
Stade de la relation : La Déclaration
Fleur : Tulipe jaune (Désespoir/Crainte d'un amour impossible)
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Dans l’obscurité de la nuit, une ombre se glissait tant bien que mal le long des murs alors qu’une pluie torrentielle s’abattait sur le quartier endormi. Une main sur les briques de pierres, tandis que la seconde, cachée sous sa cape, tenait son abdomen, la fine silhouette tremblait de tous ses membres, avançant d’un pas après l’autre. Le visage dissimulé dans l’ombre de sa capuche, la jeune femme grimaçait et claquait des dents.
Elle connaissait bien l’endroit, étant venue à de multiples reprises. Ces maisons collées, cette rue et son goudron mal entretenu. Ce qu’elle ne comprenait pas en revanche, c’était la raison pour laquelle elle s’était décidée à se réfugier ici malgré les risques que cela comportait au lieu de transplaner ailleurs. Une petite voix lui soufflait qu’elle n’a pas eu le choix, elle n’avait que cette solution-là. Alors qu’une autre, plus désespérée, lui hurlait dans son esprit que ce n’était que de la folie, qu’elle se ferait attraper, que c’était trop dangereux… Pourquoi lui donnerait-il asile chez lui ?
Levant une main tremblante, elle frappa à la porte de la maison numéro 13. Devait-elle y voir un signe ? Elle attendit quelques secondes avait de frapper de nouveau sur cette porte, la peur de se faire prendre lui vrillant l’estomac. Et s’il n’était pas là ? Et s’il était bien chez lui, mais qu’il refusait de lui ouvrir ? Ils ne s’étaient pas quittés sur la plus douce des discussions…
Avant que son esprit n’invente toute sorte de scénarios les plus tordus les uns que les autres, la porte s’ouvrit violemment, manquant de la faire trébucher. Une paire de bras fort la retint alors, sa joue pressée contre un torse chaud, seulement recouvert d’une fine chemise.
« Bellatrix ? Mais qu’est-ce que… »
Sans poser plus de questions, il la fit entrer rapidement refermant la porte derrière eux après avoir jeté un coup d’œil aux alentour, s’assurant qu’elle était seule.
Il l’a conduit jusqu’au salon, la faisant assoir sur un fauteuil devant la cheminée après l’avoir aidé à enlever sa cape détrempée qui ne la protégeait plus de cette pluie glaciale.
L’homme avisa son visage fatigué, et laissa son regard descendre jusqu’à la main plaquée contre son abdomen.
« Par Merlin ! tu es blessé ? Dans quoi t’es tu encore fourré cette fois ? »
Un semblant de panique transparaissait dans sa voix grave. Il n’imaginait pas se faire réveiller en pleine nuit par son amante blessée. Alors, au lieu de la questionner, il se jeta dans sa salle de bain pour récupérer de quoi la soigner, au moins temporairement. Il attrapa la petite fiole d’essence de dictame et de quoi couvrir la plaie avant de retourner auprès d’elle. Il marqua une légère pause sur le pas de la porte, la regardant enfin dans son ensemble. Elle était trempée bien sûr, mais ce sont ses yeux affolés qui se posèrent sans cesse partout ainsi que le mouvement involontaire de ses mains qui l’alarmèrent le plus. Pour qu’elle soit dans cet état, quelque chose de grave était arrivé.
Il approcha alors doucement, évitant tout mouvement brusque pour ne pas l’effrayer davantage. Il lui enleva délicatement la main, et toujours sans aucun mot, il desserra son corset, l’enlevant complètement. Avec un soupir frustré, il se rendit vite compte qu’il ne pourrait pas l’aider tant qu’elle portera cette robe. Il devait le lui enlever, mais ne sachant pas comment elle pourrait réagir, il préféra lui demander son accord au préalable.
« Bellatrix ? Je dois t’enlever ta robe ma puce, tu penses pouvoir te lever ? »
Elle ne lui répondit pas, le regard perdu dans les flammes du feu de cheminée, perdue dans son propre esprit. Il ne comprenait pas, il l’avait vue forte, capable d’encaissé beaucoup de choses, capables de torturer et tuer, alors qu’est ce qu’il a bien pu se passer pour la rendre muette comme ça ? La manipulant doucement, il lui enleva la robe devenue trop gênante, la laissant frissonnante dans ses dessous. La plaie n’était pas belle, barrant son abdomen et sanguinolente. Se rappelant de ses vagues notions de premier secourt, il fit tomber quelques goutes de dictame sur la plaie, et la couvrit d’une bande qu’il fixa comme il pouvait. Il entoura ensuite la sorcière d’un plaid chaud et lui frotta les bras, cherchant son regard, puis prit sa main dans la sienne.
« Bellatrix ? Bella ? Parle-moi s’il te plait… »
Elle posa alors son regard sur lui, sur le visage qu’elle a appris à aimer au fil des mois. Ce qui n’était à l’origine qu’un plan cul était devenu bien plus à ses yeux sans qu’elle s’en rende compte. Elle, qui baignait depuis son enfance dans cette éducation sur la pureté du sang, s’était éprise de l’animal qu’elle dénigrait il y a de ça des années. Petit à petit, il a réussi l’exploit de lui faire voir les choses autrement, lui faire accepter que peut être, la valeur d’un être humain ne résidait pas dans son sang, mais bel et bien dans ses actes et ses choix. Ça n’a pas été facile, et déconstruire toutes ces croyances et ses préjugés avait demandé à la jeune Mangemort un effort considérable.
Elle prit une inspiration hasardeuse, les larmes menaçant de couler à nouveau.
« Ils pensaient que ce couple d’Aurors avait des informations sur le mai… Voldemort. Alors, ils ont voulu y aller et les secouer un peu, mais… Remus, ils ne se sont pas arrêtés, ils les ont torturés ! Et il y avait ce bébé qui pleurait à l’étage ! Il était si petit Rémus ! Barty voulait l’utiliser contre ses parents, mais je ne pouvais pas le laisser faire ! Alors… je lui ai interdit de monter le chercher, c’est qu’un bébé, un sang pur, il ne méritait pas ça ! Je suis désolé, je suis vraiment désolé Remus… »
S’asseyant près d’elle, il l’a pris alors dans ses bras, l’obligeant presque a posé sa tête sur son épaule. Il aurait voulu lui dire que tout irait bien, mais jusqu’à présent, il mettait un point d’honneur à être parfaitement honnête avec elle. Il supposait que c’était d’Alice et Frank dont elle parlait, et une appréhension lui tordit les boyaux.
« Continu, que s’est-il passé ensuite ? »
Elle essuya ses yeux autant qu’elle le pouvait avant de continuer d’une voix mal assurée.
« Rodolphus et lui se sont acharnés sur eux… ils ne bougeaient plus. Je ne sais pas s’ils sont vivants ou non. Je voulais prendre le gamin avec moi, le mettre en sécurité quelque part, mais les Aurors sont arrivés. Ils ont cerné la maison, je n’ai pas eu le choix de me battre. Je me suis efforcé de ne tuer personne cette fois, j’ai essayé… je crois que Rod et Barty se sont fait prendre. Je ne savais pas où aller, je ne pouvais pas retourner au manoir, c’est le premier endroit où les Aurors me chercherait et je ne pouvais pas non plus aller chez ma sœur, je ne veux pas la mettre en danger, elle a assez a faire avec Lucius… »
Plus son récit avançait, plus sa voix devint aigüe et paniquée.
« L’enfant. Il est resté tout seul Remus ! Et… et… je vais t’attirer des ennuis, je ne peux pas rester ici ! Ils vont m’envoyer à Azkaban… je ne veux pas être enfermé là-bas ! »
Il la retint dans ses bras, refusant de la laisser s’éloigner. Il ne la laisserait jamais s’éloigner, il n’oserait plus jamais se regarder en face s’il la laissait seule dans la nature à se débrouiller. L’image de Bellatrix dans une cellule à la merci des détraqueurs le fit frissonner d’horreur.
« Calme-toi, l’enfant sera entre de bonnes mains j’en suis persuadé. Quant à moi, je suis assez grand pour faire mes propres choix, alors tu vas rester ici le temps que je sache quoi faire. Il est hors de question que je te laisse repartir pour finir à Azkaban si je peux l’éviter. Par contre, sois honnête avec moi et réponds-moi. Ce couple d’Aurore, c’est Alice et Frank Londubat je me trompe ? »
À son acquiescement, il sentit sa gorge se serrer. Il connaissait bien ce couple, ils font… faisaient partit de l’ordre du phénix, des gens bien et leur adorable petit garçon…
« À tu participé a leur torture ? Et ne me mens pas ! »
« Non… Je n’ai pas voulu participer. Mais je n’ai pas pu les aider non plus. »
À question honnête réponse honnête. Il n’était pas certain de pouvoir l’aider à échapper à la prison, mais il essaierait.
« Bien… tu as bien fait de venir. »
Il lui fournit ensuite une chemise à lui ainsi qu’un pantalon. Ce n’était pas l’idéal, mais c’était tout ce qu’il avait en attendant que ses vêtements sèchent.
Alors qu’elle le regardait préparer deux chocolats chauds, elle se demandait encore pourquoi est-ce qu’il n’avait pas déjà appelé les Aurors. Il serait parfaitement en droit de le faire, au lieu d’aider et d’abriter une fugitive chez lui. Un vase attira alors son attention. Un vase, posé sur une bibliothèque, contenant un bouquet de tulipes jaunes. Ainsi donc, il l’avait gardé. Elle se souvenait encore du sourire de Rémus quand il s’était présenté chez elle, un jour où Rodolphus n’était pas là, avec ce bouquet de fleurs à la main.
Possédant une bonne culture générale, elle connaissait le langage des fleurs. La crainte d’un amour impossible. Et c’est bien ce mot, amour, qui lui a fait peur ce jour-là. Cela faisait des mois qu’ils se voyaient en cachette de leur entourage, ayant bien conscience qu’une telle relation apporterait un scandale sans précédent. Tout avait commencé avec une simple attirance, un baiser volé, et des soupirs dans l’intimité d’une chambre à coucher. Elle ne parlait pas d’amour avec lui, ne parlait pas tout court. Avec lui, elle put enfin ouvrir les yeux sur ce qu’était réellement le monde, sur ce qu’était réellement la relation toxique et platonique qu’elle entretenait avec son maitre. Au fil des mois, Remus était là pour elle comme personne ne l’avait fait jusqu’à maintenant. Il n’a pas essayé de la changer du tout au tout à grand renfort d’ultimatums. Il a simplement voulu la rendre meilleure, élargir ses horizons et lui donner la chance d’enfin et pour la première fois de sa vie, faire des choix par elle-même.
Alors, quand elle l’a vu sur son perron, avec ce bouquet de fleurs, elle a simplement pris peur. Leur discussion n’a pas été agréable ni douce. Elle a simplement laissé sa peur de l’affection et de l’attachement prendre toute la place, quitte à blesser l’autre…
Elle revint à l’instant présent quand une tasse fumante fut glissée entre ses mains froides. Le contraste de température la fit sursauter. Pendant un moment, ils ne dirent rien, profitant chacun de la chaleur de leur boisson, le regard perdu dans le vide.
« Pourquoi Remus ? »
Surpris de cette question dont il ne comprenait pas le sens, il haussa un sourcil.
« Pourquoi quoi ? »
« Pourquoi m’aides-tu ? Tu n’as aucune raison de le faire… Je suis une fugitive, je t’apporterai plus d’ennui qu’autre chose. Sans compter que je t’ai quasiment, rejetté la dernière fois que l’on s’est vu… »
Décidant qu’il était temps de jouer cartes sur table avec elle et d’être franc quant à la nature de ses sentiments, il posa leurs deux tasses sur la table basse et prit ses mains dans les siennes.
« Parce que je sais ce que tu vaux Bellatrix ! Je sais ce qu’il se cache à l’intérieur. J’ai vu la femme aimante, compréhensive et protectrice que tu tentes par tous les moyens de cacher aux autres. Tu as appris a respecté ceux qui te sont différents et tu ne m’as pas rejetté à cause ma lycanthropie quoi que tu puisses en dire » il ne la laissa pas répondre et reprit bien vite.
« Je sais aussi pourquoi tu te sens obligé de le faire. Et je sais que les sentiments t’effrayent et te donnent un sentiment de faiblesse. Je comprends tout ça Bella, je t’assure. Mais je sais aussi qu’il m’est impossible de rester loin de toi alors que tu as besoin d’une épaule. Je ne peux pas respirer si tu n’es pas avec moi et à présent, tu détiens mon cœur… Je t’aime Bellatrix Black, peut importe si c’est irrationnel, peut importe ce que tu as pu faire sous une mauvaise influence, tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement ! »
Elle ne sut plus quoi dire. Elle restait assise près de lui, ses mains jointes aux siennes.
« J’ai dix ans de plus que toi… »
Il se mit à rire, un sourire prenant place sur ses lèvres.
« Je m’en fiche. L’âge n’est qu’un nombre sans importance. »
« Je suis mariée… »
« Simple convenance, ce mariage n’est rien a tes yeux, tu n’aimes pas ton mari, d’ailleurs il ne t’a jamais touché comme moi je le fais… »
« Et toutes les choses horribles que j’ai pu faire… »
« … appartiennent au passé ma chérie. N’essaie pas de me repousser encore s’il te plait. Je serai obligé de me ridiculiser encore une fois. »
N’y tenant plus, la jeune femme fit taire toutes ses craintes et se jeta sur les lèvres de son amant. Le peu de vêtements qu’ils portaient sur le dos vola à travers la pièce. Il la souleva alors par les cuisses, alors qu’elle s’accrochait à lui, bien décidée à l’amener jusqu’à son lit et vénérer son corps pour quelques heures encore.
Allongée dans les draps, Bellatrix traça des lignes imaginaires sur le torse de son amant. Elle releva la tête vers lui, et déposée un doux baiser sur l’arrêté de sa mâchoire.
« Moi aussi… »
Il ouvrit un œil, un sourire satisfait sur le visage.
« Hum ? »
« Je t’aime »
Ses petits mots firent exploser de joie son cœur, il n’y avait pas homme plus heureux que lui ait cet instant. Il l’embrassa tendrement avant de coller son front au sien.
« N’ait pas peur… on trouvera un moyen de tout arranger. Tant qu’on est ensemble, tout ira bien mon amour. Repose-toi maintenant, demain nous y verrons plus clair. »
Fermant les yeux, elle se laissa alors bercer par la respiration calme de son loup. Tant qu’elle restera avec lui, elle sera en sécurité protégée par les crocs de son loup.