Tu ne voleras que si tu apprends à tomber

Harry Potter - J. K. Rowling Batman - All Media Types Nightwing (Comics) Red Hood and the Outlaws (Comics)
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Tu ne voleras que si tu apprends à tomber

C’était la première fois que Harry mettait dans un stade de Quidditch, impatient d’essayer son nouveau balai tout juste reçu en attendant Dubois. Cependant, avant de taper du pied pour décoller le petit sorcier aperçu la présence d’un autre élève, dans les airs, à faire prendre le manche de son balai pour une base de trapèze. Avec la distance, il n’était pas facile pour Harry de déterminer qui c’était (les cheveux noirs lui affirmaient que ce n’était pas Olivier) et de quelle année. Il remarqua cependant, entre deux pirouettes époustouflantes (si périlleuses qu’Harry en retenait son souffle), le blason de Poufsouffle ; cela lui sembla étrange car le jeune sorcier était sûr que Dubois lui avait dit avoir réservé le terrain pour un entraînement intensif.

- C’est Richard Grayson. Le frère aîné de Jason et Cass.

Harry sursauta de ne pas avoir entendu le capitaine de l’équipe des Gryffondor. Il le regarda incrédule, n’ayant pas plus de précision sur la présence d’un autre élève sur le terrain.
Maintenant qu’Olivier le lui en informait, le petit sorcier se souvint du Poufsouffle surexcité le soir de la répartition. Harry se souvint s’être dit qu’avec un comportement pareil au cours de l’année, toute l’école ne pourrait qu’en entendre parler. Cependant, à part l’avoir vu à la table des Gryffondor avec Jason-le-bougon-trop-sombre et Cass-la-silencieuse-mystérieuse pour leur passer une partie de leur courrier, l’adolescent surexcité de la rentrée s’avérait être une personne calme, discrète, terriblement bon élève pour n’avoir aucune rumeur à son sujet (outre qu’il était beau garçon).

- Il est poursuiveur dans l’équipe des Poufsouffle et prendra surement la place de l’attrapeur l’année prochaine.
- Le terrain n’était pas réservé pour nous ? demanda timidement Harry
- Si, je lui ai demandé de venir. C’est un bon ami, un bon joueur, avec un bon esprit sportif.
- Je ne comprends pas…
- Il est né dans un cirque, ses parents étaient trapézistes. Il a su voler avant de marcher... Enfin, il t’en parlera mieux que moi. Expliqua Olivier mais comprenant d’un coup d’œil que ces explications ne suffiraient pas, poursuivit rapidement : Ton premier match sera contre Serpentard, pas les plus fair-play et avec la rivalité de nos maisons… S’ils essayent de te faire tomber, je veux être sûr que tu sois apte à te rattraper ou comment tomber sans te faire trop mal.

À plusieurs pieds au-dessus du sol et son balais le suivant sur la droite l’élève de Poufsouffle réalisa un quadruple-saut et se laissa tomber avec grâce, ne se rattrapant que d’une main sur le manche. Harry aurait juré qu’il volait seul, sans balai, sans magie, sans aile. Olivier aussi, fixait le ciel avec appréciation.

- Ce n’est pas risqué ?
- Il n’y a pas de filet, comme à chaque fois…
- Oh, euh… se racla la gorge Harry soudain angoissé à ce qu’il se passerait si l’élève chutait d’aussi haut, Je voulais dire si ce n’était pas risqué qu’il sache ce que je sais faire. Qu’il révèle nos points faibles à son équipe ?

Il avait vu ce genre de choses quelques fois dans la cour de l’école moldue, avec ses camarades qui prétendaient être amis avec les autres. Dudley lui-même avait contribué à ce genre de chose ; quand son cousin ne jouait pas à « attraper un Harry ».
Olivier lui envoya un regard amusé avant de redonner toute son attention au poirier exécuté sans effort par l’acrobate aérien :

- Avec Grayson ? Jamais ! C’est pour ça que je lui ai demandé. Crois-moi, tu peux lui faire confiance. Il ne juge personne, n’a aucun préjugé sur personne. Ce type est un « saint » !

Le Capitaine lui fit un clin d’œil à ses mots. Il s’approcha un peu plus du centre de la pièce, porta ses mains à son menton et cria le plus fort possible :

- DICK ! ARRÊTE DE TE DONNER EN SPECTACLE !

« Dick » ? se questionna Harry le visage tirait d’incompréhension, si tout le monde l’adorait, pourquoi l’appeler comme ça ?
Richard leur fit un signe de main, exécuta un dernier saut pour se remettre en bonne position de vol (et Olivier lâcha un « frimeur » chaleureux), puis se dirigea tout en souplesse sur le plancher des vaches. Il le rejoint à petites foulées. Harry ne put que comprendre pourquoi les filles le trouvaient « beau garçon » ! Il ressemblait à ces acteurs des séries américaines que Tante Pétunia regardait. C’était un adolescent bien battit, avec une musculature impressionnante pour son âge, au visage rayonnant et aux yeux bleus pétillants.

- Désolé, désolé ! fit-il une fois à leur hauteur, J’étais perdu dans mes pensées.
- Chourave et McGonagall t’ont déjà dit de ne jamais pratiqué seul et sans filet.
- Je suis un acrobate !
- Qui a failli se rompre le cou lors de son premier match à sauter de ton balai !
- Parce que tu fais ce genre d’acrobaties pendant un match ? siffla Harry incrédule
- Oui ? répondit Richard dans un rire plus amusé que gêné, Pour ma défense j’ai marqué le but qui nous a égalisé avec Gryffondor. Maiiiiiis, j’imagine que ce n’est pas le sujet de ce soir. Tu es Harry ?

L’adolescent devait être le premier avec les professeurs à ne pas le défigurer. Le jeune sorcier hocha la tête.

- Moi c’est Richard mais tout le monde m’appelle Dick. Ravis de faire ta connaissance.
- Moi de même.

La poigne qu’Harry serra était ferme. Il pouvait sentir une peau calleuse chez le plus âgé ; ce dernier travaillait dur comme le suggérait Olivier. Harry lui aussi avait perdu la douceur de la peau de ses mains à force des tâches imposées par Tante Pétunia.

- Olivier m’a dit que Bibine et McGonagall ont dit que tu es un naturel dans les airs. Tu veux bien me montrer ça ?

Harry hocha de nouveau la tête, quelque peu anxieux de ne pas être à la hauteur prétendue par ses professeurs et ce même avec la confirmation de Dubois d’avoir la « carrure d’un attrapeur » mais surtout ravi de pouvoir enfourcher son nouveau balai. Il décolla d’un coup de pied puissant ; la sensation du vent sur sa peau lui envoya des frissons de bonheur. Sous les yeux vigilants et scrutateurs des deux joueurs, le sorcier en première année alla d’un bout à l’autre du terrain, survola les anneaux, monta en chandelle, descendit en piquet, accéléra sur les longueurs… le Nimbus 2000 n’avait rien à voir avec ceux prêtés par l’école. C’était… la liberté !

- Vous avez une chance de remporter la coupe cette année. Dit Dick impassible
- On la gagnera.

Grayson envoya un rictus hautain moqueur très faux, que Dubois rétorqua d’un coup de poing dans l’épaule. Tous deux enfourchèrent leurs balais. Sous le bras, Olivier gardait le Souafle et un sac remplit de balles de golf à son manche. D’une simple impulsion, ils se retrouvèrent eux aussi dans les airs. Harry les rejoint.

- Chaque équipe à sept joueurs, commença Dubois avec calme. Les équipes sont composées de trois poursuiveurs, deux batteurs, un gardien et un attrapeur. L’un des joueurs est le capitainre.
- Trois poursuiveurs, deux batteurs, un gardien et un attrapeur. Répéta Harry bien décidé à se mettre tout ça en tête
- Les poursuiveurs doivent envoyer cette jolie baballe, le Souaffle, dans l’un des trois cercles d’or du camp adverse. Si quelqu’un marque, c’est dix points pour l’équipe. Précisa Dick qui venait par un tour de passe-passe de récupérer la dite-balle d’un rouge vif des bras d’Oliver pour ensuite zigzaguer autour d’eux et lancer la balle sur le Capitaine des Gryffondor (qui l’attrapa sans problème), Et le rôle du gardien est de garder les buts. Je suis un poursuiveur et Olivier est un gardien.
- Et Capitaine de l’équipe de Gryffondor.
- Et Capitaine de l’équipe de Gryffondor. S’amusa à répéter le Poufsouffle comme si on lui avait soufflé une réplique de théâtre oubliée

Pendant quelques minutes, par un vol en sur-place, ils s’envoyèrent à tour de rôle le Souafle. Harry fut certain qu’il ferait un mauvais poursuiveur ! Il parvenait à peine à attraper la balle en étant figé. Alors en plein vol ?

- Ensuite, on a les batteurs qui s’occupent d’éloigner ces sales bêtes de cognards de leur équipe et de déstabiliser voire blesser l’adversaire.
- Cognards ? répéta Harry peu rassuré tout d’un coup
- Des balles de taille moyenne par rapport au Souafle. Je te les montrerai une fois au sol.
- C’est ce qui fait trembler la malle.

La remarque de Grayson ne lui plut pas beaucoup. D’un haut, on aurait dit que quelque chose habitée la malle et sauterait sur le premier venu.

- Et il reste l’attrapeur, dévia son attention Olivier, Toi.
- Ton rôle, continua le Poufsouffle, est d’attraper cette petite merveille que je ne vais pas lâcher parce qu’il fait trop sombre. Le Vif-d’or.
- Que- ? Dick ! Quand l’as-tu- ? s’époumonna un Dubois scandalisé

Harry ne fit pas attention aux chamailleries. La balle dorée l’obnubilait, brillante sous l’éclat du soleil couchant. Une paire d’ailes délicates se détacha de la boule et vibra si vite entre les doigts du Poufsouffle qu’il ne les voyait presque plus. Le jeune sorcier compris toute l’étendue de la responsabilité de son rôle dans l’équipe.

- Tu l’attrapes, fin du match. Cent cinquante points. Ton équipe gagne.

Harry tendit la main et Dick le lui passa en lui recommandant de ne pas le lâcher ; avec la tombée de la nuit, ça allait être plus compliqué de le voir et de l’attraper. Harry ne pouvait qu’en convenir. Le Vif-d’or était léger, frais, doux dans ses mains, vibrant légèrement contre sa peau par l’agitation des ailes qui s’estompa peu à peu, jusqu’à ce qu’elles retournent enrober son corps doré. Le petit brun rendit l’objet à Dubois qui regardait un Richard Grayson moqueur. Harry pouffa de la tête de ses deux aînés.

- Pour ce soir, on va se contenter de voir comment tu te débrouilles.
- C’est là que j’entre en scène. Je vais un peu te secouer et te donner quelques conseils pour rester en équilibre.
- Pour le match contre Serpentard.
- Pour tous tes matchs. Corrigea Dick
- Admets que les Serpentard sont plus violents que les autres équipes… marmonna Dubois
- Je ne trouve pas…

Dubois roula des yeux. Harry compris alors ce que voulais dire le capitaine par « Il ne juge personne, n’a aucun préjugé sur personne ». Il ne le connaissait pas du tout mais, ça ne surprit pas du tout Harry que le Poufsouffle soit ainsi. Ce dernier brisa le court silence :

- Il arrive que les joueurs se cognent les uns aux autres, pour les déstabiliser dans leur trajectoire, attraper le Souafle. Avec la vitesse et la force exercée par les autres, tu peux tomber de ton balai et t’en tenir suspendu. Ce sont des choses que Madame Bibine vous apprend en fin de première année. Et ton premier match n’est pas en fin d’année. Dooooonc… je vais faire travailler tes bras et tes jambes.

Tous trois commencèrent par réaliser quelques tours où le gardien et le poursuiveur bousculèrent le jeune débutant qui, comme attendu, manqua de tomber de son balai. Ses joues se colorèrent de rouge lorsque le Poufsouffle lui assura qu’il était réellement doué à tenir ainsi sans faillir (Harry se demanda si son père aurait été fier de ce don inné pour le vol). Plus le soleil déclina, plus les deux autres joueurs firent en sorte d’être moins doux ; le bout de ses doigts le faisait souffrir à force de tenir si fort le manche ! Les choses se corsèrent lorsque dans un premier temps, Dubois ensorcela les balles de golf pour sortir à tour de rôle (et Harry devait les attraper et les placer dans son propre sac en toile attaché quelques temps avant par le Capitaine) et, dans un second, Dick et Olivier se lançaient le Souafle, créant toute une agitation qui ne permettait pas au plus jeune de prévoir la trajectoire des balles de golf. Très vite, le petit brun pris l’initiative d’attraper le Souafle pour le garder un moment ou le lançait à ses partenaires de jeux afin de se dégager une trajectoire et mieux suivre les balles blanches (qui elles, ne volaient pas dans tous les sens comme il supposait de ce que ferait le Vif-d’Or).

- Vous avez vraiment une chance de gagner la Coupe ! cria Richard
- On va la gagner, Grayson ! renchérit fort Dubois

Le sac d’Olivier vide et celui de l’attrapeur plein, Harry ne put que sentir un soulagement pour la fin de l’entraînement. Le soleil s’était couché depuis un moment et c’est uniquement parce qu’il était un mouvement qu’il ne sentait pas la fraîcheur automnale. Tout autour des gradins, une multitude de torches s’étaient allumées ; plus faibles que les spots électriques moldus mais assez pour voir correctement tout autour d’eux sans avoir à plisser les yeux, au sol comme en l’air. (Heureusement que Dubois avait une autorisation signée par McGonagall, ça lui éviterait de recevoir une punition s’il croisait Rusard ou pire, Rogue !)

Il eut le réflexe de descendre en altitude, jusqu’à ce que Richard le percute si fort, qu’il se sentit projeter de son balai. Dans un cri surpris, Harry eut un maigre réflexe de se raccrocher à son manche comme si sa vie en dépendait ! La panique vrillait son cœur au point que sa main droite lui sembla d’un coup d’un seul, très moite et glissante sur le bois laqué.

« Je veux être sûr que tu sois apte à te rattraper ou comment tomber sans te faire trop mal » lui avait dit Dubois. Et jusqu’à présent, il n’était pas tombé. Le sorcier en première année compris le sens de l’entraînement que maintenant.

- Super bon réflexe Harry ! le félicita Dick tout en lui tournant autour, Tu as ça dans le sang !

Le Poufsouffle se mit face à lui, dans la même position. L’élève de quatrième année était calme, droit, contrairement à son cadet qui gigotait dans tous les sens. Harry s’en trouva un peu honteux de ne parvenir à être aussi gracieux et ne pas réussir à se stabiliser dans les airs.

- Olivier a installé un filet et il reste pour te rattraper aussi, d’accord ? Si tu tombes, tu ne risques rien. Mais j’ai besoin que tu te concentres. Ce genre de situation peut arriver et le match ne s’arrêtera pas pour autant, ton équipe pourra essayer de te rattraper, mais ça leur fera perdre l’attention sur le jeu. Tu n’as que deux possibilités : tomber, risquer de te faire mal et ne pas pouvoir reprendre la partie ou prendre la décision de remonter en scelle. Chuter se passera vite et, même si les professeurs feront en sorte de te rattraper ou d’installer un filet, plus tu seras haut, plus la chute sera douloureuse.

Harry aimerait bien que son aîné lui apprenne à remonter plutôt qu’à parler. Il sent ses doigts fatiguer sur sa prise, de même pour tous les muscles de son bras. Il pourrait lâcher d’un moment à l’autre ! La panique gonfla si fort qu’il glissa sur l’extrémité du balai dans un autre petit cri.

- Reste calme. Accapara toute son attention Richard, Ton bras va devoir supporter encore ton poids un moment. Il faut que tu attrapes le manche avec ton autre main, reste le plus immobile possible. Tu peux le faire Harry. Ne regarde pas en bas. Regarde-moi ou regarde ton manche. Dès que tu es prêt, contracte tes muscles et attrape le manche.

Harry suivit toutes les instructions ayant bien du mal à se redresser correctement. Le Poufsouffle lâchait et rattrapait autant de fois qu’il fallut son propre balai et, enfin ! Le plus jeune réussit (plus simple qu’il n’y paraissait, finalement ! Bien qu’il n’y eût aucun mouvement tout autour de lui ; il n’osait imaginer en plein match !). Olivier l’encourageait à quelques centimètres de lui ; s’il tombait, le Capitaine n’aurait aucun mal à le rattraper.

- Tu es à la moitié ! Il ne te reste plus qu’à remonter ! Maintenant, il te faut un peu d’élan, balances-toi d’avant en arrière et quand tu le sens que tu en as assez pour balancer ta jambe, tire sur tes bras pour remonter. La clef est de rester calme. Okay ? Fais le vide dans ta tête, ignore le vent, la pluie, les cris et les bousculades.

Sans le moindre effort apparent, Richard montait et descendait de son balai, pour lui montrer encore et encore la procédure. Il ne s’agaça pas des échecs, ni ne s’impatienta du temps que ça prenait. Harry mit du temps avant de réussir ne serait-ce qu’à passer une cheville par-dessus le manche. Mais même le « super ! » du Poufsouffle ne le convaincu pas de s’y prendre correctement. L’herbe lui paraissait d’une horrible couleur noire. S’il se fracassait le crâne-

- Harry, appela Dick ce qui lui ramena toute son attention jusqu’à oublier la macabre pensée d’avant, Regarde-moi, ne regarde pas en bas. Tu te balances correctement. Tu n’as qu’à plus qu’à tirer sur tes bras. Le poids que tu as à soulever, c’est le tien. On le fait, ensemble. Okay ?
- Okay.

Il imita le Poufsouffle dans les moindres détails, angoissant au décompte qu’imposa l’élève. Et il trouva le courage de se redresser. Ses muscles crièrent et lui aussi lâcha un cri d’inconfort. Harry était loin d’être gracieux comme l’acrobate ; il avait l’impression d’être un cachalot échoué non sur le sable mais sur le manche de son balai ! Olivier vint lui tapoter le dos avec de nombreuses félicitations.

- Super travail ! le félicita une nouvelle fois Dick un sourire jusqu’aux oreilles exactement le même qu’il avait eu quand le Choixpeau venait de répartir de Cassandra, Il ne te reste plus qu’à savoir tomber. Protège toujours ta tête, essaye toujours que l’impact soit sur le flanc ou le ventre plutôt que le dos. Toujours être souple sur les jambes.
- Les professeurs nous ne rattraperont pas ? marmonna Harry plus suivre de comprendre
- Plus tu es haut, plus ils auront le temps de lancer un sort. Plus tu es bas, moins il y a de temps. Surtout dans le feu de l’action. Savoir tomber et tout aussi important que savoir voler. Cass m’a dit qu’en récupérant le rapeltout de Neville, tu étais descendu du balai avant d’être à bonne hauteur du sol, c’est que tu sais y faire.

Harry sentit ses joues chauffer encore une fois en une soirée. Dans le feu de l’action il ne s’était même pas rendu compte de comment il avait atterri à ce moment là…
Dick lui sourit, l’aida à se rapprocher du sol pour lui montrer comment tomber. Harry perdit un peu de ses couleurs quand son aîné lui demanda de s’entraîner à tomber ; que Dubois les rejoigne pour cet exercice ne l’aida pas vraiment. Voir Grayson faire n’était rien comparer à tomber ! C’était un coup à se briser la nuque ou se tordre la cheville ! Surtout qu’une fois ne suffit pas, Harry dû recommencer encore et encore !

Plus il réussissait, plus Dick le faisait aller plus vite, plus haut et plus ses vêtements se tintèrent de boue et d’herbe (Tante Pétunia en aurait une syncope !). Jusqu’à ce que, tous trois décident que c’était bon pour ce soir. Harry était sûr qu’il se réveillerait couvert de bleus de la tête aux pieds avec tellement de courbatures qu’il ne pourrait pas bouger des jours durant et serait incapable de jouer contre les Serpentard ! Dubois eut la gentillesse de lui porter son balai.

 

 

Le trajet du retour se fit avec des petites discussions sur les cours, les devoirs et un peu les professeurs. Dick parla d’un autre frère, que le petit brun ne pu deviner si s’agissait d’un aîné ou d’un cadet. Le sujet revint brusquement sur le Quidditch (ou du moins, sa condition de joueur) lorsqu’ils eurent pénétré l’enceinte du château :

- Tu as encore quelques jours avant le ton match. Lui dit Richard après avoir sorti d’une de ses poches l’autorisation de Madame Chourave pour vagabonder si tard la nuit, N’hésite pas si tu as besoin d’aide, de conseils ou que je te remontre comment faire.
- D’accord.
- C’est important que tu en fasses quotidiennement, même pendant les vacances. Sauf si tu es malade, ce serait le meilleur moyen de te faire mal. Il me semble que tu demandes à ton équipe des étirements tous les jours, non ? questionna Richard à l’attention d’Olivier
- Sur ce que tu m’as conseillé. Ils sont plus à l’aises maintenant, même lorsqu’on n’a pas pu s’entraîner depuis un moment.

Harry grogna, pas charmer. Il voulait juste tomber dans son lit et ne plus bouger. Le jeune sorcier rentra la tête dans les épaules (avec une grimace d’inconfort) aux rires compatissant du Poufsouffle, Olivier lui tapota le dos en soutient.

- Crois-moi, je sais. Mais ce sera pire si tu ne travailles pas un peu tous les jours. Expliqua Dick avec son sourire doux. Si jamais, Jay ou Cass ont l’habitude d’avoir des gélules de vitamines C, de la crème d’aloé-verra et de l’arnica à cause de mes routines. N’hésite pas à leur en demander, ça t’aidera beaucoup ! Ne fais pas attention à la façon dont Jay te parle. Il parle mal à tout le monde sauf Alfred.

À l’étage des dortoirs de Poufsouffle, le trio se sépara après une poignée de mains, un sourire sur la promesse de saluer son frère et sa sœur de sa part ainsi que sur les promesses d’une bonne douche chaude pour soulager les muscles. À son soulagement, ils ne croisèrent ni préfet ni professeur.

Une fois dans la salle commune, il remarqua sur l’une des tables deux plateaux de nourriture à leur attention (comme ils avaient manqué l’heure du repas, le petit remercia il-ne-sait-qui d’avoir prévu le temps de conserver quelques encas pour lui et Olivier), son estomac gargouilla. Le capitaine le salua, lui conseilla plusieurs fois de bien se reposer après une bonne douche et, quand il eut fini son monologue, pris l’un des deux plateaux de nourriture avant de disparaître avec ses amis dans leur dortoir.
Dévorant un des sandwichs à la dinde que ne ceux de Tante Pétunia n’égaleraient pas, il remarqua les deux Wayne assit près de la cheminée, dans une conversation silencieuse de signes avec les mains. Cassandra parlait très peu, avec des mots associés limités plus que de phrases. Il ne connaissait pas grand-chose d’elle à l’exception que Rogue était particulièrement tolérant avec elle malgré qu’elle soit à Gryffondor (ou peut-être parce qu’elle était douée en potion et qu’elle aidait Neville là où leur enseignant n’avait que des remarques agacées plus que de la patience). À son total opposé, Jason n’avait pas la langue dans sa poche, l’insulte facile et un langage si familier qu’il en ferait trembler Tante Pétunia. Il le voyait très souvent en compagnie de Fred et George et connaissait sa réputation de ne pas tenir sa langue y compris en face des professeurs. Il se serait aussi battu plusieurs fois sous l’argument que des élèves auraient insulté sa mère de catin. (Harry aurait réagi pareil si quelqu’un appelait sa mère une catin !) Outre cela, le petit sorcier ne les connaissait pas vraiment, ne leur avait jamais vraiment adressé la parole… Comment ne pas se sentir embarrassé pour leur demander quelque chose ?

- J’pas l’nez au milieux d’la figure, Potter ? cingla la voix déjà rauque de Jason

Le brun rougit et rentra la tête dans les épaules, ses muscles protestèrent du geste. Il n’avait pas voulu observer comme le faisait Tante Pétunia.

- J’ai vu – hm – votre frère.
- Qu’est-ce que veux Grayson ? émit Jason sur la défensive
- Il m’a conseillé de vous demander euh… de l’aloé-verra et de l’arnica ?

Les yeux bleus de Jason le scrutèrent de haut en bas un long moment.

- Il m’a appris à me rattraper et à tomber. Pour le- euh… Quidditch.
- Forcément qu’il a accepté de t’aider. Image de fils prodigue et tout le toin-toin qu'il est. Un jour, ça va l'perdre. Râla Jason, Bouge pas.

Harry n’osa vraiment pas bouger de sa place ; l’autre élève avait certainement voulu dire de rester dans le coin mais… le jeune ne pouvait se résoudre à obéir à l’ordre. L’Oncle Vernom s’était montré à de nombreuses reprises très persuasif quant à l’important de suivre un ordre. Du large fauteuil face à la cheminée où un feu crépitait, les flames projetaient sur Cassandra une lueur paresseuse où il jurait voir des traces de cicatrice sur sa peau basanée. Sa camarade s’accouda au dossier ; bien qu’elle lui offrît un signe de main avec un grand sourire qu’Harry lui rendit, il sut qu’ils s’observaient tous deux sans échanger le moindre mot.

Jason revient quelques minutes plus tard de l’escalier en colimaçon une pochette en tissu qu’il lui tendit.

- Un shot de vitamine C dans ton jus de citrouille demain matin, l’aloé-verra sur peau sèche et propre et tu peux utiliser l’arnica dès que tu as mal. Masse bien. Garde tout. Alfred nous en envoie des tonnes tous les mois.
- O-Okay. Hm. Merci beaucoup.

Jason balaya les remerciements d’un geste de main. Il sauta au-dessus du dossier avec presque autant de souplesse que Richard et tout autant de force que son frère. Harry se dit qu’il devrait les laisser tous les deux en famille (parce que l’impression s’il restait encore ici avec ses sandwichs, il serait vraiment une intrusion dans leur vie, ce qui serait intolérable d’après l’Oncle Vernom et Tante Pétunia !).

- Bonne nuit.

Il fila sans plus attendre vers les douches sans avoir vu le signe de main de Cassandra.

Ce n’est seulement que lorsque le jet d’eau chaude percuta sa nuque endolorie que le jeune homme se posa une question. Si Dick avait pour frère et sœur Jason Wayne et Cassandra Wayne, pourquoi avait-il pour nom de famille, Grayson ? Peut-être devrait-il demander à Ron… Ou à Hermione. Hermione sait tout sur tout et out le monde après tout.

Quand il retrouva son lit à se tartiner de crème d’aloé-verra sur chaque partie de sa peau déjà marquée, Ron l’accapara de toutes les questions possibles et inimaginables que Harry oublia cette qu’il voulait le lui poser et n’y pensa plus.


Le midi avant le match, Dick vint à la table des Gryffondors pour apporter une missive à Jason et Cassandra. Harry était assez proche pour entendre leur échange mais pas assez concentré à cause du stress pour voir ce qu’il se passait un peu plus loin.

- Bruce ne viendra pas voir le match aujourd’hui, dit-il à leur attention riant du « Spoiler ! » grinçait pas son frère, Tim est malade.
- La crotte s’est choppée quoi encore ?
- Jay, n’appelle pas Tim comme ça !
- Ouais, ouais. Il a quoi ?
- Une otite sérieuse apparemment. Ni vol en avion, ni poudre de cheminette, ni portoloin, ni transplanage avant un p’tit moment. Je compte sur vous pour lui envoyer un petit mot sympa ?

Le jeune sorcier entendu les petits rires de Cassandra, une sorte de son de clochettes, qui tira à toute personnes aux alentours un petit sourire. L’attaque du troll était d’un coup d’un seul loin derrière eux. Il réussit à prendre la bouchée qu’Hermione l’encourageait à avaler.

- Juste une ! disait-elle pleine de bonne volonté

Déglutir ne fut pas un plaisir tellement tout son corps était tendu d’angoisse avec l’appréhension du match qui ne faisait qu’approcher de minute en minute.

- Tout va bien Harry ?

Le petit sursauta, inconscient jusqu’à présent que Richard avait pris place à côté de lui. Ron et Hermione le regardait avec des gros yeux, méfiants pour l’un, intrigué pour l’autre.

- Non.
- C’est ton premier match, c’est normal. Devant l’école, des parents d’élèves et quelques invités. Tout le monde qui a beaucoup d’attente en tes capacités…
- Ça n’aide pas trop… marmonna Harry

Dick pouffa. Sur son visage doux, il n’y eu aucune marque de moquerie quelconque.

- Ma première performance avec mes parents, j’étais pareil. Lui dit alors le plus âgé où Harry remarqua une lueur triste dans les yeux bleus. Même l’expérience du trapèze ne m’a pas retiré le stress de mon premier match. Il faut faire avec, sans que ça ne devienne du mauvais stress.
- Comment tu gères ? Le – hm – le stress. Comment tu le gères ?
- Eh bien… Aucune façon est la meilleure, chacun à son petit rituel. Admit Richard tout en attrapant le gobelet de Harry pour y verser de l’eau qu’il réchauffa d’un coup de baguette puis y déposa un sachet de thé, Peut-être te faut-il de la musique, peut-être de la lecture, peut-être du silence, peut-être beaucoup manger, peut-être dormir. Moi, je fais des cabrioles et je bois une bonne infusion de camomille pour me détendre. J’en donne à chaque membre de mon équipe au repas avant le match. Ça aide.

Harry se retrouva avec le gobelet dans les mains. La chaleur se répandit dans ses paumes qu’il ignorait qu’il en avait besoin jusqu’à maintenant. La douce odeur de l’infusion l’aida à se détendre. Le petit sorcier se demanda, l’espace d’un instant où il remarqua que beaucoup d’élèves les défiguraient, si Richard n’avait pas fait exprès de venir maintenant pour déposer les courriers, lui donnant alors l’opportunité de venir lui parler. Quoi qu’il en fût réellement, Harry s’en montrait totalement reconnaissant.

- Ça se voit que tu prends plaisir à voler. Je suis sûr que tu peux demander à Olivier ou Madame McGonagall un endroit où te vider l’esprit avant le match.
- Ouais… Ouais, ça- ça me semble être une bonne idée !

Dick lui offrit un si grand sourire que d’aucun le méprendrait au soleil !

- Avant que je ne me fasse éjecter par ton équipe (car il était vrai que batteurs, poursuiveurs et gardien observaient d’un mauvais œil Grayson à discuter aussi longtemps avec lui), dis-toi une chose : fais de ton mieux. Personne ne t’en voudra si tu n’attrapes pas le Vif-d’Or à temps et, si ça peut t’encourager, que tu perdes ou que tu gagnes, j’ai hâte de disputer notre match de février avec toi. Tu es fait pour le Quidditch, crois-moi !

Un clin d’œil plus tard, suivit d’un câlin énorme avec Cassandra, le Poufsouffle regagna sa table comme si de rien n’était.

Harry, lui, raconta les quelques conseils, sans se rendre compte qu’il avalait le contenu de son assiette et de son gobelet en même temps. Il rejeta l’idée des jumeaux d’aller à l’infirmerie se faire examiner par Madame Pomfresh car non, il ne s’était pas fait empoisonner. Le jeune brun suivit le conseil donné pour réclamer un endroit où voler ; si McGonagall haussa un sourcil interrogateur, elle ne dit rien et l’emmena prêt du terrain sous la bonne surveillance de Dubois.


Il n’y a que les Serpentard qui apprécièrent voir Harry Potter suspendu à un balai discédant à l’allure enchanté plus que mécontent. Pour la première fois de toute sa scolarité, Dick reconnu que c’était vraiment des gros idiots. Dans les gradins des Gryffondor, le Poufsouffle sentait toute la panique de la maison de Harry. Cassandra, avec qui il avait promis de passer le match avec elle sur ses épaules, venait de descendre pour se pelotonner contre lui. Dick lui-même se sentait un peu paniqué… À la place de Harry, il voyait tantôt sa mère, tantôt son père, incapable de se changer face aux non-mages sous leur forme respective d’animagus pour se sauver.

(Il se souvient de leurs regards d’excuse à son égard. Il se souvient des os craquant à l’impact. Il se souvient de leur sang, tellement de sang, si plein de sang que leur costume se gorgeait d’un rouge qui n’étaient pas leurs couleurs. Il se souvient d’avoir souhaité sauter à son tour.)

Si ce n’était pas contre le règlement, il aurait enfourché un balai pour dire à Harry de lâcher.

- Regarde ! lui ordonna Cass (Richard sortit de sa torpeur)

Le balai de l’attrapeur ne gigottait plus dans tous les sens mais empêchait tout de même Fred et George ne parvenaient toujours pas à rattraper Harry mais, en bons batteurs éloignaient les cognards qu’envoyaient l’équipe adverse sur une proie facile (ils éliminèrent du jeu l’une des poursuiveuses de Serpentard ; déclenchant une joie dans trois des quatre maisons et des huées dans la dernière).

- NE REGARDE PAS EN BAS HARRY ! s’entendit-il hurlait si fort au jeune attrapeur qu’il surprit toutes les rangées autour de lui, FIXE TON BALAIS ! ATTRAPPE-LE À DEUX MAINS ! BALANCE-TOI ET ENFOURCHE-LE ! NE REGARDE PAS EN BAS !

Une tonitruée en canon de « NE REGARDE PAS EN BAS » rugit alors chez les Gryffondors repris en écho par les Serdaigle et les Poufsouffle. La voix forte de Hagrid aida à accaparer l’attention des joueurs de Gryffondor à défaut de briser la panique de Potter. Fred et George servirent de perroquets : Harry les regarda (Richard imagina la moue totale de panique que le jeune devait avoir !). S’en suivit une huée de « FIXE TON BALAIS ! » que les batteurs transmirent une fois de plus.

Enfin Harry se souvient de l’entraînement. Dubois lui avait rapporté que l’attrapeur avait accroché une barre de traction dans la salle commune et s’entraîner dès qu’il le pouvait avec toute l’équipe. Il n’y avait rien de gracieux comme les acrobates et autres gymnastes mais le jeune avait saisi le principe et les points important d’accroche. Il attrapa d'une poigne sûr le manche du balai avec ses deux mains. Il se balança et, enfin avec un élan impeccable, dans des hurlements de joie, Harry se remit en scelle dans un presque saut parfais. Dubois ne pourrait qu’en être fier. Dick était fier qu’il hurla ses poumons avec les lions, Cassandra de retour de retour sur ses épaules.

Léger sur son balais, Harry prenait les caresses avec une dextérité que mêmes les joueurs professionnels n’avaient pas, encore moins après les retombées d’une presque chute. Même avec sa chute en piquet, il ne paniqua pas, comme un avec son balai, l’objectif que représentait le Vif-d’Or en tête. Un naturel. Dick siffla à le voir debout sur le manche si proche du sol.

- Attrape-le, attrape-le. Murmurait-il tendu par l’appréhension du déroulement du match, Tu dois tomber pour l’attraper. N’ais pas peur de tomber. Tu peux le faire… Attrape-le Harry, c’est maintenant ou jamais !

Enfin, l’attrapeur prit la réassurance qu’il avait besoin. Enfin, il sauta. Enfin, il chuta.

Même les autres joueurs en plein vol ne firent plus aucun bruit dans les airs. Richard craint un instant que le petit sorcier se soit fait mal (parce qu’il n’était pas très épais, tout juste débutant, à peine entraîné) et Madame Bibine siffla la fin du match. Victoire pour Gryffondor.

Le déchainement de joie raisonna sur tout le terrain. Pour la première fois, Cassandra cria avec lui et sa maison. Jason la lui piqua même de ses épaules sous prétexte qu’il était un Gryffondor comme elle.


- Je suis désolé. Lui déblatéra Harry le soir-même dans la cohue des retours aux dortoirs
- De ?
- De ne pas avoir réussit à remonter si vite. D’avoir oublié-
- Tu n’étais pas en condition d’entraînement avec calme et seulement deux autres joueurs. Vous étiez quatorze personnes en vol, devant des centaines de spectateurs. Avec un balai capricieux, il a été examiné d’ailleurs ?
- Oui. Dumbledore s’en occupe.

Dick lui serra l’épaule avec affection.

- Alors tout va bien. Tu vas bien, Olivier s’en remet, vous avez remporté la victoire, tu as remporté ton premier match. Tu t’es débrouillé bien mieux que des joueurs expérimentés. Tu as été parfait Harry. Tu peux être fier de toi. J’ai encore plus hâte de disputer le match de février !

Le Gryffondor sourit, les épaules détendues.

- Oui, lui dit-il, On se verra en février !