
Septima Vector
Septima avançait d’un pas lourd et chaloupé à travers la forêt. Pourtant, malgré son allure étonnante, elle se mouvait avec une grâce étrange, un peu surnaturelle. Si quelques branches mortes camouflées par les fougères avaient craqué sous son poids au début de sa promenade, elle avait repris l’habitude de les détecter et les évitait désormais avec aisance. Seules les feuilles bruissant légèrement sur son passage pouvaient signaler sa présence.
La forêt faisait partie d’elle tout comme elle faisait partie de la forêt.
Ces longues balades solitaires où elle laissait son esprit dériver lui avait manqué. Elle en faisait rarement dans la forêt Interdite (trop d’animaux dangereux nécessitant d’être constamment sur ses gardes), préférant partir dans les bois moldus avoisinant Poudlard. Malheureusement cette année, avec les détraqueurs et les Lestranges, elle avait préféré ne pas quitter l’enceinte du Château.
Septima traversa la petite rivière, pataugeant dans l’eau jusqu’aux cuisses. Heureusement que l’été était chaud et qu’elle était peu sensible au froid.
Prenant soin à ne pas laisser d’empreinte dans la terre meuble de la rive, elle retourna dans le sous-bois. Elle ricana mentalement à la panique des moldus s’ils trouvaient des traces de grizzlis en plein cœur du Pays de Galles. Elle s’ébroua, la fourrure de sa forme animagus s’ébouriffant dans tous les sens.
Normalement personne ne pouvait la voir. Elle avait un beau collier couvert de chiffres, de nombres et d’équations qui avait l’effet d’un charme d’invisibilité. Au pire les gens, si elle en croisait, ne verraient qu’une faible distorsion lumineuse qui s’effacerait bien vite.
C’était la puissance des nombres !
Ah, ce qu’elle aimait les chiffres. Ils étaient si purs, si puissants, si versatiles. Bathsheda pouvait râler autant qu’elle voulait, les chiffres étaient aussi puissants que ses runes, si ce n’était plus ! Même les moldus avaient conscience de la puissance des nombres, c’était pour dire !
Bon, d’accord, ils s’étaient parfois plantés dans leurs interprétations. Treize, chiffre du malheur, n’importe quoi ! Treize, c’était la renaissance, le renouveau ! Et s’il fallait parfois détruire, raser jusqu’aux fondations pour reconstruire… Bah, c’était la vie.
Septima poursuivi son chemin, sans se presser, profitant du chant des oiseaux et de toutes les odeurs portées par le vent. Elle était bien dans la Forêt, seule avec elle-même, face à la Nature dans sa plus pure représentation.
L’une de ses sœurs, en apprenant sa forme animagus, avait hoché la tête et approuvé.
Toute sa vie, malgré sa fratrie nombreuse (elle était la septième enfant de ses parents et cinq suivait derrière elle) Septima avait préféré sa solitude à la foule, préféré courir dans les champs et les bois plutôt qu’aller en ville faire les boutiques.
Que son animagus soit une ourse était finalement peu surprenant. C’était même très adapté.
Rejoignant sa tanière la sorcière griffa au sol quelques équations et une puissante barrière anti-humain s’érigea autour des lieux. Septima se coucha avec un petit grognement. Elle était enfin chez elle.
Pas chez elle, chez elle. Son vrai chez elle était son appartement de fonction à Poudlard, mais sa tanière était sans nuls doutes son second chez elle. C’était là qu’elle passait le plus de temps lorsqu’elle ne donnait pas de cours.
Contrairement à la majorité des animagus anglais qui semblaient avoir peur de leur forme animale vu comme ils la cachaient et l’utilisaient peu, Septima n’avait aucune retenue pour se transformer. Il lui était arrivée de passer presque toutes les vacances d’été sous sa forme ursidée.
(C’était sa dernière sœur, la treizième de la fratrie, celle avec qui Septima s’entendait le mieux, qui était venue la chercher. Elle était la seule à avoir une vague idée du lieu de retraite de l’enseignante et c’était très bien ainsi. Septima voulait qu’on la laisse tranquille pendant ses vacances !)
Sa grosse tête posée sur ses grosses pattes aux longues griffes Septima soupira de contentement. On était mi-juillet. Elle avait un mois et demi avant de retourner à la civilisation. (Elle donnait un mois à Triz pour venir l’embêter). Un mois et demi de réflexion.
Et elle allait en avoir besoin.
La proposition de Minerva ne devait pas être acceptée ou refusée sur un coup de tête. Elle devait réfléchir longuement, peser le pour, peser le contre et pourquoi pas consulter les nombres. Et seulement après, elle répondrait à l’enseignante de Métamorphose.