Parenthèse

Fantastic Beasts and Where to Find Them (Movies)
F/M
G
Parenthèse
Summary
De l'autre côté de la fenêtre, dans le cottage du Dorset, Tina observe.
Note
Je publie ici juste pour avoir tous mes textes au même endroit...Un petit texte écrit en moins d'une heure après avoir vu une photo de Bae Doona devant une fenêtre (un photoshot pour Nespre*** je crois), qui avait des vibes faisant penser à Tina et qui m'ont inspirée. Cela relève plus de l'exercice d'écriture que d'un véritable OS.

Autour d'eux la guerre menaçait encore et encore.

C'étaient désormais bien plus que des craintes ou des conflits dispersés. Non, l'incendie menaçait de tout emporter. Ils n'étaient pas ici pour rien, ni, malheureusement, pour des vacances impromptues. Non, le conflit les avait menés là, les poussant à abandonner leur foyer et à traverser le large océan.

Une autre large étendue d'eau s'étirait à ses pieds à cet instant. Même de derrière la fenêtre, du haut des blanches falaises, elle pouvait voir les vagues se fracasser contre les rochers, se séparant en mille diamants d'écume.Il y avait de la beauté dans cette violence. De la violence dans cette beauté. Cette vague, ces falaises, résumaient si bien sa vie.

Beauté. Beauté. Beauté.

 

 

Dehors la guerre menaçait. Demain, elle devrait prendre son poste. Et pourtant, à cet instant, son cœur était ardent et plein d'amour. Derrière cette glace, cette loupe en direction du monde extérieur, sa peau se réchauffait par l'action du doux soleil d'hiver. Elle ferma les yeux, son livre toujours dans sa main. Le son des vagues au dehors rythmait le battement de son cœur, la chaleur inondait son visage et lui redonnait vie.

Elle était bien. Calme. Heureuse. Comment le pouvait-elle alors que la guerre menaçait, existait, que les champs de bataille décimaient tant d'âmes innocentes de l'autre côté de l'eau ? C'était peut-être grâce à cela, en fait. Ce répit, cette respiration entre deux difficiles campagnes, elle avait appris à l'aimer, le vénérer, s'en oxygéner. Les drames de sa vie lui en avaient enseigné l'importance.

Même en ces temps les plus sombres une douce lumière pouvait exister. L'espoir, sans doute.

Espoir. Espoir. Espoir.

 

 

Assise sur le dossier du canapé accolé à la fenêtre, son regard quitta les falaises pour balayer les vertes prairies. Dehors, un troupeau d'abraxans galopait, faisant vibrer la terre sous le poids de leurs sabots puissants. Cette charge accompagnait le roulement des vagues, leurs robes dorées faisaient écho à la lumière du soleil, éblouissant presque leur spectatrice, toujours repliée à l'abri de la fenêtre. La valse à trois temps de leur allure, le vrombissement de leurs déplacements, d'aucuns auraient trouvé ça violent. Et pourtant, ici, hors du temps, c'était apaisant. Comme un rythme immuable que rien ne pourrait rompre, comme un pied de nez à l'avenir incertain. Eux, toujours, seraient là, et après eux, leurs fils. Pour toujours.

Constance. Constance. Constance.

 

 

Un bruissement contre le tissu de sa jupe détourna son regard de ce magnifique tableau dont elle était spectatrice. Un des jeunes nifflers se trouvait à ses pieds, tâchant de se saisir de l'épingle d'argent retenant son kilt de laine bleue. Un répit dans la colère, dans la tourmente de la tornade meurtrière, voici ce que lui offrait la créature, totalement ignorante des conflits qui hantaient les humains. Elle présenta ses mains à l'animal, et le déposa sur ses genoux, caressant distraitement sa douce fourrure. Vivre, vivre, vivre, peu importe le lendemain. Demain, le devoir et le gris reviendraient au galop, comme ces abraxans déjà loin sur la colline. Le niffler, désormais, s'approchait de son médaillon, celui-là même qui contenait l'album de sa vie. Sa force. Son ancre. Son phare dans la tempête lorsqu'on ne lui donnait aucun répit. Mais il n'était en ce jour qu'un instrument de jeu, une respiration entre deux journées dessinées au fusain plutôt que, comme aujourd'hui, à l'aquarelle.

Vivre. Vivre. Vivre.

 

 

Le niffler sur son épaule jouait distraitement avec ses boucles d'oreille lorsqu'IL lui tendit sa tasse de café dont s'échappaient de gracieuses volutes. Cette odeur, cet arôme de noisette grillée, comme la teinte de ses yeux à cet instant précis. Son sourire, vrai. Lui aussi, en cet instant était apaisé. Momentum. Le temps s'arrêta, s'étira, lorsque ses lèvres, doucement, caressèrent ses tempes, et que sa main, plus légère qu'une plume, frôla le fin duvet de sa nuque faisant frissonner chaque cellule de son être, avant de replacer, doucement, une mèche de ses cheveux derrière son oreille, son pouce s'attardant sur sa joue, en un geste si souvent répété. Pourtant, même après si longtemps, les frissons n'étaient jamais feints. Comme en ce premier jour, il lui offrait ces douces sensations qui lui faisaient oublier tout le reste, même la noirceur des âmes humaines et la couleur vermillon du sang.

Frisson. Frisson. Frisson.

 

 

Son livre posé sur le dossier, toujours ouvert à cette même page déjà délaissée, sa tasse fumante dans sa main, son regard se perdait à nouveau dans les falaises. Dehors, la migration commençait. Les oiseaux aux becs arc-en-ciel s'envolaient, quittaient leurs nids, pour traverser à leur tour les océans, vers de plus chaleureuses journées. Quand pourrait-elle les suivre ? Demain, son chemin prendrait aussi la direction du sud, mais il ne serait que noirceur, comme la mousseline qui courait maintenant sur sa peau, enveloppant lâchement le haut de son corps. Combien de temps serait-elle partie ? Quand pourrait-elle, comme ces oiseaux migrants, suivre à nouveau le chemin de la lumière ?

Pour l'instant, cependant, elle ne voulait y penser. Non, la douce chaleur du soleil de l'hiver illuminait encore ses joues, la saveur douce amère du café éveillait ses papilles, les diamants de l'écume et l'or de la robe des abraxans scintillaient, accrochant enfin son regard, et allumant mille feux dans l'océan de ses yeux de salamandre. Demain, comme eux, elle déploierait ses ailes, mais à cet instant, elle n'était que présent, une apparition dans la pâle lumière de la fin de l'après-midi.

Douceur. Douceur. Douceur.

 

 

Le clic de l'appareil photo détourna une fois encore son regard de la fenêtre et du spectacle que lui offrait la nature du Dorset. Perdue dans ses pensées, elle ne l'avait pas entendu arriver. Sa silhouette élancée se tenait de guingois, comme à l'accoutumée. Ses cheveux partaient en tous sens et accueillaient mille brindilles et un unique Bowtruckle. Elle aurait aimé être l'un des oiseaux du dehors pour pouvoir y nicher, s'y réfugier. Sa chemise, dont les manches étaient roulées sur ses bras, était maculée de boue. Il souriait, pour elle, il souriait jusque dans ses yeux éclatants. Cette vue, cette apparition, fit céder quelque chose en elle. Un rire, un rire cristallin vint résonner dans la pièce, tandis qu'elle posait sa tasse sur le rebord de la fenêtre et abandonnait son livre et sa lecture vraiment négligée. Dans ses bras, elle se jeta, sans l'ombre d'une hésitation, puis ses doigts se nouèrent aux siens, l'entraînant vers de nouveaux délices. Demain serait un autre jour. Mais pour l'instant,

Répit. Répit. Répit.