
L'important c'est le planté du bâton
Niché au creux des montagnes enneigées, le chalet des Kiramman semblait sorti tout droit d’une revue de luxe. Sa structure rustique en bois noble s’intégrait parfaitement au paysage. L’emplacement ne pouvait être plus parfait : à quelques pas des pistes les plus hautes et les plus prisé de la station.
Dès l’entrée, une imposante porte en bois sculpté accueillait les visiteurs. Des motifs délicats y racontaient l’histoire et l’héritage de la famille Kiramman. A plusieurs endroits de la bâtisse, le logo familial trônait fièrement, gravé dans la pierre ou brodé sur des tentures. Caitlyn se souvenait parfaitement de ce lieu, un cadeau de mariage de sa famille pour ses parents. Enfant, elle y avait passé de nombreux hivers mais avec le temps, l'emploi du temps de plus en plus pris par le conseil ne permettait pus de venir se retirer et le chalet avait été déserté.
Pourtant, contrairement au manoir austère de Piltover, ce chalet était chaleureux. La pièce principale s'articule autour d’une immense cheminée en pierre brute. Le feu crépitait joyeusement, projetant des ombres dansantes sur les gigantesques canapés recouverts de fourrures et de coussins moelleux qui semblaient inviter à s’y lover, ce que fait immédiatement Viktor livre en main. A côté, une grande table en bois massif était déjà dressée par les soins des domestiques Kiramman, prête à accueillir le groupe. Mais le véritable joyau de la pièce était l’immense baie vitrée qui s’étendait sur toute la longueur du mur. A travers elle, un panorama à couper le souffle s’offrait aux yeux : les cimes enneigées baignées par la lumière dorée du soleil couchant. Pas un voisin en vue, ce pan de montagne semblait leur appartenir à eux seul. Face à cette vue, Caitlyn ce sentier incroyablement petite et seul malgré ces compagnons non loin d’elle.
A l’étage, les chambres rivalisaient de raffinement. Chaque pièce était un cocon de bois, décoré avec les plus beaux tissus et des fourrures luxueuse. Vi, peu habitué à tant d’opulence avait du mal à s’y faire. Même la chambre de la gouvernante était un écrin de confort avec des draps de soie et une couette en plumes d’oie.
- Sérieusement ? Même le lit de service est plus confortable que tout ce que j’ai connu, marmonna Vi, vaincu, en s’effondrant sur le matelas moelleux de sa suite.
Pour une Zaunienne qui avait grandi dans les failles et dormi à même le sol de Stillwater pendant sept longues années, ce luxe avait tout de l’insulte.
Dans les suites principales, les lits immenses étaient habillés de soieries ioniennes et de couvertures en cachemire. Les salles de bain attenantes, revêtues de marbre blanc et de bois poli, étaient équipées de baignoire, offrant une vue imprenable sur les montagnes tout en préservant l’intimité.
Chaque chambre avait également sa propre terrasse privée où un jacuzzi fumant attendait patiemment ses occupants. Les seuls voisins ? Les oiseaux qui venaient se poser sur les balustrades enneigées.
Le dernier étage du chalet abritait un spa privatif intérieur. A travers une verrière panoramique, les étoiles semblaient à portée de main. Lorsque la nuit tombait, des lanternes diffusaient une lumière douce transformant l’endroit en un véritable havre de paix.
- Si Jinx est bien décidé à faire sauter cette station, vous ne m’en voudrez pas si je profite des bienfaits ressourçant de ce spa avant qu’il n’explose, plaisanta Mel, une tasse de thé à la main, en découvrant la pièce.
Tandis que Mel s’installait confortablement et que Viktor se plongeait dans un livre tout en sirotant un chocolat chaud, une scène bien différente se déroulait sur les pistes enneigées. Jayce, enthousiaste comme un enfant à Noël, avait réussi à convaincre Vi d’essayer le ski, malgré ses protestations.
- Allez, Vi, tu ne vas pas passer tout ton temps à râler. Je te parie que tu vas adorer, lança-t-il en lui tendant une paire de skis flambant neufs avec un sourire éclatant.
Vi attrapa les skis, les tenant comme si elle n’avait jamais vu un tel équipement de sa vie. Son regard sceptique passa de Jayce à Caitlyn, qui déjà prête et équipée, lui adressa un sourire encourageant.
- Je sais que ça à l’air intimidant au début mais c’est plus simple que ça en à l’air. On commence doucement, promit Caitlyn.
Vi haussa un sourcil. Pour elle, le ski n’était rien d’autre qu’un passe-temps réservé aux riches. La seule descente qu’elle ait jamais empruntée était la montagne de déchets, la réceptionner à la fin du passage-secret par les égouts. Mylo en faisait encore des cauchemar, pleurant toujours son chemiser blanc. Si elle était totalement honnête, Vi trouver l’adrénaline de la descente grisante alors pourquoi pas, la neige à l’avantage de pas empester.
- Ça ne doit pas être si compliqué, marmonna-t-elle en attachant ses fixations.
Dès qu’elle se mit debout sur ses skis, la réalité frappa Vi de plein fouet. L’équilibre qu’elle prenait tant pour acquis semblait lui échapper. Ses genoux tremblaient légèrement et ses bras s’agitaient pour tenter de compenser sa posture maladroite.
- Pourquoi j’ai autant de mal à tenir debout, grogna-t-elle en essayant de garder son calme.
- Fléchis un peu les genoux et appuie tes jambes sur l’avant de ta chaussure puis met tes ski en V, ça va te stabiliser, dit Caitlyn d’un ton patient.
Mais dès qu’elle commença à avancer, la catastrophe se profilait déjà à l’horizon. Au lieu de glisser doucement, Vi partit en ligne droite, incapable de freiner ou d contrôler sa trajectoire. Ses bras battaient l’air comme si elle essayait de voler.
- Freine Vi ! Freine avec un chasse-neige ! Cria Jayce en essayant de la suivre.
- C’est quoi, un chasse-neige ?! Répliqua la combattante, juste avant de heurter un tas de neige sur le bord de la piste.
Le chaos fut spectaculaire, projetant une gerbe de poudreuse dans les airs. Vi, ensevelie jusqu’à la taille, s’extirpa en grognant, les cheveux et les vêtements couverts de neige. Malgré cet échec cuisant, Vi refusa de se laisser abattre. Elle se remit debout, les mâchoires serrées et ajusta ses skis avec détermination.
- Aller, on lâche rien ! Lança-t-elle, plus à elle-même qu’à ses amis.
Jayce et Caitlyn échangèrent un regard amusé mais impressionné par sa ténacité. Mais chaque nouvelle tentative semblait empirer les choses. Vi essayait sincèrement de suivre les conseils qu’on lui donnait mais son corps refusait de coopérer. Elle vacillait à chaque mouvement, ses skis s'entrecroisent régulièrement et ses chutes étaient inévitables.
- Pourquoi, ça à l’air si facile pour vous, vous pourriez faire au moins semblant de galérer un peu, grogna-t-elle après une énième chute, cette fois en plein milieu de la piste.
- Parce qu’on ne combat pas la neige, on la chevauche avec souplesse, répondit Caitlyn en souriant doucement.
Vi, allongé dans la neige, regarda Caitlyn comme si elle venait de parler une langue étrangère.
- Souplesse… ? Tu parles à une montagne de muscles qui fracasse des mâchoires au petit déjeuner, Cait. Pas à une danseuse étoile, pouffa Jayce.
Les chutes s’enchaînèrent mais Vi refuse d’abandonner. Chaque fois qu’elle tombait, elle se redressait, serrant les dents malgré la douleur et la fatigue. Jayce, bien que amusé par ses maladresses commençait à remarquer la frustration grandissante de son amie.
- Hé, Vi, tu sais que c’est censé être amusant. Dit-il, tentant de détendre l’atmosphère.
La rousse leva un regard noir vers lui, les joues rougies par l’effort et le froid.
- Amusant ? AMUSANT ! Je suis trempée, gelée et j’ai l’impression que mes jambes ne m’appartiennent pu. C’est sur que là je suis au summum un de l’éclate Jayce !
A la fin de la journée, Vi réussit enfin à descendre une petite pente sans tomber bien que son style laisse encore à désirer. Lorsque ses ski s’arrêtèrent finalement, elle leva les bras en signe de victoire, un sourire éclatant sur le visage.
- Vous avez vu ça ?!
Jayce applaudit bruyamment, un sourire malicieux sur le visage avant d’ajouter à voix basse à Caitlyn.
- Tu lui dit maintenant ou tu attend encore un peu avant de lui dire que cette pente n'est même pas une piste.