
Remus Lupin avait un style très spécifique, qui était assez connu à l'école de Sorcellerie de Poudlard ; peut-être du fait que, comparé à ceux qu'il côtoyait, lui s'habillait élégamment, respectablement et en accord avec le code vestimentaire exigé par la situation.
Pour l'école, Remus portait son uniforme dans son entièreté (chemise, pull, pantalon, robe), complété de chaussettes noire et de chaussures convenables. Sa cravate rouge et or était toujours nouée correctement et ses chaussures d'écoles cirées, toujours lacées soigneusement.
Pour les occasions particulières, il s'habillait. Pour les évènements sorciers, il portait sa robe bleue marine, offerte par son père pour son dix-septième anniversaire. Pour les évènements moldus, il revêtait son costume noir, acheté par sa mère pour le mariage de son cousin. La magie permettait de réajuster leurs dimensions qu'importe où et quand c'était nécessaire.
Lorsqu'il avait du temps libre, après les cours, pendant le week-end ou quand il n'était pas à l'école, il préférait porter des vêtements confortables : des hoodies, des pulls ou des cardigans par-dessus d'élégantes chemises, assortis d'un jean.
Aucun de ses habits n'était particulièrement remarquable ou à la mode, en tout cas pas comparé à Sirius Black et ses bottes à talons, James Potter et son uniforme de Quidditch ou Peter Pettigrew et ses chaussures colorées, mais il ne s'en souciait pas du moment qu'ils étaient confortables et chauds - ce qui était toujours le cas.
Remus Lupin possédait un vêtement en particulier qu'il aimait porter entre tous : un pull cramoisi. Il n'avait rien de voyant. Il n'y avait ni mot ni slogan dessus, pas d'image ou de motif intéressant. C'était juste un pull tout simple : grand, rouge, doux et ennuyeux.
Et il ne l'avait pas vu depuis des jours.
Il l'avait cherché partout : dans sa malle, sous son lit, dans le panier de linge salle, dans tous les placards (juste au cas où les Elfes de Maison auraient fait une erreur et l'auraient accidentellement mis dans un autre placard). Il s'était même aventuré jusqu'à la laverie pour voir si l'un des Elfes l'avait vu passer mais : "Non, Maître Lupin, nous ne l'avons pas vu.".
Son ennuyeux mais fiable pull n'était nulle part et cela commençait à le frustrer parce que, même s'il n'avait rien de spécial, c'était son vêtement préféré, et ce, pour trois raisons : un, il était putain de confortable, deux, il portait l'une des couleurs de sa maison (la Fierté des Gryffondors, tout ça), et trois, Sirius adorait lui faire des câlins dès qu'il le portait.
(Ok, Sirius adorait lui faire des câlins tout le temps parce qu'il était un vrai chien dans l'âme, mais dès que Remus portait ce pull en particulier, il semblait faire des câlins sa priorité absolue. Remus n'était généralement pas un grand fan des démonstrations d'affection publiques, mais ça ne le dérangeait pas que Sirius ait constamment besoin de le toucher dans la mesure où il aimait ça).
- Moony ?
Remus leva les yeux pour voir Sirius se tenir dans l'encadrement de la porte, les yeux gris pétillant d'intérêt et un curieux sourire aux lèvres. Il sentit son cœur faire un petit bond et fut émerveillé par son ami. Sirius était trop beau pour son bien et le loup-garou se demandait souvent comment il était autorisé à fréquenter une personne d'une beauté aussi éthérée.
- Oui ?, répondit-il.
- Qu'est-ce que tu fais ?, demanda Sirius, s'adossant à l'embrasure de la porte.
Remus marqua une pause et jeta un œil au bazar sur le sol.
Bonne question, pensa-t-il, car que faisait-il ? Il venait de vider son placard dans l'espoir de retrouver son pull disparu, se demandant s'il ne l'avait pas manqué lors de ses deux précédentes inspections, mais alors qu'il échouait de nouveau, il avait juste pu s'assoir et contempler sa vie.
Remus savait ce à quoi il devait ressembler. Il savait qu'il avait l'air d'un fou, assis dans un placard vide avec ses habits et ses chaussures éparpillées autour de lui, mais il avait dépassé le stade où il s'en serait soucié. Il était fatigué, l'école le saoulait et la pleine Lune venait juste de passer, aussi tout ce qu'il souhaitait, c'était un peu de confort, mais son pull avait disparu et ce depuis trois jours - à sa connaissance ! Car qui savait depuis quand il avait disparu avant qu'il ne s'en aperçoive ?
Pour faire court, Remus ne savait pas ce qu'il faisait.
- Rien, répondit-il enfin. Je... cherche juste quelque chose.
- Ah, bien sûr, fit Sirius en hochant la tête avec compréhension, même s'il était évident qu'il tentait de masquer son amusement. Quelque chose d'important ?
Remus soupira et répondit :
- Je suppose que pas vraiment.
Sirius sourit et se redressa, s'avançant dans la chambre et sortant sa baguette avec panache. Il offrit sa main à Remus, qui la prit, et le souleva. Une fois Remus hors du placard, Sirius agita sa baguette et sans un mot fit se replacer sur leurs cintres tous les habits étalés au sol.
- Bien, dit Sirius, rangeant sa baguette dans sa poche puis regardant Remus. Puisque tu ne fais rien d'important, tu veux aller te promener ?
Remus jeta un regard à ses vêtements, à présent bien accrochés et rangés par couleur. Il supposa qu'un peu d'air frais ne pouvait pas faire de mal. Ce n'était pas comme s'il avait quoi que ce soit à faire, pas vrai ? Autre que s'interroger sur où avait disparu son pull et quand l'avait-il vu pour la dernière fois.
- Bien sûr, répondit-il.
- Wouhou !, s'exclama Sirius.
Remus attrapa son manteau le plus épais et l'enfila avant de mettre ses bottes d'hiver et d'enrouler son écharpe Gryffondor autour de son cou. Il marqua une pause et jeta un coup d'œil à son camarade de chambre. Sirius était beau dans sa robe d'hiver, avec ses gants sans doigts, mais ses encombrantes bottes à talons n'étaient pas exactement adaptées à la météo enneigée.
- Euh, tu ne veux pas te changer d'abord ?, demanda-t-il, parce qu'il n'avait vraiment pas envie de porter Sirius jusqu'au château si celui-ci tombait et se blessait.
- Non, pourquoi ?, interrogea Sirius, l'air de ne sincèrement pas savoir pourquoi.
Remus ouvrit la bouche pour répondre mais décida qu'il valait mieux ne pas argumenter parce qu'il connaissait Sirius Black et qu'il savait que Sirius porterait ses bottes quoi qu'il arrive, même (peut-être surtout) si elles constituaient un risque pour sa sécurité.
- Pour rien, répondit-il. Allons-y.
Sirius sourit, saisit son poignet et ouvrit la marche.
Remus n'en avait pas fini avec ses recherches. Il décida qu'il continuerait jusqu'à la semaine suivante. Si le pull n'était toujours pas en sa possession le lundi, il commencerait à poser des questions.
Deux jours plus tard, Remus n'avait toujours pas retrouvé son pull favori.
Il s'était officiellement épuisé lui-même. Il avait cherché sous son lit deux fois supplémentaires. Il avait défait et refait sa malle trois fois de plus. Il avait à nouveau fouillé toutes les armoires (juste au cas où). Le linge avait été pris, lavé et rendu mais aucun des Elfes de Maison n'avait rien vu. Il avait même envoyé une lettre chez lui à ses parents pour savoir s'ils l'avaient vu quelque part, mais ils lui avaient assuré que non. Il avait officiellement cherché partout, aussi le temps était venu de commencer à poser des questions.
Soupirant, Remus fixait son manuel de Runes.
La Bibliothèque était calme en ce lundi après-midi, mais il y avait tout de même quelques étudiants qui travaillaient en bavardant. Remus jeta un coup d'œil autour de la table vers les membres de son groupe d'étude : Lily Evans (camarade Gryffondor et future épouse de James Potter), Dyanola Dearbon (Serpentard et petite amie de Peter Pettigrew), Davey Gudgeon (Poufsouffle et imbécile qui s'était approché un peu trop près du Saule Cogneur) et Dorcas Meadowes (Serdaigle et aimable ex-petite amie de Remus). Elles semblaient toutes concentrées sur leurs manuels, mais tout ce que pouvait faire Remus, c'était penser à son pull disparu. Il s'ennuyait et était prêt à retourner à son dortoir. Il était un mauvais élève.
- Remus, qu'est-ce que tu as écrit pour ce symbole ?, demanda Dorcas, montrant à Remus le symbole en question.
- Euh, Othila, qui signifie patrimoine, héritage, possession, répondit-il.
- Ah, oui. Merci, sourit-elle avant de le noter rapidement.
Remus hocha la tête et se rassit sur sa chaise.
Il devait bien être quelque part. Les vêtements ne disparaissent pas comme ça tout seuls (enfin, il y avait eu cette fois où les chaussettes de Peter s'étaient envolées. Mais elles étaient enchantées, alors ça ne comptait pas). Il regarda autour de la table à nouveau, ses yeux s'arrêtant sur Lily. Lily Evans était une fine observatrice. Peut-être savait-elle où se trouvait son pull... Il n'y avait rien de mal à demander, n'est-ce pas ?
- Lily, tu connais mon pull rouge, pas vrai ?
Lily sourit et répondit :
- Pas personnellement, mais je l'ai déjà vu.
Remus roula des yeux.
- Ha, ha. Très drôle. Sérieusement, je l'ai perdu. Tu l'as vu quelque part ?
Lily marqua une pause et le regarda.
- Où pourrais-je avoir vu ton pull, Remus ?, demanda-t-elle, ce qui était honnêtement une bonne question.
Remus haussa les épaules pour toute réponse.
- Je ne l'ai pas vu, reprit-elle. As-tu pensé à demander aux Elfes ?
- Oui, répondit-il. Ils ne l'ont pas vu. Dottie a dit qu'elle ouvrirait l'œil.
- Et à tes amis ?
- Non, dit-il. Ils ne savent même pas dire quels sont leurs propres vêtements.
Avant qu'il ne puisse ajouter quoi que ce soit d'autre, des mains vinrent couvrir ses yeux et une voix familière demanda :
- Devine qui c'est ?
Remus sourit et répondit :
- J'espère que c'est Sirius, sinon il va être très mécontent qu'un autre homme me touche.
Sirius renifla et retira ses mains, se déplaçant pour aller s'assoir sur le bureau.
- Oui, j'imagine qu'il serait très fâché si un autre homme posait ses mains sur toi, répliqua-t-il en plaisantant à moitié
- Aucune main ne s'est posée sur moi, assura le loup-garou.
- Bien, fit Sirius en lui faisant un clin d'œil, puis il jeta un regard aux livres sur la table. Les Runes Anciennes ? Comme c'est fascinant.
Remus fit un petit "hmm" et jeta un œil discret autour de la table pour constater que ses camarades d'études ne prêtaient pas attention à Sirius. La relation amoureuse qu'il entretenait avec Sirius n'était pas un secret, mais elle n'était pas non plus étalée au grand jour. Tout le monde à Poudlard n'était pas ouvert d'esprit ni même tolérant mais ses amis l'étaient et son groupe d'étude ne semblait pas s'en soucier, ce qui lui permettait de se détendre un peu.
- Moony, je m'ennuie, fit Sirius en se tournant vers lui. Divertis-moi.
Remus se moqua un peu de lui, puis se pencha en avant, attrapant sa plume tout en rapprochant son manuel de lui. Oui, lui aussi s'ennuyait, et oui, il voulait se barrer avec Sirius, mais il y avait une raison pour laquelle il faisait partie d'un groupe d'étude : il avait besoin d'aide et les autres aussi. Il ne pouvait pas s'en aller juste parce que Sirius le lui demandait.
- Non, je suis occupé, répondit-il, secouant sa plume comme pour montrer à quel point il l'était. Va embêter James.
Sirius fit la moue et tendit la main pour attraper le col de Remus, ses doigts entrant en contact avec la peau de celui-ci et donnant littéralement assez chaud au loup-garou.
- Je ne veux pas embêter James, rétorqua Sirius, fléchissant les doigts. Je veux t'embêter toi.
- Oui, eh bien, (Remus s'éclaircit la gorge), je travaille.
- Mais Moony..., pleurnicha-t-il.
- On a presque terminé, intervint Lily.
(Remus adressa un remerciement silencieux à toutes les divinités supérieures pour l'existence de Lily, parce qu'il avait été à un cheveu de plier ses affaires et de s'en aller avec Sirius. Peut-être Lily l'avait-elle senti. Il décida de ne pas penser à à quel point il était transparent).
- Comment, presque ?, demanda Sirius.
Lily jeta un œil à sa montre et répondit :
- Environ trente minutes.
Sirius sembla y réfléchir avant de retirer ses mains du cou de Remus et dit :
- Bien. Dans ce cas, j'attendrai ici.
- Sirius, l'avertit Remus, parce qu'il connaissait Sirius et qu'il savait que l'autre élève ne pouvait pas rester assis plus de dix minutes s'il n'avait pas quelque chose à faire - ce qui n'était pas le cas.
- Je ne dirai rien, répondit Sirius, prenant le siège d'à côté de lui. Promis.
Remus fit "hmm..." d'un air incertain, mais finit par l'y autoriser et retourna à son travail.
Sirius fut silencieux pour une dizaine de minutes avant de commencer à pianoter des doigts sur la table. Puis il se mit à siffloter. Puis il se balança sur sa chaise. Remus ignora vaillamment chaque son et mouvement que Sirius faisait, se concentrant sur son devoir de Runes.
Après environ dix minutes de soupirs et de remue-ménage, Remus regarda les autres, pour découvrir qu'elles aussi s'agitaient. Sirius Black était une distraction, dans tous les sens du terme, et si Remus avait appris à ignorer le comportement turbulent de l'autre élève il y avait des années, il avait oublié que les autres ne supportaient pas Sirius au quotidien depuis plusieurs années et ne savaient donc pas comment faire abstraction de lui.
Lily ne semblait pas si dérangée, mais les autres avaient l'air prêts à craquer (Davery jetait un œil à Sirius toutes les sept secondes et Dyanola était à deux doigts de le poignarder avec sa plume), aussi Remus ferma son livre et dit :
- Bon, j'ai fini.
Sirius sourit et fit :
- Vraiment ?
- Oui, répondit Remus en fourrant ses livres et ses devoirs dans son sac. Il se leva ensuite et rangea sa chaise.
- On se voit jeudi, dit-il au groupe avant d'attraper la manche de Sirius et d'ajouter : Allez. On y va.
Remus quitta la Bibliothèque, suivi par un Sirius Black satisfait.
Le jour suivant, Remus était allongé sur son lit et contemplait à quel point il était fou.
Honnêtement, il faisait une fixette sur un vêtement. Et ce n'était même pas un beau vêtement. C'était juste un pull ennuyeux. C'était stupide et illogique, mais il ne pouvait toujours pas arrêter d'y penser. Mais bon, ça devait être normal. Il lui arrivait d'être nerveux dans les meilleurs moments et il était rare qu'il perde quelque chose. Il était aussi assez possessif avec ses affaires et il n'aimait pas quand-
- Putain de merde !
Remus fut tiré de ses pensées par le son des jurons que poussait James Potter. Il s'assit et jeta un regard à son meilleur ami qui était en train de fouiller sa table de chevet. Sirius était dans la salle de bain, se changeant en chantant une chanson de Queen, et Peter dans un coin du château avec Dyanola. C'était donc à Remus qu'incombait la tâche de dés-agiter James. C'est pourquoi il demanda :
- Qu'est-ce qu'il se passe, Prongs ?
- Je ne trouve pas mes foutues bottes et nous avons un entrainement dans cinq foutues minutes, répondit James en fermant le tiroir de la table de nuit puis en allant vers son placard.
- Tes bottes sont sous ton lit, l'informa Remus. Tu les as envoyées là hier parce que Lily arrivait et que tu ne voulais pas que la chambre soit en bazar.
- Ah, merde, marmonna James avant de plonger sous son lit.
Il y eut une seconde de silence avant un grand cri et il ré-émergea, ses bottes à la main.
- Bingo, Moony.
Remus marmotta "hm-hm" et regarda James enfiler ses bottes.
- Hé, James, tu n'aurais pas vu mon pull, par hasard ?
- Lequel ?
- Le rouge.
- Oh. Hm...
James fronça les sourcils et commença à lacer ses bottes.
- Nan, mec. La dernière fois que je l'ai vu, tu le portais. Pas vu depuis. Tu as vérifié sous ton lit ?
- Ouais, marmonna Remus, un peu découragé.
- Dans ta malle ?
- Évidemment.
- Et dans le panier à linge ?
- Oui, Prongs, j'ai regardé partout, répondit Remus.
- Désolé, mec. Aucune idée. Demande à Peter, peut-être, suggéra James. Il voit tout.
Remus fit simplement "hmm..." et se leva, prêt à se saisir de la carte pour trouver leur camarade Maraudeur. Mais avant qu'il n'ait pu partir à sa recherche, la porte de la salle de bain s'ouvrit et Sirius en sortit.
- Remus, mon chéri, le salua-t-il. Tu viens regarder notre entrainement ?
Remus ne répondit pas. Son cerveau venait de court-circuiter et il se retrouva incapable de faire autre chose que de regarder Sirius, qui se tenait devant lui dans son uniforme de Quidditch, ses cheveux sombres relevés en un chignon désordonné. Après un moment, il sembla se rappeler qu'il possédait des cordes vocales et tenta de dire quelque chose de spirituel, mais tout ce qu'il put dire fut :
- Hein ?
James renifla et toussa.
- Bien joué.
Remus l'ignora, trop distrait par le Gryffondor qui se tenait à quelques mètres de lui. En tendant la main, il aurait pu toucher Sirius...
Sirius sourit, clairement conscient de l'effet qu'il avait sur le loup-garou.
- Quidditch, dit-il. James doit nous faire faire des exercices et tout. Tu viens soutenir ton petit ami à la beauté dévastatrice ?
- Euh...
Sirius s'était rapproché. Sa main se glissa sous la chemise de Remus et il approcha encore davantage le loup-garou de lui, puis murmura :
- La réponse ferait mieux d'être oui, ou tu n'auras pas ta surprise cette nuit.
- Je- oui. Je serai là, répondit-il.
- Bien, fit Sirius, tirant Remus vers lui pour lui planter un chaste baiser sur les lèvres.
- Bon, ça suffit, les interrompit James, à présent chaussé et impatient de partir. On y va.
Sirius grimaça et relâcha Remus. Puis il lui fit un clin d'œil et suivit James hors de la chambre.
Remus attrapa son manteau d'un air absent et suivit les joueurs de Quidditch, décidant de prioriser le reluquage de Sirius et d'interroger Peter plus tard.
Plus tard le même jour, Remus rentra dans la salle commune en titubant.
James et Sirius étaient aux cuisines et Lily avec ses amies, aussi avait-il décidé de trouver Peter, parce que James avait raison - s'il y avait quelqu'un à Poudlard qui savait où pouvait bien être son pull, c'était Peter Pettigrew. Il jeta un œil dans la pièce et trouva Peter en train de jouer aux échecs avec Alice Fortescue à côté de la cheminée.
Remus se dirigea vers l'endroit où son camarade Maraudeur était assis et s'installa sur le canapé derrière lui.
- Hé, Pete, tu as une seconde ?
Peter leva une main et observa l'échiquier pendant un long moment avant de déplacer son cavalier en hochant la tête, satisfait. Il se tourna ensuite vers Remus et demanda :
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu as vu mon pull rouge quelque part ? Ça fait une éternité que je ne l'ai pas vu.
Peter marqua une pause, réfléchit puis répondit :
- Nan, je l'ai pas vu. Tu as demandé à Padfoot ?
- Non.
- Tu as vérifié dans sa malle ?
- Non... je devrais ?
- Définitivement, répondit Peter.
Remus fronça les sourcils.
- Pourquoi ?
- Parce qu'il te pique tout le temps des vêtements, rétorqua Peter comme si c'était la chose la plus évidente du monde - ce qui n'était absolument pas le cas.
- Il fait ça ?
- Ouais, il les porte quand tu n'es pas là, l'informa Peter. Je l'ai surpris à le faire deux fois. Il a dit que tu l'avais laissé te les emprunter. Je ne l'avais pas vraiment cru, mais je n'allais pas débattre avec lui.
- Je n'étais pas au courant de ça, reprit Remus, son esprit faisant automatiquement ressurgir toutes les fois où ses habits avaient mystérieusement disparu puis réapparu quelques jours plus tard, toujours fraichement lavés mais portant l'odeur Sirius.
- Je m'en doutais, s'amusa Peter. Tu devrais vérifier dans sa malle.
- Comment n'étais-je pas au courant ?
Peter haussa les épaules et répondit :
- Eh bien, tu es toujours occupé quand il porte tes vêtements, non ?
Remus fit "hm-hm..." puis se leva, se dirigeant vers le dortoir.
Quelques minutes plus tard, Remus était plongé jusqu'aux coudes dans la malle de Sirius.
Jusqu'à présent, il avait trouvé une écharpe, deux t-shirts et un pull bleu - qu'il avait tous déposés dans le panier à linge quelques jours plus tôt pour qu'ils soient récupérés et lavés. Maintenant qu'il y pensait, ce petit bâtard sournois lui volait des habits depuis la cinquième année.
- Euh, Moony, qu'est-ce que tu fais ?, demanda Sirius, s'adossant contre un poteau du lit et observant le loup-garou au milieu de ses affaires personnelles.
Remus tressaillit d'un air coupable. Il n'avait pas entendu Sirius entrer. Il se leva.
- Je, euh... Je cherchais juste mon pull.
Sirius acquiesça lentement.
- Dans ma malle ?
- Oui, répondit-il. Je ne l'ai pas vu depuis un bout de temps et Peter m'a dit...
- Peter t'a dit de violer mon intimité ?
- Non, répondit rapidement Remus. Enfin, si. En quelque sorte. Il a juste dit que tu pourrais l'avoir vu.
- Bon. Eh bien, comme tu peux le voir, ton pull n'est pas dans ma malle, déclara Sirius.
- Certes, reconnut-il, parce que son pull rouge n'était clairement pas dans la malle de Sirius - même si le reste de ses vêtements oui.
Il attrapa le t-shirt Star Trek qu'il avait tiré de la malle de Sirius quelques minutes plus tôt et le brandit.
- Mais pourquoi ceci y était ?
Sirius fixa le vêtement pendant quelques secondes avant de répondre froidement :
- Je n'avais aucun vêtement la semaine dernière, tu te souviens ? Les Elfes de Maison l'ont probablement mis là par erreur.
Ah.
Oui.
Maintenant, il s'en rappelait.
La semaine précédente, James avait mis du poil à gratter dans les habits de Sirius parce que ce dernier avait ensorcelé les cheveux de James pour changer de couleur lorsqu'il était à proximité de Lily la semaine d'avant, aussi Remus avait été forcé de laisser son petit ami lui emprunter des vêtements. Peut-être que les Elfes de Maison avaient juste mis ses habits dans la malle de Sirius par erreur. Mais alors... pourquoi Peter aurait-il menti ?
- Ah.
- Ah, en effet, dit Sirius. Ton pull n'est pas dans ma malle, Moony. Tu as vérifié aux endroits habituels ?
Remus hocha la tête avec morosité et jeta son t-shirt sur son lit.
- Ouais, il n'est dans aucun des placards. Les autres ne l'ont pas vu non plus. Les Elfes de Maison n'en ont aucune idée. Pete a dit que tu saurais peut-être, alors j'ai pensé à regarder dans ta malle mais il n'y est pas. Je suis désolé, Pads. Je ne voulais pas envahir ton espace privé.
- Ce n'est pas grave, répondit Sirius, se rapprochant de Remus pour prendre sa main. Je te pardonne
Remus sourit faiblement et eut un hochement de tête.
- Hé.
Sirius releva le menton de Remus et soutint son regard.
- Je sais comment tu es avec tes affaires. On va le retrouver. Promis.
- Peut-être, marmonna-t-il, mais il n'en était pas si sûr.
Remus avait le sentiment que ce n'était pas une coïncidence, que ses habits ne s'étaient pas retrouvés dans la malle de Sirius simplement à cause de l'incident du poil à gratter, et que Peter disait vrai en affirmant que Sirius lui volait ses vêtements et les portait quand il n'était pas là. Ou peut-être était-il juste paranoïaque.
- Viens, intima Sirius en attrapant la main de Remus pour l'entrainer hors de la chambre. Faisons quelque chose de chaotique.
Remus se laissa trainer à la salle commune, son esprit tournant à mille à l'heure. Peut-être était-il juste paranoïaque, mais quand il se passe réellement quelque chose de louche, ce n'est plus de la paranoïa. Plus il y pensait, plus il était sûr que Sirius était le coupable.
Mais il avait besoin d'en avoir le cœur net.
Il ne pouvait pas juste aller voir Sirius et l'accuser. Non, ça n'aurait pour résultat qu'un silence de plomb ou une semaine de farces - voire même plutôt les deux. Non, ce dont il avait besoin, c'était d'une preuve irréfutable. Et il avait besoin d'un moyen subtil d'obtenir cette preuve. Il devait faire quelque chose qu'il pourrait expliquer, dans le cas où Sirius se mettrait à douter de ses intentions.
Cela en tête, il commença à s'organiser.
Le jour suivant, Remus mit son plan en action.
Ce n'était pas un plan trop compliqué. Peter avait dit que Sirius ne portait ses vêtements que lorsqu'il n'était pas dans les parages, aussi avait-il planifié de ne pas être présent. Tout ce qu'il avait à faire, c'était prétendre aller à la Bibliothèque, puis après un temps raisonnable, retourner au dortoir en espérant attraper Sirius soit en train de porter, soit en train de voler ses habits. S'il avait tort et que Sirius ne prenait pas ses vêtements, alors son pull serait perdu à jamais et il ne soupçonnerait plus jamais son petit ami. S'il avait raison et que Sirius était un petit bâtard de voleur, alors ses habits seraient (il l'espérait) retrouvés et son pull, rendu. Dans tous les cas, il obtiendrait des réponses.
- Bon, j'y vais, annonça Remus en se levant et en attrapant son sac.
- Tu y vas ?, demanda Sirius, l'air de ne jamais avoir entendu ça avant. Tu y vas où ?
- À la Bibliothèque, mentit-il, cheminant vers la porte.
Il avait tout planifié à la perfection. James allait tutorer des troisième années en DCFM et Peter, sortir avec Dyanola. Sans personne à distraire ou pour le distraire, Sirius s'ennuierait et n'aurait rien à faire, ce qui aurait (il l'espérait) pour résultat un vol de pull.
- Ton groupe d'étude ne se retrouve pas le mercredi, remarqua Sirius, abandonnant sa partie de Bataille Explosive avec James pour suivre Remus vers la porte.
- Certes, mais je ne vais pas retrouver mon groupe d'étude, l'informa-t-il. Je dois finir mon devoir de Soin aux Créatures Magiques, donc je vais à la Bibliothèque pour récupérer des livres.
- Mais...
Sirius marqua une pause et s'immisça dans l'espace personnel de Remus. Puis il ajouta doucement :
- Je pensais qu'on profiterait de la chambre vide, quand les autres seront occupés...
Remus se sentit un peu mal en voyant le visage plein d'espoir de Sirius.
Les moments qu'ils avaient juste tous les deux était rares, dans la mesure où ils partageaient leur chambre avec deux autres garçons et que les Maraudeurs était un groupe uni et passaient chaque jour collés les uns aux autres. Mais il était obsédé avec cette affaire et il avait besoin de savoir où était son pull.
- Désolé, Pads, je dois vraiment terminer ça, dit-il. Je serai de retour dans une heure, quelque chose comme ça.
Sirius fronça les sourcils.
- Eh bien... Je pourrais venir à la Bibliothèque avec toi-
- Non !
Sirius fronça encore davantage les sourcils et cela fit se sentir Remus encore plus mal. Mais il avait un travail à effectuer.
- Je veux dire, non, dit-il plus calmement. C'est juste... tu es une distraction, Pads, et je dois me concentrer.
- Je ne te distrairai pas, répondit Sirius avec impatience. Je te le promets.
- Désolé, Pads.
Sirius soupira et bougea pour aller s'assoir sur son lit.
- Bon, et qu'est-ce que je suis censé faire ?
- Je ne sais pas, fit-il en haussant les épaules. Des devoirs ?
- Remus, sérieusement.
Remus sourit.
- Je reviens dans pas longtemps, promit-il avant de saluer les autres d'un signe de tête et de partir.
Environ trente minutes plus tard, Remus se leva de sa cachette et retourna au dortoir. James et Peter étaient déjà partis, et Sirius seul depuis plus ou moins dix minutes. Ça laissait assez de temps, aux yeux de Remus, à Sirius Black pour s'ennuyer et faire quelque chose de stupide, comme de voler des vêtements, par exemple.
Comme il marchait vers les escaliers, il se demanda ce qu'il découvrirait.
Sirius serait-il en train de se prélasser dans son pull ? Étudierait-il, serait-il en train de dormir, de se branler ? Et s'il ne portait pas le pull ? Et si, quand Remus entrerait dans la chambre, Sirius était juste assis là dans ses propres habits ? Qu'arriverait-il alors ?
Il n'y avait qu'une façon de le savoir.
Prenant son courage à deux mains, Remus entra en trombe dans le dortoir.
Sirius sursauta et se figea, l'air d'un chiot qu'on aurait attrapé en train de pisser sur le tapis.
- Remus ?!, s'écria-t-il. Que- qu'est-ce que tu fais ?
- Moi ? Qu'est-ce que je fais ? Qu'est-ce que tu fais ?, rétorqua Remus en posant son sac et en fermant la porte. Tu portes mon pull !
- Je...
Sirius se redressa et lui jeta un regard de défi.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Je pensais que tu étudiais !
- Tu m'as regardé le chercher partout pendant une semaine alors que tu l'avais tout ce temps !
- Je ne- je ne voulais pas...
Sirius s'interrompit et tira sur la manche du pull rouge disparu (plus maintenant) de Remus, tout façade combative s'effondrant immédiatement, et Remus réalisa soudain que son ami était nerveux. Le d'habitude si sûr de lui Gryffondor affichait à présent un air étrange. Remus ne savait pas vraiment s'il l'appréciait ou non.
- Écoute, je ne savais pas que tu le cherchais, déclara Sirius, ses doigts jouant toujours avec les manches effilochées. Pas jusqu'à ce que James le mentionne. Et j'allais te le rendre, Moony, j'allais vraiment le faire, mais je- je n'avais jamais le temps de le faire. Et hier, tu fouillais dans ma malle et j'ai réalisé à quel point tu tenais à le retrouver et j'allais le laver pour te le rendre aujourd'hui mais tu es parti faire ton travail et tu m'as manqué alors je l'ai juste... mis.
- Sirius...
- Je ne suis pas désolé.
- Quoi ?
- Je ne suis pas désolé, répéta Sirius, carrant les épaules et regardant fixement en arrière.
C'était le Sirius Black que Remus connaissait ; bagarreur, têtu et beau. Sirius continua :
- Tu me manquais et j'aime ton odeur, et ton pull est doux et il porte ton odeur et ça me fait me sentir bien quand tu n'es pas là. Alors, je ne suis pas désolé. Mais si tu veux que je te le rende, je te le rendrai.
- Sirius...
Remus secoua la tête avec tendresse et se rapprocha, attrapant les mains de Sirius pour les empêcher de se tordre.
- Oui, j'aimerais que tu me le rendes, mais ça ne m'embête pas que tu me l'empruntes.
Sirius leva la tête vers lui.
- Vraiment ?
- Vraiment, confirma Remus. Je voudrais juste que tu me préviennes d'abord.
Sirius le dévisagea un long moment avant de hocher la tête et de dire :
- Ok.
Remus sourit et prit une minute pour observer Sirius Black dans son pull. Peu importe ce que Sirius portait, il était toujours magnifique, comme s'il avait été sculpté par les Dieux eux-mêmes. Mais le voir dans l'ennuyeux attirail pour lequel Remus était connu lui faisait ressentir des choses qu'il ne pouvait pas décrire. Il pouvait cependant admettre que ça le troublait un peu, et après un moment à le regarder, il dit :
- Tu es mignon.
Sirius fronça les sourcils, offensé, et retira ses mains de celles de Remus, les mettant sur ses hanches et répliqua :
- Je ne suis pas un chiot, Remus. Je ne suis pas mignon. Je suis viril et fringant.
- Sirius, mon pull a deux tailles de trop pour toi, avisa Remus. Tu te noies pratiquement dedans. Tu es mignon, que ça te plaise ou non.
Sirius fit la moue mais ne répondit rien. Au lieu de quoi, il s'avança et posa sa mains autour de la taille de Remus et planta un baiser sur ses lèvres. Remus lui retourna immédiatement le baiser, mais il recula au bout d'un moment, parce que l'odeur de son pull n'était définitivement pas sexy. Il avait déjà besoin d'être lavé une semaine plus tôt, quand il l'avait mis au linge sale, mais maintenant que Sirius l'avait porté - et plusieurs fois, semblait-il -, il commençait à sentir vraiment mauvais.
- Sirius, il y a une raison pour laquelle j'ai mis ça dans la corbeille à linge la semaine dernière, l'informa-t-il.
Sirius se renifla lui, puis le pull, et dit :
- Ça a toujours ton odeur.
- Je te donnerai n'importe quel autre pull, le soudoya Remus, mais celui-ci a besoin d'être lavé aussi vite que possible.
Sirius soupira d'un air dramatique et dit :
- Bien. Je veux le pull que tu portes en ce moment.
Remus leva un sourcil peu impressionné.
- Vraiment ?
- Oui.
Remus soupira mais recula et retira son pull avant de le tendre à Sirius.
Pendant un moment, Sirius ne fit rien. Il fixait juste le loup-garou torse-nu. Puis il sourit malicieusement et retira le pull rouge, qui tomba sur le sol. Il saisit le pull vert que Remus portait jusque là et le jeta à côté.
- Oh mon Dieu, dit-il, attrapant Remus par la ceinture et en l'attirant au plus proche de lui. Il me semble me trouver sans pull avec un loup-garou fringant. Qu'est-ce que je suis censé faire ?
Remus renifla, incapable de masquer son amusement, et répondit :
- Je me demande bien.
- Et si nous utilisions ce dortoir vide ?, suggéra Sirius, levant un sourcil.
Remus dut admettre qu'il n'avait aucun argument.
Plus tard, alors qu'ils se trouvaient tous deux au lit, à un cheveux de tomber endormis, Sirius enroulé autour de lui tel un pied de vigne et ses mains à lui courant dans les cheveux étrangement doux de Sirius, Remus se remémora les mots de Sirius et se demanda...
- Padfoot...?
- Hm ?
- Tout à l'heure, tu as dit que tu aimais mon odeur...
- Hm-hm, fit Sirius, et il caressa le cou de Remus.
- Est-ce que- je veux dire, après mes courses, quand je suis suant et dégoûtant et que j'ai désespérément besoin d'une douche, est-ce que c'est pour ça que tu me tacles pratiquement ? Parce que je pue ?
Sirius reste silencieux un trop long moment avant d'enfouir sa tête dans le cou de Remus et d'admettre :
- J'aime ce que tu sens.
Remus fait une grimace et répond :
- T'es dégueu.
- Oui, mais tu m'aimes.
- Oui. Malheureusement, c'est le cas.