À Brooklyn

The Avengers (Marvel Movies)
M/M
G
À Brooklyn
author
Summary
À Brooklyn, rien ne se passe comme prévu.Voici comment Bucky et Steve sont devenus amis inséparables et comment cette amitié a surpassé le déni et le refoulementVoici aussi comment Steve a entamé sa carrière d'artiste, et comment Bucky est entré dans l'armée.Un Slowburn, de l'art, de l'Histoire, un quartier et des garçons sans pères, dans le New York de la Grande Dépression.
Note
Si je vais jusqu'au bout, de 1931 à 2023, cette histoire sera racontée en cinq parties avec tous les tropes qu'on aime : friends to lovers, ennemies to lovers, triangle amoureux, slowburn, memory loss etc.Mais pour le moment, nous sommes à New York pendant la Grande Dépression, et Steve et Bucky sont de tout jeunes adolescents.Il n'est pas nécessaire d'avoir vu aucun film pour la lire. Les parties suivantes seront davantage intégrées dans leur récit, je vais m'efforcer de les rendre cohérentes en elles-mêmes mais le but n'est pas de re-raconter la saga, plutôt ce qui se passe entre les scènes.Malgré les recherches que j'ai effectuées, si des éléments historiquement improbables demeurent, je recevrai volontiers vos remarques.En ce qui concerne le passé des personnages, j'ai mélangé les sources, entre le film et les comics.Bonne lecture à vous
All Chapters Forward

Chapitre 13

« Dégage, tu me talonnes, là !

- Mais tu vas te calmer, c'est le vent !

- Déjà que tu fous la honte, avec ton masque moche...

- Rha les frangins ÇA SUFFIT ! je regrette de vous avoir proposé de venir ! »

Les disputes de Mick et Rob qui leur ont cassé les oreilles tout l'été, ça n'avait pas manqué à Steve. Il ne savait pas qu'il était possible de se parler avec une verve si éhontée - bon, excepté peut-être à une canaille de la rue. Pourtant, à l'instant où Bucky en rabroue un, l'autre sort les crocs :

« Excuse-toi quand tu bouscules quelqu'un !

- Mais vas-y, t'es pas son père ! C'est Halloween, on est des diables, qu'est-ce que t'as pas compris !

- Mais ferme-la, toi, j'ai pas besoin qu'on me défende ! »

Bucky ferme les yeux et arme un soupir. Arnie pose une main compatissante sur son épaule.

« C'est comme ça. Tout. Le. Temps.

- Même à la maison, avec le big Barnes qui veille ?

- Ils ont appris à éviter ses oreilles : dans la chambre ça ne cesse jamais. Ils s'engueulent même en dormant.

- Je comprends que tu passes ton temps chez Steve.»

Les deux gamins sont déjà plus grands que Steve, alors qu'ils sont plus jeunes de deux et trois ans. Il piétine son dépit de son mieux : ça lui donne une excuse pour marcher sur les murets, sauter des escaliers sur le dos de Bucky. Arnie sourit sous son masque qui tient difficilement en place, giflé par une rafale. Il se souvient les avoir vus jouer ensemble dans la cour, en fin de primaire. Steve avait l'air déboussolé quand il est entré au collège où Bucky s'était fait des copains. C'est là qu'il a pu l'approcher. Il y a une foule de choses qui les accorde : le calme observateur, la curiosité, la bonne éducation. Mais au fond de Steve crépite une turbulence qu'Arnie ne possède pas.

Bucky la possède.

« Barnes ! »

Un groupe tapageur hèle Bucky. C'est la bande de Douglas, justement. « Trop classe... » soupire Rob. Bucky le fait taire d'une tape à l’arrière de la tête et accueille les gars qui beuglent dans le vent : « On est allés chez la vieille O'Malley, elle nous a donné du sucre candi ! », « La gouttière de Harrington devrait se souvenir de notre passage pendant quelques semaines... », « Le meilleur, c'est Cosgrave, son jus de pomme est si vieux, je te parie il y a de l'alcool dedans... Eh, Barnes, tu fais quoi, maintenant ?

- On va ramener les jeunes...

- NON ! hurlent Mike et Rob en chœur, avant de se donner des coups de coude.

- Et finir la soirée chez St... Où est-il ? » s'écrie Bucky en se retournant.

Mike et Rob haussent les épaules, leur duel pour paraître le plus cool possible est bien plus préoccupant.

« Il m'a dit qu'il allait regarder quelque chose, là-bas, hésite Arnie.

- Mais pourquoi maintenant ? » peste Bucky.

Oh, tu sais très bien pourquoi, Bucky.

« Bon, suivez-moi, tous. Je sais où il va.

- Bah, on comptait plutôt... commence Douglas.

- Ça va vous plaire. » grince Bucky.

Il avance de trois pas, conquérant, se retourne vers les petits frères. Ils le défient du regard. Oh, merde, on verra ça plus tard. En tout cas, la bande de Douglas est suffisamment intriguée car elle avance à sa suite. Ils sont cinq : Douglas et Walter qui sont dans sa classe, Glenn, Manny et Emmet, qu'il connaît du quartier grâce au basket. De très gros bras, des gars nerveux, qui n'aiment que l'action, des gars pas très loin de devenir des voyous à la Declan et Peter mais pour ce soir, ça m'arrange assez, parce qu'ils sont... Dissuasifs.

« Steve ROGERS ! » beugle Bucky en débouchant dans une rue.

Steve se retourne, battu de vent, le sourire malicieux. Une rafale le bouscule contre son ami venu à sa rencontre, leurs épaules se cognent, ça le fait glousser.

Électrique.

« Ton vélo est là, regarde ! »

Ils passent la tête au coin d'une boutique pour regarder. Par précaution, Bucky l'entoure de ses bras pour le retenir. Un gaillard mal déguisé en momie roule lentement en cercles crâneurs autour de trois camarades à pied. Steve se retourne, fait signe à Manny et Emmet de le prendre en embuscade à l'intersection suivante. Bien entendu, ils n'en comprennent rien, et Bucky est obligé de le leur répéter. Douglas s'appuyant sur sa tête pour épier, Steve se défend d'un coup de coude qui le chatouille à peine.

« C'est ton vélo, Barnes ?

- Steve, murmure Arnie, resté en retrait, qui tente de retenir Rob et Mike, tu veux pas laisser les gars se débrouiller ? »

Steve le fusille du regard, puis se retourne pour épier le voleur de nouveau, les bras de son ami toujours autour de lui.

« Qu'est-ce que tu fous, Rogers ? grommelle Douglas, serré contre eux.

- J'ai le hoquet.

- T'as les pétoches ?

- J'ai le HOQUET.

- Arrête de respirer, ça va passer.

- Je vais mourir ! s'effare Steve.

- Il est asthmatique, explique Bucky.

- Oh boy », soupire Douglas.

Un cri retentit : c'est Emmet, au bout de la rue, qui alpague le voleur. Il est masqué et brandit une batte de base-ball, sa silhouette menaçante se détache dans la lumière des lampadaires. Bucky surgit de l'autre côté du groupe d'adolescents, Steve le talonne, il hausse le menton, entre leurs carrures.

« C'est quoi ce bordel ? glapissent les gamins encerclés.

- On va faire vite, clame Walter. On sait que tu as volé ce vélo. Alors tu vas le rendre sans faire d'histoire. »

Le vent continue de battre. Les amis du coupable semblent indécis, mais pas pour longtemps. Ils choisissent sagement de ne pas moufter.

« BON TU BOUGES OU QUOI, LA ? » beugle Manny dans son dos.

Le gars sursaute. Il tente bien de se carapater en trois coups de pédale, mais ils sont deux à lui sauter dessus. Le vélo dérape, « Désolé, Barnes, il est rayé », le gars est projeté au sol, Douglas le saisit par le col.

« Non ! glapit Steve.

- Il t'a déboîté la face ! siffle Bucky.

- On frappe pas un homme à terre.

- Il s'est mis à terre tout seul. Hein, t'es tombé tout seul comme une merde ? »

Bucky s'approche et démasque brusquement le voleur. Il halète de peur, malgré son regard dur.

« Bien, maintenant sois sûr qu'on se souviendra de ta petite face de rat, et que t'as pas intérêt à trop la ramener dans le voisinage ! »

Les yeux du gars quittent les visages de ses agresseurs pour regarder Steve qui ramasse le vélo.

« Et surtout, t'as pas intérêt à le toucher à nouveau » gronde Bucky, frémissant de rage.

Il adresse un signe de tête à Douglas qui le relâche.

« Dégage !

-J'habite ici, gémit le gars.

- Va faire un tour en attendant qu'on soit partis ! »

Le gars déguerpit, la tête basse, entouré de ses amis mutiques qui le regardent de travers. Quand ils ont passé le coin de la rue, Emmet donne une grande tape dans le dos de Steve.

« Allez, tous chez Rogers pour fêter ça ! Ça m'a donné faim !

- Mais euh... balbutie Steve.

- On va ramener mes frères déjà.

- Non ! » protestent Rob et Mike, en se donnant un coup de coude.

Mais ils sont bien obligés de moins protester en arrivant devant le big Barnes. Ils geignent pour la forme, un petit « C'est pas juste », un « Vivement qu'on ait quatorze ans », et c'est fini, la porte se referme. Bucky se tourne vers Steve : ça va ?

Oui oui.

Il espère que les gars auront oublié de les attendre en bas, qu'ils plaisantaient en disant qu'ils allaient venir chez lui.

Mais ils sont toujours là, à saluer Mike et Rob à la fenêtre en leur racontant des sottises.

Ça va aller, murmure Bucky.

Oui, ça va aller. Ce sont des gars sympas, du moment qu'on leur donne quelqu'un sur qui taper.

« La vache, c'est petit, ici.

- Ouais, ben à la taille de Rogers, hinhin. »

Steve se tord les mains. Ils ont jeté les coussins par terre, s'assoient sur le canapé, renversent toutes leurs friandises par terre pour mieux partager.

« Viens, Rogers ! Fais comme chez toi. »

Steve fait une grimace. Bucky passe une main sur son épaule. Il lève la tête vers lui, vers ses yeux bleus même dans la pénombre, son front dont il sent la chaleur descendre sur lui. Bucky sourit, articule silencieusement : merci. J'ai rien fait, dit le sourcil haussé de Steve. Mais Bucky l'étreint plus fort un instant et l'emmène s'asseoir par terre, parmi les autres. Le vent continue de siffler dehors, la radio crachote, le sucre colle aux dents. Les gars se moquent d'histoires d'épouvante un peu graveleuses, taquinent Steve qui est trop jeune pour ça, et se retirent à minuit, au grand soulagement des voisins.

« C'était cool Rogers. Tu nous rappelles si tu as d'autres bons plans de soirées comme ça, on aime bien. »

Cette fois, quand il voit que Steve est malade le lendemain, Bucky ne quitte pas l’appartement.

« Va te recoucher, punk. »

Steve se drape dans sa dignité, trébuche sur la couverture qui traîne par terre et retourne se fourrer au milieu des coussins et matelas qu'ils ont entassés la veille. Bucky se rassoit près de lui, chargé de café, de crackers et glisse entre eux la bouillotte de fer blanc enveloppée dans un torchon. Ils parcourent une revue, écoutent la fin d'un match de base ball à la radio et mettent au point leur future émission à succès, les pieds glacés de Steve collés dans le creux des genoux de Bucky. La conversation s'éteint doucement. Steve s'est assoupi, la tête sur son épaule. Sa poitrine se soulève silencieusement, longues vagues sereines et pourtant, je connais l'océan qui étouffe en-dedans. Ses cheveux blonds, fins comme un duvet d'oisillon, ombrent à peine ses paupières agitées, aux marbrures gorgées d'électricité violette. L'or de l'été est déjà loin. Bucky le regarde, étourdi par la somnolence, par la chaleur insoupçonnée qui pèse sur son épaule et irradie dans sa poitrine. Dans son ventre gronde la même tendresse que lorsqu'il veille sur Donald, sauf que Steve est moins ennuyeux que Don, et bien plus intriguant. Qu'il ne s'en lasse jamais. C'est peut-être comme entre Mick et Rob, sauf qu'il n'a jamais envie de lui crier dessus. Sauf qu'il y a une profonde, très profonde inquiétude qui s'agite sans jamais le laisser en paix, quand il pense à Steve. Il presse sa joue sur sa petite tête brûlante, un instant. Puis, avec un sourire gêné pour lui-même, il se dégage prudemment.

« A demain, Bucky, murmure-t-il.

 

- A demain. »

 

Forward
Sign in to leave a review.