Parce que.

Harry Potter - J. K. Rowling
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G
Parce que.
Summary
Pourquoi Albus était-il différent ? Avait-il fait quelque chose de travers ? Y avait-il une raison à tout ? Quelles étaient les réponses à ces questions ? /!\ ne prend pas en compte l'Enfant Maudit (mais un petit clin d'œil pour le fun) /!\Passe en underage sex NON EXPLICITE à partir du chapitre 8 :)
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Progresser en vacances

- Albus, ça suffit, on va entrer en quatrième année dans deux mois, et tu boudes encore parce qu'on part en vacances ? Franchement, tu exagères... 

- Laisse-le, Rose, c'est mignon, rit Claire en emmêlant les mèches sombres d'Albus. Et puis, on peut le comprendre, quand on voit avec qui il va devoir passer ses vacances...

- Ah ça..., soupira Scorpius. Enfin, on ne parle pas de toi, Rose, hein ! 

- Comme si t'étais capable de la moindre critique envers elle, ricana Jo, le faisant rougir efficacement.

Albus leva les yeux au ciel, et Jo sortit son jeu Moldu détourné, distribuant les cartes entre eux sur la table pliante préparée par Rose. Ils rentraient chez eux, le soleil brillait derrière la vitre du train, la ratte de Scorpius paressait tranquillement sur les genoux d'Albus, et celui-ci jetait des regards mélancoliques à ses amis. Ils se séparaient, encore une fois. Ils lui avaient tous écrit sans faute à chaque vacances, même Rose, et pourtant il vivait toujours ce moment comme un déchirement. Il aimait sa famille, son frère l'embêtait de moins en moins, au fur et à mesure qu'il trouvait d'autres occupations, mais il préférait largement sa vie à Poudlard. Il avait surpris le regard songeur de son père lors des dernières vacances, lorsqu'il avait dit qu'il avait hâte de retrouver ses amis, et se demandait toujours ce qu'il avait en tête. Son père avait toujours le chic pour trouver des occupations étranges pendant les vacances, et il espérait qu'il ne s'agirait pas cette fois d'un weekend camping à la Moldue, ou quelque chose dans ce goût-là. Il secoua la tête, se concentrant sur le jeu. Il s'était peut-être trompé, et si son père avait vraiment prévu quelque chose, il n'arriverait à rien tant qu'il ne l'aurait pas sous les yeux. 

La séparation avec ses amis fut aussi douloureuse que d'habitude, et il retint un instant la main de Scorpius lorsque celui-ci le salua. Son ami blond pencha la tête sur le côté, son regard gris brillant de curiosité, puis il tendit sa main libre et emmêla les cheveux d'Albus avec un grand sourire.

- T'en fais pas, t'auras très vite du courrier. Allez, à bientôt Albus.

Il profita de la surprise de son ami pour s'éloigner, retrouvant ses parents en poussant son chariot à bagages. Les deux adultes saluèrent le groupe d'un signe de la main, et Albus vit le père de Scorpius esquisser un mince sourire. Cette expression, loin de l'inquiéter, l'intriguait au plus haut point. Il avait déjà vu la mère de Scorpius sourire, elle était même venue les saluer de vive voix en septembre dernier. Mais c'était la première fois qu'il voyait son père sourire. Scorpius lui ressemblait beaucoup lorsqu'il les comparait, mais il tenait son sourire de sa mère. Il s'installa à l'arrière de la voiture de son père, coincé entre James et la portière, et écouta Lily débiter gaiement un résumé de sa dernière semaine à Poudlard, parfois entrecoupée par James qui ajoutait certains détails à son histoire. Lily avait été répartie à Gryffondor, après une longue hésitation du Choixpeau pour Poufsouffle. Son cran l'avait emporté sur son honnêteté et sa loyauté, et James la surveillait beaucoup trop souvent au goût de la jeune fille, tandis qu'Albus jouissait d'une certaine liberté teintée d'amertume. Il savait que beaucoup de frères et sœurs étaient proches tout en se disputant régulièrement, mais son grand frère avait toujours été assez distant avec lui. Il monta sa valise dans sa chambre du troisième étage de leur maison au 12 Square Grimmaurd, et salua Kreattur qui terminait de nettoyer sa chambre. Un jour, il lui avait demandé l'espérance de vie des elfes de maison, et celui-ci lui avait répondu que cela dépendait essentiellement de l'état de fatigue de l'elfe. Lui-même était toujours en pleine forme, bien que le père d'Albus, après un long savon passé par la mère de Rose, ait demandé à Kreattur de ne s'occuper que de la cuisine, celui-ci n'en faisait qu'à sa tête et continuait à s'occuper de la maison en sifflotant joyeusement, avec ses immenses touffes de poils blancs qui dépassaient de ses oreilles tombantes. Il avait commencé à travailler dans cette maison à l'époque où le défunt grand-père d'Albus n'était qu'un enfant et que son meilleur ami vivait toujours dans cette maison. Albus se laissa tomber sur le dos en travers de son lit, son regard errant sur le plafond vide, puis marmonna un " accio photos ". Elles glissèrent docilement dans sa main, entre ses doigts et sa baguette, et il soupira en fermant les yeux. L'été commençait.

Quelques jours plus tard, un son inhabituel retentit dans la maison : la sonnerie de la porte d'entrée. Albus releva la tête de son traité des créatures magiques du Pacifique qu'il était en train de lire dans la salle à manger, et la sonnerie du téléphone retentit à son tour. Son père, à la maison ce jour-là, se leva prestement pour décrocher le combiné de l'appareil Moldu, faisant signe à son cadet d'aller ouvrir la porte avant de saluer son cousin au téléphone. L'appareil Moldu ne leur servait qu'à communiquer avec la famille Moldue de leur père, et, depuis la première année d'Albus, Claire les appelait de temps en temps pour discuter. Il ouvrit la porte d'entrée... et s'immobilisa, interdit. Devant lui se tenait le père de Scorpius.

- Oh. Hum, bonjour Monsieur Malefoy, couina Albus.

- Bonjour Albus, tes parents m'attendent, je peux entrer ? Il n'est pas là, ajouta-t-il en haussant les sourcils alors qu'Albus se penchait pour voir si son ami se tenait derrière son père.

- Ah. Bien sûr, entrez, répondit-il poliment en sentant ses joues le brûler.

- Oh, Drago, j'avais complètement oublié, désolé, je finis avec mon cousin et je suis à toi, installe-toi dans le salon. Albus, tu veux bien lui servir quelque chose à boire s'il-te-plaît ? Ouais Dud, désolé, le père du meilleur ami d'Albus vient d'arriver. Tu disais, premier weekend d'août pour toi ? Poursuivit le père d'Albus tandis que le garçon lui jetait un regard soupçonneux.

- Si vous avez des biéraubeurres fraîches, je suis preneur, il fait beaucoup trop chaud à Londres, je ne sais pas comment vous faites, marmonna Drago en s'éventant.

Albus hocha la tête et s'éclipsa dans la cuisine quelques secondes avant de revenir dans la salle à manger avec trois biéraubeurres fraîches et décapsulées qu'il posa sur la table, avant d'en prendre une pour lui et de se replonger dans son ouvrage. Enfin, il essaya. La présence du père de Scorpius le déconcentrait efficacement. Son père finit par reposer le combiné, et Albus soupira en même temps que Mr Malefoy, ce qui le fit ricaner.

- Qu'est-ce que tu fiches avec cet engin ? 

- Je m'en sers pour communiquer avec mon cousin Dudley, et il sert aussi pour une amie d'Albus.

- Il y en a une qui est née-Moldue ? Grinça Drago en fronçant le nez. Je n'étais pas au courant.

- Tu te défiles ? Ricana le père d'Albus en sirotant sa biéraubeurre.

- Certainement pas. C'est de mon fils qu'il s'agit, tout de même. D'ailleurs je réitère ma proposition, tu sais que j'ai un grand jardin chez mes parents...

- Et je continue de penser que ce n'est pas une mauvaise idée. Mais je ne suis pas certain que Ron et Hermione soient d'accord...

- Elle est intelligente, et je ne garde pas non plus un excellent souvenir de ces moments-là, grimaça l'homme blond. Enfin, ils ont probablement raison, quoi qu'il en soit. D'autres ont proposé ? 

- Justement, les parents de Claire, gloussa Harry. Ils vivent en pleine campagne Galloise, n'ont pas de voisins curieux, et ce serait un terrain neutre vis-à-vis des Granger-Weasley. Si tu acceptes, bien sûr...

- Sérieusement, ce que vous me faites faire, soupira-t-il en terminant sa biéraubeurre avant de se lever. Je vais en parler avec Astie, mais ça devrait être bon pour nous. Je t'enverrai un hibou, je vous laisse décider des dates, il n'y a aucun impératif à cette période chez nous. Merci pour la bière.

- Avec plaisir, passe le bonjour à ta femme et ton fils pour nous, sourit le père d'Albus en le raccompagnant à la porte.

Albus resta parfaitement immobile, les yeux fixés sur son grimoire sans le voir. Il essayait de juguler son espoir, sans y parvenir. Soit il avait tout compris de travers... soit leurs parents étaient en train de s'organiser pour que leur petite bande se retrouve pendant les vacances d'été. Au moins une journée. Peut-être plus. 

Son père revint dans la pièce avec un soupir, passant ses doigts sur son front, comme à chaque fois qu'il réfléchissait.

- Je suppose que je peux considérer que j'ai eu une bonne idée, si je me fie à ta tête. Tu ne nous rends pas la tâche facile en évitant de nous parler de ta vie à Poudlard, tu sais ? Même James s'inquiète pour toi.

- N'importe quoi, tout ce qu'il fait quand il me croise dans l'école, c'est ricaner, comme d'habitude, répliqua Albus. Mais est-ce que…

- Tu es constamment grognon. Sauf quand on parle de tes amis, ou que tu retournes à Poudlard. La moindre des choses, c'est de se débrouiller pour que tu les voies. Mais je voulais te faire une surprise au départ, je n'ai pas fait attention quand Drago est arrivé… enfin, dans tous les cas je suppose que ça te fait plaisir de les voir ?

- Bien sûr ! Protesta Albus. Mais… Tu as vraiment l’impression que je suis grognon ? 

- Oui ! 

Albus observa son père, médusé, tandis qu’il éclatait de rire, sa biéraubeurre à la main, tenta de continuer à bouder… puis l’imita, incapable de résister. Lily descendit dans la salle à manger à ce moment-là, les observa, puis fit demi-tour en marmonnant à propos de génétique. Albus souriait de toutes ses dents. Il allait pouvoir revoir ses amis plus vite que prévu !

 

***

 

- Tu as tout ce qu’il te faut ? 

- Harry, il ne part que deux jours, détends-toi.

- Maman a raison, je ne pars que deux jours, insista Albus en levant les yeux au ciel. 

- Oh, quelqu’un n’est pas content parce qu’il voudrait voir une certaine personne plus longtemps ? Ricana James en levant la tête de son grimoire de sortilèges avancés.

- Albus ? Tu nous as caché autre chose ? Le taquina sa mère avec un sourire en coin.

- Absolument pas, rétorqua l’intéressé en haussant les épaules et les sourcils. James a dû piquer du Whisky Pur Feu dans le placard de la cuisine. 

James se contenta de sourire, et Albus leva les bras en signe d’incompréhension avant de soupirer, se tournant vers son père.

- Après, si je peux rester plus longtemps…

- Les parents de Claire ont de la famille qui arrive, et Jo t’a dit dans sa dernière lettre que sa famille l’emmenait en vacances en Espagne, tu nous l’as dit toi-même. 

- Oui, bon, d’accord. Allons-y, je ne veux pas être le dernier arrivé, marmonna le garçon sous l'œil amusé de son frère.

- Amuse-toi bien mon chéri, sourit sa mère en lui ébouriffant les cheveux. Je viendrai te chercher dimanche soir, d’accord.

- Ok. Merci maman.

Il embrassa sa mère sur la joue et s’accrocha au bras de son père, serrant les dents par anticipation. Il n’avait jamais transplané, et les parents de Claire n’avaient pas de cheminée, comme il ne voulait pas y aller en transports Moldus, ni par la voie des airs, il n’était plus resté que cette solution. Il eut l’impression d’être comprimé, comme si quelqu’un forçait son corps à entrer dans quelque chose de beaucoup trop étroit mais extensible, chassant l’air de ses poumons… puis il respira à nouveau, une odeur d’herbe sèche lui chatouillant les narines. Juste avant que quelqu’un le percute, le serrant dans ses bras avec un hurlement de joie.

- Claire, tu m’étouffes, grogna Albus en refermant tout de même ses mains sur son amie.

- Moi aussi je t’aime Albus, rit la jeune fille. Viens on reste comme ça jusqu’à ce que les autres arrivent, et on fait tous un câlin général !

- Allez-y, je vais aller saluer tes parents, Claire, prenez votre temps, sourit Harry d’un air entendu.

Albus leva les yeux au ciel et marmonna quelque chose à propos d’erreur et de James, et Claire recula en le tenant par les épaules.

- Qu’est-ce que tu racontes encore ? 

- C’est mon frère, juste avant que je parte il a dit que je voulais rester plus longtemps avec vous parce qu’il y avait “une certaine personne”, soupira-t-il en mimant des guillemets. Et mes parents l’ont cru, et tu as dit que tu m’aimais devant mon père…

- Oh, si ce n’est que ça, ne t’en fais pas, je dirai "je t’aime" à tous les autres devant ton père, rit Claire en le tirant par la main vers la petite maison en vieilles pierres. Et puis, quand il nous verra tous ensemble, il comprendra vite, t’en fais pas.

- J’espère, marmonna Albus en se laissant entraîner par son amie. Comment arrivent les autres ? 

- Je crois que Rose et Jo viennent en voiture, Scorpius va probablement venir en transplanant aussi… à moins que son père ait réussi à obtenir une dérogation pour un portoloin. Tu vas voir, ça va être super, en plus on va aller à la rivière demain !

- Tu veux qu’on pêche

- Non, très cher, je veux qu’on se baigne !

Claire éclata de rire devant l’air ahuri d’Albus, et hurla en entendant une voiture s’engager sur la piste en terre menant à la maison. Le garçon ne reconnut pas la voiture, comprenant que c’était probablement celle des parents de Jo, et suivit son amie tandis que ses parents et le père d’Albus sortaient de la maison en bavardant. Jo bondit de la voiture et serra ses deux amis dans ses bras en éclatant de rire, le visage rayonnant. Rose sortit à son tour de la voiture et se joignit au câlin général, ébouriffant les cheveux de Jo et d’Albus au passage. Celui-ci vit son père saluer la conductrice de la voiture tandis qu’elle en sortait plus lentement que les deux jeunes, puis il se redressa en voyant approcher un homme dont les cheveux clairs scintillaient au soleil, accompagné d’une silhouette plus petite qui se mit à courir en les voyant. Scorpius se jeta littéralement sur eux, les faisant tous basculer, et Albus referma un bras sur son ami, ravi, son sourire si grand qu’il en était presque douloureux. Enfin, ils étaient tous réunis.

L’un des adultes se racla la gorge, et les adolescents finirent par se relever en riant, frottant leurs vêtements pour les débarrasser de l’herbe qui s’y était accrochée.

- Votre joie fait plaisir à voir, affirma Harry. Au moins je sais qu’on n’a pas fait tout ça pour rien ! 

- Si vous pouviez cependant vous retenir de vous rouler par terre, je préfèrerais, grimaça Drago en fixant son fils qui avait passé un bras autour des épaules d’Albus. Enfin, tu avais raison Potter, l’idée leur plaît. 

- Jo, je te récupèrerai lundi chez Rose, c’est son père qui reviendra vous chercher dimanche soir, affirma la femme d’une quarantaine d’années dont la moitié de ses cheveux fushia étaient rasés. Soyez sages, ne cassez pas la maison des Wick, et surtout profitez bien de votre weekend ensemble. Chers parents, ce fut un plaisir de vous rencontrer.

- Vous ne voulez pas rester prendre un verre, un café ? Proposa le père de Claire. Vous aussi, messieurs Potter et Malefoy, si vous n’êtes pas trop pressés, entrez-donc.

- Oh, après tout, pourquoi pas, sourit la mère de Jo. Vous venez ?

Le père de Scorpius parut réfléchir, visiblement mal à l’aise, jeta un œil à son fils, puis finit par hausser les épaules.

- Allons-y, rit la mère de Claire. Les enfants, montez vos affaires avant de commencer quoi que ce soit, d’accord ? 

- Oui maman ! Répondit sa fille avec un grand sourire. Suivez-moi, vous allez adorer !

Elle entraîna Rose par la main et Albus les suivit avec Jo et Scorpius, jetant un regard à son père par-dessus son épaule. Ses yeux verts étaient fixés sur le petit groupe, et un sourire incrédule étirait ses lèvres, mettant Albus mal à l’aise. Il n’avait pas l’impression que le câlin général ait changé quelque chose dans l’imagination de son père. Puis il oublia les adultes et les théories de son frère. Ils entrèrent dans la maison, et Albus ressentit un sentiment familier en observant l’intérieur. Elle ressemblait à la maison de ses grands-parents, les poutres apparentes au plafond, les murs aux teintes chaudes, les meubles en bois brut… mais la ressemblance s’arrêtait là. Cette maison-ci était remplie d’appareils Moldus, et si Albus en connaissait quelques-uns pour les avoir vus chez le cousin de son père, la plupart lui étaient totalement inconnus, ils n’y avaient d'ailleurs été qu’une fois. Il suivit les filles dans un escalier raide dont les marches en bois étaient patinées par l’usage, derrière une porte qu’il avait prise pour un placard, et tira Scorpius par le bras pour l’arracher à l’analyse de ce qu’Albus prit pour un téléviseur.

Le grenier, car c’était là que Claire les avait entraînés, avait été aménagé pour servir de dortoir, et Jo poussa un cri ravi en voyant qu’ils avaient chacun un petit espace personnalisé près des matelas posés au sol. Rose éternua, puis éclata de rire en voyant son amie déborder de fierté tandis que les garçons laissaient tomber leurs sacs sur leurs lits. Les cinq matelas étaient disposés en un cercle resserré, se touchant presque à cause de l'exiguïté des lieux, mais ils étaient ravis. 

- Bon, mes parents m’ont demandé de vous prévenir, pas de hurlements ou d’éclats de rire après deux heures du matin, sourit Claire.

- Deux heures ? Mais on dormira depuis longtemps ! S’exclama Rose.

- Que tu crois ! J’entends bien profiter au maximum de ce weekend, et je sais qu’Albus et Scorpius sont d’accord avec moi !

Les deux Serpentard hochèrent frénétiquement la tête pour confirmer, et Jo sourit fièrement. Ils descendirent finalement en entendant un des adultes les appeler, et Albus, Jo et Scorpius saluèrent leurs parents avant que Claire ne les entraîne dans le jardin pour assister à leur départ. Puis, sans prévenir, la jeune fille courut vers un cabanon en bois, et en ressortit avec un grand sac contenant des objets durs, au bruit qu’il fit lorsqu’elle le laissa tomber au sol. Puis, elle en sortit trois battes ressemblant à celles qu’utilisaient les batteurs au Quidditch, et deux gants en cuir épais.

- Deux lanceurs, trois batteurs. Le but du jeu c’est de garder le plus de balles possible en l’air, sans baguette, Scorpius, je te vois venir, je te rappelle qu'on n'a pas le droit de faire de magie en dehors de l'école. Les lanceurs rajoutent des balles au fur et à mesure et ramassent les balles pour les remettre en jeu. Des questions ? 

- D’où tu sors ce jeu ? Rit Jo en prenant une batte.

- De ma tête, mes parents n’ont jamais réussi à jouer correctement au cricket, il a fallu improviser pour jouer ensemble, alors on a acheté deux battes supplémentaires, et voilà. Ah, et les casques sont obligatoires, déclara Claire d’un air entendu. 

Albus ramassa un casque, puis prit une batte d’un air hésitant. Rose prit la troisième batte après avoir attaché le casque sous son menton, puis soupesa la batte, jaugeant son poids, avant de pivoter sur ses hanches pour frapper dans le vide. Elle fit un sourire carnassier à son cousin, et celui-ci déglutit, inquiet.

Deux heures plus tard, personne n’avait compté les balles tombées au sol, ni les collisions entre batteurs et lanceurs tentant de récupérer les balles, et les cinq adolescents étaient couchés dans l’herbe du jardin, essoufflés et ravis. Le père de Claire les retrouva dans cet état, et leur enjoignit d’aller se laver avant le dîner, un sourire amusé accroché aux lèvres. 

Ils passèrent à la douche chacun leur tour après une explication prudente de Claire sur son fonctionnement, puis se retrouvèrent dans la salle à manger, se glissant sur les bancs en bois autour de la table qui avait été rallongée pour l’occasion. Les deux adultes les interrogèrent avidement sur le comportement de leur fille à l’école, puis sur la vie des familles de sorciers, et si les récits d’Albus et Rose, qui vivaient dans des environnements proches de ceux des Moldus, ne les renseignèrent pas énormément, ceux de Jo et Scorpius les fascinèrent. Albus écoutait avec intérêt, imaginant ses camarades dans leur environnement familial… puis sentit une surface assez dure accompagnée d’une odeur familière contre son visage, et entendit quelques gloussements tandis qu’une main se posait sur sa tête. 

- Albus ? Tu dors ? Demanda la voix lointaine de Scorpius.

- Il n’a pas l’habitude de bouger autant, affirma la voix de Rose, si éloignée qu’il n’était pas certain de l’avoir entendue.

Puis il se sentit glisser et se réveilla en sursaut, la tête sur le bras de son ami blond, sous les regards amusés de ses camarades et des deux adultes.

- Vous devriez monter vous coucher, affirma la mère de Claire. Vous aurez tout le temps de veiller demain soir.

Albus se redressa en grommelant, faisant rire ses amis, et ils se levèrent de table, déposant la vaisselle dans l’évier sans rechigner avant de souhaiter une bonne nuit aux deux adultes. Scorpius tira son camarade de dortoir par le poignet tandis que Jo le poussait dans le dos pour monter l’escalier, et le garçon brun se laissa tomber sur son matelas, refermant les paupières sur ses yeux verts. Il n’entendit même pas les rires de ses amis autour de lui et s’endormit comme une masse.

Le lendemain matin, ils firent un concours de connaissances d’appareils moldus, arbitré joyeusement par Claire, et Albus fut surpris de voir que Scorpius en connaissait autant que Rose et lui, sinon plus. Son ami blond avait des cernes qu’il n’avait pas remarquées la veille, et il semblait fatigué malgré son entrain visible. Les parents de Claire leur proposèrent un pique-nique au bord de la rivière, et les adolescents accueillirent la proposition avec force cris, au grand dépourvu d’Albus qui ne put que suivre le mouvement. Traîtrise ultime, sa mère avait glissé un short de bain dans son sac, et il fut privé d’excuse. Sa mauvaise humeur retomba progressivement en voyant ses amis excités comme des puces sur le trajet à pied, puis en découvrant l’endroit. Une petite cascade se jetait dans un bassin large et profond, et des rochers plats affleuraient sur les rives, les rayons du soleil frappaient certains rochers directement, mais d’autres étaient dans une douce pénombre teintée de vert, donnant à l’endroit un aspect presque féérique. Scorpius lui donna un coup de coude d’un air goguenard.

- Oui, bon, j’admets, c’est joli, concéda Albus.

- C’est même assorti à tes yeux, rit son camarade avant d’emboîter le pas de leurs amis qui traversaient sur des rochers en amont de la cascade pour descendre de l’autre côté.

Albus resta immobile quelques instants, puis secoua la tête et le suivit prudemment, refusant de se mouiller avant de l’avoir décidé. Ils s’installèrent tranquillement sur un rocher parsemé de lumière filtrée par les branches hautes, et les parents de Claire commencèrent à faire passer les sandwiches aux adolescents. Ils mangèrent en ponctuant leurs bouchées de commentaires sur les lieux, Claire leur indiqua le meilleur endroit pour sauter de la petite cascade, puis elle finit par se relever… et retira directement son short en jean et son t-shirt pour dévoiler un maillot une pièce jaune, et se plaça à l’endroit précis dont elle leur avait parlé pour sauter. Scorpius éclata de rire et retira prestement ses vêtements, se retrouvant en maillot de bain, puis les rejoignit, sa peau blanche aveuglant presque Albus à côté de celle, hâlée, de Claire. Puis elle lui prit la main, et ils sautèrent ensemble dans le petit lagon au pied de la cascade. Albus se redressa d’un coup, inquiet, et Rose ricana avant de se lever pour se déshabiller à son tour. Elle donna une pichenette sur le nez de son cousin, puis descendit prudemment les rochers pour rejoindre ses camarades dans l’eau sans sauter de la cascade. 

- Vous n’y allez pas ? Sourit la mère de Claire. 

- Non, merci Caroline, j’irai peut-être un peu plus tard, je préfère les regarder, répondit Jo. 

Albus s’étouffa avec sa dernière bouchée de sandwich, et la femme, Caroline, lui tendit une bouteille d’eau. Il inspira un grand coup, puis leva les yeux sur les parents de son amie.

- Je suis désolé, je ne connais pas vos noms. Enfin, si, maintenant je sais que vous vous appelez Caroline. Je ne voulais pas paraître impoli. 

- Ne t’en fais pas pour ça, je m’appelle Jonas, et tu n’es pas impoli, Albus, seulement un peu dans les nuages, rit le père de Claire. Et toi, tu ne te baignes pas ? 

- Hum, je n’aime pas trop ça, j’ai pris un maillot s’ils arrivent à me faire changer d’avis, mais on est quand même très bien ici, merci. 

Jonas éclata de rire, puis s’installa tranquillement pour faire une sieste, la tête sur les cuisses de sa femme qui sortit un appareil photo de son sac.

- Nous avons dû nous mettre à l’argentique avec Claire, sa magie dérègle beaucoup les appareils électroniques, et il était devenu impossible de prendre des photos correctes avec nos appareils numériques, expliqua Caroline. Mon père était photographe, il a adoré nous voir repasser sur un appareil traditionnel, même s’il n’a jamais su pourquoi.

- Il y a une limite au nombre de gens pouvant être tenus au secret magique ? Demanda Jo en ouvrant sa chemise sur une espèce de combinaison de plongée. Je me suis toujours posé la question…

- C’est laissé à l’appréciation des parents, mais il est recommandé d’agir avec la plus grande prudence, et nous avons décidé de ne pas ébruiter ses talents dans notre famille. je n’ai pas de frères et soeurs, et Jonas est le dernier de sa famille, ce n’est donc pas une tâche complexe, nous avons dû trouver un bon mensonge, et le Ministère de la Magie nous aide à fournir des documents attestant de sa scolarité, pour le gouvernement Moldu et pour les voisins, amis et membres de la famille un peu trop fouineurs.

- C’est très intéressant, donc il y a un département au Ministère qui s’occupe de ce genre de choses, siffla Jo. Je savais que les nés-Moldus avaient droit à une bourse d’études, mais j’avoue que je n’y ai jamais vraiment fait attention.

- Il fallait bien qu'il y ait quelque chose, soupira Caroline. Enfin, l'avantage, c'est que nos voisins sont loins, donc nous n'avons pas été inquiets lorsqu'elle a commencé à montrer des signes de magie, avant de recevoir sa lettre. Tiens, qu'est-ce qui t'arrive Scorpius, tu n'as pas l'air bien ?

- Je suis un peu fatigué, souffla le blond en arrivant à leur hauteur, se laissant tomber à côté d'Albus. 

- C'est compréhensible, jouer dans l'eau peut être fatiguant parfois. Repose-toi un peu, vous y retournerez plus tard, on a tout l'après-midi devant nous.

- Oui… je vais… faire ça…, marmonna Scorpius, oscillant dangereusement tout en clignant paresseusement des yeux.

Jo pouffa et le poussa doucement, puis Scorpius s'affaissa, presque au ralenti, pour tomber sur Albus. Le garçon brun observa son ami endormi, intrigué, puis se décala légèrement en essayant de le redresser, et le blond dégringola de son épaule à ses jambes, sans se réveiller.

- Il dort déjà, c'était rapide, gloussa Jo. Il a trop exagéré hier…

- Hier ? Demanda Albus, interloqué.

- C'est vrai que tu es tombé comme une mouche hier. Disons que c'est en partie de ma faute s'il n'a pas assez dormi.

Albus grogna et posa une main sur la tête de Scorpius, fronçant les sourcils.

- Qu'est-ce que tu lui as fait ?

- Ne me regarde pas comme ça, c'est lui qui a pris ça trop à cœur… il a demandé à Claire à quoi servait le téléphone. Et, tu sais comme on est tous, c'était nerveux, j'ai ri, Claire aussi, et Rose a demandé s'il était sérieux. C'était pour rire, bien sûr, mais dès qu'il s'agit de ta cousine… 

- Il a passé une bonne partie de la nuit avec le nez dans le dictionnaire, confirma Caroline avec un sourire attendri. Je suppose que le fait d'ignorer quelque chose que tous ses camarades connaissent a été un coup dur pour lui.

- C'est idiot, marmonna Albus, en plus on connaît uniquement parce que Papa et la mère de Rose ont grandi chez les Moldus… Et te connaissant, tu n'as pas juste ricané dix secondes, tu as dû te moquer de lui un bon moment, comme pour moi en première année.

- Toutes mes excuses, mais tu étais vraiment trop drôle à tourmenter, rit Jo. Tu étais parfaitement incapable de déterminer si j'étais une fille ou un garçon.

- Par ta faute je te rappelle ! Ronchonna Albus en jouant avec une mèche blonde sans y prêter attention.

- C'est vrai. Il faut dire aussi que tu n'avais jamais rencontré de fluid dans ta vie. C'est d'ailleurs comme ça que s'est manifestée ma magie, je changeais de sexe dès que j'étais mal à l'aise, je pense que les personnes qui ont le plus été à plaindre sont mes parents, ricana Jo. Surtout quand il a fallu expliquer à McGonagall qu'il me fallait un lit dans chaque dortoir !

La mère de Claire et Albus éclatèrent de rire, et le garçon ferma les yeux, détendu. La rivière n'était finalement pas un si mauvais endroit. 

- Albus ? Appela Rose. Qu'est-ce que… oh.

- Il a apparemment appris par cœur le dictionnaire Moldu cette nuit, rit Jo. Je vais aller tremper un peu mes pieds, je vous laisse en famille.

Albus garda les yeux fermés. Il se sentait bien, et n'avait pas envie que ça change. Mais il savait aussi que le silence de Rose et le départ de Jo voulait dire qu'elle allait le gronder pour une raison qu'il ne connaissait pas encore.

- Albus… regarde-moi.

Il soupira, puis ouvrit ses yeux verts pour les braquer dans ceux, noisette, de Rose. Il fut surpris d'y voir de la douceur, et une immense sollicitude. 

- Tu es vraiment très attaché à lui, hein ?

- Qui ? Demanda Albus, perplexe.

- Scorpius. 

Albus baissa les yeux sur son ami, remarqua qu'il avait les doigts enfouis dans les cheveux blonds et les retira doucement, posant sa main sur le rocher derrière lui.

- C'est mon meilleur ami, murmura finalement Albus, après un long silence.

- Si c'est ta réponse, répondit Rose en haussant les épaules. Tant que tu n'es pas malheureux, ça me convient. Mais si jamais ça change, Albus, essaie de ne pas te voiler la face, d'accord ? Je serai toujours là pour toi. 

- Euh… d'accord.

Il hocha la tête sans comprendre, et sa cousine soutint son regard quelques secondes avant que Claire et Jo ne reviennent. La jeune née-Moldue se pencha au-dessus de Scorpius et secoua la tête, arrosant copieusement le garçon qui cria de protestation, se réveillant dans un sursaut. Il tourna la tête dans tous les sens, invectivant  Claire, puis se rendit compte qu'il était allongé sur Albus, et leva les yeux vers lui avant d'étirer ses lèvres dans un sourire lumineux. Albus l'aida à se redresser et éclata de rire tandis que Scorpius se levait pour poursuivre Claire, faussement furieux. Il adorait son ami. 

 

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