
It's a small world !
Cette Fanfiction a été écrite dans le cadre du Fest' organisé pas FESTUMSEPRA sur le thème « VACANCES ».
La liste des œuvres participantes à cette première édition sera disponible le 16 août 2021. Le lien sera partagé à ce moment-là sur AO3 dans notre collection FEST'VACANCES 2021 – FESTUMSEMPRA :
archiveofourown collections / VACANCES2032FESTUMSEMPRA
Notes: Je suis une grande amoureuse de Disneyland Paris. La critique du parc dans cette fanfiction provient uniquement du point de vue de Drago qui, forcément, n'est pas le même que moi (quoique... à vous de découvrir !)
Spoilers : Tient compte des 7 tomes
Genre : Humour/parodie
L'ancienne salle de métamorphose avait été réaménagée provisoirement en salle du Conseil. Les tables avaient été disposées de façon à ce que les huit membres soient face aux personnes qu'ils jugeaient. L'ensemble devait donner un effet solennel, impressionnant et strict.
En réalité, ils étaient dans l'improvisation complète. La bataille de Poudlard avait eu lieu la veille, et ils n'avaient eu que très peu d'heures pour dormir. Le ministère de Voldemort n'était plus et aucun gouvernement n'avait encore été mis en place. Pourtant, il restait des survivants parmi les Mangemorts, et il fallait bien les juger !
Alors que Poudlard, en ruines, pleurait encore ses morts, cherchait à soigner ses blessés avec la main d'œuvre disponible, et à réparer les dégâts pour que le collège accueille des élèves en septembre prochain (car, et c'était un devoir pour ceux qui avaient combattu, la vie continuait), Minerva McGonagall avait réuni tant bien que mal un tribunal parmi les personnes disponibles.
Il avait été logique que celui qui avait défait Voldemort, fasse partie des juges. Cependant, Harry avait insisté pour que le trio d'or reste complet et que Ron et Hermione restent à ses côtés. Ginny s'était alors portée volontaire pour les assister, ainsi que Luna Lovegood et Neville Longdubat qui avait également joué un grand rôle durant la Bataille de Poudlard.
Minerva avait réussi à réunir également quelques professeurs qui n'étaient pas sollicités pour soigner ou réparer les murs du château. Hagrid était fier de cette mission, tandis que Horace Slughorn en semblait un peu moins ravi. Soulagée cependant d'avoir constitué une équipe relativement satisfaisante, la directrice provisoire de Poudlard les avait encouragés vivement à commencer leur mission au plus vite.
Certains jugements avaient été rapides et sans appel. Il n'y avait aucun doute que la plupart, de par leurs actions et leurs idées, ne pouvaient qu'aller à Azkaban. D'autres cas se révélèrent plus complexes. Ce fut le cas lorsque la famille Malefoy se présenta devant eux.
La superbe de cette famille illustre ne semblait plus qu'un lointain souvenir. Comme la veille, à l'issue de la bataille, les parents et le fils restaient serrés les uns contre les autres, comme seuls contre le reste du monde. Les jurés les observaient, perplexes, peu sûrs de leur verdict.
Certes, Lucius Malefoy n'avait pas hésité à rejoindre Lord Voldemort dès son retour en puissance et Drago, son fils, s'était empressé de suivre ses pas. De plus, leur manoir avait servi de siège au Seigneur des Ténèbres et ses disciples pendant de longs mois.
Cependant, depuis son emprisonnement à Azkaban, après le fiasco de la prophétie au département des Mystères, le patriarche Malefoy n'était plus dans les bonnes grâces de son maître.
Sa famille s'était retrouvée davantage otage qu'hôte dans sa propre demeure, et Drago plutôt condamné qu'honoré lorsque Voldemort lui avait apposé la marque des Ténèbres sur le bras.
"Nous n'allons pas les plaindre." Chuchota Ron alors que les membres du Conseil délibéraient sous une bulle de Silencio. "Ils l'ont quand même cherché !"
"Ron !" Protesta Hermione, offusquée, alors que Minerva McGonagall levait les mains en guise d'apaisement.
"Ecoutons ce que chacun a à dire !" Leur dit-elle sur un ton ferme mais également bienveillant. Harry en profita pour prendre la parole.
"Ron a raison." Dit-il. Hermione, qui était pour un jugement plus modéré, ouvrit la bouche, prête à en découdre. Harry ne lui en laissa pas l'occasion. "Mais Hermione n'a pas tort non plus !" Ajouta-t-il avec insistance.
Ron leva les yeux au ciel.
"Avec ce genre d'avis, nous ne sommes pas sortis de l'auberge !" Soupira-t-il avec agacement.
Luna lui posa une main sur l'épaule.
"Laisse Harry parler." Dit-elle avec douceur. "Il sait sûrement quel jugement il souhaite leur donner."
Harry la remercia d'un signe de tête.
"Les Malefoy ont toujours partagé les idées de Voldemort." Reprit-il. "Drago ne nous l'a d'ailleurs jamais caché."
Ron acquiesça avec vigueur sous le regard noir d'Hermione.
"Cependant, leurs convictions ont été menées à rudes épreuves ces derniers mois." Continua le Survivant. "Face à sa première mission, Drago a connu l'échec, la peur, et le désespoir. Lorsqu'il a fait face à Dumbledore, il a été incapable de le tuer, et il était même prêt à accepter son aide."
Ron pinça les lèvres, tandis qu'Hermione commençait à se détendre.
"Souvenez-vous, lors de notre passage au manoir Malefoy, Lucius était désespéré, prêt à tout pour retrouver les faveurs de son maître. Drago, de son côté, n'a pas voulu me reconnaître, comme s'il était en plein doute, perdant ses convictions."
A contrecœur, Ron reconnut qu'il avait raison tandis qu'Hermione commençait à afficher un petit air victorieux.
"Quant à Narcissa Malefoy," enchaîna Harry, "elle n'a jamais porté la marque des Ténèbres. Si elle a partagé un temps l'idéologie des Mangemorts, son objectif principal ces derniers mois a été de protéger son fils. D'ailleurs, son mari et elle ont déserté la bataille de Poudlard pour retrouver Drago. Enfin, je tiens à préciser de nouveau que Madame Malefoy m'a sauvé la vie en mentant délibérément au Seigneur des Ténèbres. Même si c'était pour porter secours à son fils, je ne peux que saluer son courage."
Le silence plana quelques secondes au sein de l'Assemblée. Puis, une voix grave et bourrue s'éleva :
"Concrètement, que proposes-tu, Harry ?" Demanda Hagrid. "Je peux concevoir qu'on ne les envoie pas direct à Azkaban, mais je ne peux pas accepter de les laisser en liberté. Je ne souhaite pas qu'ils s'en sortent aussi facilement sans recevoir la moindre sanction. A cause d'eux, Buck, mon hippogriffe, a tout de même failli être injustement exécuté !"
Harry hocha de nouveau la tête.
"Je suis tout à fait d'accord avec toi, Hagrid." Dit-il. "Si nous n'enfermons pas les Malefoy à Azkaban, ils doivent tout de même recevoir une bonne leçon."
Ron se redressa, les yeux brillants comme si une idée venait de germer dans sa tête.
"Et si nous les obligions à vivre un temps parmi les moldus ?" Proposa-t-il.
Tous les regards convergèrent aussitôt vers lui.
"Ben quoi ?" Demanda le jeune Weasley à Hermione qui le fixait, bouche bée.
"C'est une idée brillante !" Bredouilla la Gryffondor, abasourdie.
Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Ron.
"Pourquoi est-ce que ça a toujours l'air de te surprendre ?"
Ginny leva les yeux au ciel.
"Oh, par Merlin !" Gémit-elle. "Arrêtez de flirter, tous les deux, ça en devient écœurant !"
"Comme ce sont les vacances d'été, nous pourrions leur trouver un travail saisonnier." Intervint Horace Slughorn, pensif.
Tout le monde accepta la proposition avant de réfléchir à ce fameux "job d'été".
"J'ai peut-être une idée !" Finit par proposer Hermione. "J'ai un cousin qui travaille dans les bureaux d'embauche d'un grand parc d'attraction situé à Paris. Ils cherchent des employés du monde entier pour Disneyland..."
Si Neville, Ginny, Luna et Ron ne semblaient pas connaître ce nom, ce fut le cas de Harry (qui avait passé plusieurs jours chez Mme Figg tandis que les Dursley avaient séjourné là-bas il y a des années), mais aussi de Minerva qui afficha aussitôt un air inquiet.
"N'est-ce pas trop dangereux pour le monde sorcier comme pour le monde moldu de laisser la famille Malefoy dans un lieu aussi célèbre et fréquenté ?"
"Nous pourrions les surveiller de près." Répondit Hermione du tac au tac. "Nous pourrions nous tenir prêts à intervenir en cas de besoin ! Mon cousin pourrait également trouver des places pour plusieurs d'entre nous."
Cette idée sembla convaincre les professeurs présents et il fut temps d'annoncer le verdict aux membres de la famille Malefoy.
Jamais Drago Malefoy ne s'était senti aussi humilié de sa vie ! Comment pouvait-on traiter sa famille de sang noble et ancien avec autant de mépris ? Cela faisait à présent trois jours que ses parents et lui travaillaient dans cet endroit sorti tout droit de l'esprit tordu des moldus.
Leurs employeurs à l'air niais avaient tendu un costume style bavarois à Narcissa, avec jupon et corsage dévoilant légèrement les épaules. Les cheveux tressés et enroulés autour de la tête, voilà que la digne Mme Malefoy vendait des glaces toute la journée à des familles accompagnées de gamins surexcités.
Pour parfaire le tout, elle était accompagnée de Horace Sulghorn qui s'amusait à imiter de manière plus que médiocre l'accent allemand (et ce, en permanence !).
Quant à Lucius Malefoy, il avait hérité d'un costume de pirate (avec même un cache-œil... un cache œil !) et il vendait des jouets en plastique et des vêtements moldus affreux dans une boutique éloignée du glacier de Narcissa.
Le tout était surveillé par Rubeus Hagrid que Minerva McGonagall avait métamorphosé pour qu'il soit de taille humaine. Lucius ne supportait plus d'entendre les marmots passer leur journée à surnommer le demi-géant "Monsieur Mouche". Mais qui était ce Monsieur Mouche à la fin ?!
Drago soupira en y repensant. Quelle déchéance ! Pourtant, dans leurs malheurs, ses parents avaient de la chance. Ils auraient pu se retrouver avec le travail de leur fils et celui-là, franchement, était le pire de tous !
Le jeune homme baissa un regard désespéré vers la bande de marmots qui courait dans tous les sens autour de lui. Quel imbécile avait pu avoir l'idée de lui donner un rôle d'animateur encadrant un nouveau groupe de gamins moldus, anglais ou américains, de 8 à 13 ans chaque jour ? Voulaient-ils le rendre fou ?
Le jeune Serpentard avait bien failli en étrangler plus d'un depuis le début du séjour. Malheureusement, ses binômes (ou plutôt, ses geôliers) avaient réussi à l'en empêcher à chaque fois.
Drago ignorait ce qu'il avait bien pu vivre de pire : travailler avec le balafré et ses valeurs bien pensantes dès le premier jour, se coltiner Hermione Granger le deuxième jour avec ses airs de Miss Je-Sais-Tout même avec des trucs moldus appelés "films Disney", supporter les caprices des mioches qui n'avaient pas la bonne taille pour monter dans des attractions horribles où les gens se retrouvaient la tête à l'envers, ou avoir les oreilles abîmées à force d'entendre leurs cris suraigus.
Aujourd'hui, la bonne nouvelle était qu'il n'aurait pas à se coltiner un Gryffondor comme binôme. Potter semblait ravi de travailler avec la fille Weasley tandis que Weasley frère n'avait jamais eu l'air aussi niais en apprenant qu'il passerait la journée avec Granger.
Un peu plus loin, Neville Longdubat affichait un air gêné tandis que Luna Lovegood s'était lancée auprès des enfants dans un discours passionné sur une quelconque créature magique dont Drago lui-même n'avait jamais entendu parler. Ça semblait cependant plaire aux gamins car ils avaient la bouche grande ouverte et ne cessaient de pousser des exclamations admiratives.
Le jeune Serpentard n'avait donc aucune idée du binôme qu'il aurait pour la journée. Sûrement quelqu'un qu'il ne connaissait pas... pourvu que ce ne soit pas un moldu ! Sa seule consolation était que cela semblait gêner Weasley et Potter qui ne cessaient de l'épier toutes les deux secondes.
Exaspéré par l'attente et les gamins qui piaillaient de plus en plus autour de lui, Drago laissa son regard errer sur le décor dans lequel il se trouvait. Une fontaine coulait en bas des marches en haut desquelles il se tenait. Des petits jardins parfaitement symétriques s'étendaient autour avec des kiosques pour faire beau.
En face, il y avait cette grande bâtisse rose qui ressemblait vaguement à un château ("l'hôtel Disney" d'après Granger) en bas de laquelle les gens se pressaient pour acheter des billets aux guichets ou entrer dans le parc. Une petite musique joyeuse s'élevait, faisant sauter de joie les enfants qui arrivaient avec leurs familles.
Tout cela donnait la nausée à Drago. C'était niais, affreusement kitsch et n'avaient-ils jamais vu de réels châteaux de leur vie ? Pourquoi ces horribles couleurs pastel lorsque l'on pouvait avoir de massives pierres grises ?
Le jeune homme poussa un nouveau soupir. Heureusement, tout cela ne durerait que deux mois de vacances. 62 jours. Deux étant déjà écoulés, il n'y en avait plus que 60. Cela devrait être rapide, même si pour l'instant ça lui paraissait incroyablement long.
Il fallut un moment à Drago pour se rendre compte que quelqu'un lui tirait la manche. En baissant les yeux, il découvrit un minuscule gamin blond qui ne devait pas avoir plus de huit ans.
"Dis, tu t'appelles comment ?" Demanda-t-il.
Aussitôt, tout le groupe de marmots se rassembla autour de lui, lui collant aux basques, et les questions fusèrent :
"Tu as quel âge ?"
"Tu viens d'où ?"
"Pourquoi tu ne parles pas ?"
"Pourquoi t'es tout seul avec nous ? Où est l'autre animateur ?"
"Pourquoi tu ne souris pas ? T'es pas content ?"
"Quand est-ce que nous allons dans le parc ?"
"On va commencer par quelle attraction ?"
"C'est quand qu'on va aux toilettes ? J'ai envie de faire pipi !"
"C'est quand qu'on mange ?"
"On pourra acheter des souvenirs ?"
Drago serra les poings, tentant désespérément de garder son calme. Pour la énième fois depuis le début de son séjour, il maudit Potter et compagnie pour lui avoir confisqué sa baguette magique !
Cependant, avec un coup bien placé et discret, il pouvait toujours assommer un ou deux gamins par inadvertance... il jeta un coup d'œil discret aux alentours, mais hélas, Saint Potter ne le lâchait pas du regard. Drago étouffa un grognement de frustration.
"Tiens tiens ! Drago Malefoy ! Vous ici ?!" Fit soudain une voix derrière lui.
Le jeune homme sursauta et se retourna vivement vers la jeune fille brune qui venait de lui parler. Ses yeux s'arrondirent de surprise.
"Astoria Greengrass ?" S'étrangla-t-il. "Mais que fais-tu ici ?"
La jeune Serpentard de seize ans lui montra son T-shirt, le même que lui.
"Apparemment, nous sommes binômes pour la journée !" Dit-elle avec un sourire amusé.
Drago resta bouche bée quelques instants et les enfants se mirent à rire.
"Il va gober des mouches, le monsieur !" Gloussa une fillette.
Le jeune Malefoy ne l'entendit qu'à peine, la scène lui paraissant beaucoup trop surréaliste. Il n'arrivait pas à comprendre comment la petite sœur de Daphné Greengrass (une camarade de Serpentard de la même année que lui) pouvait se trouver face à lui avec des vêtements aussi... aussi moldus !
Il avait l'habitude de voir l'adolescente de deux ans de moins que lui en uniforme de Serpentard. Elève discrète et sérieuse, elle suivait toujours sa grande sœur avec la tête baissée.
Mais là, avec le T-shirt de leur "colo", un short en jean (légèrement trop court), des lunettes de soleil, Astoria souriait de toutes ses dents, plaisantait et chahutait avec les enfants, comme si elle était une personne complètement différente. Drago était tellement désorienté qu'il ne savait même pas quoi penser.
"Hé ! Malefoy ! Greengrass !"
Le jeune homme se tourna vers Harry Potter qui était en train de les héler.
"Nous y allons !" Leur dit le Gryffondor en s'éloignant avec son groupe en compagnie de Ginny Weasley.
Les groupes de Weasley et Granger, et de Longdubat et Lovegood leur emboîtèrent aussitôt le pas. Astoria se tourna alors vers les enfants, tapa dans ses mains pour attirer leur attention, et leur annonça gaiement qu'il était temps d'y aller. Aussitôt, les mômes bondirent de joie et, terrifié, Drago se demanda comment ils allaient bien pouvoir les calmer.
Pourtant, quand Astoria ouvrit la marche, les petits la suivirent sagement, quoique sautillant légèrement d'excitation. Intérieurement, le jeune homme était soulagé d'être en binôme avec une personne connue et beaucoup moins hostile que le reste du groupe "d'animateurs". Cependant, une question le taraudait :
"Hmm... Astoria ?" L'appela-t-il.
La jeune femme se tourna vers lui, son sourire joyeux toujours scotché aux lèvres. Etrangement, Drago se sentit intimidé. Il s'éclaircit néanmoins la gorge pour continuer :
"Comment ça se fait que tu es ici ?" Demanda-t-il en bafouillant légèrement. "Daphné est-elle là également ?"
Si cela était encore possible, le sourire d'Astoria s'élargit.
"Daphné ? Oh non !" Répondit-elle en riant. "Ma sœur est restée à la maison. Elle étudie assidûment pour intégrer le très sélect Institut de Salem aux Etats-Unis. Quant à moi, j'aimerais me procurer un fléreur mais c'est très onéreux. J'ai donc décidé de me trouver un travail saisonnier, et aussi, après avoir suivi les cours d'étude des moldus, me construire une nouvelle expérience. J'en ai parlé à Hermione Granger que j'ai rencontré il y a une semaine au Chemin de Traverse, et elle m'a indiqué ce travail."
Granger ? Surpris, Drago lança un coup d'œil vers la Gryffondor qui marchait un peu plus loin avec son groupe. Cette dernière était justement en train de les observer avec un air amusé. Le jeune homme fronça les sourcils, se demandant si Granger n'avait pas une idée derrière la tête en envoyant Astoria travailler à Disney.
Il fut tiré de ses pensées par les cris stridents des enfants. Ils venaient d'arriver devant l'entrée du parc. L'esprit du jeune homme fut alors occupé par le rituel du passage au tourniquet. Astoria attendait de l'autre côté et réceptionnait les gamins tandis que Drago attendait de l'autre côté et gérait les boulets (car il y en avait toujours) qui n'arrivaient pas à valider leur billet.
Ensuite, pour prolonger le calvaire, il y eut la fameuse pause "pipiiii" qui sembla durer des heures entre les enfants qui semblaient se noyer dans la cuvette des toilettes tellement ils prenaient leur temps, et l'attente aux sanitaires des filles.
Puis, la visite du parc put commencer. Comme d'habitude, Drago eut bien du mal à retenir les petits malins qui voulaient se mettre à courir comme des fous dans Main Street (apparemment une reconstitution d'une rue de ville américaine des années 1900 avec vieilles voitures et des sortes de bus tirés par des chevaux) tandis qu'Astoria consultait le plan du parc avec le reste du groupe.
Si Main Street constituait l'entrée du parc avec l'hôtel Disney, le château de Disneyland, au bout de cette rue, occupait une place centrale. Tandis que les petits s'extasiaient devant ce qu'ils considéraient être la demeure de Cendrillon ou de la Belle au Bois Dormant (d'ailleurs, qui étaient-elles, ces deux-là ?), Drago l'observa avec scepticisme.
Le château ressemblait à un gâteau recouvert de pâte à sucre rose, bleue et dorée. Est-ce que les moldus avaient déjà vu un vrai château avec pierres grises, pont-levis et douves ? Bon d'accord, il y avait également un pont-levis et des douves ici, mais ça manquait cruellement de fantômes, d'oubliettes et même de dragons !
"Et si nous allions voir la Tanière du Dragon ?" S'exclama une fillette d'une dizaine d'années. "A ce qu'il paraît, il est magnifique !"
Drago se tourna vers elle, les yeux ronds. En trois jours qu'il était ici, il ignorait totalement qu'il y avait un dragon dans le parc ! Il est vrai aussi qu'il n'avait jamais voulu toucher au plan : c'étaient Potter et Granger qui s'en étaient chargés les premiers jours.
Le reste du groupe accepta avec enthousiasme (même si un ou deux mioches nunuches de huit ans craignaient que "ça fasse peur") et ils se dirigèrent vers le lieu sous le regard ahuri du jeune homme. Astoria se glissa près de lui et lui murmura à l'oreille :
"Il s'agit d'un faux, bien entendu !"
Drago en fut presque déçu et se dit, blasé, qu'il aurait dû s'en douter. Ils se dirigèrent vers le côté du château et descendirent vers ce qui aurait pu être des cachots. Cependant, l'intérieur, plongé dans la pénombre, faisait plus penser à une caverne.
Les plus jeunes se pressèrent autour des deux animateurs tandis que les plus téméraires avançaient avec impatience. Un grognement permanent faisait presque trembler les murs, tandis qu'une sorte de ruisseau faisait entendre un doux clapotis.
Lorsque Drago fut face à la "bête", il en eut le souffle coupé. Il ignorait que les moldus puissent reconstituer aussi bien un dragon. A moins qu'un sorcier ou une sorcière les ait aidés ? Par il ne sait quel mécanisme, il vit l'animal bouger, dardant sur eux ses yeux brillants.
Le jeune homme était estomaqué, constatant davantage à quel point la créature semblait réelle. Il ne s'aperçut qu'au dernier moment qu'une fillette de huit ans s'était blottie contre lui tout en gémissant un "J'ai peur !". Oubliant qu'il avait horreur des enfants, et encore plus s'ils étaient moldus, Drago lui répondit sans réfléchir :
"Oh, ne t'en fais pas ! Il faut vraiment que le dragon se sente menacé pour cracher du feu sur les gens. En général, il défend quelque chose de précieux : un trésor, un œuf, un bébé dragon. Si personne n'y touche, il n'y a pas de danger !"
Quand il eut terminé son explication, il vit que tous les gamins le fixaient avec des yeux ronds.
"Wahou ! Tu en sais des choses sur les dragons !" Dit un gamin de huit ans.
"Tu en as déjà vu un ?" Demanda un autre.
Un adolescent de treize ans éclata alors de rire.
"Non mais vous n'allez tout de même pas croire ces idioties ?" Dit-il avec mépris et arrogance, lui rappelant vaguement quelqu'un mais qui ? Ah oui, lui-même ! "Les dragons n'existent pas, voyons !"
Drago eut très envie de lui lancer une réplique cinglante, mais Astoria ne lui en laissa pas l'occasion.
"Qu'en sais-tu ?" Demanda-t-elle à l'adolescent. "Rien ne prouve qu'ils existent, certes, mais rien ne prouve non plus qu'ils n'existent pas !"
Vexé, le garçon haussa les épaules sans répondre et Astoria adressa un clin d'œil à Drago qui rougit sans comprendre pourquoi. Puis, le groupe continua sa visite.
Autour du château, le parc était divisé en quatre zones, quatre "lands" comme disaient les employés du parc (les "cast members"). Il y avait Frontierland, Adventureland, Fantasyland et Discoveryland.
Le plan à nouveau déplié, le groupe d'enfants se disputait. Certains voulaient commencer par un land et d'autres par un autre. Les plus grands ne voulaient faire que des attractions à sensation tandis que d'autres voulaient voir ceux avec décor et histoire.
Astoria finit par demander à Drago de tenir la carte à bout de bras face à elle. Elle se cacha les yeux et désigna un point au hasard.
"Et ce sera Pirate des Caraïbes à Adventureland !" Annonça-t-elle à la manière d'un commentateur de Quidditch.
Adventureland représentait un monde tropical avec pirates et île de naufragés. Tous les gamins, même ceux qui voulaient faire autre chose, bondirent de joie et se mirent quasiment à courir vers l'attraction.
Drago les suivit tranquillement, soulagé par le choix (même involontaire) d'Astoria. Pour être tout à fait honnête, pour l'avoir fait quelques fois en deux jours, il aimait bien Pirate des Caraïbes. Il n'était pas trop secoué dans tous les sens (malgré les deux chutes), le décor était pas mal, la musique sympa, et le tout n'était pas trop nunuche comparé à d'autres thèmes du parc.
Ce ne fut que lorsque les enfants demandèrent à aller dans la boutique de souvenirs jouxtant l'attraction que Drago réalisa que si, il y avait un problème. Si Potter et Granger savaient que ses parents travaillaient également ici, ce n'était pas le cas d'Astoria.
Le jeune homme pâlit alors que le groupe s'éparpillait dans le magasin. Il se mit à croiser les doigts pour que la jeune Greengrass ne regarde pas du côté des caisses, ce qui était le cas pour l'instant puisqu'elle contemplait les T-shirt. C'était sans compter sur...
"Tiens, tiens ! Bonjour Drago et Astoria !" Fit une voix tonitruante.
Drago sursauta violemment et vit avec horreur Rubeus Hagrid s'avancer vers eux. Astoria ouvrit des yeux ronds avant de saluer poliment son professeur de Soins aux Créatures Magiques.
Du coin de l'œil, le jeune Malefoy vit son père essayer de rejoindre discrètement la réserve de la boutique, courbé en avant pour que personne ne le voit. Mais le demi-géant (qui ne paraissait plus en être un) s'exclama bruyamment :
"Hé ! Lucius ! Viens voir un peu qui est là !"
L'homme s'immobilisa, pétrifié, tandis qu'Astoria passait de surprise en surprise.
"Oh, M. Malefoy ? Vous êtes là aussi ?" S'exclama la jeune fille, abasourdie.
Pâle comme un linge, l'homme fut incapable de répondre tandis que Drago sentait le sol s'ouvrir sous ses pieds. Cependant, Astoria n'eut pas un comportement moqueur ou méprisant. Elle demanda à Lucius comment se passait sa journée puis, comme si de rien n'était, s'occupa des enfants qui voulaient acheter tout un tas de souvenirs pour leur famille.
Distraitement, Drago se demanda où l'adolescente puisait autant de patience pour écouter les mômes expliquer qu'ils destinaient tel gadget à leur petit frère, puis celui-ci à leur grande sœur, tel autre à leur père, puis à leur mère, à leur papi, leur mamie, leur tata Mary et même à leur grand-tante Léopoldine. La voyant leur sourire et s'extasier, il en vint même à se demander si elle n'y prenait pas carrément plaisir ! Quelle drôle de fille...
Lorsque la ribambelle de gamins eut fini ses achats, Astoria se contenta de saluer Lucius et Hagrid et quitta la boutique sans plus de questions. Drago s'étonne qu'elle n'essaie même pas de l'interroger. Il ne put cependant réfléchir bien longtemps.
Les plus grands du groupe souhaitaient faire l'attraction Indiana Jones et le Temple du Péril. Comme la limitation de taille était d'1m40, tout le monde ne put pas y aller. Si certains furent déçus aux larmes, ce ne fut pas le cas de tous les recalés qui n'avaient pas forcément envie de faire une attraction classée "grand frisson".
Astoria proposa de rester attendre avec les plus petits tandis que Drago irait avec le petit groupe de gamins de 10 à 13 ans assez grands pour monter sur les rails. Le jeune homme accepta sans réfléchir, bizarrement incapable de dire "non" à Astoria.
Ce ne fut que dans la file d'attente qu'il se rendit compte de ce qu'il venait de faire : il avait fait exprès d'éviter cette attraction depuis deux jours, refusant de mettre le moindre orteil dans ces foutus wagons ! On entendit sûrement ses hurlements depuis l'autre bout du parc. Lorsqu'il revint auprès d'Astoria, les sales gamins qu'il avait accompagnés riaient à en perdre haleine.
Après cela, le groupe d'enfants voulut visiter la cabane des Robinsons puis s'amusa longuement sur les ponts suspendus et flottants. Pâle comme un linge, Drago tenta de cacher qu'il souffrait de vertiges mais ce fut peine perdue avec ces affreux mioches qui s'amusèrent à sauter sur le pont suspendu puis à le faire balancer.
Lorsqu'il rejoignit enfin la terre ferme, les jambes tremblotantes, les gamins se mirent à dire qu'ils avaient faim et à réclamer à manger. Par vengeance, le jeune Malefoy aurait bien voulu les priver de repas, mais Astoria se dirigeait déjà vers une pizzeria avec "Le gros éléphant du Livre de la Jungle" sur la devanture.
Une fois assis aux côtés de la jeune fille dans un calme approximatif, Drago osa enfin lui poser la question qui le taraudait depuis le début de la journée :
"Ça ne dérange pas ta famille de savoir que tu travailles volontairement dans le monde moldu ?"
L'adolescente haussa les épaules avec désinvolture. Elle avait remonté sa longue chevelure brune en un chignon négligé, révélant un cou gracile et une peau légèrement hâlée par le soleil.
Drago ne s'était jamais aperçu qu'elle avait quelques taches de rousseur sur le nez et que ses yeux d'apparence caramel avaient en fait plus de vert que de marron. Il est vrai que sa sœur Daphné était blonde presque rousse avec des yeux d'un vert très clair. Il était normal qu'elles aient quelques ressemblances.
"Au début, mes parents auraient préféré que je trouve un travail à Gringott, ou dans une boutique du Chemin de Traverse ou de Pré-au-Lard." Répondit-elle après avoir avalé une gorgée de soda moldu. "Puis, à la réflexion, ils se sont dit que dans le contexte actuel, l'idée de travailler dans le monde moldu était plutôt pertinent et permettrait à la famille Greengrass d'être bien vue par le monde de la magie."
Elle se lécha les doigts après avoir avalé une part de pizza puis planta son regard dans celui du jeune homme.
"Je suppose qu'il en va de même pour ta famille ?" Demanda-t-elle.
Depuis leur rencontre avec Lucius dans la boutique où il travaillait, Drago avait préparé tout un discours, inventant une explication qui pourrait laver l'honneur des Malefoy aux yeux de la jeune fille. Mais lorsqu'il se tourna vers elle pour la lui dire, il ne fut plus sûr que ce soit une bonne idée.
D'abord, Potter, Weasley et Granger pourraient se faire un plaisir de dire la vérité à Astoria, et elle lui en voudrait sûrement pour ce mensonge. Ensuite, tout le monde savait que les Malefoy avaient longtemps été du côté du Seigneur des Ténèbres, alors à quoi bon mentir ? Drago choisit donc de dire la vérité à Astoria, et celle-ci l'écouta attentivement en hochant la tête de temps en temps.
"Je pense que le Conseil a eu une bonne idée." Finit-elle par en conclure. "Tu dois bien te rendre compte, à présent, que le monde des moldus n'est pas si terrible, non ? Nous pouvons même franchement nous y amuser, tu ne trouves pas ?"
Drago ouvrit la bouche, prêt à protester avec véhémence et à manifester combien il était offusqué par une telle déclaration. Mais, bizarrement, aucune parole ne vint et il se surprit à acquiescer bêtement. Astoria lui offrit un sourire qui lui procura une drôle de chaleur dans le ventre, effaçant tous ses soucis.
A la suite du repas, les deux jeunes gens emmenèrent les enfants à Frontierland, le monde western. Les petits voulurent aussitôt aller à Big Thunder Mountain, un train dévalant à toute allure une montagne rocheuse. Hélas, tous eurent la taille requise et il n'y eut aucun peureux demandant à rester sur un banc.
Drago n'eut pas le courage de refuser de les suivre, refusant que son binôme se moque de lui. Finalement, il se surprit à rire avec les enfants puis s'amusa à les effrayer dans le Manoir Hanté. Il fut cependant moins enthousiaste lorsque le groupe courut vers Fantasyland, le monde rose bonbon avec princesses, poupées et contes de fées.
Heureusement, le peu d'enthousiasme des grandes de treize ans lui permit d'éviter pas mal d'attractions et ils se contentèrent d'aller dans les tasses qui tournaient puis, hélas, à "It's a small world" avec les poupées qui chantaient un air qui restait dans la tête tout le reste de la journée.
Alors que Drago se retenait d'étrangler les petits qui fredonnaient l'air en sortant de l'attraction, Astoria proposa à tous d'aller manger une glace juste en face. Se souvenant que sa mère y travaillait, le jeune homme se figea, puis il haussa les épaules. Après tout, Astoria connaissait toute l'histoire à présent.
En les voyant arriver, Narcissa Malefoy rougit de honte en reconnaissant la petite Greengrass. Cependant, la jeune fille la salua comme si de rien n'était et rit aux blagues stupides de Horace Slughorn qui refusait toujours de se séparer de son horrible accent allemand. Une fois tout le monde servi, Astoria se pencha vers Drago et lui murmura :
"Au passage, elle est très belle, ta mère, dans ce costume !"
Il lui sourit, ravi, reconnaissant qu'elle avait raison, et ne réagit même pas lorsqu'une petite fille de huit ans s'endormit sur ses genoux.
Le reste de la journée se passa assez rapidement, à la grande surprise de Drago pour qui les deux jours précédents avaient semblé durer une éternité. A Discoveryland, le monde Steampunk inspiré de Jules Verne, ils allèrent affronter les vaisseaux de l'étoile Noire dans Star Tour. Ils purent échapper à Space Mountain grâce à la fatigue qui s'abattit brutalement sur les enfants.
Ils flânèrent longuement dans Main Street où les enfants achetèrent de nouveaux souvenirs pour leurs arrière-grands-parents, les copains de l'école, et même leurs voisins. Ils croisèrent Granger et Weasley ainsi que Potter et la fille Weasley qui regardèrent, abasourdis, Drago rire avec Astoria puis chahuter avec un petit.
Granger eut à nouveau son sourire mystérieux mais le jeune Malefoy s'en moquait : qu'elle ait fait exprès ou non d'envoyer Astoria ici, peu importe ! La jeune Greengrass était là, et il en était ravi.
Ils croisèrent également Longdubat et Lovegood qui leur décrit les animaux fantastiques qui étaient dissimulés dans le parc. Drago n'en fut même pas agacé.
Lorsqu'il fut temps de se séparer, Astoria leur annonça qu'elle partageait un chalet du ranch Davy Crockett avec Lovegood et Granger. Radieux, il lui répondit qu'il y partageait également un logement avec ses parents.
"On se revoit demain, alors ?" Lui dit la jeune fille.
Drago acquiesça.
"Oui, avec plaisir." Lui répondit-il.
Il réalisa alors qu'il le pensait sincèrement. Pour la première fois depuis la Bataille de Poudlard, il se sentait heureux, et il se dit qu'Astoria avait raison : le monde moldu n'avait pas que des mauvais côtés.
Ces 59 jours de vacances restants ne s'annonçaient plus comme un cauchemar. Peut-être même seraient-ils agréables.
FIN