L'amour sans frontière. (Love is without Borders)

The 100 (TV) The 100 Series - Kass Morgan
F/F
F/M
Multi
G
L'amour sans frontière. (Love is without Borders)
Summary
Clarke a 23 ans. Elle a une vie de rêve. Elle vit à Los Angeles entourée de ses colocataires, Raven et Octavia, et de Finn, son petit copain depuis 3 ans. Pourtant, elle sent que sa vie manque de sens, de piment. En étude de médecine, elle décide soudainement de partir en mission humanitaire avec une équipe de Médecins sans Frontières, direction une base située dans une forêt tropicale Cambodgienne. Sur place, elle fait une découverte qui va changer sa vie à plus d'un titre et lui donner un nouveau rôle à jouer...
Note
6 mois sont passés et Clexa me manque toujours autant donc voici ma petite contribution pour rendre honneur à ce ship totalement magique. C'est ma première fanfiction donc j'espère que vous aimerez. Le premier chapitre est un peu lent car je souhaitais déjà introduire quelques personnages et le background général autour de la vie de Clarke. Le réservoir de personnages est riche et je veux essayer de leur donner chacun un petit rôle dans cette histoire, et pas forcément ceux auxquels ont attends. Les éléments concernant la véritable intrigue arriveront raidement, certainement dès le chapitre 2.N'hésitez pas à laisser un petit mot pour que je puisse avoir votre ressenti, voir ce que vous aimez plus ou moins, si vous voulez que je continue... ou pour essayer de deviner où je veux vous emmener ;) PS : les personnages ne m'appartiennent pas (Kass Morgan et The 100), c'est juste une fanfiction, so enjoy !
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Premier(s) contact(s)

4h plus tôt

« John, tu peux m’aider à porter le matériel jusqu’à la jeep ? »

« John, tu peux demander à Maya de venir me rejoindre au bloc ? »

« Eh John ! Tu as vu Harper ? »

« Hey salut John ! Un petit poker ça te tente ? On parie 50$ sur le fait que Monty ne gagnera pas une partie »

« Ne l’écoute surtout pas John ! Ravale ta fierté la mécano, tu vas voir qui va ramasser les 50$ »

 

Atom, Wells, Clarke, Raven, Monty et tous les autres… leurs voix résonnaient dans sa tête comme un mauvais film. Une bande de piailleurs. La compagnie des autres l’insupportait et plus encore, servir de sous fifre pour la MSF lui donnait envie de vomir. Qu’est-ce qu’il pouvait bien en avoir à faire de ces gens et de cette bande de villageois perdue au fonds fond de la forêt… ? Ils vivent comme des paysans du moyen-âge ? Et bien qu’ils assument jusqu’au bout et qu’ils meurent dans leur coin sans faire chier le reste du monde. Heureusement, ce travail sous couverture allait bientôt se terminer.

Il écarta ces pensées de son esprit et se focalisa sur sa mission. Depuis une semaine qu’ils s’étaient établis à Tonlé Sap, il s’était particulièrement rapproché de son but. Le prétexte de la mission humanitaire lui donnait carte blanche pour visiter les alentours sans éveiller de soupçons pendant que la blondasse et la muette jouaient aux aides-soignantes avec les villageois. Personne ne le questionnait et il faisait bien attention à ne pas être repéré. Au cours d’une de ces visites dans la forêt, en se rapprochant d’un ancien site où jonchaient sous les troncs anguleux les vestiges d’un énorme monument en pierre, il avait trouvé ce qu’il était venu chercher en creusant un peu le sol.

« Jackpot »

Ce qu’avaient imaginé ses employeurs américains s’était révélé bien réel. Ils allaient contents de lui. Il allait pouvoir rentrer et se mettre à l’abri financièrement pour le reste de sa vie. Et l’idée d’abandonner ces « préados idéalistes » qui croient pouvoir changer le monde en jouant au sauveteur dans la forêt le ravissait d’autant plus. Il fallait juste pouvoir rentrer à la base émettre les dernières informations puisque ce maudit téléphone n’émettait pas dans la forêt et dans 24h il serait de retour au pays.

Tout allait bien.

 « Du travail vite fait bien fait » dit-il avec un rictus sur la bouche en avançant dans la forêt, armé d’un pistolet à sa main.

Si sûr de lui qu’il ne remarquait pas les deux ombres qui le suivaient silencieusement dans les arbres, un jeune garçon et une jeune femme brune.

 

 

Maintenant, dans la forêt.

Troublée Clarke balbutia de nouveau sa question.

« Je m’appelle Clarke, et toi ? »

Aucune réponse de l’inconnue. De toute évidence, elle était tendue. Elle gardait une main sur son épée, si c’en était bien une. Clarke décida de ne pas la presser. Elle se sentait légèrement bête de s’être pris un vent deux fois de suite mais elle passa. Peut-être qu’elle ne la comprenait pas. Il y avait plus important pour le moment. La brune pouvait ne pas lui parler mais vu son état proche du malaise, il fallait qu’elle trouve une solution rapidement pour garder la fille consciente. Elle décida alors d’adopter une autre stratégie.

« Je vais regarder inspecter tes blessures plus précisément, tu veux bien ? »

La jeune femme acquiesça. Malgré sa faiblesse apparente, elle n’en montra aucun signe à Clarke. Elle relâcha la pression qui s’était accumulée dans ses épaules et détendit sa jambe engourdie pour autoriser l’inspection de la blonde.

« Super. »

Après un premier constat, la blessure la plus alarmante restait à la jambe. Les quelques tâches de sang rouge sur la tête ne provenaient d’aucune contusion et nécessitaient seulement d’être nettoyées. En soulevant légèrement sa tunique, elle remarqua un gros hématome qui s’était formé sur le flanc droit. Clarke avait déjà vu ce genre de blessure sur des femmes battues. Elle avait une ou deux côtes de cassées pour sûr. Pour ça, elle ne pouvait pas faire grand-chose pour le moment, à part essayer d’atténuer la douleur.

Elle prit la bouteille d’eau potable dans son sac et tendit deux comprimés à l’inconnue.

« Ce n’est pas de la morphine, mais c’est toujours mieux que rien. Tu auras moins mal au crâne avec ça déjà, et avec un peu de chance, ça nous fera baisser cette belle… » lui dit-elle en reposant sa main sur son front et en observant bien trop longtemps les yeux verts qui lui faisaient face « …température… ».

Après 5 secondes étranges ou ni elle, ni la brune ne décrochèrent leur regard, Clarke s’éclaircira la gorge. Peut-être était-ce le contexte étrange dans lequel elle faisait son diagnostic -on ne travaille pas toujours en pleine forêt- qui la rendait un peu tendue face à cette patiente.

Elle continua à fouiller dans sa trousse de secours et en ressortit un petit cœur en mousse qu’elle donnait parfois à ses patients lors des prises de sang afin de les aider à pomper plus rapidement. Elle le mit dans la main de la brune.

«  Maintenant, je veux que tu le sers très fort »

En face d’elle, la jeune femme semblait confuse par l’objet. Clarke lui reprit des mains pour faire une démonstration.

« Tu appuies et tu relâches, comme ça. Pour te garder consciente. Restes avec-moi ok ? »

Un nouveau signe affirmatif de la tête. Clarke lui sourit.

Il fallait commencer par désinfecter la plaie. Il y avait de la terre à l’intérieur. Elle avait dû se trainer sur le sol après sa blessure. Il restait à Clarke encore un peu d’alcool dans sa trousse de secours. Elle s’empressa d’en déverser sur une compresse et de l’appliquer autour de la blessure. Elle prit ensuite une pince à épiler pour retirer les petites échardes à l’intérieur de la plaie avant de recommencer l’opération de désinfection à l’intérieur même de la plaie. En appuyant la compresse, un évènement étrange se produisit. Elle remarqua que le sang qui en sortait n’était pas rouge comme les tâches sur la tête de l’inconnue, mais plutôt noir, très opaque et épais.

Jusqu’ici, elle avait pris cette coloration pour du sang coagulé mais il semblait plus évident que la fille produisait elle-même du sang de cette couleur. Clarke n’avait encore jamais vu un cas pareil dans ses cours ou à l’hôpital où elle travaillait. Aussi bizarre que cela pouvait paraître, elle mais du noir, jamais. Son inquiétude grimpa : « Etait-ce une maladie rare ? Une transfusion qui avait donné de nouvelles propriétés à son sang ? Un problème dans l’organisme lié à la coagulation ? »

Elle se nota mentalement de faire subir des tests à cette fille une fois qu’elle l’aurait rapatrié sur le camp plus tard. Pour le moment, il fallait stabiliser son état et elle irait ensuite chercher de l’aide au village. Leur mission s’achevait dans deux jours mais elle pourrait expliquer à Wells l’urgence de la situation et réquisitionner la jeep pour être conduite à l’hôpital d’où elle pourrait suivre l’évolution de la brune. Maya pourrait au besoin aider Nyko sur le camp pour soigner les derniers patients et elle espérait que John puisse également mettre la main à la pâte.

Pendant toute la durée de l’opération Lexa observa les mouvements la blonde dont elle devinait être légèrement plus vieille qu’elle, en prenant soin de bien suivre les instructions qu’elle lui donnait et de continuer à appuyer sur le petit cœur en mousse.

 

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A l’intérieur, Clarke était tourmentée. Globalement, la femme en face d’elle s’en était « bien sortie ». La balle n’avait pas heurté l’artère fémorale trop franchement, seulement effleurée. 1 cm de plus et elle se serait vidée de son sang en quelques minutes. La mauvaise nouvelle, c’est que si elle décidait de laisser la balle loger plus longtemps dans la jambe, il y avait de fort risque qu’en appuyant dessus cette jambe pour marcher, la balle s’enfonce et touche cette fois-ci plus gravement l’artère. Il fallait opérer de toute urgence…

Comment faire ? Elle n’était pas en capacité de la transporter contrairement à la montagne de muscle de John ou à ces villageois pour la plupart bien bâti. Construire un brancard prendrait trop de temps et retourner au village pour demander de l’aide était exclu. Elle perdrait un temps fou pour retrouver son chemin et il était hors de question qu’elle abandonne cette fille dans la forêt, même pour une petite durée. Qui sait si elle n’allait pas la laisser à la merci d’un animal sauvage ou de ses agresseurs ? Elle ne voulait pas la laisser sans défense et avoir ça sur la conscience si le moindre problème arrivait. De plus, entre elle et Maya, elle était la seule à avoir reçu une formation de chirurgienne et avoir assisté sa mère sur quelques interventions.

Elle pouvait le faire.

Elle en avait les compétences.

Oui. Elle pouvait le faire, si elle avait le matériel adéquat autour d’elle, et une équipe prête à intervenir, et un défibrillateur…. Pas dans une forêt, sans condition d’hygiène, sans anesthésiant, avec la moitié de son matériel et aucun confort pour sa patiente….

Soudainement, elle se mit à trembler. Ses mains devinrent moites. Elle avait peur. « Et si ... et si je me ratais… et si… »

La jeune fille assise la dévisagea d’un air concerné et toucha son épaule. Au contact, Clarke essaya de se remobiliser et la regarda. Elle prit une inspiration et s’adressa avec sa voix la plus assurée et professionnelle possible :

« Je ne vais pas te mentir, ce n’est pas très beau. Concrètement, tu es hors de danger pour le moment mais dès que tu voudras te relever et faire plusieurs pas, il y a des risques d’aggraver ta blessure. Il faudrait que je t’opère ici… »

Comme elle ne savait pas si l’étrangère la comprenait, elle essayait de mimer les mouvements en même temps. Elle semblait peser le pour et le contre.

« Ce n’est pas la première fois que j’opère, mais vu le matériel dont je dispose et où nous sommes, ce serait dans des conditions très particulières… Tu as tous les droits de refuser, je ne t’oblige à rien. »

Clarke ne voyait pas d’autres options fiables à 100% pour le rétablissement de la brune s’offrir, c’était le mieux qu’elle puisse faire en dehors du soutien moral. Si elle venait à refuser, elle ne savait pas ce qu’elle ferait.

Par chance, la brune semblait comprendre et s’allongea pour permettre à Clarke d’être à l’aise dans ses mouvements. Soulagée, Clarke s’agenouilla et remonta ses manches. Elle lui adressa son visage le plus rassurant :

« Je n’ai pas d’anesthésiant, au mieux, je peux te donner du somnifère. Au moindre problème, dès que tu te sens mal, tu m’arrêtes. Un coup de pied, un coup de coude ou n’importe quoi. Ok ? »

Le faible sourire que lui adressa la brune allongée lui mit du baume au cœur. Elle était prête et déterminée à ce que tout se passe bien.

« Ok… Let’s go »

 

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Après plus d’une heure d’opération, elle en avait enfin terminé. La balle gisait maintenant au sol et la plaie était désinfectée. Elle lui mit un linge sur le front, plaça sa veste sous sa tête pour la surélever et son sac sous ses pieds afin d’aider le sang à circuler, mais la brune ne s’endormit pas. L’adrénaline était encore présente dans ses veines malgré le somnifère.

Clarke était impressionnée par la volonté de cette fille. Au premier coup de scalpel qu’elle lui avait mis, elle avait discerné un léger rictus de douleur frayé son chemin avant de repartir aussi rapidement. Durant toute l’opération, elle avait gardé sa tête stoïque et ravalé sa salive à plusieurs reprises, mais aucun cri n’était sortir de sa bouche et aucune larme n’avait été versée. A sa place, Clarke savait qu’elle aurait été détestable.

En appliquant du baume sur la blessure pour aider à la cicatrisation, Clarke se laissa une dernière fois aller à la pensée qui occupait son esprit depuis qu’elle était tombée sur cette mystérieuse femme aux yeux verts :

« Qu’est-ce qui a bien pu lui arriver pour qu’elle en soit là ? »

 

 

3 heures avant.

Lexa observait John depuis maintenant depuis 5 jours en compagnie d’Aden. Ses allées et retours depuis le village, ses escapades en forêt et surtout ce qu’il y faisait. Tant qu’il ne se rapprochait pas où ne présentait pas une menace pour son peuple, elle avait décidé de ne rien faire, de ne pas céder à l’impulsivité. Anya, son mentor, lui en aurait voulu si elle avait tenté quelque chose qui n’était pas nécessaire sur le moment et aurait pu mettre au jour leur existence auprès de la population extérieure. Et en tant que Nightblood en formation, elle devait faire honneur à son apprentissage si elle souhaitait être choisie un jour comme Heda, l’incarnation du pouvoir et de la sagesse dans son peuple.

Anya se trouvait à quelques kilomètres plus au Nord en compagnie de Gustus tandis qu’Indra, Ryder et quelques autres guerriers avaient établi le camp principal à 5km au sud. La mission que leur avait confiée leur commandante restée à Polis était simple : observer les nouveaux arrivants dans le village environnant et au moindre problème ou semblant de menaces pour leur peuple, chaque équipe était en mesure d’intervenir pour neutraliser le problème. Définitivement.

Les étrangers étaient au nombre de 3. Deux filles et un garçon. Si les premières semblaient s’intégrer de manière relative à la vie du village et travaillaient en harmonie avec les villageois en contribuant à leurs soins, le jeune homme taciturne qui les accompagnait semblait motivé par des intérêts différents. Elle avait décidé avec Aden de s’occuper personnellement de surveiller cet homme et de laisser les autres équipes se relayer pour observer le village. Sa tâche n’était pas difficile, le jeune homme prenait soin de masquer ses absences au village à ses deux amies mais en forêt, il n’était absolument pas aussi discret qu’il croyait l’être et Lexa et Aden retrouvaient sa trace assez facilement. A relative bonne distance, elle le voyait s’arrêter, noter des choses sur un carnet et parfois, creuser le sol avec une pelle. Chaque jour, il semblait rentrer bredouille mais aujourd’hui, il devoir avoir trouvé quelque chose, en témoignait le rictus qui se dessinait sur son visage. Ce qu’il cherchait était un mystère pour elle et Aden mais elle jugeait que cela devait avoir de l’importance et risquer de leur porter préjudice.

L’existence des « grounders » comme ils se désignaient avait été tenu secrète pendant plusieurs dizaines d’années et cet homme se rapprochait dangereusement d’eux géographiquement. Et ses intentions avaient loin d’être pacifique à en juger par l’espèce de pistolet que Lexa distinguait à la ceinture de l’homme chaque fois qu’il était en forêt.

Elle le vit sortir un petit boitier métallique -dont elle ignorait l’utilisation-, l’approcher de son œil et cliquer dessus plusieurs fois. Satisfait, il commença à faire son sac et reprendre le chemin du village. Il fallait faire vite. Lexa ne savait pas quelles informations il avait retiré de cette nouvelle escapade.

Pour éviter tout risque superflu, Lexa décida d’envoyer Aden prévenir la chef du village ; Aiyanah ; d’un potentiel danger. Il devait ensuite rejoindre Anya pour la prévenir de renforcer la protection du camp et veille à faire le nécessaire si la situation dégénérait avec cet homme ou les deux femmes restées sur place et qu’elle avait simplement entraperçu jusqu’à maintenant. Au moment où elle délivra ses derniers conseils à Aden, elle senti du mouvement dans son dos. L’homme lui faisait face. Il s’était rapproché d’eux, elle avait manqué de vigilance.

« Mais qui voilà ! On m’avait prévenu qu’il y aurait des sauvages comme toi dans le coin, j’étais triste de ne pas encore avoir rencontré la faune locale… et tu apparais, c’est génial ! Serait-ce le destin ? »

L’homme en face d’elle avait un air totalement méprisant. Elle conserva son assurance et s’adressa à son apprenti, Nightblood comme elle :

« Gon Aden » (va Aden).

Une fois seule, elle se redressa. Remis son masque de guerrière en place, celui qu’elle arborait à chaque nouveau combat. Impassible, froid et calculateur, afin de percer l’armure ennemie et de ne rien laisser transparaître de son côté. D’un air glacial, elle dévisagea le nouveau venu qui semblait au comble de l’extase.

« C’est quoi ça !!! »

Il s’étrangla de rire en désignant son visage.

« Tu crois que ton maquillage ridicule te protège ? Devines quoi ? Tu ne fais peur à personne. » Après une pause : « Je croyais vraiment que c’était une blague quand on m’avait parlé de vous mais apparemment, j’avais tort…. »

En voyant qu’elle ne réagissait pas à ses propos, il s’avança lentement et détendu vers elle.

« Allez, fait pas la gueule, je pardonne ton accoutrement ridicule mais tu sais, je commence sérieusement à m’ennuyer… donc tu tombes bien. Cette mission et ce pays me cassent les couilles donc je ne dis pas non à un peu de défoulement... » Il ramène ses deux poings devant lui et lui fait signe d’approcher « Allez, viens poupée, on va voir si tu es en mesure de me divertir »

Elle grinça des dents. Elle ne pratiquait pas l’anglais tous les jours mais elle arrivait à comprendre pratiquement chaque phrase du discours de cet homme et à chaque nouveau son qu’il émettait, elle avait envie une envie folle de lui faire ravaler sa fierté et son arrogance. Parmi tous les guerriers qu’elles avaient affrontés jusque-là en combat, c’est celui qui semblait avoir le moins d’honneur et de respect. Il la dégoutait.

« Kom gona » (viens guerrier) lui dit-elle en décochant un sourire narquois.

« Uh, prête à me parler maintenant, ça me plaît »

Et il lui décocha un lourd crochet du droit en direction de sa tête. Le coup effleura Lexa qui se décala subtilement pour éviter la collision. Il enchaina avec une balayette au niveau de ses jambes mais elle fit un saut en arrière pour éviter d’être déséquilibrée. La troisième fois, il entreprit de lui asséner un coup violent au niveau du cou avec le plat de sa main mais elle le bloqua. Difficilement.  Ses coups étaient forts, précis mais n’avaient aucun rythme. Il basait l’ensemble de ses mouvements sur sa force physique. Si elle avait pu éviter ses coups jusqu’à présent, il restait malgré tout dangereux s’il arrivait à la toucher sérieusement à un point vital.

Il remit un peu de distance entre eux pour lui parler.

« Umpf… Tu sais quoi ? Tu n’as rien de spécial. J’espérais vraiment pouvoir m’amuser un peu mais en fait, tu es comme tous les autres. Une faible sans résistance qui se défile et qui attend d’être battue»

Elle savait que l’homme en face d’elle essayait de la déstabiliser. Elle ne le connaissait pas mais elle sentait qu’il avait une expérience. Il n’en était pas lui non plus à son premier combat.

« Qui est-ce qui se recule en ce moment ? Moi ou toi ? » Lui répondit-elle en désignant l’espace qu’il avait formé entre eux.

Son visage se décomposa, ce qui fit légèrement sourire Lexa. Mais il avait raison sur un point. Assez de la défense, c’était à elle de passer à l’offensive. Elle rentra dans son espace et lui décocha un poing franc en direction de l’estomac. Assez fort pour lui couper pendant quelques secondes sa respiration mais pas assez pour l’amener à terre. Il avait des abdos en béton.

« Voilà ! Viens ! »

Il souriait.

Alors qu’elle s’apprêtait à lui remettre une salve, il la contra lui rendit son coup et cette fois-ci, elle sentit sa respiration se couper net et un craquement au niveau de son flanc droit. Une côte ou deux sur le carreau. Elle tomba à terre mais se força à se relever rapidement pour qu’il n’ait pas le temps de lui asséner un coup fatal.

En face de lui, l’homme était au comble du bonheur. Il cracha à terre et se remit en position.

« Allez, on recommence, j’adore quand tu t’excites »

Il ne fallait surtout pas qu’elle laisse ses émotions l’envahir ou cette fois-ci, elle finirait allongée au sol les yeux vides de toutes émotions. Dans ces conditions, ne rien répondre était la meilleure solution. La plaisanterie avait assez durée.

Elle s’était laissée embarquée dans un rythme qui ne lui convenait pas.

Elle s’avança alors vers lui de la même manière qu’au début du combat. John croyais sa victoire actée face à une Lexa diminuée mais brusquement, elle commença à enchainer les mouvements sans temps morts. L’homme était peut être fort, mais pas assez réactif. De plus, en observant sa manière de combattre, elle s’était aperçue qu’il utilisait les mêmes coups aux mêmes endroits. Il n’agissait pas en fonction de la situation et c’était ce qui allait le perdre. Assez rapidement, elle prit le dessus sur le combat et retourna la situation en sa faveur, même si elle essuya quelque contre ravageurs de la part de son assaillant. Alors qu’il était acculé contre un arbre, elle mit toutes ses forces dans son bras droit pour lui envoyer un direct dans la tempe avant de lui donner un coup de coude dans le nez. Sonné et le visage ensanglanté, il chancela et s’échoua au sol.

Elle pourrait lui ôter la vie dans la seconde sans aucun problème, c’était d’ailleurs plutôt rare de faire des prisonniers dans son peuple. Blood must have blood. C’était leur voie. Pourtant, ce qu’elle avait soupçonnée se relevait exact. Il était au courant de leur existence, quelqu’un leur en avait parlé et elle devait savoir qui. De plus, elle devait comprendre ce qu’il cherchait à faire sur leur territoire. Pour ces différentes raisons, elle souhaitait l’amener vivant devant son Heda afin qu’elle puisse statuer sur son sort et décider de leurs futures actions. Alors qu’elle se retournait pour fabriquer rapidement des cordes avec des lianes afin d’entraver les mouvements de l’homme, elle entendit un bruit assourdissant traverser la forêt.

Une douleur atroce se fit bientôt ressentir. Elle se pencha et observa un trou se former dans sa cuisse et duquel ruisselait son sang.

John, à demi-conscient, avait attrapé son pistolet et déclenché un tir en direction de la tête de Lexa. Manque de chance pour lui, sa vue troublée par le sang et son cerveau qui le sonnait ne lui permirent pas de viser correctement et la balle vint se loger dans la jambe droite de la jeune femme.

« Salop-… »

Ce furent ces derniers mots. Lexa tira son épée qu’elle avait tenu à l’écart du combat jusqu’à maintenant -puisque l’homme semblait avoir pour seul honneur de battre à mains nues- et lui enfonça dans la gorge. Il voulut former un ultime mot mais seul du sang sortit de sa bouche. Au bout de 3 minutes, son calvaire se termina. Les yeux noirs, elle se pencha sur lui et lui murmura froidement :

Yu gonplei ste odon.

 

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Rien ne se passait comme prévu. Elle ne pourrait plus rien en retirer maintenant. Pourtant, il fallait ramener quelque chose de concret à leur Heda, une preuve, n’importe quoi.

Elle se rappela du petit boitier métallique et du carnet de notes auxquels son agresseur semblait tenir et entreprit une fouille sur le corps pour dénicher ces objets. Elle les cacha dans une poche sous sa ceinture et se traina ensuite douloureusement vers la clairière la plus proche à 300m du corps et s’appuya contre un rocher. Elle espérait qu’Aden avait fait le nécessaire auprès d’Anya et Aiyanah.

En attendant son retour, elle se fit un garrot et patienta calmement. Elle commençait à avoir des sueurs froides. Elle espérait qu’Aden pourrait lui faire une décoction de plantes afin d’atténuer sa douleur mais s’il était aussi bon qu’elle en cours de botanique, elle n’irait pas loin.

Elle essayait de lutter mais ses paupières commençaient à être lourdes. Elle pensa pendant cinq minutes à se laisser et s’assoupir. Peut-être définitivement. Dans le calme de la forêt, dans son milieu.

Mais ça, c’était avant qu’une certaine blonde débarque et chamboule toutes ses prévisions.

 

 

 

Maintenant, dans la forêt.

Cela faisait maintenant deux heures qu’elle avait fini les soins sur la jeune femme.

Elle ne savait pas quoi faire.

Elle n’était vraiment pas habituée au silence sur une aussi longue durée. Chez elle, Raven et Octavia n’avaient pas besoin de beaucoup se forcer pour montrer leur présence, que ce soit lors des longues soirées de discussions qu’elles partageaient devant Netflix ou pour leurs mémorables karaokés du dimanche matin. Elle aimait ça chez elles, leurs activités débordantes. Elle ne s’ennuyait jamais ! Mais en tant qu’artiste à ses heures perdues, elle aimait aussi s’isoler, renouer le contact avec la nature et le silence. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, le silence qui perdurait depuis le début de sa rencontre avec l’inconnue ne la mettait pas véritablement mal à l’aise, il n’était pas pesant.

Lorsque Clarke s’approchait pour changer les compresses et vérifier l’état de sa blessure, elle n’avait pas besoin de communiquer, elles se comprenaient mutuellement. Le seul élément qui la dérangeait était le visage de cette fille. Il n’était pas difforme, loin de là ! Elle avait de superbes traits et s’il elle l’avait rencontré dans une autre situation, elle lui aurait peut être demandé de faire un portrait. Non, ce qui l’attristait, c’était le masque vide d’émotions qu’elle arborait. Pourtant, Clarke savait que les émotions devaient se bousculer dans sa tête et une part d’elle n’avait envie rien d’autre que de lui arracher, de voir la jeune femme s’exprimer, de la comprendre, d’apprendre à la connaître.

Sans savoir pourquoi, alors qu’elle ne la connaissait pas, elle se sentait très proche d’elle. Peut-être une question d’attitude ? Elle sentait que cette inconnue était passée comme elle par des évènements tragiques. Mais si elle ne voulait pas parler, ce n’est pas Clarke qui la pousserait.

Ce silence lui permettait au moins de mettre ses idées au clair. Peut-être qu’en se dévoilant elle-même un peu plus, la brune en face d’elle s’ouvrirait un peu plus ? Elle essayerait d’engager la discussion plus tard sur cette voie. Pour le moment, elle avait d’autres problèmes. Sa réserve d’eau arrivait à cours, elle était assoiffée et elle devait garder de l’eau également pour les soins. Elle ne pouvait pas rester là à attendre qu’il pleuve. Il fallait qu’elle trouve une source rapidement, et tant qu’à faire, même s’il y avait peu de chance, voir si elle avait du réseau. Elle décida de commencer à arpenter les alentours en restant à distance raisonnable de la clairière pour revenir rapidement en cas de problème avec « Woods ». Ah oui. « Woods ». Au lieu de chercher son prénom, elle avait décidé de lui donner ce surnom en référence à ses yeux verts comme la forêt. Ce n’était pas trop recherché mais au moins, ça lui permettait de l’humaniser.

Elle se leva, s’approcha de Woods et la couvrit avec son gilet puis elle s’éloigna d’elle, bien consciente que les yeux de l’inconnue traçaient une ligne dans son dos au fur et à mesure qu’elle mettait de la distance entre elle. Elle ne se retourna pas.

 

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A peine vingt minutes après s’être éloignée de la clairière, Clarke était tombée par chance sur une petite cascade. Elle remplit rapidement sa gourde en espérant qu’elle ne soit pas contaminée. Au bout d’une autre demi-heure passée le bras en l’air à la recherche (infructueuse) de réseau, elle retourna au rocher où elle avait préalablement laissé sa compagne d’infortune. Que faire maintenant ? Pas de talkie-walkie, aucune carte et un sens de l’orientation se rapprochant du néant. Super. La meilleure équation pour se retrouver isolée dans une forêt. Qui plus est avec une étrangère peu ouverte et blessée.

« Fait chier » éructa-t-elle en tapant dans un caillou. « Allez Clarke, c’est le moment de réfléchir ». En tournant dans la clairière elle essayait de se souvenir d’éléments utiles. Elle n’avait jamais été mise dans cette situation et n’avait jamais pensé qu’elle y serait confrontée, comptant sur le fait qu’elle partait avec une équipe entrainée avec des tâches bien réparties. Elle se sentait maintenant stupide. Elle essaya de fouiller dans le fonds de sa mémoire à la recherche d’informations issues des émissions de survie qu’elle avait pu regarder d’un œil distrait en zappant sur la télé. En jetant un œil au ciel, elle s’aperçut que le soleil descendait rapidement. A sa montre il était 18h. Le temps était relativement agréable. Il ne devait pas il y a avoir énormément de bêtes sauvages dans ces bois. Du moins, elle l’espérait. Elle ne se serait pas posé la question normalement mais elle était dans un pays étranger, on ne sait jamais. Cette forêt restait assez sauvage à son goût. L’idée de faire un petit feu traversa alors son esprit. Elle s’empressa de ramasser des branches de différentes tailles et de les rassembler près du spot où elle était précédemment assise.

« Et maintenant, que la magie opère… » se motiva-t-elle en prenant d’une main hésitante une petite branche de bois et en commençant à la frotter avec une autre. Et de chance, elle en avait vraiment besoin si elle voulait réussir à allumer ce satané feu.

 

A l’énervement succéda le désespoir. La palme de sa main commençait à brûler et elle n’avait toujours pas réussi à esquisser une première étincelle de l’amoncellement de bois qui se trouvait devant-elle. Qu’est-ce qu’elle n’aurait pas donné pour un briquet…Elle regretta presque d’avoir arrêté de fumer 3 mois plus tôt mais c’était une pensée stupide et ça ne la ferait pas avancer. Elle allait être sur le point d’abandonner quand elle sentit un mouvement derrière elle. Woods rigolait. Non il ne fallait pas exagérer, elle souriait. L’impatience de Clarke la faisait rire. Ou la désespérait. Peu importe, Clarke n’était plus à ça près. 

Elle n’avait pas véritablement eu le temps d’observer son visage mais les 3 secondes pendant lesquelles son visage s’était illuminé avaient quelque peu réchauffé le cœur de Clarke, à défaut du feu devant elle.

« Si tu te sembles capable de faire mieux, ne te gêne pas, je t’en prie » soupira-t-elle en se levant et en montrant d’un geste le feu. Lorsque la phrase sortit de sa bouche, elle la regretta. Elle sentait qu’elle l’avait dit d’un air dédaigneux, supérieur alors qu’elle n’en pensait pas un mot. Elle regarda l’autre fille mais celle-ci ne semblait absolument pas lui en tenir rigueur. Evidemment, elle ne comprenait pas un mot de ce qu’elle disait. Mais elle avait compris la partie la plus importante.

Elle commença à se lever en mettant tout son poids sur sa jambe gauche et en s’appuyant contre le tronc tout près du rocher dont elle n’avait pas bougé depuis cet après-midi. Hésitante, elle commença à marcher pour rejoindre Clarke qui s’empressa d’aller à sa rencontre mais la jeune femme refusa toute forme d’aide. Clarke la laissa passer et s’agenouiller près du « foyer ». « Tellement fière » songea-t-elle, mais pas d’une manière négative, plutôt impressionnée par la force mentale dont faisait preuve Woods. Elle l’observa. Soudainement, les yeux verts se retournèrent vers elle en lui montrant du petit bois très sec et en indiquant la forêt. Pas besoin de parler, Clarke se retourna et commença à collecter plus de petit bois. Elle retourna rapidement déposer ce qu’elle avait ramassé. L’autre fille avait commencé à enlever les trop grosses branches et buchettes, puis pris le tas de Clarke et le disposa de manière à faire un étagement avant de commencer à son tour à s’essayer à l’allumage de feu. Et avec habilité non dissimulée, étrangement, comme si elle avait fait ça toute sa vie, bientôt, une fine fumée s’échappa du tas de bois. Elle souffla dessus pour attiser les braises, puis le feu prit vie, lentement.

« Wow ». Un simple mot d’admiration. Décidemment, ce pays recelait de nombreux mystères. Comment une fille de son âge maitrisait aussi bien cette technique de survie ? La fille se releva difficilement, haussa les épaules puis retourna s’asseoir près de son rocher comme si de rien n’était. Pas besoin de savoir où elle passerait sa nuit.

Cinq minutes après, leur petit coin de verdure était éclairé et une chaleur commençait à émaner agréablement autour d’elles. Et c’est une autre pensée, ou plutôt un bruit assourdissant prenant la forme d’un grognement de ventre qui remplit le silence autour d’elles. Les joues de Clarke prirent une teinte rose qu’elle essaya de cacher rapidement en fouillant dans son sac à la recherche de quoi remplir son estomac.

« Si je me souviens bien, je crois que… oui ! YES ! ». Elle brandit un paquet d’Oreo et deux petits cakes au chocolat et aux fruits qu’elle avait ramené pour combler un petit creux. Au cas où. En souriant, elle tendit un de ces petits gâteaux à la fille qui fronça les sourcils et prit de manière hésitante la nourriture dans ses mains.

« Désolée, je sais que ce n’est pas hyper diététique et tout le discours commercial mais au moins on aura un petit quelque chose pour combler la bête, surtout la mienne » dit-elle en pointant son estomac en rigolant. Elle reçut un regard interrogateur de Woods. Bravo Griffin. Quel humour. Si elle ne te trouvait pas déjà bizarre, ça ne devrait pas tarder.

Elle allait commencer à manger quand elle s’aperçut avec horreur qu’à côté d’elle, la fille commençait à croquer l’emballage.

« Eh, eh… attend », elle s’agenouilla et lui retira le sachet. « Ce sera peut-être mieux comme ça… »

C’était définitivement bizarre… Mais bon, après tout, peut-être que Woods vivait peut être dans un endroit très reculé, sans technologie et sans hypermarchés. Peut-être une ferme. C’était sûrement ça. Même si elle s’imaginait mal une exploitation à moins de plusieurs dizaines de kilomètres vue l’étendue d’arbres autour d’elle….

 

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Après avoir dégusté leur frugal repas, Clarke essaya d’établir un plan pour se sortir de cette situation. Il n’y avait aucun moyen de voyager dans la forêt maintenant qu’il faisait noir. Elle passerait la nuit ici et essayerait au petit matin de reprendre la route du village pour chercher de l’aide en abandonnant à contre-cœur Woods et en espérant que le trajet ne soit pas trop long.

En attendant, il fallait survivre à cette nuit. Elle laissa éclater un rire jaune. Elle se leva pour remettre une bûche dans le feu. De son côté, Woods était allongée sur le dos, les yeux ouverts.

Clarke s’allongea à dix mètres et soupira. Au bout de vingt minutes, elle n’arrivait toujours pas à dormir. Comment le pourrait-elle ? Ok elle aimait le camping mais la situation ici était un peu extrême. Le maigre confort de la tente Quechua magique qui se montait en 4 secondes lui manquait soudainement terriblement. Alors qu’elle était prise dans ses pensées, elle entendit soudainement une voix sur sa gauche :

« Lexa… » Murmura Woods en regardant fixement la voute étoilée.

Avait-elle rêvé où la fille avait parlé ? Elle se retourna.

« Pardon ? »

Cette fois-ci, celle qu’elle avait surnommé Woods jusqu’à maintenant lui fit face.

« Tu m’as demandé mon nom Klark, je m’appelle Lexa. »

Clarke était éberluée. D’une part, parce que même si elle s’attendait à un moment ou à un autre que la fille lui parle, elle n’avait pas prévu que cela se passerait maintenant. Mais surtout, c’était la voix en elle-même et la manière donc cette Lexa prononçait son nom qui l’avait troublé un instant. Et comme d’habitude quand elle était gênée, elle se comporta comme une idiote. Elle lui adressa un sourire narquois :

« Uhuh, incroyable tu as une langue ? »

Elle avait envie de se frapper.

Lexa roula ses yeux au ciel et lui souria.

« Il faut croire »

 

 

Au même moment, à 10000 km de là, dans les bureaux d’une grande société.

« Je n’ai pas de nouvelles de John depuis deux jours. Qu’est-ce qu’il fout cet imbécile ? »

L’homme qui avait parlé était … pour le moins furieux. Il tourna plusieurs fois en rageant autour d’une grande table occupant le centre de sa salle de réunion. Son smoking serré lui donnait un air sévère et c’est précisément ce qu’il cherchait à inspirer : la peur. Pour qu’une entreprise avance, il fallait établir des règles précises et dont la plus importante : faire respecter l’autorité. Et en tant que directeur adjoint, il l’incarnait de la meilleure des manières, mais cette histoire le mettait littéralement sur les nerfs.

« Il a pu avoir un petit empêchement… Tu sais bien comment ça fonctionne dans ces conditions. On ne peut pas espérer qu’il soit toujours dans une zone couverte par un réseau téléphonique. Restons calme… »

L’homme se retourna violemment et fixa son interlocuteur.

« Calme ? CALME ? Avec tout le respect que j’ai pour toi Thelonious, je pense que tu connais les enjeux et la somme investie dedans. Ce n’est pas le moment d’être calme et d’attendre, c’est le moment d’agir. Si on patiente encore, tout va nous passer sous le nez et ce travail n’aura servi à rien… La rumeur commence déjà à se propager selon mes contacts. On pourrait se faire doubler sur ce coup là… »

Il s’assit sur son siège en cuir, posa son coude sur le bureau et appuya sa tête sur sa main. En voyant que son bras droit ne lui répondait pas, il continua :

« Bordel Thelenious ! C’est le troisième qu’on envoit là-bas ! Le troisième ! Dois-je te rappeler ce qui s’est passé pour les deux premiers ? »

Il arbora un air de dégout à la pensée des deux experts qu’il avait envoyé sur le terrain par le passé pour la même mission que John : trouver « l’eldorado ». En effet, selon des ragots récents circulants dans la population cambodgienne, il se disait que quelque part dans la forêt, le sol était saturé en pétrole et que certaines mines étaient remplies de quartz et divers minéraux. Les recherches menées par divers aventuriers de la première heure pour localiser ces trésors n’avaient jamais rien donné mais ils n’avaient pas les moyens dont lui disposaient aujourd’hui. Si ces rumeurs étaient avérées, ce serait une occasion -en or- pour son entreprise exploitant les matières premières. Et pour gonfler son propre prestige. C’était un pari mais qui pouvait s’avérer très juteux.

Après plusieurs recherches clandestines pour passer sous le radar des autorités cambodgiennes, ils n’étaient pourtant arrivés à rien pour l’instant. Les deux premiers hommes envoyés pour faire des prélèvements avaient été retrouvés morts et n’avaient rapportés aucunes informations viables, excepté la présence à demi-mots d’une mystérieuse population sauvage qui peuplerait la forêt. Il soupçonnait ces derniers d’être à l’origine du décès de ses deux collaborateurs. C’est pourquoi il avait décidé d’arrêter les frais avec ses équipes et d’envoyer un homme de terrain. John MBengue était parfait pour cette mission. Ancien militaire, baroudeur, sans foi ni loi, seulement animé par l’argent. Il pourrait se débrouiller en forêt et riposter face au danger en cas de problème. Et il avait eu raison. John remplissait jusque-là parfaitement sa mission et était le premier à toucher quelque chose, ce qui rendait ce coup de fil d’autant plus important. Pour décrocher un contrat d’exclusivité, il fallait à tout prix qu’il soit le premier sur le coup.

 « Et c’est pour ça que nous ne l’avons pas envoyé sans rien cette fois-ci. » Après une pause, il s’avança vers son collaborateur les mains dans le dos. « Je vais tout de suite demander à notre ingénieur de déclencher la balise GPS. On peut espérer qu’il soit encore proche de la zone où il a soi-disant trouvé quelque chose. Cela réduira notre champ de recherches. »

Il posa sa main sur l’épaule de l’homme et conclu :

« Charles, ça va marcher, croit moi. »

Charles Pike n’était pas un homme de conditionnel. Il aimait que les choses soient définies et sûres. Mais dans ces conditions, il n’y avait pas grand-chose de mieux à faire, il acquiesça.

« Umpf ».

Trois coups frappèrent à la porte. Pike soupira.

« Entrez »

Un jeune homme brun aux cheveux mi- longs s’avança dans la pièce. Il portait un dossier sous le bras et deux cafés dans l’autre main.

« M. Pike, M. Jaha... » Il s’avança timidement dans la pièce.

« Ah Finn, approchez. Voilà qui va nous remettre d’aplomb. »

 

 

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