My flowers love you

Le vent est froid, glacial même, et tu es peu habillée pour une telle météo, mais tu ne sens pas le froid. Tu t'en fiches. Tu regardes  à le ciel en pensant que la vie est un peu comme les fleurs qui fleurissent dans ta poitrine. Douloureuse et cruelle. Et pourtant....Tu tousses violemment, éjectant une rose dont les pétales de déploient admirablement. Et pourtant infiniment belle. Innocente, aussi. Qui soupçonnerait que cette fleur si jolie est en train, comme les autres qui poussent dans tes poumons, de te tuer lentement ? Les choses les plus innocentes de la vie peuvent se révéler les plus mortelles.

Ça fait deux ans jour pour jour que tu craches des fleurs.

La première fois que ça arrive, tu es en cinquième année. Merula a subi il y a peu le sortilège endoloris et tu n'arrives pas à arrêter d'y penser. Si tu avais pu l'empêcher de venir, tu aurais peut-être pu l'éviter. Tu sais bien au fond de toi que tu n'es pas responsable, que c'est cette traîtresse de Rakepick qui l'est, mais tu ne peux pas arrêter de culpabiliser. Merula est peut-être ton ennemie, mais tu ne l'a jamais vraiment détestée, c'est elle qui te déteste. Et en réalité, tu ne souhaites à personne une telle souffrance, ennemis, inconnus ou amis.

Ce soir-là, tu t'endors en pensant à Merula. Le lendemain, il y a des pétales sur ton oreiller.

Tes amis t'attendent dans la grande salle. Tu fais rapidement disparaître la fleurs. Personne ne sait, et c'est bien mieux comme ça. Rien ne peut te sauver et tu ne veux pas leur faire de peine. Tu ne veux pas non plus de leur pitié. Tu as lu quelque part que le sorcier atteint de ta maladie ayant survécu le plus longtemps avait vécu 14 ans depuis son premier crachat de fleurs, en s'isolant loin de la personne aimée. Quatorze ans, c'est plus qu'il ne t'en faut pour dire au revoir à la vie ( douze ans, plus exactement, puisque ça fait déjà deux ans que tu es malade.)

Tu ne le diras à tes amis que lorsque tu seras trop faible pour faire semblant. Avant cela, tu vivras une vie heureuse, entourée de tes amis, de ta famille. Presque tous tes amis... Rowan te manque, mais après tout, tu la rejoindras plus tôt que prévu.

Au début, tu n'y prête pas attention. Ce ne sont que des pétales, c'est peut-être de la magie accidentelle, ou bien quelqu'un a ramené des fleurs dans le dortoir et les pétales de sont répandus, peu importe, il y a sûrement une explication logique. Tu descends retrouver tes amis et tu n'y penses plus. Mais, quelques jours plus tard, Merula te lance une remarque moqueuse, comme à son habitude, et ça ne te fais pas le même effet que d'habitude. Tu lui réponds vertement, mais ta gorge te chatouille et tu tousses. Plus tard, aux toilettes, tu tousses encore et tu te rends compte que tu as craché des pétales. Au début, tu penses que c'est peut-être un sort inoffensif, stupide, tu n'en parles pas à tes amis parce qu'ils ont d'autres problèmes qu'une blague qu'on t'a faite. Mais non seulement le sort ne s'estompe pas, mais il s'aggrave, tu craches de plus en plus de pétales et de plus en plus souvent. Ça devient difficile de cacher ton état. Quand, un jour, tu craches une fleur entière, tu admets que quelque chose cloche vraiment.

Tu souris comme toujours à tes amis. Tu écoutes Penny te parler de l'Optimal qu'elle a eu en potion, et Tulipe et Tonks de la blague qu'elles ont faite à Rusard. Ça a été difficile après les évènements de l'année passée d'essayer de vivre une année normale. Tu dois sans cesse te répéter que la dernière cave maudite à été ouverte, que c'est fini maintenant, que Rowan ne reviendra pas...Tu sais que c'est dur pour tes amis aussi, mais vous ne vous débrouillez pas trop mal. Vous vous concentrez sur les études, et les petits plaisirs d'une vie simple à Poudlard, sans danger, sans mystères. ( Étrangement, ça te manque un peu, mais tu es heureuse que tes amis ne risquent plus leur vie. Tu ne t'inquiète pas pour toi, puisque tu es déjà condamnée )

Après avoir craché une fleur entière, tu fais des recherches à la bibliothèque. Tu as du mal à trouver des informations, mais tu déniche finalement un livre qui parle de la maladie de Hanahaki. C'est exactement les symptômes que tu as, mais la personne malade est sensée souffrir d'un amour qu'il pense non partagé, et tu n'aimes personne de cette façon, il te sembles. Pourtant, c'est la seule chose qui correspond à tes symptômes. Tu décides de mettre cette histoire de côté : tu as suffisamment à faire avec les caves maudites, tu verras cela plus tard, ou si ça s'aggrave trop. Tu apprends tout de même les informations les plus utiles :

-La personne atteinte crachera des pétales puis des fleurs qui poussent dans ses poumons, et ce jusqu'à la mort si elle n'agit pas.

-Si l'être aimé rend les sentiments du malade, les fleurs disparaissent.

-Il existe une opération étonnamment facile pour enlever les fleurs, mais le malade perdra tout sentiments à l'égard de l'être aimé. Il ne ressentira pour cette personne plus que de l'indifférence.

-La durée de vie des malades est entre quelques mois voire quelques semaines, à une quinzaine d'années maximum (et en s'isolant loin de l'être aimé) -La maladie ne touche que 4% de la population.

Comme tu n'aimes personne, c'est sûrement une erreur, penses-tu. Ce doit être un sort, et tu iras bientôt voir madame Pomfresh. Mais tu n'en a pas l'occasion parce que, plus tard, tu vois Merula au loin avec une première année qui semble très impressionnée. Elle sourit presque, et elle est belle sous le soleil.

Il y a une étrange sensation dans ta poitrine comme à chaque fois que tu penses à elle et une douleur vive dans ta poitrine te fais hoqueter.

C'est alors que tu réalises.

Merde.

Tu es amoureuse de Merula.

Ça fait deux ans que tu es malade et tu as réussi à garder le secret mais tu dois faire attention, parce que cela s'aggrave de plus en plus. C'est pourquoi tu as décidé d'éviter soigneusement Merula cette année. L'année sera bientôt finie, et tu pourras passer tes ASPICs et partir loin, très loin de Merula et apaiser la brûlure dans ta poitrine. Tu pourras vivre des années, essayes-tu de te convaincre. Tu n'a jamais essayé de parler de tes sentiments à Merula : tu es certaine qu'elle te déteste farouchement et son rejet pourrait te faire cracher des fleurs à en mourir. Surtout si elle se moque et le dis à toute l'école. Non, le moyen le plus sure de vivre le plus longtemps et de l'éviter et de s'enfuir le plus loin possible avec tes amis à la fin de l'année.

Après ta réalisation, la maladie continue de se répandre. Tu réussi tant bien que de mal à mettre tout ça de côté et te concentrer sur les caves maudites. La fin de la cinquième année passe, la sixième année arrive et passe.

Et puis Rowan meure dans la forêt interdite.

Tu n'étais pas amoureuse de Rowan, aussi les fleurs ne grossissent pas et tu n'en craches pas plus que d'habitude, mais semblant se nourrir de ta douleur, tu remarques qu'en cracher est plus douloureux qu'avant. Le reste de l'année passe dans le flou. Vous montez le Cercle de Khanna. Vous finissez par arrêter Rakepick et le reste de R. Ton frère part voyager en France. Sans que tu ne t'en aperçoive c'est la fin de l'année, et rien n'a changé et pourtant tout a changé.

Tu as perdu une amie, tu as résolu le mystère des caves maudites, arrêté R. Tu dois vivre une septième année normale à présent, et te concentrer sur ton avenir.

Quand tu as 17 ans, tu décide de te faire opérer dans le plus grand secret, puisque tu es majeure. Tu te rends à sainte Mangouste mais en observant l'étendue de la maladie, et lorsque tu dis au spécialiste des maladies magiques que tu es malade depuis deux ans, il t'annonce quelque chose qui te fais changer d'avis.

Tu as beaucoup trop attendu pour l'opération, et même si elle est toujours possible, tu risques de perdre non seulement tout sentiments pour Merula, mais aussi l'amitié que tu ressens pour tes amis, l'amour pour ta famille..Et tu ne seras plus jamais capable de ressentir n'importe quel amour. Ce n'est qu'une possibilité, mais tu refuses de prendre le risque.

Perdre tes sentiments pour Merula t'était déjà difficile, parce que même si ils n'ont fait que te faire souffrir, c'était un merveilleux sentiment que d'aimer de cette manière, quelque chose de difficile à perdre. Mais savoir que tu n'aimeras plus personne, plus jamais t'est impossible. Tu ne veux pas d'une vie d'indifférence, tu ne veux pas d'une vie sans amour. Alors même si le spécialiste essaye de te convaincre, tu refuses et tu quittes l'hôpital.

Tu continues ta vie comme si de rien n'était, comme si tu n'allais pas mourir bientôt. Tu sais que cela fera du mal à tes amis et ta famille, mais tu préfères qu'ils te savent morte en les aimant que vivante mais indifférente.

Mais un jour survient un incident dans la grande salle. Tu es assise avec tes amis, discutant de tout et de rien, quand tu entends une voix familière s'adresser à toi. "Alors, Ivanova, il paraît que ton frère va aux États-Unis après la France. Même lui ne t'aime pas assez pour revenir te voir ?"

Tu te retournes prête à répliquer mais tu ne sais pas quoi dire parce que la douleur dans ta poitrine augmente d'un coup, et tu sans que tu vas bientôt vomir des fleurs. Alors tu fais la seule chose qui te vient a l'esprit pour éviter de cracher des fleurs devant l'intégralité de la grande salle : tu fuis. Tu te tournes et tu pars en courant, sans voir l'air surpris de Merula, sans entendre tes amis lui crier dessus. Tu fuis, loin, et tu t'enfermes dans une cabine de toilette, les plus proches que tu ai trouvé. À peine enfermée, tu te penches et tu vomis des fleurs, tu tousses, tu as l'impression que ça ne vas jamais s'arrêter.

Les fleurs irritent ta gorge, il y a temps de pétales partout autour de toi et soudain tu te mets à cracher du sang en plus des fleurs. Quand, ta crise un peu calmée, tu regardes ce que tu as vomi, tu vois le sang au milieu des fleurs multicolores (tu as craché toutes sortes de fleurs confondues)

Merde. Ce n'est pas bon, pas bon du tout. Peut-être que tu ne vivras pas des années finalement. Tu dois éviter Merula encore plus, si tu veux survivre à cette année.

Tu retrouves tes amis et tu leur dis que tu étais blessée par ses propos, et que tu ne savais pas quoi dire. Tu es un peu pâle, et tu sens le regard suspicieux de Penny sur toi, mais ils ne te posent pas plus de questions et te changent les idées.

Tu adores vraiment tes amis.

Quelques jours plus tard malheureusement, un autre incident survient en potion. Tu travailles tranquillement en essayant d'ignorer la présence de Merula juste à côté, et la place vide là où était Rowan, quand ton ennemie te lance une remarque, comme quoi tu seras un fardeau pour tes amis si tu continues d'être si nulle en cours, parce que tu ne trouveras jamais de métier. Les fleurs affluent de nouveau dans ta bouche et tu demande les dents serrées au professeur si tu peux aller aux toilettes. Il doit voir quelque chose sur ton visage, puisque qu'il accepte, ce qui n'est vraiment pas une habitude de Rogue.

Tu sors tranquillement  sans voir le regard inquiet de Merula de la salle, mais une fois dehors tu cours, te précipitant dans les toilettes les plus proches. Tu vomis alors des fleurs, des tas de fleurs, et tu vois horrifiée qu'il y a encore du sang. Tu restes ici le restant de l'heure à cracher des fleurs et du sang, et rester tremblantes et pâle, appuyée sur la cuvette, et tant pis si tu as une heure de retenue à cause de ça.

Tu te lève à la fin de l'heure, fais disparaître le contenu des toilettes, puis tu te diriges vers la salle récupérer tes affaires. Tes jambes sont faibles, et alors que tu es au milieu du couloir, un accès de faiblesse te prend. Tu as peut-être perdu plus de sang que tu ne pensais. Tu manques de perdre conscience.

La voix de Penny t'arrive, et tu te rends compte que tu es par terre au milieu du couloir et Penny est là, inquiète, elle te demande ce qu'il y a, pourquoi tu es si pâle. Alors tu craques et tu lui racontes tout : tes sentiments pour Merula, la maladie, les fleurs, l'opération impossible, et tu t'attends à ce qu'elle sois en colère, mais à la place, vous vous retrouvez toutes les deux en train de pleurer, et elle te dit que ça ira, que tout ira bien, qu'elle est là, tout ira bien. Tu sais que c'est un mensonge mais tu essayes de la croire, juste un instant, et tandis qu'elle te serre dans ses bras en répétant "chut ça va je suis là tout ira bien", tu la crois presque.

Tu as une heure de retenue pour être resté toute l'heure aux toilettes, mais ça n'a pas d'importance. Penny sait maintenant, et tu regrettes de lui avoir dit, mais elle garde ton secret, même si tu surprends des regards inquiets qu'elle te lance quand elle pense que tu ne la vois pas. Tu continues d'éviter soigneusement Merula.

Un jour, Penny t'attends dans un couloir, elle t'emmène dans un coin isolé.

"Tu dois faire l'opération" te dit-elle, et tu vois le désespoir dans ses yeux.

"Tu sais que je ne peux pas."

"Je préfère te voir vivante et que tu ne m'aimes pas que morte !"

"Mais je préfère mourir que d'être indifférente pour toujours..Je ne veux pas oublier l'amour que j'ai pour toi, tous mes autres amis, Jacob, je ne veux pas oublier l'amour que j'ai pour Rowan..Je ne veux pas d'une vie sans amour, Penny." Dis-tu au bord des larmes.

"Alors tu vas mourir à cause d'elle ? Ce n'est pas juste, j'ai déjà perdu une amie, je ne veux pas te perdre aussi, surtout à cause de M.." Elle s'interrompt parce qu'une bruit suspect retentit non loin et vous voyez Merula qui, de toute évidence, essayait d'écouter votre conversation.

Tu échanges un regard horrifié avec Penny. Qu'a-t-elle entendu ? "Qu'est-ce que tu fais ici ? Fiches le camp Merula !" Dit Penny

"Cet endroit ne vous appartient pas, j'ai le droit d'aller où je souhaite dans le château" réplique-t-elle, mais sa voix n'est pas aussi mordante que d'habitude, et elle te regarde en fronçant les sourcils.

Tu l'ignore et tu te dépêches de partir avec Penny pour rejoindre vos autres amis qui vous attendent sûrement. Plus tard, Penny te murmure les larmes aux yeux qu'elle sera là jusqu'à la fin.

En mai, les choses s'aggravent avec un troisième incident. Tu es dans la grande salle avec tes amis. Il y a beaucoup d'élèves présents, mais la plupart de font pas attention à vous. Tulipe parle de la blague qu'elle a faites qui lui a valu trois heures de retenues mais "valait le coup pour la tête qu'a fait Rogue". Barnabé parle des animaux sont il s'est occupé la veille.

Et Merula vient briser le calme en s'approchant de toi. Au début, elle est peu agressive, presque amicale, mais tu es fatiguée d'avoir craché des fleurs toute la nuit alors tu perds patience en élevant la voix.

"Qu'est-ce que tu veux, Merula ?!"

Des regards se tournent vers vous. Tu devrais éviter cette confrontation, te dépêcher de t'en aller, mais tu ne le fais pas. Merula, n'appréciant pas le ton sur lequel tu lui parles, hausse le ton aussi, et sans que tu ne saches comment, vous dites toutes les deux des choses regrettables, toi parlant de ses parents, elle de ton frère, tu entends vaguement tes amis te défendre et essayer de calmer la situation, vous avez maintenant toute l'attention de la grande salle, (où sont alors les professeurs et que font-ils, mystère.) mais ils n'arrivent pas à vous arrêtez a temps, parce que Merula lance soudain :"Dommage que ce soit pas toi qui sois morte à la place de Khanna dans la forêt interdite !"

Le silence accueille sa déclaration. Elle est allée trop loin, vous l'avez fait toutes les deux. Réalisant ses paroles, elle blêmit un peu et ouvre la bouche mais rien ne sort, et elle n'aurait pas eu le temps de parler parce que tu tousses, te penches et tu craches une fleur entière couverte de sang à ses pieds, et soudain le silence est assourdissant. Puis des chuchotements se rajoutent. Tu relèves la tête et bois Merula qui a la bouche ouverte et l'air horrifié. Tes amis te regardent l'air stupéfaits. Seule Penny n'a pas l'air surprise puisqu'elle savait et c'est la seule qui réagit : "Natalia.." dit-elle en avançant vers toi, mais tu paniques complètement, et les fleurs n'ont pas fini de vouloir sortir, alors, pour la deuxième fois de ta vie tu fuis la grande salle.

Tu entends Penny t'appeler et le vacarme commencer à peine sortie, mais tu ignore tout et tu cours vomir tes fleurs aux toilettes, les fleurs et le sang. Tu tousses et craches du sang  des pétales, des fleurs entière, ta gorge est bouchée, tu as l'impression que ça ne va jamais s'arrêter, tu as du mal  à à respirer. La douleur dans ta poitrine est insupportable. Les fleurs en toi poussent et grandissent à une vitesse affolante et sortent, tu ne peux pas t'arrêter de vomir ces fleurs. Tu te rends à peine compte que Penny est arrivée à un moment donné et qu'elle te caresse le dos en te disant que ça va aller, même si elle pleure. À chaque fois que la crise semble presque s'arrêter, tu repenses aux mots de Merula et tu tousses plus fort. Dommage que ce ne soit pas toi qui sois morte à la place de Khanna dans la forêt interdite.

Penny te parle mais tu ne comprends plus ce qu'elle dit à présent, tu es fatiguée, tu as mal, les fleurs sont tellement nombreuses, tout est flou autour de toi.

Quand tu reprends un peu conscience de ton environnement, tu ne tousses plus, épuisée, par terre sur le sol des toilettes. Penny est au dessus de toi, elle t'aider à te relever et fait disparaître d'un sort les fleurs. Tu vois en passant devant le miroir que tu es extrêmement pâle, et une goutte de sang à coulé du coin de tes lèvres à ton menton : ça te donne l'air d'un vampire. Tu l'essuies rapidement et vous sortez d'ici.

Penny t'emmène à l'infirmerie et tu n'a pas la force de protester et de dire qu'elle ne pourra rien faire pour toi, ce à quoi Penny répondra que Madame Pomfresh peut t'endormir pour soulager la douleur. (Vous avez déjà eu cette discussion plusieurs fois.)

L'infirmière ne semble pas surprise de vous voir : quelqu'un a du l'informer de l'incident dans la grande salle. Elle t'installe sur un lit, te gronde de ne pas être venue plus tôt. Elle te donne une potion pour atténuer la douleur, une autre pour te faire dormir. Elle ne peut rien faire de plus, tu le sais. Tu laisses les potions agir et sombre dans un sommeil profond.

À ton réveil, tes amis sont là. Pas tous : Madame Pomfresh ne leur a pas autorisé à être nombreux, mais ils viennent par petits groupes au long de la journée. Étonnamment, ils ne t'en veulent pas trop. Ils sont un peu en colère que tu n'ai rien dit, et que Penny n'ai rien dit non plus mais ils sont plus inquiets que furieux. Ils te pressent de leur dire qui est la personne responsable de ton état ( tu suppose qu'ils ont fait des recherches ou que Penny leur a dit pour la maladie de Hanahaki) Quand tu finis par leur dire, ils sont consternés. Ils ne t'en veulent pas, ce ne sont pas des choses qui se maîtrisent mais ils ont peu d'espoir. Ils veulent que tu lui dise tout de même, mais tu refuses. Un rejet te tuerait, tu es déjà tellement faible. Tulipe en particulier insiste : elle dit que peut-être Merula ne te déteste pas, à cause de regards qu'elle aurait surpris, mais tu n'es pas convaincue.

Quand tu te sens assez bien, tu vas en cours, mais la plupart du temps, tu restes à l'infirmerie. Tu as de plus en plus de mal à te lever quand tu dois le faire, tu tousses et vomis des fleurs trop souvent. L'épuisement est devenu ton état permanent.

La fin est proche, et c'est bien loin des douze années que tu souhaitais mais tu te réconforte en te disant que tu mourras entourée de tes amis. Ton seul regret est de ne pas pouvoir dire au revoir à ton frère : on a envoyé un hibou le prévenir, mais Jacob étant aux États-Unis, il sera peut-être trop tard lorsqu'il pourra revenir.

Étrangement, Merula vient souvent te voir. Elle s'assoit sans rien dire à côté de toi, et elle te parles presque amicalement. Si elle n'était pas Merula, tu penserais qu'elle est inquiète.

Mais ses visites aggravent ton état, parce que tu ne peux pas t'empêcher de penser qu'elle ne t'aime pas comme tu l'aimes, même si peut-être qu'elle ne te déteste pas tout à fait puisqu'elle te rend visite. Tu penses aussi à ce qu'elle t'a dit dans la grande salle. Dommage que ce ne soit pas toi qui sois morte à la place de Khanna dans la forêtinterdite.

Et puis Merula s'excuse. Enfin, pas vraiment, mais c'est ce qui se rapproche le plus d'excuses de sa part.

"Je dis parfois des choses exagérées que je ne pense pas tout à fait." Dit-elle en guise de Bonjour.

"Ce sont des excuses ?"

"La sorcière la plus puissante de Poudlard ne s'excuse pas!" Tu ris, un peu, avant de grimacer parce que ça fait mal.

"J'accepte tes excuses Merula."

Elle ne répond pas.

Un jour, elle vient avec un livre qu'elle pose brutalement (Madame Pince aurait eu un arrêt cardiaque)

"C'est ça n'est-ce pas ?" C'est le livre sur la maladie de Hanahaki. Tu acquiesce et détournes le regard.

"Qui ?" Tu roules des yeux, elle n'a pas fait le lien avec tes crises et vos disputes apparemment.

"Ça ne te concerne pas"

"Oh allez. Tu es la briseuse de malédiction de Poudlard, tout le monde doit vouloir sortir avec toi." Sa voix tremble un peu.

"Non, pas tout le monde."

"Tu l'a dis à cette personne ?"

"Non."

"Alors pourquoi tu ne le fais pas ?"

"Ça ne te concerne pas. Laisse-moi dormir s'il te plaît."

"Mais.."

"Merula. S'il te plaît" Elle te lance un regard plein d'une émotion étrange, un mélange de colère et d'autre chose, puis se précipite vers la sortie.

Ses visites se poursuivent. Elle te harcèle pour que tu fasse l’opération. Tu lui a dis que tu refusais un vie sans amour, mais elle est têtue. Elle avoue avoir entendu une partie de ta conversation avec Penny, mais qu'elle n'avait pas compris avant que tu ne crache des fleurs devant elle et qu'elle trouve ce livre sur la maladie de Hanahaki.

Un jour, tu craques. Tu n'en peux plus : tu es plus faible chaque fois qu'elle vient, même si elle se montre amicale. Elle est encore en train de te harceler pour savoir qui est la personne qui tu aimes, quand tu lances brutalement.

"Arrête de me rendre visite !"

"Quoi ? Pourquoi ?" Elle a l'air presque blessée, et ça te fait encore mal à la poitrine. Mais est-ce la maladie ou juste tes sentiments ?

"Je n'en peux plus !"

Tu craques totalement.

"Je n'en peux plus, tu m'entends ? Parce que chacune de tes visites me tuent Merula, tu comprends ? Je n'en peux plus!"

Tu tousses encore et tu lutte pour reprendre ta respiration.

"C'est toi, Merula. C'est toi et que tu me visite alors que je sais que tu me déteste me tue. Littéralement. Tu alimente les putains de fleurs dans mes poumons"

Elle te regarde sans un mot, l'air stupéfaite puis elle murmure d'une petite voix.

"Je ne te déteste pas." Tu ris amèrement.

"Mais tu ne m'aimes pas comme ça, n'est-ce pas ?"

Elle secoue la tête pour elle-même comme si elle te trouvait extrêmement stupide, un air indéchiffrable sur le visage. Puis elle dit d'une voix presque affectueuse :

"Idiote."

Puis elle t'embrasse.

Elle t'embrasse et tu as l'impression de pouvoir de nouveau respirer normalement. Tu répond avec ferveur à son baiser, puis vous vous séparez et pour la première fois depuis longtemps, tu n'es pas à bout de souffle à cause des fleurs, mais autre chose.

"Je t'aime bien, idiote." Elle ne te regarde pas et il y a une légère rougeur sur ses joues et tu sais que c'est vrai.

Alors d'un coup tu te mets à cracher des fleurs, beaucoup de fleurs, et tu entends à peine la voix inquiète de Merula qui crie en arrière-plan "J'ai dit que je t'aimais ! Pourquoi tu craches encore des fleurs ?! Ce n'est pas sensé être fini ?" Puis la crise se termine et cette fois, tu sais que les fleurs ne reviendront jamais.

"C'est fini" dis-tu d'une voix rauque à Merula.

Elle prend ta main.

Les choses ne sont pas encore parfaites : tu as perdu beaucoup de sang, ta gorge et tes poumons sont écorchés par le passage de ces fleurs, tu es encore faible. Mais, pour la première fois depuis très longtemps, tu te permets de penser que les choses pourraient aller mieux.