L'amour sans frontière. (Love is without Borders)

The 100 (TV) The 100 Series - Kass Morgan
F/F
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Multi
G
L'amour sans frontière. (Love is without Borders)
Summary
Clarke a 23 ans. Elle a une vie de rêve. Elle vit à Los Angeles entourée de ses colocataires, Raven et Octavia, et de Finn, son petit copain depuis 3 ans. Pourtant, elle sent que sa vie manque de sens, de piment. En étude de médecine, elle décide soudainement de partir en mission humanitaire avec une équipe de Médecins sans Frontières, direction une base située dans une forêt tropicale Cambodgienne. Sur place, elle fait une découverte qui va changer sa vie à plus d'un titre et lui donner un nouveau rôle à jouer...
Note
6 mois sont passés et Clexa me manque toujours autant donc voici ma petite contribution pour rendre honneur à ce ship totalement magique. C'est ma première fanfiction donc j'espère que vous aimerez. Le premier chapitre est un peu lent car je souhaitais déjà introduire quelques personnages et le background général autour de la vie de Clarke. Le réservoir de personnages est riche et je veux essayer de leur donner chacun un petit rôle dans cette histoire, et pas forcément ceux auxquels ont attends. Les éléments concernant la véritable intrigue arriveront raidement, certainement dès le chapitre 2.N'hésitez pas à laisser un petit mot pour que je puisse avoir votre ressenti, voir ce que vous aimez plus ou moins, si vous voulez que je continue... ou pour essayer de deviner où je veux vous emmener ;) PS : les personnages ne m'appartiennent pas (Kass Morgan et The 100), c'est juste une fanfiction, so enjoy !
All Chapters Forward

Running Running

Un vol interminable - mais sans encombres - plus tard, elles avaient finalement réussi à rallier l’aéroport international d’Angkor. Après avoir récupéré leurs valises, elles s’étaient dirigées dans le vaste hall où un homme détaché à la mission tendait un panneau avec leurs noms. Il était plutôt grand, il arborait un large sourire et ses cheveux ébouriffés lui donnaient un certain style, dans le bon sens du terme. Elles se rapprochèrent et il leur tendit sa main, tour à tour.

« Salut, moi c’est Atom, je suppose que tu es Raven eeeet toi Clarke .» Dit-il en les pointant du doigt.

- Touché, bien joué incroyable, comment as-tu deviné ?! On me confond tous les jours avec elle... c’est fou, c’est quoi ton secret ?

La remarque de Raven était un peu acerbe mais c’est la fatigue qui parlait, ce n’était pas contre lui et il n’y prêta pas vraiment attention, il semblait comprendre.

- Excuse la grincheuse, elle n’a pas bien dormi. Elle n’arrêtait pas de penser à la soirée d’hier soir et baver sur une occasion manquée...

Elle savait qu’elle allait réveiller Raven avec ça. Et elle ne s’était pas loupée, elle avait mordu.

- C’est la meilleure. Fait gaffe Griffin, j’ai quelques photos de toi la bave aux lèvres qui feraient des heureux...

- T’oserais pas !

- Tu paries ?

Le dénommé Atom prit leurs valises des mains et répondit simplement à la jeune blonde :

- Ahah ne t’inquiète pas, pas de problème. Tu m’aurais vu le premier jour où je suis arrivé, j’étais à peu près dans le même état d’esprit et c’est Wells qui s’est tout pris dans la figure. D’ailleurs, c’est lui qui m’a parlé de vous. Tellement de fois que je m’en serais voulu de m’être trompé. Et en plus vous êtes les dernières, avec vous l’effectif est au complet ! Miller est arrivé il y a 3h, je viens juste de le déposer. Vous le connaissez aussi je crois ?

- J’y crois pas ! Mister Mills est là aussi ! Clarke, ça va être la mission de travail la plus cool que j’ai eu depuis longtemps !

Raven avait totalement raison. Miller... Ca faisait tellement de temps qu’elle ne l’avait pas vu ! Avec Harper, Monty, Raven et Octavia, ils avaient tous fréquenté le même lycée. Miller avait toujours été la tête de la classe mais un peu renfermé à cause des rumeurs autour de sa sexualité. Il y avait beaucoup de lesbiennes et de bisexuelles dans leur établissement mais peu de gays et leur petite communauté se faisait systématiquement moquée par des lycéens machos et qui se croyaient un tant soit peu virils et intelligents. Ses amis n’y prêtaient guère attention. De toute façon, de quel droit peut-on juger la sexualité des gens ? Et ce n’est pas ce qui le définissait. Il était brillant, attachant, drôle et un danseur exceptionnel comme il avait pu le démontrer dans un concours national. Mais un peu fragile mentalement. Même s’il avait le soutien de ses amis, il ne supportait plus les regards et les moqueries des garçons envers lui et avait décidé de quitter la région après sa terminale pour intégrer l’université d’Ottawa au Canada dans une filière de communication. Clarke et Raven recevaient des nouvelles de temps en temps. Il avait rencontré peu après son arrivée Bryan, un étudiant en média et depuis deux ans, ils vivaient le parfait amour et avaient même décidé de prendre un appartement ensemble. Il était heureux et c’est ce qui comptait.

« Je vous laisse vous installer les filles, on en a encore un petit bout de route à faire avant d’atteindre la base » Leur dit-il en désignant la vieille jeep terreuse.

 

 

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Une heure après, Clarke et Raven touchaient du doigt leur destination. Le trajet avait été rendu inconfortable par les routes cabossées cambodgiennes mais leur bonne humeur n’était pas entamée. Raven s’était excusée auprès d’Atom pour sa réponse un peu sèche et il lui avait répondu par un check et un « No problem Sis ». Sur la base, il était en charge de la logistique. Il était un peu l’homme à tout faire, le bricoleur de l’équipe. Elles ne le connaissaient que depuis une heure mais il se présentait comme un garçon avec qui il était très facile de s’entendre et c’était agréable. Surtout quand on est censé rester enfermé plus de 6 mois avec les mêmes personnes.
Quand elles arrivèrent, il faisait déjà nuit. Atom avait à faire. Il leur désigna un mobil home et se dirigea vers l’opposé où un homme requerrait son aide. Raven et Clarke se dirigèrent vers la source de lumière et furent accueillies par Wells, docteur de son état et spécialisé dans l’humanitaire. Quand il avait choisi cette vocation, il était allé contre la volonté de son père qui aurait préféré voir son fils reprendre le contrôle de l’entreprise familiale plutôt que de se lancer dans du « baby-sitting bénévolat » comme il l’appelait. Il ne comprenait pas qu’on puisse sacrifier autant de temps et d’énergie comme Wells pour une activité qui ne rapportait financièrement rien. Leurs relations restaient tendues mais malgré tout, Wells aimait son père. C’était un passionné et un affectif. Il essayait de faire abstraction de son animosité quand il allait le voir et évitait soigneusement de parler boulot.

Ici, il était en charge de la mission. C’est lui qui avait initié le projet et prouvé sa nécessité auprès de Médecins sans Frontières. Après un an d’efforts et d’allers-retours entre Angkor et le siège de l’organisme, il avait réussi à faire céder sa hiérarchie et débloquer des fonds nécessaires pour l’envoi d’une petite équipe d’intervention sanitaire. Les problèmes étaient réels, surtout dans cette région.

A 25 ans, il était jeune et Clarke savait que son ami d’enfance était stressé par ses nouvelles responsabilités et elle souhaitait tout faire pour l’aider du mieux qu’elle le pouvait.
Il s’approcha pour leur faire la bise.

« Vous ne pouvez pas savoir comment je suis heureux de vous voir ! On n’arrête pas »

Ils étaient déjà sur le pied d’œuvre depuis une semaine. Clarke avait réussi à négocier un petit délai supplémentaire pour rejoindre l’équipe le temps de finir ses derniers examens pour valider sa 3e année de fac. Raven, elle, devait régler et clore le litige avec son employeur qui refusait de lui payer son dernier salaire. Mais elle savait aussi que pour les premiers jours, Monty pourrait se débrouiller sans elle. Il s’occupait de toute la gestion informatique et électronique interne au camp. Raven elle avait pour mission prioritaire de monter des antennes relais mobiles aux alentours de leur base afin d’étendre le champ de transmission.

En effet, la base était le centre des opérations pour soigner les personnes dans le besoin mais il était prévu dans les plans de Wells qu’une fois par semaine, une équipe restreinte se rendrait dans des petits villages environnants isolés afin de prodiguer des soins aux personnes qui le souhaitaient. D’après les premiers retours du jeune homme au bout d’une semaine, souvent, les villageois avaient peur d’eux et n’osaient pas avancer jusqu’à la base pour se faire soigner. Dans d’autres cas, ils ne pouvaient pas à cause de la distance et déplacer des malades sur une trop longue distance et sur un terrain incertain ne ferait qu’aggraver leurs cas. La décision de Wells était sage et les talents de Raven seraient essentiels à la réussite de ce projet. En attendant sa mise en place, il était prévu que les deux amies restent sur la base jusqu’à la fin de la semaine le temps de s’acclimater aux conditions et d’intégrer les manœuvres de fonctionnement de l’équipe.

« Vous pourrez visiter les installations demain matin si vous voulez. Je vous ferai un tour et dès que vous serez briefés et que je vous aurais présenté au reste de l’équipe, vous pourrez prendre votre service... On reçoit beaucoup de demandes de traitement contre les maladies amenées par les moustiques donc fermez bien votre moustiquaire la nuit si vous dormez dans les tentes et tenez ...

Il leur tendit un répulsif

- ...Mettez-vous de la crème. Vous êtes vaccinées mais on ne sait jamais.

- Merci Wells.

- Pour ce soir, vous pouvez dormir dans le mobil home 5, il y a deux lits de camp disposés. Harper ne devrait pas tarder à finir son service, elle partage la chambre avec vous.
Clarke ne rêvait que d’une chose. La distance l’empêchait de penser à Finn et son lit bien moelleux à 10 000km. Elle n’avait qu’une hâte pour ce soir, découvrir sa chambre et se crasher sur le matelas. Tout le reste pouvait attendre demain matin.

- Je sais que vous êtes crevés donc je ne vais pas vous tenir longtemps mais Raven ? » La jeune femme se retourna vers lui d’un air interrogateur. « Si tu pouvais passer voir notre surfer, je pense qu’il serait ravi... » lui demanda-t-il en désignant le fond de la pièce où ils se trouvaient.

A l’autre bout de la pièce se trouvait Monty. Effectivement, sa frange lui donnait un faux air se surfer ou de Justin Bieber à ses débuts. Raven courra vers lui avec un grand sourire aux lèvres en tendant les bras. Elle allait lui faire son câlin spécial « retrouvailles » et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle avait de la poigne. Au moins, ses cours de Kick-Boxing et de fitness n’étaient pas inutiles. Clarke plaignait Monty, elle ne s’était-elle même pas encore remise de l’étau de Raven quand elle l’avait serré dans ses bras au bar la veille.

« Raven, laisse-moi respirer s’il te plaît...

- Pas moyen. Je ne te lâche pas mon petit Nerd adoré.»

Clarke et Wells observèrent la scène de loin avec amusement avant de se rapprocher de leurs deux amis.

« Vous êtes tellement mignon tous les deux…

- La ferme Clarke ! Tu ne peux pas savoir ce que ça fait du bien d’avoir quelqu’un qui comprend de quoi on parle quand on dit « code HTML» et «Microprocesseur»

- Excuse-moi de ne pas avoir l’intelligence de madame !

- Excuse-moi de ne pas être née au Moyen âge !

Wells rigola devant leurs échanges.

- Elles ne changeront jamais... se lamenta Monty. Il échangea un regard compréhensif avec Wells.

- Heureusement ! On te manquerait tellement sinon ! » Conclut Raven

Monty qui avait réussi à s’échapper des bras de Raven alla saluer Clarke. Etre réuni ensemble pendant seulement 5 minutes avait réussi à raviver des bons souvenirs. Elle était réellement heureuse de voir qu’après quelques mois/quelques années sans se voir, leurs relations restaient intactes et quand ils se revoyaient, c’était comme s’ils ne s’étaient jamais quittés et qu’ils pouvaient reprendre leurs discussions là où elles s’étaient arrêtées la dernière fois. C’était la définition réelle d’un ami et Clarke était contente de voir qu’elle en comptait pleins autour d’elle. Une multitude d’émotions se bousculaient dans sa tête.

« Ça me fait hyper plaisir de vous revoir toutes les deux… Clarke ! Regardes-toi ! Comment tu vas ?

- Super, tout va bien !

- Et Jas ?

Il parlait de Jasper. Les deux meilleurs amis du monde. A l’époque, ils étaient toujours collés ensemble mais après le lycée, Monty avait dû partir dans le Massachussetts, de l’autre côté des Etats Unis. Un recruteur avait détecté chez lui son talent et était très intéressé pour lui offrir une place au MIT, l’institut à la point des sciences et de la technologie. Difficile de refuser l’institut de ses rêves mais difficile aussi de mettre plus de distance entre Los Angeles sur la côte Ouest et Cambridge sur la côte Est. En toute logique, Monty avait déménagé et Jasper était le plus heureux du monde pour son ami car c’était son rêve d’enfance. Depuis, ils se rendaient visites régulièrement mais leur calendrier leur permettait rarement de se voir très longtemps. C’était un crève-cœur pour les deux.

- Il va bien, tu le connais… Mais il irait mieux si tu te ramenais pour sa pendaison de crémaillère en fin d’année… Il quitte enfin son taudis pour un vrai appart.
Jasper vivait avec deux colocataires dans un 50 m2 à l’insonorisation inexistante et à la conformité très douteuse. Le prix du loyer expliquait pas mal de choses. Mais ce n’était pas le seul problème.

- Non tu rigoles…

- C’est plus que sérieux ! acquiesça Raven

- Plus de soirées avec l’affreuse Barbara et le banjo de Tomy en bruit de fond ?

Le deuxième problème : ses colocataires. Barbara et Tomy étaient insupportables, dans deux styles différents. Barbara ne pouvait pas s’empêcher de laisser traîner littéralement toutes ses affaires sur l’entière superficie de l’appartement et inviter sans arrêt ses amis pour des soirées à n’en plus finir mais le peu de fois où Jasper avait pu inviter Clarke et son groupe de potes, elle leur hurlait dessus d’une voix stridente pour qu’ils aillent poliment « se faire mettre » dehors. Tomy était tout le contraire. Toujours calme. Très relax. Sa chambre ressemblait à un squat pour paumés se shootant à toute heure et fumant de la weed.

Sur ce point-là, il s’était bien trouvé avec Jasper qui aimait se détendre en fumant de temps en temps mais Octavia avait craint plus d’une fois qu’il pousse inconsciemment Jasper dans la drogue, surtout après avoir enduré le départ de Monty et sa rupture avec sa copine de l’époque. Mais il fallait croire qu’elle s’était trompée sur son compte et qu’il avait plus de mental qu’elle ne l’aurait cru. Mais elle avait été tout de même très soulagée d’apprendre la nouvelle de son déménagement.

Honnêtement, en y repensant, Clarke ne savait pas comment il avait pu tenir deux ans. Ca relevait d’un exploit.

- Nope. Fini les soirées Woodstock et simulation d’égorgement de chat en direct.

- Alors tu parles que je vais venir ! Je vous préparerai même ma tournée !

- God, ton affreux Moonshine ?

- Comment tu peux dire qu’il est affreux ? Tu n’as pas encore goûté la nouvelle cuvée ! rétorqua Monty outré.

- Ne me fait pas rire ! Si c’est toujours aussi bon que tes expériences dans le dortoir du lycée, je pense que j’ai un bon aperçu. J’ai encore l’arrière-goût qui brûle mon palais…

- Je ne savais pas que Reyes rimait avec mauvaise foi mais apparemment je m’étais trompé. Tu me déçois…

- Holy shit. Je suis de mauvaise foi ? Tu rigoles… - et en se retournant vers Clake - Griffin, appuie-moi sur ce coup !

- Désolée Monty mais il est particulièrement … imbuvable.

- Ah ! Si Party Girl te le dit, sa voix compte double. Désolée Monty, échec et mat.

- Bande de rabat-joie ! Vous allez littéralement retourner votre veste pour que je vous en donne vu que je suis le seul détenteur d’une bouteille d’alcool sur cette base…

- Tout ne se rapporte pas à l’alcool Monty tu sais. Il y a plus important dans la vie. Et puis, c’est dangereux pour la santé.

Elle ne savait pas si c’est la fatigue ou un élan soudain de sagesse mais la phrase semblait faire son effet. Raven fit semblant de s’étouffer.

- Ma parole. Maitre Bouddha, sort de ce corps ! Clarke rentre dans le placard ! C’est une date à noter ! Je m’attendais à ce que Wells fasse la leçon de morale mais là c’est trop beau.

Le jeune homme avait évidemment son mot à dire dans l’affaire.

- Désolé d’être le lourd de service mais effectivement on est pas en club Med. Cette mission est ultra importante. Après, je ne suis pas un dictateur, quand vous avez fini votre service, vous pouvez vous détendre comme vous le souhaitez. Nous sommes ici pour 6 mois ensemble et je préfère vous voir de bonne humeur. Tout ce que je vous demande, c’est du contrôle et du professionnalisme.

- Bien sûr grand chef. Aucun problème. On se fera juste un petit toast pour fêter la réunion de l’équipe. »

Wells acquiesça

Pendant une vingtaine de minutes, ils continuèrent d’échanger sur leur vie depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus, l’actualité du moment…puis ils se séparèrent rapidement. Wells devait retourner sur le terrain. On lui avait amené une petite fille souffrant de crampes sévères, de nausées et d’une fièvre élevée. Très certainement un début de malaria diagnostiqua Clarke dans son esprit. Il devait vite aller à son chevet lui administrer une dose de Quinine et statuer sur son état. Il s’excusa auprès du petit groupe pour se rendre dans la tente de soin et leur donna rendez-vous le lendemain matin au petit déjeuner.

Monty se proposa de les accompagner jusqu’à leur dortoir et elles ne se firent pas prier. Dès qu’elles eurent passé le seuil de la porte, elles se jetèrent sur leurs lits. Encore une fois, la nuit allait être courte.

 

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Le lendemain matin, Clarke fut la première à se réveiller. Elle en profita pour sortir prendre l’air et admirer les alentours, ce qu’elle n’avait pas pu faire la veille vu qu’ils étaient arrivés de nuit. Premier point, le camp était entouré de barrières et gardé par quelques Casques bleus qui surveillaient les environs. Simple mesure de précaution dissuasive. Par chance, le pays n’était pas pris dans un conflit mais il résidait quelques guérillas qui agitaient encore les campagnes cambodgiennes. L’ONU les avait donc dépêchés pour protéger les civils et dans le cadre où Médecins sans Frontières travaillait également avec des populations locales, il était préférable d’assurer la sécurité de la mission. Le service de sécurité n’était pas très important et mais il demeurait essentiel car il restait toujours des extrémistes qui prenaient pour cible les missions humanitaires pour faire des otages et récupérer des rançons exorbitantes auprès des gouvernements étrangers

Elle grimpa sur une petite colline qui surplombait la base afin d’avoir une meilleure vue. Après 20 minutes de marche, elle était arrivée au sommet.
Ils étaient placés en contrebas d’une vallée. Le camp formait un demi-arc de cercle constitué de tentes et quelque mobiles homes ; certainement pour les unités de soins. Au centre, une grande antenne relais montait vers le ciel.
C’était une petite base, elle en aurait vite fait le tour. Au loin, dans la forêt ; elle observait un amas de pierres formant une sorte d’arche. Cela devait faire partie d’un vieux monument. Si elle avait un peu de temps, elle se promettait d’y aller jeter un œil.

 

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En redescendant, elle se dirigea directement vers le mobil home où elle et Raven avait été accueillie la veille. Son amie était en train de manger et Wells se servait un café.

« Salut Princesse !

- Ah, Clarke ! Je t’en prie, installes-toi. Je t’attendais pour pouvoir commencer. Tu veux quelque chose ?

- Je prendrais bien un café aussi s’il te plaît. »

Wells acquiesça. Après avoir versé la boisson, il s’assit et commença à leur expliquer plus en détail le fonctionnement de la base dans laquelle elles allaient maintenant travailler la plupart du temps. Elle était divisée en 4 zones :

- Le mobil home où ils se trouvaient qui faisait office de salle de repos, d’accueil, de lieu d’échanges.

- Des mobiles-homes logistiques se trouvaient au centre de la base. C’est là où Monty et Raven notamment allaient évoluer.

- Une tente « préventive » où l’équipe de communication essayait de faire un cours pour transmettre à la population des techniques et des conseils pour éviter des risques de contaminations.

« Tu pourras le voir tout à l’heure. Monty a notamment fait un spot vidéo pour expliquer les origines classiques du paludisme et de la Malaria. Le but est qu’ils diffusent le message dans leur village afin d’adopter des techniques de prévention simples. Roma essaye également de leur enseigner quelques techniques pour filtrer l’eau. Ils ont peu de puits et boivent essentiellement l’eau des fleuves et des lacs, c’est là leur principal problème. »
Clarke trouvait l’idée excellente.

- Enfin, 3 tentes de soins qui pouvaient accueillir jusqu’à une trentaine de patients au maximum. Pour le moment, le flux entre les patients entrants et sortants arrivait à être équilibré de sorte qu’ils ne s’étaient jamais encore retrouvés dans cette position.

Dans les cas où les patients étaient trop gravement atteints, il avait réussi à obtenir une dérogation exceptionnelle de l’hôpital le plus proche qui leur autorisait le transfert des patients dont l’état nécessitait une prise en charge plus lourde dans un environnement sain. Ils pourraient utiliser leur équipement mais en contrepartie, c’était les membres de la MSF qui devaient s’assurer du suivi de ses patients car le personnel de l’hôpital est toujours en sous-effectif par rapport à la population qui rentre chaque jour dans l’établissement. Il est vrai qu’il est plus facile de travailler dans un hôpital avec un patient sur un vrai lit. Les chances de guérison n’en sont que plus grandes. Mais si cela devait avoir lieux cela resterait exceptionnel car aller à l’hôpital signifiait se démunir d’un membre du groupe pour une durée incertaine et ce n’était pas concevable avec la quantité de travail.

 

Après son pitch, Wells les laissa terminer leur petit déjeuner et sorti pour faire ses premières consultations de la journée.

Clarke engagea la conversation avec Raven qui était aussi excitée qu’elle

« Tu sais sur quoi tu vas faire travailler tes neurones de génie aujourd’hui ?

- Pas encore exactement, Monty va me faire un topo. On verra ! Mais quel que soit le plan, je vais déchirer.

- Bien sûr.

- Eh ! Soit pas sarcastique ! C’est toi la première qui me traite de génie.

- J’ai ripé, désoléeee !

- C’est ça. Je sais que tu m’aimes

- Plus que ça. »

Raven lui fit un baiser avec sa main puis se releva, prête à partir.

« Tu taperas la bise à Harper, je ne l’ai même pas entendue rentrer cette nuit.

- Vu ton état et le mien, je pense qu’elle nous pardonnera. »

Elle prit son sac à dos et se dirigea vers la sortie

« Allez bon courage Griffin. Tu me racontes tout ce soir, même les détails les plus ennuyeux, pigé ? »

Elle avait pris un ton faussement menaçant qui fit sourire la blonde.

« C’est pas un RDV mais tout ce que tu veux. Allez, à plus Rae ! »

 

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Elle se dirigea vers la tente de soin. En entrouvrant la toile, elle reconnut la blonde menue qui était au chevet d’un homme âgé, visiblement très fatiguée. Elle ne voulait pas la déranger pendant qu’elle administrait les soins et attendit un peu à l’écart. Peu de temps après, quand la fille se releva pour se diriger vers la table du côté de l’entrée, elle s’aperçut de la présence de Clarke.

« Hey !

- Bonjour Clarke ! » répondit-elle enthousiaste

Ce n’était pas vraiment l’heure pour des discours de retrouvailles, elles auraient le temps le soir même. Elles parlèrent tout de suite de la mission.

« Comme tu vois et comme Wells a dû te le dire, on fait face à beaucoup de cas de paludisme et d’intoxication. Dylan s’occupe des blessures avec saignements qui n’ont rien à voir avec une maladie infectieuse, Maya s’occupe majoritairement de faire les vaccinations et vient m’aider de temps en temps. Je prends en charge les patients malades : prendre leurs constantes vitales, diagnostiquer leur problème et commencer les traitements qui s’imposent. Tu peux m’aider sur ça ? On va être pas mal occupé ce matin j’ai l’impression.

- Bien sûr ! »

 

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La fin de la semaine se déroula sans encombre. Elle avait peu de temps pour elle mais avec quand même réservé un appel par Skype pour rassurer sa mère. Oui elle était bien arrivée, tout allait bien. Elle lui demanda de prévenir Finn que tout était ok et de lui dire que c’était une expérience incroyable à vivre. Elle aurait aimé pouvoir partager sa joie directement avec lui mais il n’était pas connecté à ce moment et leur 3G était limitée. Elle réessayerait après son retour de Tonlé Sap.

C’était un petit village de pêcheurs sur le bord du lac du même nom. Wells avait jugé bon de l’envoyer là-bas pour sa première mission extérieure à la demande du docteur local qui était submergé par le nombre inquiétant de nouveaux malades chaque jour. Elle partait avec Maya. Elles allaient rester sur place une petite semaine pour avoir le temps de traiter le maximum de cas et avoir un véritable suivi concernant l’amélioration ou non de l’état des patients. Au bout de cette semaine, elles retourneraient à la base et une autre équipe prendrait le relais pour aller dans un autre village alentour.

La veille du départ, elle passa la soirée avec Harper, Raven, Wells, Monty et Miller. L’ambiance était détendue, elle ne regrettait pour rien au monde de s’être échappée de la folie des villes américaines pour un petit moment.

 

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Le lendemain à 7h, elle était prête. Elle avait préparé son sac contenant quelques encas, sa trousse de premier secours et un carnet de dessins. On ne sait jamais si elle avait le temps de croquer un paysage ou deux. Le reste de l’équipement lourd ; lits de camps, couvertures, valises de médicaments et de matériel ; était déjà installés et callés dans la Jeep grâce à l’efficacité d’Atom.

Elle n’avait pas eu la chance de le recroiser véritablement depuis leur arrivée. Il était toujours occupé à bricoler quelque chose dans le camp. Si Wells était la tête de l’opération, Atom était également essentiel au fonctionnement du camp. Elle appréciait d’avoir à passer le trajet avec lui plutôt que John MBenge son binôme qui était peu agréable quand on tentait de l’approcher, sans aucune raison véritablement. Mais pas de chance pour elle, c’était lui qui était désigné pour l’accompagner elle et Maya pour cette virée.

 

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L’heure de trajet se passa dans un silence glacial. John n’était pas d’humeur à engager une quelconque conversation et Maya… était Maya. Timide à en mourir. Par deux fois, Clarke avait essayé d’engager le débat avec elle sur la route mais la jeune femme ne lui avait répondu que par monosyllabe. Devant ça, elle avait décidé de laisser tomber. La grande gueule de Raven lui manquait déjà. Pour le trajet, pas de problème. Mais elle espérait que Maya communiquerait un peu plus au cours de la semaine, sinon elle allait être longue et ce ne serait pas facile de faire du travail correct.

A leur arrivée, ils furent reçus par le médecin local. Sa tente était remplie et une longue file d’attente s’étendait dehors. Parmi eux, beaucoup d’enfants. Clarke avait le cœur serré. Il leur expliqua rapidement la situation et vint confirmer ce que Wells leur avait dit au sujet de l’eau consommée et de la recrudescence de moustiques à cette période. Pendant ce temps, John avait commencé à déballer le matériel et l’installer dans une tente conjointe. Après une petite heure, Clarke et Maya étaient prêtes à entamer leur mission.

Il avait été convenu avec Nyko - c’était comme ça que s’appelait le médecin - qu’ils se répartissent le travail. Maya s’occupait des patients non atteints et leur administrait des doses de vaccins pour éviter la propagation du virus. De leur côté, Nyko et Clarke s’occupaient de la dizaine de patients en leur administrant des antibiotiques, des remèdes à base de plantes et en essayant de faire baisser leur fièvre avec des linges imbibés d’eau qu’ils changeaient fréquemment. Ils avaient du pain sur la planche.
Clarke appréciait de passer du temps avec Nyko et observer sa manière de travailler. Il faisait un peu peur à voir au premier regard derrière sa barbe et ses imposants tatouages sur le corps, mais il avait un grand cœur. Et lui aussi en retour apprenait également énormément auprès de la jeune fille.

Au bout de 5 jours, tout se déroulait pour le mieux. Les premiers malades commençaient à montrer de nets signes d’améliorations. Seuls 2 enfants restaient encore très fragiles car leur corps mettait plus de temps à réagir au traitement mais leur vie ne semblait pas en danger. Maya les surveillait tout de même de très près. La jeune femme s’était d’ailleurs montrée plus loquace avec Clarke au fil du temps, pour le plus grand plaisir de la blonde. Pendant ce temps-là, John qui ne s’était pas montré plus chaleureux avec elle passait le plus clair de son temps en dehors du village, dans les bois, à faire on ne sait quoi. « Peu importe ! » pensa Clarke, qu’il la laisse donc tranquille, elle n’en avait rien à faire.

Le samedi matin, seuls 2 nouveaux patients s’étaient présentés avec de nouveaux symptômes de Malaria. Maya avait fini de vacciner les villageois volontaires la veille et Nyko proposa alors à Clarke de souffler un peu, de se prendre un break pour la matinée. Il pourrait s’occuper avec Maya du reste. Clarke était très heureuse à l’idée de pouvoir passer un peu de moment pour elle. Elle décida de se lancer dans l’exploration du village. Jusque-là, elle n’avait pas eu le temps de s’intéresser vraiment à l’artisanat et aux traditions culturelles du pays où elle avait atterri une semaine auparavant. L’occasion se présentait maintenant.

 

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Si l’on n’exceptait la raison pour laquelle elle était ici, c’était un village qui restait très vivant. La pêche avait diminué et de ce fait, les pêcheurs et les poissonniers restaient au chômage technique mais cela n’empêchait pas le marché d’être pris d’assaut par les villageois. On y trouvait de nombreux étals d’aliments, de fruits, de viandes séchées. Certains proposaient également des mètres de tissu et des panoplies de vêtement complètes. Clarke décida de se procurer une de ces tuniques. Elle avait emmené pas mal d’habits de Los Angeles mais elle n’était pas véritablement confortable dedans avec le temps qu’il régnait ici. Il faisait très moite et ses habits la collaient tous les jours, c’était particulièrement désagréable. En revanche, elle avait remarqué que les villageois travaillaient confortablement dans ces tuniques et Nyko lui avait confié qu’ils étaient tissés avec des fibres végétales particulièrement sélectionnées pour permettre au tissu de respirer et faire passer l’air. Apparemment ici, pas besoin d’avoir un tee shirt Adidas ou des Nike pour être à l’aise. Il semblait fonctionner sur le modèle du troc. Elle se rapprocha d’un étal et engagea la discussion en anglais :

« Qu’est-ce que je pourrai vous donner pour avoir cet ensemble s’il vous plaît ?

La vieille dame lui souria.

- Pas pour toi

Clarke était confuse par la réponse mais la femme développa :

- Je veux dire, tu n’as pas besoin de donner quelque chose. Nous sommes très heureux ici que vous soyez venus aider notre petite communauté. Tu as soigné mon fils, il va mieux donc le moins que je puisse faire en remerciement, c’est de t’offrir ces vêtements. »

Clarke était doublement confuse et gênée par la gentillesse de cette dame. C’était son métier, elle ne le faisait pas pour se couvrir de gloire et avoir des privilèges mais la vieille femme semblait y tenir. Clarke la remercia timidement :

« Merci, vraiment… vous n’êtes pas obligée.

Elle secoua la tête

- Tsss ! Ca me fait plaisir ! Et je suis sûre que vous serez très jolie et bien plus à l’aise dans cette tenue donc … s’il vous plaît ! »

Elle s’éloigna avec son cadeau sous le bras. C’était un village qui se suffisait à lui-même, qui avait seulement besoin de choses simples et les plus élémentaires possibles pour survivre. Clarke trouvait ça très inspirant. Il y avait vraiment un charme pittoresque et une ambiance très chaleureuse qui régnait ici. Quand elle traversa la place, de nombreux villageois lui sourire et la remerciait pour le travail que la MSF faisait ici. Elle était plus que contente, l’idée de Wells était une véritable réussite.

 

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Au détour d’une ruelle, elle s’arrêta devant une tente en particulier. Contrairement aux autres, elle arborait des cornes au-dessus de son entrée qui encadraient une tête de cerf empaillée. Sur les côtés, des totems en bois avec des crânes sculptés s’élevaient du sol. On aurait dit un repère chamanique. « Bizarre comme décoration » pensa-t-elle. Sans savoir véritablement pourquoi, Clarke s’avança. Après une courte hésitation, elle passa sa tête dans l’embrasure :

« Excusez-moi ? ».

Personne. Elle allait rebrousser chemin quand elle prit connaissance de ce qu’il y avait dans la tente. A l’intérieur, le décor n’était pas aussi sinistre que l’extérieur le laissait paraître. Il y avait une table au centre entourée de deux étagères remplies à craquer de livres qui semblaient pour la plupart très anciens. Clarke aimait beaucoup lire et c’était la première fois depuis qu’elle était dans ce pays qu’elle voyait une bibliothèque aussi complète. Elle s’avança vers le premier meuble quand elle entendit du bruit derrière elle. La femme qu’elle prenait pour la propriétaire venait de rentrer.

« Pardon, excusez-moi, je ne voulais pas m’introduire. Vos livres m’intriguaient et je voulais simplement jeter un coup d’œil... ». La femme ne répondit pas. « Euh, je m’appelle Clarke, je fais partie de l’expédition de médecins envoyés sur le village…

- Je sais qui vous êtes. »

Bien sûr qu’elle le savait. Ca ne devait pas être tous les jours que des étrangers débarquaient dans leur village, l’information avait déjà du circuler.

« Bon… ben… je vais y aller je pense. Belle déco !

- Je ne vais pas vous chasser ! Je suis heureuse que quelqu’un vienne. Je vous en prie, restez, asseyez-vous »
Pendant qu’elle versait la mixture dans un petit bol en terre cuite, Clarke prit le temps d’observer son interlocutrice. Quand elle était entrée dans la tente, elle avait d’abord cru apercevoir une femme très âgée mais maintenant qu’elle l’avait en face d’elle, elle arrivait difficilement à lui donner un âge. Elle avait une peau mate et de longs cheveux noir de jais avec quelques mèches grises qui se reflétaient dans le long de sa chevelure. Son teint était lisse mais elle discernait çà et là quelques rides. Elle pourrait avoir 30 ans comme 60 ans. C’était étrange.

Son hôte semblait remarquer l’inconfort de Clarke et décida de briser la glace. Elle huma son thé et déclina son identité à la jeune femme :

« Mon nom est Aiyanah.

- Enchantée ?

- Oui, enchantée Clarke. »

Une mouche vola. Clarke observait plus précisément l’intérieur et se décida à interroger son hôte qui la dévisagea attentivement.

« Alors, euh… pourquoi ces décorations devant votre tente ? Quel est votre métier ? Si je peux me permettre bien entendu. Je ne veux pas être intrusive »

Non, elle ne voulait pas être intrusive mais le silence de la femme devant elle commençait à la stresser.

« Bien sûr Clarke ! Les questions forment l’esprit. Et pour te répondre, je suis, comme on pourrait dire, un oracle. »

Après avoir annoncé ça, comme si de rien n’était, elle prit une gorgée de thé et souffla sur sa tasse. Clarke était décontenancée et dubitative.

« Un oracle ? C’est-à-dire… que vous voyez des choses ? Vous pouvez voir des choses me concernant par exemple ?

- En quelque sorte. »

Mouais. Bien sûr. Elle aurait dû s’en douter. Une impression de déjà-vu. Comme ce moment quand on regarde un film où on devine ce qui va se passer dans la scène suivante.

« Laissez-moi deviner. Le destin me réserve de grandes choses, je vais accomplir des exploits, ma grand-mère décédée me dit qu’elle m’aime et je vais gagner au loto. C’est ça ? C’est combien pour la séance d’auto-psychanalyse ? »

La vieille-jeune femme rigola à gorge déployée

« Rien de tout ça Clarke ! Je ne lis absolument pas l’avenir. Tout du moins, pas au sens littéral. Je reçois des messages codés à travers moi. Parfois plusieurs fois par jour, parfois rien pendant plusieurs semaines. Je dois les interpréter pour pouvoir les transmettre aux personnes concernées dans mes visions. »

Elle reprit après un petit moment de silence. Sa voix était posée, elles voulaient que ses mots pénètrent vraiment dans l’esprit de Clarke pour prouver sa sincérité.

« Je me doute que dans ta culture, on accorde peu de confiance aux personnes douées de dons comme moi…

- Certainement parce que c’est une escroquerie montée par un réseau de gens avides d’exploiter les faiblesses de certaines personnes. »

« Pourquoi ai-je dis ça sur ce ton ?? » Juste après avoir prononcé sa phrase, elle éprouvait quelque remords. Elle avait été glaciale face à cette femme qui n’avait rien fait d’autre que de l’accueillir chaleureusement.

Mais la vérité, c’est qu’elle était énervée que des gens fassent croire des choses à des personnes souvent friables mentalement et en profitent pour leur extorquer de l’argent. Elle était énervée contre les arnaqueurs, mais aussi contre les arnaqués. Comment peut-on accorder sa confiance à une personne que l’on rencontre 5 minutes avant et qui dit pouvoir changer notre vie en lisant les lignes de la main ou à travers une boule de cristal ? C’était une chose qu’elle n’arrivait pas à comprendre. Il allait falloir lui donner beaucoup plus que ça.

« Certainement. Je ne peux dire le contraire. Mais dans mon peuple, nous ne sommes pas assez fous pour prétendre être ce que nous ne sommes pas et falsifier des signes. Nous leur accordons une grande importance, ils portent un message sacré. Ce rôle n’est pas un plaisir, mais c’est mon devoir. Parfois, les messages sont douloureux mais les ignorer ou refuser de les faire parvenir à son destinataire serait de la folie… Nous sommes tous égaux et nous avons tous le droit d’avoir accès aux informations nous concernants. Même si dans certains cas, cela passe par moi.

- …

- Je sais que ça semble difficile à croire, mais tu peux avoir foi en moi Clarke Griffin. »

Lui avait-elle dit son nom ? Bah, elle avait dû le voir trainer sur un badge ou entendre Maya l’appeler comme ça.
Au fond d’elle, Clarke elle-même n’était pas convaincue par ses théories.

« Comment le pourrais-je ?

- Je ne sais pas ? Je ne t’ai pas invitée, tu es venue dans ma tente de toi-même. Peut-être que le destin t’a conduit ici ?

- Hum, et pourquoi aurait-il fait ça ?

- A toi de me le dire Clarke »

A vrai dire, Clarke était décontenancé devant cette femme. Elle n’était pas mal à l’aise pour autant mais cette Aiyanah dégageait quelque chose de profondément mystérieux et malgré sa bonne volonté pour intégrer les coutumes locales, l’esprit logique de Clarke refusait obstinément de croire à ces théories de messages sacrés ou toute autre intervention divine.

En voyant la confusion inscrite sur le visage de Clarke, Aiyanah décida de changer de sujet pour alléger l’atmosphère :

« Tu semblais intéressée par mes livres tout à l’heure. Tu peux revenir quand tu veux les consulter si tu en as l’envie ! Ils pourraient répondre à tes questions sur les coutumes de mon peuple

- Merci. » supposa-t-elle. « J’y jetterais certainement un coup d’œil plus tard si j’ai le temps ».

Sur ces derniers mots, elle sortit de la tente. Elle avait l’impression qu’elle avait passée une heure dans une autre dimension.
Vraiment, elle n’arrivait pas à lire à travers cette femme. Sans aucun doute, c’était la rencontre la plus étrange qu’elle avait faite sur le sol cambodgien. Et pourtant, sans le savoir, le meilleur était à venir.

 

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Pendant ce temps, à un autre bout du village, John MBengue s’était isolé. Après avoir jeté un coup d’œil au-dessus de son épaule, il sortit un talkie-walkie et commença à émettre vers une source inconnue.

« Allô, allô, vous me recevez ?

La ligne grésilla quelques secondes avant qu’une voix ferme lui réponde :

« Nous vous recevons. Quelles nouvelles peuvent nous vous apporter ?

- C’est bien comme vous le pensiez, nous sommes au bon endroit, mais j’ai besoin d’encore un peu de temps pour confirmer précisément nos plans. J’y suis presque. »

L’homme de l’autre côté de la ligne semblait satisfait par-là réponse.

« Bien, continuez mais veillez bien à ne pas éveiller les soupçons.

- Compris. Terminé. »

Sur ces mots, il coupa la communication et retourna au centre du village.

 

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L’après-midi suivant sa visite chez Aiyanah, un petit incident s’était produit. En grimpant à un arbre, une jeune fille de 7 ans était mal retombée. Ce n’était pas beau à voir, elle saignait abondamment du bras gauche et souffrait certainement d’une fracture. Elle s’était également faite une entaille sur le front.

Sans anesthésiant, Clarke fit quelques points pour refermer l’entaille et se tourna ensuite vers le bras de la petite Sara. Elle appliqua du désinfectant pour nettoyer la surface de la peau et éviter une infection. A l’aide d’une pince, elle retira ensuite les petites échardes qui s’étaient enfoncée dans sa peau, puis elle pensa les blessures avec des bandes. Elle passa ensuite un foulard autour de son cou et de son bras afin de maintenir l’épaule en place. Par chance, ce n’était pas une fracture mais simplement une dislocation. La rééducation serait plus courte.

Durant toute la durée du processus, la jeune fille ne pleura pas une seule fois. A sa place et à cet âge, la blonde était sûre qu’elle n’aurait pas eu cette force de caractère. Elle avait été surprise de voir que malgré les blessures, les maladies parfois graves des gens qu’elle rencontrait ici, chacun d’entre eux restaient fort. Fort pour eux, fort pour leur famille, fort devant les autres membres du village. Et cette petite fille était juste un exemple parmi tant d’autres.

Quand elle comparait ce comportement avec certains des patients dont elle s’occupait à l’hôpital en temps normal et qui hurlait pour un ongle incarné, elle avait envie de rire. Ils n’étaient pas tous comme ça, bien sûr. Sinon, il y aurait bien longtemps qu’elle aurait cessé ce métier.

Elle sourit.

Après avoir rangé son matériel, elle déposa son sac dans sa tente et alla prendre l’air.

 

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De l’autre côté du village, au même moment, un garçon qui n’avait pas plus d’une douzaine d’années courait en direction de la tente d’Aiyanah. Il arriva à bout de souffle devant l’antre de l’oracle et lui demanda instantanément une audience.

Cette dernière prit un visage concerné, d’autant plus par la nouvelle que le jeune garçon lui confia après avoir repris sa respiration. Elle fronça les sourcils et se retira cinq minutes dans le fonds de sa tente afin d’interpréter ce message et les différents signes qu’elle avait reçus depuis une semaine afin de décider de ce qu’elle allait faire.

C’était clair, cela devait arriver, elle l’avait pressenti depuis un long moment. Il manquait seulement un élément déclencheur et il était, elle était là en ce moment. Si elle empêchait le destin de se réaliser, il pourrait revenir sous une forme plus violente et sans avertissement cette fois-ci.

Elle retourna voir le jeune homme, lui désigna une tente et lui donna quelques instructions. Il acquiesça et repartit en courant vers l’endroit que la femme lui avait montré. Avant de rentrer dans sa tente, elle murmura :

« Bonne chance Clarke »

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Clarke rentrait tranquillement de sa courte balade quand elle aperçut une ombre se faufiler en dehors de sa tente avec son sac sur les épaules.

« Eh ! »

L’ombre s’arrêta et se retourna. C’était un petit garçon avec des cheveux courts, blond, et dont elle semblait distinguer des yeux gris-bleus. Le temps qu’elle l’observe, il se retourna et commença à courir en direction de la forêt.

Elle hallucinait.

En soi, le sac avait peu d’importance... Mais ce qu’il y avait à l’intérieur ? Ca, elle ne l’abandonnerait pour rien au monde. Oui, son passeport était important pour quitter le pays, oui ça l’embêtait de perdre sa photo avec Finn et son carnet de dessins…. Mais surtout, elle avait glissé la montre de son père à l’intérieur du sac quand elle avait dû recoudre la Sara, afin d’éviter d’avoir des éclaboussures de sang sur son bien le plus précieux au monde.

Elle commença à lui courir après. Ce n’était pas un gamin qui allait la distancer.

 

Bon ….

 

Un gamin, peut-être pas, mais un gamin qui connaissait apparemment la forêt comme sa poche, probablement. Et c’était le cas. Malgré tout, après vingt minutes, elle l’avait toujours dans son champ de vision. Bizarrement, à chaque fois qu’il était sur le point de disparaitre, il semblait ralentir, comme s’il l’attendait.
« Impossible, je ne vois vraiment pas pourquoi il ferait quelque chose comme ça… »

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Après s’être assuré que la blonde puisse le suivre, le jeune garçon la distança d’une petite centaine de mètres le temps de mettre à exécution le plan concocté avec Aiyanah. Il avait peur d’arriver trop tard, le pire pouvait être arrivé en son absence. Cependant, il avait confiance, ce n’était pas son mentor pour rien, elle avait vu pire.
Cette fois-ci pourtant, il était impuissant. Il avait couru au village pour requérir l’aide de Nyko mais l’oracle en avait décidé autrement. Il n’allait pas contredire la contredire, elle détenait la sagesse et la vérité sur leur existence.

Rapidement, il mit son mentor au courant de la situation. Elle était surprise mais rapidement, elle ajusta sa pensée. Son esprit émit rapidement un nouveau plan.

Gon en fau Onya. Ron ai ridiyo op, en Komba hir (Va voir Anya. Dis-lui la vérité et préviens là du danger. Reviens dès que possible)

Il voulait argumenter, rester auprès d’elle, c’était son devoir aussi après tout. La brune avait senti l’hésitation auprès du jeune homme. Avant qu’il ne sorte un mot de sa bouche, elle le rassura :

« Aiden… »

Le geste qu’elle lui montra et sa signification sembla satisfaire le jeune garçon qui acquiesça.

« Sha Lexa. »

Il se releva, se retourna une dernière fois et disparu dans la forêt. Peu de temps après, Clarke arrivait sur les lieux.

 

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40 minutes. Cela faisait 40 putains de minutes qu’elle était partie du camp et 10 minutes qu’elle errait dans la forêt. Le jeune garçon semblait s’être lassé de l’attendre et avait dû accélérer le pas. « Ce satané môme va m’entendre si je le retrouve… ». Heureusement pour elle, il ne semblait pas s’être aperçu qu’il avait fait tomber des objets dans sa course derrière lui. Son passeport, puis 50 mètres plus loin, sa trousse médicale. Encore un peu plus loin, son carnet de dessin…

Elle se trouvait actuellement en sommet d’une côte. Elle se pencha pour ramasser sa trousse de crayons et jeta un coup d’œil devant elle. C’est là qu’elle s’aperçut qu’elle n’était pas seule. Elle n’avait pas retrouvé le petit garçon. Non. A la place, une jeune femme gisait contre un tronc d’arbre, visiblement blessée.

« Oh mon dieu ! C’est pas vrai ! »

Elle ne pensa pas une minute à une possible embuscade. Son sang de médecin ne fit qu’un tour. Elle dévala la pente et se rua auprès de la brune qui devait avoir à peu près son âge. En observant rapidement, elle remarqua une petite cavité circulaire à la jambe droite. Une blessure qui semblait avoir été faite par une arme à feu.

« Ok, tout va bien se passer, je suis médecin, n’ai pas peur, fais-moi confiance. Je vais t’aider à te poser un peu mieux pour qu’on jette un œil à cette blessure. »

Elle redressa la brune - très tendue remarqua-t-elle - pour la mettre dans une position plus confortable pour sa jambe. Elle commença à faire un garrot avec le foulard qu’elle avait dans son sac. Elle était dans l’urgence, la fille perdait beaucoup de sang au niveau de sa cuisse, mais elle essayait de se montrer calme afin de ne pas stresser l’inconnue, de peur que son rythme cardiaque s’accélère ou que sa tension chute. Surtout que dans cette situation, Clarke se trouvait démunie. Elle n’avait que le minimum dans sa trousse de secours. Mais visiblement, malgré ses craintes, la fille en face d’elle n’avait pas besoin d’être rassurée. Son visage était fermé et ne laissait transparaitre aucune émotion, aucune douleur.

Qui était cette fille ? De toute évidence, d’après sa tenue, pas une touriste, ni une joggeuse perdue dans les bois. Peut être quelqu’un du village de Tonlé Sap ? Non, ça ne faisait qu’une semaine qu’elle y était mais le village n’était pas si grand que ça et elle avait pu voir la majorité des habitants. Et surtout, elle aurait difficilement oublié un visage comme le sien. Une victime des guérillas ? Peut-être. Si c’était avéré, ce ne serait pas seulement l’inconnue qui aurait besoin d’être rassurée, mais également la blonde. Ses assaillants n’étaient peut-être pas loin et elle avait les armes à feu en horreur, même si son pays les vendait en libre-service à tous les coins de rue.

Et c’est là que Clarke remarqua un élément étrange, quelque chose qu’elle n’avait pas remarqué jusqu’à présent, trop préoccupée par la blessure formant un trou à la jambe droite. Cette fille portait une sorte d’épée attachée derrière son dos…

Quel genre de personne se promène avec une épée de nos jours ? Pourquoi ?

Un millier de question se formaient dans la tête de la jeune médecin mais elle les reporta à plus tard. Le plus important sur le moment était de s’occuper de la santé de cette fille et de diagnostiquer la gravité de sa blessure. La blessure par balle était apparente mais il fallait vérifier si elle ne s’était pas infectée et avait affaibli tout le système de la jeune femme. Elle allait devoir déterminer ça tout de suite.

Elle laissa traîner son regard sur l’inconnue qui avait gardé jusque-là sa tête baissée. Clarke ne brusqua pas le mouvement. Elle approcha doucement sa main près du visage de la brune afin de prendre sa température. Cette dernière tressaillit au contact et releva sa tête après une courte hésitation.

Quand ses yeux se posèrent sur les siens, Clarke ressentit un frisson la parcourir et le temps s’arrêta une seconde, le temps qu’elle imprime dans sa tête les deux iris qui la regardaient. Ils étaient uniques, d’un magnifique vert émeraude avec des dizaines de nuances profondes. Malgré la blessure de la fille qui devait la faire horriblement souffrir, ils restaient vifs et déterminés, aussi vivants que la forêt qui les entourait.

Elle voulait soudainement couper la glace avec cette fille. Sans jamais cesser de garder son regard plongé dans cette étendue verte, elle lui pose une simple question :

« Je m’appelle Clarke. Et toi ? »

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