Albus Dumbledore était installé à son bureau, une tasse de chocolat chaud entre les mains, et attendait que Minerva vienne lui confirmer que les élèves qui souhaitaient rentrer chez eux pour les fêtes étaient bien tous arrivés à destination.
Habituellement, le Poudlard Express ramenait les enfants chez eux pour l'occasion, mais cette année, ils avaient collaboré avec le Ministère pour leur assurer un voyage aussi rapide que sécurisé. Pour ce faire, l'âtre du bureau de Minerva avait été relié au Réseau des Cheminées et cette dernière avait été chargée de superviser les nombreux départs.
D'après le dernier recensement effectué, seule une poignée d'enfants resterait au château durant ces congés, ce qu'Albus trouvait, au final, assez rassurant. Malgré la volonté de nuire de celui qui se faisait à présent appeler Lord Voldemort, force était de constater que sa noirceur avait paradoxalement tendance à rapprocher les gens.
Les vacances de Noël étaient toujours auréolées d'une ambiance particulière et cette année ne faisait pas exception, malgré les sombres événements qui se profilaient à l'horizon.
Bien sûr, Albus ne se faisait pas d'illusion, il savait pertinemment que ce répit ne serait que de courte durée, du moins tant que le jeune Harry ne serait pas parvenu à vaincre la menace qui planait au-dessus d'eux, mais l'heure était à la fête et il ne laisserait personne entraver ces moments d'insouciance.
En ces temps sinistres, ces jours de joie devenaient vitaux.
Albus ôta le gant qui protégeait sa main noircie par le sort contenu dans la pierre de résurrection et remua délicatement ses doigts pour en éprouver leur souplesse. Comme Severus l'avait prédit, ceux-ci se faisaient de plus en plus raides, mais heureusement, le mal ne le gagnait pas aussi rapidement qu'ils ne l'avaient craint.
Ses jours étaient comptés, sans qu'aucun doute ne soit permis à ce sujet, mais si les choses continuaient à évoluer comme elles le faisaient, il aurait sans doute le temps de finir de préparer Harry à ce qui l'attendait, ce qui était devenu son unique priorité.
Des coups frappés à sa porte le tirèrent de ses pensées moroses et Albus remit son gant avant d'inviter la personne à entrer.
Un sourire bienveillant gagna ses traits lorsque Minerva pénétra dans son bureau, lui confirmant que les élèves étaient bien tous arrivés à bon port et qu'il ne restait plus que six élèves - deux Poufsouffle, un Serdaigle et trois Gryffondor - au château.
Albus lui confirma ensuite qu'il serait bien présent, le soir du Réveillon, pour dîner en compagnie de ceux qui restaient à Poudlard pendant les vacances de Noël, comme à son habitude, puis Minerva prit congé pour aller se reposer, le laissant à nouveau seul.
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Albus ajusta sa longue robe de soie mauve préférée, celle qui était parsemée d'étoiles argentées, vérifia dans un miroir que sa barbe était bien en place et quitta son bureau pour rejoindre la Grande Salle.
Il fit un détour par les cuisines pour saluer les elfes, s'assurant au passage que Winky, l'ancienne servante des Croupton, avait bien cessé sa consommation de bièraubeurre, comme elle le lui avait promis, puis reprit son chemin vers les festivités.
Cependant, il pila net au détour d'un couloir lorsqu'il tomba sur deux élèves, vêtus de robes aux couleurs de Gryffondor, occupés à déguiser un petit Poufsouffle en sapin de Noël.
Comme ils lui tournaient le dos, ils ne l'avaient pas encore vu, et Albus était à la fois amusé et impressionné par le sérieux avec lequel ils semblaient prendre leur tâche.
Des guirlandes rouges et vertes s'enroulaient autour des bras de l'enfant - certaines émettaient même une faible lueur dorée - et quelques boules étaient accrochées de manière relativement aléatoire.
Lorsqu'un des enfants sortit une étoile argentée de sous sa cape pour la coller sur le visage de la présumée victime - après tout, pour ce qu'il en savait, le Poufsouffle était peut-être consentant - Albus décida qu'il était temps d'intervenir.
- Hum, toussota-t-il, les faisant sursauter vivement. Je pense que le rendu serait plus joli si l'étoile se trouvait réellement au sommet.
D'un léger mouvement de baguette, il fit léviter l'étoile au-dessus de la tête de l'enfant-sapin, puis, remarquant que celui-ci n'avait pas l'air très heureux d'être ainsi costumé, pointa sa baguette sur lui-même pour s'affubler du même accoutrement.
Un sourire discret étira ses lèvres lorsqu'il vit leur air ébahi, à tous les trois.
- J'espère que tu me pardonneras d'avoir copié ta tenue festive, commenta-t-il en s'agenouillant devant l'élève de Poufsouffle. Je l'ai trouvée tellement appropriée que j'ai eu envie de revêtir la même.
Au sourire que lui renvoya l'enfant, combiné aux mines déconfites des deux Gryffondor, Albus comprit qu'il avait visé juste en s'accoutrant de la sorte.
De toute façon, il y avait bien plus effrayant en ce monde que le ridicule.
Il proposa ensuite aux enfants de le suivre jusqu'à la Grande Salle, où le reste des convives étaient déjà présent, puis invita tout le monde à s'asseoir juste avant de faire venir à eux une série de cadeaux.
Que ces enfants n'aient pas de proches avec qui passer Noël ne l'empêcherait pas de tout faire pour qu'ils en gardent le meilleur souvenir possible.
Et au regard surpris que lui lança Minerva en remarquant sa tenue, Albus se contenta de répliquer d'un clin d'œil amusé.
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En ce matin de Noël, Albus fut réveillé par le craquement des bûches dans sa cheminée.
Le bruit du feu ronronnant dans son âtre avait tendance à l'apaiser, en temps normal, mais les temps n'étaient plus normaux depuis un moment.
Conscient qu'il ne parviendrait pas à se rendormir, il s'extirpa de son lit puis se prépara.
Après avoir bu une tasse de thé, accompagnée d'un toast recouvert de marmelade à l'orange, Albus enfila sa cape d'hiver pour s'apprêter à sortir.
Il était tôt, il faisait froid et humide, sa main était particulièrement douloureuse, ce matin-là, mais rien n'aurait pu le contraindre à louper son rendez-vous.
C'était un rituel qu'il accomplissait depuis de nombreuses années, à présent, et jamais il ne l'avait loupé en 98 ans.
Il quitta discrètement l'enceinte du château pour pouvoir transplaner et réapparut, quelques secondes plus tard, devant le cimetière de Godric's Hollow.
Il en poussa le portail, dont le grincement résonna dans le silence ambiant, et se rendit d'un pas lent jusqu'à l'endroit où sa mère et sa sœur reposaient.
Sans surprise, il constata que son frère, Abelforth, était déjà sur place, se recueillant sur leurs tombes.
Sans prononcer le moindre mot, il déposa une couronne de Noël sur les pierres, sur laquelle s'entremêlaient houx, lierre, hellébore et menthe poivrée.
Son regard se posa ensuite sur l'inscription qu'il avait lui-même gravée, près d'un siècle auparavant, et il inspira profondément pour chasser la boule qu'il sentait remonter le long de sa gorge.
Au bout d'un moment qu'il aurait été incapable d'estimer, son frère se leva et déposa une main sur son épaule, qu'il serra brièvement avant de partir.
Aucune parole n'avait été échangée, mais c'était secondaire.
Noël était une fête de famille et en ce jour, le reste n'avait plus la moindre importance.