Des bonbons ou une trahison ?

Harry Potter - J. K. Rowling
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Des bonbons ou une trahison ?

Le rire de Harry était tel un éclat de cornaline au milieu de fragments de charbon. Lumineux, solaire, il résonnait dans toutes la pièce et contaminait les lèvres de ses deux parents, qui, à leur tour, posaient leurs yeux sur leur enfant qui était plus précieux que les sept merveilles du monde réunies. James était assis près de sa femme, Lily. Il la regardait avec amour. Elle était la plus belle femme sur qui il avait pu poser les yeux. Ses cheveux roux retombaient en cascade jusqu’au milieu de son dos, tels une cascade enflammée que Satan avait bénie. Ses yeux de jade éclataient aussi fort que le sourire de son fils. Lily s’allongea sur le sol afin de se mettre au même niveau que Harry, et James en fit de même. Ce dernier tendit la main pour remettre les lunettes qui retombaient sur le nez de son enfant. Lily les observa avec tendresse, sentant son cœur battre plus fort à la vue de sa famille. Son rythme cardiaque menaçait d’atteindre la tachycardie lorsque son regard croisait les yeux joueurs de l’homme qu’elle aimait.

Soudain, ils ouïrent quelqu’un toquer à la porte. Un sourire s’afficha sur les lèvres de James avant qu’il ne se remette debout sur ses deux jambes.

« - Les gars sont en avance ! Je vais ouvrir. »

Lily hocha la tête en se redressant afin de s’asseoir sur le sol couvert d’un tapis. Harry, seulement âgé de quelques semaines s’écria en comprenant que les amis de son père arrivaient. Il les considérait comme sa famille, même si il n’avait aucune notion de ce que l’on appelait « famille.
La période d’Halloween était la préférée des Maraudeurs, la maison était décorée en fonction du thème à partir de septembre. Cela faisait sourire Lily, mais elle donnait l’impression que cela l’agaçait. Des citrouilles orangées décoraient chaque meuble, des guirlandes colorées ornaient les murs, et des figurines kitsch se cachaient derrière des vases ou des livres.

James chercha les clés dans un petit vase qui contenaient des babioles aléatoires qui l’amusaient. Il inséra les clés dans la serrure et entrouvrit le battant de la porte.

« - Premiere fois que vous êtes ponctu-… Oh Pete! T’es tout seul ? »

James fronça les sourcils en ouvrant en grand la porte. Il sentait le regard fuyant de son meilleur ami, l’expression de culpabilité qui se déguisait en un sourire sur son visage. Un inconnu se tenait près de Peter, James cru que c’était une farce, que Sirius s’était peut-être abreuvé de polynectar, mais l’aura qui s’échappait de l’inconnu était tout sauf farceuse. Elle était malicieuse, diabolique, vengeresse. James se sentit menacé, il tapota les poches de son jean pour trouver sa baguette mais se rappela qu’il l’avait laissée sur le plan de travail de la cuisine, alors qu’il avait organisé un festin sur la table.

Peter pointa sa baguette sous le menton de son meilleur ami, et James comprit qu’il était trop tard.

« - Alors Prongs. Tu sais enfin ce que ça fait, d’être en dessous de moi. D’enfin devenir l’oublié, pendant que je vivrais en pleurant ta perte. »

Il regarda Peter avec haine, mais essaya de camoufler ce sentiment, afin que ses derniers instants sur terre ne soient pas emplis de vanité et de colère. James pensa à Lily, et se concentra sur leur mariages, leurs heureux moments, la fois où Harry avait rencontré la bande des Maraudeurs, lorsqu’il avait confié le rôle de parrain à Sirius,

« - Lily cours avec Harry. Je t’aime. »

Un éclair vert frappa James en plein cœur, ses lunettes se brisèrent en éclats et tombèrent au sol, en même temps que le corps sans vie de James s’écroulait au sol avec brutalité. Lily hurla. Elle hurla à s’en déchirer les poumons, à s’en éclater les tympans. Elle venait de voir son amant se faire ôter la vie par son meilleur ami. Elle savait qu’elle ne pourrait vivre sans son mari, mais Harry pourrait vivre sans eux. Les larmes dévalaient ses joues, un sentiment de colère et de désespoir avait formé un creux au milieu de son ventre. Elle embrassa une dernière fois le front de Harry, laissant une marque indélébile sur sa peau et le serra contre elle de toutes ses forces. « Je t’aime mon petit trésor. » Peter entra dans la maison en enjambant le cadavre sans vergogne à l’entrée de cette demeure qui avait été si chaleureuse. Un second éclair émeraude, assorti aux prunelles de jade de Lily frappa son corps, et atteignit Harry. Le baiser plus tôt offert par sa mère s’était métamorphosé en un éclair qui traversait le front du bambin.

La trahison qu’avait commie Peter était telle que la perfidie de Sisyphe envers les Dieux. Le goût amer du meurtre s’était logé sur sa langue et laissait une affreuse sensation que Peter ignora. La seule solution était la fuite. Après avoir jeté un dernier regard sur les corps inanimés de ses deux anciens amis, lui et son complice coururent pour s’échapper de la scène de crime, alors que le rire de Harry résonnait, pensant que sa mère faisait mine de dormir.

Remus et Sirius marchaient dans les rues de Privet Drive, les doigts entremêlées. Sirius tenait une citrouille dans les bras, remplie de sucreries de sorciers : chocogrenouilles, pâtes de citrouilles et Berrie Botts.

« - Bizarre que Queudvert ait annulé au dernier moment, non ? »

Remus acquiesça et aperçut enfin la maison des Potter mais il s’interrogea en se rendant compte que la porte était grande ouverte. Il sortit sa baguette de sa poche en accélérant le pas, suivi de Sirius. Ce dernier écarquilla les yeux en voyant James allongé sur le sol. Il relâcha la main de son amant et laissa le fruit rempli de confiseries s’écraser au sol. Il s’écria « Non, non, non !! » et se jeta aux pieds du cadavre. Un sourire inanimé décorait les lèvres de James, et une larme sèche perlait au coin de son œil encore ouvert. Sirius attrapa les lunettes de James en hurlant de douleur.

« - PRONGS !! Prongs putain ! Dis moi que c’est une blague ! Réveille toi ! »

Il remit ses lunettes sur le nez de James, sombrant peu à peu dans la folie. Il riait, les yeux innondés de larmes

« - T-tes lunettes ! Tu vois rien sans tes lunettes ! C’est ça ? »

Remus était sans voix, il se tenait contre le mur pour s’empêcher de sombrer dans l’état de Sirius. Il tourna la tête et ne put retenir ses larmes en voyant Lily. Ses yeux d’habitude si joueurs et éclatants étaient morts. Il sentit l’odeur de chair putréfiée embaumer ses odorat. L’odeur des cadavres lui fit tourner la tête, il ne savait pas comment réagir et se mit à son tour à pleurer. Qui aurait pu avoir la cruauté d’assassiner des êtres aussi purs que Lily et James… et Harry. Remus regarda autour de lui, tentant de ne pas se concentrer sur les hurlements de détresse de Sirius. Il vit un drap bouger et un rire enfantin se fit entendre. Sirius releva la tête, ses bras entouraient le corps de James avec espoir qu’il se réveille, en vain.

« - Harry ? »

Remus souleva le drap et vit le bambin innocent s’amuser avec le morceau de tissu qui le recouvrait. Il s’écroula devant l’enfant, et posa les yeux sur sa cicatrice qui scintillait encore d’un éclat émeraude. Les cris de Sirius avait attiré la foule sur la scène de crime, et les sirènes de police résonnaient au loin.

Le garçon qui avait survécu.

Des roses retombaient sur les cercueils en bois. Remus tenait un bouquet de muguet, les fleurs préférées de Lily. Il le jeta à son tour dans le creux du sol. On ne pouvait expliquer ce que ressentait Remus avec des mots. Solitude, désespoir, colère. Il était seul. Sirius l’avait trahi. Quelques jours après la mort de leurs amis, on leur avait arraché Harry des bras, et on avait arraché Sirius à Remus. C’était lui qui avait tué leurs amis. Lui qui avait commit la pire trahison possible.

La cérémonie se termina. Il était seul à l’enterrement des Potter. Seul, pour toujours.