Sacrifice
A bord du Phénix
Après un vol de nuit, le Phénix se rapprochait de la zone de la dernière centrale, tout le monde avait revêtu sa combinaison antiradiation. Le plan d’action était exactement le même que pour la précédente installation. Chacun se tenait à son poste, les dernières minutes avant le survol de la centrale étaient les plus angoissantes. Clarke adressa un regard inquiet à Bellamy qui se tenait face à elle de l’autre côté de l’émetteur. Le jeune homme lui répondit par un sourire. A cet instant leur querelle semblait tellement dérisoire que chacun d’eux se sentait idiot d’avoir réagi de la sorte.
« Nous nous approchons de la zone… » Dit Jasper.
« Regardes ! » Répondit Raven en pointant du doigt une épaisse fumée à l’horizon.
Jasper déglutit, les mains crispés sur le manche du vaisseau.
« Tu crois que c’est... ? »
« Je ne sais pas, il faut qu’on fasse un survol de reconnaissance pour voir à quoi nous sommes confrontés ici. » Dit Raven, pour qui la prononciation de chaque mot devenait difficile.
Jasper rapprocha le vaisseau au maximum pour déterminer d’où venait la fumée.
« Il y a une fuite dans le bâtiment du circuit primaire… » Constata Raven, tremblante.
« Le pire des scénaris… » Dit Jasper qui commençait à avoir très chaud dans sa combinaison.
« Rapproches-nous, Jasper je lance le compte à rebours… » Dit la mécanicienne.
Le jeune homme conduisit le Phénix au-dessus de la centrale en essayant de ne pas perdre le contact visuel avec l’installation qui laissait échapper une dense fumée. Le vaisseau essuyait des turbulences, tout vibrait dans l’appareil. La centrale était très ancienne, bien plus ancienne que la précédente.
Raven se retourna vers la soute et cria à Clarke :
« Activez le système ! »
Bellamy et Clarke s’exécutèrent.
Le compteur Geiger s’affolait, la chaleur dans le vaisseau était étouffante. Raven avait prévu la carlingue du vaisseau pour les protéger des radiations mais sur un lapse de temps très cours.
Un bip sonore retentit, mais ce n’était pas celui tant espéré par l’équipage.
Clarke pouvait lire en lettre rouge sur un écran que la tentative avait échoué.
« Ça ne marche pas ! » Cria la jeune femme.
« 2 minutes… » Lança Jasper à Raven attendant ses ordres.
« On ne peut pas rester plus longtemps, tires nous de là Jasper ! » Ordonna Raven.
Jasper ne se fît pas prier, il avait l’impression que le vaisseau aller s’embraser. Il manœuvra avec habileté et éloigna le Phénix de la centrale. Une fois à bonne distance, Raven ordonna de poser le vaisseau dans une zone dégagée.
« Qu’est ce qui a cloché ? » Demanda Clarke à Raven qui les avait rejoints dans la soute et qui examinait le système chargé de communiquer le code de désactivation.
« Il faut que j’examine les données informatiques…Pendant, ce temps Jasper et Bellamy faites le tour du vaisseau pour voir s’il n’est pas endommagé. » Répondit la jeune femme, qui suait à grosse goutte.
Clarke restait à côté de la jeune femme et se rendit compte que son amie saignait de nouveau des oreilles. Elle savait que ça ne servirait à rien de le faire remarquer à Raven. Il ne leur restait que peu de temps et au vu de l’état de la centrale, l’installation ne tiendrait pas longtemps s’ils ne désactivaient pas le cœur du réacteur au plus vite.
En regardant les nombreux écrans sur l’appareil Raven laissa échapper un « merde » qui n’augurait rien de bon.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » Demanda Clarke la gorge nouée d’angoisse.
« Nous ne pourrons pas désactiver la centrale depuis les airs… » Répondit Raven en regardant Clarke qui se figea.
« Tu veux dire que l’émetteur n’est pas assez puissant ? »
« Non je veux dire que plus rien dans la centrale ne peut capter l’émetteur…Notre engin a fonctionné mais il n’a capté aucune connexion avec l’installation nucléaire. La centrale est tellement ancienne et tellement endommagée que le récepteur est mort. A part une désactivation manuelle depuis l’intérieur rien ne pourra la stopper… » Répondit Raven les yeux dans le vague.
Clarke blêmi en réalisant la gravité de la situation.
« Tu veux dire qu’on va devoir pénétrer dans la centrale ? »
Raven acquiesça d’un hochement de tête avant de répondre :
« Il n’y a pas d’autres moyens…Grâce à ALIE j’ai dans la tête toute la marche à suivre, jusqu’aux plans d’accès à la salle de commande. Je sais que je peux le faire Clarke. »
« Mais les radiations…combien de temps nos combinaisons pourront supporter les taux ? » Demanda Clarke.
Raven grimaça.
« Je ne connais pas les taux à l’intérieur de la centrale… mais ça pourrait être un aller simple.»
Clarke se laissa tomber par terre, son dos appuyé contre la paroi du vaisseau.
« Il doit y avoir un autre moyen… » Laissa-t-elle échapper.
Raven posa sa main sur l’épaule de la jeune femme.
« Crois-moi…il n’y en a pas…c’est notre seule chance…»
Clarke se sentit craquer, elle ne pouvait pas accepter cet état de fait, elle était à bout d’entendre toujours la même chose. Pourquoi, le sors s’acharnait toujours contre eux, pourquoi sur cette satanée planète survivre impliquait toujours autant de sacrifice ? Ses nerfs commençaient à lâcher et elle se sentit fondre en larme.
Raven s’accroupit en face de son amie et en saisissant son visage dans ses mains elle murmura :
« Clarke regardes moi…Nous sommes tout proche d’y arriver…Il y a encore de l’espoir… »
Les yeux de Raven étaient humides, mais la jeune femme dont le courage n’était plus à démontrer allait au-delà de sa douleur, au-delà de sa peur, elle était incarnée par quelque chose qui la dépassait. Sa mission était devenue sa seule raison de vivre et elle entendait bien la mener jusqu’à son terme.
Clarke en pleur aperçut la flamme qui animait à cet instant le regard de son amie, elle put lire une détermination sans faille. C’est à ce moment-là que les garçons rentrèrent dans l’appareil.
« RAS le vaisseau va bien ! » Déclara Jasper qui s’immobilisa en apercevant les jeunes femmes.
Raven se redressa et exposa les faits à ses amis qui avaient déjà compris que la situation était désespérée.
Quelques minutes plus tard les quatre Skaikru étaient assis sur les banquettes face à face.
« C’est de la folie ! » Répéter Jasper en boucle.
Raven éprouvait des douleurs indescriptibles mais mettait toute son énergie à ne rien laisser paraitre. Elle sentait ses forces l’abandonner peu à peu, au-delà de l’infernale migraine, elle sentait ses muscles se tétaniser, sa respiration devenait de plus en plus difficile. Elle craignait à chaque instant de s’évanouir à nouveau.
« Tu n’arriveras jamais à te frayer un chemin là-dedans toute seule. » Dit Bellamy.
« Personne ne viendra avec moi. » Répondit Raven avec fermeté.
« Ce n’est pas une requête Raven, dans ta condition il est hors de question que tu partes seule, je vais venir avec toi et je te porterai sur mon dos s’il le faut mais nous reviendrons ensemble. » Affirma Bellamy.
Clarke repensa à sa discussion avec Becca sur les moyens de garder Raven en vie et il était hors de question que son amie ne soit pas du voyage retour.
« Bellamy a raison Raven et je viens avec vous ! »
Bellamy s’apprêtait à protester mais il comprit que cela ne servirait à rien, Clarke ne l’écouterait pas.
Raven fût prise d’un rire nerveux, tous la dévisagèrent surpris de sa réaction.
« Ca y est on l’a perdu. » Lança Jasper.
Le rire frénétique de la jeune femme s’intensifia et entre deux éclats de rire Raven s’exclama :
« On est vraiment une bande de fous ! »
Le rire de Raven était contagieux et il se répandit comme une trainée de poudre dans la bouche de Jasper, Bellamy et Clarke.
« On va entrer dans une centrale nucléaire qui est sur le point d’exploser ! » Ajouta la mécanicienne en riant bien que ses poumons avaient de plus en plus de mal à faire leur office.
« La terre, est un endroit fantastique qu’ils disaient ! » Déclara Jasper avec une grosse voix en imitant les gens de l’arche.
Les rires reprirent de plus belle.
« Roan est devenu l’intendant de la coalition ! » Lança Clarke en bougeant la tête comme si cela était l’idée la plus saugrenue qu’elle avait pu avoir.
« On est comme des cons dans une boite de conserve qu’a construit Raven avec des matériaux de récupération ! » Dit Bellamy en désignant la carlingue.
« Murphy s’est trouvé une copine ! » Dit Jasper hilare.
« Tu oublis qu’il a aussi couché avec Ontari ! » Précisa Raven.
Ils rirent à s’en faire mal au ventre pendant plusieurs minutes. Leurs nerfs étaient en train de lâcher dans ces éclats de voix qui pendant un bref instant semblèrent figer le temps.
« Oh bon sang… » Dit Bellamy en essuyant les larmes aux coins de ses yeux, en essayant de reprendre ses esprits.
Ils soupirèrent à l’unisson. Une fois le calme revenu tous se regardèrent en silence.
« Je vous aime les gars. » Finit par lâcher Jasper en regardant un à un ses amis. Bellamy posa une main amicale dans le dos du jeune homme.
Chacun ressentit un élan d’amour au fond de son cœur, c’était peut-être la dernière fois qu’ils seraient réunis tous les quatre ensemble, vivants.
Ils se sourirent, ils n’avaient pas besoin de s’exprimer d’avantage. Chacun ressentait l’affection qu’ils éprouvaient les uns pour les autres. Les quatre camarades profitèrent de l’instant pour graver à jamais le visage souriant de chacun de leurs amis dans sa mémoire. La peur semblait s’être volatilisée pendant quelques minutes.
Une fois de plus, c’est Raven qui donna le top départ. Elle se redressa et commença à s’équiper du matériel dont elle aurait besoin pour accomplir sa mission. Jasper se dirigea vers le cockpit et s’installa derrière les commandes. Bellamy se saisit machinalement de son pistolet. Clarke s’approcha de lui faisant signe qu’il n’en aurait pas besoin là où ils allaient. Le jeune homme la dévisagea, Clarke comprit à quel usage il destinait son arme. Cette sombre image la fît frissonner, elle essaya de ne pas y penser d’avantage. Elle baissa les yeux et continua de s’équiper, laissant le jeune homme accrocher son pistolet à sa ceinture.
« Prenez ces bracelets ils indiquent le taux de radiation. La surface va rougir en fonction du taux et de notre temps d’exposition. S’ils se recouvrent d’une couleur rouge c’est qu’on est exposé. Si toute la surface devient rouge c’est qu’on s’est exposé trop longtemps. Si cela arrive, on n’a que quelques minutes pour quitter les lieux avant d’être condamné à une mort certaine. Ne les perdez pas de vu. On peut être exposé sans ressentir obligatoirement des symptômes immédiatement mais si la surface est totalement rouge on est déjà mort sans le savoir. »
Bellamy et Clarke passèrent les bracelets à leurs poignets au-dessus de leur combinaison. Leur vœux le plus cher étaient que la surface reste blanche aussi longtemps que possible.
« Jasper les murs de la centrale sont tellement épais que tu pourrais ne pas recevoir nos appels radio, tu nous déposes et du décolles immédiatement. Tu restes en altitude et dès que nous serons ressortis nous te contacterons. » Ordonna Raven.
Le Phénix décolla en direction de la centrale. Le vol s’effectua dans le plus grand silence. Raven essuya le sang qui coulait de son nez du revers de la main et laissa vagabonder son esprit quelques instant en regardant le ciel à travers la vitre.
« J’amorce la décente. » Indiqua Jasper.
Le Phénix descendit lentement vers le sol à une centaine de mètres au pied de la centrale. Raven se détacha de son siège et tandis qu’elle se levait Jasper lui saisit la main. Il ne pouvait pas parler l’émotion était trop forte. La jeune femme lui sourit et se pencha sur lui pour déposer un baiser sur son front. Puis, elle le laissa seul dans le cockpit et rejoignit Clarke et Bellamy qui avaient déjà ouvert les portes de la soute. Jasper jeta un regard inquiet vers ses amis, Bellamy lui fît un dernier signe de tête.
« A toute à l’heure Jasper. » Lui dit Clarke avant de passer son bras derrière les épaules de Raven pour l’aider à descendre de l’appareil.
Une fois au sol, ils regardèrent le Phénix reprendre son envol et s’éloigner dans le ciel.
Bellamy et Clarke soutinrent Raven pour l’aider à avancer jusqu’à l’entrée de la centrale. Au sol il faisait une chaleur étouffante. Une fois devant la porte automatisée de la centrale, Raven installa son craqueur et activa le système d’ouverture. Les trois amis entrèrent prudemment dans la lugubre installation. Leurs bracelets commençaient à indiquer l’exposition aux radiations par de petites taches rouges.
« Le poste de commande se trouve au niveau supérieur, nous devons accéder aux escaliers au bout de ce couloir. » Indiqua Raven haletante.
La progression était difficile il fallait se frayer un chemin à travers les décombres, des morceaux de gravats et de poutre métalliques leur barraient régulièrement la route. A mesure qu’ils progressaient la chaleur se faisait plus dense et la surface blanche de leurs bracelets rougissait.
Bien que protégés par leurs combinaisons les trois amis savaient qu’il ne fallait pas s’éterniser en ces lieux, aussi ils accélérèrent le pas. Raven luttait à chaque instant. Elle avait mal partout, ses jambes étaient faibles, sa tête lui faisait atrocement mal et chacune de ses respirations lui demandait un effort pénible.
Arrivés au pied des escaliers, Bellamy saisit Raven et l’installa sur son dos. La jeune femme se laissa faire, elle était à bout de force. Elle enlaça le torse de Bellamy de ses bras et laissa tomber sa tête sur son épaule. Clarke marchait devant eux en éclaireur en essayant de leur indiquer où poser les pieds sur cette passerelle branlante.
« C’est là ! » Indiqua Raven en se laissant glisser du dos de son ami devant un mur qui portait la mention « Niveau 1 ».
La mécanicienne jeta un rapide coup d’œil sur son bracelet, il était de plus en plus rouge. Elle s’avança face à la porte close qui sécurisait l’entrée de la salle des commandes. Clarke déballa à nouveau la tablette de Raven et la brancha au système d’ouverture de la porte.
Raven commença à lancer le système de craquage pour déverrouiller la porte.
« Cela va prendre quelques minutes… » Dit-elle.
Clarke et Bellamy regardèrent à leur tour leur bracelet avant de se lancer mutuellement un regard inquiet.
« Bon sang…ça ne marche pas…il doit y avoir un mécanisme dans le couloir derrière nous. Regardez si vous voyez quelque chose. » Demanda la jeune mécanicienne.
Laissant Raven devant l’entrée, Bellamy et Clarke revinrent sur leurs pas pour chercher le fameux boitier qui leur permettrait de désactiver la sécurité de la porte.
Raven se saisit du sac de matériel que Clarke avait laissé à ses pieds. Puis déverrouilla la porte qui s’ouvrit instantanément.
En entendant le son derrière eux, Clarke et Bellamy se retournèrent en sursautant. Ils aperçurent Raven franchir la porte. C’est à cet instant qu’ils comprirent ce qu’il était en train de se passer.
Ils crièrent le nom de la mécanicienne tout en se précipitant vers elle. Raven arracha le craqueur de la porte et celle-ci se referma devant eux. Clarke et Bellamy démunis approchèrent leurs visages des deux petits hublots de la porte.
« Raven ! Qu’est-ce que tu fais ?! » Cria Bellamy en tapant sur l’épaisse porte.
Raven se tenait là, debout derrière la porte. Elle saisit la radio qui pendait à sa ceinture et l’approcha de sa bouche.
« Je suis désolée les gars…je ne peux pas vous laisser me suivre. »
Clarke saisit sa radio sans perdre des yeux son amie.
« Raven je t’en prie ! Ouvres cette porte ! »
Raven leva la main en indiquant son bracelet qui rougissait à vue d’œil. Clarke et Bellamy étaient en larme. Raven s’apprêtait à se sacrifier.
« Les radiations sont trop fortes ici, vous ne pourriez pas survivre. Repartez tout de suite au vaisseau. Tout ira bien pour vous si vous quittez cet endroit rapidement. »
Clarke sentit son cœur se briser, la gorge nouée elle implorait Raven d’ouvrir la porte, de renoncer.
La jeune mécanicienne se rapprocha du hublot et posa sa main sur la vitre. Clarke et Bellamy firent la même chose. Ils regardèrent la jeune femme les yeux humides.
« Tout ira bien… » Murmura Raven dans la radio en s’efforçant d’esquisser un sourire.
Clarke se sentait impuissante. Elle ne pouvait pas accepter de perdre son amie, elle ne pouvait pas la laisser se sacrifier. Révoltée, désespérée par l’injustice de la situation elle se mît à hurler.
Raven regarda Bellamy et dit :
« Bellamy sors là de là ! »
Le jeune homme les yeux embrumés et la gorge nouée savait qu’il n’y avait rien d’autre à faire que d’obéir. Il hocha la tête et saisit Clarke par la taille pour la tirer en arrière.
Raven retira sa main du hublot avant de se détourner du visage suppliant de Clarke. Et comme elle l’avait souhaité, c’est seule qu’elle emprunta le corridor en direction de la salle des commandes de la centrale.
Clarke continuait de se débattre en hurlant. Bellamy ne relâcha pas son étreinte et l’entraina de force en direction des escaliers.
« On a plus le temps Clarke ! Il faut sortir d’ici ! » Dit-il en l’obligeant à dévaler les marches.
Se rendant à l’évidence Clarke savait qu’elle n’avait plus d’autre choix que d’avancer. Comme si une force invisible la poussait inexorablement vers l’avant. Elle se mît à courir à travers les décombres. Les deux amis retraversèrent les couloirs dans le sens inverse à toute allure tandis que les minutes défilaient dangereusement. Ils n’étaient plus qu’à quelques pas de la sortie lorsque la radio se mît à cracher des sons. Clarke s’immobilisa.
« Raven ? »
La radio resta muette un instant, puis se remit à cracher. Soudain la voix de Raven retentit avec clarté.
« J’ai réussi Clarke…ça a marché…»
« Raven ne bouges pas on remonte te chercher ! » Répondit la jeune femme.
« Non…je n’ai plus mal Clarke…je vais bien maintenant… »
Clarke regarda Bellamy implorant celui-ci de revenir en arrière. Le jeune homme était dévasté, incapable de dire un seul mot. Submergé par l’émotion il ne pouvait soutenir le regard larmoyant de Clarke et se contenta de baisser les yeux.
« Raven…Raven ? Tu m’entends ? » Demanda la jeune femme en serrant la radio dans sa main.
« Je le vois Clarke…enfin je peux le voir… »
Clarke ne comprenait pas ce que voulait dire son amie. Puis, un souvenir lui revint à l’esprit. Elle se rappela les mots de Raven à propos de Finn. A l’intonation de sa voix, Clarke pouvait deviner que Raven souriait en disant ces mots.
« Raven…»
« Si tu pouvais voir ça Clarke…c’est merveilleux… »
« Raven ? » Cria Clarke attendant une réponse qui ne viendrait plus.
« Il faut sortir Clarke ! » Dit Bellamy en la saisissant par la manche et en la tirant vers l’extérieur.
Une fois à l’extérieur les deux amis se mirent à courir le plus loin possible de la centrale, ils aperçurent le Phénix sortir des nuages et se poser près d’eux.
Ils se jetèrent à l’intérieur.
« Décolles ! » Cria Bellamy à Jasper qui s’exécuta.
Bellamy enlaça Clarke dans ses bras le plus fort possible. La jeune femme hurlait sa peine et sa rage d’avoir perdu celle qui était devenue au fil du temps sa plus proche amie.
Jasper fondit en larme en s’efforçant de rester concentré sur le pilotage. Il devait poser le vaisseau en lieu sûr avant de se laisser aller à sa tristesse. Une fois le vaisseau posé, il entra dans la soute l’air hagard. Il dévisagea ses amis avant de s’effondrer sur le sol en se tenant la tête entre ses mains en hurlant sa peine.
Choqués aucun d’eux n’arrivaient véritablement à réaliser qu’ils n’étaient plus que trois et que celle qui leur avait sauvé la vie a de si nombreuse reprise était morte. Ils restèrent à sangloter pendant de longues minutes. Avant de laisser place à un silence pesant. Le traumatisme était fort, la perte de Raven les avait laissés complètement perdus. Soudain, des sons incompréhensibles retentirent à l’avant de l’appareil. Cela sortit les trois amis de leur état léthargique.
Jasper et Bellamy se relevèrent d’un bond et se dirigèrent vers le cockpit d’où provenait le son.
« Le système de communication ! » Cria Jasper.
« Ph…Est-ce que quelqu’un m’entends ? »
« Monty ? »
« Jasper…c’est…c…toi ? »
La liaison était mauvaise, les mots étaient hachés mais, Jasper reconnu la voix de son meilleur ami et cela lui souleva le cœur.
« Oh mon dieu Monty ! Je suis tellement heureux de t’entendre mec ! » S’écria Jasper.
Des cris de joies retentirent dans l’interphone, Monty exultait.
« Est-ce que vous allez bien ? » Demanda le jeune homme depuis la base d’Ankars.
Jasper dévisagea Bellamy il ne savait quoi répondre.
Bellamy se ressaisit et répondit :
« Monty, nous avons réussi ! Les centrales sont désactivées, le danger est écarté. »
De nouveaux cris de joies se firent entendre ce qui arracha un léger sourire aux deux amis dans le cockpit.
« …La liaison…auvaise…écoutez moi….att…Polis… »
« Quoi ? Monty répètes, nous n’avons pas compris. » Dit Jasper.
L’interphone se mit à grésiller à nouveau.
« Merde ! On a perdu le signal ! » Cria Jasper rageur.
« Peut-être que Monty va arriver à rétablir la liaison. » Dit Bellamy pour rassurer Jasper.
« Monty a parlé de Polis ? » Demanda Clarke qui se tenait derrière eux.
« Ouais…je n’ai pas compris ce qu’il a voulu dire. » Répondit Jasper en se tenant les cheveux.
« Il faut qu’on rentre ! Il faut qu’on rentre au plus vite ! » Affirma Clarke qui avait repris son masque de leader.
Clarke avait une intuition que tout ne s’arrêtait pas là. Ils avaient neutralisé les centrales mais quelque chose ne tournait pas rond. Elle avait la désagréable sensation que quelque chose de grave était en train de se produire. Le simple fait d’avoir entendu le nom de la capitale des natifs avait réanimé en elle son instinct de chef. Elle avait promis de protéger l’héritage de Lexa et le simple fait d’imaginer que la capitale puisse être en danger la faisait frémir d’effroi.
« Dans combien de temps pouvons-nous redécoller ? »
« Il faut que le vaisseau se recharge, pour faire la traversée, on va devoir patienter plusieurs heures. »
« Combien de temps Jasper ? » Demanda-t-elle fermement.
« 16 heures…peut-être 20. » Répondit le jeune homme.
« Autrement dit il nous faudra presque deux jours avant d’arriver à Ankars. » Dit Bellamy.
Clarke le dévisagea.
« Nous n’allons pas à Ankars. Nous allons à Polis ! » Rectifia-t-elle.