Invasion
Campement d’Emerson
« Tiens, mais qui voilà ! »
Clarke leva la tête. Elle le vit. Emerson s’avança vers elle avec les bras ouverts et un sourire carnassier à en faire pâlir les mannequins aux mâchoires parfaites de publicités pour les dentifrices. Les traits étaient plus tirés que lors de leur dernière rencontre, mais il ne faisait pas moins peur. Même plus que de la peur, c’était du dégoût qu’il lui inspirait, c’était viscéral. Les images de Maya défilaient devant elle quand elle le fixait.
« Allez, viens par là blondie »
Murphy grinça des dents, mais il fallait jouer le jeu. Il tira la corde qui maintenait les poignets Clarke. Il avait pris le soin de ne pas trop serrer ses poignets avant qu’ils ne se jettent dans la gueule du loup, mais il fallait que ça reste crédible.
Emerson s’arrêta devant elle. Il la fixa froidement un instant avant de lui asséner un grand coup dans les côtes qui lui coupa la respiration quelques instants. Elle se plia en deux et il s’accroupit à son niveau en lui relevant la tête par les cheveux.
« Petite salope, je peux t’assurer que si ça ne tenait qu’à moi, on réglerait ça rapidement. Ta petite chasse à l‘homme ne m’a que moyennement amusée. »
Clarke le regarda fixement d’un œil noir sans rien dire et se redressa malgré la douleur qui se laissait sentir sur son flanc gauche. Elle avait mille choses à lui dire en tête mais se garda bien de les lui asséner. Mieux valait faire profil bas, ils étaient là pour délivrer Atom. Le reste, ils verraient plus tard, devant un tribunal de préférence. Ce n’était que de l’impro, c’était à Murphy de jouer sa partition à présent.
Emerson détacha son regard d’elle et haussa la tête en direction de Murphy.
« Où est ce que tu l’a trouvé ?
- Je faisais une patrouille avec Théo autour du village et cette imbécile s’est jetée dans la gueule du loup, droit sur nous
- Vraiment ? » demanda Emerson suspicieux.
« Ouais, elle voulait se frayer un chemin en douce dans le village pour récupérer des médicaments pour sa sauvage blessée en forêt. Quand elle m’a vue, elle a voulu s’enfuir… - il se mit à rire d’un ton sarcastique – mais le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas une coureuse de 800m, je lui ai rapidement mis la main dessus.
- Hin ! Et la sauvageonne qu’elle soignait ? » dit-il d’un œil expectatif
Emerson connaissait tous ses points faibles, ce qui rendait difficile la possibilité de lui dissimuler des choses, mais depuis le nombre d’années qu’il le côtoyait, Murphy était devenu également par la force des choses un maître dans l’art de le déchiffrer. Même s’il était souvent imprévisible, il connaissait quelques boutons sur lesquels il fallait appuyer avec lui. Son sadisme en faisait partie.
Murphy s’accorda un regard un Clarke avant de répondre laconiquement, un sourire en coin à son supérieur.
« Toute proche du village. Cette petite imbécile n’a pas voulu cracher le morceau sur son emplacement, mais Théo n’a pas mis longtemps à la débusquer. Elle était à deux doigts d’y passer de toute façon, on va dire qu’on l’a aidé à passer de l’autre côté en s’amusant un peu…
- Hin ! Elle aura au moins goûté à un homme au moins une fois dans sa vie. »
« Quelle ordure » se fustigea Murphy dans sa tête. Mais au moins, Emerson n’avait pas l’air de se poser trop de questions, c’était le principal. Il tourna sa tête un bref instant vers Clarke pour voir qu’elle était abattue. Ce qu’il avait dit était horrible, mais pour que la blonde semble aussi éprouvée, Lexa ne devait certainement pas être qu’une patiente ordinaire. Ou alors Clarke était une actrice née.
Clarke baissa la tête, dégoûtée, honteuse, comme si cet événement affreux énoncé par Murphy s’était réellement déroulé. Ça faisait partie du jeu de rôle.
Pourtant, c’étaient de vraies larmes qui coulaient sur sa joue. Pendant un instant, elle s’éloigna du scénario et se mis à s’imaginer si les événements s’étaient réellement déroulés comme cela. Elle vit tous ces moments passés avec Lexa, convalescente et pourtant si forte, renfermée et pourtant prête à s’ouvrir pour peu qu'on voit derrière son masque, autoritaire et pourtant si douce et protectrice avec elle… Ces quelques heures à ses côtés avaient été comme une révélation et tous ses moments furent balayés par la vision angoissante que Murphy avait dépeinte : une Lexa agonisante et sans défense, le regard éteint, vivant ses derniers instants loin de tout aux mains de ces monstres…
Elle angoissait réellement pour Lexa, pas de la même manière que pour Atom ou pour Raven, c’était encore autre chose, mais elle savait que si la brunette disparaissait, elle serait brisée par le chagrin. Elle ne pourrait pas s’y résoudre…
« … et Jack aura eu sa petite vengeance posthume » continua Murphy
« Pas besoin de s’attarder sur ce crétin. S’il est mort, c’est qu’il n’était pas assez fort et ne méritait pas de rester parmi nous. »
Pour une fois, la voix atroce d’Emerson lui fut salutaire, elle l’extirpa de ses pensées et lui fit reprendre pieds face à la réalité de la situation. Ce n’était pas le moment d’avoir des idées noires, il faillait être forte et enclencher la seconde phase du plan.
Emerson réprima un sourire satisfait devant le dégoût et le désespoir qu’il lisait sur le visage de la jeune femme.
« Bien, en tout cas, c'est un problème de moins. Et la latina ? »
Murphy secoua la tête.
« Pas vue. Rick est parti à se recherche, les autres sont restés au village pour « rétablir l’ordre ». Il me tient au courant dès qu’il a une piste. » dit-il en tapotant son talkie-walkie.
C’était un risque de parler de sa radio mais il devait le prendre absolument pour endiguer la méfiance d’Emerson. Il ne fallait pas qu’Emerson cherche à parler à Rick directement. Ou n’importe quel gars du village d’ailleurs. Il n’y avait plus aucun mercenaire en dehors du camp où ils étaient présentement. Murphy se revit quelques heures plus tôt quand les grounders débarquèrent au village de Tonlé Sap pour libérer leur peuple. Grâce à Emori, il s’en était sorti mais il savait qu’aucun de ses anciens collègues ne s’en étaient tirés à bon compte.
Un frisson lui parcouru l’échine en revoyant la scène dans sa tête. S’il se sortait de cette situation, il essayerait de retrouver cette grounder et de la remercier proprement.
« Parfait, tu me tiens au courant dès qu’il a un mouvement de son côté.
- Et on fait quoi quand on la retrouve ?
- Je ne pourrais pas m’y intéresser moins. Le big boss a été clair. On ramène la blonde et s’il y a des dommages collatéraux, on s’en débarrasse proprement.
- Son of a bitch ! Tu n’as pas intérêt à la toucher sinon je te… »
Clarke essaya de se débattre pour l’atteindre mais ne gagna qu’une nouvelle gifle au visage. Un filet de sang se forma au coin de sa bouche qu’elle cracha aux bottes d’Emerson. Il ne releva pas. Murphy l’empoigna et lui fourra un bon de tissu dans la bouche.
« C’est bon, t’es calmée ? Où est ce que vous avez ligoté son copain qu’elle le rejoigne ?
- Laisse là ici, c’est très bien qu’elle ait envie de parler, j’avais besoin de discuter avec elle aussi. Installe là sur la souche d’arbre ici, Frank, maintient là en place. »
A contrecœur, Murphy lâcha Clarke et la laissa entre les mains de Frank. Il se mordit les lèvres. Ils savaient tous les deux qu’ils venaient de louper une occasion de libérer Atom et de s’enfuir rapidement. Il fallait en créer une autre rapidement.
Emerson enchaîna en pointant un regard blasé dans les yeux noirs de rage de Clarke. Il lui retira son bâillon.
« Revenons à Jack. Mais même si ce lourdaud était un imbécile, nous savons qu’il détenait des informations capitales. Et toi Clarke, je pense que tu sais quelque chose, hum ?
- Comment pourrais-je savoir ? Je ne suis qu’une modeste interne en médecine envoyée en mission humanitaire et prise en otage par un dingue.
- « Modeste » … ne le soit pas tant que ça ! Wells ne tarit pas d’éloges sur toi et tu es un véritable exemple pour tes collègues. Surtout la petite Maya. Enfin, tu l’étais pour elle.
Clarke ne répondit rien, ce n’était pas la peine de rentrer dans ses provocations. Il fallait qu’elle gagne du temps et qu’elle se retrouve avec Atom rapidement.
« Emmène-moi à Atom. Prouve-moi qu’il est en bonne santé.
- Tu t‘es crue chez ta mère… » éructa l’un des mercenaires en avançant vers elle l’arme à la main.
« Je sais que vous me voulez vivante donc si vous voulez des informations, je vous propose d’être coopératif.
- Oh ? Et pourquoi donc ? » s’amusa Emerson
« Si vous me faites disparaître, vous perdez les informations que j’ai, vous risquez aussi de faire ouvrir une enquête, et donc rameuter une attention inutile sur vous. C’est une perte de temps, d’argent et des risques de faire capoter votre projet. Je ne pense pas que votre employeur ait envie de ça. »
Au fond d’elle-même, elle ne savait pas si ce chantage serait suffisant pour lui sauver la peau et celle d’Atom. Les mises en garde de Raven résonnaient dans sa tête et maintenant, elle espérait voir Lexa et Anya débarquer pour la tirer de cette situation. Mais en attendant, la brunette avait eu confiance en elle, en son plan. C’était le moment d’y croire et de mettre tous les ingrédients pour inverser les positions de force.
Finalement, Emerson pris la parole en souriant au mercenaire qui venait de menacer Clarke :
« Tu vois Ben, tu sais pourquoi je n’intègre pas de filles dans l’équipe ?
- Elles ne sont carrément pas faites pour le métier sur le terrain, trop fragiles dans leur tête pour supporter le taf et c’est pas le même physique » dit-il en se tapant le biceps « Et en plus, c’est des moulins à paroles, elles prennent trop la tête…
- Bzzz. Mauvaise réponse. Et tu es vraiment un macho fini, il va falloir que tu travailles sur toi mon ami. Va chercher Atom. »
Ben s’en allant en bougonnant, touché dans son orgueil.
« Ah vraiment… toutes mes excuses mademoiselle Griffin, je suis entouré par des crétins… avec tout mon respect Murphy » qui grinça les dents pour garder son calme.
« Tu vois, Ben avait quand même raison sur un point. Les femmes sont de vrais moulins à paroles mais elles ont souvent le jugement plus clair que nous autres, pauvres hommes. Elles sont plus vicieuses, plus dangereuses et imprévisibles quand elles cherchent à obtenir ce qu’elles veulent… »
Ben revint au même moment avec Atom, visiblement éprouvé, le regard dans le vide. Un filet de sang s’écoulait de son arcade sourcilière et son œil gauche avait doublé de volume pour prendre une teinte bleuâtre.
« …et à ce jeu, tu as gagné ! Félicitations princesse… Voilà ton ami, comme promis, en un morceau. Satisfaite ?
Elle ne lui répondit pas et posa un regard inquiet sur le jeune homme. Vu son état, la fuite n’allait pas être facile avec lui. Après un moment de silence, elle regarda impassible Emerson.
« …Je te révèle une information et tu relâche Atom. Tu demandes à un de tes hommes de le ramener à notre base. Quand j’aurai la confirmation qu’il est en sécurité, et seulement quand j’en saurai bien sûre, je te donnerai tout le reste. J’ai tout en tête, toutes les informations, tous les emplacements qu’il y avait dans le carnet de Jack…. Deal ? »
Murphy jeta un œil surpris quelques instants dans sa direction avant de se raviser et reprendre une attitude plus neutre. Clarke lui ouvrait une porte, il fallait absolument que ce soit lui qui s’occupe du transfert d’Atom.
« Clarke… » geignit Atom
« Tu te sacrifierais pour lui ? Vraiment très cavalier de ta part ! Tu entends ça mon petit Atom ? » répondit-il en appuyant sur les côtes d'Atom qui réprima une grimace.
« Avons-nous un accord, oui ou non ? » s'impatienta Clarke. Emerson lui souria.
« ... Je le répète, mais c’est vraiment beau cette relation de famille que vous avez tous entre vous, je regrette de ne pas connaître ça… n’est-ce pas Murphy ? »
Murphy pâlit considérablement.
« Mec, de quoi tu causes ?
- Je vois je vois… tu veux un petit coup de pouce ? »
Juste après avoir terminé sa phrase, il pointa son pistolet sur Murphy et tira en direction de sa tête. Clarke regarda impuissante Murphy s’affaisser, tremblant de sueur et touchant l’éraflure sur sa joue provenant du coup de feu. Emerson ramassa sa radio et l’écrasa.
« Tu me prends vraiment pour un bleu mon petit Murphy. Qui crois-tu qui t’a formé ? »
Il le prit par le col pour le relever et rapprocha se tête de la sienne.
« Frank essaie depuis tout à l’heure d’établir une liaison avec le village des sauvages et c’est silence radio. Et je ne pense pas me tromper en disant que tu connais comment je me comporte quand on ne me répond pas dans les 15 secondes. Ça m’a mis la puce à l’oreille. Et ton empressement à changer de sujet tout à l’heure n’a fait que confirmer mes soupçons. »
Incapable de parler, Murphy regarda son bourreau continuer à l’invectiver.
« Je ne sais pas ce qu’il s’est passé là-bas et à vrai dire, je ne veux pas le savoir, je n’en ai strictement rien à carrer...
- Qu’est-ce que tu vas faire sale porc…
- Franchement Murphy ? J’ai eu pas mal de temps pour penser pendant que vous nous la jouiez escape game dans la jungle. Je me suis dit, pourquoi pas jouer votre jeu et m’occuper comme il se faut de toi après. Après tout, qui viendrait chercher ton corps dans la jungle ? Et j’avoue que le fait de te laisser mourir en sachant que tu laisseras ta pauvre sœur toute seule à l'autre bout du monde était jouissive… »
Il se retourna vers Clarke
« Quant à toi Clarke, je suis désolée mais je vais me voir dans l'obligation de refuser ton accord, mais je vais te proposer autre chose que tu ne pourras pas refuser. Oh ! Et si tu aimes les feux d’artifices, tu devrais apprécier le final. Encore quelques minutes… »
Au même moment, du côté grounders
« Pan ! »
Un bruit sourd vint troubler le silence de la forêt. Fin de la transmission. Raven s’empressa de vérifier son boitier radio et soupira.
« Que se passe-t-il ? » questionna Anya
« On a plus de retour… » répondit laconiquement Raven en commençant à remballer ses affaires.
« Ce qui signifie ? » enchérit Costia. La latina ne répondit pas, mit son sac à dos sur le dos et commença à partir sur le chemin emprunté par Murphy et Clarke.
« On peut savoir ce que tu fais ? »
Anya lui mis la main sur l’épaule qu’elle dégagea aussitôt.
« Lâches-moi… Anya… LACHES-MOI ! »
Elle continua à marcher. Anya a rattrapa et réinsista et la forçant à la regarder.
« Ce qui veux dire que bordel je n’en sais rien, que je ne sais pas si ma meilleure amie va bien ou si ce connard mal luné lui fait du mal, ce qu’il est certainement en train de faire d’après ce qu’on a entendu. On ne sait pas si Murphy est vivant, on ne sait pas si Atom est encore vivant, on ne sait rien putain ! Et si on ne fait rien maintenant, c’est fini ! » explosa Raven les larmes aux bords des yeux.
Elle tourna le dos à Anya pour reprendre son chemin
« Je le savais je n’aurai jamais dû accepter ce plan, l’envoyer avec Murphy c’était une putain d’idée de merde ! » grommela-t-elle dans sa barbe.
« Alors c’est comme ça qu’on règle les problèmes dans votre pays ? On s’exclame, on parle et on n’agit pas ? » questionna Anya en haussant les sourcils. Raven s’arrêta et lança un regard noir à la blonde
« De quoi tu parles ? J’y vais là ! Et c’est toi qui me fait perdre du temps à discuter donc lâche-m… »
« Arrête ! »
Lexa avança vers elle les bras derrière son dos et le regard interrogatif.
« Anya a raison. Tu as un plan ? »
Raven se mordit intérieurement les joues et regarda au sol. A part foncer dans leur base armée d’un canif, non elle n’avait pas vraiment de plan de secours. Mais le seul fait d’entendre cette pourriture de meurtrier agresser Murphy et de ne pas savoir comment allait ses autres amis la rendait malade.
Anya haussa les yeux au ciel.
« C’est bien ce que je pensais, ces skaikru… »
Elle s’éloigna pour donner des ordres à Aden et Costia et laissa Lexa calmer la jeune femme.
« Je peux comprendre ce que tu ressens Mechanik, seulement, nous ne pouvons pas foncée tête baissée… »
Raven roula ses yeux
« Facile à dire pour toi ! Si on arrive trop tard, ce n’est pas toi qui souffrira, tu ne nous connais pas. Vous, vous retournerez à votre petite vie et moi je ferai quoi hein !? Je devrai dire à sa mère que je n’ai rien pu faire ? Je devrai expliquer à son petit-ami que j’ai échoué à la sauver parce que je n’étais pas sûre à 100% du coup ? Que j’ai dû attendre un soi-disant bon moment alors que cette situation n’en a aucune ? Excuse-moi de m’inquiéter et ne pas avoir votre expérience en la matière, mais même si Les US c’est craignos, je ne vis pas tous les jours en me disant que je vais peut-être devoir en découdre avec un sadique sanguinaire et retourner à une vie normale » enraga-t-elle « Enfin, si j’en sors vivante de toute façon » termina-t-elle ironiquement.
Lexa se mordit l’intérieur des joues jusqu’au sang. La colère qu’elle gardait contre Emerson remontait en elle quand elle entendit les accusations de Raven. Ce qu’elle disait n’était pas juste, elle ne la connaissait pas. Mais ça ne servait à rien d’argumenter à ce moment. Raven disait vrai sur un point : plus ils perdaient de temps, plus le sauvetage s’avérerait risqué. Elle remit son masque plein d’assurance en place.
« Nous n’attendons rien du tout. Nous nous préparons à y aller. » Dit-elle en attrapant son épée et en l’attachant à sa taille. « Il est évident que ce n’était pas le signal que devaient nous envoyer Clarke, mais sur un champ de bataille, il est fréquent d’avoir des imprévus. Nous avons laissé une chance à son plan et rien ne nous dis qu’il n’aboutira pas. Nous devons nous y adapter et Klark aussi de son côté. Je ne me fais aucun souci pour elle. »
Raven commença à craquer.
« Comment peux-tu être si confiante ? » dit-elle avec une voix d’enfant
« Leks, Indra et les autres sont prêts, on peut y aller » annonça Costia
« Bien. Raven, reste près de moi. »
Rejoint par une bonne partie des grounders ayant libéré le village des hommes d’Emerson, la troupe se mit prudemment en marche vers le camp où étaient retenus les otages. Ils n’étaient qu’à une centaine de mètres, aussi fallait-il ne pas éveiller les soupçons d’éventuels guetteurs. Des éclaireurs étaient partis sous l’ordre d’Anya afin de se débarrasser d’eux pour ouvrir la voie à un débarquement de masse dans le camp, comme lors de la libération du village. Face à ces armes étranges et fourbes qui déciment en un seul coup, l’élément de surprise s’imposait comme la seule solution pour limiter les dégâts, le corps à corps ne leur servirait qu’en dernière nécessité.
Lexa regarda autour d’elle et imprima les visages de ses compagnons dans sa tête. Comme à chaque fois, certains disparaîtront et viendront accompagner ses nuits sans sommeil. Elle garda à un sourire nostalgique et se retourna vers Raven qui avait gardé le silence depuis quelques minutes.
« Pour répondre à ta question Raiven, je ne suis jamais confiante, parce que ce n’est pas la confiance qui fait gagner des batailles, mais notre capacité à agir et réagir face aux événements. » puis elle ajouta en regardant au loin devant-elle « Aucun plan n’est infaillible. J’ai aussi peur que toi, mais il faut apprendre à vivre avec, s’en nourrir et la dominer, sinon tu n’arriveras à rien. Et j’ai confiance en Clarke pour qu’elle trouve une idée de son côté... »
« Donc tu m’expliques que tu n’as jamais confiance mais que tu as confiance en Clarke. Un peu contradictoire… » glissa Raven avec un sourire en coin.
« Klark-… Elle est différente, elle est spéciale » dit-elle en fronçant les sourcils à la pensée de cette blonde qui avait fait irruption dans sa vie avec un feu en elle qui consumait Lexa par la même occasion.
« Hod op » Anya commanda-t-elle en s’arrêtant.
« Indra prend l’aile ouest avec tes hommes, Gustus, tu prendras le sud et les autres au Nord. Tout ceux qui sont à cheval prennent l’Est, leur entrée est de ce côté. S’ils tentent de s’enfuir, ils seront faciles à rattraper. Kostia, tu seras en charge des archers. Postez-vous et à mon signal, faites pleuvoir.
- SHA !! » répondirent-ils tous à l’unisson.
Impressionnée par le discours, Raven s’était tenue en retrait, mal à l’aise. Ses jours de gameuse étaient révolus. Elle ne jouerait plus à Call of Duty du même œil, c’était d’un autre niveau, et c’était effrayant.
Alors qu’elle s’approchait pour demander qu’elle rôle elle jouerait dans l’offensive, elle aperçut une lueur sur le pont sur lequel commençait à s’engager les grounders. Un petit point rouge qui scintillait par intermittence…
« ANYA, ARRÊTES ! STO- »
Le temps s’arrêta. Tout défila au ralenti. Avant qu’elle n’ait pu terminer sa phrase, une explosion retentit et s’éleva sur plusieurs mètres de haut
Camp d’Emerson, au même moment
« Enfin ! » s’exclama Emerson
Un vacarme étourdissant éclatant non loin d’eux. Clarke se retourna et vit avec horreur un nuage de fumée blanche et rouge s’élever dans le ciel.
« Tu vois Clarke, les femmes sont peut-être plus intelligentes et tu penses peut-être avoir deux ou trois coups d’avances sur moi, mais j’en aurai toujours un de plus sur toi. Et la dernière partie de mon plan est en train de s’accomplir… checkmate. » lui susurra-t-il à l’oreille en tapotant sa joue.
Elle retourna sa tête, livide.
Milles pensés se bousculèrent dans la tête de Clarke, Lexa, Raven, Murphy, Maya, Atom et tous les autres…
Clarke ferma des yeux un instant comme pour arrêter le flot des larmes perlées de poussières et de sang qui descendaient le long de son visage. Quand elle les rouvrit, elle se jura une chose.
Peu importe les conséquences, Emerson allait payer.