From Russia With Love

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From Russia With Love
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Summary
1961. Bucky Barnes, de son vrai nom Yasha Baranov, est un des meilleurs agents des services secrets russes. Sauf qu'il décide de retourner sa veste et de rejoindre les services secrets britanniques. C'est Steve, un des rares agents estampillés double-zéro qui va être chargé de le récupérer et de l'évaluer...
Note
1961 : la guerre froide. L'URSS et les Etats-Unis sont sur le point de se lancer dans une troisième guerre mondiale, et sont les deux joueurs qui déplacent leurs pions sur l'échiquier mondial. Les deux superpuissances dominent le monde, laissant la vieille Europe coincée entre deux feux sur le point d'éclater.C'est l'âge d'or de l'espionnage.
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L'espion qui venait du froid

Son russe est presque aussi fluide que mon anglais et je ne peux m'empêcher de sourire quand il me glisse l'air de rien que oui, l'hiver vient tôt. Honnêtement, je ne sais pas qui a eu l'idée de ce code, mais c'est loin d'être subtile et surtout véridique. Hiver je l'étais il y a peut-être quatre ans en arrière, avant que je ne tue mon mentor. Soit c'est volontaire de leur part, soit… Ils tentent de me faire croire qu'ils ont des informations qui datent. Comme si c'était le cas. Je sais que ce n'est pas aisé de se procurer la moindre information sur notre service… Mais tout de même. Avoir des infos viellent de quatre ans… Non. Même nous, nous avons des choses plus fraîches à propos de leurs services, alors que pourtant, nous préférons espionner les américains. Je serre sa main et laisse mon regard courir sur sa personne, me doutant bien que sous ce costume bien taillé, il est armé. Et si ça ne m'enchante pas de ne pas l'être, je dois avouer que je l'aurais trouvé bien idiot de venir les mains vides. Un sourire de pur politesse se dessine sur mes lèvres alors que nos doigts se délacent et qu'il daigne enfin se présenter. Steve ou agent 009… Quelque chose se dessine au coin de mes lèvres alors que je me contente d'accepter le paquet de cigarette qu'il me tend. J'en saisis une du bout des doigts et la glisse entre mes lèvres. 009. C'est ridicule… Je n'ai jamais compris ce système de mettre des numéros sur les agents… C'est si froid… Si impersonnel… Même chez nous qui ne sommes pas connus pour être un peuple chaleureux, tout du moins aux yeux des peuples voisins, nous avons au moins la décence de nommer nos agents. On n'a pas effacé mon prénom pour me filer un numéro. Yasha n'est pas devenu je ne sais trop quoi… Je suis devenu Hiver. Puis Mort. Pas 009. Est-ce que je trouve ça triste pour lui ? Non pas du tout. C'est juste qu'il n'est vraiment rien de plus qu'un numéro interchangeable… Un agent comme un autre. Même si, parait-il, les doubles-zéros sont les meilleurs du MI6. J'attrape son briquet et allume la cigarette, lui ravissant une première bouffée presque salvatrice. Les yeux clos et la tête légèrement tournée vers le ciel je sens mes épaules se détendre, appréciant ma première dose de nicotine depuis que je suis revenu à la vie. Le tabac me laisse un drôle de goût sur la langue et je fronce les sourcils en regardant la marque. Le filtre revient se loger au creux de mes lèvres et je commence à me dire qu'il va falloir que je m'habitue aussi à ça, au tabac léger et au papier à cigarette trop épais à mon goût. Je lui rends son paquet alors qu'il me désigne déjà la voiture qui nous attend non loin de là. Je ne me formalise pas quand il m'indique qu'il va être celui qui va m'évaluer. Une autre volute de fumée s'échappe d'entre mes lèvres et je glisse une main dans ma poche, haussant simplement une épaule quand il me demande si tout va bien et si le voyage n'était pas si désagréable que ça.

"J'ai connu pire."

Je me contente de cela avant de me glisser sur le siège passager de son Aston, haussant un sourcil face au luxe indécent de sa voiture. Cuir pour les sièges, bois pour le tableau de bord et chrome sur la carrosserie, autant d'accessoires ridicules qui ne reflètent que la décadence de leurs services. Quel intérêt pour un agent d'avoir une voiture aussi ridiculement luxueuse ? Ne devraient-ils pas être discrets ? Tape à l'oeil. Voilà ce qu'ils sont. Tape à l'oeil et inefficaces. J'ouvre la fenêtre et laisse ma cendre encore rougeoyante s'échapper dans l'obscurité du port, tandis que l'anglais à mes côtés fait ronronner le moteur bien trop puissant à mon goût. Je me tourne quelque peu vers lui, légèrement intrigué quand il m'avoue avoir une conduite sportive. Quel intérêt de me dire ça ? Sérieusement ? M'impressionner ? Me prend-t-il pour une demoiselle à qui il pourrait faire du charme grâce à la taille de son bolide ? Pitié. Pas avec moi. Je ne suis pas un débutant. Ce genre de choses ne fonctionnent pas avec moi. Je me contente de remettre ma cigarette entre mes lèvres, laissant son rire glisser sur moi alors qu'il écrase l'accélérateur. Je me retrouve plaqué sur mon siège et une seule pensée me vient à l'esprit : quel sale con.

Les lumières de la ville défilent sous mes yeux et au fil des minutes, au fil des kilomètres que nous avalons dans un silence presque religieux, je vois la ville disparaitre pour ne devenir qu'un vague souvenir déjà lointain, ne laissant place qu'à un paysage d'une morosité qui me rappellerais presque ceux de la Sibérie. Une plaine humide et fade qui semble s'étendre à l'infinie. Rapidement mon oeil commence déjà à s'ennuyer de ce paysage et une légère lassitude s'empare de moi alors que j'enchaîne les cigarettes, vidant son paquet sans vraiment lui demander si j'en avais le droit. Et quand finalement je finis par me lasser, je me décide à desserrer les lèvres, tentant d'user de mon plus bel anglais pour lui demander :

"Toutes vos planques se trouvent au beau milieu de la lande ou c'est simplement vous tentez de ne pas trop me dépayser ?"

Un léger silence s'installe dans l'habitacle, ne me laissant avec pour l'instant que le bruit du moteur qui ronronne tranquillement à la manière d'un grand fauve. J'ai le temps de tirer une autre bouffée de tabac quand il avec un léger sourire presque amusé il se décide à me répondre.

"Oh je pense que vous allez apprécier le type de planque dans laquelle je vais vous emmener. Et nous avons besoin de vous isoler un peu en attendant de vous évaluer, et vous permettre d'évoluer sans crainte au milieu des bons sujet de sa Très Gracieuse Majesté."

Jolie façon d'esquiver ma question. Je lui glisse un regard, pas franchement satisfait avec sa réponse. Mais en même temps… Puis-je lui en vouloir de rester vague ? Non. À sa place j'aurais même osé dire à l'autre agent que ça ne le regardait pas. Après tout, pour l'instant, je reste un ennemi, un possible agent double. Un peu de cendre s'échappe par la fenêtre avant que je ne reprenne avec un léger sourire :

"Vous ne répondez pas vraiment à ma question Steve… Mais soit, combien temps d'isolement pour avoir trahis son pays ?
- Eh bien cela dépendra de moi. Une fois que j'aurais donné mon aval, vous pourrez intégrer les autres recrues au sein du MI6 pour avoir une deuxième opinion quant à vos capacités. Et si cette deuxième phase de test s'avère concluante… On vous fera une belle petite fête de bienvenue."

L'idée ne me fait pas sourire. Mais alors pas du tout. C'est même bien tout le contraire. Ça ne me plait pas de savoir que tout mon avenir repose entre les mains d'un seul homme. Sincèrement j'aurais préféré être jeté dans la fosse aux lions, à subir des interrogatoires jusqu'à en être malade… Là… Un seul homme… D'une certaine façon ça peut -être à mon avantage… Si il m'apprécie. Sinon… Je risque surtout de servir de prisonnier ou de monnaie d'échange dans le meilleur des cas. C'est risqué, terriblement risqué même… Mais si ça ne l'était pas, je n'aimerais pas cette vie, pas vrai ? Je termine ma cigarette et jette le mégot encore rougeoyant par la fenêtre que je remonte rapidement. Plus on s'enfonce dans la lande, plus la nuit me semble être prêt à nous engloutir. Bien rapidement c'est à peine si je distingue autre chose que ce que les phares acceptent de nous révéler. Agacé je m'amuse avec son briquet, observant les étincelles qui crachotent doucement au bout de mes doigts. Un seul homme… Je n'ai qu'un seul homme à convaincre et je serais libre de faire ce que je veux. Mon regard glisse lentement sur sa silhouette et un léger sourire se dessine sur mes lèvres. Une seule personne… Ce n'est pas hors de mes capacités. Je n'ai que lui à convaincre, car finalement, au milieu des autres recrues… Tout devrait bien se passer. Ils se rendront bien compte que je n'ai pas besoin d'entraînement et que je suis parfaitement opérationnel. Il n'y a que lui à convaincre. Pas le monde à tromper. A la manière d'un tic presque nerveux je continue de jouer avec son briquet, réchauffant le bout de mes doigts de la légère flammèche qui lui échappe au milieu des étincelles.

Finalement, après ce qui m'a parut être des heures de voyage, voilà qu'au bout de ses phares se dessine ce qui doit être la fameuse planque dont il me parlait un peu plus tôt. À l'aide des raies de la lumière, je distingue ce qui me semble être un relais de chasse, dont les briques rouges apparaissent les unes après l'autre avant de disparaitre face à l'obscurité. Le gravier crisse sous les pneus alors qu'il se gare face à la porte d'entrée, coupant d'un mouvement de poignet le moteur, se tournant vers moi.

"Eh bien voilà, nous sommes arrivés. Cette maison est un ancien relais de chasse qui est dans ma famille depuis plusieurs générations. Maintenant, elle sert de… Centre d'évaluation pour les recrues telles que vous."

Un haussement de sourcil m'échappe. Le relais de chasse appartient à sa famille depuis un moment… Notre agent anglais serait de la noblesse. Comme c'est amusant. Quelque chose en moi n'apprécie pas vraiment de savoir que mon évaluateur est un fils d'aristocrate. J'ouvre la portière et frémis face à l'air frais de la nuit, claquant rapidement la portière avant d'esquisser un sourire, lui demandant avec une pointe d'amusement dans la voix :

"Vraiment ? Et tout le monde dans vos services à le sang bleu ou c'est juste vous qui possédez votre propre relais de chasse ?"

Et c'est presque le plus naturellement du monde qu'il me répond que oui… Il n'est pas le seul dans son cas.

"Nous comptons quelques membres de la noblesse en effet, et je pense qu'il y en a qui sont bien mieux… Lotis que moi, même si je ne me plains pas, loin de là."

J'émets un claquement de langue. Tu seras bien mal placé pour te plaindre, ta famille possède un relais de chasse et je suis sûr qu'en fouillant un peu plus, j'apprendrais qu'en plus de ta voiture outrageusement luxueuse, tu ne dois pas manquer de grand chose. Je glisse mes mains dans mes poches, me décidant à garder son briquet alors qu'il reprend, me faisant signe de le rejoindre à l'intérieur.

"Si vous voulez bien me suivre, je vais vous faire le tour du propriétaire, et vous emmener jusqu'à votre chambre."

Ses pas crissent dans le gravier et je frissonne légèrement quand un léger courant d'air vient caresser ma peau. Je n'aime pas franchement cet endroit et encore moins la situation dans laquelle je me retrouve. Je n'aime pas me savoir au beau milieu de la campagne anglaise avec pour seule compagnie un agent qui va m'évaluer et qui en plus d'être armé, esquive élégamment chacune de mes questions. En même temps j'aurais été bien naïf de penser qu'ils auraient envoyés un débutant ou un idiot ne sachant pas jouer ce jeu pour m'évaluer. Lui esquive mes réponses, lui garde ses distances jusqu'à être sûr de ce que je suis… Car pour le moment, je ne suis qu'un traître à son propre pays, un agent ennemi qui vient roucouler sous ses fenêtres en jurant avoir des informations à livrer… Ce qui est vrai… Mais comment lui peut en être sûr sans avoir pris le temps de m'étudier ? À sa place… J'aurais un agent de mon genre sous la main… Je l'aurais déjà attaché et jeté au fond du coffre avant de lui faire faire une longue promenade… Puis là… Je m'occuperais de lui faire cracher autant ses informations que ses dents. L'idée m'arrache un sourire. Natasha a toujours trouvé ça d'une brutalité qui ne me ressemblait pas, moi je me contentais de lui dire que tant que ça marchait… Je n'allais pas vraiment changer de méthode. C'est donc avec un léger soupir sur le bout des lèvres que je passe la porte du relais derrière lui, me disant que c'est peut-être ce qui m'attend : un interrogatoire musclé.

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