
Sparkle
-Le jour où les étoiles sont tombés du ciel.
Six :
Les danses s'enchaînent, les corps se délient sur la piste d'argent sur des rythmes frénétiques et mouvementés. Elle s'est vite remplie, ce qui amoindrit le champ de mouvements des danseurs d'un soir. Mais surtout, rapproche les corps. L'alcool ondulant dans le sang de certain, aide grandement la plupart à se débrider de cette façon. Les bougies flottent elles tranquillement au-dessus d'eux, admirant ce spectacle d'en haut. Mais il n'y a pas qu'eux, un jeune homme est lui aussi semblable aux bougies élevées jusqu'au plafond. D'un regard morne, vide de toute émotion joviale qui peut coller à l'ambiance présente, il sonde du balcon -venant du second palier de sa demeure- ses convives. Felix a beau être l'organisateur de cette soirée, et habituellement de nature heureux. Il ne l'est pas, en tout cas il ne l'est plus. Le jeune homme se sent tout bonnement mal, il avait conseillé aux invités de venir accompagnés, ce qu'ils ont tous fait. Que ce soi en tant qu'amis, rencard, ou bien engagés dans une relation. Seul lui, ce soir est seul. Ce sentiment d'être mit à l'écart lui tire au cœur, la personne qu'il voulait inviter n'était malheureusement plus des nôtre. Cette fête était en quelque sorte là pour faire pansement, sur l'ouverture fraîche qu'est apposée sur son organe vital. Aussi douloureux que ce soit de l'admettre, il voulait juste oublier son visage le temps d'une soirée, se faire à l'idée de sa disparition prématurée. Son verre à whisky pourtant rempli d'un punch au jus de citrouille se porte à ses lèvres, où un sourire fier vient s'y glisser tout de même. Après tout, grâce à lui, ses amis s'éclatent et certains font leur premier pas vers l'élu de leur cœur. Comme sa cousine et Lucas. Il peut au moins être fier de cela, ça sera sa réussite du jour.
Point de vue de Lucas :
Une bonne septième chanson plus tard, le souffle quelque peu saccadé, je me défais de Maisie ne gardant que son poignet dans ma main. Nous sortons de la masse de fêtard au mil et un costume, pour nous sustenter. Danser est quelque chose de physique tous de même et encore plus quand on se retrouve encerclé par une foule de personnes dans un espace de plus en plus réduit. La proximité à laquelle je me suis retrouvé avec elle-sans en être vraiment trop importante- m'avait tous de même laisser un goût de panique en bouche. Pas que je suis une personne facilement embarrassée loin de là, c'est juste qu'en vue de la situation envers elle est disons complexe pour moi. Alors ce petit bouton d'alerte a commencé à clignoter en mon for intérieur. Je ne veux pas être ce genre de connard qui profiterait de la situation pour jouer de main baladeuse ou tenter un rapprochement bien trop lourd. Ce n'est tout simplement pas moi. J'ai beau être lent comme me le fait savoir chaque jour Mark, la précipitation pour moi n'est que synonyme d'embûche. Sortie de la piste et proche du bar, je viens automatique lâcher la jeune femme. Même si j'avais bien vu qu'elle avait besoin de boire un verre pour s'hydrater, après la boucle de chorégraphie à suivre mes pas ou bien ceux du duo de danseurs Megachan -qui nous laissent particulièrement à la ramasse-.
-Jus de citrouille ?
Sachant pertinemment que la jeune femme n'est pas attirée par la majorité des alcools moldu comme sorcier, un simple jus de citrouille semble le plus probable, voir le top un dans sa liste de choses buvables pour son palet ici. Le second choix est surement de l'eau plate. Elle hoche la tête avant que je ne vienne directement lui tendre son dû, de mon côté j'opte pour une bière au beurre, classique. Elle me remercie d'un sourire avant de prendre à son tour la parole sans le laisser faner :
-eh, dis-moi c'est quoi ton nom ?
-Lucas ? Maisie tu es sûr que je ne me suis pas trompé de verre ? Pour que tu en oublies mon prénom ça doit être vachement fort.
D'abord décontenancé par la question de la rousse à qui je donne cette réponse évidente, l'inquiétude vient vite prendre les devants. Son verre maintenant dans ses mains, je le renifle pour capter les effluves d'alcool qui expliquerait l'état d'ébriété de celle-ci, en vain. Ce qui me laisse encore plus perturbé. Ma mine de six kilomètres de long vient directement faire exploser d'hilarité ma cavalière. Elle avait l'air d'ailleurs de s'être retenue bien longtemps. D'un geste naturel elle vient planter -sans y aller avec force- son poing dans mon épaule où elle finit par s'accrocher toujours aussi rieuse. J'ai surement l'air extrêmement idiot à la dévisager sans ne comprendre un seul instant ce qu'il vient de se dérouler, alors que j'en suis un des principaux acteurs.
-C'était une référence au film idiot !
-Ah, je me disais aussi qu'une seul gorgée ne pouvait pas avoir autant d'effets.
Me sentant vraiment con, je me mets à rire de ma bêtise me cachant à moitié derrière mon verre que je sirote. Maisie semble se calmer de sa crise de rire, lâchant de cette manière mon épaule alors que Jaemin et Lucy viennent nous rejoindre bien calmes. Ces deux-là n'ont surement pas eux les deux surexcités à suivre, chanceux.
-On se replie ici pour éviter de se faire attaquer par Eden.
-Elle nous harcèle pour savoir si on est ensemble.
Honnêtes et l'air aussi totalement blasé, nos deux compères donnent l'impression d'avoir lutté pour sortir des radars de la violette. Ce qui est assez impressionnant quand on connaît la persistance de cette dernière pour faire cracher le morceau à sa cible. Il n'y a pas à dire pour ça la plus jeune de nous tous est infaillible, qu'en y pensant c'est presque effrayant. Et ne pas être dans son collimateur est une aubaine, car elle ne risque pas de les lâcher de sitôt s'ils ne donnent pas de retour.
-Et c'est le cas ?
La question posée sans arrière-pensée, naturellement par la rousse vient ébranler notre princesse Mononoké et Anakin en un clin d'œil. La brune avait failli laisser son verre s'écraser au sol alors que le rose lui est littéralement en train de s'étouffer avec son whisky pur feu. Il a probablement repeint le parquet en crachant la moitié de sa gorgée sur le sol, et l'autre passe mal dans son ophiophage. Son visage devient similaire à sa chevelure par la suite.
-Je créer le malaise partout où je passe.
Un ricanement nerveux de la part de la rouge et or suite à sa phrase qui vient transformer ce moment importun pour nous quatre -principalement les deux arrivants « en cavale »- en séance de rigolade. Cette seconde intervention avait allégé directement l'atmosphère, le poids sur leurs épaules maintenant envolé. Même s'il est évident qu'à leur réaction ces deux-là rendent la réponse évidente, qu'il se passe un truc.
-On apprend à se connaître c'est tout.
La serpentarde vient offrir son « explication » l'air le plus détaché possible, mais ce qui est vite réfuté par un gryffondor qui a totalement repris du poil de la bête. Un rictus bordé de malice, il vient ajouter, amusé, ne lâchant pas un instant du regard la jeune femme :
-Dit-elle alors qu'il y à peine dix minutes on s'est embrassé dans le couloir.
-J'en étais sûre !
-Putain Jaemin tu ne pouvais pas t'étouffer plus longtemps !
La situation devient comique, en tout cas du point de vue d'un spectateur je me marre bien. Oh oui. Très bien. Entre Maisie qui s'écrie telle une inspectrice qui vient de découvrir les suspects en pleins actes -inspectrice très enjouée d'ailleurs de découvrir la vérité-, Jaemin qui expose leur relation alors que Lucy tentait de la garder secrète, est le plus satisfaisant pour ma jauge de divertissement. Elle le menace sans trop le faire, éberlué qui les ai vendus alors qu'il se fiche complètement de sa tête, ce sourire placardé aux lèvres qui hurle totalement un « Tu peux m'engueuler autant que tu veux, les faits sont là ma belle ». Clairement, c'est ce que veut dire son sourire.
-On devrait les laisser, tu ne crois pas ?
Je me penche vers ma cavalière à l'uniforme japonais typique du personnage qu'elle joue, chuchotant cette proposition de s'éclipser pour que les deux nouveaux amants puissent régler leur « querelle » qui n'en est clairement pas une, en paix.
-Très bonne idée, monsieur Wong. Fuyons.
Point de vue extérieur :
Les deux jeunes vêtus de leurs costumes du fameux film d'animation japonaise, quittent alors sans aucun bruit leurs amis –qui n'en remarquent rien-. C'est de cette manière qu'ils finissent tous les deux à l'extérieur, l'envie d'être simplement au calme, loin de l'agitation de la soirée pendant un court instant c'était imposé rapidement dans leur esprit. Ou peut-être un plus long. Cette nuit d'Halloween n'est pas particulièrement belle, le ciel n'est pas dégagé mais pas totalement couvert, la lune se dissimule pour réapparaître entre deux passages nuageux, tout comme les étoiles. Nous sommes loin du ciel à coupé le souffle que l'on voit dans le film de leur personnage, très loin de là. Une nuit d'automne basique, comme bien d'autres. L'air est frais mais pas au point frigorifique, quelques frissons seulement partiels viennent faire trembler les deux jeunes gens. Ils s'installent simplement, là sur la balancelle postée dans le jardin du cousin de la jeune femme. Ne plus entendre les basses onduler contre le mur est bien plaisant à leurs oreilles, remplacé par les bruits de la nuit. Un léger vent, une voiture qui passe, les bruits étouffés de l'électro diffusé dans la maison, leur respiration. Un peu de calme est bénéfique dans ce genre de fête.
-Tu sais j'ai remarqué que tu faisais ça souvent.
Elle prend la parole comme hésitante, avant de reprendre avec plus de contenances vers le jeune homme -qui avait instinctivement tourné son menton vers son interlocutrice-, et ce quand elle a ouvert la bouche.
-Je veux dire, que lors de tes fêtes, à chaque fois tu pars pendant quelques minutes pour revenir plus serein.
Le grand futur adulte, cligne un instant surpris de ses paroles. Elle avait remarqué ça, ce qui veut dire qu'elle l'observait aussi étonnant que ça lui paraisse, un énorme sourire vient se placer sur ses demi-lunes tout en lui expliquant ses raisons.
-J'ai beau avoir l'air surexcité tout le temps, d'être le plus grand fêtard de toute l'école. J'ai besoin de ce genre de moment. Sinon j'exploserai probablement comme les trois quarts de mes préparations en cours de potions.
Des rires, une nouvelle fois, être aussi proche de celle qu'il aime alors qu'il songeait -voire carrément décidé- à abandonner l'idée de quelque chose plus que cordiale entre eux, c'était improbable. Mais ces derniers jours, la jolie rousse au tempérament parfois sanguin avait eut raison de ses plans. Elle a tout simplement décidé d'entrer plus profondément dans le tissu social de Lucas. Pour Maisie, voir le regard du Poufsouffle changer à nouveau la comble au plus haut point. Elle a retrouvé, les iris du châtain de nouveau centré sur elle. Mais la façon a encore évolué, ça semble être encore plus fort. Dans les deux cas leurs orbes avaient décidés de changer de disques, la mélodie s'accorde enfin pas à pas.
-Qu'est-ce que tu fais ?
Hébétée, l'adolescente fixe son cavalier attraper sa main sans comprendre, son premier réflexe est de retirer sa main. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle le refait quand il retente l'expérience avec plus de délicatesse. Sortant, un marqueur de la poche de son pantalon en toile, il s'affaire rapidement sans aucune once d'hésitation vient dessiner ou écrire elle-ne-sait trop quoi sur sa paume. Satisfait, il offre un dernier sourire à la lionne avant de se relever.
-Attends que je sois à l'intérieur pour regarder.
Il n'attend pas sa réponse prenant directement la direction de la baie vitrée, pour rejoindre de nouveau ce bal d'adolescent grimé en personnage fantasque. Pantoise, elle observe la silhouette athlétique de son vis-à-vis s'éloigner pour se fondre dans la masse. Elle se reconnecte alors sur terre, perturbée par cet échange différent de tous ceux qu'elle a pu avoir avec lui. Elle finit par suivre ses directives, jeter un coup d'œil à ce qu'il a pu inscrire au creux de sa main. Une idée germe dans son esprit, qu'elle refoule directement même si une part d'espoir reste bien là, au bout de ses lèvres. Et elle avait raison.
Là, à l'encre noire sont tracés des kanji, elle ne parle pas un mot de japonais à part ce que tout le monde connaît. Mais ceux-là elle les reconnaît parfaitement. Comme dans Your name, le film d'où sont tirés leur déguisement du soir, ces mots apparaissent dans la main du personnage qu'elle incarne ce soir. Là, dans sa paume sont tracés les mêmes mots qui ont fait pleurer l'héroïne et elle aussi en voyant cette scène sur son écran. Mais aussi maintenant, dans la réalité. Ces kanji signifiant la plus belle des déclarations, un simple « Je t'aime. ».