En terre d’Azgeda
Frontière d’Azgeda, neufs jours après le vote :
Après l’élection de l’intendant, Clarke et ses amis étaient rentrés à Arkadia, pour s’équiper du matériel nécessaire à l’expédition sur le territoire du peuple des glaces. L’équipe en charge de trouver le laboratoire de Becca était composée de Clarke, Raven, Monty, Jasper, Bellamy et Murphy qui avait accepté de les suivre avec tout de même quelques réticences. Roan avait tenu parole et un de ses meilleurs guerriers était chargé de guider l’équipe à travers ces terres inhospitalières. L’homme s’appelait Hector, c’était un grand gaillard d’une trentaine d’année, au-delà de son aspect préhistorique, il était particulièrement taciturne. Raven n’avait pu s’empêcher de le rebaptiser Cro-Magnon pour le désigner à ses camarades, ce qui ne manquait pas de faire pouffer de rire Jasper et Monty. Quant à Clarke, Bellamy et Murphy ils se contentaient d’esquisser un sourire. Kane était resté à Arkadia avec Jaha, le chancelier ne semblait pas tranquille à l’idée de laisser Jaha seul à Polis. Indra et Octavia avaient elles aussi choisi de ne pas se joindre à cette expédition. Toujours à Arkadia, Abby avait reçu le poste de vice chancelière et gérait les affaires courantes en l’absence de Marcus. Les premiers jours de voyage s’étaient faits avec le 4x4, mais l’épaisseur de neige avait contraint les Skaikru à abandonner le véhicule. Il leur fallait maintenant progresser en traineau.
« Brrrrrr On se gèle dans ce pays…. » Se plaignit Raven en remontant la couverture sur son cou.
« Ouais…et ces chiens qui n’arrêtent jamais de gueuler ! » Râla Murphy.
Toute l’équipe avait fait halte dans la forêt à la frontière d’Azgeda. C’était une nuit totalement noir, seule la lueur du feu éclairait les aventuriers qui s’étaient abrités sous une cabane faite de branchage. Ils étaient tous serrés les uns contre les autres pour conserver la chaleur.
Seuls Bellamy et Hector étaient partis monter la garde à l’extérieur dans le froid mordant de la nuit.
« Que dit le GPS ? » Demanda Clarke.
« On est à environ trois jours de marche du secteur où devrait se trouver le laboratoire. » Lui répondit Monty en lui désignant une zone sur le plan.
« Tu dois venir Murphy…On a besoin de toi Murphy… » Maugréa le jeune homme en grimaçant.
« J’aurais dû écouter Emori et ne pas vous suivre dans ce plan galère… » Ajouta-t-il.
« On est très content que tu sois là. » Mentit Jasper, avec un faux sourire.
Murphy soupira en levant les yeux sur le plafond constitué d’un amas de branche.
« Cro-magnon me regarde d’une drôle de manière… » Dit Raven avec un air dégouté.
« Il est évident que tu lui as tapé dans l’œil. » Se moqua Jasper.
Raven tira la langue comme si elle allait vomir.
« Je suis sûr que c’est un amant très doux… » Ajouta-t-il.
Raven trouvant que le jeune homme allait trop loin dans la plaisanterie, tapa de toutes ses forces sur son épaule. Jasper s’insurgea :
« Aie ! Mais quoi c’est vrai ? T’as pas vu comme il est velu ! »
Raven l’air encore plus dégoûtée : « Ca y est, là c’est bon je vais gerber ! »
« Je ne parlerai pas de douceur pour qualifier leur façon de … » Souffla Murphy un sourire sur les lèvres comme s’il se remémorait quelque chose.
Il y eut un instant de silence à la suite de cette curieuse intervention…Puis, tous tournèrent les yeux vers le jeune homme et déclamèrent en chœur :
« Quoi ?! »
Murphy sentant qu’il avait fait une boulette s’enroula dans sa couverture et leur tourna le dos.
« Laissez tomber… » Murmura-t-il.
Clarke réfléchit un instant…Puis lorsqu’une image frappa son esprit elle fît les gros yeux et s’écria:
« Ontari ?! Vraiment Murphy ? »
«Oh chut…» Répéta-t-il gêné d’être percé à jour.
Jasper, Raven et Monty éclatèrent de rire, ils s’écroulèrent sur leurs couchettes totalement hilares.
Clarke ayant bien connu le personnage qu’était Ontari restait muette choquée par cet aveux, bien que venant de Murphy cela ne l’étonnait pas vraiment.
Vexé par les rires, il se redressa d’un bond et déclara comme pour se justifier.
« Je n’avais pas vraiment le choix ! Et c’est vrai que c’était une vraie garce…mais je vous assure qu’au pieu c’était plutôt excitant. »
Les rires reprirent de plus belle.
« Beurk… » Pensa Clarke.
« Hey Oh ! Ce n’est pas comme si j’étais le seul à m’être envoyé un natif ! » Dit Murphy pour faire cesser les moqueries dont il était l’objet.
Bien sûr Jasper et Clarke se sentirent directement visés, mais lorsque Murphy aperçu la détresse dans le regard de la blonde il fût immédiatement pris de remords et ajouta comme pour détourner l’attention.
« N’est-ce pas Jasper ? Comment elle était la petite Maïa avec laquelle tu nous bassines chaque jour ?»
Jasper vit rouge :
« Espèce d’enfoiré ! Je vais te.... » Monty retint son ami pour éviter qu’il ne se jette sur Murphy pour lui flanquer une correction.
« Ça suffit ! » Cria Raven.
Monty relâcha Jasper qui n’avait désormais plus du tout envie de rire. Une ambiance pesante s’installa, heureusement elle fût de courte durée. Bellamy pénétra dans la cabane ce qui relança les conversations sur un autre sujet. Seuls Murphy et Jasper continuèrent à serrer les dents un moment.
Le lendemain, toute l’équipe avait embarqué le matériel à bord des traineaux et s’était remis en route pénétrant ainsi sur le territoire d’Azgeda.
La neige était épaisse et la progression difficile mais très vite Hector choisit d’emprunter une route plus dégagée avertissant qu’ils allaient traverser plusieurs villages. Il donna pour consigne de ne pas se faire remarquer. Malgré leurs épais manteaux de fourrures, les Skaikru ne passaient pas inaperçus et bien qu’ils aient l’autorisation du roi de circuler sur ses terres, les villageois pourraient malgré tout se montrer menaçant face à ces étrangers.
En fin d’après-midi, une tempête de neige éclata. Hector affirma qu’ils devaient trouver un refuge pour la nuit dans une habitation en dure et non sous une simple cabane comme les jours précédents sous peine de mourir de froid. La décision fût prise de se rendre à l’auberge du premier village sur leur route.
« Je me sens observé comme un animal dans un zoo… » Dit Monty à ses amis tandis qu’il descendait d’avantage sa capuche sur son front.
« Oui pour la visite incognito on repassera… » Confirma Bellamy.
Hector était allé négocier des chambres avec le tenancier, la petite équipe s’était attablée au fond de la pièce bondée de monde. Les natifs d’Azgeda vociféraient en buvant leurs chopes, la plupart étaient déjà bien entamés par l’alcool.
Une vieille femme ronde s’approcha du groupe et leur servit un bol de soupe avec du pain.
« Beja. » Répondit Clarke.
« D’où venez-vous ? » Demanda la vieille femme édentée.
« Polis. » Répondit Clarke.
Elle resta un instant à les dévisager, avant de se retirer. Les six Skaikru se mirent à manger en silence ce qui leur avait été servi. Hector les rejoignit, il posa sa lourde hache sur le rebord de la table en disant :
« Nous avons deux chambres à l’étage, mangez et montez rapidement. Le tenancier est un ancien de l’armée du nord, il n’aime pas beaucoup les étrangers et il n’est pas le seul dans ce cas ici. »
Bellamy qui avait dissimulé son arme sous son manteau de fourrure, gardait discrètement sa main sur celle-ci. La tension était palpable.
La soupe à peine avalée, Murphy, Jasper et Monty se dirigèrent vers l’escalier qui conduisait aux chambres se frayant un chemin entre les natifs totalement ivres.
Soudain, la porte de l’auberge s’ouvrit brusquement laissant pénétrer le vent hurlant chargé de neige dans la pièce. Un homme barbu dont le visage était tatoué sur le côté droit entra dans l’auberge. Il portait dans son dos un bouclier et une lourde épée. L’ensemble des villageois lui firent un accueil chaleureux en vociférant des paroles dont Clarke ne put saisir le sens. L’homme saisit une pinte de bière et la bu d’un seul trait, sa barbe resta imbibée de mousse. Il éructa bruyamment ce qui amusa l’assemblée.
« Ça doit être le pilier de bar du coin. » Dit Bellamy.
« C’est le chef du village… » Précisa Hector de son ton monocorde.
« Ne restez pas là. » Ajouta-t-il en faisant signe au jeune homme et aux deux jeunes femmes de se rendre à leur tour à l’étage.
Raven se leva la première suivie par Clarke, Bellamy fermait la marche. Ils se faufilèrent à leur tour entre les villageois en direction de l’escalier, lorsque le présumé chef saisit le bras de Clarke. Bellamy s’interposa immédiatement en serrant à son tour le bras de l’homme un peu trop aventureux à son goût pour le faire lâcher prise. L’auberge devint silencieuse, les deux hommes se jaugeaient du regard pour tenter d’anticiper ce que l’autre allait faire, la jeune femme était coincée entre les deux.
« Ces deux beautés sont avec toi ? » Demanda le chef à Bellamy sans relâcher son étreinte sur Clarke.
Sans dire un mot Bellamy hocha la tête à l’affirmative.
« …Ça fait beaucoup pour un seul homme ! » Cria-t-il à l’assistance en laissant éclater un rire gras et guttural avant de relâcher le bras de Clarke.
Bellamy, esquissa un petit sourire et tout en posant une main dans le dos de Clarke pour l’inviter à passer sa route il lança à la foule hilare.
« Reshop ! »
Le chef suspicieux les suivit du regard tandis que les trois Skaikru empruntaient les escaliers. Puis il se remit à boire en lançant des insanités sur l’excellente nuit que devrait passer Bellamy en si bonne compagnie.
Ce n’est qu’une fois que la porte de leur chambre fût refermée derrière elles que Clarke et Raven se remirent à respirer. La nuit fût courte, les Skaikru trop méfiants pour dormir à point fermé se contentèrent d’attendre avec impatience les premières lueurs de l’aube pour quitter cet endroit.
Au petit matin, la tempête avait cessé et c’est un ciel dégagé et un soleil radieux qui redonna du courage à l’équipe d’Arkadia. Seul Hector qui avait passé sa nuit à boire ne semblait pas du tout heureux de voir autant de soleil. Pour le guide la redescente allait être difficile ce qui amusa beaucoup Jasper et Monty.
La journée était bien entamée lorsque les traineaux s’engagèrent sur un chemin forestier. Soudain, sortie de nulle part une corde se tendit en travers de la route. Bellamy et Murphy qui se tenaient aux avant-postes sur leur traineau lancé à pleine allure furent fauchés par la corde et tombèrent à la renverse. Les chiens affolés bifurquèrent et le traineau alla s’écraser contre un arbre. Tout le convoi s’immobilisa au milieu du chemin, Murphy et Bellamy étaient au sol, à bout de souffle sous la violence du choc qu’ils venaient de recevoir dans l’abdomen.
Immédiatement Hector sortit son arme et fît signe à Raven et Clarke de rester en retrait. Murphy et Jasper l’arme au point emboitèrent le pas au colosse.
C’est alors que six hommes menaçants sortirent des bosquets qui bordaient le chemin.
« Déposez les armes étrangers ! » Lança un des rodeurs un arc bandé prêt à tirer.
« Je suis Hector d’Azgeda, mandaté par le roi Roan d’Azgeda de conduire ces personnes sur ses terres ! » Expliqua le guerrier taciturne.
« Je me fou par qui tu es envoyé ! Je n’obéis à aucun roi ! » Précisa le rodeur, toujours aussi menaçant.
« Donnez-nous les marchandises que vous transportez et peut être que nous vous épargnerons. » Mentit un autre de ses comparses.
Hector jeta un œil à Murphy et Jasper qui se tenaient à deux pas derrière lui les armes pointées sur leurs assaillants.
« Venez les cherchez vous-même. » Hurla Hector en brandissant sa hache et en s’élançant vers eux.
La réponse ne se fît pas attendre, l’archer lui décocha une flèche dans l’épaule.
Immédiatement, Jasper et Monty firent feu, sur les voleurs qui ripostèrent. La flèche n’avait pas arrêté le colosse envoyé par Roan qui décapita un des hommes, tandis que deux autres étaient déjà tombés sous les balles des Skaikru. Deux bandits chargèrent Monty et Jasper qui vidèrent leur chargeur sur eux. Le dernier battit en retraite, mais Hector ne comptait pas le laisser s’en tirer à si bon compte. Il fondit sur lui tel un ours. Le guerrier planta sa hache dans le dos du fuyard, comme le prédateur aurait planté ses griffes. Le rodeur tomba face contre terre dans un gémissement de douleur. Hector laissa l’homme agoniser dans la neige. Les râles ne durèrent pas aussi longtemps qu’il l’avait espéré.
Clarke et Raven remirent Bellamy et Murphy sur leurs pieds encore sonnés de leur chute. Tandis qu’Hector arracha d’un geste la flèche qui était venue se logée dans son épaule gauche. Il la brisa de rage contre son genou. Clarke s’avança vers le guerrier et se proposa d’examiner sa blessure, il refusa d’un signe de la main en lui disant :
« Ne restons pas là ! Ces forêts sont infestées de ce genre de vermine ! »