
Jus drein...
Au campement d'Emerson
Le jour commençait à tomber sur leur campement. Seuls quelques rayons de soleil transparaissait par l’épais feuillage de arbres. Clarke leva la tête en direction du ciel. La nature était belle. Et si silencieuse. Trop silencieuse...
Non, elle ne pleurerait pas. Elle se montrerait forte.
Combien de temps était passé depuis l’explosion qui lui avait déchiré le cœur ? Une heure ? Deux heures ? Elle avait perdu le compte. Ça n’avait plus vraiment grande importance…
Elle tenait sa tête entre ses mains, enfermée dans sa bulle, quant à Murphy, elle ne l’avait pas revu depuis l’explosion. Emerson l’avait pris à part et s’était absenté avec lui.
Elle repensa encore à ce moment et à son plan. Comment avait-elle pû être aussi naïve ? Lexa avait cru en elle ? Tu parles d’un instinct ! A cause d’elle, elle était sûrement morte, gisant dieu ne sait où dans la forêt. Et cette vieille avec ses prédictions aussi ! Elle n’aurait jamais dû venir ici… pourquoi avait-elle voulu apporter un peu de piment dans sa vie ! Elle aurait dû rester à Los Angeles avec son quotidien si bien établi. Et au moins, là-bas, elle sauvait des gens et ne risquait pas de mettre en danger les personnes qu’elle aim-
« Ça réfléchit, ça réfléchit ! Fait attention Clarke, ton cerveau fume »
Elle ne daignait même plus le regarder. C’était trop pour elle. Elle essayait de s’imaginer 36000 façons pour se débarrasser de lui, mais toute paraissait trop douces, et de toute façon irréalisable attachée comme elle l’était. Et ça ne lui enlèverait pas le poignard qu’elle ressentait dans son cœur.
« Allez, aligne-le avec les autres » ordonna Emerson à Rick
Clarke regarda d’un coin de l’oeil l’homme s’exécuter et elle failli vomir. Murphy était littéralement en sang et le côté gauche de son visage avait doublé de volume. Emerson s’était défoulé sur lui d’une manière ignoble. Elle ne comprenait pas qu’un tel homme puisse exister et respirer en toute impunité quand des gens innocents mourraient.
Puis elle pensa aux gens venant pour se faire soigner par leur association. Elle espérait sans trop de convictions qu’ils n’avaient pas trop pâti à cause de toute cette histoire qu’elle avait causé. Elle pensa à Wells aussi. A Monty et Harper restés sur la base. Elle espérait qu’ils étaient vraiment en sécurité et pouvaient continuer à aider les plus souffrants. Mais elle ne se voilait pas trop la face. En ce moment même, elle n’avait plus trop d’espoir en rien.
« Chef ! »
Un de des gars déboula en courant dans le camp pour murmurer quelques mots à l’oreille d’Emerson.
« Et bien en voilà une excellente nouvelle! »
Emerson se retourna vers les deux otages
« Mon camarade vient de me dire que vos petits copains sauvageons ont eut le droit à un beau barbecue géant. Quoi que vous ayez pû organiser avec eux, c’est terminé. Le reste s’est carapaté loin d’ici, loin de vos tronches de malheur. En même temps, ça peut se comprendre... »
Ne voyant aucune réaction de la part de ses prisonniers, il se retourna vers un de ses hommes.
« Prends le premier tour de garde. Les autres, préparez à manger. On mange bien et on décolle à l’aube demain matin.
- Tu crois vraiment que tu va t’en sortir comme ça ?»
Emerson fronça ses sourcils et se retourna en direction de la blonde.
« Je ne crois pas, c’est écrit comme ça. Penses tu que c’est ma première mission ? Que je suis un bleu ? »
Puis il lui adressa un sourire avant de prendre un air menaçant.
« Tu penses être en position de force parce que ma mission est de te ramener vivante ? Tu penses pouvoir tout révéler à tes petits copains et aux soldats de l’ONU de mes deux dès qu’on franchira le portail du camp ? A ta guise ! Mais saches qu’un de mes hommes restera avec Murphy et Atom dans la forêt. Un coup de fil de ma part et BOOM ! Ils viendront servir de fertilisant aux plantes. Tu ne voudrais pas faire ça à se pauvre Murphy qui se morfond pour sa sœur ? Et à ce grand Musclor qui te sert de Sherpa des forêts ? »
Clarke les regarda tour à tour en se mordant les lèvres.
« En revanche, si tu te tiens sage, je te promets que tu prolongera leur espérance de vie »
« C’est ça, de quelques heures seulement » pensa-t-elle dans son for intérieur.
« Bien. Puisque tu n’as plus rien à redire, je propose qu’on se prépare. Allez, Allez ! »
Clarke soupira. Elle eut honte, honte de la manière dont elle se comportait. D’habitude, elle ne lâchait jamais rien. Quand elle avait bossée sur la cas d’un jeune enfant souffrant d’une maladie congénitale nécessitant une greffe, elle avait lutté, s’était arrachée pour trouver un donneur compatible. Pareil pour ses études, combien de fois avait-elle pensée à abandonner sa première année de médecine ? Elle avait redoublé d’efforts, passée ses journée à plancher et abandonnée les soirées. Ou quand Raven avait été une victime parmi tant d’autres de propos homophobes de la part d’étudiants quand elle s’était montrée avec sa petite amie ? Avec Octavia, elles avaient crées un groupe de parole de soutien à la communauté LGBTQ dans leur université et organisées des conférences pour ouvrir les consciences des gens sur le respect de l’autre.
Une seule fois elle avait lâché prise et risquée de tout perdre. Lors du décès de son père, elle avait sombré. Comme aujourd’hui. Sauf qu’après coup, elle s’était interdite de retomber dans cette spirale infernale qu’elle avait connue. Aujourd’hui, il était hors de question qu’elle ait des remords. Il fallait agir.
Elle regarda ses mains. Elle pensa à se déboîter les pouces pour se libérer de ses entraves mais après une première tentative, elle renonça à l’idée. Ses liens en plastiques étaient bien trop serrés et lui irritaient la peau dès qu’elle faisait un petit mouvement.
Elle leva la tête et regarda autour d’elle. Emerson s’était éloigné avec quelques hommes dans une tente pour donner ses derniers ordres et préparer l’itinéraire de route avant de lever le camp. Il ne restait qu’un seul garde assigné à leur surveillance. Aucune arme à proximité. Il lui faudrait une diversion.
Elle croisa le regard de Murphy, puis d’Atom. Elle les dévisagea et leur montra ses mains. Ils semblèrent avoir compris.
Murphy patienta quelques instants et commença à s’affaisser sur le côté en mimant le martyr. Le garde le regarda et lui asséna de se redresser une première fois, puis une deuxième fois. Il s’approcha ensuite de lui pour le secouer.
« Tu entends ce que je te dis !? »
Murphy ne donna aucune réponse, semblant perdre connaissance.
« Il est en train de tourner de l’oeil avec ce que l’autre bouffon lui a fait subir ! » lui asséna Atom.
« Toi, la ferme ! Au pire, c’est pas une grosse perte, ça fera un traînard en moins » dit-il en lui envoyant de la terre dessus avec ses bottes.
« Ah ouais, tu penses que ton patron serait content qu’il meurt ? »
Clarke vit le garde tergiverser. Il devait se demander s’il devait aller déranger Emerson ou essayer de s’occuper du cas lui même. Après une courte réflexion, le garde se pencha sur Murphy à moitié inconscient, sorti une bouteille d’eau et commença à s’occuper de lui.
« C’est bien parce que le patron veux s’occuper de toi personnellement » grommela le garde entre ses dents.
Il détourna son regard de Clarke et d’Atom qui fit à la blonde un signe de victoire avec ses doigts.
« Ok parfait. »
C’était le moment. Elle avait quelques instants devant elle sans que le garde ne la surveille. Elle n’avait le droit qu’à un essai. C’était l‘occasion de voir si ses longues séances de visionnages random sur youtube porterait ses fruits.
Elle commença à se tortiller.
Elle se souvenait avoir visionné la vidéo d’une petite fille expliquant comment s’échapper de ses liens en un rien de temps. Après avoir de nouveau vérifié que le garde était distrait, elle s’empressa de refaire les gestes qu’elle n’avait jamais encore mis en pratique.
Discrètement, elle dénoua ses lacets et passa difficilement un des liens de chaque chaussures à travers le petit jour des attaches en plastique.
« Allez Clarke, dépêche toi » se motiva-t-elle, la sueur au front.
Elle attrapa les lacets avec ses dents et noua ensuite plusieurs nœuds entre ces deux lacets.
Le garde ne s’était toujours pas retournée vers elle. Parfait. Maintenant, ça passait ou ça cassait.
Elle retint sa respiration comme pour espérer qu’elle ferait moins de bruit et se dépêcha de faire un mouvement de balancier d’avant en arrière avec ses jambes. Avec la friction, les liens se rompirent très rapidement. Si elle n’était pas dans cette situation, elle s’extasierait, mais il fallait agir vite.
Elle attrapa un bout de bois ; qu’elle espérait solide ; avant de se lever un peu étourdie, puis courir en direction du garde se retournant sur elle, perturbé par le semblant de vacarme qu’il entendait dans son dos.
« A L’AI- »
Avant qu’il n’ai le temps de finir sa phrase, Atom lui fit une balayette qui le fit chanceler et Clarke en profita pour lui asséner un coup sur la tête. Elle lâcha son arme et s’empressa de récupérer les pistolet du soldat et le couteau du mercenaire.
Libérer ses amis. Tout de suite.
Elle commença par s’agenouiller près d’Atom.
« Ca va aller, si on se dépêche, on pourra être hors de portée-... » lui dit-elle en sciant ses liens.
« CLARKE ! »
Au cri de Murphy, Clarke se retourna, c’était trop tard. Les gardes d’Emerson étaient déjà sur eux et Emerson arrivait vers elle en furie, le regard noir.
Ce n’était pas comme dans les films où le héros voyait arriver le coup de poing au ralenti et vait le temps d’analyser comment l’esquiver. Non. Définitivement pas. Là, elle se retrouva au sol, la bouche dans la terre en moins de secondes.
« Tu commences vraiment à me faire chier blond- »
Avant qu’Emerson n’ait le temps de terminer sa phrase, il se retourna vers le mercenaire qui tenait en joue Atom à sa droite.
Ou plutôt, le reste du mercenaire.
On lui avait envoyé une sorte de hache dans la figure. Il s’affaissa lourdement, raide mort. C’est en retournant sa tête qu’il les vit. Une sorte de paysage d’horreur. Une trentaine d’hommes et de femmes aux maquillages intimidants étaient en train de les attaquer.
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« JUS DREIN JUS DAUN ! »
Le cri de rage de Lexa fut entendu, la clameur du clan Trikru restant fit vibrer la forêt et comme un seul homme, ils déferlèrent dans la petite clairière ou s’était installé le campement de mercenaire. Pris de panique et désorganisé par l’assaut sauvage, plusieurs d’entre eux tombèrent face aux armes et à l’agressivité des grounders.
Clarke, toujours au sol redirigea son regard vers eux. Au début, elle paniqua, puis en scrutant du regard à travers la foule, elle l’aperçue enfin.
« Lexa... » murmura-t-elle, les larmes aux yeux, comme si un fantôme venait de réapparaître devant elle.
Dans sa tête et dans son coeur, tout se bousculait. La brunette n’était pas morte sur le pont comme Emerson l’avait laissé entendre. Mieux encore, cette fille aux yeux émeraudes magnifiques était venue les chercher, comme promis. Elle ne les avaient pas abandonné.
Lexa ne croisa son regard qu’une demi-seconde. Ce fut suffisant pour transmettre ses émotions.
Cette Lexa était très différente de celle qu’elle avait côtoyé et qui avait commencé à s’ouvrir à elle. Clarke lui avait toujours trouvé de l’assurance et de la prestance, mais ce n’avait rien à voir avec celle qu’elle était sur le champ de bataille. Lexa était maculée de sang au visage, mais bizarrement, Clarke la trouvait rayonnante. Tel un ballet, elle s’élançait pour planter son épée dans le corps des ennemis. La Clarke infirmière et lucide aurait trouvé ça horrible, mais en venant au Cambodge et en ayant fait front à tellement d’évènements macabres jusqu’à présent dans cette forêt, elle avait perdu un petit bout de cette part d’elle même. Subjuguée, elle ne pouvait pas décrocher son regard de la scène ce qui se jouait sous ses yeux.
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Quand Lexa avait ordonnée à Quint de lancer l’assaut, elle savait qu’elle réalisait par là-même un acte diplomatique et un moyen d’affirmer son commandement. Il prit cet ordre comme un défi et un moyen de montrer sa valeur. Aussi bien, il ne se fit pas prier deux fois. Il hocha sa tête vers Lexa, se saisit de sa hache avant de la lancer plein fer contre un de ces hommes qui menaçait d’un fusil l’ami de Clarke. L’arme s’enfonça directement dans la crâne de l’ennemi qui succomba instantanément. Elle profita de l’effet de surprise pour lancer l’assaut.
« JUS DREIN JUS DAUN !!!
- YAAAAH !!! »
Tout autour d’elle, ses troupes s’élancèrent. Indra remplie de rage passa devant elle en furie suivie de Costia et de ses hommes qui commencèrent à faire une première victime du côté des ennemis.
Elle avait analysé le terrain. D’après son expérience personnelle et ce que Raven lui avait raconté, elle savait que son clan était en position de faiblesse par rapport aux armes dont disposaient l’équipe d’Emerson. Mais en agissant par surprise, rapidement, il était possible de réduire leur nombre pour limiter les combats d’armes blanches contre ces armes à feu.
Elle s’élanca à son tour dans la bataille contre un homme qui s’approchait dangereusement d’elle et se préparait à la mettre en joue. Au dernier moment, elle fit un écart sur le droite pour lui dérégler sa visée, puis elle pris appui de sa jambe droite sur le tronc incliné d’un vieux saule pour lui sauter dessus. Sa trajectoire surpris l’homme et avant qu’il ne réagisse, elle lui trancha la gorge. Du sang gicla sur son visage, elle ne s’en préoccupa pas.
Le temps de tourner sa tête vers un nouvel ennemi, elle croisa le regard de Clarke, à terre, visiblement éprouvée. De la colère monta en elle mais les yeux azur de la blonde respiraient l’espoir, et lui transmettaient peux-être une sorte de … soulagement ? Elle n’en était pas sûre, elle ne voulait pas se laisser troublée pour commettre une erreur fatale. Elle ôta son masque une demi-seconde pour esquisser un petit sourire à la blonde, puis se reconcentra sur ses ennemis. Au fond d’elle, c’était elle qui était soulagée.
Son deuxième face à face fut plus ardu à négocier. L’homme avait abandonné son sniper pour une machette afin d’éviter le même sort que ses camarades en combat rapproché. Il se lança vers elle, l’arme en l’air et fit un grand geste vif pour essayer de la toucher. Lexa devina son mouvement et fit un écart pour lancer la riposte. Avant qu’elle ne le touche, il para son coup avec le plat de sa manchette et se dégagea d’elle en la repoussant de force. Ils s’engagèrent dans un second échange, Lexa essaya d’enfoncer la pointe de son épée dans l’estomac de l’homme, mais fut surprise d’y retrouver de la résistance.
« Vous ne connaissez pas ça dans votre pays d’arriéré. C’est fait pour les balles, mais avec ta force de femmelette, ça suffit largement » lui dit-il d’un air narquois en désignant le gilet par balle sous sa veste où s’était plantée l’arme de la brune
Avant qu’elle ne s’en dégage, il se saisit à une main de la lame de Lexa
« Comment-tu va faire maintenant que je te bloque ? » lui demanda-t-il, la main gauche sanguilonante tandis que la première était en train de lever sa machette pour porter un coup fatal.
« Pauvre fou... » murmura-t-elle
Elle lâcha immédiatement son épée et recula d’un pas, puis se pencha pour décrocher la dague qu’elle avait toujours à sa cheville depuis L’Evenement, bien des années auparavant. D’un geste sûr, elle ajusta sa cible et lui décocha l’arme entre les deux yeux. L’homme fit un pas en arrière, les yeux exorbités avant de s’écrouler raide.
« Tu n’es pas le seul à avoir deux armes... » dit-elle en s’empressant de récupérer sa dague sur le corps encore chaud
La bataille faisait rage, des deux côtés, des hommes tombèrent, mais soudain, un bruit sourd vint s’élever dans les airs.
« BANG »
Lexa se retourna vers le bruit et se mordit la lèvre, ils n’avaient pas agis assez vite. Les 3 mercenaires restants avaient réussis à se regrouper autour d’Emerson et commençaient à faire feu autour d’eux.
1, puis 2 et 3 Trikru tombèrent successivement. Si elle n’inversait pas rapidement la tendance, ils risquaient de tous tomber.
Lexa leva le bras en l’air et à ce geste, deux flèches partirent en direction des tireurs. L’une d’entre elle se ficha dans la jambe d’un tireur mais l’autre fit mouche au niveau du cœur qui se tordit de douleur dans un râle. Lexa souria intérieurement, elle avait bien fait de laisser Ishtar et Aden en retrait.
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« BANG »
Emerson et ses hommes avaient repris l’avantage. Ces sauvages pouvaient venir à 30, 40 maintenant s’ils le voulaient, ils n‘avaient qu’à les aligner comme les 3 qui venaient de tomber.
Mais tout à coup, des flèches fusèrent dans leur direction et touchèrent Bryan qui s’écroula. Emerson scruta vers le lieu de départ des flèches mais ne vit pas les tireurs, trop loin pour être touchés par leurs pistolets
« Marco ! Débarrasse toi des archers tout de suite !
- Je ne les vois pas boss et c’est Max qui avait le sniper… »
Emerson fulmina. A côté de lui, le mercenaire touché par des flèches n’était pas tout à faire mort et continuaient ses plaintes pour le sauver, presque à bout de souffle.
Il lui tira une balle dans la tête puis aggripa Clarke par le bras et la serra contre lui en lui collant le canon droit contre son cou. Il regarda ensuite droit dans les yeux de la jeune femme qui avait l’air de donner les ordres aux sauvageons.
« Je crois que nous sommes dans une impasse ma chère… » dit-elle, sûr de lui avec son otage dans les bras
« Hod up ! » intima Lexa placidement d’un geste de la main.
A ces mots, tous la tribu Trikru s’arrêta et resta aux aguets d’un nouvel ordre.
Les deux mercenaires aux côtés d’Emerson s’emparèrent d’Atom et de Murphy pour s’en servir comme bouclier humain en cas de nouvelles flèches ennemies.
Chacun des deux camp s’observa, installant une situation de statu-quo malaisante.
Emerson repris la parole :
« Un chef écouté par ses troupes... C’est bien la seule chose qui me rendraient admiratif de votre culture »
Lexa ne lui répondit pas. Elle s’avança vers lui flanquée d’Indra à ses côtés. Elle le regarda droit dans les yeux, le regard affuté, comme pour essayer de percer son âme. Elle voyait qu’il commençait à gamberger. Elle l’intimidait. Parfait. Il ne savait rien d’eux alors qu’elle le connaissait en partie grâce à la description de Clarke et de ses amis. C’était un atout de taille au moment de négocier.
En parlant de Clarke, elle s’autorisa un regard vers elle, toujours menacée par le pistolet d’Emerson. La jeune femme restait forte, fière malgré la situation mais au fond d’elle, Lexa savait qu’elle devait être au point de non retour. Elle cru voir Clarke mimer son nom avant qu’Emerson ne lui recouvre la bouche avec sa main libre.
« I laik Leksa kom Trikru, je représente Heda Xéna. Qui êtes-vous et que cherchez-vous sur notre territoire ? »
Il resserra encore un peu plus Clarke contre lui et pris un air dédaigneux.
« Je suis Emerson, je suis le chef ici et je ne parlerai qu’en présence du votre, allez me chercher me chercher ce Heda »
A ces mots, des rumeurs et une certaine agitation commencèrent à se faire entendre chez les grounders. Indra bondit, son arme pointée vers le provocateur ayant défié Lexa.
« Skaigeda, tu va lui montrer un peu plus de respect sinon...
- Em pleni Indra. »
Énervée, la générale se recula et se replaça au côté de la jeune fille. Derrière eux, les Trikru, menaçants et prêts à attaquer reculèrent également après l’ordre lancé par Lexa. Lexa laissa une trentaine de seconde passer pour que le calme reprenne sa place au sein de leur discussion.
D’un œil extérieur, la véhémence d’Indra avait pu passer pour de l’insubordination mais il n’en était rien. Lexa savait exactement ce qu’Indra avait cherché à faire en faisant ça : montrer à Emerson et ses hommes que les Trikru étaient prêts à bondir au moindre geste, et réaffirmer le pouvoir de commandement de Lexa pour les calmer. C’était un mouvement astucieux. Si Emerson voulait négocier, il allait devoir le faire dans les règles de l’art et faire très attention à ce qu’il allait avancer.
Emerson commença à se mordre les lèvres avant de reprendre un peu d’assurance avant de se lancer.
« Mes excuses ma chère. Mon commanditaire cherche juste à récupérer cette personne » dit-il en désignant la blonde du menton « de base, nous n’avons strictement rien contre vous mais force est de constater que vous venez de nous attaquer, nous étions bien obligés de répondre à ça vous comprenez facilement je suppose ? Peux-être pouvons nous trouver un moyen de nous entendre »
Lexa ne lui répondit pas pour le laisser gamberger. Elle plaça ses mains derrière son dos, l’air interrogatif en demandant à l’homme de continuer à développer son idée.
« Je vous propose quelque chose : vous nous laissez partir avec ces 3 individus tranquillement, vous repartez de votre côté, nous reprenons notre avion dans la foulée et vous n’entendez plus jamais parler de nous. Pas d’effusion de sang, plus de pertes, c’est donnant-donnant. Deal ?
- Ne croyez surtout pas ce qu’il vous dit, il vous plantera un couteau dans le dos dès qu’il le pourra, comme pour vos copains du villa- » s’époumona Murphy avant de se faire frapper dans la mâchoire par Marco
« Ferme là petit con »
Lexa observa là scène sans ciller, mais elle savait que Murphy avait raison et que ses hommes réclamaient du sang pour le massacre du village et l’explosion du pont. Pourtant, elle était la représente de leur Heda et ils avaient perdu bien trop d’hommes pour lancer une offensive suicide.
Visiblement agacé par l’intervention de Murphy, Emerson mima l’ordre à Marco de l’empêcher de parler avant de se retourner vers la brune.
« Veuillez l’excuser chère Lexa, Murphy n’a pas autant de respect que vos hommes pour l’écoute, mais je sais suis sûre que nous pouvons conclure cet accord qui nous arrangera tout les deux, non ? »
Lexa n’avait aucun respect pour cet homme en face d’elle, elle ne comprenait même pas comment un homme tel que lui pouvait exister. Rien ne lui aurait plus plu que de l’attacher à un poteau et lui faire subir le sort des 100 coupes. Un seul coup dans la carotide ou dans le cœur lui semblait encore trop gentil… mais ce n’était pas le moment d’y penser. Comme lui avait appris Anya, le clan avant les affaires personnelles.
Mais aujourd’hui, tout s’entremêlait pour Lexa. Le doute commença à s’installer et elle regretta l’absence de son mentor. En effet, pour la première fois, le poids du commandement lui pesait.
Mener dans hommes dans une bataille ? Tuer un ennemi ? Échafauder des stratégies ? Détecter les mensonges dans les palabres des chefs de clans ? Tout cela, elle savait faire. Mais il y avait un autre point dans cet accord proposé qu’elle n’avait jamais eu à gérer et qui agissait comme un vrai dilemme pour elle à cet instant.
Il lui fallait gagner un peu de temps pour y réfléchir, sans donner d’indices de sa réponse à Emerson. Surtout, le laisser dans le doute.
« J’ai entendu ce que vous aviez à dire, je vais me retirer en discuter avec mes généraux. »
Emerson hocha la tête dans sa direction, visiblement soulagé de ne pas être déjà au bout d’un pique.
« Très bien »
Juste avant qu’elle ne se retire, Lexa posa une dernière question :
« Qu’à fait cette personne pour attirer cette chasse à l’homme sur notre territoire ? » demanda-t-elle placidement en désignant la blonde dans ses bras.
Question logique. Emerson allait répondre de but en blanc de manière cynique comme à son habitude mais avant qu’il n’ouvre la bouche, il observa un léger changement dans l’attitude de la jeune femme face à elle. Un petit radoucissement ?
Au cours de sa « carrière », il avait interrogé et négocié avec des centaines de personnes et s’était toujours sorti de ces situations.
Jusqu’à maintenant tout du moins.
Il se savait en mauvaise posture mais une faille venait de s’ouvrir.
« Elle est recherchée aux Etats Unis, on m’a payé pour la retrouver, j’effectue juste ma mission » lança-t-il avec un demi sourire accompagné d’un haussement d’épaule
Lexa savait que c’était un demi-mensonge, mais elle voulait voir l’assurance avec laquelle Emerson l’énonçait pour pouvoir lire dans lui comme dans un livre ouvert s’il voulait les duper. Elle se refréna de demander ce qu’il allait advenir de Clarke une fois rentrée dans son pays et acquiesça, visiblement satisfaite de la réponse.
« Retrouvons nous ici d’ici un candlemark (une heure) pour statuer de notre décision.
- C’est quoi un candlemark ? » chuchota Marco et l’oreille de son collègue de droite
Emerson allait poser cette même question à ces sauvages avant que la réponse ne vienne d’elle même.
« Une heure… » laissa faiblement échapper Clarke dans la main d’Emerson, le regard dans le vide.
Malheureusement pour elle, il avait entendu, et tout venait de s’imbriquer dans son esprit. Ce que soupçonnait Emerson depuis quelques minutes venait de se confirmer.
Il avait cru noter une fébrilité subtile dans le discours de Lexa au moment de poser sa question sur la blonde, mais c’est l’absence de résistance dans ses bras de Clarke qui avait renforcé sa théorie.
Au contraire de Murphy qui cherchait sans cesse à se débattre et à provoquer les sauvages à les attaquer pour les libérer, Clarke était restée très calme depuis qu’il l’a tenait en joue. Il avait pris sa non-résistance pour de la peur, mais au contraire, maintenant qu’il avait la scène sous les yeux, il semblait noter plutôt de l’espoir dans les yeux et l’attitude de la blonde. Il émanait d’elle une sorte de confiance au moment où Lexa commençait à prendre quelques pas de recul à l’arrière de ses troupes pour prendre une décision concernant leur sort. Comme un soutien aveugle.
Emerson savait que Clarke s’était occupée de quelqu’un du peuple de Lexa dans la forêt, et que c’était grâce à cette personne qu’elle avait pû échapper à leur radar juste avant qu’elle ne se rende elle même dans la gueule du loup. Jusqu’à présent, il ne savait pas exactement de quelle personne il s’agissait, mais et si la réponse était juste devant ses yeux ?
Il ne savait pas ce qu’il s’était passé entre les deux femmes, à quel point elles étaient complices et si cela allait influer sur la décision finale de Lexa, mais il devenait encore plus dangereux de jouer le feu dans ces conditions là et il refusait de prendre ce risque. Il devait avoir une idée et vite.
« Entendu, cela nous va. »
Les 2 grounders s’éloignèrent, laissant place aux troupes surveillant les 3 mercenaires restant, en cas de coup fourré. De leur côté, Emerson réunit ses deux hommes pour leurs donner quelques directives :
« Tom, tu restes devant avec ta mitraillette et tu arroses seulement si tu sent une embrouille, compris ?
- Pas de problèmes »
Il attacha Atom à un tronc et se mis rapidement en position.
« Ok, Marco, tu me leurs bâillonnent les yeux et la bouche, je ne veux pas qu’ils puissent communiquer compris ? »
Marco s’exécuta. Comme à son habitude, Murphy se débattit et essaye de mordre la main et pour la première fois depuis que les grounders avaient débarquer sur le camp, Clarke sembla éprouver un peu de résistance mais voyant que cela allait rester vain, elle laissa tomber. Le fusil à la main, Emerson les plaça devant pour les garder comme bouclier et éviter toute tentative de plan visant à les libérer sans combattre. Pour la première fois depuis son arrivée sur le sol cambodgien, Emerson commençait à douter de pouvoir en ressortir vivant.
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Une demi-heure était passée, il voyait de l’agitement dans le camp adverse, mais aucun moyen de savoir à quelle sauce ils allaient être mangés. Il soupira et baissa son regard vers le ceinture de Marco et c’est là qu’il vit à son tour un début d’espoir. C’était risqué de parier, et il détestait ce qu’il allait devoir faire, mais il n’avait plus le choix.
« Passes-le moi »
Marco haussa ses sourcils en signe d’incompréhension et désigna l’objet en question.
« Ça ?
- Oui donnes moi ça tout de suite imbécile ! Surveilles les bien, je reviens tout de suite »
Clarke entendit les pas d’Emerson s’éloigner. Elle commença à s’inquiéter. Elle espérait que tout allait bien se passer.
Autour d’elle, c’était le néant. Pas moyen de savoir ce qui se passait avec ce foulard dans la bouche et sa vision obstruée. Elle avait encore le goût de la terre dans sa bouche qui lui donnait envie de vomir. Seul le son lui parvenait et lui rendait les choses encore plus angoissante. Cette forêt qu’elle avait commencé à apprivoiser et aimer en compagnie de Lexa commençait maintenant à l’angoisser. Chaque bruissement de feuille, chaque crissement de bottes et de métal lui évoquait la possibilité tragique d’un affrontement.
Elle avait repris espoir en voyant Lexa mais malgré toute sa bonne volonté, une seule chose gouvernait dans son cœur : la peur.
Otage d’un groupuscule de mercenaire américain dans une forêt habitée par une population étrange appelée les grounders, le tout à l’autre bout du monde ? Bien sûr que non elle n’y avait jamais été préparée. On dirait presque un kamoulox, une sorte de mauvaise blague situationnelle que Raven et Octavia auraient pu lui sortir en soirée. Mais de là à vivre la situation...
Cette fois-ci, aucun moyen de couper les liens. Sans informations de ce qui se passait autour d’elle, le risque était trop grand. Pour elle, une seule solution, et elle la détestait rien qu’à l’idée d’y penser: attendre. Attendre qu’on délibère de son sort, indépendamment de sa volonté.
Un nouveau bruissement à sa gauche. On se rapprochait d’elle. Le pas était lourd. Elle le reconnu. Une main moite se posa sur sa nuque et la força à se relever, ce qu’elle fit non sans essayer de résister, mais sans effet. La main lui compressa le bras pour qu’elle se dépêche et elle réprima un cri de douleur. Ils commencèrent à marcher, rapidement puis s’arrêtèrent tout aussi abruptement. D’après le nombre de pas fait, ils s’étaient éloignés tout au plus d’une dizaine de mètres du campement.
Emerson lui retira enfin le bandeau puis le bout de tissu dans sa bouche. Après avoir dégluti pour retrouver un peu de salive, elle lui lança un regard noir.
« Mieux vaut encore être aveugle
- Voyons voyons ma chère Clarke, notre amitié est partie sur de mauvaises bases mais je vais nous apporter une solution qui va arranger tout le monde pour sortir de cette situation.
A ces mots, elle lui lança un air interrogatif ressemblant étrangement dans la gestuelle à celui que lui avait lancé Lexa quelques dizaines de minutes auparavant. Il souria dans son fort intérieur et plutôt que de prendre la parole, il lui tendit l’objet qu’il avait demandé à Marco.
Clarke s’empara du GSM que lui tendait Emerson. Intriguée, elle le porta à son oreille.
« Bonjour Clarke. Enchantée de pouvoir enfin vous parler de vive voix... »
Cette voix était à sa grande surprise très douce et apaisante, peut-être un peu trop pour être tout à fait honnête. Elle répondit à son interlocuteur :
« J’aimerai pouvoir dire la même chose mais je ne crois pas vous connaître ? »
A travers le combiné, elle cru « l’entendre » sourire
« Cela fait bien longtemps que nous ne nous sommes pas vu en effet mais pourtant, je t’ai connue toute petite, je t’ai même tenue dans mes bras…. »
L’angoisse commença à s’intensifier en elle. Sa voix commençait à remonter dans ses souvenirs et était étrangement vaguement familière
« Mais il est vrai qu’avec ton pauvre père, nous ayons eu quelques différents qui ont finalement terminé par nous séparer depuis quelques temps déjà. J'en suis bien désolé... »
Son cerveau s’illumina. Cette histoire, Clarke l’avait déjà entendue de la bouche de sa mère. Il y a plus de 20 ans, avant même qu’elle naisse. A cette époque, Jake et Abby étaient en train de préparer sa venue au monde. Ils avaient rencontré lors d’un cours d’accouchement un charmant couple qui allaient bientôt devenir des amis proches et qui allaient accueillir également leur premier enfant.
Clarke se retourna vers Emerson qui assistait à toute la scène avec un sourire malsain arborant son visage. Elle repris son souffle avant de poser une question dont elle connaissait désormais déjà la réponse.
« Vous êtes Thélonious Jaha ?
- Lui-même. J’espère que tu n’as pas entendu que de mauvaises choses à mon égard, j’ai encore une grande sympathie pour ta famille »
Clarke commença à grincer des dents.
Thelonious Jaha.
L’homme qui avait réussi à énerver son père au point de ne plus jamais lui adresser la parole.
Surtout, l’homme qui avait planté un couteau dans le dos de sa propre famille. Le père absent d’un de ses meilleurs amis.
Le visage de Wells lui apparu automatiquement.
La mère de Wells était morte en couche en lui donnant vie. Thelonious ne l’avait jamais supporté et ne s’en était jamais remis. Il l’éleva dans un premier temps puis fou de rage et de désespoir, il l’avait abandonné à sa sœur au bout d’un an, incapable de donner un amour sincère à cet enfant qu’il jugeait coupable de la mort de l’amour de sa vie. Dès lors, il avait coupé tout contact avec Wells.
Clarke sentait son cœur se serrer à la pensée de parler à ce fantôme qui hantait l’esprit de son meilleur ami. Bien qu’il n’y soit pour rien, il se l’était toujours reproché.
Elle se rappela son enfance avec Wells qui passait une grande partie de son temps chez les Griffin. Elle se rappela les moments de joies, mais cette voix au bout du téléphone venait surtout faire remonter à la surface les souvenirs douloureux d’une époque où Wells était terriblement fragile. Combien de fois l’avait elle pris dans ses bras dans son sommeil lorsqu’il faisait des cauchemars en hurlant le nom de sa mère ? Combien de fois l’avait elle vue se réfugier dans les toilettes pour pleurer quand il n’avait ni père ni mère pour assister aux remises de ses diplômes contrairement à la plupart des autres enfants ? Combien de fois avait-il tenté de prendre contact avec son père sans jamais avoir de retour ?
Avec le temps passant, ces moments s’espacèrent et Wells abandonna l’idée d’un jour pouvoir voir son père. Il se créa une sorte de barrière de protection et commença à en rigoler mais au plus profond de lui, Clarke savait quel la fracture était encore béante et bien vivante.
Comme Clarke, le choix de Wells pour sa profession n’avait rien d’anodin, quoi qu’il en dise. S’il avait fait le choix de travailler dans l’aide humanitaire en prodiguant notamment des soins, c’était avant tout pour s’assurer que le moins d’enfants possibles soient livrés à eux mêmes. Il ne voulait que personne ne subisse ce qu’il avait vécu, qu’aucune mère ne meurt des suites d’une maladie qui pourrait être contrée, qu’aucun père n’ai à subir la mort de l’être aimé, qu’aucun enfant ne subsiste dans ces régions hostiles sans amour maternel ou paternel.
Elle l’admirait pour ça. C’était un des plus grand cœur qu’elle avait dans son entourage. Elle l’aimait, elle l’adorait. C’est pourquoi en cette instant précis, cette discussion avec ce père absent dont elle avait tellement entendu parlé et tellement appris à détester pour le mal qu’il avait fait à son ami, elle ne s’en sentait pas légitime. Elle n’avait pas le droit de prendre ce moment. Mais avait-elle le choix ?
« … Que voulez-vous ? » questionna-t-elle en essayant de rester lucide et le plus neutre possible. Le côté personnel ne devait surtout pas commencer à entrer en ligne de compte.
« Droit au but, j’apprécie. Je vais vous expliquer la raison de cet appel. »
Il laissa quelques secondes de silence s’instaurer avant de reprendre placidement le cours de la discussion
« J’ai cru oui-dire par notre camarade qui se tient à côté de vous que vous auriez connaissance de certains documents qui nous appartiennent… »
Décidément, même dans l’eau delà, ce John Mbengue aurait sa peau...
« ….qui n’ont que très peu d’intérêts en revanche pour vous dans votre situation … je serai prêt à vous offrir une belle somme d’argent en échange de votre silence sur cette excursion désastreuse ainsi qu’un confort de vie assuré jusqu’à la fin de vos jours. Qu’en dites vous ? »
Clarke n’en croyait pas ses oreilles. Elle laissa éclater un rire nerveux qui se transforma rapidement en fou rire. Elle ne s’arrêta que lorsqu’Emerson lui adressa une claque derrière la tête et lui pointa son arme pour lui intimer de répondre à son patron.
« Je m’excuse chère amie, mais qu’y a-t-il de si risible dans cette situation ? »
Clarke gardait un sourire en coin
« Et pourquoi vous ferai-je ce plaisir ? Emerson vous a-t-il vraiment expliqué la situation ici ? Parce qu’aux dernières nouvelles, personnes ne va s’en tirer vivant. Moi, lui, vos petits copains… nous sommes tous en sursis… je crois que vous avez pris la mauvaise personne pour négocier. Je n’ai aucun intérêt à vous donner ces informations sans aucune garantie d’être protégée et de ressortir vivante d’ici avec mes camarades de mission.
- Oui, bien sûr... Je suis bien entendu au courant de cette situation regrettable. Ces « grounders » comme ils semblent s’appeler sont un accident de parcours fortuit mais je vous assure que si nous collaborons, tout le monde y trouvera on compte. En m’adressant à vous, je suis sûre d’avoir la bonne interlocutrice... » répondit-il du tac au tac
« Qu’est ce que vous entendez par là ?
- Ce que « j’entends par là » Clarke, c’est que vous avez raison. Votre situation est actuellement sans issue. »
Clarke secoua la tête, curieuse de la suite
« Vous savez pourquoi j’ai envoyé Emerson plutôt qu’un autre pour cette mission ? Parce que c’est un fin négociateur, tout comme moi. Et vous devez savoir qu’un négociateur doit avoir une capacité d’analyse hors du commun et toujours une longueur d’avance sur son opposant. Or, cette longueur d’avance, ce n’est pas nous qui l’avons face à ces grounders… mais je crois, Clarke, que vous pouvez retourner cette situation puisque vous avez l’air de connaître ces grounders et cette fine commandante... »
La main de Clarke se crispa autour du GSM.
« Vas-y mollo avec les yeux doux la prochaine fois, tu n’est pas vraiment une reine pour dissimuler ce que tu ressent… Oh ! Et là tu as envie de me tuer » lui balança hilare Emerson qui savourait la tournure de la conversation.
Jaha enchaîna :
« Ne vous en voulez pas, je peux comprendre l’attrait de la jeunesse pour l’aventure, la découverte de nouvelles cultures, les amourettes… mais maintenant, mettez c’est le moment de mettre vos tout ceci à profit. Un mot bien placé à votre amie et vous avez l’occasion de vous sauvez, sauvez vos amis et mon équipe. Vous faites cela et vous rentrez directement aux Etats Unis, puis nous prenons rendez-vous la semaine prochaine pour signer les papiers de confidentialité et votre contrat en or pour une vie meilleure en échange de ces quelques informations que je vous évoquais. »
Cette situation était ahurissante. Une vie meilleure ? Vraiment ? Clarke avait envie d’hurler mais elle se mordit les lèvres de tout ses forces pour se réprimer de le faire. Il ne fallait surtout pas céder à la panique, elle n’en avait pas eu jusqu’à maintenant, ce n’était pas le moment de faire entrer le doute. Surtout, rester maître de ses émotions. Ce qu’il disait ne changeait rien.
« Vous croyez vraiment que si j’étais amie avec eux je serai encore ici ? Que je ne leur aurait pas demandé de libérer Murphy et Atom avant que vos hommes s’amusent à se défouler sur eux ? Vous qui apparemment me connaissez si bien et qui connaissez mes parents, serait-je à ce point sans coeur ? »
Jaha soupira.
« Alalala Clarke, nous rentrons dans une partie de la négociation que j'exècre plus que tout. Je pense que nous allons aller vers une discussion stérile et je crois savoir que de nos deux côtés, le temps nous est compté. Je vous passe un interlocuteur qui devrait achever de vous convaincre de répondre à notre demande... »
Avant qu’elle n’ai eu le temps de répliquer, elle entendit un grésillement au bout de la ligne, puis quelques secondes plus tard, elle entendit de nouveau du mouvement, puis une voix.
« Clarke ? »
Sa voix.
« Chérie, tu m’entends ?
- Finn ??? »