
Elenei
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Retenant un juron, Elenei porta son doigt ensanglanté à sa bouche. La broderie c'était loin d'être évident, et c'était à présent son lot quotidien. Sous la surveillance se Septa Mirabelle, elle devait faire beaucoup de broderie, elle devait aussi prier les Sept, se comportement dignement et modestement... C'était particulièrement pénible pour Elenei, et une vie très différente de ce à quoi elle était habituée. Être une princesse était certainement bien plus compliqué que ce qu'on pouvait croire. Et elle ne disait pas simplement ça parce qu'elle n'aimait pas la broderie, quoique ça jouait un rôle, surtout vu que c'était l'activité qu'elle devait pratiquer le plus.
Elle avait d'autres leçons bien sûr, mais Septa Mirabelle était une fervente brodeuse et elle attendait un travail exemplaire de la princesse. Elenei devait très souvent se mordre la langue pour ne pas jurer ou même pour ne pas lui dire exactement ce qu'elle pensait. Elle avait l'image d'une enfant sérieuse, polie et bien éduquée, elle ne pouvait pas la perdre. L'image était très important, ça elle l'avait appris très jeune, auprès des Dursley, une leçon qu'elle n'avait jamais oublié d'ailleurs même chose pour la réputation.
Son image, ainsi que celles de Steffon, de Joffrey, de Myrcella et même de Tommen, allaient être très importantes dans le futur. Surtout vu les images de leur père, Robert, de leur mère aussi d'ailleurs qui n'était pas particulièrement aimée ou appréciée, mais surtout de leur grand-père Tywin Lannister. L'homme le plus craint de Westeros, il était également haï par le peuple de Port-Réal, ce qui était compréhensible vu le Sac fait par les armées Lannister à la fin de la Rébellion.
Néanmoins c'était problématique pour leur famille, particulièrement vu qu'ils vivaient à Port Réal, entourés donc par des gens qui ne les aimaient guère. Âgée de sept ans, bientôt huit, Elenei essayait de changer les choses, en ordonnant à ce que les restes des repas du palais, soient livrés aux orphelinats. Aidée par Septa Mirabelle, elle avait pu faire quelques petites choses pour les plus pauvres de la Cité, mais elle était encore très jeune physiquement et ça ne lui facilitait pas les choses. Surtout vu que sa mère était extrêmement protectrice et refusait d'entendre parler d'une visite dans les rues de Port-Réal, même si Elenei était accompagnée par un grand nombre de soldat, Cersei refusait.
Le problème majeur d'Elenei, en dehors de son âge physique, ce n'était pas le manque d'idée, elle en avait plein, mais c'était le comment les réaliser. Ou quelles idées étaient les plus importantes et donc prioritaires. Elle avait de grands projets mais elle ne savait pas comment faire pour les appliquer, ou même si les gens accepteraient ses idées. Il fallait y aller en douceur, les gens n'aimaient pas forcément le changement.
Et aussi qu'est-ce qui était le plus nécessaire pour aider le peuple de Port-Réal et de Westeros ? De quoi avaient-ils le plus besoin ? Qu'est-ce qui était le plus urgent ? Steffon devait faire face à un problème similaire, quoiqu'on l'écoutait déjà plus vu qu'il était un garçon, et le prince héritier. Peut-être que cette visite à Castral Roc aiderait.
Leur grand-père avait de nombreux défauts, comme tout le monde d'ailleurs, sauf que les siens et bien ... Il ne les considérait pas comme des défauts et Elenei était assez d'accord avec lui. Il était simplement prêt à tout pour obtenir ce qu'il voulait, à savoir élever le nom Lannister et avoir son sang sur le trône. Si elle n'avait guère d'intérêt dans l'importance du nom Lannister, la même chose ne pouvait pas être dite sur le trône de fer. Elle n'avait aucun désir de s'asseoir dessus, elle n'éprouvait aucune jalousie quand au fait que c'était l'héritage de Steffon et qu'il deviendrait un jour roi. Bien au contraire d'ailleurs, les feux de la rampe, très peu pour elle. Non, la raison pour laquelle elle était intéressée par le trône de fer, c'était qu'elle était prête à tout pour s'assurer que Steffon puisse y poser ses fesses et y rester assis pendant longtemps.
Parce qu'elle savait, grâce à ses connaissances d'avant et les leçons qu'elle recevait en tant que princesse, que perdre le trône était dangereux pour la santé. Il n'y avait qu'à penser à ce qui était arrivé aux Targaryens. Viserys et Daenerys Targaryen étaient en fuite, sans beaucoup d'aide, et s'ils étaient une menace éventuelle pour sa famille à elle, pour le moment ils peinaient surtout à survivre.
Elenei n'avait pas la moindre envie que cela se produise à nouveau pour leur famille. Elle n'était pas aussi pragmatique que leur grand-père, ou aussi prête à tout, mais peut-être qu'elle devrait l'être. Afin de protéger sa famille.
"Lei, ça va ?" demanda Joffrey, la sortant de ses pensées.
"Ça va Joff, ne t'inquiète pas." répondit Elenei, souriant instinctivement à son petit frère.
Ou plutôt à un de ses petits frères vu que sa mère avait donné naissance à un autre petit garçon il y a quelques mois de ça, Tommen. Ils étaient cinq dans leur fratrie à présent, Steffon et elle, puis Joffrey, ensuite Myrcella son adorable petite sœur, et enfin le petit dernier.
Elle les adorait profondément tout les trois et faisait en sorte de passer du temps avec chacun d'entre eux, tout comme Steffon d'ailleurs. Non que c'était très difficile à faire avec Joffrey, il les suivait depuis qu'il savait marcher, et Cella essayait de faire pareil même si elle n'avait que quatre ans. Son anniversaire ayant été célébré au début de cette stupide rébellion.
Westeros était divisé en plusieurs régions, les deux plus problématiques pour la famille royale étant Dorne, tout au Sud du continent, et les Îles de Fer. Si la situation avec Dorne était compliquée à cause de la guerre qui avait renversé les Targaryens et les actions d'alors. Comme les meurtres de la princesse Elia et de ses deux enfants. La princesse Elia étant la sœur du Prince Régnant de Dorne...
Les problèmes avec cette région étaient donc très compréhensibles, une guerre avait été évité grâce aux négociations entre leur grand-père adoptif, Jon Arryn, et le prince Doran Martell. La seconde région problématique n'avait pas cette excuse. La culture Fer-née était très ... brutale et sanguinaire, ainsi que plus qu'un peu barbare. Leur culture était tournée sur leur religion pour le dieu Noyé, qu'ils honoraient en pillant, violant et tuant des gens. Ils avaient toute une idée concernant la place des femmes, avec les femmes sels et les femmes rocs. Les femmes rocs étant des femmes appartenant également à la culture des Fers-nés tandis que les femmes-sel étant des femmes qu'ils capturaient lors de leurs raids. Ils croyaient au principe du Prix de Fer, ce qui voulait dire que les seuls bijoux qu'ils portaient, étaient ceux qu'ils prenaient aux gens qu'ils tuaient.
Pour une raison qui lui échappait totalement, les Fer-nés avaient choisi de se rebeller contre le Trône de Fer, en se proclamant royaume indépendant. Bien sûr ils n'avaient pas fait que ça, ce serait bien trop simple, non ils avaient aussi lancé des attaques sur les régions proches des îles de Fer. A savoir le Bief, les Terres de l'Ouest, les Conflans et le Nord. Bien évidemment la situation étant grave, ils devaient réagir, c'était pour cela qu'ils étaient en train de se rendre à Castral Roc, le siège de la maison Lannister. Et le lieu où les armées allaient se réunir afin de lutter contre les Fer-Nés.
Bien sûr il n'était pas question de concentrer toutes leurs forces en un seul lieu, ce serait stupide, surtout vu que les Fer-nés se déplaçaient par navire et pouvaient donc mener des attaques sur plusieurs fronts. Néanmoins les seigneurs de Westeros devaient se réunir pour organiser la contre-attaque et au vu de la position géographique, Castral Roc avait été choisi comme lieu idéal.
"J'aimerai bien être dehors avec Stef." râla Joffrey, une moue sur le visage.
"Steffon devrait être ici, avec nous." contra leur mère, ses lèvres pincées. "Plutôt que de risquer ainsi sa vie dehors."
"Il est l'écuyer de Ser Barristan, sa place est auprès de lui." pointa Elenei. "Et père le voulait avec lui pour le voyage."
Elenei avait parfaitement conscience que ses parents se détestaient mutuellement et n'avait pas souvent hésité à s'en servir à son avantage, surtout pour obtenir ce qu'elle voulait de son père. Comme pouvoir sortir du Donjon Rouge, ou faire des balades à cheval, bien sûr elle devait être accompagnée par des hommes armés, toujours protégée, mais elle avait pu obtenir un peu de liberté ainsi. Leur père appréciait chaque moment où elle montrait un côté un peu plus libre ou sauvage, nul doute que ça lui faisait penser à la défunte Lyanna Stark...
Quand à Steffon, le roi appréciait de voir son fils aîné travailler dur pour une existence plus militaire, Robert Baratheon était un guerrier et c'était quelque chose qu'il appréciait retrouver chez ses fils. C'était Steffon qui avait demandé à Ser Barristan de devenir son écuyer, deux ans auparavant, le chevalier de la Garde Royale avait refusé, disant qu'il était encore trop jeune, qu'il n'était pas prêt. Son jumeau néanmoins avait été déterminé et il s'était entêté, et au final Ser Barristan avait cédé, après plusieurs semaines, et après avoir obtenu l'accord de leur père. La position de la Reine avait été bien connue, elle était extrêmement protectrice après tout mais leur père avait été enthousiaste, bien qu'un peu déçu que Steffon ait choisi l'épée plutôt que le marteau.
Leur mère avait détesté chaque moment depuis que Steffon était devenu écuyer, estimant qu'il était bien trop jeune et qu'il devrait rester auprès d'elle. Mais il avait tenu bon, et au plus grand dam de leur mère, Joffrey voulait à présent suivre ses traces et devenir également écuyer.
Leur mère était furieuse depuis et le sujet était glissant, quoique c'était surtout à Ser Barristan et à leur père qu'elle en voulait, chose qui n'avait rien d'inhabituel. Surtout pour le second, les relations entre leurs parents ne s'arrangeaient certainement pas au fil des ans. Le roi et la reine avaient des idées bien différentes concernant l'éducation de leurs enfants et que Steffon était devenu un écuyer à l'âge de six ans passé, pas encore tout à fait sept, était un gros sujet de tension. Il était plus courant que les garçons deviennent écuyer autour de leurs dix ans après tout, et même si Steffon avait été à l'époque, aussi grand que certains jeune de dix ans, il ne les avait pas. Aujourd'hui il était plus grand encore, non que c'était réellement surprenant, leur père faisant près de deux mètre, et c'était de famille vu que leur oncle Stannis était de la même taille. Les Lannister étaient un poil plus petit, leur oncle Jaime faisant aux environs d'un mètre quatre-vingt, Steffon avait de quoi tenir vis à vis de sa taille.
Enfin bref, cela faisait plus de deux ans maintenant que leur mère était contrariée vis à vis de la situation, la fillette aux épais cheveux noirs doutait que ça allait changer de sitôt. Surtout avec les demandes de Joffrey qui restait déterminé à être écuyer à son tour. Il avait certes un an et cinq mois de moins que les jumeaux, mais il voulait faire comme eux.
Elenei n'avait aucune intention de s'interposer plus qu'elle ne le faisait déjà en distrayant, occasionnellement, l'attention de son jumeau. Elle allait surement devoir faire la même chose bientôt concernant Joffrey. Peut-être que si son petit frère demandait à Oncle Jaime de devenir son écuyer, leur mère réagirait mieux... Il était membre de la garde royale, jumeau de sa mère, un redoutable combattant même si sa réputation n'était pas terrible. Les gens ne cessaient de l'accuser d'être le Régicide, alors qu'il avait tué un fou dangereux...
Elle ne comprendrait sans doute jamais l'importance de l'honneur pour certains. Elle comprenait l'importance de tenir sa parole, de respecter ses promesses mais il y avait des limites...
"Il est mon fils, sa place est auprès de moi." rétorqua Cersei, son ton très contrarié.
Non que ça surprenne réellement quiconque à bord du carrosse, la reine était d'une humeur massacrante depuis la destruction de la flotte des Lannister par les Fer-nés. Il avait toujours été très clair que sa mère était particulièrement fière de son héritage et de sa famille de naissance, des Lannister. Ça avait été le sujet d'une des nombreuses disputes entre leur mère et oncle Stannis d'ailleurs, le fait que leur mère insistait pour qu'ils aient des leçons tant sur la famille Baratheon que sur celle Lannister.
Alors le fait que les Fer-nés aient réussi à détruire la flotte de la maison Lannister en plus des dégâts de Port-Lannis, ainsi que ceux qui avaient été tué, ou celles qui avaient été enlevé... Ça restait dans la gorge de sa mère, surtout le premier point d'ailleurs vu que ça prouvait que les Lannister n'étaient pas tout puissants ou invincibles. C'était un affront aux yeux de Cersei et elle réagissait très mal en conséquence, son humeur étant plus exécrable que de coutume.
Elenei savait bien sûr que sa mère l'aimait, qu'elle aimait chacun de ses enfants, particulièrement Steffon et Joffrey d'ailleurs. Ses deux premiers garçons. Nul doute que si Steffon et elle avaient les cheveux blonds de leurs frères et sœur, leur mère les aimerait beaucoup plus. Mais ce n'était pas le cas, ils tenaient de leur père, pour sa plus grande satisfaction d'ailleurs. Lorsque le roi passait du temps avec ses enfants, c'était surtout avec Steffon et Elenei. Non qu'il leur accordait beaucoup de temps, plus préoccupé par ses parties de chasses, par les tournois, par la boisson et les femmes...
Donc oui, Elenei savait que Cersei les aimait, tout les cinq, tout comme elle ne savait que trop à quel point elle était protectrice, et possessive, à leur sujet. Mais ça ne changeait pas le fait que même eux n'étaient pas exempt de la fureur de la reine. Et elle n'avait pas du tout envie de la provoquer d'avantage alors qu'ils étaient dans un espace clos, qu'elle n'allait pouvoir fuir pendant encore plusieurs heures, et plusieurs jours.
Le trajet entre Port-Réal et Castral Roc n'était pas le plus long, les trajets lors de leurs visites aux Terres de l'Orage duraient bien plus longtemps, mais ce n'était pas une raison pour provoquer la colère de sa mère. C'était suffisamment long comme ça. Posant son ouvrage, elle en avait plus qu'assez de la broderie, elle attrapa un livre à la place. C'était un cadeau de son grand-oncle Gerion, qui faisait souvent des voyages dans les Cités Libres d'Essos, il lui avait offert cet ouvrage à son dernier retour, un livre sur les légendes du lointain Empire de Yi-Ti.
La première fois qu'elle avait commencé à le lire, Steffon, Joffrey et Myrcella étaient avec elle, et c'était devenu un de leur rituel, qu'elle lise un chapitre à voix haute lorsqu'ils étaient réunis. Dorénavant ils s'installaient dans la nursery, auprès de leur petit frère Tommen pour l'impliquer même s'il était encore trop petit pour comprendre. Il n'avait pas six mois après tout, mais il souriait quand même en entendant sa voix et c'était toujours agréable.
Certes Steffon n'était pas là, il était dehors, sur son cheval, un cadeau de la part de Jon Arryn deux ans auparavant, mais il pourrait le lire plus tard, ou elle le lui lirait s'il insistait. De toute façon c'était lui qui était absent et il était clair que Cella et Jof avaient besoin d'une distraction et d'un changement d'activité. Alors elle ouvrit le livre là où elle s'était arrêté la dernière fois et se mit à lire.
Castral Roc était certainement très différent des châteaux qu'elle avait vu jusque là.
Pour toutes les leçons qu'elle avait eu concernant les Lannister, et les descriptions qu'elle avait lu et entendu concernant la demeure des Lannister, c'était très différent de le voir en vrai. Ce n'était pas forcément plus grand que le Donjon Rouge, mais certainement plus imposant, surtout avec la Bouche du Lion qui marquait l'entrée de la forteresse.
Non que l'intérieur était moins impressionnant, avec les statues, les tapis, les tapisseries et partout d'autres signes de richesses. Le tout dans des couleurs rouges et or, Elenei avait l'impression de retourner dans la tour Griffondor, quoique ça n'avait pas été aussi ... criard ou cher.
Elle avait du s'habituer à une certaine luxure en tant que princesse, le Donjon Rouge ne manquait de rien et avec tout ce qu'elle recevait comme cadeau ... Tapisserie, bijoux, peintures, beaux vêtements, poteries, statuettes... Mais ce n'était pas comparable à cet endroit, quoique ça expliquait probablement certains comportements de sa mère.
Grand-père avait été fou furieux, et il n'était pas le seul dans ce cas, tout les Lannister étaient furieux concernant la destruction de la flotte et les dégâts subis par Port-Lannis. Les Fer-Nés n'étaient pas particulièrement apprécié auparavant ici, mais à présent ils étaient haïs. Au vu de l'expression de Grand-père, elle ne savait pas si elle devait espérer ou non que Balon Greyjoy ne tombe entre ses mains, ou entre celles de père.
Enfin bon, ce n'était pas comme si elle pouvait y faire quoique ce soit, ou même assister aux conseils de guerre. Steffon y assisterait en revanche, quoiqu'il n'était pas question qu'il aille au combat, elle lui poserait des questions après les conseils. Néanmoins elle avait autre chose de prévu ce soir, elle avait assisté au banquet bien sûr, et elle avait rarement vu son père aussi plein de vie et enthousiaste.... IL avait clairement besoin d'une guerre, aussi étrange que ça puisse paraître pour elle.
Non, après le banquet elle s'était donc rendue dans la chambre préparée pour elle, Silvia Clegane l'avait aidé à se laver et se changer. Elle pouvait le faire toute seule, mais elle n'était pas supposée le faire et puis c'était une bonne occasion pour la jeune femme de lui faire un rapport sur ce qu'elle avait entendu. Au cours du voyage et depuis leur arrivée à Castral Roc, en milieu de mâtinée.
Elenei avait appris une chose dans sa première vie, et ça n'avait fait que se renforcer depuis sa ... renaissance dans ce monde. Tout le monde avait un prix, d'une manière ou d'une autre. Lucius Malefoy avait voulu la gloire et le pouvoir pour sa famille, à n'importe quel prix. Au contraire de sa femme, Narcissa, pour qui la vie de son fils n'avait pas eu de prix. Quitte à sacrifier son mari en livrant tout ses petits secrets, ça lui avait aussi permis de s'en sortir pour elle, mais ça n'avait pas été son objectif premier, de ça Elenei en était certaine.
Les choses étaient à la fois très différentes et assez similaires dans ce monde. La loyauté du sang avait bien plus d'importance que ce qu'elle avait vécu la première fois. Oncle Stannis en était la preuve vivante, et elle en était admirative, ainsi qu'agacée, vu que le roi ne lui témoignait d'aucune gratitude. Son oncle grinçait des dents, mais il continuait à être loyal, c'était assez étrange à ses yeux.
Mais le sang ne faisait pas tout, Sandor Clegane en était là aussi la preuve vivante, tout en étant également une preuve du point précédent. Il voulait la mort de son frère aîné, Gregor, dit la Montagne, un véritable monstre. Mais un monstre qui était sous la protection de Tywin Lannister, pour une raison qui échappait à Elenei, certes l'homme était cruel et dangereux mais pourquoi au juste son grand-père choisissait-il de le protéger ainsi ? Il aurait été bien plus à son avantage de le livrer aux Martell, ça aurait arrangé sa réputation, et la leurs par la même occasion...
Enfin passons, vu que Sandor voulait la mort de Gregor, il avait besoin d'un appui plus élevé que celui de Tywin Lannister, à savoir la Couronne. C'était en tout cas une de ses raisons pour venir au tournoi et y participer afin de devenir le bouclier-lige du prince héritier. Il était donc facile de deviner que pour s'assurer de la loyauté de Sandor, il suffisait de lui donner la permission de tuer Gregor. Néanmoins Gregor vivait toujours, et Sandor leur était loyal, parce qu'ils avaient choisi de l'aider à protéger sa sœur Silvia, âgée à présent de quatorze ans, qui avait été défigurée par un coup de poing de Gregor. Et qu'ils avaient aussi fait venir Elise, la fille de Gregor, à la capitale, cette dernière n'avait que cinq ans, mais elle n'avait eu nulle part d'autre où aller. Sa mère étant morte en donnant naissance à un enfant mort né.
Ayant appris que sa sœur Silvia avait été blessé, Sandor leur avait demandé leur aide et ça avait été très facile d'accepter. Très facile mais aussi très bénéfique, âgé d'à présent 18 ans, Sandor était déjà plus grand que Robert et Stannis, il était aussi un redoutable combattant. Et à présent il leur était dévoué, même chose pour Silvia qui leur était très reconnaissante et qui donc lui était loyale. Elenei avait parfaitement conscience que la majorité de ses servantes faisaient des rapports à d'autres, et elle apprenait progressivement à qui. Ce n'était pas le cas avec Silvia, elle pouvait lui faire un peu confiance, se détendre en sa présence et compter sur elle pour obtenir des informations. La jeune fille brune était très compétente.
De plus Cella appréciait beaucoup Elise, et vu que sa petite sœur n'avait pas beaucoup de contact avec des jeunes de son âge, Elenei était heureuse de les voir ensembles.
En dehors de Steffon, les deux Clegane étaient les seuls au courant de certaines de ses activités. Comme le fait qu'elle se déplaçait très souvent dans les passages secrets du Donjon Rouge, crées à la demande du roi Maegor Targaryen, qui avait par la suite tué les architectes. Brutal mais efficace et logique vu qu'il avait eu beaucoup d'ennemis, et donc beaucoup de gens qui auraient payé un gros prix pour en apprendre plus sur les passages secrets.
Sandor avait été souvent utile pour ouvrir des portes qui étaient bloqués, dû à la rouille ou au manque de clé parfois.. Il avait aussi été très utile pour ramener le coffre qu'elle avait découvert dans une pièce secrète. Un coffre contenant des affaires venant sûrement de Valyria, au vu de l'écriture des ouvrages et des objets stockés dedans. Comme des chandelles de verres, identiques à celles de la Citadelle, enfin elle le pensait au vu des discussion qu'elle avait dû subir avec Mestre Pycelle pour confirmer discrètement sa théorie.
Elle devait se méfier de cet homme, il était beaucoup plus intelligent qu'il ne s'en donnait l'air, et attentif en plus. Certes il reportait surtout à Mère et à Grand-père, mais on ne savait jamais. Et puis elle ne voulait pas qu'ils sachent pour tout non plus, surtout pas pour sa magie. Dans leur précédente vie, ils ne s'étaient pas vraiment spécialisé dans la magie sans baguette, et s'ils pouvaient toujours sentir la magie en eux, c'était différent.
Depuis leurs sept ans, c'était devenu un peu plus fort, Steffon voyait parfois des fantômes... Pas elle, et très égoïstement, elle était soulagée de ce fait, au vu de l'histoire du Donjon Rouge, il devait y avoir un tas de fantôme.... Ce qu'ils avaient en commun en revanche, c'était une magie concernant les flammes, elles ne les brûlaient pas déjà mais ils les sentaient et pouvaient parfois les bouger. Un petit peu, rien d'extraordinaire mais c'était déjà ça. De plus ce n'était pas comme s'ils pouvaient souvent s'entraîner vu le secret de leurs agissements.
La magie de ce monde était différente de celle de l'ancien, plus léthargique peut-être... En tout cas Elenei espérait pouvoir apprendre à se servir de cette chandelle, une des trois qu'elle avait trouvé dans le coffre. Elle avait choisi, prudemment, de laisser les deux autres avec la majorité des affaires du coffre, à Port-Réal, dans une autre alcôve secrète.
Elle ne pouvait certes pas jeter des sorts ou pratiquer la magie comme avant, mais elle pouvait quand même sentir celle du Donjon Rouge. Ce qui rendait nettement plus facile son exploration, elle devait bien le reconnaître, vu qu'elle sentait les pièces dissimulées, même chose pour les souterrains ou les autres passages secrets. Mais mieux valait garder cela secret, surtout vu qu'elle était certaine que Varys les utilisait, lui et ses 'petits oiseaux' et qu'elle ne lui faisait pas confiance. Dans le Donjon Rouge, elle ne pouvait qu'allumer la chandelle de verre, mais peut-être qu'ici, elle allait pouvoir s'en servir pour voir au loin. Ça ne coûtait rien d'essayer en tout cas et Silvia était là en cas de soucis et pour faire le guet.
D'un geste de la main, elle alluma la chandelle de verre, elle plaça ses mains autour de la chandelle et prononça le sort en valyrien, comme c'était indiqué dans le carnet. Ses yeux se fermèrent et d'un seul coup elle était ailleurs.