Confiance
Dans la forêt cambodgienne
C’était long. Beaucoup trop long. Elles avaient seulement parcouru 2km en une heure et demi. Lexa ne pouvait pas aller plus vite et Clarke devait faire des pauses régulières pour la réhydrater afin d’empêcher sa température corporelle de grimper. Elle voyait le sang commencé à coaguler sur le pantalon de Lexa au niveau de la cuisse, même si sa couleur se fondait dans la couleur noire du tissu. Clarke sentait que la prise de Lexa autour de ses épaules s’affaiblissait à chaque nouveau pas. Elle ne savait pas combien de temps la brune pourrait tenir à ce rythme et elle était inquiète de voir qu’il restait encore 1km à faire. Elle devait faire quelque chose rapidement pour améliorer son état.
Elle marcha encore quelques mètres et se retrouva face à un petit cours d’eau. Marcher dans la forêt avec quelqu’un à porter à moitié était déjà compliqué, mais là elle se voyait mal travers un cours d’eau glacial avec du torrent et avec Lexa. Et il était absolument exclu qu’elles traversent sur le tronc glissant qui faisait office de pont. Elle ne voyait qu’une seule solution. Elle enleva le bras de Lexa qui était enroulé autour de ses épaules et l’aida à s’asseoir sur un rondin.
« Nouveau plan. Tu restes là et moi, je vais rejoindre le village le plus rapidement possible pour ramener de quoi te soulager et demander de l’aide pour te ramener là-bas. Toute seule, je vais avoir du mal…
- Je suis trop lourde ?
- Ce n’est pas le moment de plaisanter Lexa… nous n’avons pas beaucoup de temps.
- D’accord, parlons sérieusement. Je ne préférais pas aller au village Clarke.
- Et pourquoi ?
- Je ne peux pas être vue là-bas »
C’était une demi-vérité. Il n’y avait aucun problème à ce que Lexa se promène dans TonDc en temps normal, mais il était absolument exclu qu’elle s’y présente dans cet état, « blessée ». En temps normal également, les blessures reçues au combat sont un symbole fort, une fierté pour les valeureux guerriers qui se sont sortis de l’étreinte de la mort et Lexa suivait ce raisonnement aussi. Mais actuellement Lexa ne retirait aucune fierté et éprouvait plutôt de la honte de s’être fait piéger par cet homme au fusil et de devoir porter cette marque infamante dans la cuisse pour le reste de sa vie. Son statut de Nightblood demandait à Lexa de se montrer forte en toute circonstance : la moindre faiblesse pouvait être retenue et retournée contre elle dans le futur si elle venait à monter sur le trône. Il n’y avait donc aucune chance pour qu’elle veuille montrer cette blessure à quelqu’un d’autre en dehors de Clarke, ce qui avait peu de chance d’arriver si elle rentrait à TonDc, car les yeux traînent partout et les rumeurs circulent vite.
« Tu es recherchée par quelqu’un ? » Clarke commençait à s’impatienter, mais il était possible que l’agresseur de la brune soit au village après tout. Elle ne voulait pas risquer sa vie en lui ramenant Lexa sur un plateau d’argent.
C’était l’alibi parfait pour Lexa.
« On va dire ça.
- Ok. Je vais faire le plus vite possible. »
Elle était approximativement à moins d’un kilomètre du village. Cela ne lui prendrait pas beaucoup de temps, à condition de ne pas se tromper de chemin. Elle déposa les objets présents dans son sac à côté de Lexa afin qu’elle puisse le remplir de nouveau au village. Elle sortit enfin la montre de son père, la toucha et la regarda tristement. Depuis le temps, elle en connaissait chaque rayure, chaque micro détails. Elle la confia à Lexa. Quand elle prononça sa phrase, sa voix était rauque, avec un sanglot coincé au fonds de sa gorge :
« Gardes-la précieusement s’il te plaît. Elle compte beaucoup pour moi donc je te promets que je serais de retour et je ne t’abandonne pas. »
Lexa observa la montre très abimée et qui ne marchait plus contrairement à celle que Clarke portait au poignet et acquiesca.
« Bien, je reviens tout de suite Ne bouges pas de là!
- Je voudrais bien… mais pour aller où ? » lui répondit Lexa en montrant sa jambe d’un air malicieux.
C’est pas vrai ! Pourquoi fallait-elle qu’elle soit comme ça…
« Peu importe ! »
Lexa sourit en voyant la blonde mi-enragée, mi-amusée s’en aller en courant en direction du village, puis elle reprit une expression neutre.
« Vous pouvez sortir… »
Dès que Lexa eut prononcé des mots, Aden et Anya sortirent de leur cachette. Lexa n’était pas dupe. Cela faisait une bonne heure qu’elle avait vue qu’ils les suivaient, mais elle n’avait pas ressenti le besoin de leur faire appel. Il n’y en avait pas la nécessité, Clarke ne présentait pas une menace envers elle. Pour l’instant.
Anya s’approcha d’elle le regard réprobateur et avec un sourire moqueur
« Et bien t’es belle, heureusement qu’Aden est venu me chercher, je n’aurai loupé ce spectacle pour rien au monde. Et quel talent de simulation !
- La ferme Anya… Et la douleur est réelle. » répondit Lexa du tac au tac en roulant les yeux au ciel. A côté d’elle, Aden essayait de réprimer le rire qui se formait dans sa gorge, mais il ne souhaitait pas que Lexa l’interprète mal. En tant qu’apprenti de Lexa, elle lui ferait certainement payer dans une future séance d’entraînement. Il s’abstint donc de tout commentaire et laissa Anya reprendre le fil de la conversation.
« Moi aussi, je suis contente de te voir » lui flasha son mentor avec un clin d’œil. Puis de parler sérieusement. « Aden m’a brièvement expliqué ce qui s’est passé. Qu’en est-il de l’autre homme ? »
Les yeux noirs, Lexa laissa
« Em gonplei ste odon. » (Son combat est terminé)
Anya approuva, satisfaite.
« Sha. Bien. Et la blonde ?
- Clarke.
- Si tu veux… Elle est dans le coup ? Que fait-on d’elle ?»
Lexa savait pertinemment ce que sous-entendait Anya par cette question. Ils devaient se débarrasser de Clarke sous peu pour préserver leur existence secrète aux yeux du monde. La laisser en vie, c’était courir le danger qu’elle divulgue leur présence ici, bien que Lexa ne vît pas trop ce que Clarke aurait à y gagner et d’ailleurs, la blonde ne connaissait rien d’eux, à part le peu qu’elle lui avait raconté sur leurs croyances et les Nightbloods.
Elle n’avait eu aucun problème à éliminer John, car il s’était montré hostile et dangereux dès le début, mais pour la blonde, c’était une autre histoire. Plus Lexa passait du temps avec elle, plus elle sentait que Clarke n’avait rien à voir avec l’autre homme, qu’elle était un pion dans le jeu d’une plus grosse machine qui tournait autour d’elle sans qu’elle s’en rende compte. De plus, elle cherchait véritablement à aider Lexa à se remettre sur pied. Elle ne pense pas que Clarke simulait son inquiétude ou ses compétences de médecins.
Surtout, elle souhaitait que la blonde continue à sourire autour d’elle. Elle respirait la vie et Lexa appréciait cette compagnie enthousiaste, moqueuse et la franchise dont elle faisait preuve, sans se soucier de remettre Lexa en question. Bien entendu, c’est une raison qu’elle ne dévoilerait sous aucun prétexte à Anya. Elle décida d’opter pour une réponse tactique pour faire accepter l’idée à son mentor de toujours.
« Elle peut nous être utile vivante.
- Vraiment ? » Anya haussa ses sourcils, croisa ses bras et exprima son dédain à l’idée.
« Je n’ai pas réussi à garder l’homme vivant assez longtemps pour obtenir des informations. Ce que je sais, c’est qu’il avait toujours le même rituel. Il quittait le village tôt à l’aube et partait en forêt. Il creusait. Inspectait les lieux. Prenait quelques notes. Je ne pense pas que ses recherches ont donné quelque chose jusqu’à hier.
- Que s’est-il passé ? »
Aden prit le relais
« Il semble avoir trouvé quelque chose près de l’ancien monument sacré. Il a creusé et agité une machine bizarre au-dessus » expliqua-t-il en décrivant l’appareil photo.
- Sha Onya. Tout ce que j’ai pu retirer de lui, c’est un carnet et cette curieuse machine ».
Elle sortit l’appareil photo. Anya lui prit des mains et commença à l’inspecter sous toutes les coutures puis soupira en lui rendant la machine.
« Je ne suis pas convaincue Lexa… »
Alors que Lexa s’apprêtait à argumenter, Aden et Anya se mirent en position de combat. Les feuilles bougeaient derrière eux.
Lexa distingua la chevelure si caractéristique qui sortait du bosquet.
Clarke était de retour.
A Los Angeles, au 30e étage de Farm Inc.
« Ok Thelonious, dis-moi ce qu’on a jusqu’à maintenant.
- J’ai fait comme tu m’as demandé. J’ai demandé à notre équipe logistique d’activer la balise présente dans la chemise de John. Il n’a pas bougé depuis 24h. Il se situe en pleine forêt, à 300m du village où son groupe a été envoyé par la MSF. On ne présume de rien pour le moment. Il peut se cacher, être blessé ou…
- Mort tout simplement…
- C’est une option plus que plausible en effet vu le terrain sur lequel il a été envoyé. »
Pike soupira. Le temps jouait contre lui. Hier encore, un de ses espions avait rapporté qu’une firme concurrente commençait à s’intéresser au marché cambodgien des matières premières. Pur hasard du calendrier ou bien y avait-il une taupe au sein de son conseil d’administration ? Il n’avait pas le choix. Il ne voulait pas en venir là, mais dans ce milieu, c’est mordre en premier ou se faire mordre.
« Plan B : contactez notre deuxième homme sur le terrain et dites-lui de sortir de son hibernation, il va devoir agir rapidement. Et prévenez Murphy qu’il décolle dans une heure avec douze hommes de confiance de son choix. Il recevra son ordre de mission là-bas.
- Bien. »
Il s’apprêtait à quitter la spacieuse salle de réunion quand il se souvint de quelque chose :
« Oh, eh, Charles ?
- Oui ?
- Tu te souviens de Finn Collins ?
- Ton assistant ? Celui que tu m’as présenté l’autre jour ?
- C’est ça. Au détour d’une conversation avec lui, j’ai appris que sa petite amie est actuellement au Cambodge en mission humanitaire. Je te laisse deviner où…
- Le monde est petit. » ironisa Charles Pike
« Je ne te le fais pas dire. Son nom est Clarke Griffin. Elle est présente dans le village où John a été envoyé. Elle fait partie de l’équipe en compagnie d’une certaine … Maya Vie.
- Où veux-tu en venir ? Tu veux que je lui donne des congés et que je lui offre une croisière là-bas pour qu’il aille la retrouver ?»
Jaha croisa ses mains derrière le dos et commença à marcher lentement vers le bureau de Pike. Après 30 secondes de silence, il se posta de manière théâtrale et reprit l’idée qu’il avait eue en tête au moment où son assistant avait lâché l’information innocemment.
« Presque. Je pense qu’il pourrait être intéressant de l’envoyer avec Murphy. Cette Maya ou cette Clarke sont peut-être au courant de quelque chose par rapport à John… une disparition de plus de 24h va forcément attirer l’attention et elles vont devoir faire remonter l’information à leurs supérieurs. Je pense que si Finn va là-bas, il peut facilement obtenir des informations en passant par sa fiancée alors que si on attend que le groupe d’intervention trouve John, cela peut prendre plus de temps et entre-temps, l’information sera remontée au siège de la MSF. Si ça arrive, on sera dans la merde : la zone sera bouclée et on ne pourra plus agir…
- Et quelle raison justifiera sa présence là-bas auprès d’elle ?
- C’est un grand romantique… Pas difficile à inventer une raison : Il dit avoir pris une semaine de vacances parce qu’elle lui manquait et que ça le rassurerait de voir dans quelles conditions elle travaille là-bas… blablabla. Je peux me charger de lui donner un petit discours tout fait sans problèmes. »
Pike essaya d’envisager deux secondes ce plan. Evidemment, ce serait l’idéal, mais cela n’était pas sans risques.
« Thelonious… C’est un petit gratte-papier, pas un homme de terrain… Il serait capable de tout faire foirer. De plus, cela reviendrait à montrer l’implication de notre entreprise dans une mission extérieure non-officielle sur un terrain étranger si Finn balance volontairement ou malencontreusement l’information à sa copine. Non, je ne préfère pas. Par contre, tu me donnes une idée, j’ai un autre plan pour lui. Je vais le garder en atout. Et j’ai un autre joker.
- Comme tu voudras. »
Dans la forêt cambodgienne, près de TonDc.
Il était absolument impératif qu’elle retrouve son chemin. Elle avait donc décidé de tracer des marques à intervalles réguliers sur plusieurs troncs d’arbre sur le chemin qui la séparait de Lexa et du village. En arrivant à proximité, elle décida de passer par un endroit peu fréquenté. Elle se fichait d’être vue par des villageois qui la voyaient maintenant aller et venir depuis une semaine, mais elle ne voulait pas croiser Maya ou John maintenant, car ils voudraient avoir des explications concernant son absence sur le camp depuis hier et elle n’avait pas le temps de leur en fournir. A la place, elle décida qu’elle allait laisser un petit mot sur le lit de Maya pour lui dire de ne pas s’inquiéter et qu’elle serait de retour au plus tard le lendemain matin. Après avoir écrit la note, elle passa dans la tente de Nyko pour reprendre ses affaires et du matériel dont elle aurait besoin pour Lexa. Bien qu’elle adorait passer du temps avec Nyko, pour son plus grand bonheur, il n’était pas là et était sorti manger. Ce qui n’empêcha pas Clarke de se dépêcher. Elle s’apprêtait à quitter la tente quand elle vu un mouvement près de la porte d’entrée.
« Clarke ?
- Hey … Maya… »
Le manque d’enthousiasme qu’elle avait mis dans sa réponse n’avait pas été remarqué par Maya, trop surprise de la voir ici.
« Oh bon sang, j’étais inquiète ! Où est-ce que vous étiez passé enfin ? Pourquoi êtes-vous partis subitement ?
- Vous ? »
Maya était confuse
« Eh bien John ! »
John ? Qu’est-ce qu’il avait à faire dans cette histoire ? se demanda Clarke
« Comment ça John ?
- Il a disparu en même temps que toi hier. Il n’est pas avec toi ? »
Le visage interrogatif de Clarke parlait pour lui-même. De toute évidence, la réponse était non. Et Clarke s’en préoccupait assez peu pour le moment, elle avait d’autres chats à fouetter. Une brune têtue en l’occurrence. Et le temps pressait.
« Ok, écoutes, Maya, je suis vraiment désolée mais il faut que je reparte…
- Où ça ?
- Pas loin, mais je ne peux pas te dire.
- Et qu’est-ce que tu vas faire là-bas ?
- Faire mon job. Je t’assure, je ne prends pas des vacances… J’ai une patiente en rechute suite à une chirurgie qui attend que je revienne pour lui administrer des soins … C’est pour ça que je suis revenue prendre ma trousse » Elle lui agita sa petite sacoche rouge sous le nez
« Admettons. Et pourquoi tu ne la ramènes pas là au lieu de faire des allers et retours ? Tu sais que j’étais à deux doigts de prévenir Wells… je me faisais un sang d’encre ! »
Clarke soupira. Maya était suspicieuse, c’était prévisible et normal. Elle détestait cacher des choses, mais elle n’avait pas le choix. Lexa avait insisté pour que Clarke ne révèle rien à son sujet même si elle n’était pas dupe. Il y avait une autre raison derrière le refus de Lexa de retourner ici. La brune tenait à protéger sa vie privée apparemment et si ça lui tenait à cœur, alors Clarke respectait ça. Bien qu’elle ait une furieuse envie d’apprendre à mieux connaître cette intrigante étrangère perdue dans les bois. Mais ça, elle ne pouvait pas le dire non plus à Maya.
« Secret médical ?
- Tu joues cette carte ? Vraiment ?
- S’il te plaît Maya, je ne te demande que quelques heures de délais… je t’en prie… Après, tu pourras contacter Raven comme tu veux, mais je dois partir maintenant. »
De voir Clarke aussi suppliante fit naître des interrogations chez la jeune fille en face d’elle. Pourquoi tant d’insistance ? Qu’y avait-il de si important dans la forêt qu’elle ne pouvait pas lui dire ? Maya avait toujours été très curieuse et cette situation l’intriguait encore plus, mais elle décida de ne pas pousser Clarke qui était « visiblement » très pressée. Elle lui demanderait de plus amples explications à son retour et elle ne pourrait pas y échapper.
« Ok… mais à 10h demain matin, si tu n’es pas revenue, je les contacte ok ? On part à 18h pour être de retour de bonne heure là-bas. J’espère que John va aussi repointer le bout de son nez »
Elle souria à Clarke qui était soulagée de sa réponse.
« Merci Maya, tu es vraiment une amie… je suis vraiment désolée de na pas pouvoir te l’expliquer, mais je te revaudrai ça…
- Ce n’est vraiment rien… prends soin de toi, à demain ! »
Après réussi à convaincre Maya, Clarke reprit le chemin de la forêt. 10 minutes de sprint après, Elle commençait à reconnaitre l’endroit où elle avait laissé Lexa. A bout de souffle, elle commença à ralentir le pas quand elle s’aperçut que Lexa n’était plus seule. Avec elle, il y avait un jeune homme blond que Clarke semblait reconnaitre comme étant son voleur de sac et une autre femme plus âgée dont on distinguait les cheveux blond foncé sous une fine couche de poussière de terre.
Elle s’approcha doucement et se cacha derrière un bosquet. Etait-ce des amis de Lexa ou des ennemis ?
Elle souhaitait les observer afin de se faire un avis, mais c’était peine perdue. A peine s’était-elle mise en position que les deux inconnus s’étaient retournés vers l’endroit où elle était, comme s’ils avaient senti sa présence. Pourtant, elle croyait avoir été silencieuse. Elle avait toujours été une des meilleures à cache-cache dans sa jeunesse. Il faut croire qu’elle avait perdu l’habitude ou que ses deux-là avaient des capacités hors du commun.
Elle décida de sortir et d’affronter la situation, quel qu’elle soit.
« Lexa ? Ca va ?
- Tout va bien Clarke, tu peux approcher, ils ne te feront rien »
Rassurée, Clarke s’avança prudemment et passa à côté de la blonde. De près, elle était encore plus impressionnante. Elle avait des traits marqués et de fines cicatrices couvraient ses avant-bras nus. Elle arborait également un curieux maquillage, détail qu’elle avait aussi remarqué sur Lexa mais dont elle n’avait pas demandé la signification.
« J’ai quelque chose sur le visage Sky girl ?
- Non non tout va bien ».
Lexa roula ses yeux devant le surnom qu’Anya avait donné à Clarke.
Clarke ne savait pas pourquoi, mais elle sentait la femme plus âgée très hostile à son égard. Le jeune garçon à ses côtés qui devait avoir tout au plus 14 ans ne parlait pas, mais regardait affectueusement Lexa. Elle se demandait quel pouvait être le lien unissant ces trois personnes mais elle sentait que l’heure n’était pas à la discussion. Elle se pencha vers Lexa pour lui refaire ses bandages et lui chuchota :
« Pourquoi elle m’appelle Sky girl ?
- Parce que tu es venue ici à bord d’un… hum… oiseau géant de métal. »
Un oiseau géant de métal ??? Oh !
« Tu veux parler de l’avion ? » Lexa approuva.
« D’accord. »
Clarke réprima un sourire. Cette appellation était mignonne et la tête pensive de Lexa quand elle avait essayé de trouver cette expression n’était pas moins mignonne.
« Ok, ça devrait tenir mais…
- Merci, on prend le relais. Tu peux retourner au village. » coupa sèchement Anya.
Ok donc ce n’était pas une impression, cette femme ne l’aimait vraiment pas. Elle décida de conserver une attitude cool. C’était tout elle. Etre cool face à des gens agressifs.
« Pardon, mais avec tout le respect que je vous dois, j’aimerais pouvoir suivre l’évolution de sa blessure. Je suis médecin ici, c’est mon travail. Vous êtes sa … sœur peut-être ? »
Elle essayait de comprendre pourquoi cette femme refusait son aide. Si Lexa avait été mineure, elle aurait eu besoin de l’accord d’un des membres de sa famille pour pouvoir continuer les soins, mais dans ce cas-ci, même si la blonde était sa sœur sur protectrice, c’était à Lexa de choisir ce qu’elle voulait et non à elle.
« Tu n’as pas besoin de le savoir. Aiden, on part. »
Cette Clarke commençait à l’énerver. Elle lui laissait la vie sauve parce qu’elle avait aidé Lexa à aller mieux. C’était déjà un exploit, mais malgré tout son self-control, elle commençait dangereusement à perdre patience.
Anya tenait évidemment énormément à la jeune femme qui avait débarqué dans sa vie une dizaine d’années plus tôt quand elle l’avait recueilli après le meurtre de ses parents. Lexa était très taciturne et avait mis beaucoup de temps à s’ouvrir. De son côté, Anya essayait de faire des efforts, mais la discussion, ce n’était pas forcément son truc non plus. Au final, elles avaient réussi à apprendre à se faire confiance et une véritable amitié entre elles était née au fil des années.
Depuis qu’elle avait découvert que Lexa était une Nightblood, elle s’était immédiatement positionnée auprès de leur ancien Commander pour entraîner Lexa en qualité de second, car elle sentait en elle un énorme potentiel. Les heures passées dans les arènes et sur le champ de bataille lui donnaient raison. Elle voyait en son élève la carrure d’une potentielle dirigeante, quelqu’un qui ferait de grandes choses pour son peuple. Il ne ferait aucun doute que si Lexa devait un jour participer à un conclave, Anya miserait tout sur sa victoire finale, car elle avait foi en elle et ses capacités intellectuelles et physiques.
Alors évidemment qu’elle voulait le meilleur des médecins pour Lexa ! Seulement Aden et elle devait ramener Lexa de toute urgence à la capitale afin qu’elle puisse faire son rapport de mission auprès de leur Heda. Et dans cette équation, Anya ne pouvait pas se résoudre à inviter Clarke au voyage, car cela reviendrait à faire rentrer à Polis une étrangère dont elle ne connaissait rien et dont elle ne connaissait pas le niveau de dangerosité. Elle préférait faire une halte sur leur route auprès d’un village et demander à un de leurs guérisseurs d’examiner Lexa.
Aden avait tout de suite compris ce qu’Anya lui demandait. Il s’avança pour proposer à Lexa de s’appuyer sur son épaule, mais Clarke lui barra le chemin.
« Hors de question.
- Clarke…
- Elle ira très bien. Nous prendrons soin d’elle.
- Oh vraiment ? J’ai l’impression que peu de personnes ici sont capables de s’occuper de quelqu’un blessé par balle, mais peut être que je me trompe dis-moi ?
Fait attention à toi … » Anya approcha sa main de sa ceinture pour en retirer une dague et attrapa Clarke pas son col. Les insinuations de la blonde commençaient sérieusement à l’agacer et elle décida qu’il fallait en finir tout de suite.
« Onya ! »
Lexa était furieuse par la tournure que prenait cette situation et le ton sur lequel elle avait crié le nom de son mentor ne laissait aucun doute sur ce sentiment.
Anya switcha de langue et commença à parler dans leur langue natale.
« Ne te mêle pas de ça, je prends la meilleure décision pour nous tous.
- Onya, je réponds d’elle. Si elle avait voulu me tuer ou me soutirer des informations, elle l’aurait fait quand j’étais au plus mal, bien avant que tu arrives.
- C’était déjà une chance que je lui offre la possibilité de repartir vivante, mais apparemment, elle ne sait pas tenir sa langue et ne sait pas prendre sa chance… »
Sur ce, elle prit sa dague et l’appuya dans le cou de Clarke qui commençait à paniquer. Elle aurait voulu crier, mais sa bouche était sèche.
Ok… qu’est-ce qu’il se passait là ? Elle ne comprenait absolument rien à la discussion qui était en train de se dérouler devant elle. D’accord, elle avait peut-être été un peu présomptueuse de se vanter sur ses qualités de médecin par rapport aux amis de Lexa, mais là c’était un peu extrême… Quelle ironie… elle était venue ici pour sauver des vies et au final, ce pays et cette rencontre avec Lexa lui causeraient sa perte…
Elle essaya de se défaire de l’étreinte d’Anya mais rien à faire, la grande blonde était solidement campé sur sa position et la tenait fermement. Elle ferma les yeux.
Après 30 secondes de silence, elle ouvrit un œil et s’aperçut que Lexa s’était redressée et menaçait à son tour Anya avec une dague dans le dos. Sans se retourner, Anya lui intima un ordre clair :
« Rappelle-toi ta place Leksa.
Tu ne me laisses pas le choix. C’est toi qui m’as appris à faire confiance à mon instinct et mon instinct me dit qu’elle nous sera utile. Ait confiance en moi.
Il était très rare, même pour Anya de voir Lexa lui demander quelque chose. Et à en voir ses yeux, sa décision était ferme. Et si cela ne suffisait pas, Aden commençait aussi à s’y mettre
« Onya. C’est Aiyanah qui m’a dit de trouver Clarke et de la ramener vers Lexa plutôt que Nyko. Je ne pense pas qu’elle ait pu voir en elle une menace…
- Umpf… ».
Anya savait qu’elle n’aurait pas raison avec ces deux-là, aussi têtus l’un que l’autre. Et si sa mère aussi ne voyait rien de répréhensible chez cette Sky girl, alors « peut-être » qu’elle pouvait elle aussi se montrer moins tendue à son égard.
Elle relâcha Clarke et avec un mouvement du poignet, retourna aussi rapidement qu’il était sorti le couteau dans sa ceinture.
Clarke avait le souffle coupé et toussa pendant plusieurs minutes en s’appuyant sur un arbre. Concernée par la jeune femme, Lexa s’appuya sur l’arbre à côté d’elle pour venir prendre de ses nouvelles et posa sa main sur son épaule.
« Tout va bien Klark ? »
Ce n’était pas vraiment ce que Clarke emploierait comme expression, mais elle n’allait pas laisser éclater sa frustration face à celle qu’il l’avait sauvé de cette situation.
« Merci Lexa de m’avoir défendu…
- C’est normal »
Elle sentait et elle voyait que Clarke était touché. Elle essaya de la rassurer
« Anya n’est pas mauvaise. C’est simplement qu’elle peut se montrer… protectrice et têtue... » Comme une certaine personne en face de moi pensa Clarke «… elle ne te fera rien, tu peux avoir confiance en elle et en moi, je te le promets… si tu du moins tu souhaites toujours nous accompagner pour être mon fisa personnel ?
- fisa ?
- Guérisseur Klark.
- Oh ! »
Elle ne savait pas ce qu’était cette langue, mais elle adorait comment elle sonnait dans la bouche de Lexa, et d’Anya aussi un peu plus tôt, même si elle se doutait que les mots échangés n’avait pas forcément été très tendre et que la situation avait légèrement refroidi sa volonté initiale de suivre « médicalement parlant » Lexa.
Pourtant, sa curiosité prenait le dessus. Lexa lui avait assuré que cette Anya ne lui ferait rien de mal et bien qu’elle ait un peu (beaucoup) de doutes, elle voulait essayer de la croire.
Et au pire des cas, si elle n’était pas de retour demain à 10h comme Maya lui avait signifié, elle contacterait la base elle-même avec le talkie-walkie qu’elle avait récupéré dans sa tente en rentrant au village un peu plus tôt. Si la situation à la base n’était pas critique et qu’Harper, Wells, Maya et les autres pouvaient s’occuper du reste, elle pourrait toujours essayer de négocier avec Wells pour rester un peu plus longtemps au chevet de la brune.
Elle décida de répondre avec humour à Lexa afin de la rassurer son état :
« Oui Lexa, je souhaite être ton fisa, jusqu’à ce que cette blessure nous sépare »
Lexa souria devant l’impertinence de Clarke. Au moins, elle n’avait pas perdu son tempérament.
« Bien. En revanche, je vais devoir te mettre un bandeau sur les yeux. Ce n’est pas contre toi, mais l’endroit où nous allons doit être tenu secret… »
Si Raven avait été dans cette situation, Clarke aurait parié toutes ses économies que son amie aurait fait une allusion au sexe avec cette histoire ridicule de bandeau. Lexa servait ça sur un plateau d’argent, c’était presque trop facile. Elle rigola intérieurement.
« Je ne suis plus à ça près, vas-y.»
Anya attendait à l’écart de voir si Clarke se décidait à venir finalement et apparemment d’après les sourires qu’elles voyaient sur les visages des deux filles, Lexa avait réussi à avoir ce qu’elle voulait. Cette blonde devait vraiment avoir quelque chose de spécial pour que Lexa qui avait mis si longtemps à s’ouvrir avec elle, accorde en moins de deux jours à cette Sky girl une telle confiance. Elle ne manquerait pas de lui demander pourquoi quand elles seraient seules toutes les deux.
Pour l’instant, il fallait organiser leur retour sur Polis. Il était prévu qu’Indra et le reste de son groupe de guerriers lèvent leur camp dans la forêt le lendemain, une fois sûre que chacun des étrangers établis au village durant cette semaine soit bien parti. Mais en ne voyant ni l’homme maintenant mort, ni Clarke partir, Anya était sure qu’Indra déciderait de passer un peu plus de temps à observer la situation du village. Il faudrait qu’elle lui envoie un messager dès qu’elle serait de retour à Polis afin de la rassurer sur le non-départ de Clarke et du jeune homme qui l’accompagnait, car comme elle, Indra avait assez peu foi dans les étrangers.
Anya commença à donner des directives.
« Aiden, comme Clarke aura les yeux bandés pendant le trajet, tu la guideras, tu seras ses yeux.
- Sha. »
Pendant qu’Aden préparait Clarke, Anya s’éloigna d’eux deux pour rejoindre Lexa, toujours appuyée contre l’arbre où elle était avec la blonde quelques minutes plus tôt.
« Je suis désolée Leksa… je n’aurai jamais voulu en arriver là avec toi... J’espère simplement que tu as raison. »
Lexa savait que c’était la façon très protectrice, bien que bizarre d’Anya pour montrer qu’elle tenait à elle et qu’elle ferait tout pour la protéger, elle et son peuple. Elle ne lui en tenait pas rigueur. Et ce n’était pas auprès d’elle qu’il faudrait qu’Anya s’excuse, mais plutôt de Clarke, car d’après son expérience, elle doutait fortement que les manières parfois « brutales » de son peuple passent très bien auprès des étrangers. Elle soupira.
« Je l’espère aussi. »
30km plus au Nord, sur la base
La nuit commençait à faire son apparition.
Une nouvelle journée sans nuages s’était déroulée sur la base : Wells et Harper se relayaient non-stop pour prodiguer les soins aux blessés et aux infectés, Roma et Miller se concentraient sur leur mission de préventions et d’éducation auprès des plus jeunes, quant à Monty et Raven, ils étaient en train de fignoler les dernières installations électroniques qu’ils leur serviraient pendant les 6 mois à venir. Pour sa part, Atom, ne chômait pas non plus et courrait toute la journée aux quatre coins du camp pour aider chaque membre dans leurs tâches.
A l’extérieur, les quelques soldats de l’ONU détachés sur la mission continuaient d’effectuer des rondes autour du camp. L’un d’eux s’approcha de la tour de guet proche du portail d’entrée et harangua son collègue.
« Tu vas pouvoir y aller, c’est à mon tour de prendre la relève. »
A cette parole, l’autre casque bleu se retourna et regarda en bas de la tour avant de descendre les escaliers. Une fois en bas, il souffla sur ses mains pour les réchauffer.
« Ah merci ! Je commençais à cailler. C’est Jackson qui prend le prochain tour ?
- Ouais c’est ça.
- Super. Allez, bon courage mon pote. »
Sur ces dernières paroles, le soldat s’éloigna en baillant. L’homme qui avait pris sa relève soupira et commença à grimper les escaliers. Une fois en haut, il s’attela à surveiller l’horizon. Après une dizaine de minutes où il s’assura que personne n’était en vue à l’extérieur du camp comme à l’intérieur, il sortit son portable. Un message demandant de rappeler au plus vite. Ils auraient pu lui laisser un texto, ç’aurait été plus rapide. Mais il se rappela que son employeur était très secret et ne voulait certainement pas laisser de trace écrite. Ne dit-on pas d’ailleurs que les paroles s’envolent et les écrits restent ?
Il composa le numéro. Le téléphone décrocha au bout de la deuxième sonnerie.
« J’attendais votre appel »
On se croirait dans un mauvais film d’action. L’homme s’impatienta.
« Bah c’est fait. Allez-y…
- Nous avons un nouvel ordre de mission pour vous. Fini la phase d’observation. Vous allez prendre le relais de John sur le terrain. Nous n’avons plus de nouvelles de lui. Au dernier pointage et selon son signal GPS, il se situerait au Nord du village de Tonlé Sap où une partie de l’équipe de médecins est partie en mission... »
Donc John s’était planté. C’était évident. C’était un tas de muscle, mais qui ne rivalisait pas véritablement d’intelligence, même s’il lui avait été très utile et qu’il l’avait sauvé plus d’une fois pendant la guerre du Golfe qu’il avait faite à ses côtés. Il se remit à écouter le sous-fifre de son employeur américain.
« Allez faire un tour discrètement là-bas et rapportez-nous ce que vous voyez, que John soit vivant, mort ou prisonnier. Il était sur le point de découvrir quelques choses et nous voulons des résultats au plus vite. Nous vous envoyons une équipe en renfort dès maintenant, elle arrivera sous 24h. Pendant ce temps, prenez toutes les dispositions nécessaires afin de créer une ouverture pour que nous puissions prospecter sur le terrain en toute sérénité. Avez-vous compris Emerson ? »
L’homme se fendit d’un rictus.
« Reçu 5/5 monsieur. Que le spectacle commence…»