Ombres et Lumières

"Ce matin, quand j'ai ouvert les yeux. Le monde était différent..."

Chapitre 3 : Nouvelle journée

Après avoir enfilé son nouveau t-shirt, Stiles se pencha sous son bureau et alluma la radio sur la fréquence de la police. Il tenait à savoir ce qui retardait son père. Le meurtre d'une jeune fille avait visiblement attiré toute la police du comté et le shérif ne rentrerait pas avant longtemps. Stiles soupira, il n'aimait pas que son père soit dehors alors qu'un fou furieux lupin errait dans la ville.

Derek, de son côté, souhaitait avoir une discussion sérieuse. Avant d'être interrompu, il était sur le point de lui faire admettre qu'ils formaient un couple crédible. Il avait bien réfléchi et il savait qu'il était intéressé. Et pas seulement depuis cet après-midi. Oh, il pouvait se mentir, dire qu'il avait mieux à faire, que ce n'était qu'une passade, une histoire d'hormones ou un jeu. Mais, il préférait l'assurance de l'honnêteté. Ce sentiment avait été renforcé quand il avait eu peur qu'on lui enlève avant qu'il n'ait pu commencer quelque chose.

Comme si on lui enlevait à nouveau sa famille. Sa meute. Il avait cru pouvoir reconnaitre l'odeur du loup mais sa mémoire olfactive semblait lui faire défaut. S'il la croisait à nouveau ...

Il fut tiré de ses pensées par un Stiles de nouveau agité et marmonnant des paroles inintelligibles pour l'oreille humaine.

Derek avait la chance de posséder une ouïe surnaturelle, ce n'était pas pour autant qu'il comprenait tout ce qui sortait de la bouche de son vis à vis. Il poussa donc un profond soupir et plaça chacune de ses larges mains sur les épaules de l'adolescent pour attirer son attention. Celui-ci le fixa, son débit se fluidifia puis s'arrêta. Un éclair passa dans le regard clair de Stiles. Pinçant ses lèvres et plissant ses yeux dans une caricature de concentration intense, il focalisa son regard dans les yeux du loup. Vaguement interrogatif, celui-ci n'osa parler et haussa les sourcils.

Le regard de Stiles se fit suppliant presque désespéré.

-Quelle est cette nouvelle fantaisie ? soupira Derek un poil épuisé et irrité par l'odeur entêtante de l'autre loup qui flottait près de lui.

-Est-ce que les loups sont télépathes ? Non, bien sûr que non, c'est évident. Scott n'a jamais eu aucun signe et visiblement toi non plus. Ça ne vient pas de moi sinon mon père serait mort d'épuisement à force de m'entendre penser et je saurais ce qu'il me cache dans ses enquêtes. L'alpha peut-être ? Une coïncidence douteuse ? La forme du loup, oui donc on en revient à la condition d'Alpha … les loups de naissance peuvent-ils prendre la forme complète ou il faut absolument être un Alpha. Peut-être une question d'ondes cérébrales ?

Il se projeta en arrière sur son siège et roula vers son ordinateur. Piaffant d'impatience que l'écran s'allume, tapant frénétiquement son mot de passe. Ses doigts volaient sur le clavier en lançant plusieurs recherches en même temps. Diverses fenêtres s'ouvrirent et il fit défiler rapidement les textes et autres graphiques à la recherche de quelque chose de précis. Puis, la frénésie s'arrêta comme elle avait commencé. Derek trouva qu'il était temps pour lui d'intervenir avant que Stiles n'élabore des théories sans queue ni tête et qu'il perde définitivement le fil conducteur.

-Oui, les loups de naissance peuvent prendre totalement la forme de loup, mais avec le temps certains autres aussi. Quand ils se maitrisent mieux. Pour ce qui est de la télépathie, et bien, si c'est juste des émotions, un Alpha peut les transmettre, tout comme un loup puissant ou assez âgé qui se serait entraîné mais ce sont surtout des informations qui sont transmises aux autres loups pour communiquer rapidement comme la posture adoptée par exemple, précisa-t-il, loquace pour une fois.

-Trop génial, s'extasia Stiles. Sauf que je l'ai entendu me parler et ça, c'est pas génial ! Pas génial du tout en fait.

Il y eut comme un blanc dans l'esprit de Derek. S'asseyant sur le rebord du lit, un peu abasourdi, il chercha dans sa mémoire et ne trouva rien pour satisfaire la curiosité de Stiles ou même la sienne. Il revit sa tentative désespérée de communiquer avec lui par la pensée, vraiment, ce gamin pouvait être ridicule parfois. Brillant mais ridicule. Voulait-il l'avoir à ses côtés réellement ? Le pouvait-il surtout ? L'odeur entêtante diffusé par les vêtements souillés commençait à faire monter l'agressivité de son côté lupin. Elle était comme un rappel constant de sa négligence et de son incapacité à avoir pu protéger Stiles cet après-midi. Et, il avait dû faire face à un alpha seul.

Intolérable. Il devrait être plus vigilant, plus fort pour l'avenir. Leur avenir.

-Et tu te transformerais en loup pour que je vois ça, demanda l'adolescent pris d'une crise d'agitation démoniaque.

-Non, claqua Derek. Par contre, tu peux voir ce que tu cuisines avant que ça ne brûle, se reprit-il plus doucement conscient que Stiles n'était pas conscient des émotions qui le torturaient.

Bondissant de manière presque surnaturelle vers les escaliers, Stiles arriva pratiquement entier au bas des marches. Dans un bruit fracassant, il dévala les derniers mètres, ne se cassant rien par miracle et déboula dans la cuisine.

Il souleva le couvercle, touilla vite fait, et cassa les trois œufs sur le dessus. L'odeur semblait exquise.

Arrivant dans son dos d'un pas nonchalant, Derek ne signala sa présence que par un reniflement bruyant pour contrôler l'odeur de la nourriture. Et surtout occuper son centre olfactif par autre chose que ce qu'il tenait à la main et qui menaçait de lui faire perdre tout contrôle de lui-même d'un instant à l'autre, la preuve de sa négligence, la preuve qu'un autre loup s'était frotté à ce qu'il devait protéger.

-Je pense que ton attitude est grossière, même pour un loup-garou, lança Stiles. Renifler comme ça, non mais j'ai jamais empoisonné personne ! Je te signale même que Scott adore rester quand je fais la cuisine. C'est un art vois-tu ? Plus subtile que …

-Sérieusement. Tais-toi ou bien, j'arrache ta tête du reste de ton corps, menaça brutalement Derek.

-Okayyyyy ! Très bien. Tu illustres parfaitement la subtilité que j'évoquais.

-Stiles !

Derek saturait, il devait prendre l'air quelques instants et en profiter pour régler un problème plus qu'urgent à présent. Sinon, il risquait de commettre un acte regrettable. Serrant fortement dans sa main les morceaux de tissu puant, il se glissa dans le jardin sous le regard intrigué de l'artiste.

En se laissant hypnotiser par les flammes, il regarda se consumer ce qui fut un des t-shirts préféré de Stiles jusqu'à ce qu'il ne reste rien que des cendres à disperser. Puis, il porta son attention vers le sous bois. Ce gars arrivait à l'énerver au-delà de l'imaginable. Avec son problème d'incontinence verbale, il finissait toujours par prononcer des mots au moment où il ne fallait pas.

Là, il voulait juste contenir sa colère en sentant une odeur rassurante de cuisine familiale et cet insupportable adolescent avait qualifié son attitude de grossière, lui ôtant tout envie de compliments et surtout menaçant de briser le peu de self contrôle qu'il gardait. Il aurait voulu courir sous forme de loup pour se défouler mais refusait de laisser Stiles sans défense. Il sentait son regard planter entre ses omoplates, pile à l'endroit de son tatouage.

Trop enragé, il ne pouvait pas se retrouver près de lui avant de s'être calmé au préalable.

Depuis la fenêtre de la cuisine, Stiles se demanda si Derek comptait marquer la clôture pour indiquer son territoire. Pisser aux quatre coins du jardin et arracher l'écorce de quelques arbres tellement il lui semblait agité là dehors. Il aurait pu laver ses vêtements, pas besoin de les brûler, sans déconner, son t-shirt préféré ! Bordel !

Il lui jeta un dernier regard haineux avant de mettre le couvert. Qu'avait-il fait pour le mettre dans un tel état de rage aussi rapidement alors qu'il avait juste voulu plaisanter un peu. Il nota quelque part dans son labyrinthe mental que Derek était susceptible. Adieu la discussion sérieuse pour ce soir, il repensa à la tête de l'adjoint de son père quand le corps musclé du brun l'avait enlacé. C'était exactement le genre d'image qu'il voulait éviter de diffuser à un large public.

Combien de temps cela mettrait à arriver aux oreilles de ses amis ? Comment allait-il se sortir de là ?

Derek le laissa manger seul, préférant se perdre dans ses pensées autrement plus terre à terre que les questionnements de Stiles. Comment se rapprocher de lui sans le tuer ? Combien de temps allaient-ils jouer à se tourner autour ?

Peut-être aurait-il tout simplement dû rester près de lui…

Le cerveau de Stiles finissant par faire remonter à la surface son agression, le garçon déglutit plusieurs fois pour essayer de chasser la boule se formant dans sa gorge. Il avait compté sur la présence du grand brun pour ne pas avoir à y penser, ça avait marché jusqu'à ce qu'il sorte pour brûler ses vêtements. Si seulement, il pouvait se purifier aussi facilement. Pour l'heure, tout ce qui le brûlait, c'étaient ses larmes coulants silencieusement sur ses joues pâles avant qu'il ne s'endorme épuisé mentalement.

La nuit effacerait certainement les peurs et les pleurs, chassant ses maux.

Lorsque le Shérif Stilinski rentra chez lui avec un lourd dossier sous le bras, il fut content de constater que son fils adoré dormait profondément. Il n'aurait pas supporté devoir répondre à d'innombrables questions. La moitié du corps d'une jeune fille avait été découvert près de l'hôpital. Les blessures étaient identiques et les prénoms aussi eu premier corps ; il ne pouvait mettre cela sur le compte d'une bête sauvage. Ou alors la coïncidence des prénoms était juste douteuse. Non, il devait orienter son enquête vers un psychopathe. Ou une psychopathe, s'il pouvait relier au moins un des crimes à Kate Argent.

Derek lisait patiemment au pied de l'escalier tel un garde silencieux. Il releva les yeux à l'entrée du Shérif et lui indiqua que Stiles lui avait laissé de quoi manger.

Tous les deux se retrouvèrent face à face dans la cuisine, le rapport du shérif à porter de main. Ce dernier voulait discuter avec Derek des éventuelles motivations de Kate derrière les meurtres.

-Pourquoi découper des femmes en deux ? Et surtout, pourquoi avoir enterrée la première Laura devant ta maison ?

-C'était ma sœur, rappela Derek d'une voix un peu brisée.

-Ta sœur? répéta le Shérif. Elle avait changé de nom ?

-Certainement pas !

-Je suis formel, le corps devant chez toi était celui de Laura Hitchester. Recouvert d'un sang inconnu et non identifiable par endroit. Ce n'était pas ta sœur. Ses parents sont venus identifier le corps.

Le visage de Derek blêmit à cette déclaration. Il s'empara du rapport et tenta de repérer les preuves de ce que le père de Stiles avançait. Mais, alors, où était sa sœur? Elle était revenue ici parce qu'elle avait découvert des preuves sur l'incendie criminel qui avait ravagé leur maison. Depuis, elle n'avait plus donné de nouvelle !

Laura avait disparu et c'était son odeur qu'il avait reconnu sur le corps que Scott et son ami avait à moitié déterré. Il ne l'avait pas vu, juste sentit son sang. Pourquoi avoir recouvert le corps de cette pauvre fille avec le sang de sa sœur ou en tout cas suffisamment pour qu'un loup les confonde à l'odeur ? Quelqu'un qui connaissait les loups ? Mais, cette théorie n'avait aucun sens car il lui aurait suffit de voir le corps pour savoir que ce n'était pas elle et pourquoi récidiver avec une autre fille ?

Laura était son alpha en plus d'être sa sœur et si elle était vivante, il devait la retrouver.

- Je vais lancer une recherche pour retrouver ta sœur au plus vite. Va te reposer Derek, on ne peut rien faire ce soir et par pitié, ne réveille pas Stiles en te couchant, termina-t-il plus bas.

Vu l'air de Derek, le shérif était convaincu que le garçon n'avait même pas vu le corps, il avait donc dû l'identifier à l'odeur du sang ! Mais pourquoi faire une telle chose ! Qui que ce soit, la personne devait détenir Laura. Il en mettrait sa main à couper. Cette histoire se compliquait de plus en plus. Pourquoi Laura n'était pas venue le voir alors qu'il les aidait depuis la mort de leur parent et qu'il possédait tout le dossier d'enquête ? Il observa du coin de l'œil Derek reprendre le contrôle de son corps et admira la maîtrise dont le jeune faisait preuve.

Serrant les poings jusqu'à s'enfoncer les ongles dans ses paumes, Derek reprit suffisamment de contrôle sur lui-même pour hocher la tête et se diriger vers la chambre du fils du Shérif. Celle-ci était vraiment très calme, étonnant vu le propriétaire. Après s'être déshabillé, il repéra la forme allongée sous la couette et hésita à se glisser à ses côtés.

Pour lui, il semblait naturelle de dormir auprès du garçon. D'un autre côté, Stiles pourrait s'en trouver gêné. Il n'avait pas prévu que la soirée se passerait de cette manière, qu'il n'aurait pas le temps de discuter de certaines choses. Devait-il se coucher sur le sol ? Ou retourner au rez-de-chaussée pour s'allonger sur le canapé ?

Ridicule, s'il redescendait le shérif se poserait des questions et il n'allait tout de même pas s'allonger par terre alors qu'il y avait un lit seulement à moitié occupé à moins de 50cm de la carpette.

Il s'imagina la négociation qu'il aurait eu avec Stiles, le résultat aboutissant à lui dans ce lit avec l'adolescent. Il n'avait qu'à sauter cette partie et faire comme si elle avait eu lieu. Le résultat étant lui, dans le même lit que Stiles. Enfin une autre bonne nouvelle.

La première étant que sa sœur était vivante, du moins pouvait-il à nouveau espérer la revoir. Il écouta le silence jusqu'à percevoir clairement le bruit régulier des battements de cœur de Stiles. Tout bêtement heureux, d'avoir quelqu'un contre qui se blottir, le corps du loup se permit une détente refusée depuis la disparition de sa sœur.

Il n'avait pas connu le plaisir de la proximité physique depuis des semaines, et pour un loup qui n'était pas habitué à la solitude, c'était un peu l'enfer. Comment avait-il pu se faire berner aussi facilement ? Pourquoi le sang de Laura était-il sur ce corps ? Il était sûr que la réponse à cette question était la clef de l'énigme.

Derek avait presque envie de secouer le corps chaud de Stiles pour le faire réfléchir sur le sujet. L'adolescent émettrait des théories et il trouverait la solution. Sa main hésita au dessus de l'épaule découverte. Et son esprit perdit un instant toute cohérence.

Doucement, il fit descendre la couette un peu plus bas jusqu'à découvrir le flanc endommagé. Ces traces étaient là par sa faute. Il en aurait hurler à la lune d'avoir laissé cela se passer. Mu par un désir soudain, il effleura du bout des lèvres les longs sillons avant de les lécher doucement. Il les lapa consciencieusement, sa langue glissant sur les entailles les imprégnant de salive. Il inspira longuement l'odeur du garçon, pure et enivrante. Apaisante, rassurante.

Leur salive était réputée pour ses vertus médicinales. Le processus de guérison engagé, il se cala à nouveau contre lui pour finalement frôler le torse délicatement en laissant ses mains errer. Prenant définitivement conscience de ses gestes, pouvant passer pour des attouchements sur mineur inconscient, il se contenta de passer son bras autour du corps endormi pour le suivre au pays des songes.

Le réveil de Stiles se mit à chanter signalant l'heure du levé pour le lycée. Une main émergea pour en finir avec ce bruit infernal. Puis, le corps entier se figea avant de trembler de nervosité. L'adolescent était gêné par un problème d'érection matinal et il ne souhaitait pas que l'autre occupant du lit s'en aperçoive.

Etait-il obligé de dormir contre lui dans son lit et à moitié nu surtout ? Espèce de démon surnaturel !

Ce dernier n'était pas réapparu la veille, il avait préféré brûler son bien avant d'attendre qu'il se couche pour rentrer, certainement par peur d'affronteur sa fureur, préféra se dire l'adolescent, laissant volontairement de côté le reste de la soirée.

Pour lui, le loup avait un caractère changeant et excessif. Aussi préférait-il ne pas voir « sa » réaction face à « cette » réaction purement mécanique, rien à voir avec le magnifique spécimen coucher à ses côtés.

Il tenta de se tourner pour se lever discrètement, sauf que la discrétion ne faisait pas partie de ses compétences. Il était level -20 en discrétion et +40 en maladresse et certainement +60 en malchance car Derek releva sa cuisse pile au moment du mouvement. Son membre gonflé lui envoya une secousse d'énergie qui lui traversa le corps, malgré le tissu de son caleçon pur coton. Paniqué, il se déroba en reculant si vivement qu'il faillit tomber du lit.

Derek le retint de justesse et le tira à nouveau contre lui.

Gêné, l'adolescent demanda à s'éloigner malgré tout, préférant mourir de honte loin du corps musclé qui l'inspirait comme une lycéenne en manque. Ses hormones adolescentes étaient une plaie !

-Tu sais, c'est plutôt valorisant pour mon égo. Ma seule présence te fait réagir vigoureusement, je suis plus qu'honoré, déclara sincèrement Derek pour couper court aux protestations, trop heureux de faire à nouveau face à un Stiles paraissant normal.

La mâchoire décrochée, le plus jeune eut le souffle coupé par cette révélation inattendue et pour le moins surprenante de la part du brun. Il s'était plutôt attendu à un grognement, une décapitation ou une moquerie quelconque. Quoi qu'il penchait plus pour la décapitation à coup de crocs. Aussi, cessa-t-il ses mouvements désordonnés et se laissa-t-il aller dans les bras du loup pour un instant de réconfort, un instant hors du temps. Hors de toutes réalités plausibles, pensa Stiles.

Maintenant, Derek faisait un pas vers lui, après l'avoir ignoré quelques heures plutôt. Trop peu de stabilité désorientait Stiles dans ses choix pour paraître le plus normal possible. Cette proximité lui rappela qu'il devait lui dire quelque chose d'important concernant ce genre de comportement. Le genre impliquant une proximité physique sous-entendant une relation qu'il n'avait de tout évidence pas, sinon il le saurait. Enfin, il croyait.

La porte s'ouvrit assez brutalement, laissant apparaître son père un peu agacé qui semblait les appelés depuis un moment déjà.

-Les garçons ! cria à nouveau le père de Stiles sur le pas de la porte en faisant sursauter son fils. C'est l'heure de se lever maintenant !

-Mais, on n'avait pas parlé de respect de l'intimité papa ? commença à brailler Stiles en enjambant le corps de Derek et en se prenant les pieds dans sa couette. Là, c'est mon espace, continua-t-il en désignant la pièce comme si de rien était. Et toi, tu … tu … tu … , enfin j'aurais pu être occupé et avec Derek en plus, termina-t-il en mettant les mains sur ses hanches oubliant sa formidable érection.

-Occupé avec Derek dans ta chambre ? demanda son père narquois.

Piquant un fard monstrueux sous le sous-entendu, Stiles commença à bafouiller devant le regard circonspect de son père. Avant de se ressaisir et de déclarer fièrement :Parfaitement ! Après tout, c'était dans la logique des choses concernant deux jeunes gens normalement constitués dans un lit. A vrai dire, il avait déjà dormi avec Scott et ce genre d'idées ne lui était jamais venu. Derek Hale était démoniaque et lui faisait dire n'importe quoi. Comme de bien entendu, il continua sur sa lancé.

-Nous sommes un binôme maintenant et il faudra bien s'y faire, appuya-t-il.

En ayant assez entendu, Derek se leva souplement du lit, bâillonna l'adolescent d'une main et plaqua son corps contre le sien de la manière la plus naturelle du monde. Un peu comme s'ils étaient nés pour se tenir ainsi. Il sourit au shérif et s'empressa de rectifier Stiles.

-Un couple, insista-t-il. Nous arrivons, termina-t-il en refermant la porte du pied sur le visage moqueur du shérif.

C'était si compliqué de dire le mot couple ? Stiles sentit dans son dos nu, le torse brûlant et tout aussi nu du loup. Il y eut à nouveau comme une décharge entre eux et il se rendit compte qu'il prenait sincèrement du plaisir à ce contact oubliant les résolutions qu'il voulait édicter à Derek pour se protéger de lui et des sentiments qu'il risquait de lui inspirer en se comportant réellement comme son petit ami.

Derek le retourna pour lui faire face et il regretta de ne plus se tenir entre ses bras. Seulement, le regard incandescent de son vis à vis lui fit tout autant d'effet. Touché – coulé Stiles ! Il fallait qu'il dissipe cette tension entre eux avant qu'un acte irrévocable ne soit commis.

-Désolé mais j'ai le droit de défendre mes prérogatives sur ma vie et mon territoire face à mon père. Je dois m'opposer à ses intrusions, c'est la période d'opposition pour prendre ma place d'homme au sein de la société. Je dois lui signaler que son attitude me déçoit mais c'est le triste destin du père que d'accepter d'être un objet de déception pour son fils s'il ne veut pas prendre le risque qu'un sentiment d'admiration ne me conduise à une frustration destructrice. Décevoir, c'est finalement me donner une chance supplémentaire de m'affirmer et de réussir, récita Stiles avec emphase en gesticulant à travers l'espace entre le loup et la porte.

-Je suis juste derrière la porte et je t'entends Stiles ! Dépêche-toi de descendre prendre ton petit-déjeuner. Tu t'opposeras une autre fois et surtout, tu t'abstiendras de tomber dans une quelconque frustration destructrice avant d'avoir eu ton diplôme ! Tu déposeras ton "binôme" au poste en allant au lycée. Je l'attendrai là bas et ne sois pas en retard pour les cours, conclut-il en ayant pris soin d'être sarcastique en prononçant le mot binôme.

-C'est malsain et sournois d'attendre derrière la porte, répliqua son fils. Je suis déçu !

Derek avait un petit sourire en coin accroché au visage en s'habillant. Stiles était juste à croquer dans tous les sens du terme, agaçant certes mais tellement attendrissant dans sa vie familiale. Ça lui rappelait la vie en groupe, en famille et il aimait ça. Cela renforçait son envie de Stiles. Il s'imaginait le coincer contre le mur et l'embrasser. En fait, il voulait le remercier et l'embrasser semblait tout indiquer pour ce faire.

Avant qu'il n'ait pu s'approcher, Stiles avait filé hors de la chambre, trop conscient d'être devenu une proie dans le regard brillant de l'autre. Derek descendit à sa suite et le retrouva s'agitant dans la cuisine. Servant un dernier café à son père, sortant un bol qu'il remplit de lait froid et pestant sur l'ouverture soit disant facile du chocolat en poudre. Le loup lui ôta gentiment la boite des mains et la lui rendit ouverte avec un sourire en prime.

Derek souriant était encore plus sexy, pensa Stiles en se saisissant de la boite. Son cœur faillit rater un battement quand il se pencha sur lui pour saisir une tartine sur la table. Déglutissant avec peine, il jeta un regard à son père qui ne perdait pas une miette du spectacle.

-Ne sois pas si gêné par ma présence, j'ai déjà été en couple, je sais ce que c'est, lui répondit son père interprétant mal son malaise en interceptant son regard.

-Ouais bah, j'ai jamais entendu parlé de parent aussi détendu par ce genre de situation et je trouve cela un peu déstabilisant, pardon.

-Plains toi d'avoir un père tolérant et compréhensif ! soupira son père avant de demander, tu préfèrerais que j'adopte une autre attitude peut-être ? Que je le menotte dans la cave ou que je le mette en garde à vue parce qu'il sort avec mon fils mineur. Tu sais que je le pourrais, n'est-ce pas ?

-Si on me demande mon avis, j'aime autant une ambiance détendue. Pouvoir prendre mon petit déjeuner tranquillement près de toi me convient tout à fait, intervint Derek sous le regard médusé de Stiles qui se leva pour protester vivement.

Derek en profita pour le tirer sur ses genoux un bras s'enroulant autour de sa taille. Il commença à caresser doucement le ventre musclé et plat d'une manière tellement naturelle que cette position semblait habituelle d'un point de vue extérieur. Sa bouche frôla l'oreille de Stiles quand il se pencha pour attraper le bol de lait, il en profita pour lui murmurer.

-Rappelle toi que nous sommes un couple, Stiles.

Il voulut lui répliquer : « T'as fumé ou quoi ? » mais il s'abstint. Il ne tenait pas non plus à ce que son père menotte Derek dans la cave ou pire le traine au poste. Comme par magie, il se laissa faire, s'installant plus confortablement sur le loup et partagea son bol avec lui. A peine étonné que celui-ci boive également son lait froid. En plus, ce n'était pas désagréable comme position. Il n'avait plus pris de repas sur les genoux de quelqu'un depuis son enfance. C'était une sensation réconfortante. Le cerveau de Stiles ne s'arrêta pas à ce simple constat et il commença à bouillonner.

Stiles savait qu'il ne pouvait pas laisser Derek diriger son petit jeu sans répliquer. Quoique l'idée qui germait dans son esprit pouvait être à double tranchant, elle n'en avait pas moins le mérite d'être une douce vengeance si elle fonctionnait. Encore indécis, il chercha ce qu'il pourrait faire d'autre quand les agaçant doigts appuyèrent plus franchement leurs caresses.

Il passa donc à l'action se tortillant légèrement sous prétexte de mieux se caler. Imperceptiblement, la réaction de Derek ne se fit pas attendre. Ses doigts se figèrent et sa respiration marqua un à-coup. L'adolescent recommença son manège jusqu'à entendre un petit gémissement.

-Tu disais ?demanda-t-il sarcastiquement en se tournant avec le sourire innocent d'un ange.

-Rien, marmonna difficilement Derek.

-Ah, j'avais cru pourtant, répliqua Stiles en s'appuyant à un endroit précis de l'anatomie de Derek.

Anatomie qui semblait pleine de vitalité. Et toc, si tu me cherches, tu me trouves, pensa-t-il en se levant pour aller laver son bol. Je sais comment fonctionne le corps masculin ! Tel est pris qui croyait prendre…Il voulut lui lancer un regard victorieux mais son copain avait les yeux obstinément baissés sur le journal du jour.

Son père lui n'avait rien manqué du spectacle et repensait nostalgique à sa femme. Les premiers flirts, ces instants où on se cherche sans point de repère, on se tient par la main, se câline et on est heureux. Ça avait été sa partie préférée de l'adolescence. Trop heureux que son fils connaisse une histoire comme la sienne. En espérant qu'elle ne finisse pas pareil. Il secoua la tête pour chasser l'image de sa femme décédée et rappela à son fils qu'il ne devrait pas traîner en route pour être à l'heure.

Soucieux d'éviter une discussion glissante et potentiellement dangereuse, Stiles fila dans sa chambre pour s'habiller correctement et oublier son acte si audacieux. Ayant même du mal à croire qu'il avait réussi à exciter Derek Hale. Peut-être devrait-il sauter par la fenêtre ? Ou s'enterrer dans le fond de son placard en espérant qu'il oublie ce qui c'était passé ?

Pendant qu'il cherchait une solution pour détourner l'attention de cet incident, il tomba sur un devoir d'économie oublié et se mit à l'écrire à toute vitesse. Il savait qu'il avait encore un peu de temps, au pire, il le finirait à un interclasse ou en cours de biologie. Après tout, il n'avait cours d'économie qu'à 16 heures.

Dans la cuisine, la tension de Derek était retombée avec le départ précipité du provocateur. Il se laissa absorber totalement par la lecture du journal en grignotant la montagne de tartines que Stiles lui avait préparé. Il y avait là de quoi nourrir une meute. Il savait qu'il devait parler à l'adolescent de sa conversation de la veille avec le Shérif. Il avait hâte de savoir ce que Stiles allait en tirer comme conclusion.

Derek attendit que le shérif soit parti pour faire part au petit génie des informations qu'il avait eu la veille. Il était monté le rejoindre sitôt le son du moteur de la voiture de police évanouit au coin de la rue.

Comme d'habitude, il s'agita en réfléchissant, cherchant une veste puis son téléphone pour pianoter dessus, avant de se rappeler qu'il l'avait perdu la veille lors de son escapade dans les bois. Son assurance ne couvrait hélas pas les attaques de loup-garou, il se serait souvenu d'une clause pareille. Il fallait absolument faire revoir sa police d'assurance. Le téléphone, son t-shirt préféré, une chemise, les joies d'une rencontre surnaturelle !

Enfin, l'addition aurait pu être plus lourde. Son intégrité physique aurait bien pu trépasser également, le sang …des corps découpés, l'alpha. Puis, il marmonna une idée plus distinctement que les autres. Une idée qu'il répéta plus posément, la tournant, retournant avant d'en être convaincu. Il posa comme un artiste ayant une idée de génie avant de se lancer dans sa déclaration.

-Le sang de ta sœur sert à attirer l'alpha. D'une manière ou d'une autre, il est attiré par son odeur et il est trompé par le prénom, vu que les deux victimes portent celui de ta sœur, à moins que ce ne soit une bête coïncidence à ce niveau. Qui veut faire sortir le loup du bois ? Après tout, ce loup est sur les terres de ta famille, ta sœur pourrait essayer de le piéger ? Seulement, elle est revenue parce qu'elle a trouvé des preuves sur l'incendie, pas pour défendre un territoire qui n'était plus le sien. En plus, ce serait une tactique vraiment naze … personnellement, je lui aurais conseillé de …, continua Stiles sur sa lancée.

-Les chasseurs pourraient vouloir tuer l'alpha, le coupa Derek.

-Oui, mais ils devraient détenir ta sœur pour cela. Comment l'aurait-il capturée ? Et pourquoi ? Pourquoi ne pas la tuer et tuer l'autre Alpha après ?

Tout cela ne les aidait pas tellement plus.

Stiles débarqua en catastrophe au lycée et il franchit la porte de la salle de classe juste avant que le professeur de chimie ne la referme. Sous le regard torve de monsieur Harris, il se glissa à côté de Scott qui lui demanda ce qu'il avait foutu pour être en retard justement le jour où ils commençaient par le cours de chimie.

-Rapport au fait que Hale vit chez moi et que j'ai dû le déposer au bureau de mon père. Il semblerait que Laura, sa sœur ne soit pas morte et il va aider mon père dans les avis de recherches. On pense que quelqu'un la retient car c'est son sang qui s'est retrouvé sur les cadavres découpés, chuchota Stiles plus ou moins discrètement.

-Mais pourquoi ? ça n'a aucun sens, répliqua Scott un peu trop vivement.

-McCall et Stilinski ! cracha le prof. La prochaine interruption, c'est la retenue !

Les deux adolescents ouvrirent leurs livres en baissant la tête pour se faire oublier. Ce gars les avait dans le nez et ce n'était pas le moment de se faire coller. Ils durent attendre l'interclasse pour finir la conversation. Occultant volontairement le lien entre son père et Derek, Stiles expliqua alors à son ami sa théorie : quelqu'un cherchait à coincer l'alpha en essayant de l'attirer avec l'odeur du sang d'alpha de Laura Hale.

Evidemment, les soupçons se portaient sur les Argent, car il fallait être sacrément cinglé pour monter ce genre de plan. A son grand bonheur, Scott ne posa pas de question quand au fait, que Derek et son père se soient parlés et que le shérif ne le considère plus comme le suspect principal de l'affaire. C'était bien aussi d'avoir un ami qui ne faisait pas de lien facilement entre deux événements. Pour une fois, il ne s'en plaindrait pas.

A l'heure du déjeuner, Allison s'indigna quand son petit copain lui résuma la situation mais admit que sa tante pourrait tout à fait mettre ce genre d'idée en pratique. Elle avait commencé à avoir un aperçu de sa façon de pensée et c'était bizarrement effrayant. Par contre, elle était sûre que son père s'accrochait à sa ligne de conduite : on traque uniquement les loups-garous ayant tué. Il ne se servirait jamais de Laura ou d'humaines innocentes pour attirer l'Alpha. C'était contre ses principes. Son père était un homme d'honneur.

Empressé, Stiles voulait monter un plan pour surveiller Kate, la tante d'Allison. Cette dernière assurait qu'il lui serait facile de se rapprocher d'elle pour en apprendre plus. Or, leur ami commun était contre la mettre potentiellement en danger. Agacée, elle rappela que sa tante ne la blesserait pas ce qui ne convainquit absolument pas Scott. Quand on avait affaire à des fous, on était sûr de rien.

Ils se dirigèrent vers la cantine pour continuer à discuter plus tranquillement, ailleurs que dans les couloirs pleins de leurs condisciples les bousculant régulièrement. Quand une voix interpella Stiles à travers la foule. Voix dont Stiles aurait voulu ignorer le propriétaire et fuir la conversation où du moins, l'éviter devant ses amis.

-Eh ! Stiles ! l'interpella Danny. Désolé d'avoir vendu la mèche à ton père pour toi et ton copain. J'espère que ça vous a pas causé trop d'ennui.

-T'inquiète, c'est bon mais évite de l'ébruiter, répliqua Stiles en le tirant par la manche en s'éloignant des oreilles indiscrètes de ses amis.

-Pas de souci, je comprends que tu ne sois pas encore à l'aise. Si tu as besoin, je suis là, lui assura le gardien de l'équipe en passant un bras autour de ses épaules. Au fait, on peut se rejoindre sur le parking ce soir pour que ton copain récupère sa voiture. Jackson a accepté de m'attendre, comme on doit sortir après. Enfin comme ça, ça sera fait.

Danny était un gentil garçon mais Stiles était vraiment gêné par sa proximité physique. La veille, il avait subi une « légère » agression et il ne souhaitait pas avoir de contact pour le moment avec qui que ce soit. Sûrement un effet post traumatique sans importance, tenta-t-il de se rassurer. A part Derek avec lequel il n'avait eu aucun problème ce matin, l'interpella son cerveau. Il pinça ses lèvres et se dégagea dans un sourire pour ne pas froisser le gardien de l'équipe. Dans son mouvement, il se cogna dans Jackson qui était arrivé derrière eux. Stiles leva les yeux au ciel avant de s'excuser maladroitement.

Dieu était contre lui, ce n'était pas possible autrement !

-Bon ce soir, à 19h sur le parking, insista le co-capitaine de crosse. Après, j'ai une soirée avec Lydia et si elle patiente trop longtemps dans la voiture, elle devient folle, ajouta-t-il conspirateur en baissant la voix pour ne pas que sa copine l'entende.

-Ok, on y sera, assura Stiles pressé de quitter cette discussion avant que ses amis ne se posent des questions.

Il n'avait absolument aucune envie de parler de la miraculeuse intervention de Danny et des suites que Derek y donnait. Son propre père marchait dans toute cette comédie et lui comptait bien se protéger au maximum. Il ne voulait pas se prendre au jeu et tomber de haut.

Déjà, le dérapage de ce matin était à bannir. Donc, moins il y a de personne au courant et mieux il s'en sortirait. Malheureusement, Jackson ne l'avait pas laissé s'éclipser et l'avait entraîné avec Danny et Lydia à la cantine en continuant de l'inclure dans la conversation.

De tout évidence, il ne s'était pas pris d'une soudaine affection pour Stiles, mais il faisait des efforts pour Danny. Il s'était comporté récemment comme un connard avec son meilleur ami et il se faisait pardonner en s'intéressant un minimum aux fréquentations de son pote. Bon Stilinski était le moins pire selon lui, il admirait sa répartie. Et puis, il était certainement au courant de ce qui se passait avec son grand copain Scott, pensa-t-il avec un petit sourire. C'est donc sans trop se forcer qu'il essayait de faire ami-ami. Surtout que Stiles avait un avis sur tous les sujets et ne manquait pas de conversation.

Stiles lança un regard désespéré à son meilleur ami pour qu'il lui vienne en aide. Manque de chance, ce dernier avait sauté sur l'occasion pour passer un moment en tête à tête avec sa copine. Bravo l'amitié ! Un battement de cil et hop, on passe à la trappe malgré tout ce qu'on fait pour sauver ses fesses poilues de jeune loup !

-Au fait, vous avez fini le devoir de biologie, demanda Jackson en croquant dans sa pomme à la fin du repas.

Stiles recracha le contenu de sa bouche dans son assiette et manqua de s'étouffer. Danny et lui se regardèrent avant de détourner la tête au souvenir de la soirée, celle-là même qui avait déclenché un cataclysme dans la vie presque paisible du jeune Stilinski. Danny était toujours mortifié à l'idée d'avoir flashé et tenté de draguer le mec d'un copain de classe. Stiles toussa et glissa légèrement sous la table, ses genoux cognèrent ceux de son vis à vis.

-Un problème ? Tu me fais du pied maintenant ? demanda Lydia semblant enfin s'apercevoir de sa présence vu qu'elle s'était appliquée à ne pas le voir depuis le début du repas.

-Du genou pour être exact, répliqua Stiles gêné en se redressant.

Il préférait encore qu'elle l'ignore. Stiles balança tout ce qu'il savait sur le sujet du devoir de biologie, ce qui sembla impressionner toutes les personnes autour de lui. Briller devant Jackson n'était pas difficile selon lui mais il intercepta une lueur d'intérêt dans les yeux de Lydia. Une lueur qu'il cherchait toujours à susciter, et qui disparut bien vite derrière son masque de bimbo. Pourquoi Lydia s'obstinait-elle à cacher son intelligence ?

Et Danny, il préférait ne pas le regarder du tout.

-Bon et bien à plus, conclut Stiles en se levant voyant enfin une chance de se délivrer de cet étrange déjeuner.

Depuis hier, sa vie avait pris un tournant effrayant et là, il ne parlait de menace sur son intégrité physique par un quelconque loup-garou. Pire, Jackson essayait de faire ami-ami avec lui ce qui était pour le moins étrange si ce n'était carrément surréaliste. Encore la faute de ce trop gentil garçon qu'était Danny.

Mais putain, qu'est ce qu'il lui avait fait dans une autre vie pour qu'il lui pourrisse la sienne de manière aussi sournoise et perfide. En quittant la cantine, il balaya une dernière fois la salle du regard à la recherche de Scott pour justement voir Danny lui faire un petit signe et un clin d'œil complice.

Stiles se prit les pieds dans les lanières de son propre sac et s'écroula par terre d'une manière tout à fait inélégante. Par effet miroir, l'incident de ce matin lui revint en mémoire et il finit par se faire mentalement attaquer par l'image de Derek nu. Il maudit Danny dans un premier temps avant de se rendre à l'évidence, il ne l'avait pas attendu pour que Derek lui fasse de l'effet.

C'était bien lui et son attitude qui avaient encouragé Derek dans cet espèce de petit « jeu » qui avait maintenant des retombés pas si innocentes. Ce matin encore, quelle poisse ! Ce qui dominait c'était l'incertitude et il détestait ça. Au final, il voulait que rien ne change pour ne pas être blessé. Un pas en avant, trois en arrière.

-Tu t'es fais mal ? demanda Danny en se baissant à sa hauteur suivi de Jackson.

-Non, je ne crois pas ?

-Alors pourquoi tu restes à embrasser le sol ? interrogea Jackson avec un air d'incompréhension total.

Exaspéré par son manque de réactivité, il lui prit le bras et le remit sur pied, préférant ne pas savoir. Parfois, ce gars lui semblait vraiment hors de ce monde.

Pour sûr, s'il avait su la journée de la veille concernant son camarade et ses interrogations présentes, il l'aurait vraiment pris pour un dingue. L'attaque du loup-garou Alpha cinglé était passé aux oubliettes dans les méandres du cerveau stilinskiesque ! Tout ce qui restait, c'était Derek et ses plans machiavéliques pour draguer le pauvre ado qu'il était. Qu'est ce que Derek pouvait lui trouver ? Draguer ou plutôt jouer sur ses hormones pour s'amuser ?

Une réponse et il saurait à quoi s'en tenir. Mais, avait-il le cran de la poser ? Supporterait-il la réponse ?

Jackson passa plusieurs fois sa main devant les yeux de Stiles pour attirer son attention avant de carrément le tirer vers leur prochaine salle de cours en soupirant exagérément.

-Je ne suis pas sa mère McCall ! grinça-t-il en collant Stiles sur le siège d'à côté. Tu devrais prendre plus soin de ton ami.

Scott allait répliquer quand il aperçut Danny levant les yeux en l'air devant la « scène » de son copain. Vraiment, c'était l'hôpital qui se moquait de la charité. Il glissa un désolé avant d'aller prendre place derrière eux. Stiles, en voulant un peu à Scott de l'avoir abandonné ce midi, n'éclaira pas sa lanterne sur l'étrange comportement du co-capitaine.

Scott laissa tomber rapidement mais il s'inquiétait des récentes amitiés de son meilleur ami. Pas qu'il soit jaloux, enfin si quand même mais il préférait se dire que tout ceci était bizarre. Jackson n'avait pas de vrais amis à part Danny et le fait qu'il se rapproche de Stiles, semblait sonner faux. Bon Danny, admettons qu'il se prenne d'affection mais de là à ce que Jackson y adhère … il avait un plan derrière tout cela.

Et puis, il y avait cette odeur bizarre sur Stiles depuis ce matin. Il n'arrivait pas à la saisir.

Stiles sortit son devoir d'économie et recommença à plancher dessus en faisant mine de prendre des notes alors que son prof de biologie débitait le cours d'une voix morne et monotone. Il captait des mots de ci de là, il était presque sûr que son devoir serait parfait et qu'il n'aurait rien raté du cours.

Quoi que à bien y réfléchir, il devait parler à Allison de sa tante. Il coula un regard vers Scott, celui-ci dormait à moitié la tête soutenue par sa main à quelques centimètres de son livre. Vraiment, son pote devrait penser à dormir la nuit au lieu de faire n'importe quoi. Ce qui le ramena vers l'Alpha et sa confrontation de la veille.

Il se concentra sur Scott en essayant de lui envoyer une pensée ou de capter une des siennes. Aucun résultat, son ami n'avait même pas tressailli. Décevant. Comment ce cauchemar sur patte avait-il pu lui parler dans sa tête ? Sérieusement, s'il entendait des voix de psychopathe maintenant, c'était pire que tout !

-Monsieur Stilinski, quelle solution proposez-vous à un phimosis ? demanda son professeur maintenant debout au tableau devant un schéma.

Stiles mit quelques secondes pour se resituer et fixer ce que pointait l'index professoral.

-La circoncision ? proposa-t-il.

Puis sous le regard satisfait de son interlocuteur, il replongea dans son devoir d'économie.

Qu'en avez-vous pensé ?

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