
Mauvaises suprises
Raven
Cela faisait maintenant une semaine que Clarke était partie à Tonlé Sap. Pendant ce temps, elle en avait profité pour se reconnecter avec Monty, Miller et Harper mais malgré tout, sa partenaire de crime lui manquait. Elle avait un tas de choses à lui raconter, mais pour le moment, elle devait prendre contact avec le trio pour préparer leur retour sur la base le jour même. Elle s’installa au poste de radio:
« Allo allo, vous m’entendez ? »
Après 5 secondes de grésillement, elle entend une voix féminine lui répondre :
« Oui Raven, Maya à l’appareil.
- Hey ! Alors comment ça va ?
- Tout se passe bien… mais j’ai hâte de rentrer et de laisser le relais à une autre équipe, c’est épuisant.
- Je parie. Bon, on prévoit de vous rapatrier dans la matinée, Atom et un ou deux autres gars viendront vous chercher dans deux heures si ça vous va comme ça ?
- Oui oui très bien, je pense que ça ira, c’est parfait.
- Super ! Désolée de te demander ça mais est-ce que tu peux me passer un peu Clarke ? J’aimerais lui parler d’un truc. »
Silence au bout de la ligne.
« Euh, je ne vais pas pouvoir. Pour l’instant c’est compliqué, Clarke et John sont…occupés.
- Même pour cinq minutes ? C’est un tout petit truc, ça prendra pas beaucoup de temps et ça va la faire marrer je pense.
- Désolée Raven, ils sont à l’autre bout du village et je dois m’occuper de pas mal de choses aussi avant de partir d’ici. Je lui dirai que tu veux lui parler dès que je la vois ok ? »
Raven était clairement déçue mais bon, après tout, attendre deux heures n’allaient pas la tuer. Ce n’était pas de première importance
« Bon ça roule poulette… A tout à l’heure !
- Oui salut ! »
A la fin de la transmission, Raven quitta la tente. Emerson caché derrière la tenture avait écouté l’entière conversation et envisageait déjà la suite de son plan.
Emerson
Deux heures avant qu’Atom ne rejoigne Tonlé Sap. Il est 8h. S’il partait maintenant, il aurait le temps de revenir sans que personne ne soupçonne sa petite escapade. Après tout, il était de garde cette nuit et tout le monde le croyait encore au pieu à cette heure-là, comme d’habitude lorsqu’il était affecté à cet horaire.
Il attendit 5 minutes que Raven soit sortie pour s’éclipser discrètement de la tente de radiocommunication à son tour.
Emerson aimait les feux des projecteurs, mais pour cette mission, il fallait être encore plus discret que d’habitude afin de ne pas laisser de preuves qui pourraient mettre son employeur en mauvaise posture. Sinon, adieu de cachet d’un demi-million de dollars qui l’attendait dès son retour au pays.
Il devait rejoindre Tonlé Sap le plus rapidement possible. Y aller à pied était exclu et la disparition de la Jeep serait trop voyante. Pendant qu’il se promenait en réfléchissant dans une des allées du camp à la lueur de l’aube, il se souvint que la veille, un mécanicien cambodgien était venu d’Angkor en vieille mobylette. Il était encore sur le camp toute la journée pour aider Monty et Raven à monter des installations. Son moyen de transport était tout trouvé. C’était un emprunt risqué mais il n’avait pas d’autres alternatives et son sens du culot avait souvent été payant dans ses missions précédentes.
Il enleva son uniforme de casque bleu afin de passer inaperçu à Tonlé Sap, puis il se dirigea vers la petite remise ou était entreposé temporairement l’engin infernal afin de «l’emprunter» discrètement.
« Et merde ! »
Il y avait du monde à proximité. En s’avançant un peu, il discerna mieux les formes. Un garçon et une fille qui parlaient et étaient en train de s’embrasser. En plissant les yeux, il reconnut la petite doctoresse blonde et le gars de l’informatique. Harper et Monty s’il se souvenait bien. Encore du potin à l’horizon…
Il regarda sa montre. Déjà 8h30. Il devait se dépêcher. Après encore un quart d’heure d’attente, Harper et Monty s’éloignèrent en laissant le champ d’action libre à Emerson qui s’empressa de se saisir de la mobylette et de la traîner à la main en dehors du camp pour ne pas faire de bruit. Une fois sur la piste faisant office de route à travers la forêt, il démarra l’engin à toute vitesse.
Maya
« Dans quelle situation ils me mettent… »
Maya tournait dans sa tente, énervée et inquiète après le coup de fil qu’elle venait de recevoir. Clarke et John n’étaient toujours pas rentrés, elle avait dû mentir à Raven pour leur gagner du temps et elle détestait ça par-dessus tout. Elle espérait que Clarke tiendrait sa promesse et rentrerait avant 10h à temps pour la venue d’Atom. Et pour John, il n’avait qu’à aller se faire voir. Elle n’était pas du genre à s’énerver facilement mais le jeune homme ne les avait pas du tout aidées de la semaine et était désagréable avec elle quand Clarke essayait de la mettre à l’aise parmi l’équipe alors qu’elle ne connaissait personne.
« Allez, c’est pas le moment de ruminer, j’ai des choses à faire. »
Elle sortit de sa tente et pendant une demi-heure, elle alla faire le tour du village pour remercier les habitants de leur accueil. Elle passa voir Nyko qui lui fit un câlin et lui donna quelques plantes médicinales du coin. Depuis toute petite, elle adorait collectionner et recenser les végétaux. C’était une des raisons pour lesquelles elle s’était lancée dans la médecine. Connaître les propriétés des plantes et de savoir que ces petites choses pouvaient soigner des millions de vies la fascinait.
Après avoir remercié Nyko et pris congé, elle se trouva à passer devant la tente étrangement décorée de cette mystérieuse Aiyanah qu’elle avait vue l’autre jour. Celle-ci était en discussion avec un autre villageois. Elle remarqua de Maya la fixait et souria, puis s’excusa auprès de son interlocuteur afin de la rejoindre.
« Et bien et bien, c’est l’heure du grand départ ?
- Il faut croire ! Je voudrais vraiment vous remercier pour votre accueil, vous avez été charmants et généreux pendant cette semaine, c’était un plaisir d’être ici.
- Je vous en prie ! C’était un plaisir et c’est surtout à nous de vous remercier vous et le docteur Griffin pour votre aide auprès de nos blessés. Je pense que Nyko a aussi beaucoup appris à vos côtés et nos enfants feront désormais plus attention à leurs habitudes grâce à vos conseils…
- C’est notre métier ! Mais je suis touchée. Merci à nouveau. Et si vous avez le moindre problème, vous savez où se trouve notre base d’opérations. Vous pouvez venir à n’importe quel moment ou nous recontacter en cas de problème.
- Tout ira pour le mieux j’en suis sûre.
- Bon… »
Maya prit la main tendue par Aiyanah et la secoua pour la saluer. Au contact, Aiyanah tressailli et ses yeux se couvrirent de noir.
Emerson
Cette mobylette était une belle pourriture mais après ¾ d’heures à fond, il avait enfin atteint sa destination. Il laissa sa mobylette aux abords du village et prit un point stratégique sur la colline pour observer la vie du village. Il devait localiser une chose bien précise.
Après 20 minutes d’attente, il observa celle qu’il attendait en pleine discussion avec une vieille femme, puis rentrer seule dans une tente qu’il assumait être la sienne. Il patienta un peu le temps que la rue principale se vide et descendit vers le village.
Maya
Après sa tournée d’adieux dans le village, Maya était rentrée dans sa tente pour préparer ses affaires. Soudain, elle entendit une voix dans son dos.
« Bonjour ?
Maya tressaillit à la voix. Elle ne s’attendait pas à ce que quelqu’un surgisse silencieusement dans son dos.
« Vous m’avez fait peur !
- Désolée, ce n’était absolument pas mon attention. Vous êtes bien Maya Vie ?
- Oui et vous êtes ? »
Maya était suspicieuse. Non pas qu’elle avait quelque chose à reprocher à cet inconnu mais son entrée l’avait mise mal à l’aise.
« Oh oui, désolée de ne pas m’être présentée plus tôt. Je m’appelle Emerson. Nous nous sommes déjà croisés sur la base, je suis un des casques bleus présents pour vous protéger. »
Maya se relaxa un peu à cette nouvelle.
« Oh ! Vraiment désolée, je ne vous avais pas reconnu comme vous avez un peu touts le même uniforme...»
Elle rigola timidement et Emerson lui décocha un sourire charmeur.
« Il n’y a pas de mal. Après votre appel radio, Raven m’a dit de venir un peu plus tôt pour vous aider à préparer le terrain pour Atom. Est-ce que je peux aider à ranger du matériel ? »
Puisque John et Clarke n’étaient toujours pas rentrés, avoir une paire de mains supplémentaire pour l’aider allait lui être d’une grande utilité. Sans le vouloir, Raven lui avait fait un beau cadeau.
« Avec plaisir ! J’étais en train de préparer mon sac. Si tu pouvais t’occuper de plier ces lits médicaux de ce côté » lui dit-elle en désignant le matériel en question «... cela me serait d’une grande utilité.
- C’est comme si c’était fait ! »
Il commença à s’atteler à la tâche qu’elle lui avait désignée.
« Au fait, j’ai fais un petit tour du village avant de venir ici et je n’ai pas vu John. Tu ne sais pas ou il est par hasard ? »
Maya hésita un moment. C’était peut-être le moment de jouer franc-jeu. Elle pouvait mentir à distance avec Raven mais elle ne pouvait pas ôter les suspicions de quelqu’un qui était là.
« Pour tout de dire, il n’est pas rentré depuis 2 ou 3 jours... Je ne saurai pas te dire pourquoi, il n’a rien dit. »
Cela confirmait les suspicions d’Emerson. John ne se serait jamais absenté aussi longtemps au risque de griller sa couverture. Il fallait absolument qu’il découvre ce qui lui était arrivé. Il reprit innocemment son interrogatoire:
« Et Clarke aurait une idée ?
- J’ai vu Clarke hier. Elle n’est pas rentrée cette nuit. Elle m’a dit qu’elle était occupée avec un patient compliqué à transférer au village et qu’elle s’en occupait en forêt depuis 2 jours. Elle ne m’en a pas dit plus mais il est possible que John l’ait rejointe après pour l’aider. Je ne sais pas. Elle m’a dit qu’elle serait ici d’ici 10h. Tu pourras lui demander toi-même.
- Parfait.»
Maya hocha la tête et lui tourna le dos pour se remettre à ses affaires. Soudainement, elle sentit une vive douleur au niveau de son flanc gauche. Elle se retourna lentement. Une dague était enfoncée au niveau de ses côtes. Elle remonta ses yeux vers le manche du couteau responsable de sa douleur, puis vers le possesseur de la main qui était en train de lui ôter la vie. Ce qu’elle vit lui glaça le sang. Elle vit Emerson lui sourire à grandes dents. Il n’avait plus ce masque charmeur qu’il arborait 5 minutes auparavant. Non. A la place se dessinait un visage de sadique, éprouvant un réel plaisir à ce qu’il était en train de lui faire subir.
« Qu’est ce que...
- Vraiment désolé. Ce n’est pas contre toi personnellement mais tu t’avère utile dans la réalisation de mes projets » lui lanca-t-il avec un sourire narquois.
Elle essaya de retirer le couteau mais l’emprise de son agresseur était trop fort. Elle se débattit et essaya de lui asséner un coup de pieds mais il ne broncha pas. Un des ses poings se fracassa sur le nez d’Emerson qui commença à saigner.
« Résistante hein ? »
Il lui enfonça le couteau de plus belle. Elle se sentit lâcher prise et s’écroula. Ses yeux virent aux noirs.
Le corps de Maya gisait dans la tente. Il laissa la dague artisanale utilisée généralement par les villageois bien en évidence à côté du corps et s’éclipsa par l’arrière de la tente une fois son forfait accomplit. Personne ne semblait l’avoir vu rentrer ou sortir. Une chance que cette tente n’ait pas été en plein centre du village. Une fois la forêt et sa mobylette atteinte, il prit son portable. Une partie du job était faite, il ne restait plus qu’à enclencher le reste.
« Alors ?
- Partie 1 lancée. Il n’y a plus qu’à attendre une heure ou deux.
- Des nouvelles ?
- Apparemment, John ne s’est plus montrée depuis 3 jours et l’autre docteur du groupe; Clarke Griffin; s’est elle aussi absentée du village depuis 2 jours.
- Aucune complication ? »
Emerson toucha son nez ensanglanté. Sur ce coup là, elle ne l’avait pas loupé.
« Aucune.
- Bien. Si tout se passe conformément au plan, vous aurez vos renforts prochainement. On s’occupe du reste. Rentrer sur la base et faites vous oubliez pour le moment.»
Raven
Vraiment, elle détestait ces routes cambodgiennes. Ils étaient partis depuis une heure dans cette jeep et elle sentait déjà des bleus se former au niveau de ses genoux avec tous les rebonds du terrain. Elle ne devait pas accompagner Atom au début, mais l’attitude bizarre de Maya lorsqu’elle l’avait appelé l’avait un peu déstabilisé et donné un mauvais pressentiment. C’était aussi une bonne occasion de sortir de la base. Elle n’était pas habituée à rester en place dans un même endroit aussi longtemps et elle commençait déjà à étouffer. Cette petite escapade lui ferait le plus grand bien.
Arrivés, ils descendirent de la jeep accompagnés quelques mètres derrière eux par 2 casques bleus. Ils marchèrent en direction du centre du village
« Et voilà. Bienvenue à Tonlé Sap, ancienne cité des Dieux. A votre droite, vous pouvez observer une magnifique bâtisse antique réservée à la prière. A votre gauche, ce grand arbre aux racines noueuses que vous voyez est l’endroit idéal pour que les couples déclarent leur flamme : il aurait la vertu de solidifier leur amour. Au fonds, nous pouvons observer un petit lac. Il paraîtrait même que quelqu’un ait aperçu un jour le monstre du Loch Ness en sortir... »
Atom prit un air des plus sérieux et emplit de mystère en racontant ça. Il adorait teaser la latina et craquer quelques blagues avec elle.
Raven joua la touriste blasée et fit semblant de croire à toutes les informations mensongères qu’étaient en train de lui conter Atom.
« Oh vraiment ? Tu fais vraiment un bon promoteur de voyage. Dommage que tu ne sois pas à vendre aussi. Quelques filles et garçons seraient prêts à mettre cher à ce que j’ai pu voir...»
Elle faisait référence aux nombreux décrochements de mâchoires de certains quand il jouait les bricoleurs torses-nus sur le camp. Il rigola. Attirer les regards ne le dérangeait pas, il ne se passerait jamais rien. Il était en couple depuis 7 ans avec Sofia et il avait bien la ferme intention de rester longtemps avec elle.
« Malheureusement, je suis inaccessible. Pas de promotion sur ce dossier
- Tu ne connais pas mon niveau de déception à cet instant.
- Causes toujours, on en parle de cette jolie brune que tu as appelée hier soir ?»
Raven roula des yeux. Oui, elle n’avait pas pu s’empêcher de passer appel par Skype à Sasha, cette fille qu’elle n’avait vu qu’une seule fois, lors d’une fête avant leur départ mais à laquelle elle n’arrêtait pas de penser depuis, bien malgré elle.
- On en parlera plus tard. »
Ils étaient maintenant dans le centre du village et Raven commença à noter une agitation autour d’une des tentes. Elle s’empressa de s’y rendre, curieuse.
Elle resta bouche bée. Au centre, Maya était étendue, sans vie. Une vieille femme au-dessus d’elle était en train de lui fermer les yeux et de lui parler à l’oreille.
Le sang de Raven ne fit qu’un tour. Elle partit comme une furie et écarta brusquement les villageois qui étaient devant elle. Derrière elle, Atom qui venait aussi de prendre connaissance de ce qui s’était passé ici était blanc. Il essaya d’arrêter Raven dans son élan car il avait peur de la réaction de la latina.
« Raven, RAVEN!
- Lâches moi Atom ! »
Une fois à proximité du corps, elle se pencha. Elle toucha le cou de la jeune fille pour prendre son pouls. Maya était morte. Des larmes commencèrent à couler le long de son visage. Elle se redressa et regarda agressivement la femme qui avait fermé les yeux du corps quelques instants auparavant et qui tenait un couteau ensanglanté dans sa main. Elle la prit par son col et la souleva :
« Vous là, vous, qu’est ce que vous avez fait hein ???
- Je ne vois pas de quoi vous parlez jeune fille, je-
- Vous vous foutez de moi ? Je suis sûre que vous voyez très bien ce que je veux dire espèce de vieille-
- Raven, arrêtes ! Lâches là ! »
Atom parvint à desserrer l’étreinte exercée par Raven sur la femme. Aiyanah reprit son souffle après cette intervention musclée de la jeune fille.
« Je n’ai rien fait au docteur. Un de mes villageois venait pour la solliciter avant son départ et l’a retrouvée ainsi. Nous venons juste de découvrir... Je suis désolée pour la perte de votre amie.
Atom prit le relais :
- Où sont John et Clarke ? »
Aiyanah garda une position stoïque face à la question du jeune homme. La vérité, c’est qu’elle n’en savait rien. Elle savait leur état (mort pour John) et avec qui Clarke était, mais aucunement où ils étaient en ce moment même.
« J’ai bien peur de ne pas pouvoir vous renseigner à ce sujet...
- Tu vois Atom ! Elle ment ! Elle a le couteau dans les mains... Maya ici et peut-être que John et Clarke sont...»
A la pensée de son amie au sol, les yeux sans vie à la place de Maya, Raven commença à ravaler les sanglots qui se formaient dans sa gorge. Elle ne se sentait pas bien, elle voulait sortir et quitter cette ambiance étouffante.
« Viens par là...»
Atom prit une Raven tremblante dans ses bras et commença à se diriger vers la sortie. Il se retourna et lança un regard noir envers Aiyanah. Il n’était pas tout à fait convaincu de sa culpabilité mais les faits ne jouaient pas en sa faveur. Pour le moment, il devait contacter Wells au plus vite. Les deux soldats qui l’accompagnaient lui et Raven avaient déjà sécurisé les environs de la tente en éloignant les villageois du corps, avaient récupéré l’arme du crime des mains d’Aiyanah et lui avait passé des liens en plastique autour des ses poignets en qualité de potentielle criminelle.
Lorsqu’Atom passa l’appel pour Wells depuis la jeep, Raven était effondrée à l’arrière. Elle écouta les yeux vide d’émotions le message transmis avec l’espoir que Clarke soit en sécurité quelque part.
Dans la forêt près de Tonlé Sap.
Clarke était réveillée depuis près d’une heure. Avant de partir chasser le petit déjeuner, Anya lui avait signifié qu’ils se remettraient en route aux alentours de 9h. Elle s’était déjà occupé de vérifier l’état des blessures de Lexa qui commençait à se remettre doucement et elle commençait maintenant à s’ennuyer sur le camp. Aden et Lexa étaient en grande discussion dans une langue inconnue et d’après leur ton, Clarke sentait que ce n’était pas le moment pour elle de s’immiscer dans leur conversation. Elle regarda sa montre, il était 7h30. Elle avait encore un peu de temps à tuer avant le départ et décida de se consacrer à l’exploration des environs. Il était clair et net qu’elle ne serait jamais de retour à Tonlé Sap pour 10h pour repartir sur leur base. Au retour de sa promenade, il faudrait qu’elle s’isole 5 minutes pour appeler Raven et lui expliquer dans les grandes lignes sa situation.
Elle prit une gourde, la mit dans son sac et se prépara à partir. Lexa arrêta de parler à Aden et se tourna vers la blonde:
« Où vas-tu Clarke ?
- Je vais marcher un peu en forêt me dégourdir les jambes en attendant qu’on reparte
- Oh!... Tu sauras retrouver le chemin ? Je préférai t’accompagner. Ou prends Aden avec toi au moins...»
Lexa commençait à s’agiter. Clarke roula des yeux.
« Relax Lexa... Je vais rester dans les environs. Et j’ai une technique infaillible que quelqu’un de très sage m’a enseignée pour reconnaître mon chemin maintenant : la mousse sur les arbres, ça indique le nord.»
Elle souria à Lexa qui lui répondit également par un léger sourire elle aussi au souvenir de cette phrase qu’elle lui avait prononcée la veille.
« Cette personne a parfaitement raison.
- Tu vois ? Il n’y a pas besoin de s’inquiéter. »
Lexa réfléchissait. Clarke ne savait même pas pourquoi elle attendait l’approbation ou non de la brune. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait, ce n’était pas sa mère et elle n’était pas retenue prisonnière. Pourtant, elle attendait. Elle voulait voir ce que Lexa allait lui répondre, comme un test pour voir quelle confiance la brune aux yeux émeraudes lui accordait.
« Fait attention à toi...
- Pas de soucis. De votre côté, pas de bêtises en mon absence !
- Pourquoi ferions-nous des bêtises ? répondit-elle en fronçant les sourcils
- C’est juste une expres... enfin bref. C’est rien. A tout à l’heure !
- A tout à l’heure Clarke.»
Elle s’éloigna du camp et décida de retourner sur ses pas pour admirer le paysage qu’elle n’avait pas pu admirer la veille à cause du bandeau sur les yeux qu’Anya lui obligeait à porter en marchant. Elle avait cru entendre une cascade et elle voulait aller la voir d’un peu plus près car le paysage étai certainement magnifique.
Après une vingtaine de minutes de marche, elle tomba sur une rivière. Elle se souvint qu’elle avait également du passer un cours d’eau la veille, aidée par Aden. Elle n’était certainement plus loin. Elle décida de suivre le cours de la rivière pour remonter à la source. Mais elle ne s’attendait pas à trouver ce qu’elle s’apprêtait à découvrir.
Après cinq nouvelles minutes de marche, elle déboucha sur une clairière. Au premier regard au loin, elle aperçut une tache brune allongée. Curieuse, elle se rapprocha. Ce qu’elle vit lui glaça le sang : John.
Il n’y avait pas d’odeur, sa mort devait être récente mais la vue de son corps lui donna des sueurs froides et envie de vomir. En tant que médecin en formation, elle avait déjà dû affronter la mort à l’hôpital et on ne s’y habituait jamais. Mais là, c’était un cas différent. John n’était pas un inconnu parmi tant d’autres.
En s’approchant de plus près pour examiner le corps, elle remarqua des marques au niveau de ses poings. Il avait eu l’air de se battre et malgré sa corpulence, il n’avait pas pris le dessus sur son adversaire qui devait être extrêmement fort. Clarke commençait à paniquer. Qu’est ce qui avait bien pû se passer ici ? L’agresseur était-il toujours dans le coin ?
Alors qu’elle commençait à envisager le pire, elle aperçut le pistolet dans la main de John. Théoriquement, ce n’était pas un soldat, il n’avait pas le droit de se promener avec une arme sur le territoire. Doucement, elle lui retira des mains et regarda le barillet. Il manquait une balle.
Son visage devint blanc. Le puzzle se mit doucement en place, mais elle n’arrivait pas à y croire, il lui fallait une autre confirmation. Elle regarda de plus près le corps et remarqua sur ses avant-bras des éclaboussures de sang qui ne provenaient pas de blessures qu’il s’était faites. C’était du sang noir. Et elle ne connaissait qu’une seule personne dans les environs qui possédait cette caractéristique s’était faite récemment une blessure par balle, et cette personne, elle venait juste de la quitter une demi-heure auparavant.
Au siège de l’ONU. USA.
Une heure après l’appel d’Atom, Wells avait remonté le message remonté au siège de Médecins sans frontières. L’organisme avait ensuite transmis cette information au siège de la sécurité des Etats Unis : 1 américaine tuée sur le sol cambodgien 2 autres américains portés disparus.
Le jour même, une réunion était programmée au siège de l’ONU en compagnie des représentants des différents pays pour statuer sur des questions concernant la liberté d’expression dans certains pays.
Marcus Kane; secrétaire à L’ONU; devait s’occuper de gérer ce débat. Il s’avança vers le pupitre et déclara devant l’assemblée réunie :
« Bonjour à tous. Comme vous le savez, nous étions réunis aujourd’hui pour des questions d’importance capitale, cependant, nous allons devoir reporter ces débats temporairement. L’affaire qui nous réunit en ce moment est tragique. Nous venons d’apprendre la mort d’une jeune volontaire américaine et la disparition de deux autres américains lors d’une mission humanitaire de Médecins sans Frontières sur le sol cambodgien. L’affaire étant internationale et touchant un organisme humanitaire à but non lucratif, il est de notre devoir de réfléchir ensemble et décider de la meilleure façon d’agir dans ce dossier...»
Il scanna la salle et après une petite pause, reprit la parole:
« Je suis à votre écoute. »
Et véritablement, il n’avait jamais été aussi à l’écoute de ces gens qu’en ce moment même. Lorsqu’il avait appris la nouvelle de ce drame au Cambodge une demi-heure plus tôt, il avait été touché. En tant qu’américain, il ressentait de la peine pour ses compatriotes là-bas. En tant qu’homme, il était abattu par la mort de cette fille et cette attaque portée contre un organisme cherchant à faire le bien. Pire : en tant que mari, comment annoncer à la femme qu’on aime que sa fille est portée disparue à plus de 10000 km de chez soi et qu’une de ses amies a été sauvagement assassinée ? Il n’en avait aucune idée. L’idée d’affronter la tristesse d’Abby le rongeait à l’avance. Il espérait que rien de grave n’était arrivé à Clarke...
Il essaya de mettre ses pensées négatives de côtés et reprit son rôle. Il regarda en direction de Diana Sydney, l’ambassadrice des Etats Unis à l’ONU. Marcus Kane savait d’expérience que son code moral est très particulier et qu’en tant que femme avide de pouvoir, elle ne recule devant rien et appuie sur les bons leviers pour parvenir à ses fins.
Elle se leva pour prendre la parole.
« Notre pays est directement touché par cet horrible crime perpétré à l’encontre d’une jeune fille innocente. Quant à Clarke Griffin et John MBengue, l’ensemble du gouvernement et moi-même prions pour qu’ils soient sains et saufs à l’heure où nous parlons...»
Une vague de hochement de la tête parsema l’assemblée qui écoutait attentivement la femme.
«...Vous connaissez tous mon positionnement pour la paix et les interventions non violentes. Cependant, je ne peux que penser au reste des membres de la MSF sur place qui doivent vivre dans une peur constante, entourés par cette population violente. D’après nos informations, ce serait même une des villageoises qui aurait porté le coup fatal à cette pauvre fille venue simplement soigner des vies dans ce petit village. Le nombre de casques bleus sur place me semble trop insuffisant pour assurer leur protection, mais je ne demanderai pas de renforts complémentaires de la part de l’ONU car vous savez comme moi qu’ils ont forts à faire ailleurs. Nous en faisons une affaire personnelle. Ainsi, je recommande l’envoi d’une petite troupe de soldats américains habitués à ces situations afin de retrouver le plus rapidement possible nos deux compatriotes disparus et je demande l’autorisation pour ces soldats d’intervenir en cas d’hostilité de la part de la population sur place. Etes-vous d’accord avec moi Arun ?»
Elle se retourna vers l’ambassadeur cambodgien qui était recroquevillé depuis le début de la réunion. Son pays ne pouvait pas se permettre de refuser de travailler avec les Américains sur ce sujet, car les retombées économiques si les Etats Unis venaient à boycotter le commerce avec le Cambodge seraient catastrophiques. Il fallait jouer fin et être diplomate. Il se leva à son tour :
« Je pense que la solution proposée par Mme Sydney est convenable. Vous pouvez espérer une entière collaboration de notre part sur place pour vous aider dans vos recherches. »
Elle hocha la tête puis se retourna vers Marcus qui reprit la parole.
« Bien. L’affaire est entendue. Vous êtes autorisée à déployer une troupe limitée sur place. Je demande à vos deux gouvernements de nous remettre des rapports réguliers afin de faire état de la situation devant cette assemblée. Merci. »
Sur cette note conclusive, l’ensemble des personnes présentes dans la salle se leva et quittèrent la place. Marcus attendit Diana qui était une des dernières à partir. Au moment où elle s’apprêtait à tourner les talons, il lui prit le bras.
« Marcus ? Quelle bonne surprise. A quand remonte notre dernier contact ? Oh ! Avant que tu me plaques pour cette belle doctoresse... comment s’appelle-t-elle déja ?
- Ne joue pas à ça avec moi Diana. »
Il était nerveux et elle s’en amusait.
« J’espère que tu n’as rien à voir là-dedans...
- Voyons Marcus, tu me connais mal ! Tu crois vraiment que je serai assez tordue pour me venger de toi en organisant une conspiration au niveau international ? Chéri, Dieu sait que je t’en ai voulu mais le passé c’est du passé... »
Devant son mutisme, elle continua en baissant la voix :
« Je sais que cette affaire te touche personnellement Marcus. Mais fait attention à ne pas trop t’impliquer, sinon tu pourrais te mettre les mauvaises personnes à dos et perdre ton poste. Tu dois être objectif qu’importe l’affaire. De mon côté, je vais mettre tous les moyens en œuvre pour retrouver ces deux jeunes, je te le promets. »
Sur ces dernières paroles, elle le laissa sur place. Ses talons résonnèrent dans le couloir pendant qu’il réfléchissait à ses paroles.
Elle avait raison. Il était pieds et poings liés dans ce jeu d’échecs politique.
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Après avoir laissé Marcus seul dans ses réflexions, Diana Sydney sortit de l’imposant bâtiment pour rejoindre sa BMW garée sur le parking. Une fois à l’intérieur, elle passa un coup de fil. Il y avait un peu de décalage horaire avec la côte Ouest des Etats-Unis mais elle était sûre que Charles Pike ne serait pas déçu de son appel.
« Diana ! J’attendais ton appel. Comment ça s’est passé ?
- Merveilleusement bien. Tu t’imagines bien que placer les Etats Unis en position de victime nous ouvre pas mal de portes. Je n’ai même pas eu à forcer, le pauvre Arun nous aurait littéralement déroulé le tapis rouge là-bas s’il avait pu pour éviter des représailles de notre gouvernement contre le sien en cas de refus de leur coopération. »
Pike connaissait le talent d’actrice de Diana et même s’il ne l’appréciait guère, en affaires, elle était intraitable comme lui et il pouvait compter sur elle comme une alliée de poids.
« Enfin, j’ai obtenu ce qu’on cherchait. Sous couvert de cette opération, nous avons le droit d’envoyer une troupe réduite de soldats sur le terrain. Je te laisse le soin de me faire parvenir les noms de ta liste de mercenaires dans l’heure afin qu’on leur falsifie leur CV et dès lors, ils pourront agir comme il le voudront sur là-bas, ils ne seront pas inquiéter. Et tu pourra chercher ce que tu veux sans qu’on pose de questions sur leur présence.
- C’est parfait Diana. Mes hommes sont déjà dans l’avion. Ton chèque est en train d’être viré sur ton compte avec tous mes compliments.
- Tu me connais, les affaires sont les affaires. Tu m’enverras une carte aux Seychelles, je pars ce soir. A la prochaine Charles. »
Elle raccrocha.
Tout se déroulait comme prévu. Emerson avait joué finement sur ce coup. En faisant porter le chapeau aux villageois, il renforçait l’idée que la présence de soldats supplémentaires sur la zone était requise pour l’enquête, ce qui donnait à ses hommes tout le temps pour chercher ces maudits plans de pétrole et autres mines de matières premières qu’il espérait trouver dans la forêt. Il ne restait qu’une chose à faire : trouver Clarke Griffin et la garder captive pendant l’opération.