
Fenella Jones-McGonagall
Fenella Jones était une née-de-moldus. Elle avait découvert la magie à 11 ans (même si elle était fondamentalement convaincue d’être différente depuis déjà un moment) et avait été répartie dans la Maison Poufsoufflle.
Elle avait ensuite fait comme tous les adolescents sorciers étudiants à Poudlard. Elle s‘était fait des amis et des ennemis, elle avait gagné et perdu des points. Elle avait eu des heures de colles et avait visité Pré-au-Lard. Elle avait brillé dans certaines matières, galéré dans d’autres. Elle avait joué au Quidditch aussi. L’une des premières batteuses de Poufsouffle !
Elle avait aussi rencontré son mari à Poudlard.
Lors d’un match de Quidditch d’ailleurs.
Quand elle lui avait pété le nez à coup de batte.
Oups.
Robert McGonagall, poursuiveur de Griffondor ne lui en avait pas voulu. Il trouvait même cela franchement cocasse et avait ressorti l’anecdote régulièrement durant leurs années de mariage.
L’attaque n’avait pas été une surprise. Y survivre par contre… Robert l’avait protégée des Mangemorts. Ce n’était pas lui qui était visé, c’était elle. Juste parce que ses parents n’avaient pas de magie des gens voulaient la tuer. Et son époux en avait payé le prix ultime.
Heureusement que Lorna, leur fille cadette était alors à Poudlard et que Lisa, leur aînée était quelque part sur la côte méditerranéenne pour analyser la biodiversité maritime magique en vu d’une comparaison avec la biodiversité marine magique en Mer du Nord.
Heureusement aussi que Minerva avait pu se décharger pour venir l’aider à gérer… tout. L’enterrement, la question de l’héritage, les devis pour la reconstruction de la maison… Minerva (puis Malcolm et Yélizaveta lorsqu’ils étaient revenus de Beiring) avait été le roc de Fenella. Elle l’avait obligée à rester forte, à continuer d’avancer, à vivre.
C’était Minerva qui avait accompagné Lisa jusqu’à l’autel parce que Fenella ne pouvait pas le faire sans fondre en larmes. L’idée que son époux ne soit pas là pour voir l’aînée de leurs bébés se marier était insupportable.
Ce fut aussi elle qui prit le temps d’expliquer à Lisa et Eric (et Fenella) quelques secrets familiaux lorsque le petit Terry de juste quatre ans avait commencé à parler de couleurs flottant autours des gens. Merlin merci, la belle-sœur de Fenella avait pu prendre le petiot sous son aile pour lui apprendre à gérer ses capacités de Lecteur d’Aura.
Avec les années et les épreuves les deux sorcières étaient vraiment devenues proches. Elles partageaient la douleur de la perte et le bonheur de voir grandir les générations futures. Minerva avait tellement aidé Fenella que celle-ci ne savait pas si elle pourrait un jour rembourser toute sa dette.
(Quoi que si on prenait en compte le coup de la corne-muse…)
Quoi qu’il en soit, à la fois parce qu’elle lui était redevable, parce qu’elle l’appréciait grandement et parce que Minerva était la pierre fondamentale du foutu clan McGonagall (Yélizaveta partageait cette opinion), Fenella devait faire quelque chose.
Aussi, profitant que le reste de la famille soit occupé dehors à jouer au Quidditch avec des arbres déracinés (au grand désespoir de Malcolm), Fenella obligea Minerva à s’asseoir sur le canapé entre elle et Yélizaveta.
L’ancienne Poufsouffle attrapa sur la table basse une tasse fumante.
« Nature ou épicé ? », demanda-t-elle en donnant le café à Minerva.
« épicé. »
« Traditionnel ou exotique ? » demanda Yélizaveta en tenant une bouteille de whisky et une autre de vodka.
L’animagus chat rit franchement et attrapa la bouteille de whisky. Plus aventureuse Fenella récupéra la vodka saveur cerise. Elle en mit une généreuse rasade dans son mug de café avant de goûter. Hey ! C’était cool ! Le choc des cultures avait du bon !
« Maintenant que les enfants et ton frère jouent dehors, si tu nous disais ce qui ne va pas ? » déclara Fenella d’une voix tranquille.
« Tout va bien. »
« Minerva, je te connais depuis plus de trois décennies, je côtoie ton frère depuis plus longtemps encore et j’ai élevé 3 garçons chez qui la génétique McGonagall est forte », annonça la sorcière russe, « Tu mens. Et mal en prime. »
La Directrice Adjointe détourna le regard.
Grillée.
« Crache le morceau, ça ira mieux après. »
Minerva grommela un peu mais céda.
« J’ai pris une décision difficile. J’ai enfin fait le choix que je repoussais depuis des années… »
« Et c’est perturbant ? » proposa Fenella.
Minerva hocha la tête.
« C’est perturbant. Agréable d’un coté, mais chargé de tant de regrets de l’autre… »
Yélizaveta leva son verre (uniquement de la vodka, elle ne faisait même pas semblant de prendre un café).
« Enfin ! Depuis le temps qu’on attendait ça ! Et si mes contacts à Dumstrang ne m’ont pas dit n’importe quoi, c’est une excellente chose que tu aies choisi maintenant. »
Cela fit sourire Minerva et c’était le plus important.
Les McGonagall, de sang ou de cœur, prenaient soin les uns des autres.