L'Initiation du Héros

Once Upon a Time (TV)
F/F
Multi
G
L'Initiation du Héros
Summary
{Ce titre est temporaire, c'est juste que je n'ai vraiment pas d'idée}C'est une simple réécriture de la série Once Upon A Time en y rajoutant un petit élément en plus. Ce nouveau personnage ne va pas provoquer de grands changements sur la trame de base de la série mais plutôt y apporter une histoire complémentaire.
Note
Avant de commencer quelques explications :- Chaque chapitre sera l'équivalent d'une saison, sauf indication contraire. Ils risquent d'être assez longs mais ce découpage sera plus lisible pour moi.- Les passages en italique sont des souvenirs- Toute l'histoire ce fera du point de vue de ce nouveau personnage, sauf indication contraireEt bien sûr, je ne possède pas les droits sur la série ni les personnages créer par Kitsis et Horowitz et je ne gagne rien à faire cette histoire, si ce n'est un peu de plaisir mais ça ne compte pas.Sur ce, bonne lecture ! (j'espère)
All Chapters Forward

Saison 1

Autour de moi, un brasier. À l’odeur du bois et de la paille en feu s’ajoute celle des corps calcinés. J’aurais dû arriver plus tôt. Je suis le dernier rempart, la protectrice de ce village et de tous ceux qui bordent la forêt. C’était à moi de l’en empêcher et j’ai failli. Pourquoi maintenant ? Là-bas, à quelques lieues au delà des bois, l’héritière du Royaume Blanc et son Prince sont sur le point de l’arrêter. C’était en tout cas les rumeurs qui couraient au sein de la résistance. Alors j’ai baissé ma garde et des innocents sont morts. Je regarde autour de moi, impuissante face à la douleur des habitants. Je ne peux sauver ni leurs foyers, ni leurs morts. J’ai failli.

Je me laisse tomber, genoux à terre, tête basse. Je ressens comme une fatigue, une lassitude profonde. Puis-je encore me battre ? Dois-je encore me battre ? Pour qui ? Quand je relève la tête, je la vois à quelques pas de moi. La cause de toute cette tourmente. Son regard sombre et perçant me glace jusqu’au plus profond de mon âme. Je me prenais pour une héroïne, je ne suis qu’une enfant craintive à ses yeux.


« C’est donc toi La Fay, leur lueur d’espoir, celle qui résiste à la Méchante Reine ? »Elle me demande en relevant un sourcil, mais je ne dis rien, me contentant de l’observer sans bouger. « Ce n’est guère impressionnant je dois dire. Je m’attendais à… autre chose disons. Tu ne dois guère avoir vu passer plus de quatorze hivers. »

« Quinze.”Je marmonne entre mes dents. Elle semble m’avoir entendue puisqu’un sourire étire ses lèvres.

« Oh, donc elle parle ? »Le ton de sa voix me fait frémir, même si j’essaye tant bien que mal de le dissimuler. « Fait-il partie de ton groupe de rebelles ? »Elle me demande alors en esquissant un geste de la main. Dans un nuage de fumée mauve, je le vois apparaître.

« Urien… » Un simple murmure s’échappe de mes lèvres.

« Intéressant. Aurais-je mis la main sur ton amant, La Fay ? »

« Laissez-le en dehors de ça ! »Je m’exclame alors, incapable de bouger.


Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Je n’ai presque pas combattu aujourd’hui, la bataille étant perdue bien avant notre arrivée. Je devrais pouvoir me relever et me battre, défendre l’homme que j’aime. Mais je suis figée, ne pouvant que regarder alors que la Reine plonge sa main dans la poitrine d’Urien. Je connais la magie, je sais ce qu’elle va faire. Sa réputation la précède.


« Ne faites pas ça, je vous en supplie. »

« Tu devrais savoir que je n’éprouve aucune pitié. »Elle se contente de dire, sans se départir de son sourire diabolique. Elle tient dans sa main le cœur battant d’Urien.

« Cela vous fera plus de mal qu’à moi, je vous en conjure, ne faites pas ça. »J’insiste, n’ayant que la parole contre sa magie. Je suis impuissante, totalement impuissante.


Comme dans un brouillard, j’entends les dernières paroles de celui qui a été mon meilleur ami, mon confident et mon amour. Je t’aime”est prononcé dans un simple murmure que je parviens à lire sur ses lèvres. La main se referme sur le cœur puis mon propre cri m'assourdit…


***


Mon alarme résonne, me tirant de ce rêve plus qu’étrange. J’ignore d’où vient cette inspiration médiévale mais elle était plutôt terrifiante. Je devrais davantage parler de cauchemar en fait, même si ce songe paraissait très réel. Comme un… souvenir en quelque sorte. Quelques images me reviennent en tête mais elles disparaissent bien vite derrière une brume persistante. Je décide de ne plus y penser et de me préparer pour ma journée. Lundi, je déteste les lundis.

Une fois apprêtée, je descends l’escalier donnant sur l’immense vestibule et je rejoins ma mère dans la cuisine. Comme à son habitude, elle s’est réveillée bien plus tôt que nous et le petit déjeuner est déjà prêt.


« Bonjour maman ! » Je m’exclame en m'emparant de la tasse de café fumant qui est posée sur le plan de travail. J’ai tout juste le temps d’en boire une gorgée brûlante avant de me voir réprimander.

« Bonjour à toi aussi. Maintenant, donne, tu es encore trop jeune pour boire du café. »

« J’aurais essayé. » Je réponds avec un haussement d’épaule. « Est-ce qu’Henry est réveillé ? » Je demande en prenant cette fois la tasse de chocolat chaud préparée à mon attention.

« J’allais justement le faire. »

« Laisse, je m’en occupe. J’en profiterai pour récupérer mes affaires. »


Je ne lui laisse pas le temps de protester, prend une autre gorgée de chocolat chaud avant de remonter à l’étage. Je m’arrête d’abord devant la porte de la chambre de mon petit frère et toque sans ménagement.


« Debout petite tête, c’est l’heure d’aller à l’école. » Je l’interpelle d’une voix chantante.


La porte s’ouvre brusquement et Henry est juste devant moi, déjà prêt et entièrement habillé, son sac d’école sur le dos.


« Tu m’as réveillé en sortant de ta chambre. » Il me répond en guise de bonjour. « Tu es bien trop bruyante quand tu te prépares. »

« Et toi, tu es bien trop grognon au réveil. Bonjour quand même. Tu viens prendre le petit déjeuner ? Ensuite on pourra se mettre en route pour l’école. »

« D’accord. »


Sans un mot de plus, il referme la porte de sa chambre et prend la direction des escaliers. De son sac, je vois dépasser un bouquin volumineux, à la reliure en cuir. Je reconnais ce livre, il est le sujet de pas mal de tensions depuis quelque temps.


« Tu l’emmènes vraiment partout ? » Je demande, voyant Henry s’arrêter dès qu’il m’entend m’adresser à lui.

« J’en ai besoin. » Il se contente de dire avant de descendre les escaliers.


J’espère simplement que maman ne le verra pas avant qu’on soit partis.


***


« Dis-moi, qu’est-ce qu’il a de si spécial ce livre ? » J’interroge à nouveau Henry dès qu’on a pris la route pour le bus.

« Il dit la vérité. »

« La vérité… sur les contes de fées ? »

« Ce ne sont pas des contes de fées, ils sont réels. Tous les personnages de ce livre vivent à Storybrooke. » Henry m’explique avec aplomb, semblant sûr de sa théorie.

« Les personnages de contes de fées vivent à Storybrooke. Blanche-Neige, Pinocchio et le Petit Chaperon Rouge vivent à Storybrooke ? Vraiment, Henry ? Tu es allé raconter ça à maman ? »

« Elle aussi elle est dans le livre ! » Il réplique en s’emparant de son fameux bouquin. Il l’ouvre à une page bien précise et me montre le dessin qui recouvre l’entièreté d’une page. « C’est la Méchante Reine. » Le dessin peut en effet donner l’impression d’une ressemblance avec notre mère mais…

« Enfin Henry, tu ne peux pas dire que maman est la Méchante Reine des contes de fées, c’est impossible. »

« Et là, Blanche-Neige, c’est Mlle Blanchard ! »

« Henry, même si les dessins ressemblent, comment expliques-tu que des personnages d’histoires pour enfants se retrouvent dans une ville du Maine ? »

« Ce n’est pas moi qui l’explique. » Il rétorque immédiatement, semblant avoir réponse à tout. « C’est dans le livre. La Méchante Reine a jeté une malédiction, le Sort Noir. Il est tellement puissant qu’il a emmené tous les habitants de la Forêt Enchantée dans un monde sans magie. Ici, à Storybrooke, où ils ont tout oublié de leurs anciennes vies. »

« Tout oublié, comme c’est pratique. Pourquoi venir dans un monde sans magie ? Est-ce que la Reine ne serait pas plus puissante si elle pouvait utiliser sa magie ? » Je demande, décidant de jouer le jeu pour un temps. Peut-être que je saurais enfin pourquoi Henry déteste tant notre mère.

« Elle ne pouvait plus faire de mal à Blanche-Neige dans l’autre monde. Alors elle a jeté le sort et ici, tout le monde est malheureux. Comme ça, elle peut vivre en les voyant séparés les uns des autres, seuls et tristes. C’est sa vengeance contre Blanche-Neige. »

« Tout ça pour une question de qui est la plus belle ? Ça me paraît disproportionné. »

« Non, dans la vraie histoire la Méchante Reine a été forcée d’épouser le père de Blanche-Neige et le pouvoir l’a changé. »

« Je pourrais lire ce livre ? » Je décide sur un coup de tête, voulant à tout prix me rapprocher de mon petit frère. Quitte à devoir lire un recueil de contes pour enfants.

« Il ne faut pas que Regina le trouve. » Henry marmonne en baissant les yeux, ses petits bras se resserrant sur son précieux ouvrage.

« Elle ne le verra pas, je te le promet, j’en prendrai soin. »

« Très bien alors. Je te le donnerai ce soir, comme ça j’aurais encore un peu de temps pour l’étudier. »

« L’étudier ? »

« J’essaye de trouver les autres personnages. J’ai déjà Blanche-Neige et la Méchante Reine. Et je suis sûr qu’Archie était Jiminy Cricket. »

« Archie, ton psy ? Ouais, il est crédible en Conscience. »

« Alors tu me crois ? » Henry demande, soudain plein d’espoir. Je sais déjà que je n’arriverai pas à lui dire non.

« Je veux bien te croire. Après tout, tu es plus malin qu’il n’y paraît. »


Le sourire qu’il me lance avant de monter dans le bus me rassure sur mon choix. Je ne dis pas que je le crois vraiment. Mon esprit cartésien se refuse à envisager la possibilité de côtoyer Cendrillon et autre Belle au Bois Dormant. Voilà qui compliquerait grandement mon quotidien. Mais j'ai encore en tête les restes de mon rêve de la nuit dernière. La Méchante Reine. Ce n'est sûrement qu'un hasard. Henry traîne ce livre avec lui depuis plusieurs jours déjà, mon inconscient a fait le reste.


***


Où peut bien être Henry ? Normalement, quand les cours sont finis, il me rejoint presque immédiatement devant l'école. Comme cela fait presque quinze minutes que j'attends, je décide d'aller voir Mlle Blanchard. Peut-être qu'Henry est resté en classe pour lui parler, après tout il l'adore. Mais, quand j'arrive dans la salle qui accueille généralement les cours de mon petit frère, je vois son institutrice seule à effacer le tableau.


« Mlle Blanchard ? » J'appelle pour attirer son attention sur moi. « J'attendais Henry à la sortie de l'école. Vous n'auriez pas vu où il est parti ? »

« Il ne s'est pas présenté en classe aujourd’hui, je pensais qu’il était malade. »

« Non, je l’ai accompagné ici ce matin. »


Alors il serait parti toute la journée ? Je pense immédiatement à son endroit secret, celui-là même où il aime se réfugier. Je remercie machinalement Mlle Blanchard et me précipite hors de l’école. Je cours, et cours encore, jusqu’à arriver sur la falaise où trône le vieux parc de jeux abandonné. Il est désert, aucune trace de Henry. Je jette un coup d'œil frénétique à ma montre. Ma mère devrait encore être prise à la mairie jusqu’à dix-huit heures. J’ai un peu de temps devant moi avant de devoir déclarer l’état d’alerte. Je cours à nouveau, ignorant la brûlure qui me barre les côtes à cause de l’effort soudain et intense. Une fois arrivée à la maison, je me précipite dans la chambre de Henry. Toujours rien. Mais j’aperçois son ordinateur posé sur son lit, ouvert mais en veille. Oserais-je ?


« Ne m’en veux pas Henry, mais c’est pour ton bien. » Je marmonne en entrant dans la chambre.


J’évite généralement d’investir cette pièce quand il n’est pas là, question de vie privée et tout ça. Et je n’irai certainement pas fouiller son ordinateur si ce n’était pas une question de vie ou de mort. Heureusement, je suis assez douée avec ce genre de technologie et je parviens sans grand mal à craquer son mot de passe. Son historique internet m’en apprend beaucoup, et peut-être même trop. Henry a tenté de retrouver sa mère biologique et il serait sur une piste. Il a aussi fait l'acquisition d’un ticket de bus pour… Boston ? Il serait parti il y a deux heures à peine, je pense pouvoir le rattraper mais j’aurais du mal à le faire sans inquiéter maman.

Je referme l’ordinateur et me dirige vers ma chambre, déterminée à me lancer à la poursuite de mon petit frère. Je prends avec moi mon téléphone portable et le kit main libre que j’ai récemment acheté. Je troque ensuite ma petite veste légère contre une en cuir beaucoup plus épaisse. Après avoir empoché mon portefeuille, je quitte précipitamment la maison et rejoint le Granny’s Diner. J’espère simplement réussir à convaincre Ruby de me donner un coup de main.


« Hey Ruby ! » Je m’exclame dès que j’ai poussé la porte de l’établissement, hors d’haleine après autant de sport en si peu de temps.

« Wow, qu’est-ce qui t’arrive mini-Mills, tu t’entraînes pour le marathon de New-York ? »

« Non, j’ai juste… besoin de ta moto. »

« Pour quoi faire ? » Elle me demande d’un air suspicieux. Je la comprends, elle ne veut pas être la cause indirecte d’un accident impliquant la fille de Mme le Maire.

« Je dois retrouver Henry avant que maman ne rentre. Ça ira plus vite si tu me prêtes ton engin de la mort. »

« Pas un mot à ta mère, c’est compris ? »

« Je te le promets, merci. »

« Tu sais où la trouver. » Ruby me dit en me lançant les clés. « Et ramène la en un seul morceau. »

« J’en prendrai soin, ne t’inquiète pas. Et merci. »


Je quitte le Diner en maintenant le même rythme effréné que tout à l’heure. Derrière le Bed & Breakfast se trouve le garage personnel de ma serveuse préférée. C’est là que se trouve sa vieille Harley. J’espère qu’elle me portera sans encombre jusqu’à Boston. Je me saisis du casque noir orné d’un loup aux reflets écarlates et le met avant de démarrer la bête. Le moteur rugit sans problème et je pars en trombe, ignorant toutes les règles de sécurité. J’espère juste ne pas avoir alerté le Shériff Graham avec tout ce vacarme. Ou qu’au moins, j’aurais quitté le comté de Storybrooke avant qu’il ne m’ait rattrapé.


***


Il fait déjà nuit quand je m’arrête à l’adresse que Henry a trouvé. J’arrête la moto et me gare proprement avant d’enlever le casque. Je secoue légèrement mes cheveux, laissant les mèches brunes respirer un petit peu après des heures de voyage. Quand je relève la tête, je le vois en compagnie d’une blonde. Ça doit être elle, sa mère biologique.


« Henry ! » Je l’interpelle d’une voix forte. « Qu’est-ce qui t’a pris ? J’étais terriblement inquiète ! Tu ne peux pas partir comme ça, rater l’école, prendre le bus des heures durant pour une ville immense dans l’espoir de retrouver un conte de fée ! Maman doit être dans tous ses états à l’heure qu’il est. »

« Non, elle s’en fiche. Elle ne m’aime pas, et toi non plus. En fait, elle n’aime personne. Elle fait semblant. »

« Henry ! »

« Je rentre à Storybrooke, avec ma vraie mère. » Il dit sur un ton de finalité avant de s’éloigner en direction d’une antique Coccinelle jaune.

« Désolée, j’ai essayé de lui enlever cette idée de la tête. » La blonde s’excuse immédiatement.

« Ce n’est pas de votre faute. Cette histoire ne sort pas de nulle part, il en veut à notre mère depuis un bon moment déjà. » J’explique à cette étrangère. Et puis, je me rends compte que pour elle aussi ça doit être bizarre d’avoir deux enfants inconnus sur le pas de sa porte. « Je suis la sœur d’Henry, Morgane Mills. » Je me présente en tendant ma main vers elle.

« Emma Swan. » Elle répond en serrant ma main. « Sois prudente sur cet engin, la route est encore longue jusqu’au Maine. »

« Je me débrouillerai. J’ouvrirai la voie jusqu’à Storybrooke. »

« Storybrooke ? C’est une blague ? » Emma rétorque avec amusement.

« Si seulement. J’ai juste un appel à passer avant de prendre la route. Je n’en aurais pas pour longtemps. »

« Très bien. »


J’attends qu’elle s’éloigne un petit peu avant de sortir mon téléphone de ma poche. Je connecte le kit main libre et appelle ma mère avant de remettre le portable en sécurité dans la poche intérieure de ma veste. Je remets le casque et démarre la moto alors que l’appel se lance. Quelques secondes après avoir pris la route, ma mère décroche, et dans sa voix résonne l’inquiétude que j’attendais.


« Morgane, où es-tu ?! Est-ce qu’Henry est avec toi ?! »

« Oui maman. On va bien, tous les deux. » J’essaye immédiatement de la rassurer même si je sais que ce sera vain.

« Où est-ce que vous êtes ? »

« Quelque part à Boston. »

« Boston ! » Son cri me fait légèrement grimacer mais je reste concentrée sur la route. Un coup d’œil dans le rétroviseur m’assure que la Coccinelle jaune me suit toujours. « Qu’est-ce que vous faites à Boston ? »

« C’est une longue histoire et je te promets de tout te raconter en rentrant. Tout ce que tu dois savoir pour l’instant, c’est qu’on va bien et qu’on est sur le retour. »

« Bien, admettons que je te fasse confiance pour cette fois. J’attends de sérieuses explications à votre retour. » Le ton de sa voix est sans appel. Je sais déjà que les répercussions seront sévères et je ne peux qu’espérer que tout s’arrange au plus vite.

« Je te promets que j’avais une bonne raison. »

« Sois prudente d’accord ? Et prend bien soin de Henry. »

« Il est en sécurité avec moi, tu le sais. » J’affirme sans hésitation.

« Je sais. »


Elle met fin à l’appel sans rien ajouter. J’espère avoir pu la rassurer un minimum le temps qu’on rentre à Storybrooke. La route sera encore longue et je sens déjà les premiers signes de fatigue me gagner. Il est déjà tard et mon corps me le fait sentir. Je me force à rester réactive pour le reste du trajet, mon moyen de transport étant déjà assez dangereux en temps normal.


***


Je gare la moto dans l’allée, juste devant la porte du garage. Le bruit a dû alerter ma mère parce qu’elle est déjà sur le pas de la porte alors que j’ai à peine enlevé mon casque. Je la rejoins sans attendre, consciente d’avoir été prise en faute. Mon nom franchit ses lèvres avant qu’elle ne me prenne dans ses bras. L’étreinte ne dure que quelques secondes mais elle est ferme et chaleureuse.


« Tu vas bien ? » Maman me demande en s'écartant un peu histoire de me regarder de haut en bas. « D’où est-ce que tu sors cette moto ? Et où est Henry ? »


Je réalise alors que l’horrible Coccinelle jaune n’est pas encore arrivée. Qu’est-ce qu'il s’est passé ? Aurais-je été dupé ? Non, finalement, après plusieurs interminables secondes, la voilà qui se gare le long du trottoir. Henry descend du véhicule, la mine sombre. Mais ma mère n’y prête pas attention et se rue vers lui pour le prendre dans ses bras à son tour.


« Henry, tu n’as rien ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Elle demande en se tournant vers Emma. Et là, le drame commence.

« J’ai retrouvé ma vraie mère ! » Henry lui lance avant de se précipiter à l’intérieur de la maison.


Je me tourne brièvement vers ma mère, je la vois abattue. Je sais que les propos de Henry l’ont touché en plein cœur. Elle n’est pas aussi insensible qu’il semble le croire. Mais elle semble aussi avoir totalement oublié ma présence.


« Vous êtes la mère biologique d’Henry ? »

« Salut. » Emma lui répond dans un souffle avec un demi-sourire.

« Je vais… hum… » Je tente de les interrompre mais je vois bien qu’une tension nouvelle s’est installée. « Je vais voir comment va Henry. » Je finis par dire, même si elles ne m’entendent certainement pas.


Je me lance à la suite de mon petit frère, me doutant bien qu’il aura immédiatement rejoint sa chambre. Quand j’arrive devant la porte, j’hésite un temps puis je toque. Je n'attends pas de réponse et entre.


« Henry… »

« Vas-t-en. » Il marmonne depuis son lit, caché sous sa couverture.

« Non, pas cette fois. Ce que tu as fait aujourd'hui, c'était dangereux et irréfléchi. Tu t'en rends compte au moins ? »

« Il fallait que je la ramène. »

« Tu as déjà une mère, pourquoi courir après celle qui t'a abandonné ? »

« C'est la Sauveuse et, quand elle aura brisé la malédiction et que tu auras retrouvé tes vrais parents toi aussi, tu me remercieras. »

« J'ai déjà une famille. » Je lui fais remarquer. « Et c'est toi qui est en train de la détruire, pas maman. »


Je referme la porte derrière moi quand je quitte sa chambre. J'entends la voix de ma mère dans le hall alors je descends pour l'informer que Henry va bien. Je ne m'attendais juste pas à retrouver Mlle Swan avec elle.


« Henry va bien. » Je les informe en attirant leur attention sur moi. « Enfin je suppose qu'il doit être fatigué mais il n'a pas dit grand chose. » Comme je vois qu'elles tiennent toutes les deux un verre de cidre dans la main, j'en déduis qu'elles n'ont pas encore fini de discuter alors je décide de les laisser entre elles. « Si tu m'autorises à rendre la moto que j'ai emprunté, je serais rentrée juste après. »

« Bien sûr, mais on en reparlera de ça. » Ma mère me prévient en me lançant un regard qui m'indique clairement que je vais avoir des problèmes.

« Je m'y attendais. »


Comme je n'ai pas enlevé ma veste en arrivant, je me dirige immédiatement vers la porte d'entrée. Je pense à saluer Mlle Swan quand je passe devant elle mais je m'empresse de laisser les adultes à leur discussion. Je n'ai clairement pas envie d'être dans les parages quand l'inévitable arrivera. Alors je me contente de sortir la moto de l'allée et de la démarrer une fois que j'ai atteint le bitume. Il ne me faut que deux minutes pour rejoindre le B&B et je crois que Ruby m'a entendu arriver parce qu'elle m'attend à l'extérieur.


« Alors, la promenade a été agréable ? » Elle me demande dès que j'ai coupé le moteur.

« Tu parles. Henry a été jusqu'à Boston. »

« Boston ? Pourquoi ? »

« Retrouver sa vraie mère apparemment. »

« Oh. » J'ai toujours été proche de Ruby et je pense que c'est pour ça qu'elle sait ce qu'il se passe dans ma tête en ce moment. « Il est toujours persuadé que Regina ne l'aime pas alors. »

« Oui. »

« Et tu te retrouves prise au milieu. Ça ne doit pas être facile. »

« Je vais bien. » Je marmonne en détournant le regard.

« Mouais, tu vas encore devoir travailler ta tête de politicienne parce que je ne te crois pas un seul instant. » Ruby me fait remarquer avec un sourire en coin. « Allez viens. »

« Quoi ? »

« Viens je te dis. » Elle insiste en écartant les bras.


Je comprends enfin ce qu'elle attend de moi et je n'hésite qu'une seconde de plus avant de me laisser envelopper dans son étreinte.


« Tu n'as pas à choisir tu sais. C'est à ta mère de régler cette histoire, pas toi. »

« J'ai juste... j'ai peur de les perdre tous les deux si je ne fais rien. » Je murmure en enfouissant mon visage dans ses cheveux.

« Ça s'arrangera. Tu connais ta mère, elle n'abandonne jamais. »

« C'est justement ce qui m'inquiète. »


***


 Et j'avais raison de m'inquiéter. Le lendemain, Ruby m'annonce que Mlle Swan n'a pas quitté Storybrooke et a même prévu d'y rester au moins une semaine. Quelques jours après ça, le Mirror mettait en une du journal le casier judiciaire de la blonde et, même si cela l'empêche de louer une chambre chez Granny, Mlle Swan semble s'être assez rapprochée de Mlle Blanchard pour qu'elles se retrouvent toutes les deux en colocation. Henry est fou de joie, ma mère est en guerre et je suis encore et toujours coincée entre les deux.



***



C'est quand le mystérieux John Doe de l'hôpital, David Nolan de son vrai nom, finit par se réveiller que les choses ont vraiment commencé à déraper. Ma mère s'est grandement rapprochée de Katherine Nolan et j'en étais heureuse au début. Ma mère n'est pas vraiment connue pour avoir des relations amicales avec qui que ce soit alors si elle peut avoir une amie, une seule, ça me suffit déjà. Sauf qu'elle se mêle des histoires de couples des Nolan et que ça c’est beaucoup moins rassurant.

Henry se rapproche de Mlle Swan, ma mère se rapproche de Katherine et dans tout ça ils s'éloignent l'un de l'autre. Je suis prise au milieu et je me sens de plus en plus perdue. C'est peut-être pour ça que je suis encore accoudée au bar chez Granny -devant une tasse de chocolat chaud- alors même qu'il est presque 23h.



« Ça fait des heures que tu es là. » La voix de Ruby me tire de mes pensées. « Ta mère va finir par s'inquiéter. »

« Pour moi ? Certainement pas. Elle n'a que Henry en tête. »

« Morgane… »

« Arrête. Tu sais que c'est vrai. En tout cas pour l'instant. » Je dis en terminant ma boisson d'une traite. « Tu m'en remets un ? »

« Ce n'est pas de l'alcool tu sais ? Ça ne noiera pas ton chagrin. »

« Ouais eh bien je n'ai pas l'âge de consommer de l'alcool alors je me contente du chocolat. »

« Je pense que tu devrais te changer les idées. » Ruby poursuit tout en s'appliquant à préparer ma commande. « Éviter de trop penser à ces histoires entre ta mère et Henry. »

« Et Mlle Swan. » Je marmonne avec amertume. Je ne déteste pas la blonde en question, juste que tous ces problèmes sont arrivés avec elle.

« Que dirais-tu d'une balade ? J'ai mon après-midi de libre demain. Personnellement, ça m'a toujours libéré l'esprit. Le calme de la forêt je veux dire. » Elle pose une nouvelle tasse devant moi, accompagnée d'un de ses fameux sourires qui font toujours rater un ou deux battements à mon cœur. « Qu'est ce que tu en dis ? »

« C'est un rencard ? » Je rétorque en relevant un sourcil, espérant obtenir la moitié de l'effet que ma mère a en usant de cette technique.

« Oui, bien sûr. Et mon enterrement est prévu pour le jour d'après. »

« Je suis convaincue que ma mère ne te déteste pas autant que le reste de la ville. J’arriverai peut-être à la persuader de réduire ta peine. »

« Je sais ce que tu essayes de faire. » Ruby me fait remarquer. « Détourner la conversation ne marchera pas. Pas cette fois. »

« Ce n'était pas mon intention. »

« Dans ce cas, je t’avouerai que je ne sais vraiment pas ce que tu cherches à faire en ce moment. »

« Peut-être que je veux simplement flirter avec ma serveuse préférée. » Je laisse le sous-entendu planer alors que je finis mon chocolat chaud. « Je dois accompagner Henry jusque chez Archie demain. » J'explique ensuite en déposant un billet sur le comptoir. « Je te rejoindrai ici vers 14h. »

« D'accord. »


Avec un grand sourire, je note l'embarras de Ruby. Peut-être que j'y suis allée un peu fort avec elle. Peut-être, aussi, devrais-je garder ce petit béguin stupide pour moi-même au lieu de tenter de séduire une femme de dix ans mon aînée.


« À demain Rubs. »



***


« Tu as largement dépassé ton couvre-feu. » Ma mère m'interpelle dès que j'ai franchi la porte de la maison. « Puis-je savoir où tu étais ? »

« Juste chez Granny. Je… discutais avec Ruby. »

« Tu sembles très proche de Mlle Lucas. »

« Elle me comprend. »

« Je vais laisser filer pour cette fois. » Ma mère concède. « J'aimerais simplement que tu préviennes la prochaine fois que tu seras en retard. »

« C'est promis. Désolée. »

« Ce n'est rien. Monte te coucher maintenant, tu as encore école demain. »

« D'accord. Bonne nuit maman. »

« Fais de beaux rêves, princesse. »



Princesse. Je devais avoir 11 ou 12 ans la dernière fois qu'elle a utilisé ce surnom. Je ne doutais pas qu'il puisse autant me manquer.

Après avoir enfilé mon pyjama et effectuer ma routine du soir, je me glisse dans mon lit et mes yeux se ferment dès que ma tête se pose sur mon oreiller. Apparemment, mes rêves ne seront pas aussi beaux que ce que ma mère aurait voulu.



***



« Incapable ! »Sa voix résonne comme un coup de fouet, me faisant fléchir instinctivement, attendant ma punition. « Ce sortilège est d'une simplicité enfantine et pourtant tu n'y arrives toujours pas ! »

« Désolée, Marraine. »Je m'excuse d'une petite voix apeurée. « Je vais y arriver, je vous le promets. »

« Non. Tu n'es qu'une déception de plus. Retournes dans ta chambre. »Ma bienfaitrice exige avec un geste de la main.



Dans un nuage de fumée, je me retrouve envoyée dans la petite pièce circulaire qui me sert de chambre. J'aurais au moins évité une punition physique pour cette fois mais l'abus psychologique est de plus en plus dur à supporter.



« Je ressens ta peur, mon enfant. »J'entends une voix masculine résonner autour de moi.



Je me relève immédiatement, cherchant la source de cette voix. Aucun homme n'est censé pouvoir mettre les pieds à Avalon et pourtant… Sauf que je ne vois personne dans la pièce, homme ou femme.



« Où êtes-vous ? Montrez-vous ! »Je demande d'une voix forte.

« Je ne suis pas vraiment là. »La voix me répond ensuite. « Mais je peux me montrer à toi sous la forme qui fut la mienne lorsque je possédais encore un corps. »

« Alors faites-le. »



Près de la fenêtre, une forme commence à se matérialiser. Après quelques secondes, un homme à la peau mate se tient devant moi. Sa silhouette est encore un peu transparente mais je perçois sans difficulté les traits de son visage. Comme il ne m'a pas l'air menaçant, je décide de ne pas alerter ma marraine.



« Qui êtes-vous ? »Je demande à nouveau, avec un peu plus d'insistance.

« Mon nom est Merlin. Je viens d'un lieu lointain et d'un temps reculé. Je ne te veux aucun mal, Morgane La Fay. »

« Mon nom est Élaine. »Je réplique entre mes dents. Même si je déteste le prénom que ma marraine m'a donné, il reste le seul que j'ai jamais connu.

« Très bien, Elaine. J'ai entendu ta peine à travers les Royaumes. Je sais que tu as peur mais tu ne devrais pas. Tu es plus puissante que ce qu'elle imagine et ta destinée est grande. Elle commence d'ailleurs aujourd'hui et c'est pour cela que je me tiens devant toi en cet instant. Il est temps. »

« Temps pour quoi ? »Je suis de plus en plus perdue. Cet homme s'adresse à moi comme s'il me connaissait. « De quoi parlez-vous ? »

« Je te parle de t'enfuir. »Merlin m'explique alors. « Tu as une chance de le faire, maintenant. Ta magie te permettra de sortir de ce château et de quitter Avalon. Pars et avance jusqu'à une terre appelée Mist Haven. C'est là que ton destin te rattrapera. »



Avant que je ne puisse le questionner davantage, il disparaît à nouveau. Je reste immobile pendant plusieurs minutes avant de réagir. Et s'il avait raison, si je pouvais m'enfuir ? Il faut que j'essaye.



***


« Tu es prêt Henry ? » Je demande à mon petit frère dès qu'il me rejoint à la sortie de l'école.

« Yep.” »

« Alors en route, Archie t'attend. »



Je passe mon bras autour de ses épaules alors qu'on marche en direction du centre-ville. Je remarque à nouveau le livre de conte auquel Henry semble de plus en plus attacher.



« Dis-moi Henry. » Je commence pour attirer son attention. « Mlle Blanchard est Blanche-Neige, c'est ça ? » Il acquiesce alors je continue. « Archie serait Jiminy Cricket et maman la Méchante Reine. »

« C'est ça. »

« Tu as trouvé d'autres personnages ? » Je demande, ma curiosité de plus en plus piquée par son histoire.

« Pas vraiment. David Nolan est le Prince Charmant, c'est certain. »

« C'est pour ça que Mlle Blanchard a pu le réveiller alors, tout s'explique. »

« Alors tu me crois vraiment ? » Henry me demande tout excité. « Est ce que ça veut dire que tu vas rejoindre l’Opération Cobra ? »

« Opération Cobra ? »

« Pour aider Emma à briser la malédiction. Si tu nous aidais, Regina aurait moins de chance de s'interposer. »

« D'accord. » J'accepte sans hésiter, espérant maintenir une cellule familiale à peu près saine. Peut-être que j’arriverai à convaincre Henry que notre mère n'est pas aussi diabolique qu'il le pense. « Est ce que j'ai droit à un nom de code ? »

« Un nom de code ? Lequel ? »

« Je ne sais pas. Peut-être mon nom de conte de fée ? »

« Je ne t'ai pas encore trouvé dans le livre. » Henry avoue alors, l'air presque déçu de lui-même.

« Ce n'est pas grave tu sais. Je vais devoir être créative. Voyons voir… Si je suis la fille de la Méchante Reine… Pourquoi pas Evil Princess ? »

« Mais tu n'es pas méchante. » Henry me fait remarquer.

« Justement, ça s'appelle brouiller les pistes. »

« C'est génial ! » Un grand sourire vient illuminer son visage, me confortant dans mes décisions. Quand il vient me prendre dans ses bras, je suis d'autant plus convaincue d'avoir fait le bon choix. « Je suis super content que tu me crois. »

« Je serais toujours de ton côté. C'est à ça que sert la famille non ? »



Il se contente de me sourire à nouveau avant de pousser la porte du cabinet d’Archie. Quand je suis sûre qu'il assistera à sa séance, je traverse la rue pour rejoindre le Granny’s Diner. J'ai à peine poussé la porte de l'établissement que je repère Ruby encore dans sa tenue de service.



« Hey Morgane ! » Elle m’accueille avec un grand sourire dès qu'elle s'aperçoit de ma présence. « Je n'en ai que pour quelques minutes, mon service a été plus long que prévu. »

« J'ai le temps. »



Je m’assois donc sur une chaise du comptoir et Granny m'apporte même un thé glacé pour me faire patienter. Je décide dans un même temps d'envoyer un message à ma mère histoire de la tenir informer de mon programme de l'après-midi.

Même si je fais mine de ne rien remarquer, je sens plusieurs regards sur moi. Je sais ce que pensent les habitants de Storybrooke à mon propos. Comme ma mère n'est pas très appréciée, sa réputation entache un petit peu la mienne. Henry est assez mignon pour gagner facilement le cœur des adultes du coin mais moi ? Ils me voient comme la digne héritière de Mme le Maire et j'avoue que, parfois, je fais tout pour leur donner raison. Simplement histoire de m'amuser. Ils ont déjà une opinion toute faite sur moi alors autant leur donner raison, question d'ego et tout ça. C'est pour ça que je me tourne vers les clients du diner afin de leur offrir mon plus beau sourire fabrication Mills. Ils détournent tous leurs regards et je retourne mon attention sur ma boisson, contente de mon petit effet.



« Ça t'amuse de leur faire peur comme ça ? » La voix de Ruby à quelques centimètres de moi me fait sursauter.

« Ça t'amuse de me faire peur ? » Je lui répond du tac au tac. « Ils le méritent. » J'ajoute avec un signe de tête en direction de la salle. « Je sens leurs regards sur moi, à me juger pour ce qu'ils croient que ma mère a fait. »

« Moi je sais que tu n'es pas comme ça, c'est suffisant non ? »

« Totalement. » J'acquiesce avec un sourire. « Prête à y aller ? »

« Quand tu veux. »



***


« Tu as une tête de déterrée. » Ruby me fait remarquer quand on arrive aux abords de la forêt.

« Wow, quel compliment ! Merci Ruby, tu sais vraiment parler aux femmes toi. » Je réplique avec un sourire pour qu’elle voit bien que je plaisante. « J’ai très mal dormi la nuit dernière. J’ai fait un rêve… assez dérangeant disons. »

« Tu comptes me le raconter ou je dois deviner ? »

« C’était bizarre. Il y avait une fée et Merlin qui me racontait des trucs sur des Royaumes lointains. Enfin bref, rien de bien intéressant mais j’ai été incapable de me rendormir après. »

« Merlin… Comme dans la légende du Roi Arthur ? »

« Yep. »

« Je crois que Henry t’a vachement embrouillé l’esprit avec ces histoires de Méchante Reine. » Ruby me fait remarquer. « Et ton cerveau tordu a fait le reste. »

« Encore une fois, merci. » Je rétorque avec sarcasme. « Tu es d’une humeur délicieuse aujourd’hui Ruby. Une raison à ça ? »

« Rien de spécial. Juste que… j’ai l’impression de tourner en rond ici. Chaque jour c’est la même chose. Granny me prend la tête avec ses histoires de “responsabilité”, comme si j’étais incapable de faire mon travail correctement. »

« Nan, ça c’est n’importe quoi et tu le sais. Tu n’es pas ma serveuse préférée pour rien. » Je lui rappelle en venant lui donner un petit coup d’épaule amical. « Et puis Granny tient énormément à toi. Elle t’aime, c’est pour ça qu’elle veut te former le mieux possible. Pour prendre sa relève certainement. »

« Tu crois ? »

« Ça me paraît évident. Je ne sais pas à qui d’autre elle pourrait léguer le Diner si jamais… enfin tu vois. Sans vouloir porter la poisse. Même si ta grand-mère a l’air indestructible et éternelle. »

« Ça tu peux le dire. » Ruby acquiesce avec un petit sourire. Elle laisse ensuite un léger silence s’installer mais je sens bien qu’elle a encore quelque chose à me dire alors je me tais pour l’instant. « Billy m’a invité à sortir. » Elle finit par dire, tellement vite que j’aurais pu le rater si je n’avais pas prêté grande attention.

« Billy, le dépanneur ? »

« Tu connais d’autres Billy toi ? »

« Pas vraiment, mais je ne connais pas tout le monde à Storybrooke. Et donc, tu as accepté ? » Je demande en essayant de dissimuler la jalousie qui s’est glissée dans ma voix. Ce n’est clairement pas le moment de laisser parler ce béguin stupide.

« Pas encore. Je ne sais pas trop. Il a l'air gentil mais… Enfin, je n'ai jamais vraiment eu de chance pour ce genre de chose. »

« Ce sera peut-être différent cette fois. Mais si tu as des doutes, c'est sûrement pour une bonne raison. Tu as toujours eu un bon instinct. »

« Peut-être bien. »


J'allais pour détourner la conversation sur un sujet moins sensible pour moi quand une grande détonation résonne, faisant trembler le sol. Ça ne dure que quelques secondes mais c'est suffisant pour m'inquiéter.


« Ça venait des mines, non ? » Je demande immédiatement, consciente de l'incident de la veille.
« On dirait. »

« Pongo ! »


À une dizaine de mètres de là, j'aperçois le dalmatien d'Archie et ça m'inquiète d'autant plus. D'habitude, Pongo ne quitte pas le cabinet sans son maître et Henry adore la compagnie du chien pendant les consultations. Sa présence dans la forêt est plutôt étrange quand on part de cette déduction.


« Pongo, viens là mon beau. » J'appelle à nouveau le chien, espérant attirer son attention. « Dis moi, où est ton maître ? » Sans s'approcher, Pongo aboie. « Pongo ! »

« Je crois qu'il veut qu'on le suive. » Ruby me fait remarquer.
« Allons-y alors. »


On suit le chien pendant quelques minutes quand je me rends compte qu'on approche de plus en plus des mines. Je me doutais bien que la secousse venait de là. Ces mines sont très vieilles et inutilisables depuis des années. Je crois que je n'étais qu'une enfant quand ma mère a décidé d'en interdire l'accès. Et elle avait parlé de condamner entièrement les tunnels et de paver intégralement le terrain hier, quand le premier éboulement a eu lieu.


« Les mines. » Ruby remarque alors, le souffle court. « Tu crois que Archie est là dedans ? »

« Oui, mais pas tout seul. » Je dis sans hésitation, en ramassant une barre chocolatée tombée par terre. « Apollo, la marque préférée d'Henry. Ils sont tous les deux à l'intérieur. »

« Je suis désolée d'être celle qui annonce la mauvaise nouvelle, mais tu vas devoir appeler ta mère. »

« Pourquoi ? » Je demande d'une voix enfantine, pas du tout enchantée à cette idée.


Je connais déjà la réaction de ma mère mais je sais que Ruby à raison alors je prends mon téléphone et compose le numéro. Elle décroche très rapidement, comme je m'y attendais.


« Morgane, tout va bien ? »

« Hum… comment dire ? Pas vraiment ? »

« Morgane Mills, j'espère que tu ne t'es pas lancée dans une autre escapade à moto ! »

« Non ! C'est… c'est Henry. » Je lui explique, décidant de ne pas lui laisser le temps de répondre. « Il est dans les mines et, je ne sais pas si la secousse s'est ressentie jusqu'à Storybrooke, mais la mine s'est effondrée et… »

« Je lui avais pourtant dit de ne pas aller jouer là-bas ! Toi, tu ne bouges pas, j'arrive avec les secours. »

« Ok…"


Ma réponse se fait dans le vide parce qu'elle a déjà raccroché. Alors je range mon portable dans ma poche, et il ne reste plus qu'à attendre. C'est là qu'une autre voix se fait entendre, celle de Mlle Swan.


« Ruby ! Morgane ! Vous ne devriez pas être ici, le terrain est trop instable. »

« Mon petit frère est très certainement coincé là-dessous alors je ne vais nulle part tant que ma mère n'est pas arrivée. » Je réplique sans hésiter.

« J'ai déjà prévenu le shérif et les pompiers sont en route. Laissez les simplement faire leur boulot, le reste je m'en fiche. Emma accepte finalement, comprenant sûrement que je ne bougerai pas.

« Vous croyez qu'ils vont bien ? Je ne peux m'empêcher de lui demander.
« L'entrée est bloquée, il va falloir trouver un autre moyen de les faire sortir. J'espère simplement qu'ils ont pu éviter les éboulements. »


Je me tourne vers l'entrée des mines, constatant qu'elles sont en effet totalement impraticables. Je sens ma nervosité monter progressivement. Il pourrait se passer n'importe quoi dans ces mines honnêtement. Peut-être même que Henry est blessé ou… pire.


« Hey. » Je sens la main de Ruby se poser sur mon épaule. Elle doit sentir mon inquiétude, elle a toujours été assez douée pour ça. « Tout ira bien, tu verras. »

« Je l'espère. »


***


C'est comme si tout Storybrooke était là. Le shérif et les pompiers ? Compréhensible. Mais Marco est un humble ébéniste, je ne vois pas pourquoi il serait là. Pas besoin d'un génie pour comprendre que tout le bois à l'intérieur est pourri. Et puis, je me souviens qu'il est très proche de Archie et tout me paraît plus clair. Je reste près de ma mère qui est occupée à donner des ordres à tout le monde. Au moment où ils suggèrent d'utiliser de la dynamite, je réagis enfin.


« Attends, maman ! On ne sait pas ce qu'une explosion pourrait faire comme dégâts à l'intérieur. C'est trop dangereux, on pourrait les blesser. » Je leur fais remarquer à tous. Encore une fois, pas besoin d'un génie pour savoir que toute la structure des mines est instable.

« Je sais, princesse. » Je vois le conflit qui fait rage dans les yeux de ma mère. « Mais on n'a pas d'autres solutions. Il faut trouver un moyen de les faire sortir. »

« Alors trouvez autre chose ! »

« Fais moi confiance. » Ma mère me demande avant de se tourner vers l'entrée de la mine.


Ils sont déjà en train d'installer les explosifs. J’ai un mauvais pressentiment. Je ne pense pas que ça va fonctionner et j’aurais plutôt tenté une autre approche, quitte à prendre quelques minutes de réflexion en plus. Alors je m’éloigne du groupe d’adulte, passant derrière le camion de pompier histoire de trouver un peu de calme, et peut-être une solution par la même occasion. J’essaye d’ignorer les invectives et instructions que se lancent les personnes en charge des explosifs. Je n’ai été seule que quelques secondes avant de sentir une main se poser sur mon épaule. Je sais qu’il s’agit de Ruby alors je ne réagis pas et me contente d’apprécier sa présence à mes côtés.



« Tu te fais beaucoup trop de soucis. » Elle me fait remarquer.

« Je ne serais pas rassurée tant qu’ils ne seront pas sortis. » Je m’interromps quelques secondes alors que le groupe d’adultes appuie sur le détonateur. Le bruit est assourdissant et fait trembler la terre plus fort que précédemment. « Ça n’a sûrement pas fonctionné. » J’ajoute sans même regarder.

« Mlle Lucas ! » La voix de ma mère se fait attendre par-dessus le brouhaha. « Faites taire ce chien ! »



Je comprends qu’elle parle de Pongo, lequel est figé à quelques mètres de nous en train d’aboyer. Je réalise alors qu’il a peut-être trouvé quelque chose qui nous aurait échappé donc je m’approche de lui.



« Il a trouvé quelque chose maman ! » J’attire son attention sur moi.



Je commence à creuser à l’endroit où Pongo reniflait. Je vois alors, devant le chien et moi, une plaque de métal assez grande. Je tente de la soulever quand même et je découvre en-dessous une ouverture recouverte d’une grille.



« Regardez ! » Comme personne ne fait vraiment attention à moi, je cherche à m’assurer qu’il s’agit bien là d’un conduit d’aération ou d’un monte-charge. « Henry ? Archie ? » Je les appelle d’une voix forte. « Vous êtes là-dedans ? »

« Morgane ! » La voix de mon petit frère résonne avec un certain écho, mais ça me rassure immédiatement. J’avais donc raison. « Qu’est-ce que c’était ? »

« Ils ont essayé de déblayer l’entrée avec de la dynamite. Vous allez bien ? »

« Personne n’est blessé. » Archie me répond. « Mais je doute que le monte-charge tienne très longtemps. »


À ce moment de la discussion, la plupart des adultes ont compris que j’avais mis la main sur une possible issue pour Henry et Archie. Ma mère est juste à côté de moi, Mlle Swan juste à côté avec le shérif. Je ne fais pas trop attention à ce qu’ils se disent, comprenant tout de même qu’ils vont essayer de faire descendre quelqu’un par harnais histoire de les récupérer. Ils commencent par retirer la grille à l’aide du treuil d’un des pick-up, libérant totalement l’accès au conduit d’aération.


« Il faut que celui qui descende arrive en bas sans se balancer. » Marco explique alors, préparant le harnais et le crochet auquel il sera relié. « Sinon, en frottant, le filin va arracher les parois du conduit. »

« Faites-moi descendre. » Ma mère exige immédiatement.

« Pas question, non, je vais le faire. » Mlle Swan réplique.

« C’est mon fils. »

« C’est le mien aussi. » Comme je vois que ma mère allait encore répondre, j’interviens.

« Maman, elle n’a pas tord. Tu as passé les quinzes dernières années assise derrière un bureau et elle… » Pour la forme, je viens tâtonner les biceps de la nouvelle adjointe du shérif. « Elle a deux ou trois muscles qui pourraient être utiles. » Je termine ensuite, tentant d’ignorer le ricanement de Ruby quelque part derrière moi.


Je vois le conflit dans les yeux de ma mère et je croyais sincèrement qu’elle allait à nouveau tenter d’imposer son point de vue. Elle s’approche de Mlle Swan, laissant moins d’une vingtaine de centimètres entre elle. Dans ce face à face, je remarque le soupir qui échappe à ma mère, me faisant comprendre qu’elle abandonne pour cette fois.



« Alors ramenez-le moi. » Elle finit par dire, laissant sa détresse transparaître plus qu’auparavant.



Avec un petit sourire, sûrement histoire de la rassurer, Mlle Swan s’éloigne en direction du trou, enlevant sa veste au passage. Elle s’équipe du harnais, un peu à l’écart du groupe alors j’en profite pour m’approcher d’elle et lui parler dans un calme relatif.



« Mlle Swan. »

« Hey, Morgane. » Elle réplique, le souffle un peu court à force d’essayer d’enfiler ce harnais diabolique.

« Je voulais vous dire… Je sais que ma mère n’est pas forcément la personne la plus sociable ou agréable… »

« C’est le moins qu’on puisse dire. » Elle me coupe en marmonnant.

« Mais je ne veux pas la perdre. » Je continue en ignorant sa réplique. « Et je sais que ce sera le cas si vous ne parvenez pas à sauver Henry alors… »

« Je vais le sortir de là, je te le promets. »

« Ok juste… Ils ont dit que le monte-charge avait pris un coup pendant l’explosion. Faites vite, je vous en supplie. »



Elle pose alors sa main sur mon épaule dans un geste qui se veut rassurant et m’offre le même sourire qu’elle avait lancé à ma mère une minute plus tôt. Sans un mot de plus, elle s’attache au câble qui lui permettra de descendre et attend d’être soulevée en direction de l’ouverture. Je recule de quelques pas, sentant l’appréhension montée de plus en plus en moi. Ruby est à nouveau à mes côtés et je sens sa main glisser dans la mienne. Dans d’autres circonstances, ce geste aurait certainement fait rater plusieurs battements à mon cœur mais je suis bien trop anxieuse pour y faire attention.

Mlle Swan a disparu dans le trou depuis presque une minute déjà quand on entend un grand bruit sourd que je devine être la chute du monte-charge. Pitié, faites qu’Henry aille bien, faites qu’il soit sauf. Finalement, elle demande à être remontée et… ils sont tous les deux avec elle. Dès qu’Henry reprend pied sur la terre ferme, je me précipite vers lui en même temps que ma mère. Le pauvre se retrouve assailli dans une étreinte dont il ne peut pas vraiment s’échapper. Non pas qu’il semble le vouloir.

Je remarque Mlle Swan qui s’approche à son tour alors j’attire l’attention de ma mère sur moi puis sur elle. Elle semble vouloir éloigner la blonde une bonne fois pour toute mais je la retiens.



« Laisse-lui quelques minutes. » Je lui demande. « Nous on va le ramener à la maison ce soir mais elle, elle devra attendre jusqu’à demain pour s’assurer qu’il va bien. »

« C’est moi sa mère. »

« Elle aussi. L’instinct maternel c’est un truc naturel non ? Quelque chose qu’on ne contrôle pas. »



Ma mère reste silencieuse plusieurs secondes, me laissant penser que je l’ai peut-être énervée ou pire. La main sur son ventre, elle semble hésiter longtemps avant de finalement acquiescer en silence. Avec un sourire, Henry s’éloigne en direction de sa mère -enfin son autre mère- et se laisse aller dans l’étreinte de la blonde. Quand je remarque le regard assassin de ma mère, j’interviens à nouveau.



« Dis-toi que ça t’aidera à rentrer dans ses bonnes faveurs. »



Elle ne dit rien et attend patiemment qu’Henry revienne vers nous avant de s’approcher d’Archie afin d’avoir une discussion avec lui.



« De quoi ils parlent tu crois ? » Je demande à mon petit frère.

« De moi sûrement. »

« Je n’ai même pas envie de savoir en fait. » Je réalise alors. « Et toi… » J’assène une petite tape sur l’épaule d’Henry en guise de punition. « Ne me refais jamais ça ! J’ai cru que j’allais mourir de peur !”

« Tu parles comme maman. »

« Parce que notre rôle est de te protéger. Je ne m’en serais sans doute pas remise avant très longtemps s’il t’était arrivé quoi que ce soit. »

« Je suis désolée. » Il a l’air sincère alors je laisse couler pour cette fois. C’est à ce moment que Mlle Swan nous rejoint.

« C’est le père d’Archie ? » Elle demande, le regard tourné vers le psy et Marco.

« Non, c’est son meilleur ami. » Henry lui répond.

« Et dans le livre ? » C’est à mon tour de l’interroger.

« Gepetto. »

« Évidemment. » Comme je vois que Mlle Swan semble vouloir parler encore un peu à Henry, je décide de les laisser seuls. « Je vais voir où en est maman. Tu nous rejoins quand tu as fini ? »



Comme Henry acquiesce sans hésiter, je m’éloigne et rejoins ma mère qui est seule depuis quelques minutes.



« Il va bien tu sais. Tu peux arrêter de t’inquiéter. » Je lui fais remarquer.

« Tu as raison. » Un petit sourire se forme sur son visage et je prends ça comme une victoire.

« Hey, tu entends ça ? »

« Quoi donc ? »

« Les criquets. Depuis quand on a des criquets à Storybrooke ? » Je réalise soudainement.

« Tu n’y as jamais prêté attention, c’est tout. »

« Probablement. »



C’est à ce moment que Henry revient vers nous alors je laisse tomber cette conversation pour le moment. Je pense que mon petit frère adoré sera plus à même de comprendre ce à quoi je fais allusion. Je sais que j’ai raison. Il n’y a jamais eu de criquets à Storybrooke et j’ai toujours pensé que c’était parce qu’il y faisait trop froid la nuit, même en plein été c’est assez frisquet. Je commence à croire que, peut-être, Henry a raison et que quelque chose ne tourne pas rond dans cette ville. Malédiction ou pas, les choses changent depuis qu’il a ramené sa mère biologique. D’abord l’horloge éternellement figée qui se remet en marche d’elle-même, ensuite les mines qui s'effondrent le jour même où elle accepte d’être l’adjointe du shérif et maintenant… maintenant j’entends des criquets pour la première fois de ma vie.

Le trajet en voiture jusqu’à la maison passe dans un battement de cil. En tout cas, c’est l’impression que j’en ai après avoir été perdue dans mes pensées tout ce temps. Quand on entre, ma mère se propose de nous préparer des chocolats chauds pendant qu’on ira se passer des tenues plus confortables. Évidemment, on accepte. Tout pour dépasser l’heure du coucher un soir de semaine.



« Hey, dis-moi. » J’interpelle Henry juste avant qu’il ne rentre dans sa chambre. « Tu l’as entendu aussi, pas vrai ? »

« Quoi donc ? »

« Les criquets. »

« Oui.” Il acquiesce avec un grand sourire. « Je crois qu’Archie commence à redevenir un peu plus comme Jiminy. »

« Je me disais aussi. On devrait se dépêcher maintenant. Une grande journée nous attend demain. »

« Comment ça ? »

« Eh bien… Il nous reste une ville entière de personnages maudits à désenvoûter, non ? »

« C’est vrai.” Cette fois, il pousse la porte de sa chambre et, juste avant de la refermer derrière lui, il ajoute : « Je n’en reviens toujours pas. Tu me crois vraiment ? »

« Bien sûr. »


Cela semble lui faire vraiment plaisir alors je me garde bien de lui dire que je suis toujours du côté de notre mère également. Méchante Reine ou pas, c’est elle qui m’a élevée et je ne lui enlèverai jamais ça.


***

Je suis partie seule pour une fois, profitant de la fraîcheur matinale pour me changer les idées et peut-être, avec un peu de chance, trouver de quoi nous faire un déjeuner digne de ce nom. Je ne manie pas trop bien l'arc pour le moment, cela ne fait que quelques jours qu'Urien a commencé à m'apprendre. Mais j'espère réussir à attraper quelque chose cette fois.

Alors que j'atteins une clairière, je m'arrête net. Devant moi, un grand loup au pelage blanc me fait face. Je me fige instantanément et mon regard reste plongé dans celui de la bête. Ses yeux m'interpellent. L'un est d'un brun très ordinaire sur ce genre d'animal mais l'autre est rouge sang. Il est immobile et moi aussi. J'ignore s'il compte m'attaquer ou si je suis trop chétive à son goût.


« Il ne te fera rien. »Une voix se fait entendre un peu plus loin.


J'aperçois alors un homme de grande taille. Sa tenue et les armes qu'il porte me font immédiatement savoir qu'il s'agit d'un chasseur. Ses cheveux sont courts et sa barbe mal entretenue mais il ne me semble pas hostile alors je me détends. De plus, l'animal semble lui obéir et j'ai toujours ma magie rudimentaire pour me défendre. Ça devrait aller.


« Tu es perdue ? »L'inconnu me demande face à mon manque de réaction.

« Non, je chasse c'est tout. »

« Tu sais t'en servir ? » Il montre mon arc d'un geste de la main, semblant surpris de ma réponse.

« Pas très bien, mais je me débrouille. »

« Alors viens, je peux peut-être t'apprendre deux ou trois choses. »


Je n'hésite pas très longtemps avant d'accepter. Je le suis sans trop réfléchir, espérant pouvoir m'améliorer au contact d'un chasseur plus aguerri.


« Je m'appelle Graham. »Il me dit alors qu'on se met en route. « L'homme qui parle aux loups, d'après les villageois. »

« Moi c'est Elaine. »

« Tu es bien jeune pour être envoyée seule en forêt. »

« C'est calme à cette heure-ci et c'est quelque chose que j'apprécie particulièrement. »

« Je te comprends. »

« Tu chasses ? » Il me demande en indiquant mon arc d’un geste de la main.

« Pas trop bien, mais j’essaie. »

« Je pourrais peut-être t’apprendre deux ou trois petites choses. »

« Vraiment ? »

« Oui. Je sens que je peux te faire confiance et mon ami semble le sentir aussi. »


Mon regard se tourne vers le loup qui semble en effet très calme. Comme je vois qu’il obéit aveuglément à Graham, j’accepte de suivre le chasseur. On marche un temps dans la forêt. L’aube se lève ainsi que la brume quand il me fait ensuite signe de ralentir et de rester silencieuse. C'est alors que j'aperçois au loin une biche, encore jeune d'après la taille. Il m'indique que c'est à moi de m'en charger. Je me saisis donc de mon arc, bande une flèche et vise. J'inspire un bon coup, bloque ma respiration et laisse la flèche filer en direction de l'animal. Je l'atteins à la cuisse, empêchant l'animal de s'enfuir sans pour autant la tuer. Un tir raté donc, puisque j'aurais aimé ne pas la faire souffrir inutilement.


« Ce n'est pas trop mal."Graham me félicite quand même. "En gardant ton bras droit bien parallèle à ton visage, le coude relevé au niveau de ton oreille, tu viseras sans doute mieux. »

« J'y penserai la prochaine fois. »

« Bien, allons abréger les souffrances de cette biche si tu veux bien. »


J'accepte sans hésiter. Quand on s'approche, je le laisse s'occuper d'achever la bête d'un coup de couteau sous la gorge. Exactement le genre de douleur que j'aurais pu lui épargner en étant plus précise. Je me promets de m'améliorer très vite ou de simplement arrêter la chasse.


« Ça reste une belle prise, tu peux être fière de toi. »

« Je suis encore incapable de les pister alors j'aimerais qu'on la partage. Vous m'avez beaucoup aidé. »

« Si tu y tiens. »Il accepte avec un sourire qui adoucit grandement les traits de son visage.

« Je vous remercie pour votre aide, Graham. Grâce à vous, mes compagnons et moi auront un repas digne de ce nom aujourd'hui. »

« Tes remerciements sont inutiles, ta compagnie m'a été très agréable. Même mon vieil ami semble t'apprécier. »


Dans tout ça, j'en aurais presque oublié le loup. Maintenant que je ne crains plus qu'il me dévore, il me semble plus majestueux qu'effrayant. Après avoir dépecé la bête, Graham m'entraîne encore un petit peu en tirant cette fois sur des troncs d'arbre. Après environ une heure d'exercice, il semble assez satisfait de mes progrès pour me laisser partir.


« Ce fut un plaisir de t'avoir pour élève Elaine, même pour un si court instant. »

« Vos enseignements m'ont été précieux. J'espère qu'on se reverra. »

« De même. »


Avec un dernier sourire à mon attention, il s'éloigne en compagnie de son loup. Je m'empresse alors de rejoindre notre campement, impatiente de raconter cette aventure au reste de ma troupe.


***


Quand je me réveille, le ciel est encore pâle et j'ai l'impression d'être plus fatiguée qu'en allant me coucher. C'est déjà le deuxième rêve du genre que je fais et ça commence à me miner le moral. Je réalise également qu'une tête familière a fait son apparition dans mon rêve. Peut-être que les événements de la semaine dernière m'ont incité à rêver du shérif, je ne sais pas. Mais je préférerais que ça ne se reproduise pas. Déjà à cause de la relation plus ou moins ambiguë qu'il entretient avec ma mère, et puis ça me rappelle aussi les regards qu'il lance habituellement à Mlle Swan quand ils sont tous les deux dans la même pièce. Donc non merci. La prochaine fois, je préférerais rêver d'une certaine serveuse aux yeux verts. Là au moins, je me réveillerai de bonne humeur.

Je décide d'oublier ce songe et de me préparer pour la journée. Le weekend commence et je me réjouis à l'idée d'avoir du temps libre. J'irais peut-être faire un petit tour aux étables, voilà un moment que je n'ai pas fait une balade à cheval. Je rejoins ma mère dans la cuisine. Comme l'aube est à peine levée, elle n'est pas encore partie. Elle a tendance à se présenter beaucoup plus tard à la mairie les samedis matin.



« Bonjour princesse, bien dormi ? » Ma mère me demande dès qu'elle s'aperçoit de ma présence.

« Plutôt oui. » J'acquiesce en étouffant un bâillement, la tête encore un peu dans le vague. « Je comptais passer la journée en forêt, voilà un moment que je n'ai pas été me promener seule. »

« Ça peut être très dangereux. »

« Et c'est pour ça que je te préviens. » Je rétorque en allant me servir un verre de jus d'orange. "Il est encore tôt, je serais de retour vers midi, ne t'inquiète pas. » Je la rassure en vidant mon verre d'une traite. "Et je garderais un oeil sur Henry le reste de la journée, promis. »

« Très bien, je n'ai aucune raison de t'en empêcher. »

« Merci. Je me mets en route alors. On se revoit plus tard. »



Dans le vestibule, j'attrape une de mes vestes en cuir assez épaisses et mon trousseau de clé avant de sortir. Heureusement pour moi, les étables ne sont pas trop loin de chez moi et j'y arrive en quelques minutes. Je n'aperçois personne alentour, à part les chevaux évidemment. Mais, alors que j'allais m'approcher d'une des bêtes, j'entends un bruit venant d'une des stalles.



« Bien le bonjour Mlle Mills. »

« Combien de fois devrais-je vous dire de m'appeler Morgane, Cliff ? » Je rétorque dans un sourire en me tournant vers le palefrenier.

« Au moins une fois de plus, mademoiselle. » Je laisse échapper un petit ricanement à sa réponse. « Vous venez pour monter je suppose ? Voilà un moment que je n'ai pas sorti Cobalt, il doit manquer d'entraînement. » Cliff me propose sans même attendre de confirmation.

« Je vais m'en occuper alors. Je vous remercie. »


Je me dirige vers l'étalon en question. Il a toujours été mon préféré. Cobalt est une grande bête noire comme la nuit avec un regard profond et un tempérament vif. D'après Cliff, je suis la seule à pouvoir le monter à part lui et j'en suis honorée. Je crois me souvenir d'un temps où ma mère me parlait de chevaux et d'équitation. Elle disait toujours que notre monture doit nous respecter avant de nous laisser la monter. Cela doit vouloir dire que Cobalt me respecte, si elle disait vrai.



« Bonjour mon beau. » Je dis d'une voix douce en ouvrant la porte de son box. « Prêt à faire un petit tour ? »



Je ressens l'excitation du cheval, je suppose qu'il y a vraiment un moment qu'il n'est pas sorti autrement que dans les parcs. Je le conduis dans la grande allée centrale où je lui passe d'abord sa bride puis sa selle. Alors que je l'entraîne vers la sortie, je m'arrête une dernière fois pour m'adresser à Cliff.



« Je serais dans la forêt, je vais probablement longer la rivière. »

« Très bien mademoiselle. Soyez prudente. »

« Comme toujours. » Je lui assure avec un sourire.



Une fois dehors, je m'arrête une dernière fois afin de resserrer la selle de Cobalt puis je monte. L'air est frais et le timide soleil qui fait son apparition ne parvient pas à me réchauffer. Mais j'aime cette ambiance, l'air du matin et la fine pellicule de brouillard qui donne au paysage un air ésotérique. Je lance ma monture au pas avant d'accélérer doucement. J'atteins la lisière de la forêt au trot, sentant ma fatigue et mes soucis me quitter lentement. Je m'enfonce progressivement dans les bois, connaissant chaque sentier comme le fond de ma poche. Je ne pense plus à rien. Ni à ma mère, ni à Henry, ni même à ce rêve étrange qui m'a tiré de mon sommeil.

C'est à peu près à ce moment que je l'aperçois. Le même loup que dans mon rêve. Je le reconnaîtrais entre mille avec son pelage blanc, un œil noir d'encre et l'autre rouge sang. J'arrête ma monture un temps, figée dans le regard du loup blanc, incapable du moindre du geste. Serait-il aussi docile que dans mes songes ? J'en doute, surtout qu'il n'y a pas la moindre trace du shérif dans les parages. 'Qu'est-ce que je raconte ?' Je me reprends immédiatement. 'Il ne pourrait pas m'aider, ce n'était qu'un rêve !'

Et pourtant, quand le loup s'éloigne je le suis aveuglément. Pendant plusieurs minutes, on s'enfonce toujours plus profondément dans la forêt jusqu'à ce que je le perde de vue. Je m'arrête, la respiration haletant plus par anxiété que par réel effort physique. Je tends l'oreille et c'est là que j'entends une voix.



« Qu'est-ce que tu veux ? »



Cette voix masculine est suivie par un sifflement. Je crois reconnaître le shérif alors je m'avance dans cette direction. A quelques pas de moi, je vois la bête se tenant tout près de Graham, le shérif ayant sa main perdue dans la fourrure du loup, le regard perdu dans le vide. Cobalt, mon cheval, pose son sabot sur une brindille, alertant le loup qui s'enfuit immédiatement. Quelques secondes plus tard, Graham sort de sa torpeur et s'éloigne. J'en fais de même, décidant de rentrer. Mon esprit semble plus embrumé encore qu'à mon départ.



***


Quand j'arrive chez moi, j'entends plusieurs voix. Je reconnais celle d'Henry et… Graham ? Je monte précipitamment à l'étage, me doutant que les bruits proviennent de la chambre d'Henry. Je m'arrête devant la porte, encore dissimulée afin de tendre l'oreille et d'écouter plus attentivement ce qu'ils se disent.



« Alors, tu penses réellement que je suis peut-être une autre personne ? » Je reconnais la voix incertaine de Graham. Il semble commencer à croire aux histoires d'Henry.

« Moi ça me paraît logique. Vous avez été élevé par des loups. » Mon petit frère commence à expliquer, me rendant perplexe. Graham, élevé par des loups ? « C'est pour ça que vous en voyez un. C'est votre ami, c'est votre guide. Il essaye de vous aider. »

« Et je me souviens de ça parce que j'ai embrassé ta mère ? Comment c'est possible ? »

« Bah le truc, c'est que vous avez un lien très particulier vous deux. » Je suis de plus en plus étonnée, surtout en entendant parler mon petit frère. Il semble plus mature que ses 10 ans ne le laisseraient croire. « En fait, elle vous doit la vie. »

« Quoi ? »

« Blanche-Neige est sa mère, et vous l'avez épargnée » J'interviens alors, me faisant découvrir.

« Morgane ! » Le shérif se relève immédiatement, comme pris en faute.

« Sans vous, pas d'Emma, ni d'Henry. Même moi je vous dois la vie. Est-ce que vous vous en souvenez ? »

« Ce n'est pas à Storybrooke que je t'ai appris à tirer à l'arc, pas vrai ? » Graham semble comprendre.

« Non, je crois qu'on se connaissait avant. Enfin, qu'on s'était déjà croisés. »

« Morgane est la seule à me croire, à part Emma. Et vous ? » L'incertitude d'Henry semble rappeler le shérif à lui-même.

« Je commence à y croire, oui. » Il se rassoit alors et poursuit. « Qu'est-ce qui s'est passé après que j'ai sauvé Blanche-Neige ? »

« La Reine vous a volé votre cœur. » Henry explique d'un air sombre. « Elle vous l'a arraché. C'est comme ça qu'elle fait. Elle voulait que vous ne ressentiez plus jamais rien. »

« Fais voir ton bouquin. » Graham exige et se saisit du livre quand Henry le lui tend. « C'est quoi ? » Il demande en pointant une image du doigt. « Je l'ai aussi vu en rêve et le loup hurlait après. »

« Ça, c'est son caveau. C'est là qu'elle a mis votre cœur. »

« Le loup veut que je le retrouve. » Graham en conclut. « Merci Henry. »



Sans un mot de plus, il quitte la chambre et j'entends rapidement la porte d'entrée se refermer. Je me tourne vers Henry qui a l'air très satisfait.



« Il me croit ! »

« Une étape de plus dans l'opération Cobra. » J'acquiesce, de plus en plus convaincue moi-même de l'histoire d'Henry.

« Tu l'as vraiment connu dans la forêt ? Tu te souviens ? »

« Non mais j'ai… des fois je fais des rêves. Ils paraissent très vrais. »

« Des souvenirs. » Mon petit frère ajoute.

« Je le crois. Peut-être que tu finiras par me trouver dans ton livre finalement. »

« J'y travaille, mais tu n'es pas facile à démasquer. »

« J'aime faire des mystères apparemment. » Je rétorque avec un sourire en coin. « Sur ce, je vais aller me doucher. J'empeste la forêt et le cheval, ça ne plaira pas à ma maman si elle rentre pour me retrouver dans cet état. Je nous préparerai un en-cas juste après. Ça te va ? »

« Ok. »



***



Il fait déjà nuit quand ma mère rentre enfin. Henry est dans sa chambre, plongé dans son livre avant d'aller se coucher. Comme je veux lui laisser encore un peu de temps dans son monde, je décide de détourner l'attention de maman.



« Comment était ta journée ? »

« Ça aurait pu être pire. »

« Qu'est-ce qui t'es arrivé ? » Je demande, l'inquiétude évidente dans ma voix. Je viens de m'apercevoir qu'elle est blessée au coin de la lèvre.

« J'ai eu, disons, une altercation avec Mlle Swan. »

« Elle t'a frappé ? »

« Je le lui ai rendu, ne t'inquiète pas. » Elle tente de me rassurer avec un sourire crispé.

« Ce n'est pas ça, juste… tu n'as pas peur qu'Henry le prenne mal s'il l'apprend ? »

« Elle a frappé la première, il devrait plutôt la blâmer elle. »

« J'espère que tu as raison. » Je lâche dans un soupir. « Le repas est sur la table, avec un peu de chance mes lasagnes seront dignes des tiennes. »

« J'en suis certaine. » Quand elle me sourit comme ça, j'en oublierai presque les histoires de mon petit frère. « Je te remercie, je ne sais pas ce que je deviendrai sans toi. »

« Je suis là pour te rendre la vie plus facile. C'est ce qu'on avait convenu au moment d'adopter Henry, non ? »

« C'est vrai. »

« Si tu n'as plus besoin de moi, je retourne dans ma chambre. »



***



Deux semaines sont passées depuis cette nuit-là, deux semaines depuis que Graham est mystérieusement mort d'une crise cardiaque. D'après Henry, notre mère se cache derrière cet événement, évidemment. Il est persuadé qu'elle a détruit le cœur du shérif. Même si je crois de plus en plus aux histoires d'Henry, imaginer que ma mère puisse arracher et écraser des cœurs me paraît insensé. Mais il est vrai que la mort subite de Graham, juste au moment où il semblait recouvrer ses souvenirs, est suspecte. De là à croire que ma propre mère puisse commettre un meurtre de sang froid… 



« Qui va devenir shérif à présent ? » Je demande à ma mère autour du repas de ce soir. « Mlle Swan est adjointe depuis près d'un mois maintenant, elle pourrait le faire non ? »

« Absolument pas ! » Elle réplique immédiatement, le regard dur. « Elle est nouvelle ici, elle ne mérite aucunement ce titre. » Je vois qu'Henry va répliquer alors je l'arrête d'un regard et prends la relève.

« Pourquoi pas ? Elle semble avoir gagné la confiance de pas mal de personnes ici. »

« Voilà qui m'échappe complètement. »

« Quelle autre solution alors ? »

« Je trouverai bien. »



Au ton de sa voix, je me doute bien qu'elle fera tout ce qu'il faudra pour qu'Emma perde son boulot ici. Même si sa relation avec Henry en pâtira.


***



Il est déjà tard, la nuit commence à tomber alors qu'Henry et moi nous dirigeons vers la mairie. J'ai réussi à le convaincre de venir rejoindre notre mère afin de faire un bout de chemin avec elle jusqu'à la maison. Ce que je ne m'attendais pas à voir, c'est un tel regroupement devant la mairie. Des journalistes et des pompiers. Il y a le feu à l'intérieur et je m'inquiète immédiatement pour maman.



« Oh non, maman ! » Je m'exclame en me précipitant vers l'entrée du bâtiment.



Mon inquiétude se dissipe dès que je la vois sortir, soutenue par Mlle Swan. Je viens à leur rencontre au moment où la blonde relâche ma mère.



« Les pompiers sont déjà là, ce n'est pas comme si nous étions réellement en danger. » Je parviens à entendre la fin de leur conversation.

« Ok, mais la prochaine fois je… je vous… » Mlle Swan semble hésiter avant de poursuivre. « Non, en fait la prochaine fois je ferais pareil et la prochaine fois aussi parce que c'est ce que font les gens normaux, c'est ce que font les gens bien vous voyez. » Emma finit sa tirade avant de s'éloigner.

« Maman ! » Je viens me jeter dans ses bras. « Tu vas bien ? Qu'est-ce qui s'est passé ? »

« Le feu a pris dès que j'ai ouvert la porte. Je me suis foulée la cheville, rien de grave. »

« J'ai cru que… » Mon regard se perd dans les flammes, réveillant des souvenirs dont j'ignorais l'existence.



Autour de moi, un brasier. À l’odeur du bois et de la paille en feu s’ajoute celle des corps calcinés.



« Morgane ? » La voix de ma mère attire mon attention sur elle.



Quand je relève la tête, je la vois à quelques pas de moi. La cause de toute cette tourmente. Son regard sombre et perçant me glace jusqu’au plus profond de mon âme.



« Qu'est-ce qui te prend ? Morgane ! » Sa voix est d'autant plus paniquée sauf que ce n'est pas ma mère que je vois mais une reine au regard démoniaque. « Morgane, il faut que tu te concentres, calque ta respiration sur la mienne. » Elle pose ses mains sur mes joues, je les sens mais c'est comme si je ne le voyais pas. « Princesse, s'il te plaît, calme-toi. »

« Le feu… »

« Il n'y a plus personne à l'intérieur, les pompiers sont là. Tu es en sécurité, d'accord ? »


En sécurité, je ne risque rien. Tout le monde va bien. Ma respiration s'apaise progressivement et ma vue est de moins en moins brouillée. Le regard assassin de la Reine laisse place à celui plein d'inquiétude de ma mère.


« Maman… »

« Tu te sens mieux ? » Elle me demande et j'acquiesce rapidement.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

« Une attaque de panique. Voilà bien un quart d'heure que j'essaye de convaincre les ambulanciers que je maîtrise la situation. »

« Je suis désolée. » Je m'excuse, réalisant que je l'ai empêché d'obtenir des soins.

« Ne dis pas de bêtises, ce n'est pas de ta faute. Mais j'aimerais bien savoir ce qui a déclenché cette réaction chez toi. »

« Le feu, je… je ne sais pas. J'ai eu peur et j'ai… » Je bafouille, incapable de former une pensée cohérente. 

« Tout va bien, ok ? Je dois encore passer sous le radar des médecins. Va m'attendre avec ton frère, tu veux bien ? »

« D'accord. »


Alors qu'elle rejoint l'ambulance, je m'approche d'Henry qui discute avec Mlle Swan. Je leur laisse encore quelques secondes d'intimité et n'intervient que quand la blonde remarque ma présence.


« Hey Morgane. Tu avais l'air plutôt secouée tout à l'heure. Ça va mieux ? »

« J'ai un peu paniqué, c'est arrangé. » Je confirme avant de me tourner vers Henry. « On rentre dès que maman en a fini avec les ambulanciers, d'accord ? »

« Ok. » Il n'a pas l'air vraiment convaincu mais il doit bien comprendre qu'il n'a pas le choix.

« Je vous laisse encore quelques minutes. »



Je laisse mon regard glisser sur les débris qui jonchent le sol devant l'entrée de la mairie et je remarque que c'est le cas pour Mlle Swan également. Sauf qu'elle semble y voir quelque chose qui m'échappe. Pendant un instant, je me laisse aller à penser que, peut-être, cet incendie n'est pas aussi accidentel qu'il n'y paraît.



***


Quelques jours plus tard, on se retrouve près de la salle municipale pour le débat. C'est aujourd'hui que se passe l'élection du shérif, aujourd'hui que Henry verra l'une de ses mères gagner et l'autre perdre. De mon point de vue, Sidney n'a vraiment aucune chance, il n'est clairement pas fait pour ce poste et personne ne l'apprécie vraiment dans la communauté de Storybrooke. Personne à part ma mère évidemment mais elle ne le supporte que pour les services qu'il lui rend.



« Nous aurons notre réponse aujourd'hui. » Ma mère me tire de mes pensées. « Et nous serons enfin débarrassés de cette délinquante. »

« J'en doute. »

« Excuses-moi ? »

« Je veux dire… » J'hésite un temps. « Ça ne me semble pas être une si mauvaise chose qu'elle soit ici et si elle devient shérif… Enfin, tu auras remarqué que Henry est dans de bien meilleures dispositions qu'il y a quelques mois. »

« Je ne sais pas de quoi tu parles. »

« Tu comprendras bien assez tôt, j'espère juste qu'il ne sera pas trop tard à ce moment-là. » Je termine mon explication en prenant place à ses côtés, au premier rang.



Henry est installé juste à côté de moi, trépignant d'impatience. Je le comprends, il ne s'est rien passé de tel à Storybrooke depuis… aussi loin que je me souvienne en fait. Après quelques minutes, le Dr. Hopper prend place derrière le pupitre sur la scène et prend la parole.



« C'est une tragédie qui est à l'origine de cette élection mais le choix que vous ferez ce soir est capital alors nous vous demandons d'écouter ce que les deux candidats ont à dire sans aprioris et de voter en votre âme et conscience. Sans plus tarder je vous présente les candidats au poste de shérif : Sidney Glass et Emma Swan. Glass, Swan. Deux noms courts et percutants, de vrais noms de shérifs. » Il tente un petit trait d'humour qui tombe à plat, le silence régnant dans la salle. « Wow, on entendrait un criquet voler. Très bien, M. Glass, votre discours d'ouverture. » Sidney se lève alors pour prendre place derrière le pupitre et parle pour la première fois de la journée.

« Je dirai simplement que, si je suis élu, je m'efforcerai de représenter au mieux les principales qualités de Storybrooke : l'honnêteté, la bienveillance et la force. Merci beaucoup. » Il finit humblement sous les applaudissements polis de la foule.

« Et maintenant, Emma Swan. »

« Je pense que tous ici vous savez que j'ai ce qu'on appelle un lourd passé." Mlle Swan commence en hésitant légèrement. "Vous avez choisi de ne pas en tenir compte parce que dans l'incendie de la mairie j'ai eu une réaction… soi-disant héroïque. Mais le truc c'est que, l'incendie était un coup monté." Elle annonce sobrement, confirmant mes suspicions d'alors et récoltant l'étonnement du reste de son auditoire. "M. Gold avait accepté de soutenir ma candidature au poste de shérif seulement je n'imaginais pas que, pour ça, il irait jusqu'à provoquer un incendie. Je n'ai pas de preuve formelle, mais je suis sûre que c'est lui. Et le pire c'est qu'au fond j'ai… au fond le pire dans tout ça c'est que je vous ai tous laissé croire que c'était vrai. Je ne veux pas gagner de cette manière. Je suis désolée. »

« Ça, c'est inattendu. » Je ne peux m'empêcher de murmurer.



***



Finalement, Mlle Swan est devenue shérif après sa démonstration de force face à M. Gold. Henry est ecstatique, évidemment et ma mère… Ma mère en est d'autant plus remontée contre la blonde. J'ai comme l'impression que j'aurais de plus en plus de mal à les réconcilier. J'essaye de passer le moins de temps possible à la maison. De toute façon, Henry a Mlle Swan pour se confier et ma mère est trop occupée avec sa vendetta contre la nouvelle shérif alors… Je ne crois pas manquer à qui que ce soit pour l'instant. Je suis seule dans les écuries, occupée à panser Cobalt. La présence de cette bête majestueuse me calme et me fait oublier mes soucis.



« Toi au moins, tu ne me demandes pas de choisir un camp, pas vrai ? » Je demande de façon rhétorique au cheval qui me répond en s'ébrouant.

« C'est un cheval, il ne te répondra pas. » Une voix me fait sursauter, j'ignorais avoir de la compagnie humaine.

« Ça je le sais bien. » Je rétorque d'un ton sec. « Et je n'aime pas être espionnée. »

« Je viens d'arriver, je te promets. »



Un jeune homme, à peine plus âgé que moi, apparaît dans l'encadrement de la porte du box. Ses cheveux châtains sont coupés courts sauf pour une mèche qui retombe devant ses yeux verts. Il tente de me lancer un sourire qui se veut charmeur mais qui n'a aucun effet sur moi.



« Je m'appelle Anthony, mais la plupart des gens m'appellent Tony. Tony Menassen. »

« Je suis Morgane Mills. Vous savez, la fille de Mme le Maire. » Je réponds avec froideur, attendant le moment où cette information le fera rebrousser chemin.

« Voilà qui explique les formalités. Pas besoin de me vouvoyer tu sais, on doit avoir à peu près le même âge. »

« Vous n'avez pas peur ? » Je demande en ignorant sa remarque.

« De toi ? Pourquoi je devrais ? »

« Peut-être bien. »

« Je suppose que tu as suffisamment de relation pour te débarrasser d'un corps sans que personne ne le sache. » Il tente une plaisanterie pour détendre l'atmosphère.

« Exactement. »

« C'est bon à savoir, mais je ne peux avoir peur de la seule personne capable de monter l’étalon indomptable. »

« Je ne suis pas la seule. » Je lui fais alors remarquer. "Cliff le monte plus que moi. »

« Ouais mais, mon père l'a vu naître alors ça ne compte pas. »

« Si Cliff est vraiment votre père, pourquoi ne vous ai-je jamais vu avant aujourd'hui ? »

« Je sais me faire discret. » Il m'explique en rougissant sans raison. « Et puis… je n'ai pas osé… Je veux dire… Je ne suis pas très doué avec les filles. » Il finit sa tirade en se passant sa main dans ses cheveux.

« Attendez. » Je cesse tout mouvement et je m'écarte légèrement du cheval pour faire face à mon interlocuteur pour la première fois. « Ce que vous tentez de me dire c'est que… je vous plais ? »

« C'est ça." Sa réponse me laisse perplexe et ça doit se voir sur mon visage. « Ça paraît si improbable ? »

« Oui. »

« Je me demandais simplement si… si tu serais tentée par une balade. À cheval. »

« Avec vous ? » Il acquiesce pour simple réponse.



Je pose la brosse que je tenais toujours en main et je me glisse hors du box. Mon interlocuteur, Anthony, s'éloigne légèrement pour me laisser passer. Je lis assez facilement l'appréhension sur son visage. Mais j'hésite encore et le sourire éblouissant d'une certaine serveuse s'impose dans mon esprit.



« Je vais y réfléchir. » Je lui offre pour seule réponse avant de commencer à m'éloigner. Avant de quitter les écuries, je me tourne une dernière fois vers lui. « A bientôt j'espère… Tony. »



***



Je claque involontairement la porte derrière moi en rentrant, alertant ma mère qui se trouvait là apparemment. J'ignore pourquoi mais elle ne semble pas m'en vouloir pour mon arrivée fracassante.



« Tout va bien ? » Elle me demande immédiatement et je n'hésite pas longtemps avant de lui répondre.

« Je ne sais pas trop. Je crois ? »

« Qu'est-ce qu'il se passe ? »

« Un garçon m'a invité à sortir. » J'admet finalement, guettant sa réaction.

« Un garçon ? Quel garçon ? »

« Anthony Menassen, son père est… »

« Le gérant des écuries, je sais. » Ma mère semble vraiment connaître tout le monde à Storybrooke, du moins de nom. « J'ignorais que tu fréquentais cet endroit. »

« Ça m'arrive. »

« Eh bien, disons qu'il y a bien pire comme prétendants dans le coin. »

« Je devrais dire oui tu crois ? »

« Un rendez-vous ne t'engage à rien. » Ma mère me fait remarquer avec justesse.

« Peut-être bien. » L'idée fait lentement son chemin dans ma tête avant qu'une question cruciale ne me revienne à l'esprit. « Tu ne devrais pas être à la mairie à une heure pareille ? »

« Je devrais, mais Henry s'est attiré des ennuis. »

« Voilà qui n'est pas du tout son genre. » Je laisse échapper un sarcasme. « Qu'est-ce que tu veux dire par là, dans quels ennuis il s'est fourré cette fois ? »

« M. Clark l'a accusé de vol mais j'ai bien du mal à le croire. A mon avis, ce serait plutôt les enfants Sharp qui sont derrière tout ça. »

« Si tu le dis. Je suppose que je dois le garder à l'œil pour la journée. »

« Sauf si tu avais d'autres plans. » Je comprends facilement le sous-entendu de ma mère derrière cette phrase anodine.

« Non, je… »

« Tu sais Morgane, tu as quinze ans. Je ne t'en voudrais pas s'il te prenait l'envie de sortir avec ce garçon. »

« Je ne lui ai pas donné de réponse. »

« Eh bien tu devrais, il n'attendra pas éternellement. » Elle me fait remarquer en empoignant son trousseau de clés. « Et ne t'inquiète pas pour Henry, le connaissant il finira par te fausser compagnie de toute façon. »

« C'est une possibilité. »

« Quoi qu'il en soit, on se reverra ce soir. » Elle vient m'embrasser rapidement sur le front avant d'ouvrir la porte. « Et sois prudente, d'accord ?"

« Toujours. »



***


« Désolée, impossible de remettre la main sur mon agenda. » Je dis à l'attention de ma mère qui m'attendait sur le perron.



Je remarque qu'elle ne m'écoute pas, les yeux rivés sur l'allée centrale. Quand je regarde dans la même direction qu'elle, je vois Henry discutant avec un homme à moto. Je ne l'ai jamais vu avant mais je ne connais pas tout le monde ici.



« Qui est-ce ? » Je demande alors à ma mère, qui semble enfin réagir.

« Je l'ignore, c'est la première fois que je le vois à Storybrooke. »

« Un étranger, ici ? Il s'est perdu ? »

« Probablement. » La réponse de ma mère me fait comprendre qu'elle a ses suspicions à propos de cet inconnu.

« Si tu as des doutes à son propos, demande au shérif de mener l'enquête. Il s'intéresse un peu trop à Henry, ça la fera sans doute réagir. »

« Peut-être bien. Maintenant allons-y, vous allez être en retard sinon. » Elle conclut en descendant les quelques marches devant la porte. "Henry, c'est l'heure ! » Elle interpelle ensuite mon petit frère au moment où la moto de l'inconnue démarre.

« C'était qui lui ? » Je demande à Henry quand je suis à ses côtés.

« Il ne m'a toujours pas dit son nom. »

« Dans ce cas, tu ferais mieux de l'éviter. »

« Mais maman… ! »

« Le sujet est clos. » Ma mère tranche d'une voix dure. "En route. »

« D'accord. » L'air bougon du petit garçon ne dure que quelques secondes avant qu'il ne trouve un nouveau sujet de conversation : moi. « Tu t'es fait belle pour qui exactement ? »

« Personne. »

« Si ma mémoire est bonne, il s'appelle Anthony Menassen. » Ma mère intervient alors avec un sourire espiègle. « Tu comptais accepter sa demande ? »

« Un garçon ? »

« Il n'y a rien d'accord ? Je ne l'ai pas vu depuis plusieurs jours. »

« Mais tu voudrais bien. » C'est au tour d'Henry de me taquiner.

« Vous vous liguez contre moi en plus ? » J'essaye de masquer mon agacement autant que possible. « Je vais me chercher un chocolat chaud chez Granny, je vous rattraperai en route. »



Sans attendre leur réponse, je m'éloigne rapidement, prenant la direction du Diner. Leurs questions me troublent mais je ne pense pas que fuir était la bonne solution. D'autant plus quand j'entre dans le restaurant et que j'aperçois ma serveuse préférée. C'est bien ma veine, voilà que j'ai d'autant plus d'interrogations et aucune réponse pour m'apaiser.



« Salut Morgane ! Comme d'habitude ? » Ruby me demande dès qu'elle s'aperçoit de ma présence.

« Tu me connais bien. »



***



La journée est presque terminée quand je le vois enfin. Il est entouré d'autres garçons mais, quand je l'interpelle, il s'approche sans hésiter.



« Hey, Morgane. »

« Bonjour, j'ai… j'ai repensé à ta proposition. »

« Vraiment ? » Un sourire vient illuminer son visage, me confortant dans sa décision.

« Je ne monte que les samedis, on se reverra donc à ce moment-là. Quatorze heures, ne sois pas en retard. »

« Ok, ouais, promis. » Il s'approche légèrement et vient rapidement m'embrasser sur la joue, me prenant totalement par surprise. « A samedi alors. »

« Quatorze heures, pas de retard. »

« Je vous l'ai promis, Majesté. »



Il me fait une petite révérence histoire de ponctuer son sarcasme. Je laisse couler parce que ce simple mot, ce petit titre de fausse noblesse, me rappelle les histoires d'Henry et ça m'enlève toute idée de plaisanterie.



***



Quand le samedi vient enfin, j'ai la tête à totalement autre chose. Non pas que j'ai oublié ce rendez-vous, mais les histoires entre Henry et ma mère me prennent encore la plupart de mon temps. Et hier soir, la conversation que j'ai eu avec ma mère m'a laissé de quoi cogiter.



« La tempête a complètement détruit cet endroit, je ne peux pas laisser Henry y jouer. Demain, ils viendront tout détruire. »



Et elle parlait du château en bois dans lequel Henry aime se réfugier parfois, en compagnie de Mlle Swan. Il m'a récemment avoué y avoir caché son livre et, s'ils s'apprêtent vraiment à envoyer des bulldozers pour réduire la structure en poussière, le précieux ouvrage risque d'en pâtir. Ma décision est prise. Il n'est même pas midi mais je me mets en route.



« Je serai de retour pour le dîner. » Je lance par-dessus mon épaule à l'attention de ma mère.



Je n'attends pas sa réponse et me lance en direction de la falaise. J'espère juste qu'ils n'ont pas encore commencer le travail. Quand j'arrive sur place, je suis soulagée de voir qu'il n'y a personne. A part, peut-être, l'inconnu qui a débarqué la semaine dernière. Il est à genou, en train de creuser à l'endroit exact où Henry a caché son livre.



« Hey ! » Je l'interpelle sans hésitation. « Ne touchez pas à ça ! »



Il se tourne vers moi, l'air surpris d'avoir été pris sur le fait. Je m'approche un peu plus jusqu'à être à sa hauteur et je poursuis.



« Ce livre appartient à mon frère, il en a besoin. »

« Et pourquoi ? »

« C'est pour aider les habitants de Storybrooke. C'est plus qu'un simple livre, c'est… »

« Des histoires vraies, comme des faits historiques. » Il m'interrompt, me surprenant totalement.

« Qu'est-ce que vous avez dit ? »

« Il y a une malédiction ici et je pense que tu le sais. »

« Vous êtes bien la première personne qui semble croire à ces histoires sans avoir besoin de preuves. » Je lui fais remarquer, pas encore sûre de pouvoir lui faire entièrement confiance. « Qu'est-ce que vous êtes venu faire à Storybrooke ? »

« Je veux aider la Sauveuse. »

« Emma ? »

« Oui, et pour ça, il y a une histoire qui manque à ce livre. »

« Supposons que je vous fasse confiance. » Je commence, pesant mes mots et mes options. « Vous rendrez ce livre à Henry ? »

« Un jour ou l'autre oui, mais je dois d'abord le remettre en état. »

« D'accord. » J'acquiesce en voyant l'état piteux dans lequel se trouve l'ouvrage, la tempête ayant eu raison de sa couverture. « Mais soyez prudent, la dernière personne à avoir cru à cette malédiction en a perdu la vie. »

« Voilà qui est rassurant. »

« L'ennemi est puissant, je voulais juste vous prévenir. Et faites vite, cet endroit ne sera pas debout pour très longtemps. »

« Je n'ai pas entendu ton nom. » Il me fait remarquer.

« Parce que je ne vous l'ai pas donné. »



Je m'éloigne, fière de mon effet quand je l'entend éclater de rire. Je crois avoir réussi à l'impressionner. Je le garde à l'œil, pas encore tout à fait sûre qu'il soit de notre côté. Ma mère a des influences partout, même si elle prétend ne pas connaitre cet homme. Je prends la direction des écuries. Il ne me faudra qu'une demi-heure pour les atteindre et ensuite je pourrais passer un peu de temps à panser Cobalt avant de le monter.

Quand j'arrive enfin aux écuries, je ne vois personne et je profite du calme pour me remettre les idées en place. J'ai commencé à suivre Henry dans ces histoires pour arranger les choses entre lui et ma mère mais… je crois que je commence à voir pourquoi il l'a prise pour la Méchante Reine. Elle se débarrasse de ses alliés aussi bien que de ses ennemis. Récemment, elle a viré M. Glass, son petit chien de service. Et elle ne cesse de vouloir mettre en péril la relation qu'ont Mlle Swan et Henry. Ma mère se mêle d'histoire qui n'ont rien à voir avec son travail et ça me plaît de moins en moins. Je veux être de son côté, vraiment, mais elle ne m'aide pas.



« Tu m'avais dit de ne pas être en retard mais tu es vachement en avance. » La voix de Tony me tire de mes pensées.

« J'avais besoin de m'éloigner de chez moi. »

« Eh bien, je ne vais pas m'en plaindre. Ça me donne plus de temps avec toi. »

« Peut-être bien. » J'admet avec un sourire. « On se met en route alors ? »

« Après vous très chère. »



Encore une fois, j'ignore son sarcasme et me dirige vers le box de Cobalt. La perspective de passer une après-midi à cheval me remonte considérablement le moral et je décide d'oublier toutes les histoires entre mon frère, ma mère, Mlle Swan et cet étranger. Aujourd'hui, je ne vais penser qu'à moi pour une fois.



***



« De l'escrime ? Vraiment ? » Tony semble très étonné de ma déclaration, ce qui me fait sourire.

« Oui, pourquoi ? Qu'est-ce qu'il y a de si étonnant à cela ? »

« Rien, juste que… Tu es loin d'être ce que j'imaginais. Et ça me plaît beaucoup. »

« Je suis pleine de secrets, tu t'en rendras très vite compte. »

« Je le réalise déjà. »



La promenade s'est très bien passée et, même si je pense que notre relation ne dépassera pas le stade de l'amitié, je suis tout de même heureuse d'avoir rencontré un potentiel confident. Comme je suis incapable de contrôler mes sentiments pour Ruby, j'ai décidé de mettre une certaine distance entre nous deux et Tony tombe à point nommer. Je devrais me sentir mal de me servir de lui comme distraction mais… j'ai peut-être un peu l'espoir de finir par développer des sentiments plus profonds pour lui.



« Tu sais Morgane, je… » Il prend la parole mais s'interrompt très vite pour s'éclaircir la gorge. « Tu me plais beaucoup et, même si tout en moi me crie de t'embrasser sur le champ, je crois qu'il te faudra bien plus de temps pour être sur la même longueur d'onde que moi. »

« C'est vrai. »

« J'attendrai donc que tu fasses le prochain pas. Quand tu voudras à nouveau sortir, tu sais où me trouver. »

« Vraiment ? » Je suis surprise qu'il m'ait compris aussi rapidement, je pensais être plus douée que ça pour dissimuler mes émotions.

« Oui, vraiment. Je préfère que tu sois sûre de le vouloir avant de poursuivre cette histoire. »

« Je te remercie. » Je laisse échapper un murmure. « Et je suis désolée. C'est juste que… »

« Tu as déjà assez de soucis en tête, je le comprends. Je serais toujours là quand tu auras l'esprit un peu plus clair. »

« D'accord, j'y penserais. »



***


« Nous célébrerons le mariage à la prochaine lune ! »L'annonce semble apporter beaucoup de joie parmi les rebelles alors je laisse les autres fêter mes fiançailles à ma place et je m'isole.

« Ne devrais-tu pas être avec eux, faire la fête ? »Une voix me tire de mes pensées.

« Tu me suis maintenant Accolon ? »

« Je garde simplement un oeil sur la fiancée de mon meilleur ami. »

« Je sais me débrouiller toute seule tu sais ? »

« J'en ai conscience. »Accolon acquiesce en venant se placer à mes côtés. « Mais les bois sont pleins de danger et la Reine a mis ta tête à prix. Tu vaux un joli paquet d'or. »

« Serais-tu inquiet pour moi ? »

« Oh non. Mais l'ennemi est peut-être plus proche qu'on ne le croit. »

« Je ne laisserais pas la Reine mettre notre campement en péril. »

« Tu es très brave. »Il note avec un soupçon d'hésitation dans sa voix. « Mais le courage frôle souvent la stupidité. »

« C'est pour ça que tu es là, ma voix de la conscience. »

« Et moi qui pensais que je n'étais à tes côtés que pour mon beau sourire. »

« Dans tes rêves. »Je réplique dans un rire. « Nous ferions mieux d'y retourner avant que notre absence ne soit remarquée. »

« Ce serait plus judicieux en effet. »


***


Malgré l'heure tardive et le froid piquant qui me pénètre, je continue ma route. Les rêves continuent et cette fois ils impliquent même Tony alors que je ne le connais que depuis quelques jours. Déjà plusieurs nuits que je ne dors pas très bien et j'ai besoin d'un sommeil vraiment réparateur. Alors je marche, sans but précis, jusqu'à ce que j'arrive aux abords du Rabbit Hole. Là, j'aperçois au loin Ruby. Alors après seulement quelques secondes d'hésitation, je m'approche de ma serveuse préférée.


« Aucun rendez-vous galant ce soir ? » Je demande pour attirer son attention sur moi.

« Je te retourne la question » Son sourire me trouble quelques secondes et elle en profite pour continuer. « J'ai du mal à croire qu'aucun garçon ne t'ait invité. »

« Tu connais ma mère, personne n'ose vraiment s'approcher de la fille de Mme le Maire. »

« Eh bien ce sont tous des crétins. » Ruby tente de me remonter le moral alors qu'elle prend la direction du Diner. Je la suis en silence, décidant que ma promenade nocturne a déjà assez duré.

« Je ne suis même pas sûre de m'intéresser aux garçons en fait. » Je finis par marmonner, repensant à la situation avec Tony.


J'espérais qu'elle ne m'avait pas entendu mais c'est apparemment le cas. Ruby s'arrête brusquement et se tourne vers moi. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de dire ça, surtout maintenant et surtout devant elle. Je n'en ai même pas parlé à ma mère pour l'instant et je ne comptais pas le faire avant d'être certaine de ce que je ressens.


« Hey, Morgane... »

« Oublie ce que je viens de dire. » Je m'empresse de la couper avant d'entendre la suite.

« Pourquoi ? C'est tout à fait normal tu sais. Plein de gens ressentent la même chose que toi. »

« Peut-être bien. » Je recommence à marcher, espérant mettre fin à cette conversation. C'est loin d'être le cas on dirait.

« Alors dis-moi, il doit bien y avoir une fille dans cette histoire pour te faire douter. »

« Non, personne. »

« Tu mens toujours aussi mal. » Ruby me fait remarquer, m'arrachant un demi sourire. « Tu

peux me le dire, je ne le répéterai à personne. »

« Ce n'est pas une fille, c'est une femme. » Je réponds d'un ton plus dur, espérant qu'elle comprenne que je ne veux vraiment pas en parler. « Une adulte. »

« Eh bien, tu sais comment te compliquer la vie toi. Alors, laisse-moi deviner. Ce n'est pas Emma quand même ? »

« Quoi ? Non ! »

« Ok, je me disais juste que tu lui parlais souvent ces derniers temps alors... »

« A propos d'Henry, c'est tout. Ce n'est pas elle, promis. »

« Oh tu sais, tu fais ce que tu veux. Après tout, je ne suis pas ta mère. » Elle me dit en me donnant un petit coup d'épaule. Je sais qu'elle essaye de me remonter le moral mais ça ne marche pas beaucoup. « Oh mon Dieu, ce n'est quand même pas Mary-Margaret ? » Cette fois, je laisse échapper un rire sincère.

« Oh non certainement pas. »

« Très bien alors, voyons... Je t'ai vu discuter avec cette rouquine il y a quelques jours, c'est peut-être elle ? En tout cas je te préviens, Ashley vient de se fiancer alors si c'est elle tu devrais… »

« Ok, Ruby stop ! » Je l'interromps à nouveau d'une voix un peu plus forte cette fois.


Je m'arrête de marcher et elle en profite pour me faire face. Je tente de calmer les battements effrénés de mon cœur mais, quand je me plonge dans le vert de ses yeux, je sais que je suis perdue. Il fait froid, je n'ai que très peu dormi ces derniers jours et c'est le soir de la Saint-Valentin. Je blâme ce cocktail explosif pour ce que je vais faire ensuite.

Impulsivement, je réduis la distance entre nous et je sens immédiatement sa chaleur m’envelopper. Nos souffles se mêlent déjà et je perds totalement le contrôle. Je viens de l'embrasser. Comme ça, sans réfléchir, sans rien prévoir. Je dois me mettre sur la pointe des pieds pour arriver à sa hauteur mais, dès que nos lèvres se touchent, ça n'a plus d'importance. Plus rien n'a d'importance en fait, parce qu'il n'y a plus qu'elle et ce baiser qui me hante l'esprit depuis plus d'une semaine déjà. Je ne pensais pas avoir le courage de le faire un jour.

Et c'est justement quand je me rends compte que Ruby reste figée sur place que je réalise ce que je suis en train de faire et surtout avec qui. Et soudain les milliers de raisons qui me poussaient à ne pas agir me reviennent en tête et je m'éloigne brusquement, mettant une distance plus que respectable entre Ruby et moi.


« Désolée. » Je m'excuse rapidement avant de partir en courant.


Je cours sans réfléchir, sans m'arrêter et sans ralentir jusqu'à ce que j'atteigne la maison. Quand j'arrive enfin devant le 108 Mifflin Street, je reprends mon souffle. Mes poumons sont en feu et ma respiration haletante mais c'est bien mon cœur qui me fait le plus mal. Qu'est-ce que j'ai fait ?


« Où est-ce que tu étais ? Tu ne devrais pas sortir à une heure pareille ! » Ma mère m'interpelle immédiatement dès que j'ai franchi la porte d'entrée. « Morgane, qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? » Son ton s'adoucit et je me demande pourquoi. Je réalise alors que des larmes coulent sur mes joues.

« Ce n'est rien. » Je tente de la convaincre autant que moi.

« Clairement non. » Elle se rapproche progressivement de moi, venant me sécher quelques larmes dès qu'elle est assez près. « Explique-moi. »

« Je… »


Je sais déjà que je n'arriverai pas à lui raconter alors je vais me jeter dans ses bras, espérant que son étreinte parviendra à me remonter le moral. Je me laisse aller à mes pleurs et elle se contente de me serrer contre elle en passant une main apaisante dans mes cheveux.


« Tout va bien d'accord ? » Ma mère reprend d'une voix douce sans retirer ses bras de mes épaules. « Promets-moi juste que personne ne t'a fait du mal et on en restera là. »

« Je vais bien. » Je la rassure tout de suite au milieu de mes sanglots. « Et personne n'oserait me faire le moindre mal, tu le sais. »

« Très bien. Alors remonte te coucher, d'accord ? Demain matin tout te paraîtra plus clair. »


J'acquiesce en silence et remonte précipitamment dans ma chambre. Une fois la porte refermée derrière moi, je me jette sur mon lit et laisse libre cours à mes larmes. Je n'aurais jamais dû faire ça. Je viens sans doute de perdre ce qui s'apparentait le plus à une meilleure amie pour moi et une personne qui m'était très chère. Je veux juste m'endormir et ne pas me réveiller avant au moins un mois. D'ici là, tout sera oublié, pas vrai ?

Fatiguée de mes pleurs, je finis par m'endormir sans avoir pris la peine de me changer. Au moins, ce petit incident m'aura permis de m'endormir plus vite, même si cela reste un sommeil agité…


***


L'air est lourd et étonnamment humide. Je marche depuis plusieurs jours déjà et même la fatigue ne parvient pas à me faire rester au même endroit plus de quelques heures. Je ne sais pas depuis quand exactement j'ai réussi à m'enfuir mais j'ai dû sauter pas mal de repas parce que mon estomac est complètement crispé par la faim. Mais je continue d'avancer résolument, voulant mettre le plus de distance entre moi et ma "bienfaitrice".

Soudain, j'entends du bruit quelque part sur ma gauche alors je m'arrête et empoigne ma dague. Je suis certaine de pouvoir me défendre s'il ne s'agit que de bandits. Même affaibli par la faim, je reste un adversaire redoutable. Tentant de rendre ma respiration la plus discrète possible, je tends l'oreille histoire de ne pas me faire surprendre. Je ne me détends que quand j'aperçois un garçon qui semble n'avoir qu'un ou deux ans de plus que moi. Je me détends, mais je garde ma dague en main.


« Une jeune fille seule ne devrait pas traîner dans les bois. »Il me dit alors sans me présenter.

« Je n'ai pas peur des loups. »

« Je ne parle pas des loups, mais de la Reine. »

« La Reine ? »Je viens à peine d'arriver dans ce royaume et je ne sais même pas exactement où je suis alors savoir de quelle reine il parle ? Aucune chance.

« Les gens l'ont surnommé la Méchante Reine, il paraît qu'elle enlève parfois les enfants qui traînent dans les bois et on ne les revoit jamais ensuite. »

« Jolie légende, mais je n'y crois pas. Et je n'ai toujours pas peur de ta reine, même si elle est méchante. »

« Et elle a de la magie. » Il ajoute, imperturbable même quand je reprends ma route. Il ne se laisse pas ignorer et me suit immédiatement."Où est-ce que tu vas ? »

« Loin. »

« Ce n'est pas très précis. »

« Je n'ai pas besoin que ce soit précis, j'ai juste besoin que ce soit assez loin de ma marraine. »Je lui explique alors, espérant qu'il me lâche la grappe ensuite.

« Tu t'es enfuie ? »Il me demande mais je ne réponds pas alors il m'attrape le bras et me force à lui faire face. « Écoute, je ne connais pas ton histoire et clairement, tu ne veux rien me dire. Mais je peux voir que tu n'as pas dormi correctement depuis un moment et que tu n'as pas dû manger grand-chose non plus. »Comme pour lui répondre, mon estomac se met à grogner, arrachant un rire au garçon devant moi. « Alors je te propose quelque chose. J'ai un campement un peu plus loin, on est plusieurs à se cacher là. Tu peux te joindre à nous, au moins pour ce soir. Comme ça, tu pourras nous protéger des loups et de la Reine, puisqu'ils ne te font pas peur. »J'hésite un temps, et il en profite pour continuer. « Juste cette nuit, ensuite tu pourras aller aussi loin que tes jambes te porteront. »

« D'accord. »J'accepte avec un hochement de tête.

« Parfait. Je m'appelle Urien. »Il se présente en tendant une main que je serre sans trop d'hésitation.

« Elaine. »Lui donner mon nom ne peut pas faire de mal, pas vrai ?


***


« Alors, tu comptes me dire ce qu'il s'est passé hier soir ? » Ma mère me demande dès que Henry a quitté la pièce. « Ce n'est pas ce garçon… Anthony, n'est-ce pas ? Il ne t'a rien fait ? »

« Non maman, ça n'a rien à voir avec lui." Je réponds dans un soupir. « C'est moi je… » J'hésite encore et, après un autre soupir, je décide de lui dire la vérité. « Je crois que je suis amoureuse. »

« De lui ? »

« Non, justement. »

« Alors de qui s'agit-il ? » Elle me demande mais je ne sais pas si je peux répondre honnêtement cette fois, c'est un secret trop lourd à révéler. « Morgane, dis-moi de qui il s'agit. » Ma mère exige alors et je sais déjà qu'elle ne lâchera pas l'affaire.

« Ruby. Je parle de Ruby. Je l'ai embrassé hier soir et… je crois que j'ai tout gâché. »

« Tu as des sentiments pour Mlle Lucas ? Mais, Morgane, c'est une adulte ! »

« Je le sais d'accord ! » Je réplique d'une voix forte et tremblante. « J'ai tout essayé pour oublier ça, tout ! Mais lui là. » J'explique en pointant mon cœur du doigt. « Ce traître ne veut pas passer à autre chose et je croyais qu'en passant du temps avec un garçon, avec Tony, ça passerait, je pensais pouvoir l'oublier mais rien n'y fait et… »

« Morgane, hey, calme-toi. » Ma mère murmure d'une voix douce en me prenant dans ses bras. « Ce n'est pas grave tu sais. » Elle poursuit sur le même ton en passant une main réconfortante dans mes cheveux. Je ne retiens pas mes larmes et elle laisse mes sanglots envahir le silence quelques secondes. « Ce genre de sentiment ne se contrôle pas, personne ne le peut. Et je ne crois pas qu'elle t'en voudra pour ça. »

« Comment pourrais-je même lui faire face après ce que j'ai fait ? J'ai été stupide. »

« Non, tu n'es pas stupide. Morgane, tu m'entends ? » Elle me force à lui faire face, plongeant son regard dans le mien. « Il n'est jamais stupide de tomber amoureuse et elle ne peut pas t'en vouloir pour ça. Maintenant, si tu penses qu'il te sera impossible de passer du temps avec elle à présent… rien ne t'y force. Et rien ne te force non plus à retourner les sentiments que ce garçon a pour toi. »

« Qu'est-ce que je dois faire à ton avis ? »

« Il n'y a rien à faire, tu dois juste continuer à vivre et ça finira par passer. L'amour trouve toujours un chemin et tu auras droit à ton bonheur, qu'il vienne maintenant ou dans quelques années. »

« Je ne crois pas pouvoir attendre aussi longtemps. » J'admets d'une voix faible.

« Je sais que c'est dur. »

« Tu l'as vécu aussi, pas vrai ? » Je comprends alors. « Avec mon père ? »

« C'est une histoire autrement plus compliquée et je te la raconterai peut-être. Mais une autre fois. Je crois que tu as bien assez de soucis en tête sans que je ne t'en rajoute d'autres." Elle m'embrasse tendrement sur le front avant de s'éloigner. « J'ai quelques affaires à régler ce matin mais, quand j'aurais terminé, qu'est-ce que tu dirais de… passer l'après-midi ensemble ? Une journée entre filles, qu'est-ce que tu en penses ? »

« Ça me plairait beaucoup. »

« On se retrouve plus tard alors. »



***


Ma mère vient à peine de partir lorsque j'entends le vrombissement d'une moto dans l'allée. Je sors pour retrouver l'étranger. J'essaie d'oublier mes soucis parce que je me doute qu'il a une bonne raison pour être là. Peut-être qu'il en a fini avec le livre de Henry.



« Qu'est-ce que vous faites là ? » Je lui demande dès qu'il a coupé le moteur de sa moto.

« Je venais simplement discuter. Tu sais, j'ignore toujours ton nom. »

« Et j'ignore toujours le vôtre. »

« August W. Booth, je suis écrivain. A ton tour. »

« Morgane Mills. » Je réponds alors à contre cœur.

« La fille du maire, impressionnant. »

« Où en êtes-vous avec le livre ? »

« C'est en bonne voie. La restauration d'un ouvrage aussi ancien nécessite de la patience et de la précision. »

« Et qui êtes-vous dans le livre alors ? »

« Pinocchio. » Il répond simplement, m'arrachant un éclat de rire.

« Pinocchio est un petit garçon, c'est impossible. »

« J'ai grandi dans ce monde. Je suis arrivé ici avec Emma, par l'armoire magique. »

« Voilà qui laisse à réfléchir. »

« J'ai besoin de ton aide. » August m'annonce alors, révélant enfin les vraies raisons de sa visite.

« Dites-moi. »

« Tu as une idée pour aider la sauveuse à se souvenir ? »

« C'est Henry le spécialiste en magie mais… il y a une légende qui circule par ici et, peut-être, cette légende est-elle fondée sur de la vraie magie. »

« Dis-moi. »

« Le puits aux vœux. » J'annonce alors, n'en revenant pas de la teneur de mes propos. « Il paraît que boire son eau permet de restaurer ce qui a été perdu. »

« Merci. »

« Avec plaisir. Et ce livre ? »

« Il le récupérera avant la fin de la journée. »

« Parfait. »



***



J'attends patiemment à l'extérieur du Granny's Diner que ma mère revienne avec nos boissons. C'est alors que, de l'autre côté de la rue, j'aperçois Tony marchant seule. J'attire son attention sur moi et attend qu'il me rejoigne. Je vais suivre le conseil de ma mère et me changer les idées. Je suis sûre qu'il peut m'y aider.



« Salut Morgane. »

« Hey, comment tu vas ? »

« Plutôt bien. » Je dis de façon évasive. « Je crois que je suis prête. A sortir avec toi. »

« Oh, bonne nouvelle. C'est la Fête des Mines le week-end prochain. On pourrait y aller ensemble, qu'est-ce que tu en dis ? »

« C'est une très bonne idée. Passes me prendre pour quinze heures alors. »

« Je serais là. » Il acquiesce avec un sourire avant de détourner le regard. « Bonjour Mme Mills. »

« Anthony. Comment va ton père ? »

« Très bien madame, je vous remercie. Je vais vous laisser. On se reverra samedi Morgane. »

« Oui. » Je murmure, un peu mal à l'aise d'avoir à faire ça devant ma mère.

« Bonne journée à vous. » Il dit avant de s'éloigner.

« Eh bien je ne m'attendais pas à ça. » Ma mère dit dans un sourire en prenant la route des docks.

« Quoi donc ? »

« Tu as accepté de sortir avec lui, non ? »

« J'essaye d'oublier, passer à autre chose. » Je répond dans un haussement d'épaule. « C'est ce que tu voulais non ? »

« Je veux juste que tu sois heureuse princesse. »

« J'essaye. »

« Alors, je suppose que je ne te verrais pas le jour de la Fête des Mines. » Elle remarque avec son fameux sourire taquin.

« Probablement pas, non. »

« C'est un garçon bien, tu sais ? »

« Je m'en doute puisque tu ne l'as pas encore envoyé au bûcher. »

« Je ne sais pas de quoi tu parles, ce n'est pas du tout mon genre. »

« C'est ça oui. » C'est à mon tour de la taquiner.

« Je vois que tu as retrouvé ta bonne humeur. »

« Un peu. Je ne vais pas continuer à me déprimer pour quelqu'un qui ne me voit pas. »

« Voilà une bonne façon de penser. » Ma mère approuve en passant un bras autour de mes épaules. « Alors, où veux-tu aller ? »

« D'habitude, je vais faire une petite promenade à cheval pour me remonter le moral. »

« Bien, allons-y alors. »



***



Le jour de la Fête des Mines, Tony est venu me chercher à l'heure prévue et on a passé l'après-midi ensemble sans interruption d'aucune sorte. Pour la première fois, la présence de Ruby dans le périmètre ne me dérange pas du tout. A dire vrai, je n'y ai même pas prêté attention. Le soir tombe et on se retrouve un peu à l'écart, admirant les lumières et les décorations.



« J'ai toujours adoré cette fête. » Tony rompt alors le silence.

« Et pourquoi ? On n'y fait rien de spécial si ce n'est acheté les bougies des religieuses et boire du vin chaud. »

« Justement, c'est le seul jour de l'année où nous sommes autorisés à boire de l'alcool. »

« Bien vu. » Je concède en souriant. « Mais je préfère toujours le chocolat chaud. »



Son rire résonne au même moment où les lumières de tout le quartier se retrouve coupées. Je ne comprends pas trop ce qu'il se passe mais l'obscurité environnante ne me dérange pas du tout.



« Le générateur a dû lâcher. » Tony offre comme explication.

« Peut-être bien. En tout cas, voilà qui va bien arranger les affaires de Mlle Blanchard. »

« C'est vrai. Dis-moi, ta mère était une amie de Mme Nolan non ? Est-ce qu'elle savait ? »

« Ma mère est au courant de tout, même quand ça ne la concerne pas. Je suis certaine qu'elle le savait. » J'avoue à Tony. "Ça m'étonne de Mlle Blanchard quand même. »

« L'amour fait faire des choses complètement folles parfois. »

« Peut-être bien. »

« Hey, regarde, ce ne serait pas la voiture du shérif ? »



En quelques minutes, les lumières des décorations ont laissé place à celle des bougies mais leurs faibles lueurs permettent de voir en effet la voiture de service du département du shérif. Et j'aperçois Mlle Swan qui emmène David Nolan avec elle.



« Je crois que cette histoire de disparition est plus complexe qu'il n'y paraît. » Je fais remarquer à Tony.

« Ouais, apparemment. »



***



« Allez viens, je veux un chocolat chaud ! » Henry exige en se précipitant vers le Diner.

« Henry ! »



Comme il ne m'écoute pas, je suis obligée de le suivre. A contre cœur cela dit. Sauf que, quand je pousse la porte de Granny's, je ne vois aucune trace de Ruby. Je rejoins Henry au comptoir et je m'installe à côté de lui.



« Voilà vos chocolats chauds. » Granny annonce en plaçant deux tasses devant nous.

« Où est Ruby ? » Je demande finalement avant qu'elle s'éloigne.

« Elle a démissionné. »

« Quoi, vraiment ? Où est-elle allée ? »

« Emma l'a engagé au bureau du shérif. » Henry m'explique alors.

« Et elle me laisse seule gérer le coup de feu. »

« Je peux peut-être t'aider. » Je propose à Granny. « Je connais bien l'endroit, je suis certaine de pouvoir le faire. Au moins jusqu'à ce que Ruby revienne à la raison. »

« Tu ferais ça ? » Ma proposition semble surprendre la vieille dame.

« J'ai du temps à tuer. »

« D'accord dans ce cas. Prends un tablier. »

« Ça marche. Et toi. » Je poursuis en me tournant vers Henry. « Tu peux rejoindre le bureau du shérif, je ne dirais pas à maman que tu as passé la journée avec Emma. »

« C'est vrai ? » Un sourire illumine immédiatement son visage à cette perspective. « Merci. »

« Aller, cours petite tête, j'ai du travail à faire. »



***


La journée touche à sa fin quand j’entends la porte s'ouvrir et, quand je me tourne dans cette direction, j'aperçois Ruby. Elle semble troublée.



« Tout va bien ? » Je lui demande.

« Non, je… Où est ma grand-mère ? »

« Je vais la chercher, ne bouge pas. »



Je me dirige vers les cuisines et préviens Granny que sa petite-fille est là pour lui rendre visite. Pendant qu'elle va lui parler, je m'occupe de ranger un petit peu l'endroit et je finis d'éteindre les appareils de cuisson. Une fois acquittée de ma tâche, j'entends Granny qui m'appelle depuis le comptoir.



« Alors, tout va bien ? »

« Ruby reprend du service. »

« Eh bien je vous l'avais dit non ? » Je lui fais remarquer en ôtant mon tablier. « Je me suis bien amusée mais je crois que ceci t'appartient. » Je finis en tendant l'objet à Ruby.



Je n'ajoute rien et me contente de sortir du Diner. Voilà une bonne chose de faite. Même si j'essaie d'oublier ce que je peux ressentir pour Ruby, ça ne veut pas dire que je ne peux pas lui donner un coup de main si l'occasion se présente.

Je suis déjà sur le trottoir quand j'entends quelqu'un m'appeler. Je me retourne pour me retrouver en face de Ruby.



« Je voulais te remercier. » Elle me dit immédiatement. « Granny m'a dit que tu lui avais donné un coup de main quand j'étais… »

« En train de jouer les adjoints du shérif ? » Je termine pour elle. « Ce n'est rien, je savais que ça ne te prendrait pas longtemps pour voir où est ta place. »

« Merci quand même. »

« Ce n'est rien. Alors, comment c'était la vie d'agent de la loi ? »

« Traumatisant. » Elle avoue sans détour. « J'étais dans la forêt quand j'ai retrouvé un cœur. »

« Un cœur ? De… À qui il appartient ? »

« Aucune idée. Emma pense qu'il s'agit de Katherine Nolan et Mary-Margaret est soupçonnée. »

« Cette histoire est de plus en plus étrange. » Je marmonne en passant une main dans mes cheveux.

« Je suis d'accord. » Un court silence s'installe avant qu'elle ne reprenne la parole. « A propos de l’autre soir, tu sais, le jour de la Saint-Valentin… »

« N'y pense plus d'accord ? J'ai été stupide. »

« Non, Morgane attend." Elle me retient par le bras, me forçant à lui faire face. « Je suis désolée, d'accord ? C'est juste que… j'ai été surprise. »

« C'est compréhensible. »

« Je ne savais pas quoi faire. »

« Il n'y a rien à faire. » Je réplique d'une voix dure. « Je dois oublier ces sentiments, passer à autre chose et pour ça, je dois prendre mes distances. »

« C'est vraiment ce que tu veux ? »

« Non, mais c'est ce que je dois faire. Bonne soirée Ruby. »



Je n'attends pas de réponse et m'éloigne, pour de bon cette fois.



***



« Henry est persuadé que tu as quelque chose à voir avec cette histoire. » Je parviens enfin à attirer l'attention de notre mère avec cette phrase. « Il dit que tu as monté un coup contre Mlle Blanchard. »

« Et tu le crois ? »

« Je ne sais plus qui croire. » J'admet finalement.

« Eh bien crois-moi alors. Katherine Nolan était mon amie, penses-tu réellement que je serais allée jusqu'à la tuer et tout ça pour quoi ? Mettre une pauvre institutrice derrière les barreaux ? C'est ridicule. »

« Sauf si… » Je commence sans oser terminer.

« Sauf si quoi ? »

« Dis-moi que toutes ces histoires sont fausses. Regarde-moi dans les yeux et promets-moi que ce livre de contes n'est rien de plus qu'une version alternative aux films Disney. »

« Tu n'es pas sérieuse ? » Mes insinuations semblent avoir fait mouche. Je n'ai jamais vu ma mère aussi troublée.

« Dis-moi la vérité ! »

« Je ne pensais pas que tu prendrais son parti, pas toi."

« Je n'ai pris le parti de personne. Ce n'est pas moi qui t'accuse d'être une méchante reine juste que… c'est troublant d'accord ? Personne d'autre ici n'a assez de pouvoir pour… »

« Est-ce qu'il t'est venu à l'idée que Mlle Blanchard puisse être vraiment coupable ? » Ma mère m'interrompt d'une voix sèche. « Peut-être que ces preuves sont là pour une raison et que les indices pointent vers le coupable. »

« J'espère que tu as raison. » Je marmonne avant de quitter la pièce pour remonter dans ma chambre.



***



« Tu crois vraiment que ta mère est derrière tout ça alors ? »

« Je ne sais plus qui croire dans cette affaire. Rien ne fait sens. Mlle Blanchard a toujours été… tellement gentille et… Je l'imagine mal commettre un meurtre. Même si cette femme l'a humilié publiquement. »

« Alors tu as ta réponse. » Tony me dit comme une évidence, me troublant plus encore.

« On peut parler d'autre chose ? » Je propose, ne voulant plus penser à cette histoire.

« Très bien, de quoi veux-tu parler alors ? »

« Rien. » J'admets finalement en m'approchant de lui.



Une idée trotte dans ma tête depuis quelques jours déjà et j'aimerais au moins me débarrasser de cette pensée alors… Je réduis la distance entre nous jusqu'à ce que nos lèvres se touchent. Brièvement, le temps d'un battement de cœur.



« J'aime bien cette idée. » Tony admet dans un sourire.

« Qu'est-ce qui t'arrête alors ? »



***



« Il me croit, tu te rends compte ? » Henry vient tout juste de me raconter sa discussion avec August.

« En fait, je le savais déjà. » J'admet finalement. « Je l'ai vu prendre ton livre avant que maman ne détruise ton château. »

« Et tu l'as laissé faire ? »

« Oui, parce qu'il m'a dit qu'il y croyait. Je pensais que ça nous ferait un allié de plus dans l'Opération Cobra. »

« Bien vu. » Henry concède avec un hochement de tête. « Il t'a dit qui il est ?"

« Dans la Forêt ? C'était Pinocchio apparemment. »

« Ça explique pourquoi il a rajouté cette histoire alors. »

« Sûrement. Toujours pas de trace de moi dans ton livre ? »

« Non. » Il fronce les sourcils, semblant toujours frustré de son échec. « Peut-être que tu n'y es pas « Je n'avais pas non plus l'histoire de Pinocchio avant. »

« C'est vrai. Sinon, on peut toujours attendre d'avoir brisé la malédiction et là je me souviendrais, non ? »

« Normalement oui. »

« Soyons patients alors. » Je conclus et il acquiesce sans grande conviction. Je sais déjà qu'il n'arrêtera pas de chercher jusque là.



***


« Alors c'est M. Glass qui était derrière tout ça ? » Je demande, plus que surprise de ce revirement de situation.

« C'est ce qu'elle prétend. » Mlle Swan bougonne en réponse.



Ma mère a demandé à être seule ce soir et je me retrouve donc avec Henry dans l'appartement que sa mère et Mlle Blanchard partagent. Je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai accepté de le suivre jusqu'ici. Peut-être parce qu'il a insisté en disant qu'on faisait tous partis de l'Opération Cobra. Mais les révélations que la shérif a faites me dépassent et je ne veux qu'une chose : obtenir des explications de ma mère. Si Mlle Swan dit vrai, alors ma mère m'a menti délibérément alors même que je lui avais demandé la vérité. Je ne veux pas douter d'elle mais les preuves contre elle s'accumulent sans rien pour les expliquer.



« J'ai du mal à y croire. » J'avoue finalement. « Pourquoi maman ferait ça ? »

« Parce que la Méchante Reine déteste Blanche-Neige. »

« Henry… »

« Tu disais que tu me croyais ! » Il s'exclame, prêt à douter de moi aussi.

« Et je te crois, d'accord ? J'ai des souvenirs qui me reviennent et ton explication est la seule qui fasse sens. Mais pendant quinze ans… »

« Vingt-huit. » Il m'interrompt machinalement.

« D'accord, pendant vingt-huit ans elle a été ma mère et je me refuse à croire qu'elle soit vraiment méchante. Il ne t'ait jamais venu à l'idée qu'il puisse y avoir une bonne raison derrière tout ça ? »

« Et laquelle ? »

« Je ne sais pas encore. » Je concède avec un soupir. « Mais je ne veux pas la blâmer sans preuves. Je vais lui parler. » Je décide finalement avant de me lever.

« Où est-ce que tu vas ? »

« Parler à maman et cette fois, elle a plutôt intérêt à me dire la vérité. »



***



Je suis à quelques pas de la maison quand je vois David Nolan en sortir. J'ignorais qu'il était la raison pour laquelle maman voulait être seule. Encore un mensonge qu'elle se devra de m'expliquer. J'entre en trombe et claque la porte sans ménagement. Alertée par le bruit, ma mère me rejoint immédiatement.



« Je peux savoir ce qui t'arrive ? » Son ton est dur mais je remarque ses yeux rouges.

« Tu as pleuré ? » Je demande, oubliant les raisons de ma colère.

« Ce n'est rien. Qu'est-ce qu'il se passe ? »

« qu'est-ce qu'il se passe ? Ma mère me ment, voilà ce qu'il se passe. »

« De quoi tu parles ? » Elle a encore le culot de feindre l'ignorance.

« Ne joue pas à ça avec moi. Sidney, vraiment ? Tu pensais honnêtement t'en sortir comme ça ? »

« Change de ton avec moi jeune fille, je pourrais encore… »

« Quoi ? » Je l'interromps sans ménagement. « M'arracher le coeur et le réduire en poussière ? M'envoyer croupir dans les geôles sous l'hôpital ? »

« Comment sais-tu… ? »

« Je sais beaucoup de choses, après tout j'ai appris de la meilleure. » Je lui fais remarquer. « Je veux la vérité cette fois maman ! »

« Quelle vérité ? »

« Les histoires d'Henry sont vraies, ça j'en suis sûre parce que je me souviens de la Forêt. »

« Peut-être qu'il a simplement influencé ton subconscient avec ses histoires. » Elle tente encore de s'en sortir.

« Peut-être bien mais dans ce cas, La Fay ça ne te dira rien, pas vrai ? »



Cela aura au moins eu l'avantage de la prendre par surprise. J'ai l'impression d'avoir le dessus dans cette joute verbale et je compte bien en tirer profit alors j'insiste. La vérité sortira ce soir.



« Où as-tu entendu ce nom, dans son livre ? »

« Non parce que ce que je ne suis pas dans son livre. Ce nom, c'est le mien. N'est-ce pas, Majesté. »

« Morgane… » Sa voix est faible et sa main tremble alors qu'elle la tend vers moi mais je m'éloigne et me tient hors de portée.

« Tu as lancé une malédiction sur cette ville, tu as maudit un peuple tout entier pour atteindre une seule personne, admets-le. »

« Très bien. » Elle soupire, l'air complètement abattue. « D'accord, je l'admets, c'est vrai. »

« Et tu l'as laissé croire qu'il était fou ? Ton propre fils ? »

« Je ne pouvais les laisser gagner. »

« Enfin la vérité éclate." Je réalise. "Et pour Katherine, c'était toi aussi pas vrai ? »

« Oui, Sidney aurait toujours tout fait pour moi. »

« Je n'en reviens pas. Alors Henry avait vraiment raison. »



Décidée à mettre fin à cette conversation, je reprends la direction de la porte d'entrée mais elle m'interpelle une dernière fois.



« Où est-ce que tu vas ? »

« J'ai besoin de réfléchir. Je ne sais pas si je peux encore te faire confiance. »



***



« Peut-être que tu réfléchis trop aux problèmes des autres. » Tony me fait remarquer.

« Ce sont mes problèmes aussi. C'est ma… mère… qui a monté toute cette affaire et je n'ai rien vu. »

« Parce que cette histoire ne te concerne pas. »

« Justement si, elle nous concerne tous ! » Je tente de lui faire comprendre.

« De quoi tu veux parler ? »

« Tu ne comprendrais pas. »

« Alors explique-moi. »

« C'est trop compliqué ! » Je m'exclame d'une voix forte. « Tu ne me croirais pas. »



Je réalise que je ne trouve pas le réconfort que je cherchais auprès de lui. Alors, sans plus d'explications, je m'en vais. Je ne m'arrête que quand j'arrive devant le Granny's et que j'y vois Henry descendre de la Coccinelle jaune de Mlle Swan. Il semble un peu perturbé alors je les interpelle.



« Henry, qu'est-ce qu'il t'arrive ? »

« Elle voulait partir. » Il marmonne pour seule explication.

« Qui voulait partir ? Emma ? Elle voulait quitter Storybrooke avec toi ? »

« Oui, mais je l'ai convaincu de rester. »

« J'espère bien ! J'ai tout mis en péril dans l'espoir qu'elle brise cette foutue malédiction alors elle a plutôt intérêt à le faire. »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? » Henry semble surpris de ma tirade.

« J'ai confronté maman, elle a admis avoir lancé cette malédiction. Je ne peux pas y retourner. »

« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? »

« Je crois que c'est la fin de l'Opération Cobra. Tout ce qu'il reste à faire, c'est d'attendre qu'Emma se décide à rompre le sort. » Je réalise soudainement. « Reste avec Emma, garde-la à l'œil et je vais tenter d'en faire de même avec maman. »

« D'accord, mais d'abord je dois aller voir August. »

« Si tu veux mais je t'accompagne jusqu'au B&B alors. »



Quand il est monté rejoindre Pinocchio, j'ai décidé d'attendre que mon petit frère revienne. Je préfère m'assurer qu'il est en sécurité, c'est le moins que je puisse faire puisque le reste ne va pas comme je veux. Quand Henry me rejoint, il a l'air dépité.



« Qu'est-ce qu'il y a ? »

« August ne peut rien faire, il redevient un pantin de bois. »

« Ça c'est pas de chance. » J'admets sans hésitation. « J'imagine que, si la malédiction n'est pas brisé avant, il restera comme ça. »

« Pire, s'il n'y a pas de magie quand la transformation sera terminée… »

« Il ne sera qu'un simple pantin de bois sans vie. » Je termine pour lui.

« Je crois oui. »

« Alors on doit faire vite. Toi tu vas voir Emma et moi je m'occupe de maman. Elle ne doit pas savoir qu'on prévoit de rompre son sort. »

« C'est dangereux, elle pourrait te blesser si elle croit que tu es de notre côté. » Henry me fait remarquer.

« Je sais, mais notre mission est plus importante. » Je pose ma main sur son épaule pour le rassurer. « Fais-moi confiance, j'ai déjà mené une rébellion contre la Méchante Reine. Je sais ce que je fais. »



Il s'en va rejoindre sa mère et je prend la direction de Mifflin Street, le pas traînant. Je redoute de lui faire face. Je ne suis pas rentrée depuis la veille quand la vérité a éclaté. Je ne sais pas comment elle réagira en me voyant mais je doute que l'accueil soit chaleureux. Quand j'arrive à la maison, je n'obtiens aucune réponse en appelant ma mère. Comme je suis seule et que j'ai faim, j'en profite pour me faire un en-cas. En arrivant dans la cuisine, je la retrouve un peu encombrée ce qui m'étonne. Apparemment, ma mère était en train de préparer une pâtisserie avant son départ, je reconnais les ingrédients nécessaires à la préparation de chaussons aux pommes. Ma mère a toujours eu la sale habitude de retirer la peau des fruits avant de les cuire alors que j'ai toujours préféré cette partie-là. Je me saisis donc des épluchures et j'en mange quelques unes avant de quitter la maison. Je dois retrouver ma mère et je ne peux pas m'attarder ici. Je me rend au Granny's histoire de voir si elle n'y est pas allée pour un café. Quand j'entre, j'interpelle Ruby en espérant obtenir des réponses.



« Tu vas bien ? Tu m'as l'air un peu pâle. » Elle me dit en guise de salutation.

« Ça va. Dis-moi, tu n'as pas vu ma mère ? »

« Non, elle n'est pas venue aujourd'hui. »

« D'accord, tant pis alors. Je dois… »



C'est à ce moment que ma vue se trouble et je sens ma gorge se serrer, m'empêchant de respirer.


« Morgane, qu'est-ce qu'il t'arrive ? » La voix de Ruby me parvient faiblement au milieu des battements de mon cœur qui résonnent dans mes oreilles.

« Je ne sais pas… Je… Je n'arrive plus à… »



Le reste de ma phrase se perd dans un brouillard épais et la dernière chose que j'entends est la voix paniquée de Ruby qui m'appelle. Et puis le noir…

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