Ce matrimoine immarcescible

Harry Potter - J. K. Rowling
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Ce matrimoine immarcescible
Summary
Il y a de ces héritages qui se cachent dans le sein de la femme, envers et contre tout.
Note
Cette Fanfiction a été écrite dans le cadre du Blackfest organisé par FESTUMSEMPRA. La liste complète des œuvres participantes est disponible sur la collection : https://archiveofourown.org/collections/Black_Fest. Auteurs, lecteurs, artistes… rejoignez le discord de Festumsempra ici : https://discord.gg/73rYkUNPTx

Si on demandait à Noémia ce qu’elle voulait faire de sa vie, elle répondrait qu’elle voulait aller sur la lune. Son père l’attendait entre les étoiles, certainement sur la lune. C’était ce dont elle rêvait, en tout cas, quand elle observait la voie lactée. Elle imaginait les retrouvailles lorsqu’elle arriverait sur l’astre, la rencontre avec son père, découvrir à quoi il ressemble, son caractère, entendre les histoires qu’il a emporté là-haut.

Elle regardait les étoiles lorsqu’il vint la retrouver. Il fit glisser sous son nez un bouquet de fleur qui lui chatouillèrent les narines.

« Licorus ! En voilà des manières. Je vais éternuer avec tes bêtises.

-Cela n’enlèvera en rien ta beauté, susurra-t-il contre son lobe d’oreille.

-Charmeur, rit Noémia. »

Licorus s’installa à ses côtés en éloignant le bouquet de son nez. Ainsi, Noémia put admirer les fleurs qui le composaient.

« Des Selenicereus luisantes!

-Uniquement pour toi, princesse.

-Tu es bien aguicheur ce soir.

-Ce soir est un grand soir, Noémia. »

Licorus lui offrit le bouquet, les yeux dans les yeux. Ils restèrent ainsi, dans le silence et le chant de la nuit. L’air frais du début du printemps faisait rougir leurs joues ; oui, c’est le froid qui faisait rougir Noémia. Son regard se perdit sur la perfection du visage de Licorus.

Un visage qui gardait encore des traces du rouge à lèvre carmin sur le col de sa chemise.

Retenant ses larmes, Noémia leva la main sur ce visage de marbre ; l’air avait gelé sa peau. Licorus se pencha à son contact et ouvrit la bouche pour parler.

« Tu as des yeux d’étoile. » lâcha brusquement Noémia.

Coupé dans son élan, Licorus contracta sa mâchoire.

« Un bien joli compliment.

-Pour moi, ça l’est.

-Mhm.

-J’aime le ciel, les étoiles et la lune, confia Noémia dans un élan de confession. Mon père est certainement là-haut. »

Licorus posa son visage contre sa main alors que Noémia se perdait dans ses théories d’astronomie, de l’âme et de la vie après la mort.

« Ce soir, tu deviens ma femme. » coupa brusquement Licorus.

Noémia se figea, choquée. Elle haussa les sourcils si haut qu’ils se perdirent dans sa frange. Son cœur battait dans ses oreilles et ses mains devinrent moites.

« Et… Amalia ? »

Une ombre passa dans le regard de Lucorus.

« Amalia ne fait plus partie du tableau. Tu n’as pas à t’inquiéter. 

-Mais…

-Sa famille l’a promise à un autre. Je n’ai pas fait le poids face à la fascination du père pour les français issus de la royauté. » termina-t-il d’un ton léger.

Un sourire fleurit sur le visage de Noémia.

« On va pouvoir être ensemble ? »

Il hocha simplement la tête, un rictus sur les lèvres et les yeux semblables au ciel étoilé.

« Mère doit cependant être d’accord…, souffla Noémia.

-Ce n’est pas un problème, coupa Licorus. Mon père vient de se récolter une petite fortune. Couplée à la tienne, cela ne peut être que bénéfique pour ta mère et toi. Tant pis pour Amalia, elle ne connaîtra pas la vie aisée que je vais t’offrir. »

Il lui prit le visage en coupe. Si beau, si puissant, si prometteur.

« Ensemble, dit-il, nous ferons la famille magique la plus puissante du monde. Si puissante que les étoiles elles-mêmes brilleront pour nous. »

Noémia sourit. Licorus se pencha sur ses lèvres et les fusionna avec les siennes. Elle avait si hâte de l’épouser pour l’amener sur la lune. Son père serait ravi de voir sa fille s’épanouir.

 


 

Misapinoa courrait dans le jardin après son frère.

« Arcturus ! Rend ma baguette.

-MAGIE ! »

L’adolescent en devenir redevenait un véritable gamin avec une baguette. Misapinoa riait malgré tout, attendrit de voir son frère rire pour un simple bout de bois. Malheureusement, le soleil était bas.

« Arcturus ! Misapinoa !

-Oh non…, gémit Arcturus. »

Misapinoa le rattrapa pour reprendre sa baguette.

« Le soleil est bas. Il est temps de rentrer.

-Mhm. »

Le garçon marcha devant, tête baissée et défoulant sa frustration sur la terre gelée de la fin de l’hiver.

« Misapinoa, ton père doit te parler. »

Noémia avait l’air épuisé.

« Pouvons-nous parler un peu avant que je ne le rejoigne ? »

La femme lui jeta un regard.

« Cela me touche, mais de quoi voulez-vous parler? Je n'ai pas fait grand chose aujourd'hui et vous connaissez toutes mes histoires.

-Cela ne dérange pas de les réécouter.

-Même mes enfants ne m’écoutent pas autant, dit Noémia dans son souffle.

-J’aime vos histoires. Surtout sur les étoiles.

-Il n’y a plus grand chose à raconter, tu sais. Je ne suis aujourd’hui qu’une femme qui s’accroche à ses étoiles. »

Misapinoa laissa un rictus crisper ses lèvres. Noémia fit claquer ses bracelets composés de milles pierres semi-précieuses. Son dos semblait se courber sous le poids des bijoux et sa peau s’était flétrit.

« Et votre thèse ? demanda Misapinoa. Vous sembliez avoir une bonne piste pour...

-Enterrée faute de financement. Eduardus voulait épouser Limette tôt. Ils ont eu un bon mariage. »

Noémia sourit, mais ses yeux ne brillent pas.

« Hâte toi de parler à ton père, ne le fait pas attendre. Et si le doute te prend pour la décision, lève les yeux. J’ai réussi à faire installer une petite surprise pour ton anniversaire.

-Père…

-…ne pouvait rien dire. Je suis la maitresse de maison, quoiqu’on en dise » coupa Noémia avec un rictus.

Misapinoa haussa les sourcils.

« Je vois… »

Noémia fit danser son index en l’air.

« Un conseil : ne perd jamais la propriété. Ma mère m’a léguée ce manoir, elle reste dans ma famille. Et… si ce jour de malheur venait et que… le manoir était perdu… »

Noémia retint difficilement les larmes. Misapinoa s’approcha pour la consoler d’une caresse sur le bras. Elle entendit à peine le mot.

« Adhuc. 

-Pardon? Qu'est-ce que cela veut dire? »

Noémia se redressa, tentant d’être fière.

« J’ai hâte de voir, ou plutôt d’entendre ta réaction. 

- Misapinoa ? »

Amalia était droite dans son corset. Son visage de marbre était couvert de maquillage poudré, son rouge à lèvre traçait parfaitement sa bouche maigre. Noémia baissa la tête.

« Va. »

Misopinoa voulu rester. Ses pieds étaient encrés au sol pour continuer d’avoir la tête dans les étoiles. Misopinoa regarda sa mère, miroir en négatif de Noémia. Si elle suivait sa mère, elle revenait sur terre.

« J’arrive. »

Misopinoa tourna le dos à Noémia, arrachant ses pieds pour s'éloigner de la quarantenaire. Sa mère lui fit un sourire fier. Elle se laissa guider vers la salle de réception dans laquelle une discussion entre hommes se faisait entendre.

« Il serait sage de perdre un peu de poids à la suite de votre discussion avec votre père, Misopinoa.

-Pourquoi ?

-Vos bras sont trop… Trop. »

Noémia n’avait pas bougé lorsqu’Amalia referma la porte.

« Ah ! La voilà ! Misapinoa, je te présente Jimbo Blishwick, ton cousin. Assieds-toi, nous avons beaucoup à dire. »

Jimbo s’approcha d’elle, ses joues grasses soulevé par un sourire étrange. D’un geste qui se voulait gracieux, il fit apparaître une rose par magie sans baguette. Misapinoa l’accepta avec un petit sourire. Jimbo se retourna instantanément pour s’installer face à Licorus. Dans la main de Misapinoa, la tige se dissolvait, ne laissant qu’une sensation de poudre gélatineuse.

« Misapinoa, commença son père lorsqu’ils furent installés. Je ne vais pas tourner autour du pot. Jimbo est un cousin à la magie très puissante et à la fortune conséquente. Il est un atout pour notre famille. »

La rose dans sa main fondit plus qu’elle ne fana. Amalia lui fit les gros yeux, auxquels Misapinoa répondit avec un secouage discret de la tête.

« De plus, suite aux propos scandaleux de Bilias Weasley, il est de notre devoir de la famille Black de rester pur dans notre sang. Notre magie ne doit pas se diluer comme j’ai pu le voir avec les enfants de Noémia. »

Licorus se pencha vers sa fille.

« Je ne veux pas que tes enfants… que mes petits-enfants soient le fruit d’un mélange avec le sang de moldu. »

Misapinoa déglutit.

« Donc… tu vas épouser Jimbo.

-Nous sommes cousins. »

Jimbo tourna la tête vers Misapinoa à son commentaire. Il lui offrit un sourire troué.

« Au moins nous ne sommes pas frère. Cela est la limite ultime qu’on ne franchit pas. »

Un frisson lui remonta l'échine. Misapinoa voulu parler. Amalia secoua la tête. Misapinoa se tut et baissa la tête.

« Pour la famille, Misapinoa. »

Le silence attendit sa réponse. Le tic-tac de l’horloge la pressa. Les regards sur elle la pressèrent. Misapinoa voulait retourner dans les étoiles avec Noémia.

J’ai réussi à faire installer une petite surprise pour ton anniversaire.

Misapinoa leva les yeux.

Au plafond, la voie lactée barrait le ciel en une myriade d’étoiles sur un ciel noir. Les étoiles se mouvaient lentement autour de l’étoile polaire, comme le ciel bougeant au-dessus de leur tête alors que Noémia se perdait dans une myriade d’histoires, d’étoiles et de théories.

Misapinoa se revoyait sur l’herbe, sentant son odeur encore fraîche de la fin de l’hiver. Dans sa main, la rose devint une somptueuse Selenicereus luisante.

« Noémia l’a fait installer pour toi. Pour que tu puisses l’observer même dans les temps les plus sombre, commenta Amamlia, outrée. »

Misapinoa ne lâcha pas le plafond du regard en parlant.

« Si j’épouse Jimbo, je veux hériter de ce manoir.

-Tout ce que tu veux, je parlerai avec Noémia, dit son père en ignorant le dédain de sa femme.

-Alors c’est d’accord. »

 


 

Elladora essaya tant bien que mal de recoudre le trou dans sa jupe.

« Isla, va chercher tante Misapinoa ! C’est urgent ! »

Isla hocha la tête et disparut en courant dans le couloir. Elladora retenta le sort de couture de sa tante : un fil bleu canard vient barrer grossièrement le trou dans le tissu noir.

« MerlinmerlinmerLIN ! Tout ça alors que je ne veux même pas y aller.

-Mais il le faut, pour la famille. »

Misapinoa entra dans la pièce et fit les gros yeux sur le carnage de couture qui envahissait la chambre de sa nièce : morceaux de tissus qui volaient, fil qui se tordaient dans des nœuds impossibles et de la ouate se baladait partout, même dans les cheveux de sa nièce…

« Vous mettez de la ouate dans votre robe ?

-Pour la faire gonfler, et il neige dehors...

-Pour vos cheveux aussi ? »

Elladora toucha la masse blanche dans sa chevelure.

« C’est de la mousse. 

-Un sort de lavage ?

-Un masque. »

Dans un soupir, Misapiona nettoya le carnage d’un coup de baguette. D’un autre coup, la robe fut réparée. Elladora soupira de soulagement alors que sa tante déposait lentement la robe sur le lit.

« Dois-je réellement venir ?

-Votre grand-père voulait que sa petite-fille vienne à son enterrement. Il est de notre devoir d’honorer nos ancêtres. Envers et contre tout. »

Elladora regarda sa tante réajuster sa manche noire le long de son bras très fin.

« Vous ne voulez pas y aller non plus, n’est-ce pas ? »

Misapinoa lui jeta un regard de travers.

« J’y assiste, c’est tout ce que vous devez constater. Les intentions n’ont que faire des actions. Maintenant action : debout, habillez-vous et descendons. »

Elladora attrapa sa robe pour s’enfermer dans la salle de bain, non sans claquer la porte.

« Et débarrassez-vous de cette mousse que je ne saurais voir ! 

-Je gère mieux ça, ne vous en faîtes pas. » murmura Elladora.

Malgré son sort de lavage, des brindilles persistaient dans ses cheveux noirs et épais. Elladora tenta d’en extirper un maximum ; il ne fallait pas qu’elle ait une feuille dans les tresses, Misapinoa aurait un arrêt cardique.

Quinze minutes plus tard, Elladora était avec sa tante dans les couloirs, se rapprochant inexorablement du brouhaha des invités venu honorer le chef de famille. La robe l’empêchait de bien courir, entravant ses jambes. Le tissu lui grattait le dos, pile au milieu, là où son bras ne pouvait attendre quoi que ce soit.

« Un peu de tenu, cessez de gesticuler, vous ressemblez à un haricot sauteur moisit.

-La robe gratte !

-Silence. »

Elladora savait que l’enterrement affectait sa tante plus qu’elle ne laissait croire. Ce ton froid était bien trop sincère. Ses yeux avaient perdu leurs étoiles.

Elles passèrent devant une pièce dont la porte était toujours fermée.

« Qu’est-ce qu’il y a derrière cette porte. »

Misapinoa ne s’arrêta pas pour répondre.

« La salle de réception.

-Je ne l’ai jamais vu.

-Nous allons être en retard. »

Elladora suivit sa tante à contre cœur, tout en notant cependant que la salle donnait certainement sur le jardin. Elles arrivèrent dans le jardin familial des Black, noire de monde à l’occasion de la triste cérémonie. Tout était noir, même le ciel hivernal de midi.

Au centre du jardin, un cercueil de bois tentait ridiculement de se faire voir sous le tas de bouquet de fleurs. Toute la famille lointaine pleurait à chaude larme ; Ursula Flint semblait être au bord de la mort pour son beau-grand-père.

Ah, la tristesse de l’héritage.

Le notaire gobelin approcha Elladora.

« Bonjour, Madame.

-Monsieurs Mysotryp.

-Je vous prie de bien signer le document attestant l’acceptation de votre héritage par Monsieur Black Licorus, enchaîna le goblin d’un ton grinçant. Il tendit un parchemin qu’Elladora prit.

-Il est étrange de faire cela en plein milieu d’une cérémonie, commenta cette dernière.

-Il m’était impossible de vous trouver avant. On me disait que vous étiez toujours dehors. »

Elladora rougit en lisant le document. Un détail la fit tiquer.

« L’héritage de Noémia Black ?

-En effet.

-Qui est-ce ?

-Est-ce important ? L’héritage est précisé plus bas, et Madame Noémia est décédée. Vous héritez aussi de votre oncle Arcturus du 12 Square Grimmaurd. Tout est noté. Signez. »

Et l’héritage était important. Assez pour mon voyage dans les Caraïbes.

« D’où vient cet argent ?

-De ce manoir, répondit le gobelin avec un ton pressant.

-De ce… il a été vendu ?

-Oui, et je suis pressé, Mademoiselle. »

Elladora mit un temps à réaliser l’affaire. A réaliser que le jardin n’allait pas accueillir son grand père dans son antre. A réaliser qu'elle ne grimperait plus à l'arbre et ne coincerait plus jamais de feuilles dans ses cheveux. A réaliser qu’elle ne saura jamais ce qu’il y a dans la salle de réception.

« Mademoiselle. »

Revenant dans l'instant présent, Elladora signa mollement le document et le rendit au gobelin. Sans répondre à ses adieux, elle se dirigea d’un pas ferme vers sa famille. Sur le chemin, elle recroisa sa tante Misapinoa qui l'alpagua.

« Suis-moi.

-Où ?

-Dans la salle de réception. »

Elladora se figea un instant avant de se coller à elle pour la suivre. Misopinoa lâcha un rire étonné.

« Je viens d’apprendre pour le Manoir.

-Une belle fortune, dit Misopinoa d’un air triste.

-Une injustice.

-La signature Black. Toujours riche. Toujours pur. A jamais des traîtres. »

Elles se faufilèrent dans le manoir jusqu’à la salle reniée. Misapinoa fit tourner une petite clef gravée de runes ; ces dernières s’illuminèrent et un CLAC sonore résonna dans le bois. Sans attendre, Elladora et Misapinoa se glissèrent dans la pièce plongée dans la pénombre.

Du moins, pas totalement.

« OHA ! »

Le ciel étoilé faisait doucement luire une douce lumière bleutée. Au sol, des Selenicereus luisantes avaient réussi à fleurir sur le parquet ciré. Des lianes grimpaient sur les commodes, donnant une allure de serre étrange à la pièce.

A y regarder de plus près, Elladora nota des détails.

« Les étoiles sont nommées.

-Noémia les connaissaient toutes. »

Elladora entendait la boule de tristesse dans la voix de sa tante ; elle ne l’avait jamais vu ainsi.

« Elle l’avait fait pour moi, murmura Misapinoa.

-Un magnifique cadeau, affirma sa nièce, un peu envieuse. »

Misapinoa leva doucement sa baguette et murmura entre ses lèvres.

« Adhuc. »

Le plafond se mit à tourner de plus en plus vite sur lui-même, les étoiles devinrent des anneaux de lumières et un léger vent se leva, balayant leur chevelure. Les anneaux se resserrèrent autour de l’étoile polaire, et tout ne devint qu’un disque blanc, puis un point. Une étoile unique dans la pièce noire.

Du bout de la baguette, Misapinoa la fit descendre lentement devant sa nièce. Elladora se rendit compte qu’elle pleurait.

« Quelle belle magie.

-Mon héritage, mon seul matrimoine quand tout se vend autour de moi. »

Elladora tendit les mains en coupe, recueillant l’étoile dans le creux de sa main.

« Cela semble si fragile. »

D’un coup de baguette de Misapinoa, l’étoile devint un cristal luisant. Ses mains tremblaient.

« Promets-moi de la libérer un jour avec mon sortilège : Adhuc. Je l'ai toujours imaginez haut dans le ciel, loin de cette baraque et de cette famille. Je suis heureuse que le sors m'ait refusée de me donner un enfant, de le donner aux Black. Que les Black soient maudis de vouloir vendre cette beauté, s’emportât Misapinoa avant de murmurer. Ne la laisse pas tomber. »

Elladora releva les yeux vers sa tante, dont le visage était à peine éclairé par la pierre. Sa peau brillait un peu, surtout au niveau des yeux.

« Jamais. »

 


 

« Il parait qu’il y a un secret au Square Grimmaurd.

-Quel genre ?

-Un artéfact qui protège toute la famille.

-La protège de quoi?

-De la folie. Mais il a été perdu, et depuis l'inceste ronge la famille. Il paraît que pour s'en libérer, il faut aller au 12 Square Grimmaurd.

-On ne peut pas y aller. Il parait qu’il est hanté par la Grande Tante.

-La grande tante ?

-Oui. La famille dit qu’elle a sombré dans la folie à la mort de son grand père, Licorus Black, premier du nom. Ce serait elle qui aurait perdu le trésor et condamné la famille.

-Ce n’est pas celle qui était stérile ?

-Je crois que c’était sa tante, mais je ne me souviens plus de son nom.

-La Grande Tante n’avait pas d’enfant, tu es sûre que ce n’est pas elle qui fut stérile ?

-Peut-être, je l’ignore. En tout cas, elle disparaissait dans le Square sans que personne ne sache comment elle faisait. Elle a refusé de se marier et s’est suicidée, ou du moins à disparut dans sa maison lorsque son père a tenté de la raisonner. Il parait qu’elle hante aujourd'hui le Square Grimmaurd. On peut la retrouver au milieu des Selenicereus luisantes qui poussent dans le sol des maisons.

-Mais c'est impossible.

-DORÉA ! CEDRELLA ! VENEZ !

-On n’en saura certainement jamais rien, de toute façon.

-C’est certain. »

 


 

Andromeda se glissa dans le couloir. Elle arriva directement dans la cage d’escalier, dans lequel on pouvait entendre le bourdonnement caractéristique du sortilège bloque magie de ses parents ; elle sentit aussi une sensation de moiteur envahir ses joues. Quand elle était petite, elle aurait fait demi-tour fissa.

Ce soir, il ne fallait pas qu’elle reste.

Ses pas grinçaient sur le parquet centenaire du 12 Square Grimmauld. Le silence accentuait le craquement de chaque latte de bois de l’escalier. Chaque pas faisait écho dans le long bâtiment endormit. Chaque pas pouvait réveiller les maîtres de maison.

Soudain, elle sentit un souffle sur sa nuque. Andromeda sursauta et fit volte-face.

Rien.

Peut-être que cette maison est réellement hantée.

Rapidement, Andromeda termina de descendre l’escalier. En bas, elle sortit une valise conséquente cachée dans le placard ; Kreattur ne l’a pas encore trouvée, ou n’a encore rien dire.

Cependant, une sangle s’accrocha dans le fond du placard. Ce qui suivit, on pourrait le comparer à une chute de domino en titane dans un magasin de porcelaine. En un mot, une cacophonie. Une alarme magique résonna dans le couloir et la cage d’escalier. Dans quelques secondes, toute la famille Black serait sur son dos.

Heureusement, le mécanisme auquel s’était accroché sa valise avait révélé une ouverture. Andromeda s’y glissa sans réfléchir. La porte se ferma derrière elle, la plongeant dans le noir.

« QU’EST-CE QU’IL SE PASSE ICI ? »

Andromeda coupa sa respiration. Derrière la porte, elle entendait des pas pressés. Druella hurlait, Cygnus hurlait, Kreattur s’insultait.

« OÙ EST ANDROMEDA ?! »

Machinalement, cette dernière recula jusqu’au fond… et rencontra le vide. A tâtons, Andromeda se rendit compte que ce placard était bien plus spacieux que prévu. En reculant, une lumière s’alluma, révélant un dédale de couloirs.

« Mais quoi…

-Où est Andromeda, Druella ?

-QU’EST-CE QUE J’EN SAIS ?! KREATTUR, TROUVE-LA!

-Oui, maîtresse. Kreattur va chercher la traîtresse... »

Peut être que la Grande Tante se cachait ici.

Suivant son instinct, Andromeda s’enfonça dans le dédale. Les cris diminuèrent petit à petit, laissant place au silence ; même le bourdonnement s’était arrêté. Elle se retrouva seule à marcher dans un couloir de bois au plafond haut, bien que sous un immeuble anglais.

Eh bien… c’est moins pire que faire face à Druella.

Soudain, Andromeda arriva dans une pièce faiblement éclairée. Une pièce circulaire au centre de laquelle se trouvait un coffre de bois. Autour de ce coffre, des Selenicereus luisantes poussaient dans le bois.

Dans le bois ?

Andromeda s’approcha lentement jusqu’à distinguer des gravures sur le coffre.

« A ce matrimoine immarcescible. A libérer par l’Adhuc. »

Huh.

La curiosité la poussa à ouvrir le coffre. Sa peau se mit à doucement chauffer, mais elle ne prit pas peur. Le métal était tiède et le bois doux au touché.

Clic.

Le coffre n’était même pas verrouillé. Andromeda l’ouvrit.

Une lueur bleutée s’échappa, aveuglante dans le noir total. Andromeda put néanmoins distinguer la pierre bleue que le coffre protégeait. Elle resta là un instant, bouche bée. Rapidement, toutes les légendes du trésor de la famille Black lui revint en mémoire. Et si les légendes étaient vraies ?

Une voix fit échos au loin.

Andromeda sortit de sa rêverie, le coeur battant. A la va vite, elle attrapa la pierre et disparut le plus loin possible de la voix. Après quelques minutes de course à suivre son instinct, dans le noir, proche de la crise de claustrophobie, une brise fraîche lui fit lâcher une larme.

Elle sortit quelques instants plus tard, au milieu d’un parc. Elle transplana dans sur un terrain au milieu de la campagne anglaise. Le silence, le vent et la nuit l’accueillit à bras ouvert.

Dans sa main la pierre se mit à pulser, attirant l’attention d’Andromeda.

A libérer par l’Adhuc.

Spontanément, elle sortit sa baguette et la pointa vers la pierre. Elle n'y croyait pas vraiment, mais elle était curieuse.

« Adhuc. »

A sa plus grande surprise, la pierre brilla de plus en plus, grandissant dans sa main. Machinalement elle lâcha l’artéfact qui se mit à flotter, et grandir, et grandir. La pierre devint un disque de lumière, puis se difracta en plusieurs anneaux. Ils s’élevèrent dans le ciel, dépassant les arbres.

Les anneaux ralentirent doucement, devenant des points lumineux. Ces points s’alignèrent avec les étoiles du ciel et des noms apparurent.

Sirius, Orion, Andromède, Régulus…

Les noms de sa famille.

Le trésor des Black.

Puis le vent se leva, emportant les poussières, effaçant les noms. Tout disparut dans une nuée étoilée, sous les yeux hagards d’Andromeda. Elle resta là un instant, bouche bée, seule au milieu de la campagne anglaise. Les lucioles de magie s’éteignirent doucement, laissant place au ciel étoilé. La constellation d’Andromède semblait briller plus que jamais ce soir. Andromeda inspira un grand coup, plus légère que jamais.

Plus libre.