From Russia With Love

Captain America - All Media Types
Multi
G
From Russia With Love
author
author
Summary
1961. Bucky Barnes, de son vrai nom Yasha Baranov, est un des meilleurs agents des services secrets russes. Sauf qu'il décide de retourner sa veste et de rejoindre les services secrets britanniques. C'est Steve, un des rares agents estampillés double-zéro qui va être chargé de le récupérer et de l'évaluer...
Note
1961 : la guerre froide. L'URSS et les Etats-Unis sont sur le point de se lancer dans une troisième guerre mondiale, et sont les deux joueurs qui déplacent leurs pions sur l'échiquier mondial. Les deux superpuissances dominent le monde, laissant la vieille Europe coincée entre deux feux sur le point d'éclater.C'est l'âge d'or de l'espionnage.
All Chapters Forward

L'espion qui venait du froid

Aux côtés de Steve, je passe la porte d'entrée et découvre le hall du relais de chasse qui va devenir ma demeure le temps qu'il m'évalue. Je laisse mon regard courir sur le carrelage noir et blanc, puis sur les murs de bois sombres avant de croiser le regard terne des trophées de chasses qui ornent les murs. Du regard, je trace les courbes des bois de cerfs, en appréciant la beauté désormais conservée à ce mur pour une partie de l'éternité. Des bruits de pas se font entendre dans le hall et sans détourner le regard de ma contemplation silencieuse, j'écoute l'échange entre les deux anglais, retenant un sourire. Monsieur ne se dit pas particulièrement de la noblesse et pourtant, il a du personnel pour veiller sur son relais de chasse pendant qu'il n'est pas là. Enfin… L'important est de savoir que nous serons effectivement tout les deux et que ce fameux Jonas ne sera là que pour nous apporter de quoi tenir le temps de notre séjour. Je n'ai d'ailleurs pour lui qu'un vague sourire lorsqu'il passe à  mes côtés, nous laissant l'un avec l'autre. Un silence accompagne son départ et ce n'est que lorsque la porte de derrière se referme que ce cher Steve se tourne vers moi, me faisant subtilement comprendre que désormais, c'est soirée en tête-à-tête… Pour bien plusieurs semaines. Une fois de plus j'écoute attentivement ce qu'il me dit, me permettant juste une petite parenthèse quand je tente de convertir les miles en kilomètres… Six miles… Ça me fait donc… Neuf kilomètres… En clair, pas la porte à côté. Donc côté communication, je sais que je suis dépendant de lui. L'idée m'arrache un léger grincement de dents. Visiblement, il a lu mon dossier et il préfère être prudent. Et honnêtement, il ne le serait pas, je pense que je le traiterais d'idiot… Donc bon, un point pour lui.

"Avec plaisir…"

Je grimpe avec lui l'escalier parfaitement ciré, écoutant mes pas être étouffés par l'épais tapis qui recouvre le sol du long couloir dans lequel je le suis.  Nous passons devant plusieurs portes et finalement, il en ouvre une, me dévoilant ce qui va être ma chambre. Je n'ai qu'un très léger sourire quand il m'annonce sobrement que c'est chez moi, me permettant d'en faire rapidement le tour. Tout a un goût tellement anglais dans la décoration que je jure y sentir un relent d'agneau à la sauce menthe. Je glisse mes mains dans mes poches, observant le mobilier ancien, y cherchant déjà du regard d'éventuel micro…  Je me tourne à nouveau vers lui, lui glissant un sourire vaguement amusé.

"Merci… Je vais effectivement me rafraîchir… Je vous rejoins après."

J'attends qu'il sorte et referme la porte derrière lui pour ouvrir l'armoire, y tirant une chemise, un pantalon et des sous-vêtements avant d'aller jusqu'à la salle de bain. Je verrouille la porte derrière moi et commence à me déshabiller, laissant l'eau couler dans la cabine de douche. Je laisse mon costume mortuaire terminer au sol. Je m'étire longuement avant de me glisser sous l'eau délicieusement chaude. Je pousse un soupir en sentant mes muscles se détendre face à la caresse de l'eau sur ma peau. Bon. Maintenant que je suis seul… Faisons le point sur la situation. Je me retrouve seul avec lui, dans un relais de chasse au beau milieu d'un pays qui m'est encore étranger. Mais ce n'est pas le pire. Le pire c'est qu'aux yeux d'absolument tout le monde je suis mort… Et lui… Lui est la seule personne qui pour l'instant sait que je suis bien vivant et il la seule chose qui m'empêche de retrouver un semblant d'existence. Si lui considère que je ne suis pas apte au servie ou même indigne de confiance… Je suis bon pour un aller simple pour la Russie. Mes mains se glissent dans mes cheveux tandis que j'écoute le chant de l'eau m'entourer, la caresse des gouttes sur ma peau, me préparant mentalement à l'interrogatoire plus ou moins officiel qu'il va me faire passer pendant les prochains jours. Je fais rouler les muscles de mes épaules, sentant un léger craquement  de la part de l'articulation gauche. Je vais devoir être prudent, comme toujours, mesurer mes propos et ne jamais lui dire plus qu'il n'a besoin de savoir. Rien qui ne sorte de l'ordinaire en somme, mais le tout c'est de ne jamais tomber dans un excès de zèle qui sonnerait terriblement faux. Je dois simplement lui prouver que je ne suis traître que de ma patrie pour de bonnes raisons et que ça n'a pas lieu de se reproduire. Je dois me montrer comme un agent qui chercher la rédemption, qui veut simplement expier son ancienne vie et en commencer une autre au service d'un pays qui ne pensera pas à le traquer malgré sa loyauté. Oui, je pense que si je joue cette carte correctement et que jamais je ne pèche par une envie de faire du zèle, je pense que j'arriverais à lui plaire et donc à plaire à ses supérieurs. L'eau commence à se faire plus tiède sur ma peau et presque résigné, je ferme les robinets, attrapant une serviette pour m'y enrouler, me séchant rapidement. Je croise mon regard dans le miroir et je ne peux retenir un sourire, me disant que pour un agent comme moi c'est presque bien trop simple. Car je ne suis pas idiot, je me doute bien qu'il a eu un dossier assez complet sur ma personne et qu'il sait pertinemment que physiquement, je suis apte… Non son seul problème c'est de savoir si je ne suis pas un agent double ou un traître en puissance. Lentement j'enfile les vêtements mis à ma disposition, terminant de boutonner ma chemise avant de quitter la salle de bain pour finalement rejoindre Steve. Je descends les premières marches et suis le son de sa voix jusqu'au salon dans lequel il m'attend presque nonchalamment. Son assurance m'amuse autant qu'elle me rend méfiant. Elle m'amuse car elle va le pousser à faire une erreur et elle m'emplis d'une certaine méfiance car elle me donne l'impression que lui seul connait l'ensemble des règles du jeu auquel nous jouons tout les deux. L'odeur de son tabac vient me chatouiller le nez et avec le même aplomb je m'approche saisissant le second verre qui attendait sagement sur le guéridon pour me servir à mon tour un fond de whisky.

"Ce sera parfait…"

J'avoue ne pas en être un immense fan… Je trouve son goût trop puissant par rapport à la vodka et surtout, je trouve par rapport à cette petite eau que je bois avec plaisir, le whisky donne soif. L'alcool appelle l'ivresse et ce liquide ambrée a presque l'odeur d'un piège bien trop évident. Car l'alcool délie les langues et engourdit les esprits. Je trempe à peine mes lèvres dans le breuvage, venant m'assoir dans le fauteuil face au sien. Je tire une cigarette de son paquet et la glisse entre mes lèvres l'allumant à l'aide du briquet qu'il me tend. Un silence se poser entre nous et pendant de longues minutes, je ne fais que l'observer, tirant de longues volutes de fumées sur ma cigarette, volutes que je regarde danser et mourir entre nous. Le vieux vinyle continue de cracher sa mélodie, essayant d'une façon presque risible de détendre l'atmosphère épaisse qui s'installe dans le salon. Je le jauge autant qu'il le fait et je serais naif de penser que je ne suis pas examiné sous toutes mes coutures, que chacun de mes gestes, tics ou mouvements n'est pas soigneusement observé et décortiqué dans son esprit. Il doit être en train d'observer ma façon de fumer et en déduire mille et une chose à mon propos… Même la façon dont j'ai boutonné ma chemise ou remonté mes manches doit être à ses yeux un indice supplémentaire sur l'être que je suis. Mais je ne dis rien, ne montre rien, me contentant de simplement l'observer avec l'ombre d'un sourire au coin des lèvres. Ma cigarette se consume au bout de mes doigts, dans un crépitement impatient… Aucun mot n'est échangé… Parce que le premier à parler, ce sera celui qui a perdu.

Forward
Sign in to leave a review.