Une masse de cheveux bouclés dépassait de la couette. Le silence de la chambre n’était troublé que par le léger ronflement de la femme encore bien endormie à cette heure matinale ainsi que le doux son de petits pas sur le parquet. Une petite fille aux yeux noirs et cheveux bruns grimpa le plus doucement possible sur le lit, avant de se tenir debout sur celui-ci. Prenant son élan, elle compta jusqu’à cinq et sauta sur le corps blotti sous la couette.
—Allé Maman ! C’est l’heure ! Tu as promis qu’on irait et Drago et tante Cissy doivent venir aussiii !
La petite fille, du haut de ses six ans, était le portrait craché de sa mère. Une peau pâle, des yeux noirs et même si sa couleur de cheveux était celle de sa seconde mère, sa tignasse était tout aussi incontrôlable que celle de la première.
Bellatrix n’aimait pas se faire réveiller aussi tôt et surtout aussi brutalement. Grognant, elle repoussa doucement sa fille sur le côté pour éloigner la couette de son visage, rivant un regard courroucé sur elle. Mais bien qu’elle veuille rester en colère contre elle, sa petite frimousse d’ange la fit craquer à chaque fois. Ce matin ne dérogeait pas à cette règle.
En soupirant, elle se passa une main sur le visage, frottant ses yeux.
—Et tu es vraiment obligé de venir me sauter dessus aussi tôt ? Les vacances sont faites pour dormir mon lutin !
La petite fille vint se réfugier dans les bras de sa mère, calant sa tête sous le menton de la plus vieille, profitant de ses douces caresses matinales.
—Je sais, mais Mama a déjà préparé le petit déjeuner. Et tu m’as promis qu’on jouerait toutes les deux sur la plage.
Bellatrix se fit une raison, sa nuit de sommeil venait de s’achever. Si Hermione avait déjà tout préparé, mieux valait ne pas la faire attendre. Qui sait à quel moment le chat pourrait sortir ses griffes. Voulant attraper sa baguette sur la table de nuit, elle paniqua presque en ne la trouvant pas.
—C’est ça que tu cherches mon amour ?
Hermione se tenait appuyée contre le chambranle de la porte, jouant avec la baguette de Bellatrix.
—Je confisque ! On a dit un weekend sans magie pour une fois !
Bellatrix grogna légèrement, surtout pour la forme. Qu’est ce qu’il lui a pris de dire oui a cette idée saugrenue. Mais en même temps, elle n’avait pas eu tellement le loisir de réfléchir à la question avec la tête de sa femme entre ses cuisses la veille au soir.
Le petit déjeuner prit, le couple et l’enfant prirent le chemin de la plage, après avoir fermé à clef leur bungalow de vacance. C’était Hermione qui s’était occupée des réservations pour toute la famille, refusant pour une fois d’aller dans l’une des propriétés des sœurs Black. Narcissa et Drago avaient suivi l’aventure, à quelques bungalows du leur.
À peine ses pieds foulèrent le sable chaud, que Bellatrix oublia totalement le fait qu’elle se trouvait sur une plage de moldu. L’endroit était quelque peu en retrait et seules quelques familles y avaient posé leur serviette. Laissant a Hermione la corvée de porter serviette et parasol, elle s’élança vers l’eau, balançant ses chaussures à la hâte, sa fille sur ses talons. Un sifflement strident les fit toutefois stopper net. Se retournant, elle vit sa dulcinée, les bras croisés, sac aux pieds qui les attendaient de pied ferme.
—Je ne vais pas faire tout toute seule ! Et interdiction d’aller à l’eau sans crème solaire ! Aussi bien l’une que l’autre !
De mauvaise grâce, Bellatrix aida à installer parasol et serviette. Elle consentit même à rester assez tranquille pour se faire tartiner la peau de crème solaire, pensant amèrement qu’un sort aurait été tout de même plus rapide et plus performant.
Une fois le feu vers obtenu de la plus jeune, mère et fille se précipitèrent à l’eau sous le regard bienveillant de la brune. Elle les regarda jouer et rire, se rappelant le chemin tumultueux qu’elles avaient parcouru depuis leur mariage. Elles avaient convenu que ce serait Bella qui porterait leur fille, sans savoir que le poids des dures années qu’elle avait vécu la rattraperait. La grossesse fut chaotique, et Bellatrix était passée très près de perdre la vie lors de l’accouchement. Le plus beau et en même temps le jour le plus terrifiant de leur vie. Alhéna était leur petit miracle qu’elles chérissaient chaque jour.
Un mouvement juste à côté d’elle la fit sursauter. Narcissa posa sa serviette près d’elle, un grand chapeau vissé sur la tête et des lunettes de soleil sur le nez, alors que Drago courait vers sa tante et sa cousine, s’intégrant à leurs jeux.
—Alors ? Tu as pu dompter l’enfant ?
Hermione se mise à rire, ne sachant pas si elle parlait de sa fille ou de sa femme.
—Laquelle ?
—Ma sœur bien entendu ! Bellatrix a toujours été une grande enfant ! Tu l’as changé, tu sais… je suis heureuse d’avoir retrouvé ma grande sœur…
Hermione n’eut pas le temps de répondre que Bellatrix, lassé de jouer dans l’eau se laissa tomber sur la serviette de sa femme, la prenant dans ses bras.
—Bella ! Tu es trempé !
Bellatrix la regarda un sourire en coin, l’air aguicheur.
—Toujours pour toi ma douce !
S’allongeant sur sa propre serviette, Narcissa fit un signe de la main, attrapant un livre dans son sac.
—Je n’ai rien entendu…