
Quand George observe Fred, son frère, son jumeau, la deuxième moitié de son âme, il n’arrive pas à comprendre comment les gens autour d’eux peuvent les confondre. Fred est tellement différent de lui, tellement à l’opposé parfois de sa propre personne, complémentaire de chacun de ses sentiments, qu’il lui semble impensable de ne pas réussir à les différencier. Et ça le fait marrer, au fond, que personne ne soit capable de déterminer qui est qui mais que tout le monde essaye désespérément alors que les deux seuls qui en sont capables ne se voient que comme une seule et même entité.
Fred et George. Ils sont deux, là où les autres ne sont qu’un.
Ils se mettent à élever leurs ressemblances au rang d’art, juste pour ennuyer un peu plus le monde autour d’eux. Ils deviennent la copie conforme l’un de l’autre, identiques dans leur manière de sourire, leurs gestes, leur façon de parler, échangent tellement de fois leur identité qu’il arrive à George de se réveiller le matin en se demandant s’il est Freddy ou Georgy.
Pourtant, il lui suffit de lever les yeux sur son frère pour savoir qu’il est Feorge quand l’autre est Gred. Pour sentir sa magie se courber autour de lui, embrasser la sienne dans une étreinte secrète, et il ne devrait pas être capable de la ressentir mais il y arrive ; et il voit le sourire mutin de Fred et il sait que son jumeau sait parfaitement ce qu’il est en train de faire. Que l’action est complètement, entièrement consciente, un petit bout de miracle qui n’appartient qu’à eux.
En y repensant, le seul à n’avoir jamais cherché à les individualiser, le seul à avoir compris, est Lee. Lee, qui ne les a jamais appelés Fred ou George, n’a jamais cherché à savoir qui est qui. Pour lui, ils sont les jumeaux, les rouquins. Les idiots de service – de temps à autres – et ses meilleurs potes – le reste du temps.
Même après la mort de Fred, il ne s’est pas mis à appeler George « George » et il lui en est éternellement reconnaissant parce que, d’une certaine manière, ça maintient leur unité.
Alors oui, Fred et lui sont très différents, mais ce n’est pas parce que l’un est mort et que l’autre n’a plus qu’une oreille. Et ça énerve George, Merlinque ça l’énerve, que les personnes qui n’ont jamais été capables de les différencier parce qu’ils ont tout fait pour et parce que c’est ce qu’ils sont, puissent maintenant le faire si facilement.
Alors que, pour lui, tous les miroirs deviennent des miroirs du Riséd.