
La flamme
Polis salle du trône, douze jours plus tard
« Intendant, Wanheda est de retour. » Signala un garde.
« Faites-là entrer. » Dit Roan, à côté duquel se tenait Indra qui avait pris du galon après avoir sauvé la vie de l’intendant.
Clarke, Murphy et Hector pénétrèrent dans la salle.
Clarke reconnue immédiatement des visages familiers, Kane, Jaha, Indra et Octavia étaient présents.
Octavia se jeta dans les bras de son amie, heureuse de la revoir saine et sauf. La jeune femme l’enlaça puis jeta un regard en direction de la porte et se rendit compte que son frère n’était pas là. Elle tenta de dissimuler son inquiétude, mais ses yeux ne mentaient pas. Clarke décida de la rassurer tout de suite en lui prenant les mains et en lui murmurant :
« Ne t’inquiètes pas ton frère va bien… »
Octavia hocha la tête de gratitude puis retourna se poster à côté de Jaha qui se tenait debout sur le côté les mains dans le dos.
Pendant ce temps Hector était allé s’incliner devant son souverain, qui lui souhaita un bon retour à ses côtés avant de lui donner l’ordre de prendre congé pour se restaurer.
« Eh bien, Wanheda, qu’en est-il de votre quête ? » Demanda Roan.
« D’abord est-ce que je peux savoir pourquoi l’ambassadeur du Sankru est accroché à une potence sur la place ? » Réplica Clarke visiblement énervée de cette macabre découverte.
Roan ironique : « Une tentative de coup d’état qui a mal tourné…pour lui…Mais rassures-toi, j’ai respecté mon serment il a eu un véritable procès… »
« C’est exacte Clarke. » Certifia Kane.
Clarke n’était pas là, elle ne pouvait pas juger de la situation et préféra ne pas pousser plus avant. Si Kane avait validé cette décision c’est que cela devait être la bonne.
« Maintenant vas-tu répondre à ma question ? »
« Nous avons trouvé la base de Becca Primheda et nous avons réussi avec son aide à désactiver 90% des centrales. Malheureusement il en reste deux que nous n’avons pu atteindre, aussi nous avons besoin de toute l’aide que vous pourrez nous apporter. L’autre partie de l’équipe s’est aventurée plus avant sur vos terres pour retrouver une installation militaire, nous avons besoin de construire un vaisseau pour pouvoir atteindre les dernières centrales et mettre en place le protocole de sécurité… Nous avons besoin d’ingénieurs, de soudeurs, de mécaniciens, de transport, de toutes les âmes disponibles pour nous prêter main forte, le temps joue encore contre nous. »
Clarke continua d’exposer le plan pendant quelques minutes, tous l’écoutèrent avec attention sans l’interrompre.
« Raven penses vraiment que ce plan peut fonctionner ? » Demanda Jaha.
« Oui…je n’ai pas les éléments techniques… je n’y entends rien, seules Becca et Raven pourraient vous les exposer, mais là encore je suis sûre que vous n’y comprendriez rien. On doit seulement leur faire confiance. Elles ont réussi un exploit en établissant ce protocole, si elles disent qu’elles ont besoin d’un vaisseau pour se rapprocher des centrales et renouveler leur tentative de désactivation. Alors on doit construire un vaisseau ! »
« Roan tu dois réunir le conseil et ordonner que tous les clans apportent leur aide, s’ils ont des gens qualifiés pour nous aider, des vivres, du matériel…Ils doivent se manifester au plus vite. » Dit le chancelier.
Roan hocha la tête pour donner son accord, bien qu’il n’appréciait pas trop de recevoir des consignes du chancelier Skaikru.
« C’est très bien tout ça, mais moi j’ai quelqu’un à voir…Donc vous m’excuserez mais je me tire. » Dit Murphy en se dirigeant vers la sortie.
« Tu viendras sur Arkadia ? » Demanda Clarke.
« Je me suis gelé le cul pendant des semaines, j’ai failli terminer coupé en deux par des natifs, sur le retour on a failli être bouffé par des loups, alors tu m’excuseras mais pour le moment je ne vais nulle part ! » Lança-t-il sans même se retourner.
Clarke leva les yeux au plafond, elle savait très bien que le moment venu elle pourrait encore compter sur Murphy quoiqu’il en dise.
« On s’occupe de la suite, Clarke, vas te reposer… » Dit Kane en prenant son air paternaliste.
Octavia escorta Clarke jusqu’à la chambre qui avait été mise à sa disposition. En route elle exposa à son amie tout ce qui s’était passé en son absence. Une fois Clarke conduite à bon port la guerrière resta encore quelques instants puis après une tape amicale sur l’épaule elle la laissa seule.
Clarke était épuisée, le retour avait été particulièrement pénible, entre Murphy qui se plaignait sans arrêt, les grognements incessants de Hector qui pressait le pas pour rentrer rapidement. Les attaques de loups et les altercations avec les natifs d’Azgeda sur le chemin sans compter le froid polaire. Il était grand temps pour elle de prendre du repos, même si celui-ci serait de courte durée. Elle fît un brin de toilette, et s’allongea sur le lit appréciant la chaleur de Polis. Aussitôt les yeux fermés elle s’endormit profondément.
C’est une sensation étrange qui la sortit progressivement de sa torpeur, quelque chose faisait pression sur son flanc. Une pression légère à peine perceptible, mais ce frôlement avait suffi à la réveiller. Clarke ouvrit les yeux, et se figea d’horreur quand elle aperçut la gueule immonde qui se penchait au-dessus d’elle. Elle comprit aussitôt que l’individu était en train de lui faire les poches. Lorsque l’homme se rendit compte que Clarke avait repris conscience il mit immédiatement sa main sur la bouche de la jeune femme pour l’empêcher de crier. Clarke se débattit de toutes ses forces en tentant de pousser un cri, mais l’homme faisait pression sur elle pour la garder immobile. En tournant les yeux, elle aperçut un second assaillant qui s’approchait du lit, pour aider son comparse à la maintenir. Les palpations reprirent, le second assaillant passa sa main sur son sein gauche et redescendit jusqu’à la poche intérieure de sa veste. A cet instant Clarke réalisa ce que les deux assaillants recherchaient…La flamme.
L’homme se saisit de la boite et la brandit devant les yeux de son comparse l’air victorieux. Clarke continua de se débattre, l’homme qui lui avait plaqué les bras le long du corps, lui asséna un violent coup de poing qui l’étourdit un instant. Inerte, elle sentit le voleur relâcher son étreinte pour la bâillonner et la ligoter sur le lit.
C’est un goût métallique dans sa bouche qui la ramena à la conscience, le sang perlait le long de son menton. Elle ouvrit les yeux, et aperçu les deux hommes entrain de fouiller, la chambre. La boite qui contenait la flamme était ouverte sur le rebord du lit, bien sûr elle était vide…
Des bourdonnements dans la tête, Clarke avait dû mal à entendre ce que les deux voleurs se disaient. Clarke se tortilla sur le lit, tentant de desserrer ses liens, mais ceux-ci étaient bien trop serrés. Elle était prise au piège. Le plus grand des deux hommes était brun et une large cicatrice barrait son visage. En apercevant Clarke éveillée, il s’approcha du lit une dague à la main. Il s’assit sur le rebord du lit et posa la lame sous la gorge de Clarke.
« Je te retire ton bâillon, Wanheda. Si tu pousses le moindre cri je te coupe la gorge. Tu m’as compris ? »
Clarke les yeux pleins d’effrois fît signe qu’elle avait compris.
L’homme retira le bâillon.
« Qui êtes-vous ? » Demanda Clarke.
« Chut, ici c’est moi qui pose les questions. » Dit l’homme dont l’haleine était chargée d’alcool ce qui donna la nausée à la jeune femme.
« Où est la flamme ? »
« Je ne l’ai plus ! » Répondit Clarke les yeux pleins de colère.
« Menteuse ! » Répondit l’homme en resserrant la lame sur le cou de Clarke qui gémit de douleur.
« On m’a demandé de rapporter cette chose ! Et tu vas nous la donner, sinon c’est ta vie que je prends ! »
« Je vous l’ai dit…je ne l’ai plus. »
« Elle ment ! » Lança l’autre, un petit homme trapu qui s’approcha à son tour du lit avec un air tout aussi menaçant que son collègue.
« Je dis la vérité…la flamme est loin d’ici…J’ai dû l’abandonner… » Dit Clarke péniblement en crachant le sang qui coulait de son nez et qui s’était accumulé dans sa bouche.
« La grande Wanheda est en train de nous prendre pour des idiots mon frère… » Dit l’homme qui tenait le couteau.
Il ajouta :
« Ecoute-moi attentivement, nous devions te laisser en vie, mais si tu refuses de nous donner ce que nous voulons nous ne serons pas payé…et mon frère et moi on a horreur de faire un travail sans rétribution. Donc, il se pourrait que l’on se paie autrement…. » L’homme laissa glisser une main baladeuse sur la poitrine de Clarke qui grogna de dégoût.
« Espèce d’enfoiré ! » Dit Clarke les yeux haineux.
Les mercenaires se mirent à rire, dévoilant leurs dentitions douteuses.
« Dernière chance Wanheda…Où est la flamme ? »
« Je… »
Soudain, quelqu’un frappa à la porte, le mercenaire posa immédiatement sa main crasseuse sur la bouche de Clarke qui ne laissa échapper qu’un petit cri étouffé.
« Wanheda, c’est Indra…Votre présence est demandée auprès de l’intendant pour siéger au conseil. »
Le mercenaire qui tenait le couteau, fît signe à Clarke de ne rien tenter de stupide et relâcha lentement l’étreinte de sa main pour la laisser répondre. Sous la menace la jeune femme répondit :
« Je…je vais venir Indra… »
« Est-ce que tout va bien Wanheda ? » Demanda Indra.
« Oui…oui tout va bien…Dites à Anya que je compte aussi sur sa présence au conseil. »
Cette dernière réplique laissa planer un instant de silence. La tension était palpable. Clarke le savait les mercenaires n’hésiteraient pas à lui couper la gorge.
«…Bien Wanheda je lui dirai… » Dit Indra avant de se retirer.
Les deux frères attendirent un moment en silence afin de s’assurer que plus personne ne viendrait les interrompre.
« Qui est cette Anya ? » Demanda le petit trapu soupçonneux.
« C’est un membre du conseil… » Mentit Clarke.
« Reprenons nos affaires… » Dit l’homme au couteau, en laissant glisser sa main sur le corps de la jeune femme impuissante. Il prît plaisir à découvrir les formes de la jeune femme sous sa paume. La bave aux lèvres et le regard vicieux il laissa courir sa main poisseuse jusque sur le bouton du pantalon de Clarke, qu’il fît sauter entre ses doigts. La jeune femme était à la merci de ces deux affreux. La lame plaquée contre son cou lui cisaillait la peau. Les yeux implorants elle fixait le regard lubrique de l’homme qui ne lui laissait aucun espoir quant à la suite des événements. Il s’apprêtait à lui retirer son pantalon lorsque soudain la porte de la chambre vola en éclat. Indra apparue à l’entrée, sa lame dégainée elle se jeta sur le premier homme et d’un coup sec lui sectionna la jugulaire. Le sang gicla jusque sur les murs.
L’homme à la balafre eût tout juste le temps de se retourner en gardant Clarke en otage.
« Ne fais pas un pas de plus ! » Cria-t-il.
Indra s’immobilisa, c’est alors qu’une dague jaillit derrière elle et alla s’empaler dans l’œil du preneur d’otage qui s’écroula au pied du lit raide mort. Indra se précipita vers Clarke pour la libérer de ses liens, tandis qu’Octavia apparue et retira la dague que Indra lui avait offerte de l’œil du mercenaire.
« Est-ce que ça va Clarke ? » Demanda Indra.
Clarke en se massant les poignets lui fît signe que tout allait bien, les yeux pleins de gratitude.
« Merci Indra… »
« Qui sont ces hommes ? » Demanda Octavia rageuse.
« Des mercenaires, quelqu’un les a envoyé pour me prendre la flamme ! »
Les deux guerrières surprises dévisagèrent leur amie.
Octavia en regardant le cadavre à ses pieds.
« Comment de tels puanteurs ont-ils pu passer la garde et entrer dans la tour ? »
« Ils ont quelqu’un à l’intérieur. » Répondit Clarke en essuyant le sang de son menton.
« Je vais prévenir l’intendant, et faire fouiller la tour. » Dit Indra en faisant signe à Octavia de rester avec Clarke.
Octavia conduisit Clarke dans une autre chambre, pour panser ses blessures.
Wanheda avait la lèvre fendue, l’arcade sectionnée et son nez gonflé mais forte heureusement il n’était pas cassé. Octavia nettoyait le sang avec un linge humide.
« Je suis désolée Clarke…si j’avais su je ne t’aurais pas laissée seule. »
« Tu n’as rien à te reprocher O, tu ne pouvais pas savoir… »
« Qui peut bien vouloir s’emparer de la flamme ? »
« Je ne sais pas…beaucoup de gens. » Répondit Clarke en haussant les épaules.
« Clarke ! J’ai appris ce qu’il s’est passé ! Comment tu te sens ? » Dit Marcus en entrant dans la chambre complétement affolé.
« Ca va…je vais bien… »
Marcus saisit les mains de Clarke et en examinant le visage tuméfié de la jeune femme il eut l’air de souffrir pour elle.
« Ils sont venus, pour la flamme. » Dit Octavia.
« La flamme… » Répéta Marcus, son visage changea d’expression, il devint blême. Le chancelier se retourna pour que Clarke ne lise pas dans son regard la culpabilité qui était en train de l’envahir.
Mais son expression n’échappa pas à l’œil avertit d’Octavia.
« Qui a-t-il Kane ? »
Marcus inspira profondément, il savait qu’il devait dire la vérité. Il n’avait jamais pensé que les choses se passeraient comme cela. Jaha lui avait garanti que l’échange se ferait sans violence.
Marcus se retourna face aux deux jeunes femmes incrédules. Il était inquiet et commençait à suer à grosse goutte.
« Je…j’ai essayé de te prévenir Clarke…mais… »
« Me prévenir ? Me prévenir de quoi ? Quand ? » Demanda Clarke qui ne comprenait rien.
« Vous étiez au courant que Clarke allait se faire attaquer ?! » Hurla Octavia qui fulminait déjà.
« Non ! Non ! Je vous assure. » Se défendit le chancelier.
Il était temps de passer à table et cela risquait de piquer…
« Comme vous le savez, Roan a été élu grâce au soutien de l’ambassadeur du clan de Luna… »
« Et ? » S’impatienta la jeune guerrière.
« Jaha a conclu un marché pour que nous obtenions l’appui de leur clan pour l’élection. »
Si Octavia ne semblait toujours pas avoir compris quel était le rapport entre Clarke et le pacte entre Jaha et l’ambassadeur. Wanheda avait déjà saisi de quoi il s’agissait, désormais tout était clair dans son esprit.
« Vous avez vendu la flamme contre le vote ?! » S’indigna Clarke touchée dans son cœur par la trahison de Kane.
« Je n’étais pas au courant au départ, Jaha avait déjà conclu le marché, c’était le seul moyen pour emporter le vote. J’ai pensé que nous trouverions une parade par la suite…Je suis désolé Clarke je n’aurais jamais pensé qu’ils utiliseraient la violence pour t’arracher la flamme. »
Octavia les dents serrées :
« Vous êtes qu’une bande de manipulateur, je savais que Jaha était le pire enfoiré qui soit mais vous Kane ? Comment avez-vous pu nous cacher ça ? Bon sang elle aurait pu y laisser sa vie ! »
Kane regrettait amèrement sa décision de dissimuler la vérité à Clarke.
« Je m’excuse, je suis désolé, jamais je n’aurais pensé que… »
« Fermez-là ! » Dit Clarke d’un ton glacial.
« Vous auriez pu m’en parler, nous aurions trouvé un autre arrangement. La flamme est le dernier héritage de Heda, elle est mon bien le plus précieux en ce monde. J’ai une mission à accomplir, la transmettre au prochain Natblida qui s’en montrera digne. Je suis prête à mourir pour sauver cet héritage et vous vouliez me l’arracher ? » Clarke sentit la haine l’envahir, elle ne pouvait plus maitriser sa colère.
« Qu’est-ce que ce clan voulait en faire ? » Demanda Octavia aussi rageuse que son amie.
« La détruire ! » Dit Jaha qui s’était arrêté à l’encadrement de la porte.
« Voilà le traitre ! » Lança Octavia en pointant un doigt accusateur vers l’ancien chancelier.
Clarke se leva de son siège d’un bond, et fonça vers Jaha pour lui donner une claque qui résonna dans toute la pièce.
« Espèce de fils de pute ! On vous a fait confiance ! »
Jaha en frottant sa joue tout en restant stoïque :
« Tu voulais maintenir la coalition, j’ai maintenu la coalition, il me fallait une monnaie d’échange pour influencer le vote dans le sens que nous souhaitions. Ne me remercie pas… »
Clarke allait lui sauter à la gorge mais Kane lui saisit les bras et l’obligea à reculer.
« Il y avait bien d’autres moyens ! » Hurla Clarke.
Jaha en haussant le ton :
« Il n’y en avait pas ! Seule la flamme les intéressait, étant un peuple pacifique je ne pensais pas qu’ils emploieraient ce genre de méthode. Si nous avions remporté l’élection sans une autre voix que celle d’Azgeda, tout le monde aurait crié au scandale. De même nous aurions pris le risque que les autres clans ne nous devancent en s’alliant. Dans tous les cas ta coalition aurait implosée ! J’ai fait ce qui devait être fait ! »
« Pourquoi Luna veut détruire la flamme ? » Demanda Octavia dont la main la démangeait aussi.
« Elle ne veut pas que l’héritage de Heda perdure…elle à peur d’être recrutée de force pour la porter. Ca n’aurait pas dû aller aussi loin, c’est l’ambassadeur qui est devenu menaçant lorsque je lui ai expliqué que je ne lui livrerai pas la flamme immédiatement après l’élection. Il a dû engager des mercenaires pour faire le sale boulot sans que Luna ne le sache car elle ne le cautionnerait pas ! » Expliqua Jaha.
« Vous savez que la flamme est importante pour les natifs ! La détruire ? C’est ça qui provoquerait le chao que nous cherchons tellement à éviter. » Dit Clarke toujours sur le point d’exploser.
« Tu es sûre ? Je pense que la flamme a en réalité beaucoup plus d’importance pour toi que pour la plupart des natifs… » Dit Jaha en fixant Clarke droit dans les yeux.
« Vous ne connaissez rien des natifs… » Répliqua Octavia.
« Cette flamme n’a pas d’importance pour notre peuple, elle signifie peut être quelque chose pour les terriens mais ils apprendront à s’en passer, d’ailleurs sa destruction nous éviterait de voir un jour un nouvel Heda hostile à notre peuple sur le trône. J’ai considéré qu’une fois que vous l’auriez utilisé pour accéder à Becca elle serait sans valeur pour nous. Ce qui compte je vous le rappel c’est la survie des gens de l’arche ! »
« Faux, c’est la survie de l’humanité ! » Précisa Kane.
Jaha s’approcha de Clarke en ignorant totalement Kane et Octavia comme s’ils étaient invisibles. Il lui demanda droit dans les yeux.
« Sois honnête Clarke…tu n’as que faire de la flamme en réalité, tout ce qui t’importe c’est Lexa ! »
Clarke sentit son sang bouillir, d’un geste elle se saisit de l’arme qui pendait à la ceinture d’Octavia à côté d’elle et la brandit sous la gorge de l’ancien chancelier, celui-là même qui avait fait exécuter son père des années auparavant.
« Ouch…j’ai donc vu juste. » Dit-il provocateur.
Kane les mains écartées tentant de contrôler la situation.
« Clarke…ne fais pas de bêtise…poses ce couteau… »
Octavia ne tenta rien, elle regrettait presque de ne pas avoir pris la même initiative.
« Vous êtes la pire ordure qui existe sur cette terre. » Répondit Clarke.
« Que vas-tu faire ? Me tuer ? Tout ça pour un morceau de plastique ? »
« Jaha fermes-là… » Dit Kane qui ne voulait pas que Clarke commette l’irréparable.
« Vous méritez la mort, pour toutes les atrocités que vous avez commises sur l’arche mais aussi avec ALIE…si Wells vous voyait il aurait honte de vous. » Dit Clarke.
L’assurance de Jaha disparu, et une profonde mélancolie apparue sur son visage à l’énonciation du nom de son fils décédé.
Clarke relâcha son étreinte au soulagement de Kane.
« Vous allez faire passer le message auprès de l’ambassadeur, qu’il n’aura jamais la flamme, Luna n’a rien à craindre, elle n’en est pas digne, personne ne l’obligera à la recevoir. Si l’ambassadeur retente quoique ce soit, je dévoilerais l’affaire et je retournerai la coalition contre son clan. Quant à vous, je ne veux plus que vous interfériez dans nos affaires, trouvez-vous un endroit pour disparaitre. Faites-vous oublier Jaha c’est la dernière fois que je le dis. » Déclara Clarke avec un ton qui ne laissait pas de place au doute sur ses intentions, la prochaine fois Jaha n’aurait pas autant de chance.
Jaha jeta un dernier regard à Kane et contrairement à l’époque de l’arche il ne trouva chez le chancelier aucun appui. L’ancien chancelier quitta la pièce sans un mot.
« Bon débarra… » Murmura Octavia.
Clarke se retourna vers Kane, sa gestuelle et son visage fermé laissa le chancelier démuni.
« Vous m’avez déçu Marcus. Je vous faisais confiance…à l’avenir ne me cachez plus rien ! »
Le chancelier se contenta d’acquiescer d’un signe de tête et se retira laissant les deux jeunes femmes seules.
« Pffff ils me dégoûtent tous… » Lâcha Octavia en grimaçant.
« Kane a cru bien faire…je ne vais pas l’accabler d’avantage... » Dit Clarke en se rasseyant sur le lit.
Octavia s’assit à côté de Clarke.
« Il ne t’arrives pas d’avoir envie, de tout abandonner ? »
« A chaque secondes… » Confia Clarke.
« Je sais pourquoi nous nous battons, on doit sauver l’humanité… » Dit la jeune Blake en haussant les épaules avant d’ajouter :
« Il nous reste quelques mois sur cette terre, mais quand je les regarde tous…j’ai de moins en moins de raison de me battre pour vivre parmi ces gens-là…Lincoln était ma vie. Aujourd’hui il me reste quoi ? »
Clarke passa son bras derrière les épaules de la jeune guerrière, elle comprenait tellement ce qu’elle ressentait.
« Il te reste tes amis…Il te reste ton frère… »
Octavia en soupirant :
« Mon frère…il doit probablement me détester maintenant… »
« Bellamy ne te déteste pas, il en est incapable…il t’aime Octavia, il s’en veut et s’inquiète pour toi. »
Octavia semblait prête à abandonner sa rancœur, et faire tomber le fardeau qui pesait sur ses épaules depuis la disparition de son amour. Elle avait accablé son frère, c’était le seul moyen pour elle de tenir debout. Le moment du pardon était venu. Il fallait qu’elle abandonne sa haine pour sortir de la spirale dans laquelle elle s’était volontairement enfermée.
« Et toi Clarke ? Qu’est-ce qui te fait avancer ? »
« Lexa… » Murmura Clarke.
« Pardon tu as dit ? » Demanda Octavia qui n’avait pas bien entendu.
Clarke se repris et dit « Je veux vous voir vivre, je veux vous voir heureux, toi, Bellamy, Raven, Jasper, Monty, ma mère… vous méritez d’être heureux.»
Octavia posa sa main sur celle de Clarke sur son épaule.
« Toi aussi tu mérites Clarke. »
Clarke esquissa un sourire, mais son esprit était tourmenté, en ce qui la concernait elle ne croyait pas vraiment à ce soi-disant futur plein de bonheur, à vrai dire elle n’en voulait pas.
Pendant les jours qui suivirent, Roan envoya vers la base d’Ankars un convoi de ravitaillement ; du matériel et des hommes pour prêter main forte à l’équipe de Skaikru. Pendant ce temps, Clarke était retournée à Arkadia pour récupérer les panneaux solaires ainsi que les ingénieurs et tout le personnel nécessaire pour les aider à la conception du vaisseau. Becca lui rendait visite régulièrement pour l’informer des besoins de Raven et de l’avancée des travaux. A Arkadia c’est avec bonheur qu’elle retrouva sa mère qui avait géré le camp d’une main de maitre depuis son départ.
« Tu es prêtes pour demain ? » Demanda Abby qui était attablée en face de sa fille.
« Oui, nous avons tout réuni. »
« Une longue route t’attends tu devrais prendre des forces… » Dit Abby en désignant le plat devant Clarke qu’elle avait à peine touché.
« A vrai dire je n’ai pas très faim. » Lui répondit Clarke qui comme souvent avait la tête ailleurs.
« J’ai entendu dire qu’Indra et Octavia vont vous accompagner. » Dit Abby pour tenter d’attirer son attention.
« Oui, elles nous rejoignent en route. Octavia va retrouver Bellamy et Indra va commander l’escorte du convoi. »
« Ca me rassure de les savoir avec toi. » Dit Abby en posant sa main sur celle de Clarke.
« Oui…Tu dois être contente d’avoir retrouvé Marcus. »
Abby se redressa sur sa chaise un peu gênée.
Clarke se pencha vers elle : « Je suis sincèrement heureuse pour vous deux. Vous méritez d’être heureux ! »
Abby sourit avec toute la tendresse d’une mère.
« On l’est Clarke…mais sache que je n’en oublie pas pour autant ton père. Il est toujours dans mon cœur et cela rien ne pourra le changer. »
Clarke ne savait pas si cette remarque était juste pour la rassurer, ou s’il y avait derrière un message caché qui la concernait plus directement par rapport à son amour disparu. Abby essayait peut-être de lui faire passer un message elle aussi. Faire comprendre à Clarke que le bonheur était toujours possible même après la disparition d’un être cher. Une fois de plus, cela n’eut pas d’écho chez la jeune femme.