
Aqualus
Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et le groupe d’amis découvrit une première pièce éclairée par des lampions rouges.
« Monty, il faut qu’on lance le générateur. » Dit Raven qui ne voulait pas perdre une minute.
Le jeune homme se dirigea immédiatement vers un écran à droite de l’ascenseur.
« L’installation est en veille, je vais relancer les différents systèmes. »
« Commences par la lumière s’il-te-plait… » Demanda Bellamy.
Il ne fallut pas longtemps pour que Monty relance tous les services de la station. La pièce était étroite, en enfilade, il y avait seulement une porte à son extrémité qui faisait face à l’ascenseur.
Une voix qui ne leur était pas inconnue retentit :
« Bienvenu à la station de recherche Aqualus. Merci de vous identifier pour accéder au laboratoire. »
« Alie… » Dit Jasper.
« Non c’est Becca. » Répondit Clarke pour rassurer son ami.
La voix répéta :
« Merci de vous identifier pour accéder au laboratoire. »
« Je suis Raven Reyes. » Tenta la jeune mécanicienne bien que quasi certaine que cela ne marcherait pas.
« Vous n’êtes pas sur la liste des habilitations. » Répondit la voix.
« Je suis le chancelier de la planète Mars ! » Lança Jasper.
« Vous n’êtes pas sur la liste des habilitations. »
Raven se dirigea vers la porte et essaya de créer un court-circuit pour la déverrouiller mais sans succès.
« Comment allons-nous entrer ?» Demanda Bellamy qui commençait à désespérer.
Tous s’assirent un moment pour réfléchir au problème. Tandis que Clarke restait debout perdue dans ses pensées.
« La flamme est la clés… » Se répétait-elle.
Il lui vînt une idée, elle sortit la flamme de sa boite et l’observa un instant.
« Je sais comment on entre ! » Dit-elle en se retournant vers ses camarades.
Elle posa la flamme sur le sol à ses pieds avant de crier :
« ASCENDE SUPERIUS ! »
La flamme s’activa.
« Accès autorisé. »
Clarke s’empressa de désactiver la flamme et de la ranger dans sa boite.
« Oui pourquoi n’y ait je pas pensé avant ?! Ça doit être le mot de passe d’urgence. » Dit Raven en regardant Clarke.
« Assez perdu de temps, allons-y. » Lança Bellamy en ouvrant la porte.
Le complexe était gigantesque, des centaines de pièces, des laboratoires, des bureaux, des chambres, une cantine, une armurerie, une salle des machines… Avant le projet Exodus il devait y avoir une centaine de personne qui travaillait sur ce site.
Alors que l’équipe s’était divisée pour fouiller les différentes parties du complexe. Une salle en particulier suscita l’attention de Raven, c’était le nerf névralgique de la structure, là où se trouvait l’unité centrale, un mur géant rempli d’écrans. Elle retrouva la même encoche marquée du signe de l’infini à côté du clavier de l’ordinateur.
« C’est ici, nous allons pouvoir interagir avec l’esprit de Becca. » Dit Raven à Clarke qui l’accompagnait.
« Il va me falloir quelques heures, pour comprendre comment tout cela fonctionne. Je reste avec Monty. Emmènes les autres se restaurer et se reposer un peu. »
Clarke s’était installée dans une petite cabine individuelle pour se reposer. Cet isolement lui fît le plus grand bien. En effet, même si la compagnie de ses amis était une source de réconfort, la solitude lui avait cruellement manquée. Enfin, elle avait chaud, enfin elle était seule, enfin elle pouvait fermer les yeux et penser à Lexa sans avoir peur de mentionner son nom dans son sommeil.
« Tu me manques tellement… » Murmura Clarke.
La jeune femme ferma les yeux. Depuis son départ de Polis, Clarke n’avait pas rêvé de Lexa, elle avait besoin de revoir son visage, elle voulait se sentir proche d’elle, même si ce n’était que dans ses rêves.
Rapidement le sommeil la gagna. Elle était tellement fatiguée…
Clarke était assise sur des marches qui ne lui étaient pas inconnues.
« La cité des lumières… » Pensa-t-elle.
« Clarke ? »
Cette voix…cette voix elle l’aurait reconnu entre mille…mais ce n’était pas celle qu’elle attendait…
Clarke tourna la tête :
« Papa ?! »
Il était là, souriant, vêtu d’un jean bleu clair et d’un t-shirt gris. Il lui tendait les bras.
Clarke se leva d’un bond pour l’enlacer, les larmes aux yeux.
« Tu m’as tellement manqué ! » Dit-elle.
« Toi aussi tu m’as manqué, mais saches que je suis avec toi chaque jour, même si tu me vois pas. » La rassura-t-il.
« C’est si dur sans toi…je n’y arrives plus papa. »
L’apparition lui fît signe de se rasseoir sur les marches à côté de lui.
« Je suis si fier de toi Clarke…Tellement fier de ce que tu es devenue, de ce que tu as accompli et que tu accompliras encore. »
«Je n’ai plus la force… » Avoua Clarke.
« Non, je ne suis pas d’accord avec toi ma fille, tu as en toi des ressources que tu ne soupçonnes même pas. »
Les yeux rougis de larmes la jeune femme ne lâcha pas son père des yeux, comme pour profiter de chaque trait de son visage, de chacune de ses expressions.
« Je sais que ce n’est pas moi que tu attendais Clarke. »
La jeune femme sentit la culpabilité s’emparer d’elle. C’était vrai elle voulait rêver de Lexa et n’avait même pas pensé à son père depuis des mois.
« Je suis contente de te voir papa… » Dit-elle avec douceur.
Il lui sourit :
« Je sais Clarke ne t’inquiètes pas ! Et je te comprends… Mais il faut que tu avances ! Il faut que tu l’oublies Clarke !»
Clarke se raidit en fronçant les sourcils.
Pourquoi son père lui disait ça ? Pourquoi lui demander d’oublier Lexa ? Cela revenait à lui demander d’arracher son cœur hors de sa poitrine et de vivre comme une coquille vide.
« Jamais… » Dit-elle en fixant son père droit dans les yeux.
« Tu n’as pas le choix Clarke ! La mission c’est ça l’important ! Sauver ton peuple ! Ce que tu prends pour le grand amour n’était qu’une passade de jeunesse, tu trouveras l’amour…le vrai. Et si tu t’accroches au passé tu ne seras pas capable d’ouvrir ton cœur à ce nouvel amour. »
Le discours de son père heurta Clarke au plus profond de son cœur, elle sentit la colère l’envahir.
« Tais-toi ! Tu ne sais pas de quoi tu parles ! »
« Clarke…Lexa ne t’aimait pas…d’ailleurs elle ne t’as jamais dit qu’elle t’aimait ? Si ? Je me trompe ? »
Clarke détourna son regard de cet homme qui n’était certainement pas son père.
« Elle n’avait pas besoin de le faire…je sais ce qu’elle ressentait puisque je ressentais la même chose. »
« Ce que tu crois… » Dit-il avec un regard maléfique qu’elle ne lui connaissait pas.
« Assez ! » Cria Clarke en se levant et en descendant les marches pour s’éloigner le plus vite possible de cette apparition qui lui semblait tout à coup bien étrangère.
« Elle aimait Costia ! Clarke son grand amour était Costia ! Toi tu n’as été tout au plus qu’une distraction ! »
Clarke ne voulait plus entendre un mot, elle dévala les marches à toute allure. Alors qu’elle arrivait au bas de l’escalier, son père apparu devant elle, lui barrant la route.
« Oublies là Clarke ! »
« NON ! » Cria Clarke en se redressant sur sa couchette, à bout de souffle et trempée de sueur.
Pourquoi son subconscient lui jouait-il de si mauvais tour ? Comme si elle n’était pas assez malheureuse…Tout ce qu’elle souhaitait était de pouvoir se réfugier dans ses rêves pour trouver un peu de réconfort. Mais, tout ce qu’elle vivait n’était que cauchemars. Clarke était à bout de nerf…elle éclata en sanglot, et comme toujours elle s’efforça de ne pas être entendue.
Une heure plus tard, la jeune femme rejoignit Murphy dans le réfectoire. Le garçon avait trouvé des sachets lyophilisés de très longue conservation, bien que la date butoir de consommation fût dépassée d’une dizaine d’année, il se risqua à gouter. Agréablement surpris par le goût il entama un festin.
« Est-ce que ça va ? » Demanda le jeune homme à Clarke dont il avait remarqué les poches sous les yeux.
« On fait aller… » Répondit Clarke en soupirant.
« Vivement qu’on trouve la solution pour les centrales et qu’on se casse d’ici…je n’aime pas trop avoir des milliers de mètre cubes de flotte au-dessus de la tête. »
« Oui moi aussi, j’ai envie de rentrer… »
« Où ? » Demanda Murphy.
C’était une excellente question…Clarke ne se sentait pas chez elle à Arkadia, tout comme elle ne se sentait pas chez elle à Polis sans la présence de Lexa. Clarke resta silencieuse car, elle se trouvait dans l’incapacité de répondre.
« Tu vois Griffin quand tout ça sera derrière nous, j’embarque Emori et on part loin d’ici. » Dit-il en agitant sa cuillère.
« Tu as bien raison Murphy…tu as bien raison… » Soupira-t-elle.
« Clarke, peux-tu me rejoindre s’il te plait. » La voix qui résonnait dans les hauts parleurs de toute la base était celle de Raven.
« Bon courage… » Dit Murphy tandis qu’elle quittait le réfectoire.
Clarke mis quelques minutes à rejoindre la mécanicienne un peu perdue dans ce dédale de couloirs.
Elle finit par passer la porte automatique du centre de commandement du complexe.
« C’est le moment, Clarke ! » Lui dit Raven en agitant les mains d’excitation.
« Tu poses la flammes, ici et je lance le programme qui va nous permettre d’interagir avec Becca. »
« Ou est Monty ? » L’interrogea Clarke qui ne voyait que Raven.
« Jasper a trouvé dans un des laboratoires des données intéressantes sur l’agronomie…Je sais que ce n’est pas notre objectif, mais visiblement cela pourrait grandement nous servir pour améliorer nos cultures. »
« Oui tout est bon à prendre… »
« Bellamy est avec Hector à l’armurerie. Quand à Murphy, je n’ai aucune idée d’où il se trouve. »
« Au réfectoire…il mange… » Expliqua Clarke.
Raven leva les yeux au plafond avec un rire nerveux :
« Toujours aussi utile celui-là ! »
Clarke s’approcha de l’unité centrale…anxieuse. Elle avait peur que cela ne fonctionne pas, ou pire que ça fonctionne et que Becca ne puisse leur être d’aucun secours.
Wanheda déposa la flamme une nouvelle fois, elle s’était habituée au processus. De nouveau, la puce se mit à siffler en laissant échapper cette lueur bleutée qui cette fois-ci fût beaucoup moins aveuglante.
« Ok…je lance le programme qui va isoler l’esprit de Becca et nous devrions pouvoir communiquer. »
« Tu sais comment ça va marcher ? »
« Aucune idée… » Avoua la mécanicienne.
Clarke s’attendait à converser via message sur les écrans devant elle. Ce qui se produisit alors la prit de cours.
« Vous m’avez appelé commandant ? » Demanda une voix familière dans le dos des Skaikru.
Clarke et Raven lâchèrent les écrans des yeux et se retournèrent.
Becca primheda était là, debout devant elles, la défunte Heda n’était pas faite de chair et d’os…c’était un hologramme.
Clarke surprise balbutia :
« …euh…oui…. »
Il lui fallut quelques secondes pour se reprendre avant de répondre en souriant :
« Je ne suis plus commandant…mais… »
« Lorsqu’on a porté la flamme on garde le titre de commandant pour toujours… » Lui répondit Becca en souriant.
Puis l’hologramme posa ses yeux sur Raven, toute heureuse d’avoir réussi.
« Tu es Raven n’est-ce pas ? »
« Oui. »
« Heureuse de te rencontrer enfin Raven, j’ai ressenti ton intervention dans la cité des lumières, merci pour ton aide et je tiens à m’excuser de ce que ALIE a pu te faire subir. » S’excusa Becca.
Raven fît un signe de la main comme pour dire que tout ça était de l’histoire ancienne.
« J’espérais que vous trouviez ce complexe, pour que nous puissions interagir à nouveau. »
« Nous avons besoin de votre aide… » Dit Clarke.
« Je sais et j’ai des réponses à vous apporter, mais cela prendra du temps. » Répondit l’hologramme en faisant un signe de la main.
« On en manque justement. »
« Il vous reste exactement 4 mois, 22 jours, 6 heures et 11 secondes avant que la première centrale n’explose. » Précisa Becca de façon mécanique, cela rappela à Clarke la désagréable façon de parler d’Alie.
« Mes calculs, donnaient un peu plus de temps… mais je vous crois sur parole. » Répondit Raven.
« J’ai eu accès à bon nombres de vos données et je sais que vous avez un système de désactivation des centrales et les technologies nécessaires pour contenir la radioactivité. » Dit Raven en se levant de son siège.
« J’ai travaillé ici même dans ce laboratoire il y a maintenant très longtemps au système de sécurité de l’énergie nucléaire. J’ai élaboré des protocoles…mais comme vous vous en doutez ils n’ont jamais pu êtres testés. »
« Je crois que c’est l’occasion… » Répondit Raven.
« Nous allons y travailler ensemble, je vais mettre tout mon savoir et toutes les technologies pour vous donner les meilleures chances possibles. C’est ce que j’ai promis à Clarke lorsqu’elle a détruit la cité des lumières. L’humain trouve toujours des solutions pour survivre. »
Clarke fût soulagée d’entendre qu’elle avait une alliée de taille pour l’aider à sauver ce monde.
« Cependant, je tiens à vous dire qu’il est possible que mes protocoles ne suffisent pas. Il y aura donc une dernière alternative pour conserver l’humanité. »
« Quelle est-elle ? » Demanda Clarke inquiète.
« Je préfère ne pas vous exposer cette alternative pour le moment, nous avons le temps. Si par malheur il fallait envisager cette ultime solution je ne manquerai pas de vous l’exposer. » Répondit Becca qui semblait vouloir ménager les jeunes femmes.
« Temps que la flamme reste dans l’unité centrale, je peux interagir avec vous dans n’importe quel lieu. »
« Même en dehors du complexe ? » S’étonna Raven.
« Absolument. » Répondit Becca.
« Mettons-nous au travail. J’ai des millions de questions à vous poser.» Dit Raven avec enthousiasme.
Becca sourit et en un instant elle se matérialisa à côté de la mécanicienne qui laissa échapper :
« Trop cool ! »
« Je vous laisse travailler. » Dit Clarke en s’éclipsant.
Becca tourna la tête vers la jeune femme et lui fit un sourire accompagné d’un regard d’une grande douceur.
Une fois dans le couloir Clarke se sentit vaciller, cette apparition avait ravivé en elle un secret espoir…