste des fringues où le psychopathe avait glissé ses mains. A cette évocation, il eut un haut le cœur, suivit d'une sueur froide.
De dos par rapport aux autres, il eut la chance que personne ne voit son expression. Doucement, il franchit l'espace menant au couloir et s'éclipsa.