Une histoire d'enfants

The Avengers (Marvel Movies) Thor (Movies)
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Une histoire d'enfants
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Summary
C'est l'histoire de Loki et de ses enfants. C'est une histoire de folie et de séparation, d'amour et de sacrifices. Au milieu de tout ça il y a Tony Stark, il y a la Magie et Yggdrasil.Gungnir entre les mains, Loki est le Roi d'Asgard après la révélation de la cruelle réalité. Accompagné de ses deux alliées les plus anciennes, il va chercher à Jotunheim et Vanaheim les objets qui lui permettront de libérer ses enfants du châtiment d'Odin, découvrant la vérité sur les Jotnar par la même occasion. Sur Midgard il trouvera l'aide et le génie de Tony Stark, qui sera une aide indispensable pour retrouver ses fils.Mais Odin est furieux et il ne compte pas les laisser tranquille, quitte à déclencher le Ragnarok.(Modifé le 13/12/2020)
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Odin

PARTIE 3

Chapitre 3

 

Localisation : Midgard

 

Fenrir

Fenrir avait peur du noir parce qu’il avait l’impression d’être de retour dans la grotte. Quand la lumière disparaissait, il pouvait sentir la lourde lame traverser sa mâchoire, les chaines qui se resserraient à chaque fois qu’il bougeait, la faim constante et le hurlement glaçant du vent sur les murs en pierre.

Alors sa Maman veillait toujours à laisser sa Magie illuminer les pièces où il se trouvait.

Quand il voyait la lumière, Fenrir n’avait plus peur.

Fenrir avait peur d’être seul, surtout pour dormir, car il se réveillait toujours en étant persuadé qu’il était de retour dans la grotte, même avec les lumières.

Alors Cassiopée dormait avec lui et la Magie donnait à ses cheveux détachés la couleur du soleil.

Quand il voyait Cassiopée, Fenrir n’avait plus peur.

Cassiopée n’avait jamais peur. L’unique fois où il vit la peur dans ses yeux, c’était parce que Loki venait de disparaitre.

Fenrir savait qu’il finirait par revenir, parce qu’il l’avait promis et qu’il était déjà venu le sauver, mais si Loki disparaissait alors Cassiopée serait brisée et ses cheveux n’auraient plus jamais la couleur du soleil.

Quand il bondit à travers le portail, Fenrir se concentra sur ses cheveux pour oublier qu’il se dirigeait vers l’homme qui pouvait le renvoyer dans la grotte. 

.

Thea

Cela faisait prêt de 10 années que Thea travaillait au Palais. Originaire de Álfheim, elle avait été vendue enfant à un marchant d’esclave et achetée par Asgard. La jeune femme était appréciée pour son silence et sa capacité à garder les secrets : rares étaient les servantes qui ne colportaient pas les ragots.

Aujourd’hui avait lieu le procès du Second Prince, accusé de trahison envers la couronne, désertion et de complot contre Asgard.

Le seul Prince à avoir jamais écouté les demandes des servantes, à les aider, qui ne leur réclamait jamais rien et ne les touchait jamais.

Elle le regarda depuis l’ombre faire face au Roi, alors même que ses jambes tremblaient et qu’il semblait à deux doigts de perdre connaissance, gardant la tête haute et le regard défiant. C’était un Prince.

Le Roi Odin était renfermé et glacial. Thea ne l’aimait pas. Il était brutal et se considérait comme un Dieu, l’unique personne à tout savoir et à avoir toujours raison. Pour lui, les serviteurs et tout ce qui lui étaient inférieurs n’étaient pas plus importants que des animaux. Nombres servantes portaient la marque de ses doigts sur leur corps.

« A cet instant commence le procès de— » dit le Roi en se levant de son trône. 

L’arrivée fracassante d’une créature humanoïde rouge et dorée qui vola à travers le vitrail pourrait être attribué au Prince, mais le choc sur son visage était sincère. La créature dont le cœur brillait d’une éclatante lumière bleue se posa juste devant le deuxième fils d’Odin. De la Magie. La partie qui correspondait à la tête se releva pour présenter un visage vieillit mais charmant, qui souriait comme s’il ne venait pas d’interrompre un procès dispensé par le Père de Toute Chose.

« Désolé Dumbledore, mais je vais pas pouvoir te laisser continuer cette farce plus longtemps. » susurra effrontément l’arrivant.

Dans ses mains il tenait une flèche et un arc et quand il visa le Roi, encore trop choqué pour réagir, son cœur s’illumina comme une étoile et sa Magie rit. Les gardes se précipitèrent vers lui et le Roi au moment où la flèche filait mais – malheureusement ? heureusement ? – elle se planta sur le trône juste derrière le Père de Toute Chose sans l’érafler. Thea entendit le rire de quelques servantes, qui se moquaient de la précision de l’attaquant, mais elle ne les écouta pas. Elle écoutait Yggdrasil. Et la Magie de l’Arbre Monde bourdonnait, se concentrant en un point particulier au niveau de la flèche, superposait deux Royaumes l’espace d’une brèche.

Elle remarqua en même temps que le Premier Prince le minuscule enfant blanc qui se faufilait entre les jambes, et qui vint s’enrouler autour de celles du Mage. Mille sentiments passèrent sur le visage de Loki, qui abandonna toute attitude de Prince pour se laisser tomber sur le sol et prendre l’enfant dans ses bras, tordant ses poignets menottés.

Thea avait déjà vu ce genre d’étreinte. C’était celle d’un parent qui n’avait pas vu son enfant après de terribles évènements. C’était une étreinte désespérée et soulagée, euphorique et remplie d’amour.

Cet enfant était l’un des supposés Monstres qu’avaient engendré Loki.

L’un de ceux qui faisaient rire le Prince de tout son cœur.

« LOKI ! » rugit le Roi, mais le portail s’ouvrit. Une gigantesque masse noire jaillit en bondissant sur Odin.

« Non ! » s’affola le Second Prince, panique et terreur pures sur le visage.

Le Roi eut tout juste le temps de contrer les puissants crocs avec Gungnir, puis utilisa sa Magie pour repousser le loup géant qui s’écrasa avec un glapissement de douleur contre un pilier. Sa fourrure captait toutes les ombres et ses yeux avaient le vert du poison.

La servante vit une jeune fille aux pieds nu se précipiter vers lui et Thea eu peur pour elle avant de comprendre qu’ils étaient du même côté. Elle portait une coiffure différente et n’avait plus sa tenue sombre de servante, mais l’Alfe avait déjà vu ses cheveux roux : c’étaient ceux de la petite qui se battait avec quiconque disant du mal de Loki parmi les domestiques. 

Le fils de Loki se releva et la Reine se précipita sans paraitre savoir de quel côté se placer. Le Prince Thor appela la foudre avec Mjöllnir mais resta à droite de Loki tandis qu’Odin pointait Gungnir sur Loki. Quand des Jötnar sortirent du portail, les guerriers Ases se précipitaient vers le Loup.

C’était le Chaos.

Jötnar et Ases s’affrontaient, armes de glace contre armes de fer, les crocs et les griffes de Fenrir sur leurs armures, Thor qui n’attaquait personne, Odin au sommet de la fureur, Loki terrifié à l’idée que l’un de ses enfants soit blessé.

« J’aurais dû vous tuer il y a longtemps ! » cracha le Roi.

Le Dieu de la Guerre brandit Gungnir et sa Magie traversa la pièce, droit sur Loki et son fils. Thor contra le sort avec Mjöllnir une première fois et le Second Prince repoussa son enfant hors du trajet, levant la main devant lui pour créer un bouclier mais sa Magie était trop faible et gémit. Mais le Roi continua d’attaquer, l’approchant au fur et à mesure, Thor se dressant entre son frère et son père et Loki cherchant à protéger son enfant avec son propre corps.

Le sort finit par frapper l’enfant de plein fouet et Loki hurla.

.

Loki

Il y avait du sang, Jormungandr qui pleurait en se tenant le ventre, et du sang sur le sol, et un hurlement et tout en lui qui se retournait et se tordait et paniquait.

Il ne vit pas Thor envoyer ses éclairs sur Odin, juste le rouge.

Il ne vit pas les lances lacérer la fourrure de Fenrir, juste le rouge.

Il ne vit pas Cassiopée poser un poignard sur le coup de Frigga pour l’empêcher d’intervenir, juste le rouge.

Il ne vit pas les Jötnar l’entourer pour qu’aucune épée ne l’atteigne, juste le rouge.

Il ne vit pas Stark et Heimdall se faire face, juste le rouge.

Son fils, son bébé, son trésor était blessé.

Il avait repris une forme serpentine, mais minuscule comme s’il voulait disparaitre, ses écailles émeraudes tachées de rouge. Il tremblait et sifflait de douleur, suppliait Yggdrasil de le renvoyer dans son océan où il n’y avait ni douleur, ni bruit, ni lumière, où tout était calme et silencieux, où il pouvait dormir et rêver.

Quelque chose à l’intérieur de lui se brisa.

La partie de lui encore lucide se noya dans la folie.

Il découvrit à quel point sa Magie était liée à sa vie quand il la força à quitter sa cachette et que son cœur s’arrêta. Affaiblit comme elle l’était, sa puissance propre ne suffirait pas, alors il puisa dans Yggdrasil lui-même, dans chaque étoile et chaque lune à sa portée. Il arracha la Magie de l’Univers, se plongea si profondément dans le Chaos qui se perdit dans ses couleurs et concentra toute sa haine en une seule cible. De l’extérieur s’était beau, car des nuées de milles couleurs traversaient l’espace en longs filaments pour venir le nourrir mais Loki ne voyait rien de tout cela.

L’enveloppe de la Guerre ploya face au Chaos. Odin hurla et combattit, frappant de Gungnir et de sa propre Magie, et Loki sentit son corps craqueler comme un vase fêlé face au trop plein d’énergie qu’il contenait.

Le Ragnarök changea de forme. 

C’était plus douloureux que de sentir ses lèvres être cousues, plus douloureux que le poison de Jormungandr, plus douloureux que de se faire arracher sa Magie, mais il continua.

Plus jamais Odin ne blesserait ses enfants, ils n’auraient plus jamais à craindre d’être de nouveau enfermés, ils seraient libres de toutes menaces, MEME SI LOKI DEVAIT SE DETRUIRE LUI-MEME POUR CELA.

« Loki ! » cria son frère ou Stark, ou sa mère, il ne savait pas, la voix était perdue au milieu des hurlements, de la douleur et de la Magie qui déchirait le Chaos.

« Maman ! » l’appela Hel par-dessus la déferlante de Magie. Les menottes tombèrent sur le sol quand ses poignets se brisèrent comme de la porcelaine. « Maman, arrête ! Tu vas mourir ! » Il tomba à terre quand l’une de ses jambes se brisa à son tour mais il continua de déverser son châtiment sur Odin.

Il se moquait de mourir, tant que le monstre qui blessait ses enfants mourrait également. Il sentit à peine la main armée de Stark se poser sur son épaule, tressaillir face à la puissance qui tourbillonnait, mais ne pas le lâcher. Le contact détourna une partie de l’énergie qui alla se loger dans le Réacteur Arc, et empêcha très certainement Loki de mourir d’un empoisonnement à la Magie. Et cela le fit hurler intérieurement parce qu’il avait besoin de cette énergie pour le détruire, détruire, détruire.

« Maman ! » La Reine d’Helheim se précipita vers sa mère mais ne se risqua pas à la toucher. « Arrête maintenant ! Son âme n’est plus là ! Odin est mort ! » Les mots percèrent la brume et la douleur dans son esprit, sa vision rouge et son cœur agonisant. Odin était enfin mort ? Quelque chose de clame s’installa dans sa poitrine et fit diminuer la haine. « Jormungandr est encore en vie. II est vivant, Maman. »

Petit à petit la pression diminua avec la rage et la Magie retourna dans son habitat naturel. Le silence tomba comme une averse. Plus personne ne bougeait.

Stark s’effondra ce qui attira le regard affolé de Loki, mais le Mage se rassura en entendant son cœur battre. Jormungandr ne bougeait pratiquement plus : ses écailles se soulevaient à peine, mais il vivait. Le soulagement amena les larmes, et le Second Prince se traina à côté de son bébé pour le caresser gentiment avec ses bras, n’accordant qu’un rapide regard à ses poignets brisés.

« Shhhh… Tout va bien mon ange. Maman est là. Je vais te soigner. »

Il avait l’impression qu’il allait s’évanouir d’un instant à l’autre. Tout son corps gémissait, son cœur battait dans ses oreilles et il avait de plus en plus sommeil.

Fenrir vint se coller à lui, réchauffant son corps qui refroidissait de minutes en minutes et Cassiopée se réfugia contre lui sans attendre, se blottissant le plus possible. Pour soigner Jormungandr il avait besoin de Magie, mais celle-ci était profondément mécontente d’être sollicité alors qu’elle avait juste envie de dormir quelques jours pour se régénérer. Elle se cambra, rebelle et révoltée, mais elle guérit tout de même son fils parce que Loki ne lui laissa pas le choix.

« Tu as besoin aussi, Fen’ ? »

« Non Maman. Tout va bien, ce n’est rien d’autre que des égratignures. Tu peux te reposer maintenant. » Alors Loki se laissa aller à la fatigue, ferma les yeux et posa sa tête sur sa fourrure.

Il sombra dans le calme.

.

Thor

Les Ases ne perdirent pas une seconde pour pointer leurs armes sur Loki et sa famille.

« Il suffit ! »

Les regards se tournèrent vers lui mais il prit le temps d’observer la pièce. Des corps tachaient le sol de rouge, des gémissements remplissaient leurs oreilles, Loki à moitié démembré qui serrait son fils dans ses bras de toutes ses forces même dans son sommeil, les Jötnar.

Il regarda le visage couvert de larmes de sa mère, assise à côté du corps carbonisé de son mari.

Il était Roi maintenant.

« En tant que Roi d’Asgard, je déclare que Loki et sa famille ne sont plus une menace ou des ennemis. Il est exempté de ses crimes. » L’orage gronda dehors, ajoutant de la puissance à ses propos.  « Quant à vous… »

Il se tourna vers le Jötnar regroupés dans un coin de la salle, attentifs à la moindre attaque à leur égard, mais non hostiles. Un éclat roux plus tard, la petite fille qui suivait Loki se redressait entre eux et le nouveau Roi. Maintenant qu’il voyait de nouveau son visage, il pouvait se souvenir d’elle.

« Votre Majesté. » Elle s’inclina comme le réclamait la procédure, mais Thor reconnu dans l’inclinaison de son cou la marque des domestiques.

« Qui es-tu ? » Il était curieux de savoir quel genre d’amis avait Loki.

« Je m’appelle Cassiopée, fille de Fen, ancienne servante au Palais d’Asgard et amie du Prince Loki. Avant que vous ne condamniez les Jötnar pour leur présence ici, je serais ravie de vous raconter toute l’histoire, votre Altesse. » 

« Alors parle. » répondit Thor en s’asseyant sur le trône.

« Quand le Prince Loki fut emmené à Asgard, nous avions besoin de renfort pour attaquer le Royaume et le libérer. Juste un Loup, un mortel et deux enfants n’auraient pas suffi. Nous nous sommes donc rendus à Jötunheim, pour la seconde fois. »

« Pourquoi ne pas s’être rendu à Vanaheim ? »

« En cas de défaite. Les Vanes auraient été ravis de nous aider à destituer Odin, mais si nous avions perdu alors leur Royaume aurait été accusé de trahison et de rébellion envers Asgard. Il y aurait eu une nouvelle guerre. Jötunheim était déjà un ennemi des Ases. Alors nous avons passé un contrat avec eux en échange de leur aide. »

« Un contrat ? Sous quelles conditions ? » Il doutait de plus en plus de la réputation stupide des Jötnar. Ils paraissaient à mille lieux de leur description dans les livres.

Son petit-frère, si intelligent et puissant.

Cassiopée jeta un coup d’œil à Loki, mais celui-ci dormait. Elle regarda les Jötnar et l’un d’eux s’approcha pour poser sa grande main sur son épaule. Elle était minuscule à côté. Thor nota avec intérêt qu’elle n’était pas brulée par le froid.

« Votre Majesté. » Le Jötunn inclina la tête, mais avec l’attitude d’un Prince envers le Roi d’un autre Royaume. « Je suis Byleistr Laufeyson, fils du Roi Laufey. Il a été demandé à Fenrir Lokison d’aider une saison aux champs, à Cassiopée fille de Fen d’apprendre la culture Jötnar et d’enseigner la culture Ase, à Jormungandr Lokison de pénétrer la Mer Gelée pour libérer la Prêtresse qui y est pigée et au Midgardien Stark de nous parler de son Royaume et de sa technologie. » 

Les Ases s’agitèrent, mécontents. Ses connaissances les rendraient puissants.

« SILENCE ! » tonna Thor.  « Je me rend compte par votre présence aux côtés de mon frère, et par cette conversation que vous n’êtes pas comme je vous imaginais. Je pense qu’il est temps de revoir les relations entre Asgard et Jötunheim, si votre Roi y est favorable. »

Maintenant qu’il était Roi, il comprenait pourquoi Loki ne le pensait pas prêt. S’il n’avait pas eu une révélation sur son statut par l’éloignement forcé de Mjöllnir, il n’aurait certainement pas réagi de la même manière. Nul doute qu’il aurait agi comme Odin et condamné avant de comprendre.

« Sa Majesté fait partit de la famille du Prince Loki et nous avons promis à lui et sa famille la bienvenue à Jötunheim s’ils souhaitaient observer et apprendre. »

Thor hocha la tête pour marquer son accord. Il se tourna vers sa mère, mais Frigga pleurait en tenant le corps carbonisé d’Odin. Debout à côté d’eux, Heimdall était aussi imperturbable que d’habitude.

« Nous allons maintenant retourner chez nous. » Il récupéra la flèche que lui tenait Cassiopée.  « Je compte sur vous pour veiller sur notre frère, Roi Thor. » sourit le Jötunn de ses dents pointues.

Quand il comprit que Loki était le Prince, non pas d’un Royaume et mais de deux, il eut envie de rire.

.

 

Epilogue

 

Localisation : Midgard

Deux mois plus tard

 

Jormungandr

Jormungandr observait dans l’ombre. Nyma disait qu’observer apportait le pouvoir et Maman que l’ombre était la meilleure des protections.

Depuis sa blessure, il était resté sous forme animale, mais sa taille ne dépassait pas un bras adulte. Il aimait se réfugier sous les meubles comme le canapé, alors Nyma veillait toujours à ce qu’il n’y ait pas de poussière. Il ne se sentait en sécurité que dans l’obscurité, où il n’y avait ni douleur ni agitation. Au début il était resté avec Maman tout le temps, mais sa Magie était trop chaotique. Elle lui faisait mal à la tête.

Alors il se cachait dans l’ombre et observait. Sans surprise, c’était Nyma qui trouvait ses cachettes le plus rapidement. Elle savait toujours où il était. Maman était la deuxième personne mais il utilisait sa Magie pour le localiser : il la sentait chatouiller ses écailles jusqu’à le faire rire.

Étonnamment le Midgardien parvenait toujours à sentir quand il était là. Jormungandr l’aimait bien ; il était maladroit et rigolo. Il faisait beaucoup de bruit par contre et ne semblait jamais s’arrêter de parler. Quand il venait, il apportait toujours plein de cadeaux : des livres pour Maman, du matériel de sport pour Fenrir, du chocolat pour Sleipnir, des vêtements pour Cassiopée, des paquets secrets pour Nyma et des fruits pour lui. Il racontait toujours plein d’histoires et quand Jor’ voulait le silence et le calme parce qu’il avait l’impression de suffoquer hors de l’eau, il le laissait grandir pour s’enrouler sur ses épaules et poser sa tête à côté du cœur de sa Magie. Dans ces moments-là Stark ne parlait plus et restait à travailler sur sa tablette toute l’après-midi. Maman lui apportait un café et ils discutaient à voix basse.

C’était amusant de le voir discuter avec Maman, parce qu’ils se taquinaient et s’insultaient mutuellement mais Jor’ pouvait voir qu’ils s’aimaient bien. Beaucoup même. Fenrir disait que Maman mettait exprès du parfum quand Stark venait.

Sa petite-sœur Hel était venue leur rendre visite le mois dernier. Elle était étrange. Elle était comme l’océan : calme et agitée à la fois, elle pouvait être de bonne humeur puis en colère un clignement de paupière après. Maman disait que c’était à cause de Helheim, le Royaume des Morts. Elle lui faisait penser à Octo, le Poulpe Géant qui venait lui rendre visite de temps en temps. Il était gentil avec lui mais très méchant avec les autres, parce qu’il détestait tout le monde, sauf lui. Hel détestait tout le monde sauf sa famille.

« Jormungandr ? » l’appela Cassiopée en entrant dans le salon. Jormungandr avait décidé qu’aujourd’hui il se réchaufferait au soleil sur la montagne de coussins que lui avait ramené Stark. « Fen’ et moi allons en ville, tu veux quelque chose ? »

Cassiopée était gentille. Fenrir aimait beaucoup sa manière de rire et quand elle s’enflammait. Elle n’était pas la personne la plus intelligente qu’il connaisse – C’était Maman. Ou Octo ? Octo était très intelligent. – mais elle faisait de son mieux pour apprendre. Elle posait beaucoup de question, surtout à Stark, ce qui était amusant parce que Stark répondait au début puis ils finissaient par se disputer. Cassiopée et Stark se disputaient beaucoup mais Jormungandr les avait surpris un jour à comploter à propos d’une armure alors il savait qu’ils s’aimaient bien en réalité.

« Non. » répondit-il par télépathie.

Il n’aimait pas parler. C’était épuisant et ça faisait trop de bruit. Maman disait que c’était important, alors il faisait des efforts, mais il n’aimait pas ça. On n’avait pas besoin de parler dans l’Océan, les ondes suffisaient amplement. Mais ceux qui vivaient hors de l’eau n’entendaient pas les ondes.

« Même pas des fraises ? » Jormungandr adorait les fraises. Plus encore dans les crevettes (2).

« Fraises. D’accord. »

Cassiopée rit – elle riait comme le soleil – et caressa rapidement ses écailles sans de partir.

Quand il sentit à travers les vibrations du sol la démarche de Maman, fluide et conquérante, il quitta son nid de coussin pour venir s’enrouler autour de son cou.

Sa Maman sourit, le caressa de ses doigts bandés, et sa Magie le réchauffa plus encore que le soleil. Derrière lui arrivait Stark, qui marchait comme s’il était toujours pressé.

.

Loki

« J’ai eu une idée pour que Fury nous lâche des bottes. Que dirais-tu de devenir le protecteur de Midgard ? » annonça Stark.

Cette idée était tellement stupide qu’il se demanda s’il devait rire. Lui ? Protecteur ? Il était le Dieu du Chaos, par Yggdrasil !

« Ne me confondez pas avec Thor. »

« Donc si un autre Royaume attaque Midgard, là où se trouve ta maison et habite ta famille, tu ne réagiras pas ? »

« Bien sûr que si ! » siffla-t-il.

« Et si un grand méchant attaque, disons, New York, et que je décide d’y aller pour aller sauver la ville— »

« Ce serait inconscient ! »

« Autant que de faire face à Odin. » contra le mortel, fier de lui.

L’horreur qu’il avait ressenti en le voyant débarquer en plein procès remonta dans sa gorge, acide. Il se souvenait très bien de la manière qu’avait eu son cœur de s’emballer, et au milieu du choc et de la panique, de la joie malsaine de voir Stark, un mortel, affronter Odin, le Père de Toute Chose, pour lui.

Quand il glissa une main sur sa taille, l’autre allant chatouiller les écailles de Jormungandr, un sourire charmeur sur les lèvres, il soupira de défaite.

« Très bien, Stark. Je serais le protecteur de Midgard contre les autres Royaumes. Mais ne commencez pas à me demander d’aller sauver tout le monde ! » Quand le Midgardien rit de bon cœur, il sentit le sien se réchauffer et ne put s’empêcher de sourire aussi.

Mais leur conversation se fit interrompre par la sonnerie du téléphone du milliardaire, qui s’excusa du regard avant de répondre.

« Hello, Pepper. »

« Tony. L’Agent Coulson voudrait te parler. Je pensais que tu serais chez toi, où es-tu ? »

Il ne connaissait Virginia Potts que de ce que Stark lui avait raconté. Meilleure amie et sauveuse, déterminée, intelligente et courageuse. Si l’humain ne le regardait pas de cette manière, il aurait pu être jaloux.

« J’arrive. » soupira-t-il. Il lui accorda un sourire suspect avant de continuer. « Prépare le Whisky, je serais là dans quelques minutes. »

Il raccrocha sans attendre et s’empressa de dérouler Jormungandr de son cou pour le déposer dans son lit de coussin.

« Désolé, Jor’, mais Maman et moi ont doit aller régler quelques affaires. »

« Que signifie tout ceci ? »

« Coulson égal SHIELD. Autant en profiter pour leur annoncer ta nouvelle résolution. » Il sourit effrontément. « Et rencontrer Pepper. »

Sa première réaction était de bouder, mais son sang royal ne lui permettait pas. Stark dût lire dans ses pensées car il lui adressa un regard moqueur avant de lui tendre la main. Quand Loki y glissa la sienne, il prit une seconde pour admirer la bague en vibranium argenté qui ornait l’un de ses doigts, puis les téléporta.

Ils arrivèrent directement dans le salon où une femme aux talons hauts, impeccablement habillée, et aux cheveux roux attachés en chignon sursauta, reversant son verre. Virginia Pepper Potts.

« Bordel de merde ! Tony ! »

« Quoi ?! » s’offusque celui-ci comme s’il n’avait aucun lien avec leur arrivée impromptue dans le salon et avec la peur de sa vie. Quand la femme le fusilla du regard, il s’empressa de s’excuser. « Désolé, Pep. »

La femme tourna enfin son regard sur lui, mais resta discrète dans son observation. Quand elle remarqua leur proximité son regard changea un peu.

« Pepper, voici Loki. Loki, voici Pepper. » les présenta le milliardaire.

« Virginia Potts, enchantée. » se présenta-t-elle en lui tendant la main. Il l’observa une seconde de trop avant de se pencher pour l’embrasser.

La femme rougit aussitôt et Stark s’étrangla.

« Loki ! » Surpris, il se redressa. « On ne fait pas ça ici ! Sauf si… » Il écarquilla les yeux et les regarda à tour de rôle. « Tu la dragues ? Devant moi ?! » Loki n’avait nullement l’envie de séduire l’ancienne quelque chosede Stark, c’était simplement la façon de saluer les Dames à Asgard, mais il avait une expression tellement offusquée que s’en était drôle.

« Laisse, Tony, ça fait du bien de voir un peu de gentlemen en ce monde. Mais je l’imaginais moins jeune et plus féminin. » Elle accorda un regard noir à son patron. « J’espère pour toi qu’il est majeur. »

« J’ai presque 3000 ans, alors oui, je suis majeur. » s’agaça Loki en croisant les bras. Elle le regardait comme un enfant. Vu son regard, Dame Potts ne le cru pas mais Stark ne lui laissa pas le temps d’argumenter ses pensées.

« Très bien ! Allons voir Coulson. »

Il lui poussa tous les deux vers l’Agent qui attendait patiemment dans un coin de la pièce, une main en bas du dos de chacun. Ce n’était pas un geste conscient mais Loki, jaloux, se déplaça tout de même pour se glisser entre les deux. Il prit la main de Stark qui trainait sur le tailleur et la déposa sur son propre dos. Le Mage refusa de réagir quand il se fit épingler par deux regards amusés.

L’Agent Coulson ressemblait à James Bond mais en plus vieux et avec moins de cheveux – merci Cassiopée pour sa nouvelle passion cinématographique.

« Monsieur Stark. »

« Agent Coulson. Je vous présente Loki d’Asgard. »

« D’Asgard ? Comme le Prince Thor d’Asgard ? »

Stark lui avait montré les enregistrements des caméras de surveillances que JARVIS avait trouvé. Clamer être Prince et réclamer Mjöllnir dès son arrivée sur Midgard ressemblait bien à son frère. Lui aurait plutôt cherché à se fondre dans la masse, ne pas se faire repérer et à préparer un plan pour reprendre ce qui lui appartenait.

« Mon frère est maintenant Roi. Je ne pense pas qu’il aura la possibilité de vous rendre visite dans les années qui viennent. » Quelques heures en tant que Roi lui avait suffi à avoir une migraine face à tout le travail à faire. Thor serait bien occupé.

« Saluez-le pour moi si vous le voyez alors. Où pourrons-nous vous trouver ? »

« Je ne vois aucune circonstance où vous aurez besoin de me trouver. »

Stark lui avait expliqué ce que ferait Fury s’il le capturait. Un extra-terrestre ? Il serait enfermé et deviendrait un cobaye. L’idée qu’ils puissent tripoter ses organes après sa mort – sachant qu’il ne pouvait pas mourir et finirait par revenir, une source d’émerveillement morbide supplémentaire pour les scientifiques – l’horrifiait plus que le souvenir de ses précédentes tortures.

« Par simple précaution. »

« Alors vous me trouverez chez Stark, à essayer de ne pas me laisser convaincre d’aller sauver Midgard. » Le génie ricana, visualisant certainement la scène.

« J’ai quelques arguments intéressants. » L’allusion sexuelle ne lui échappa pas et il lui accorda un regard faussement mécontent pendant que quelque chose se réchauffait dans son ventre.

« Je compte sur vous. » termina Coulson.

« Vous pouvez. Il semblerait que j’ai promis d’être le Protecteur de cette planète contre les menaces extérieurs. J’espère que j’aurais votre coopération. »

« Ce serait un immense honneur, Prince. Laissez-moi juste quelques heures pour en parler au Directeur et traiter avec le Conseil. »

L’Agent s’excusa et prit congé. Dame Potts ne perdit pas une seconde pour se tourner vers eux.

« Ça fait combien de temps vous deux ? » Loki pouvait sentir la chaleur de la main posée au-dessus de ses reins à travers sa chemise, remontant jusqu’à son cœur. Stark s’appuya un peu contre lui, souriant à la CEO.

« Environ 2 mois. »

« Je suppose que c’est pour cette personne que tu gardais des secrets ? » Elle s’assit sur le canapé, son verre d’alcool en main et Loki admira un instant sa prestance.

Ils s’assirent à leur tour, après que l’homme leur ait servit un verre.

« Alors, comment vous vous êtes rencontrés ? D’après ce que je viens de voir, vous n’êtes pas d’ici, Prince ? »

« Vous pouvez m’appeler Loki. Je recherchais ma famille et j’avais besoin de l’aide de Stark. Il a gentiment accepté de m’aider et m’a sauvé la vie alors qu’un Roi essayait d’attenter à la mienne. Notre relation à évolué après ça. »

« Ta famille ? »

« Mes enfants plus précisément. Je viens d’un autre… d’une autre « planète » et je suis capable de manipuler la Magie. Quand j’ai révélé avoir plus de 3000 ans, c’était la vérité. »

La femme resta silencieuse un long moment après avoir siffler son verre d’une traite.

« D’accord. »

« D’accord ? » s’exclama Stark.

« Je te fais confiance. Si tu veux sortir avec un extraterrestre de 3000 ans, très bien. Temps que tu ne loupes par une réunion à cause de lui. » prévint-elle avec un regard menaçant.

« Promis ! »

« N’aillez crainte, Dame Potts, je veille à ce que Stark accomplisse ses devoirs. »

« Ce serait un soulagement. »

Le génie fit un bruit outré de la gorge, mais ne protesta pas, sentant sa défaite rapide. Loki et Pepper échangèrent un sourire de satisfaction, et le Mage apprécia leur complicité. Ils s’entendraient bien.

Mais plus il l’observait, plus il se demandait ce que Stark aimait chez lui. Il n’était pas une femme, il n’était pas grand, il n’était pas roux, il était sentimental et même parfois aveugle aux sentiments des autres.

Son compagnon dût sentir son trouble, car il lui prit la main après le départ de Pepper et glissa ses doigts dans ses cheveux.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Je vois bien que tu es perturbé. »

Loki hésita, mais choisit la carte de la sincérité.

« Je ne comprends pas pourquoi tu t’intéresses à moi. Par rapport à Dame Potts, je suis… »

« Loki. » 

Il le regardait maintenant droit dans les yeux, ses deux mains dans ses cheveux, un feu dans ses iris. Quand il réalisa qu’il ne se souvenait pas de la dernière fois qu’on l’avait regardé ainsi, des larmes s’amassèrent dans sa gorge.

« J’aime ton rire. »

Loki chassa les battements de cœur qui résonnait dans ses oreilles pour être sûr ne pas manquer un mot. Contre son torse, il pouvait sentir la Magie du mortel chanter.

« J’aime les mille nuances de vert dans tes yeux qui s’éclairent de Magie en fonction de tes sentiments. J’aime l’amour inconditionnel que tu portes à tes enfants, le fait que tu verses ton sang sans hésiter pour créer une barrière qui permettra à Sleipnir de courir à travers la plaine, les parties de « qui trouvera l’autre en premier » dans la forêt avec Fenrir, la manière discrète et attentionnée que tu as de faire en sorte que le nid de Jor’ soit le plus douillet possible, le fait que tu prennes toujours le temps de répondre aux questions de Cassiopée même si c’est la trentième en une heure. »

Il pleurait presque maintenant, tant son sourire était doux et ses mots étaient tendres. Si c’était cela l’amour de Tony Stark, alors il ne voulait jamais s’en séparer.

« J’aime le rougissement de tes oreilles quand Nyma te dispute et le plissement de ton nez quand tu n’aimes pas un aliment. J’aime ta façon de croiser les bras quand tu es vexé, quand j’utilise un énième surnom et que tu lèves les yeux au ciel. »

C’est Loki qui l’embrassa, goutant le fer et la noix de coco, l’amour sur ses lèvres et dans chacun de ses mots. Personne ne l’avait jamais aimé ainsi. Personne ne lui avait jamais parlé ainsi.

Stark glissa sa main dans la sienne pour venir la poser sur son Réacteur, sur l’objet qui le maintenait en vie. C’était la plus grande preuve de confiance qu’il n’avait jamais vue.

« Je ne te demande pas de m’aimer de la même manière que moi, Loki. Mais ne doute jamais, jamais, de mes sentiments. Je n’affronterais pas un Dieu cruel et surpuissant en face à face pour n’importe qui. Pas même pour Pepper. »

Comment un cœur si petit pouvait-il aimer autant ? C’était fou, c’était enivrant, c’était flamboyant.

Et le jour où Stark rejoindrait le Valhalla marquerait le jour du Ragnarök.

Quand ils rentèrent à la maison et que sa famille les accueillit, Loki sut qu’il n’y aurait plus jamais d’inquiétude, de douleur, de haine ou de folie.

Parce qu’il était heureux maintenant.

 

 

 

 



 

 

(1) Alfe : Elfe lumineux vivant à Álfheim. Ils sont souvent des esprits de l’air, de taille moindre que celle de l’homme et dotés de pouvoirs magiques.

(2) Plus encore que les crevettes : Il s’agit des crevette Rimicaris Exoculata, qui vivent jusqu’à 2000 mètres de fond (pas aussi profond que Jormungandr mais je n’ai rien trouvé de mieux que nous ayons découvert).

 

 

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