Parce que.

Harry Potter - J. K. Rowling
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G
Parce que.
Summary
Pourquoi Albus était-il différent ? Avait-il fait quelque chose de travers ? Y avait-il une raison à tout ? Quelles étaient les réponses à ces questions ? /!\ ne prend pas en compte l'Enfant Maudit (mais un petit clin d'œil pour le fun) /!\Passe en underage sex NON EXPLICITE à partir du chapitre 8 :)
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Plongeon

Albus recommença à déambuler dans le couloir vide avec un soupir. Normalement, sa ronde était terminée depuis une bonne heure, mais il n’était pas retourné au dortoir, mal à l’aise. Il était mal à l'aise depuis leur retour à Poudlard, il avait passé le trajet du train collé contre Scorpius, rechargeant son énergie contre le garçon blond. Il lui avait jeté un regard étrange lorsqu'ils s'étaient retrouvés sur le quai, et Albus avait passé une main nerveuse dans ses cheveux plus courts. Il avait demandé à sa mère de les lui couper lorsqu'il était rentré de chez les Malefoy, il avait surpris une discussion entre son frère et Bettie. La jeune fille avait dit que les deux frères se ressemblaient beaucoup depuis que James se laissait pousser les cheveux, et Albus s'était braqué, immédiatement. Il ne ressemblerait pas à James. 

La première nuit au dortoir avait été catastrophique pour lui, Scorpius l'avait suivi, dissimulé par un sortilège de désillusion, et l'avait coincé dans une alcôve, passant ses doigts dans ses cheveux courts sans dire un mot, avant de lui souffler dans l'oreille qu'il aimait beaucoup ce changement. Il avait disparu ensuite, laissant Albus tremblant, les jambes ramollies et les joues en feu. Il s'était senti incroyablement nerveux ensuite, et n'avait pas réussi à dormir à son retour au dortoir. Il se sentait constamment mal à l'aise en présence de Scorpius, ses sens exacerbés, sa conscience de la proximité du garçon occupant son esprit constamment. Il était tendu. Alors, malgré son besoin de rester près de lui au maximum, Albus avait commencé à éviter Scorpius. Il avait, évidemment, commencé par ne plus aller à la douche en même temps que lui, puis il changeait de place durant certains cours… mais n'avait pas réussi à l'éviter aux repas, il n'en avait pas eu la force. Scorpius avait immédiatement remarqué qu'il tentait de s'éloigner, mais n'avait rien dit, et l'avait laissé faire en se contentant de l'observer de loin. Albus en avait presque été déçu, qu'il n'ait pas tenté de l'en empêcher.

- Pourquoi c'est si compliqué…

- Un amour n'est jamais simple, cher ami, répondit une voix en le faisant sursauter.

- Qui est là ?!

- Je pensais que vous me reconnaîtriez, vous ne montez jamais dans le bureau directorial, j'ai donc décidé de venir à votre rencontre.

- Oh, bonsoir Phinéas, désolé je… je suis un peu ailleurs en ce moment.

- Je l'ai bien vu, ne vous en faites pas, rit l'homme en passant dans un autre tableau pour le suivre. Allons, racontez-moi ce qui vous tourmente.

- Ce n'est rien, vraiment, marmonna Albus.

- Pour que vous soyez dans cet état, je peux affirmer que ce n'est pas rien. Que vous arrive-t-il ?

- Oh, c'est essentiellement physique, si je dois l'exprimer.

- Ah, cette période magique où vous devenez suffisamment mature pour vous rendre compte qu'il n'y a pas que des sentiments dans ces histoires…

- Exactement.

- Alors, qu'avez-vous trouvé comme solution ?

- Je l'évite.

- Ha, mauvaise idée. Très mauvaise idée, si je puis me permettre. Vous n'allez réussir qu'à vous frustrer davantage. Et votre amie ne va pas comprendre, si vous aviez pris l'habitude d'être toujours ensemble. Vous lui avez parlé ?

- Jamais de la vie, grogna Albus. Lui parler, et puis quoi encore, ça se voit que vous n'êtes pas à ma place.

- Oh mais je l'ai connue, cette période, vous savez ? Vous êtes amoureux, tout est merveilleux, puis quelque chose change, vous vous embrassez d'une manière un peu différente, quelque chose se réveille en vous, et soudain vous avez des envies… différentes. 

- Et comment avez-vous fait, ô grand Professeur Phinéas Nigellus Black ?

- Oh, j'ai tout simplement coincé la demoiselle, et…

- Non, en fait c'est bon ! Je ne veux pas de détails ! S'exclama Albus en plaquant ses mains sur ses oreilles.

- Hahaha, ne vous en faites pas, je ne vous donnerai pas de détails. Mais vous devriez… relâcher la tension. Avec ou sans votre petite amie, peu importe, même si j'insiste, ce sera mieux avec elle. Si elle accepte, visiblement il faut demander l'autorisation de bouger le moindre petit doigt désormais, triste époque, vous pouvez me croire…

- Je trouve ça assez agréable, au moins je suis sûr de ne forcer personne si je demande avant. 

- Si c'est ce qui vous plaît. Enfin, vous devriez aller vous coucher, il est bien trop tard pour patrouiller. N'hésitez pas, par ailleurs, à utiliser les salles de bain des Préfets pour… relâcher la pression. Vous êtes en sixième année, il est important de vous détendre afin de vous concentrer sur vos cours, la recherche magique en potions nécessite une grande concentration, c'est une voie très noble que vous avez choisie. Bonne nuit, Albus Severus.

- Merci Professeur Black, bonne nuit également, soupira Albus.

Il lui fit un signe de la main en le voyant repartir de tableau en tableau, puis éteignit sa baguette et s'avança vers la fenêtre la plus proche. Il y appuya son front, fermant les yeux en réfléchissant. Utiliser la salle de bain des Préfets était une idée terriblement attrayante, bien plus que le fait d'en parler. Avec qui que ce soit. Soudain, il sentit une odeur familière et se figea, tous les muscles tendus à l'extrême. Mais aucun contact ne suivit l'arrivée de l'odeur, et Albus rouvrit les yeux et fit volte face, tentant de percer la semi-obscurité du couloir. Puis, comme s'il avait tout été là, Scorpius apparut, appuyé contre le mur près de lui, jonglant avec sa baguette. 

- Salut.

- Oh. Je… euh… salut Scorpius… c'est… hum… ça fait… c’est… un moment… que tu… ?

- Depuis le début. Tous les soirs en fait.

- C'est un peu effrayant.

- Je voulais être sûr que tu n'ailles pas… voir ailleurs. Je me disais que si c'était le cas, tu aurais pu avoir la décence de me le dire en face.

- Tu aurais aussi bien pu me poser la question, grogna Albus. 

- Les seuls moments où j'arrive à être suffisamment proche de toi pour discuter, il y a du monde autour, siffla Scorpius. Depuis qu'on est arrivés à Poudlard, tu sursautes au moindre contact, tu es nerveux, comme si… tu cachais quelque chose. Et tu m’évites.

- J'ai le droit de cacher ce que je veux, affirma bravement le brun malgré sa voix tremblante. De toute façon t'as tout entendu, et t'as bien vu en me suivant tous les soirs depuis lundi que je ne vois personne. 

- Ça, pour entendre, j'ai entendu… qui est le Professeur machin-Black ? 

- Un ancien directeur de Poudlard, c'est un des ancêtres du meilleur ami du père de mon père. Il y a son portrait dans le grenier, j'ai souvent discuté avec lui. Il est un peu bizarre, mais quand on le flatte un peu, il raconte pas mal de choses intéressantes. Enfin, je vois pas ce que ça peut te faire.

- Non, je me disais qu'il avait l'air de bien te connaître… et qu'il ne disait pas que des bêtises. 

Albus déglutit, remarquant instantanément le changement d'humeur de son ami, et le regarda approcher sans bouger. Lorsqu'il fut à moins de dix centimètres de lui, il ne put résister et inspira à fond.

- Je t'ai manqué, constata Scorpius avec un air surpris.

- Ça t'étonne ? Souffla Albus.

- Toujours. Mais ça, ce n'est pas un problème. 

- Parce qu'il y a un problème ?

- Toi, tu en as un. Mais ce que tu ne sais pas et que tu ne vois pas, c'est que tu n'es pas le seul à avoir ce problème, chuchota Scorpius en étirant ses lèvres dans un sourire amusé, éclairé par la lumière de la lune. On n'a juste pas choisi d'y remédier de la même façon. Alors… je peux te proposer mon aide, si tu veux. Tu n'es, bien entendu, pas obligé d'accepter, comme disait ton ami du tableau, je suis certain que te détendre avec… ta petite amie … serait plus agréable, mais tu peux tout aussi bien te débrouiller. Tant que tu arrêtes de m'éviter. Je comprends que ça fasse beaucoup à supporter, surtout si… tu ne fais rien. Mais, s'il te plaît… arrête de fuir. S'il te plaît…

- Attends, tu… mais… comment… ? Demanda Albus en ouvrant de grands yeux.

- Sous la douche, qu'est-ce que tu crois ? 

- Oh.

- Alors ? 

- Alors quoi ? 

- Tu veux bien arrêter de m'éviter, s'il te plaît ? Demanda Scorpius, le suppliant du regard.

Albus hocha la tête et leva une main pour la glisser sur sa joue, et le garçon blond inclina légèrement la tête avec un soupir, fermant les yeux comme pour profiter du contact. Une longue minute s'écoula dans le silence total, puis il rouvrit les yeux, les braquant dans ceux d'Albus.

- Et… pour la proposition ? 

Albus déglutit à nouveau, sentant ses joues le brûler. Il se souvenait parfaitement du moindre détail de la première nuit que Scorpius avait passée chez lui, se rappelait la moindre sensation causée par le garçon. Avant même de comprendre ce qu'il faisait, il hocha la tête, combla le petit espace vide entre eux et enfouit son visage dans son cou, inspirant son odeur avec délices.

- Je n'ai pas vraiment compris ta réponse, tu sais ? Même si je vois que tu as accepté de ne plus m'éviter…

Albus descendit une main en bas du dos de Scorpius et le plaqua contre lui avec un grognement, mettant en évidence son fameux "problème", et il entendit le garçon blond laisser échapper un couinement qui, étrangement, sembla embraser tout son corps. Scorpius se cramponna à lui et… remua. Albus n'aurait su dire de quelle façon, mais son mouvement aggrava subitement la tension qu'il éprouvait et l'inconfort de ses sous-vêtements devint parfaitement insupportable.

- Alors, de quelle façon tu comptes m'aider ? Souffla-t-il dans son cou, remarquant avec plaisir que Scorpius frissonnait lorsqu'il respirait contre la peau de son cou.

- La… salle de bain… me semble toute… indiquée. Ou même… n'importe quel placard… assez grand pour nous deux… au point où on en est…, Haleta le garçon blond.

Albus hocha vivement la tête, il ressentait soudain un besoin vital de le toucher, sans aucune retenue ni vêtements. Scorpius recula à contrecœur, glissa sa main dans la sienne et l'entraîna en courant presque dans un passage secret derrière une statue, deux couloirs plus loin, qu’il déplaça avec une formule inconnue. Il attendit que la statue se remette en place… et Albus se jeta littéralement sur lui, glissant sa langue entre ses lèvres avec un gémissement à peine contenu en les entraînant tous les deux au sol, sans se préoccuper de leurs baguettes encore allumées. Scorpius s'empressa de répondre farouchement à son baiser, et il sentit ses mains s'affairer pour relever sa robe de sorcier jusqu'à la taille. Il l'attira contre lui, croisant ses jambes derrière son dos, puis remonta ses mains sous la robe de sorcier d'Albus, frôlant sa peau brûlante du bout des doigts. Albus recula légèrement, reprenant sa respiration, et Scorpius en profita pour retirer complètement sa propre robe de sorcier, avant de poser les mains sur celle d'Albus, hésitant visiblement à faire de même pour lui. 

- Vas-y, souffla Albus. Ce n'est pas juste si on n'est pas tous les deux dans le même état.

Albus ne voyait absolument rien, mais il était persuadé que Scorpius souriait lorsqu'il lui retira sa robe de sorcier. Puis il le plaqua contre lui, et Albus crut qu'il allait exploser. Dans l'obscurité, son sens du toucher était exacerbé, et il pouvait sentir le moindre contact entre leurs peaux. Il glissa ses jambes derrière Scorpius, et le rapprocha encore, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus différencier sa chaleur de celle de Scorpius. Puis, celui-ci remua, et Albus laissa échapper un petit cri, étouffé par le baiser. Quelque chose l'avait touché, et il déplaça sa main entre leurs bassins… avant de s'arrêter, les joues brûlantes, comprenant finalement ce qui l'avait touché. Il laissa sa main en suspens, hésitant, se demandant s'il pouvait le faire, et Scorpius grogna contre lui, remuant à nouveau. Albus recula légèrement, à bout de souffle.

- Tu peux… enfin, si… si tu veux…, haleta Scorpius.

- Quoi ? 

Le garçon blond posa sa propre main sur celle d'Albus et poussa légèrement vers le bas, clarifiant sa phrase. Il voulait qu'Albus le touche. Il obtempéra et retint sa respiration, tentant de démêler le flot de sensations qui l'envahissaient soudain. Scorpius remua contre sa main, et cette fois, Albus comprit immédiatement, se mettant en mouvement tandis que le garçon blond plaquait à nouveau sa bouche contre la sienne, étouffant à peine un gémissement sonore. La main de son ami était toujours sur la sienne, et il fut surpris de sentir qu'il l'enlevait… puis ouvrit de grands yeux dans l'obscurité en comprenant qu'il se déshabillait encore. 

- Albus… si tu ne veux pas faire quelque chose… ou que tu ne veux pas que moi je le fasse… on peut s'arrêter à tout moment… d'accord ? Souffla Scorpius d'une voix inquiète en constatant qu'il ne bougeait plus.

- T'en fais pas pour ça, je te le dirai si je veux qu'on s'arrête, murmura Albus en passant sa langue sur ses lèvres. Mais… on n'est pas… je suis… un peu plus… habillé…

- Ah ouais ? Attends, je vais t'aider un peu…

Albus sourit dans l'obscurité, et recommença à embrasser Scorpius alors qu’il reposait ses mains brûlantes sur lui, profitant qu'ils fussent totalement hors de portée de n'importe qui dans l'école.

 

***

 

Albus observa les chouettes et hiboux entrer dans la Grande Salle d'un air rêveur. Il sursauta en voyant un hibou grand duc descendre en piqué vers eux, et glissa un regard vers son voisin de table. Albus lui fit discrètement signe de remonter le col de sa robe. Scorpius eut un sourire moqueur, et ne fit aucun geste pour dissimuler la marque à la base de son cou. Il savait pertinemment qu'Albus n'assumait absolument pas le comportement qu'il avait lorsqu'ils étaient seuls, isolés du reste de l'école. Le garçon brun passa la main dans ses cheveux courts en grognant, les joues rosies, puis se tourna à nouveau vers Scorpius, qui semblait soudain malade.

- Hé, tout va bien ? Scorpius ? 

- Hein ?

- Tu as l'air… malade. Tu veux aller à… l'infirmerie ? 

Scorpius tourna la tête vers son meilleur ami, et Albus eut le temps de voir son air perdu, puis de le voir refléchir avant que son expression ne s'adoucisse soudain.

- Non, on n'ira pas à l'infirmerie, t’en fais pas Albus, ça va aller. J'ai juste… besoin de prendre l'air une minute. Tu…

- Bien sûr. J'en ai pour une minute, je récupère nos écharpes et nos capes chaudes, attends-moi dans le hall.

Albus bondit de son banc, porté par le regard affectueux que Scorpius lui avait lancé le temps d'une seconde, et se rua vers leur dortoir, conscient qu'ils avaient encore une bonne heure devant eux, leur cours de potions ne commençait qu'à neuf heures. Il avait été surpris que Scorpius garde cette matière, et l'avait interrogé sur son choix, mais Scorpius avait simplement dit qu'il aimait la matière, sans s'étendre sur la raison. Albus s'était inquiété qu'il ne l'ait choisie que parce qu'il l'avait également gardée, mais son ami s'était contenté de ricaner. 

Ils n'avaient pas parlé de leurs projets d'avenir, Scorpius ne semblait pas enclin à ce genre de discussion. Ni de leur relation, quelle qu'elle soit. Lui-même ne voulait pas en parler. C'était trop effrayant, devoir mettre des mots sur leurs actions, sur ce qu'il ressentait, ce qu'il espérait… c'était trop pour lui. Albus déboula essoufflé dans le dortoir, récupéra leurs affaires et ressortit en trombe, s'attirant les vociférations du sorcier dont le tableau gardait l'entrée de la salle commune des Serpentard. Il ne s'était écoulé que trois minutes entre son départ et le moment où il s'arrêta dans le hall d'entrée avec un dérapage presque contrôlé. Scorpius le retint par le bras alors qu'il trébuchait, et récupéra sa cape, prenant l'une des deux écharpes au hasard avant de s'avancer vers la grande double porte donnant sur le parc. Seul l'un des deux battants était ouvert, suffisamment pour laisser passer deux élèves de front, et ils s'y glissèrent rapidement avant de s'arrêter pour admirer le parc sous l'épaisse couche de neige qui était tombée là veille. 

- On sent que Noël approche, il fait vraiment beaucoup trop froid, se plaignit Albus. 

- Hmmm je serais presque tenté par un petit tour en barque, pas toi ? C'est la température idéale pour ce genre d'activités.

Albus tourna la tête vers lui, scandalisé, avant de voir son sourire malicieux et ses yeux plissés. Il lui donna un coup d'épaule et éclata de rire, soulagé de le voir presque normal. Presque. Son regard conservait quelque chose de sombre qu'il ne comprenait pas. Scorpius soupira, puis glissa sa main dans la sienne et l'entraîna vers le lac, s'enfonçant dans la neige jusqu'aux genoux sans faire le moindre commentaire. Albus le suivit, surpris et inquiet. Scorpius ne faisait jamais rien en public, ou au grand jour, qui pouvait laisser penser que les deux garçons étaient autre chose que de simples amis. S'il décidait de passer outre cette habitude, c'était que quelque chose n'allait vraiment pas. Fort heureusement, le parc était désert.

Lorsqu'ils parvinrent à l'endroit où le lac rejoignait la lisière de la Forêt Interdite, Scorpius s'arrêta finalement, et lâcha Albus pour poser un pied sur la glace, curieux.

- Euh, je préférerais que tu ne fasses pas ça, s'il te plaît…, affirma Albus d'une voix mal assurée.

- C'était une lettre de mon père, expliqua Scorpius en faisant un autre pas sur la glace, sans le regarder.

- Oh. Tu peux revenir ? Qu'est-ce qu'il disait ?

- Ma mère…, commença le blond en faisant un nouveau pas, grimaçant lorsque son pied glissa légèrement. Elle a toujours eu une santé fragile. Ça lui vient de sa famille. Et… elle est souvent malade.

- Oui, tu m'en avais déjà parlé plusieurs fois, je m'en rappelle. Tu es obligé de marcher sur le lac pour me raconter ça ? Tu peux revenir, s'il te plaît ?

- Elle est tombée malade, après que vous soyez partis cet été. Elle l'était toujours un peu à la rentrée, c'est pour ça qu'elle n'est pas venue à King's Cross, mais papa me disait qu'elle allait mieux depuis. Elle était sortie un peu, et le Médicomage qui vient souvent à la maison avait dit qu'elle se rétablissait vite.

- Scorpius, s'il te plaît, souffla Albus en le voyant avancer encore une fois, maintenant à plus d'un mètre de lui, toujours sans le regarder.

- Elle… ma mère a fait une rechute.  C'est plus grave que d'habitude. Je… il m'a dit que je ne devrais pas rentrer à Noël, il l'a emmenée en urgence à Ste Mangouste… 

- Scorpius…

- Il a essayé de me dire de ne pas m'inquiéter, que ce n'était pas si grave, mais… il compte passer toutes les vacances à l'hôpital avec elle. Peut-être même plus de temps que ça, peut-être qu'il a déjà commencé… je…

Albus sursauta en entendant un craquement discret et vit avec horreur que Scorpius s'éloignait toujours malgré les craquements de la glace sous ses pieds.

- Scorpius, reviens ! Cria Albus, désespéré, posant un pied sur la glace à son tour.

- Je ne sais pas si… ça va te sembler stupide, mais je ne sais pas si je vais survivre sans ma mère, Albus, déclara-t-il en se tournant finalement vers lui, les joues ruisselantes de larmes. Je sais que mon père m'aime, mais… elle est la seule personne à m'avoir dit qu'elle m'aimait, il y a toujours des gens pour me regarder de travers parce que je ressemble beaucoup à papa, et… même si vous êtes avec moi, même si tu es toujours avec moi… c'est trop…

Albus ne sut pas ce qu'il voulait dire, car la glace craqua finalement sous les pieds de son ami avec un bruit assourdissant. Ou peut-être qu'il ne l'entendit pas à cause de son hurlement. Il se précipita vers Scorpius qui s'enfonçait dans l'eau, incapable de s'accrocher aux plaques de glace qui se détachaient les unes des autres, et il tomba à l'eau lui aussi, réussissant à s'accrocher fermement à lui avant que le froid n'engourdisse tous ses membres. Il aperçut une ombre massive, mais était trop fatigué pour chercher à savoir ce que c'était. Il était avec Scorpius, et ne le lâcherait pas, c'était tout ce qui comptait. 

- ... été là, Hagrid. 

- Je les avais vus passer, j'ai un cours en lisière de forêt le mercredi matin, et quand j'ai entendu le jeune Potter crier, j'ai couru aussi vite que possible. Ils ont eu beaucoup de chance, vraiment…

- Ah, l'un d'eux se réveille. Mr Malefoy, vous m'entendez ?

- Professeur McGonagall, s'il vous plaît, mon patient a besoin de soins, pas d'un interrogatoire.

- Je suis navrée, Pomona, mais nous devons savoir ce qu'ils faisaient près du lac, à cette période de l'année, les rives sont très dangereuses, et je pourrais m'attendre à ce que deux élèves de sixième année, dont un Préfet, sachent qu'il ne faut pas s'y aventurer. 

Albus entendait les trois voix distinctement, il savait à qui elles appartenaient, mais ne parvenait pas à se réveiller. Quelque chose l'en empêchait.

- Qu'est-ce que… c'est… l'infirmerie… ? Albus… ?

- Votre camarade est là, regardez, il va bien. Maintenant, pourriez-vous me dire ce que vous faisiez sur le lac ?

- Albus est à l'infirmerie !? Non, il ne faut surtout pas, il en a une peur bleue, où est-il ?! Il va être terrifié en se réveillant ! Albus ! 

Il entendit Scorpius l'appeler, inquiet, et tenta de se réveiller, de lui dire qu'il allait bien, qu'il n'avait pas besoin de prendre une voix si désespérée.

- Mr Malefoy vous êtes déraisonnable, je vous demande instamment de vous calmer.

- Désolé Professeur, mais je ne peux pas le laisser là, c'est l'infirmerie , il ne peut pas rester, il va être terrorisé s'il se réveille ici, il faut que je l'emmène !

Albus entendit un bruit de pas précipités, et une chaise racla le sol près de lui tandis qu'une main chaude se glissait dans la sienne.

- Albus, je suis désolé, tout est de ma faute, je… je sais pas ce qui m'a pris, c'était plus fort que moi, je crois que je voulais tomber exprès… mais je ne voulais pas que tu tombes, je te le jure ! Je ne voulais pas que tu ailles à l’infirmerie, vraiment, je suis désolé, tellement désolé…

Albus ne parvint toujours pas à se réveiller, mais tenta de le rassurer d'une pression des doigts. Il ignorait s'il avait réussi, car Scorpius éclata en sanglots à ce moment-là, enfouissant son nez contre son ventre, ses doigts crispés sur les siens.

- Professeur, prévenez Harry et Drago que leurs fils ont fait un petit saut dans le lac, mais que nous avons la situation en main, voulez-vous ? Ils ressemblent tant à leurs pères respectifs, même après six ans je suis toujours aussi surprise de les voir ensemble. Pomona, je crois que ce garçon a besoin d'une assistance psychologique, je dois connaître tous les détails de… Mr Malefoy ? 

- Lisez-la, s'il vous… plaît, hoqueta Scorpius. Et… vous avez probablement… raison. Albus… il m'aide beaucoup, vous savez… ? Je… j'ai besoin de lui. Je… je peux… rester là ? Vous pourrez… m'interroger… si vous voulez…

- Très bien, vous pouvez rester près de lui, mais…

- Vous devez retourner dans votre lit, un patient qui se remet d'hypothermie doit se reposer au chaud !

- Mais… Albus…

- Très bien, puisque vous insistez, je suppose que nous pouvons rapprocher les lits. Mais j'insiste, recouchez-vous, Professeur McGonagall, s'il vous plaît…

- Je vois. Mr Malefoy, bien que cet acte reste d'une bêtise absolue, je comprends ce qu’il se passe. N'oubliez pas, quoi qu'il arrive, que vous n'êtes pas seul. Mr Potter ne vous laissera pas seul, il vous suit partout depuis votre première année, ce n'est pas maintenant que cela changera. Maintenant, décalez-vous afin que je puisse coller votre lit au sien, puisque c'est le seul moyen de délier un peu votre langue. Ensuite, vous devrez nous parler. Nous pouvons vous aider, mais uniquement si vous l'acceptez. 

Albus sentit la main de Scorpius quitter la sienne, et ne parvint pas à la retenir. Paniqué, il tenta de remuer pour se réveiller, et entendit vaguement le bruit d'un meuble qui se posait en douceur près de lui, puis le grincement d'un lit. Lorsque la main de Scorpius revint se glisser dans la sienne, il parvint à se tourner vers lui, s'accrochant à son bras dans son sommeil, ratant de peu un commentaire de la Directrice tandis que sa conscience s'éloignait. 

Lorsqu'il ouvrit finalement les yeux, il était toujours accroché au bras de Scorpius. Mais celui-ci avait grimpé dans son lit, se maintenant fermement contre lui. 

-Scorpius… ? Tu vas bien ? Souffla Albus, la bouche extrêmement sèche.

- Oh, Albus, je suis tellement désolé, ne fais pas de crise de panique s'il te plaît, on est à l'infirmerie, c'est de ma faute, je…

- Chhh, tais-toi. Je vais bien. Si tu vas bien, alors c'est tout ce qui m'importe, d'accord ?

- Je… ça va. Apparemment, le Professeur McGonagall va parler avec nos parents. Le Professeur Hagrid les a prévenus par courrier. Je…

- Ne t'occupe pas de ça. Tu as froid ? Demanda Albus en passant doucement sa main sur son dos.

- Non. Il n'y a que toi pour faire passer ta phobie après quelqu'un, rit-il faiblement. 

- Tu es plus important. J'ai tellement eu peur que tu… ne refais jamais ça. S'il te plaît. Je ne veux pas devoir apprendre à vivre sans toi, tu m'entends ? Grogna Albus.

- Promis, souffla Scorpius en l'embrassant sur le front. Comment tu fais pour ne pas te rouler par terre en hurlant de terreur ?

- Tu m'as déjà vu faire ?

- Pas exactement, non, mais Rose m'a raconté plusieurs fois…

- Oui. Mais, ça va peut-être te paraître ridicule… mais c’est…

- Rien de ce que tu diras ne pourra être plus ridicule que ma peur du noir.

- J'ai moins peur quand tu es là. Encore moins quand… je peux te toucher. Et puis… on ne voit rien, là, donc ça va mieux aussi. 

- Comme moi dans le noir, chuchota Scorpius. J'ai toujours moins peur quand tu es avec moi.

- Qu'est-ce que ça doit être quand je ne suis pas là ? Ricana doucement Albus en pressant son bras contre lui.

- Moi non plus, je préfère ne pas savoir. 

Albus eut un sourire triste dans l'obscurité, et Scorpius se rapprocha de lui, recroquevillé comme s'il voulait prendre le moins de place possible, comme si un adolescent de seize ans pouvait paraître discret dans le lit d'un autre adolescent d'un an de moins. 

- Je suis là, tu peux dormir, chuchota Albus dans les mèches blondes, passant lentement une main dans son dos.

Il le sentit hocher la tête, puis finit par se rendormir, après avoir entendu le premier ronflement discret de Scorpius. Il dormit d’un sommeil profond, sans rêves, et fut réveillé par les rayons du soleil frappant les fenêtres. Groggy, il se redressa dans le lit, perdu, tentant de recoller les morceaux de sa mémoire défaillante des dernières heures. Des heures ? Où était-il ? Le soleil n’entrait pas dans le dortoir. Et l’angle n’était pas le même que chez lui, ou tous les autres endroits dans lesquels il avait dormi. Un mauvais pressentiment l’envahit et il commença à trembler, l’estomac noué. Il était à l’infirmerie . L’endroit qui hantait ses cauchemars, sans qu’il n’ait jamais su pourquoi, étant donné qu’il n’y avait jamais passé plus de dix minutes. Une odeur incongrue, familière, couvrant celle, médicale, de l’endroit, chatouilla ses narines, et il se tourna avant d’ouvrir la bouche, médusé. Dans son lit, Scorpius dormait, roulé en boule, un bras passé autour de sa taille, l’autre serrant farouchement la main d’Albus contre lui. 

Le garçon brun l’observa, sa vue s’éclaircissant enfin, et tenta de se rappeler de ce qu’ils avaient fait la veille. Car le soleil était bien plus matinal que lorsqu’ils étaient sortis dans le parc… Le lac ! Il se souvint qu’il étaient au bord du lac, Scorpius avait marché sur la glace, et était tombé au travers, il avait sauté pour le rattraper… puis plus rien. 

- Ah, Mr Potter, vous êtes réveillé. Je vais vérifier votre état, ensuite vous devrez aller voir le Professeur McGonagall, elle vous attend dans son bureau. Ne tremblez pas ainsi, enfin, avec le temps que votre père a passé dans cet endroit, c’est vraiment un comble que vous en ayez si peur… Allons, ne bougez pas, je ferai vite, je vous le promet, et vous pourrez partir.

- Mais, et… Scorpius ? Couina Albus, pétrifié tandis que Mrs Pomfresh prenait son pouls et sa température.

- Laissez-le dormir, il pourra repartir lorsqu’il sera complètement reposé, la journée a été très longue pour lui hier, je suppose que vous avez de la chance d’avoir dormi. Voilà, c’est fini, vous pouvez y aller. La Directrice vous attend dans son bureau. Ne traînez pas, je croyais que cet endroit vous faisait peur ? 

- Mais… il…, couina Albus en jetant un regard vers son ami, rongé par la culpabilité.

Il ne voulait pas lui retirer sa main, il semblait dormir paisiblement, s’il le réveillait en partant, ou pire, si Scorpius se réveillait et qu’Albus n’était plus là…

- Je vois, soupira Mrs Pomfresh. Donnez-lui votre écharpe, et s’il se réveille avant que vous ne reveniez, je lui dirai où vous êtes, d’accord ? Oh, et le mot de passe est chardon

Albus finit par hocher la tête, puis prit son écharpe posée sur la table de nuit et la glissa contre Scorpius en retirant sa main en douceur. Il retira délicatement le bras qui lui entourait la taille, puis se glissa hors du lit sans soulever la couverture, évitant au maximum que l’air frais de la pièce ne s’infiltre vers le garçon endormi. Puis, il récupéra l’écharpe de Scorpius et s’enfuit en courant de la pièce, mettant le plus de distance possible entre l’infirmerie et lui. D’un côté il espérait pouvoir revenir avant que son ami ne se réveille, pour lui éviter le stress qu’il avait eu en se réveillant lui-même, d’un autre côté, il comptait sur Scorpius pour se réveiller avant, et lui éviter de retourner dans cet endroit. Albus dérapa en s’arrêtant devant la gargouille du bureau de la Directrice, et déglutit. Il n’était jamais allé dans cet endroit mystérieux, pourtant décrit de nombreuses fois par son père, et se sentait intimidé. Puis il inspira un grand coup, et donna le mot de passe à la gargouille qui s’écarta pour lui donner accès à un petit escalier en colimaçon semblant monter dans les hauteurs vertigineuses de l’école.

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