La mort n'est pas la fin

The 100 (TV)
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La mort n'est pas la fin
Summary
L'histoire commence exactement à la fin de la saison 3. Clarke vient de détruire la cité des lumières et va devoir faire face au nouveau danger qui menace le monde. Je vous propose une histoire alternative à la future saison 4 dans laquelle Heda a encore toute sa place. N'hésitez pas à me laisser vos impressions. Bonne lecture.
Note
Ce récit est un long voyage qui comprendra 47 chapitres. J'espère être restée fidèle à l'esprit de chacun des personnages et que vous prendrez autant de plaisir à lire que j'ai eu de plaisir à écrire. N'hésitez pas à me laisser vos impressions au fur et à mesure de votre lecture. Au plaisir de vous lire et de partager avec vous.
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Le temps des aveux

Les quatre jours qui suivirent, Raven et Jasper effectuèrent plusieurs vols, pour procéder aux ajustements de l’appareil et s’assurer de sa fiabilité. Jasper prit à de nombreuses reprises les commandes pour être en mesure de piloter lui-même le vaisseau en cas de défaillance de la jeune mécanicienne. Curieusement, Raven semblait revigorée par ces nombreuses sorties dans l’immensité du ciel. Elle qui avait flotté dans l’espace, elle prenait maintenant possession des nuages.

Tout le monde se réjouissait du bon déroulement des opérations, et dans les couloirs de la base, l’optimisme était de retour. Bellamy profitait de ce temps pour renouer petit à petit avec sa sœur. Il le savait amadouer la jeune femme ne serait pas chose facile, mais le temps devenait son meilleur allié pour y parvenir. La honte d’avoir aidé Pike, la disparition de Lincoln, le poids de ses erreurs commençaient à s’estomper et son moral revenait peu à peu. Maintenant qu’il avait retrouvé Octavia, un nouveau visage occupait de plus en plus ses pensées…celui de Clarke. Il réalisa à quel point, la jeune femme était pour beaucoup dans les retrouvailles avec sa sœur. Le jeune homme sentait des sentiments renaitre dans son cœur, des sentiments qu’il avait toujours laissé enfermés dans une boite dont il avait jeté la clé après le départ de Clarke suite aux évènements de Mont Weather. Cet abandon, qu’il avait vécu comme une véritable trahison, pire un rejet… Désormais, il l’avait pardonné.

Bellamy pensa qu’il était temps de passer à autre chose et de se dévoiler. Porté par l’espoir fou que la mission puisse être un succès et qu’il y avait une véritable chance de vivre des jours meilleurs. Il sentait que sa vie devait prendre une autre tournure. Aujourd’hui le jeune homme regrettait son manque d’assurance vis-à-vis de Clarke. Il aurait pu lui avouer ses sentiments lorsqu’ils étaient à Arkadia mais le courage lui avait fait défaut. Il proposa à la jeune femme de le rejoindre sur le pont d’envol à la nuit tombée, prétextant avoir besoin de quelques conseils pour améliorer sa relation avec Octavia. Bien sûr Clarke avait accepté.

Bellamy était là debout au bord du pont d’envol à profiter du calme de la nuit pour réunir son courage. La lune était pleine et son halo éclairait parfaitement le jeune homme. Il avait les mains moites et le cœur qui battait vite, mais cette fois-ci il était décidé…il ne reculerait pas.

« Bellamy ? »

Cette voix le fît frémir, il se retourna en souriant timidement.

« Bonsoir, Clarke… »

La jeune femme se posta à sa hauteur, et jeta un léger regard vers le vide vertigineux qui se tenait quelques mètres devant eux.

« Belle nuit n’est-ce pas ? » Dit le jeune homme.

« Oui… » Acquiesça Clarke à voix basse.

Clarke était un peu surprise de l’heure et du lieu de rendez-vous mais elle n’en fît pas plus cas que cela.

« Alors racontes moi… » Dit-elle en regardant le jeune homme de ses yeux azurs.

Bellamy resta figé un instant, décontenancé par la beauté de Clarke. Il bafouilla…

« …Clarke…je…euh… »

La jeune femme cligna des yeux incrédules.

Bellamy inspira profondément comme pour se donner du courage et lui prit la main.

« Clarke…Je ne t’ai pas fait venir pour parler d’Octavia…même si je te suis très reconnaissant pour l’avoir encouragé à revenir vers moi. »

Clarke sentit la moiteur de la main de Bellamy, il n’avait pas non plus le même regard que d’habitude, quelque chose ne tournait pas rond.

« Je n’ai pas eu besoin de beaucoup la pousser…Elle t’aime Bellamy… » Dit-elle.

«Si tu ne veux pas me parler de ta sœur alors …Pourquoi m’as-tu fait venir ? » Demanda-t-elle.

Bellamy sentit Clarke se raidir, elle était inquiète et pensait certainement qu’il était porteur d’une mauvaise nouvelle. Il se devait de la rassurer, le problème c’est qu’il ne savait pas par quel bout commencer. Les déclarations ce n’était pas trop son truc. Jusqu’ici il n’avait jamais eu besoin de courir après les filles, c’était toujours elles qui venaient à lui. Mais, Clarke était différente, dans son cœur elle tenait une place à part qu’aucune autre n’avait occupé jusque-là. Bien qu’il savait qu’il fallait amener les choses en douceur, sa maladresse reprit le dessus et sans réfléchir, emporté par une pulsion. Il tira Clarke vers lui et l’embrassa.

La douceur des lèvres de Clarke sur les siennes le rendit fou de désir. Il voulut appuyer un peu plus son baiser, mais Clarke posa une main sur son torse et le repoussa violement pour se libérer de cette étreinte qu’elle n’avait pas désirée. Bellamy se pétrifia. Il dévisagea Clarke pour tenter de comprendre l’objet de ce refus, mais tandis qu’il scrutait son regard il ne put lire qu’une profonde détresse dans les yeux de la jeune femme au bord des larmes.

« Clarke…je…suis désolé…je pensais…enfin… » Tenta-t-il de s’expliquer.

Clarke resta muette quelques secondes qui lui parurent durer des heures.

« Je ne peux pas Bellamy… » Dit-elle au bord des larmes.

« Je pensais que tu en aurais envie…je pensais que toi et moi c’était spécial. » Dit le jeune homme qui ne comprenait pas la réaction de la jeune femme.

« Nous sommes amis Bell… » Répondit Clarke en écartant machinalement les mains, comme pour se justifier.

« Nous sommes plus que des amis Clarke… » Dit Bellamy en se rapprochant de nouveau de la jeune femme tout en la saisissant par les épaules pour l’empêcher de reculer.

« Je n’ai jamais vu cela comme ça Bellamy, pour moi tu comptes énormément mais je t’ai toujours vu comme un ami. » Dit Clarke avec un air coupable de ne pas partager les sentiments du jeune homme.

Bellamy en maintenant la jeune femme au plus près de lui caressa son visage de la paume de sa main. Puis, il plongea ses yeux dans ceux de Clarke et lui murmura doucement:

« Je ne te crois pas…je sais que c’est un peu soudain et que tu es un peu perdue. Crois-moi entre nous c’est bien plus que de l’amitié. Tu as juste peur d’aimer à nouveau…après Finn je comprends que tu ais peur de… »

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que Clarke l’interrompit.

« Finn ? Non ça n’a rien à voir avec Finn… » Affirma Clarke.

« Tu as peur Clarke, c’est tout à fait normal après tout ce que nous avons traversé…surtout avec le danger qui nous menace encore. Tu as peur de t’ouvrir à l’amour et je comprends tes craintes…Je suis amoureux de toi Clarke. Je t’aime comme je n’ai jamais aimé personne. »

En entendant ces mots et en regardant Bellamy se mettre à nu devant elle Clarke sentit son cœur se serrer. Le jeune homme était sincère elle en était convaincue. Bien que la jeune femme soit surprise de cette soudaine déclaration d’amour elle n’en était pas moins touchée. Pendant un instant, elle repensa aux propos sur son droit au bonheur venant de sa mère, venant d’Octavia…venant de Lexa.

La profonde douleur qu’elle ressentait en permanence, ce vide qui ne demandait qu’à être comblé. Peut-être qu’il était temps de laisser aller. De ne plus s’apitoyer sur la cause de son malheur mais d’y chercher un remède.

Pendant un bref instant elle décida de baisser sa garde et de s’abandonner dans les bras de Bellamy. Pour y trouver un refuge, pour se sentir aimé, pour oublier sa peine. Peut-être avait-elle droit à une seconde chance d’être heureuse ? Peut-être qu’il fallait qu’elle laisse faire le destin ? Peut-être que si elle s’abandonnait elle retrouverait ce qui depuis la mort de Lexa lui semblait interdit ?

 Bellamy posa sa main derrière sa nuque et la tira de nouveau vers lui, leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau et cette fois-ci Clarke décida de laisser une chance à cet amour qu’on lui offrait, une chance de voir si elle avait tort, de voir si l’amour lui était encore possible. Le baiser fût d’une très grande douceur. Lui y trouva le frisson du désir, elle y trouva une forme de réconfort…

Tandis qu’il l’embrassait et la serrait contre lui, elle sentit que le cœur du jeune homme battait la chamade, mais son cœur à elle restait de marbre. Nul frisson, nul désir ne la parcourue, seulement un instant d’apaisement éphémère. Un abandon sans âme voilà ce qu’elle ressentit tandis qu’il l’embrassait. Des larmes coulaient sur ses joues. Le sentiment de réconfort éprouvé dans le premier instant disparaissait peu à peu. Malgré tout, elle poursuivit ce baiser qui se transformait au fur et à mesure en supplice.

Bellamy emporté par ses sentiments qu’il pensait partagés renouvelait ses baisers avec toujours plus de fougue. Clarke le suivait dans son élan mais, elle avait l’impression que son cœur saignait à chaque fois que ses lèvres rejoignaient celles du jeune homme. Elle avait mal, mais elle espérait tellement que le miracle annoncé par son entourage survienne, pour que toute sa peine s’en aille, pour que tout devienne plus facile. Pour toutes ces raisons elle décida de s’abandonner un peu plus. Elle posa ses mains sur le visage de Bellamy et entreprit de donner d’avantage d’elle-même à cet échange. Il fallait qu’elle aille au bout, il fallait qu’elle sache. Cette initiative fît frémir Bellamy de joie, son cœur n’y tenait plus entre deux baisers il murmura un nouveau « je t’aime ». Puis, il entoura la taille de Clarke et commença à la caresser dans le creux du dos. Ce nouveau contact, la fît frémir, mais ce qu’il prit comme du désir n’était en fait qu’un réflexe incontrôlé de la jeune femme. Tandis qu’elle l’embrassait machinalement, le jeune homme se sentait au paradis, mais la jeune femme était en enfer…Clarke voyageait désormais dans les abysses de son esprit, son cœur était brisé et ne pourrait être reconstitué que par celle à qui il appartenait…Lexa. Elle n’aimait pas Bellamy, elle ne l’aimerait jamais, elle n’aimerait plus personne…Maintenant elle en était totalement convaincue.  Elle relâcha son étreinte et échappa à l’emprise du jeune homme. Avant de murmurer en larme :

« Je suis désolé Bell…ce n’est pas possible. »

Bellamy la regarda complétement déboussolé.

« Je ne comprends pas Clarke. »

« Je ne t’aime pas Bellamy, j’aime quelqu’un d’autre… » Lâcha-t-elle.

Bellamy se sentit à nouveau trahi, il lui avait offert son cœur, elle avait partagé et lui avait rendu ses baisers. Et d’un seul coup s’était dédite de cette promesse qu’elle venait de lui faire en scellant leur étreinte. Un sentiment de colère envahit le jeune homme.

« Tu te moques de moi ? Clarke je suis sincère avec toi ! Pourquoi tu fais ça si tu n’en as pas envie ?!»

Clarke sentit la culpabilité lui nouer la gorge, elle ne voulait pas faire du mal à son ami, mais c’est vrai elle venait de se servir de lui. Egoïstement, elle avait voulu se tester sans penser aux sentiments du jeune homme et à la peine qu’il allait ressentir en cas de rejet.

« Je suis désolé Bellamy, je voulais… »

« Tu voulais quoi Clarke ? Tu veux quoi en fait? »

Clarke ne pût se retenir, trop de choses se bousculaient dans sa tête et elle finit par lâcher en sanglotant :

« Je veux Lexa ! »

Le regard de Bellamy changea instantanément, il fronça les sourcils tout en reculant d’un pas.

Clarke insista dans un murmure comme si elle se parlait à elle-même en répétant.

« Je veux Lexa… »

Le jeune homme reçu cette révélation comme un coup de poignard dans le cœur, il venait de prendre un KO. Jamais, il n’avait imaginé que cela soit possible. Bien sûr, il avait remarqué le lien entre les deux jeunes femmes et il l’avait suffisamment reproché à Clarke. Bellamy avait haï Lexa pour les avoir abandonnés contre les hommes du Mont Weather, mais jamais il n’avait imaginé que les deux femmes s’aimaient en secret. Cette seule pensée lui donnait la nausée. Bellamy avait l’impression d’avoir été trompé pendant tout ce temps. Il détestait profondément Lexa et la seule idée que Clarke ait des sentiments amoureux pour celle-ci le dégouté au plus haut point.

« Tu te fous vraiment de ma gueule ! » Dit-il en levant son indexe face à la jeune femme.

Clarke était étouffée par des sanglots qu’elle tentait de retenir, craignant de perdre son ami.

Bellamy ressentit à nouveau une profonde rage monter en lui, Clarke venait de le blesser de la pire des manières et il avait envie de lui rendre la monnaie de sa pièce. Sans réfléchir, toujours guidé par son ressentiment il lâcha :

« Lexa est morte Clarke ! Qui que tu penses aimer c’est terminé ! Elle n’existe plus, tu aimes une morte ! Bon sang, tu as raison vous vous méritiez bien toutes les deux, aussi manipulatrices l’une que l’autre ! »

Clarke prit cette réflexion comme une claque en pleine face. Elle savait que Bellamy parlait sous le coup de la colère, elle tenta de le retenir par le bras tandis qu’il s’éloignait mais le jeune homme se dégagea avec un air dégoûté.

« Lâches-moi ! » Cria-t-il.

Clarke n’insista pas, elle resta immobile à le regarder implorant son pardon pour lui avoir fait croire qu’elle partageait ses sentiments.

« Tout ce temps que tu as passé à Polis, en faisant croire à tout le monde que tu le faisais pour sauver notre peuple ! En fait c’était pour être avec elle ! Tu n’en avais rien à faire de nous ! »

« Ce n’est pas vrai, ce n’est pas ce qui s’est passé ! J’ai tout fait pour sauver les gens de l’arche ! Je l’ai même perdu pour ça ! » Se défendit Clarke.

Bellamy ricana, pas du tout convaincu par les justifications de Clarke.

« Pfff tu racontes que des mensonges Clarke ! Tu es revenue vers nous quand ta précieuse Lexa est morte, mais avant ça tu étais où ?! Tu dis qu’on est des amis ? Les amis ne mentent pas Clarke, et tu as bien caché ton jeu tout ce temps ! J’en ai assez entendu… »

La jeune femme ne rétorqua pas et se contenta de regarder Bellamy quitter les lieux impuissante.

Une fois seule, encore sous le choc, elle s’avança vers le bord du pont d’envol, elle regarda le vide qui se tenait juste devant ses pieds. Elle se sentit comme appelé par cet abysse. Il lui aurait été tellement facile, de faire un pas de plus et de plonger dans le vide…Pour rejoindre celle qu’elle aimait par-dessus tout et sans qui la vie lui était insupportable. Puis en levant les yeux vers la lune, elle repensa à sa promesse qu’elle avait faite à Lexa sur le lac gelé. Elle devait être courageuse, elle devait vivre pour elle. Clarke avait fait ce serment, mais elle ne savait pas comment le tenir.

Le lendemain cabine de Clarke

La jeune femme n’avait pas fermé l’œil de la nuit, son altercation de la veille l’avait rendu trop nerveuse pour dormir. Quelqu’un frappa à la porte, Clarke alla ouvrir. Indra se tenait devant la jeune femme.

« Je suis venue vous dire au revoir Clarke kom Skaikru, ma mission est accomplie je dois rejoindre l’intendant à Polis pour l’informer de la situation. Je pars dans une heure. Octavia reste sur la base. »

« Entres une minute Indra. » Dit Clarke en lui faisant signe d’entrer dans la minuscule pièce qui lui servait de chambre.

Chaque fois qu’elle voyait Indra, Clarke était frappée par l’aura que dégageait la guerrière, son port altier, son regard sérieux qui ne trahissait jamais ses émotions. Elle comprenait pourquoi Lexa l’avait gardé à ses côtés, Indra était une femme qui inspirait loyauté et honneur pour les membres de son clan mais aussi une véritable frayeur pour ses ennemis.

« Tu diras à Roan que la mission du nouvel aurore aura lieu dans deux jours. Si cela devait être un échec, Roan devra se tourner vers Becca prim Heda et suivre ses consignes. Elle a refusé de m’expliquer en quoi consiste son plan de la dernière chance, mais peu importe de quoi il s’agit…Roan devra le suivre à la lettre. Il faut qu’il sache qu’il n’y aura aucune autre alternative pour sauver l’humanité. Je compte sur toi pour le lui faire comprendre…On sait toutes les deux à quel point il peut être borné. » Déclara Clarke d’un ton solennel.

Indra acquiesça d’un simple hochement de tête. La guerrière s’apprêtait à tourner les talons. Lorsque Clarke lui dit :

« Une dernière chose…Je voulais te remercier. »

Indra étonnée demanda :

« Me remercier ? »

« Je voulais te remercier pour tout ce que tu as fait pour mon peuple. Nous avons souvent été en désaccord, mais tu t’es battue à nos côtés. Tu as sauvé Octavia, tu as sauvé Marcus, tu m’as sauvé… »

« J’ai fait ce qui me semblait juste. » Répondit Indra, qui semblait touchée par la gratitude que lui témoignait Wanheda.

Clarke esquissa un sourire.

Indra s’approcha un peu plus près de la jeune femme.

« Je me rappel de notre rencontre Clarke fille du ciel, si j’avais pu je t’aurais éventré sur le champ, mais Heda a vu en toi ce que je n’avais pas vu…Un immense courage, tu as l’âme d’une guerrière, tu as l’âme d’un chef. Je te respecte pour cela. J’ai longtemps été aveuglée par ma haine, aujourd’hui je vois les choses différemment. J’avoue avoir regretté le jour où j’ai laissé Leksa Kom Trikru décider que le sang n’appelait pas le sang, ce n’est que maintenant que j’admets mon erreur. Il y a assez de place sur cette terre pour que nous vivions tous ensemble en paix. Je t’ai jalousé lorsque tu as eu l’oreille de Heda, je t’ai haï lorsque tu as remis en question nos coutumes. Aujourd’hui je sais que j’avais tort… Désormais, mon seul regret est de ne pas avoir été aux côtés de Leksa pour la protéger lorsque Titus vous a attaqué. Mon désir de revanche, m’a aveuglé et m’a détourné de mon devoir qui était de protéger Heda. Si j’avais été là au lieu de me conforter dans ma rancœur, peut-être qu’elle serait encore de ce monde. Je ne me le pardonnerais jamais…Si aujourd’hui en servant l’intendant je peux maintenir son héritage et garantir la paix entre nos peuples, j’y consacrerai ce qui reste de ma vie, c’est là que réside ma rédemption pour ne pas avoir eu foi en Leksa jusqu’à la fin. »

 « Tu n’as pas failli à ton devoir Indra. Tu n’as rien à te reprocher. » Dit la jeune femme.

La guerrière s’apprêtait à sortir lorsque soudain elle repensa au défunt commandant. En regardant le visage de Clarke, Indra pensa qu’il fallait qu’elle lui dise vraiment le fond de sa pensée, elle n’aurait peut-être plus jamais une autre occasion de le faire.

« Elle t’a aimé Clarke, plus qu’elle n’a jamais aimé personne, même son amour pour Costia n’était pas comparable. Je l’ai lu dans ses yeux. Lorsqu’on passe sa vie à scruter quelqu’un on sait ces choses. Même une personne aussi secrète que Heda ne peut dissimuler ses sentiments. C’est sûrement ce qui m’a fait peur…Un tel amour peut pousser l’être humain à sa perte. »

Une fois de plus Clarke était émue.

« Je ne sais presque rien de son amour pour Costia…» Répondit-elle en baissant la tête pour dissimuler son regard embrumé.

Indra sentit que la jeune femme blonde avait besoin d’entendre l’histoire de Costia et Lexa. La guerrière estima qu’elle pouvait prendre quelques instants pour la lui raconter. Elle invita Clarke à s’asseoir et commença son récit.

« Costia avait quatre ans de plus que Leksa, c’était une femme dont l’intelligence n’avait d’égal que sa beauté. Elle était la meilleure guérisseuse de sa génération. Tu connais son cousin qui n’est autre que Nyko. Elles se sont rencontrées lorsque Leksa avait 15 ans, elle était une jeune Heda. C’est à cette période que Polis a été frappée par une terrible épidémie ramenée par les marchands du sud. Heda a mis la ville en quarantaine et la tour s’est transformée en maison des soins accueillant chaque jour plus de malade. C’est au chevet des malades que Leksa a croisé pour la première fois, celle qui allait devenir son premier amour. »

Clarke était toute ouïe, reconnaissante qu’Indra partage un de ses souvenirs de Lexa avec elle. A la fois, curieuse mais aussi nerveuse d’entendre parler de la première histoire d’amour de Heda.

 « J’étais présente, lorsque le commandant s’est arrêtée dans la travée de lit et a observé à quelques mètres d’elle la jeune guérisseuse tenir la main d’un enfant sur son lit de mort. Costia a accompagné le malade jusqu’à son dernier souffle, et lorsqu’elle s’est sentie épiée et a finalement détaché son regard de l’enfant décédé ses yeux bruns ont croisés ceux de Leksa. Cela n’a duré qu’un cours instant mais, je pense que c’est à ce moment-là que Heda a découvert un sentiment qui lui était jusqu’alors totalement étranger. Les jours qui ont suivis, Leksa kom Trikru est revenue toujours à la même heure dans la grande salle au pied de la tour et a observé Costia travailler. Des semaines sont passées sans que jamais elles ne se parlent. Tous les guérisseurs ont travaillés nuit et jour pour trouver un remède à cette fièvre meurtrière, mais c’est Costia qui a finalement trouvé la solution au mal. L’épidémie a été endiguée et la salle s’est peu à peu vidée. Jusqu’au jour ou la mission de Costia s’est achevée et qu’elle a quitté la tour. »

Indra inspira profondément avant de reprendre.

« Lexa est revenue dans cette salle qui était désormais vide, cherchant du regard la silhouette de la guérisseuse qui s’en était allée. Je pense que Lexa s’en est voulue de ne pas avoir osé lui parler quand elle avait l’occasion…La jeunesse nous fait parfois faire des choses idiotes…Mais lorsque deux âmes sont faites pour se rencontrer le destin n’a pas besoin d’être forcé. Quelques mois plus tard, Heda s’est blessée lors d’une manœuvre et c’est Costia qui fût appelée à son chevet. »

Indra sourit l’air amusée

« C’est Titus qui l’avait faite appeler, il s’en ait mordu les doigts plus tard lorsqu’il apprit la nature de la relation qu’entretenaient les jeunes femmes. Il a toujours inculqué à Heda qu’un commandant ne pouvait se permettre d’aimer. Je ne serais dire exactement à partir de quand elles ont entamé leur histoire d’amour, car elles l’ont gardé secrète au début. Heda voulait protéger à juste titre Costia de ses ennemis, elle était sa faiblesse et Heda ne pouvait pas l’exposer. »

« Elle l’a protégé comme elle l’a fait avec moi… » Dit Clarke.

Indra hocha la tête avant de poursuivre.

« Costia était une femme très courtisées par les hommes…On ne pouvait pas les blâmer car elle était vraiment une femme superbe. Grande et élancée, de longs cheveux de jais, des yeux bruns envoutants, elle dégageait une véritable noblesse. Elle était vive d’esprit et d’un tempérament d’une grande douceur. Elle avait la bonté chevillée au cœur. Grande érudite de l’herboristerie, il n’y a pas une plante dont elle ne connaissait pas le nom. Avec Heda elles aimaient faire de longues promenades dans la nature. Je crois que ce qui a vraiment séduit le commandant, c’est la ténacité dont Costia a fait preuve pendant l’épidémie. Elle n’a jamais abandonné, jamais baissé les bras jusqu’à ce qu’elle touche au but. Je crois qu’elle a gagné son respect mais malgré tout je pense que Heda ne l’a jamais considéré comme son égale. »

Clarke était émerveillée de la description de Costia, si Lexa l’avait tant aimé c’est qu’elle devait être une personne d’exception. Et le portrait qu’en faisait Indra correspondait en tout point à ce qu’elle avait imaginé.

« Comme je le disais Costia était très courtisée, et cela déplaisait beaucoup à Heda qui devait garder son masque en toute circonstance même lorsqu’elle voyait la guérisseuse entretenir une conversation avec d’autres personnes. Cela là rendait jalouse et elle montait se réfugier dans ses appartements, à travers la porte je l’entendais piquer des colères. Un jour, elle n’a pu refreiner sa jalousie et a coupé la main d’un homme qui avait été trop entreprenant avec Costia. Un acte de protection irréfléchis…La guérisseuse lui en a voulu d’être allée aussi loin et c’est pour éviter que cela ne se reproduise que Leksa a affiché leur relation aux yeux de tous, même si Titus avait tenté de l’en dissuader. Costia lui appartenait, et tous devaient le savoir. A partir de là plus un seul homme ou femme n’a osé poser ses yeux sur elle de peur de subir le courroux de Heda.»

Clarke imaginait très bien Lexa en colère, elle en avait été témoin elle-même pour des raisons différentes. A cet instant elle ressentit un peu de jalousie.

« Le commandant avait fait nommer Costia guérisseuse de la tour, pour la garder auprès d’elle, mais Costia n’entendait pas se contenter de rester dans celle-ci et régulièrement elle partait pour soigner les gens au-delà de Polis. Ce qui agaçait profondément Leksa qui s’inquiétait toujours pour sa sécurité. Leur relation n’était pas parfaite, il y avait souvent des tensions…A cette époque Leksa était particulièrement sévère et Costia malgré sa douceur avait dû mal à apaiser cet instinct de lionne contre lequel elle apprenait à se battre. Elles finissaient toujours par se tempérer l’une l’autre, mais cela ne se faisait jamais sans heurt. Un jour, un messager s’est rendu dans la salle du trône pour annoncer qu’un village du nord était victime de la même fièvre qui avait ravagé Polis quelques années auparavant. Costia s’est immédiatement portée volontaire pour se rendre sur place, Leksa le lui a interdit craignant que cela soit une embuscade. La volonté de faire le bien était trop forte pour Costia et une violente dispute a éclaté. Faisant fi de l’interdiction formelle de quitter Polis, Costia a attendu la nuit pour échapper à la vigilance des gardes avant de prendre la route en direction du village… »

Indra soupira à nouveau.

« Heda avait raison…il s’agissait d’un piège, tendu par la reine Nia pour capturer Costia…Leksa a tout tenté pour la délivrer mais ses efforts furent vint…La suite tu la connais… » Dit-elle l’air sombre.

Clarke acquiesça l’air navré.

« Seuls les proches conseillers de Heda ont vu les ravages de la disparition de Costia sur le commandant, mais comme sa charge lui imposait de ne pas flancher, elle a ravalé sa colère et ses larmes et a fait son devoir. Son cœur s’est fermé, elle avait perdu l’espoir d’aimer à nouveau. Elle a bien connu quelques femmes, mais les plaisirs de la chairs étaient désormais dénués d’amour…jusqu’à toi… »

« Costia a été son premier amour, mais toi je pense que tu étais son grand amour. Heda te considérait comme son égale. Costia n’était pas son alter égo, Leksa l’aimait éperdument mais jamais elle ne l’aurait laissé interférer dans les affaires d’état. Elle n’était pas une combattante, elle n’avait pas une âme de chef. C’était la bonté et la douceur incarnée, une personne délicate que Heda protégeait comme son trésor. Je ne prétends pas détenir la vérité, mais je sais que le commandant t’estimait, car elle voyait en toi quelque chose de différent. Tu as une force en toi Clarke Kom Skaikru que je n’ai vu dans nul autre que Heda. Bien que très opposée d’une certaine manière tu es son reflet. Un reflet venu d’un monde différent du nôtre et que le destin à décider de réunir. La fille du ciel a rencontré la fille de la terre. Aujourd’hui je partage ta tristesse de l’avoir perdu. »

Clarke sourit du bout des lèvres, bouleversée par le discours de Indra Clarke ne trouva rien d’autre à ajouter qu’un simple « merci ». Puis, elles se relevèrent et se dirigèrent vers l’entrée de la chambre.

Indra s’approcha de la fille du ciel et lui tendit la main. Clarke saisit l’avant-bras de la guerrière.

« Je te souhaite bonne chance fille du ciel. »

«Puissions-nous nous revoir Indra. »

La guerrière se retira, laissant Clarke dans ses pensées.

Plus tard dans la journée, l’ensemble du Skaikru s’était réuni dans le hangar principal autour de l’hologramme de Becca. Cette dernière réunion avant le départ de la mission « nouvel aurore » avait pour but de désigner les membres de l’équipage. Bellamy avait évité Clarke depuis la veille et faisait tout son possible pour ne pas se trouver près d’elle tout en évitant de croiser son regard, ce qui rajoutait au malaise de Clarke. Après, un récapitulatif technique des étapes de désamorçage des centrales qui sembla durer des heures pour les jeunes gens. Becca rappela les risques encourus pour les membres du futur équipage. Raven en sa qualité de chef de mission était désignée d’office pour piloter l’appareil et faire fonctionner le système de désamorçage. Jasper qui avait appris à piloter serait également dans l’appareil pour aider Raven et prendre les commandes en cas de problème. Il restait encore deux places à pourvoir dans l’effectif.

« Une fois sur place vous serez seuls, je ne pourrais pas apparaitre aussi loin d’ici, c’est pourquoi il est primordial que nous gardions un contact radio permanent. Monty a travaillé pour étendre la portée de nos communications. Cependant, les radiations pourraient altérer le signal. » Précisa Becca les mains entrelacées devant elle.

« Le traqueur GPS nous permettra de suivre votre progression. » Ajouta Monty qui aurait aimé accompagner ses amis, mais sa place était à la base pour assurer les liaisons radios mais aussi le guidage du vol.

« Il est nécessaire que deux autres personnes embarquent pour faire fonctionner le système de désamorçage dans la soute. Si la liaison ne pouvait se faire depuis les airs, il faudra pénétrer dans la centrale pour le faire fonctionner de l’intérieur…Je ne peux dire quel est le niveau de radiation actuel sur les sites. Vous aurez vos combinaisons de protections, mais il y a de forte chance pour que vous soyez en peu de temps mortellement irradiés… » Dit Becca sur un ton grave pour rappeler à tous que cette mission pouvait aussi se transformer en mission suicide.

Clarke s’avança vers Becca et se tourna vers ses amis :

« Je n’ai pas besoin de dire que ma place est dans ce vaisseau depuis le début…J’ai détruit la cité des lumières j’ai fait le choix qui nous a conduit à ce jour. Je pars et cela n’est pas discutable. »

Jasper s’approcha de la jeune femme et en lui posant la main sur l’épaule la regarda droit dans les yeux.

« Détruire la cité était le meilleur choix possible. » Dit-il plein de sympathie.

Tous hochèrent la tête pour donner raison au jeune homme. Tous sauf Bellamy qui restait prostré derrière Monty le visage impassible les yeux baissés.

« Je viens avec vous ! » Dit Octavia d’une voix forte et claire.

Cette déclaration sortit immédiatement Bellamy de son mutisme.

« Il n’en est pas question ! » S’exclama le jeune homme.

Octavia tourna les yeux vers son frère en le défiant du regard d’essayer de la faire changer d’avis.

« Tu ne prends plus les décisions pour moi Bell, tu te rappels ? »

« Ce n’est pas ta place O, c’est à moi d’y aller et tu le sais très bien ! »

« Bellamy à raison Octavia… » Ajouta Jasper qui ne souhaitait pas voir la jeune femme monter dans ce qui risquait d’être leur cercueil. Il savait que si cela tournait mal, Bellamy ne pourrait jamais se regarder dans une glace d’avoir laissé partir sa sœur à sa place.

Même si Clarke n’était pas emballée à l’idée de voyager dans un espace confiné avec Bellamy, elle avait le même ressenti, avec tout ce qu’elle avait traversé Octavia ne pouvait pas se trouver là.

« Pourquoi ma vie importerait-elle plus que la tienne ? » Demanda Octavia à son frère.

« Ta vie compte plus que tout pour moi ! » Répondit-il.

« De qu’elle vie parles-tu Bellamy ? Une vie sans Lincoln ? »

Tout le monde baissa les yeux attristé à l’évocation du nom de leur défunt ami.

Bellamy s’approcha de sa sœur et posa une main sur sa joue.

« Octavia c’est moi qui pars… »

Il se retourna vers tous ses amis et ajouta.

« Personne ne te laissera monter dans ce vaisseau. »

Octavia balaya l’assistance du regard, en cherchant un soutien de la part de ses amis, mais personne ne vînt appuyer sa requête.

Elle fronça les sourcils, elle se sentait bouillir. Tout le monde s’attendait à ce qu’elle explose et sorte du hangar en hurlant sa rage. Mais, à cet instant elle comprit que ce n’était pas un affront, elle comprit que personne ne remettait en question son courage ou sa force. C’était un témoignage d’amour et si ces derniers mois elle avait été habitée par la haine, il était temps pour elle de laisser aller et d’accepter cet amour. Elle inspira profondément et d’un signe de tête accepta la décision de son frère.

« Que personne ne s’avise de mourir là-bas ! »  Dit-elle en pointant du doigt ses amis qui répondirent par un sourire.

Le soir venu, Clarke alla rejoindre Raven dans sa cabine avec son équipement médical pour vérifier les constantes de son amie, comme elle l’avait fait chaque jour depuis son arrivée.

« Comment te sens-tu ? » Demanda Clarke en posant le tensiomètre sur le bras de la mécanicienne.

« Je vais bien Clarke. Vraiment je me sens bien ces derniers jours, je n’ai eu aucune absence, pas de saignements. Seulement quelques migraines mais rien de significatif. »

« Et ton sommeil ? »

« Toujours pareil, je m’endors et très vite j’ai des images qui me viennent en tête, toujours des équations, toujours des chiffres…ça me réveille. Si tu savais à quel point j’aimerais retrouver mes rêves… »

« Ta tension est bonne. » Dit Clarke en retirant le scratch de l’appareil.

« Tu vois ! Prête à sauver le monde. » Répondit la mécanicienne en souriant de toutes ses dents.

 Clarke lui rendit son sourire et sans réfléchir seulement guidée par son cœur, elle enlaça son amie.

« Oh ! Euh …oui…moi aussi je t’aime Clarke. » Dit-elle surprise de la réaction de la jeune femme.

Même si Clarke se sentait un peu idiote sur le moment elle ne voulait pas lâcher son amie, elle avait besoin de la serrer très fort. Raven posa sa tête sur l’épaule de Clarke.

«J’aimerais tellement rêver de Finn…son visage me manque…j’ai de plus en plus de mal à me souvenir de ses traits. » Murmura Raven.

« Je sais de quoi tu parles… »

« Lexa ? » Demanda Raven.

Clarke étonnée, se redressa et croisa le regard de son amie.

« …Comment ? »

« Je le sais depuis un moment…depuis que je l’ai vu dans la cité des lumières pour te porter secours, j’ai vu son code sur les écrans…Et là j’ai compris. » Expliqua-t-elle.

Raven ferma les yeux et se colla contre Clarke tout en reposant sa tête sur l’épaule de la blonde.

« On va y arriver Clarke…on va sauver tout le monde… » Ajouta-t-elle.

« Et moi je te sauverais toi… » Pensa Clarke.

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