
Thème : Conquête Spatiale
Citation: "Il est tout naturel qu'une créature veuille connaitre son créateur car cela lui permet de se connaitre elle-même" l'incivilité des fantômes , Rivers Solomon
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CHAPITRE 1: le commencement.
Il faisait chaud, et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de frissonner. Tout s’était passé vite, trop vite… L’instant d’avant elle la voyait debout, fière, belle, le regard doux posé sur elle. Et l’instant d’après, elle voyait son corps sur les dalles inégales, à se tordre dans tous les sens pour finalement s’immobiliser, à bout de souffle quand le sort fut levé.
La jeune femme aurai voulu pouvoir courir vers elle, la prendre dans ses bras, la protéger par tous les moyens. Mais elle ne le pouvait pas. La poigne ferme du professeur Mcgonagall la retenait, l’empêchant de commettre une folie. C’est alors, les joues inondées de larmes, qu'elle observait la scène, les muscles tendus, prête à se ruer vers elle .
-Tu sais ce que l’on réserve aux traitres ? Toi, plus que quiconque m’a déçu Bellatrix ! Ma plus grande déception …
Bellatrix se redressa légèrement sur les coudes, sentant son cœur battre à tout rompre. Un coup d’œil vers le rang des Mangemorts la rassura bien vite. Sa sœur et son neveu n’y étaient pas, comme convenu… Sa sœur a pu s’enfuir, c’est bien… très bien.
-Venant de toi Tom, c’est un peu fort tu ne penses pas ?
Elle ne fit pas attention à son visage courroucé ni au danger de sa baguette s’agitant dans tous les sens. Elle ne pensait qu’a lui dire ce qu’elle avait sur le cœur, gagner du temps, pour que Potter puisse se sentir prêt d’intervenir et mettre fin a cette mascarade.
-Le savent-ils ? Tes fervents serviteurs… Est-ce qu’ils savent d’où vient celui qui les dirige ? Ou alors pensais-tu les laisser encore longtemps dans le mensonge ? Ils savent qu’un sang-mêlé les dirige ? Que tout est un mensonge inventé !
Elle n’eut pas le temps de finir que son corps fut violemment soulevé et projette un peu plus loin. La violence de l’impact l’empêcha de se relever tandis qu’un cri d’effroi résonna dans la cour.
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D’un bond, elle se leva de son lit, désorientée et la respiration sifflante. La panique courrait dans ses veines, tant et si bien qu’elle paniquait complètement. Elle se revoyait dans cette cour, les mains tremblantes et le cœur déchiré. Elle se laissa glisser le long du mur derrière elle, des sanglots secouant sa poitrine.
La porte de la chambre s’ouvrit à la volée, des pieds tapant le parquet se précipitèrent vers elle, et une paire de bras la souleva du sol pour la reposer sur son lit. Blottis contre la poitrine habituellement réconfortante, ses pleurs redoublèrent. Son oreille collée a la peau synthétique, elle n’entendait que le léger cliquetis mécanique à l’endroit, où jadis, un cœur de chair et de sang battait. Épuisée, elle se rendormit, bercé par la respiration artificielle.
Le lendemain, c’est une Hermione en forme qui se dirigea vers son bureau au sein du département de la coopération des nations, section recherche interstellaire. Avisant le journal posé sur son bureau, elle s’assit et l’ouvrit. Son regard parcourt en travers les différents articles, parlant de politique, sport et autre. Elle repensa à son ami Harry, avec l’article sur la victoire d’une des équipes locales de Quidditch. Elle regrettait de ne plus pouvoir lui parler chaque matin, mais son choix avait été arrêté il y a bien longtemps maintenant et il n’était plus possible de revenir en arrière. Choix qu’elle avait fait il y a deux cents ans de cela avec la promesse de retrouver celle qui détenait même dans la mort son cœur.
En ce laps de temps, le visage de la société magique avait eu le temps de changer, de s’améliorer à grand renfort d’éducation et d’accord passé avec la communauté Moldue.
La guerre a fait place à la reconstruction, et une prise de conscience collective sur la place de chacun au sein de l’univers. Progressivement, l’idéologie des sangs purs a été abandonnée pour laisser place à une plus grande ouverture d’esprit.
Le monde magique a été révélé avec parcimonie, tout au moins au début, au monde non magique. Chaque camp a dû apprendre à apprivoiser l’autre, à apprendre à se connaitre pour finir par se faire confiance. Ce ne fut pas sans heurts et difficulté, mais avec de la patience et de la volonté, on arrive à tout. Des accords furent passés, une entraide s’est installée. Des maladies moldues ont pu être soignées ou du moins améliorées grâce à la magie. Le domaine des sciences et de la technologie a pu faire un bond en avant, de nouvelles avancées ont pu être découvertes…
C’est à ses trente ans qu’Hermione, avec l’accord du ministère, a pu découvrir comment rallonger indéfiniment sa vie. Officiellement, pour faire le relais entre les communautés. Après tout, le ministère voyait là l’occasion de conserver un membre du trio d’or. Officieusement, cela lui donna le temps et les ressources nécessaires pour trouver le moyen de la ramener.
Elle pensait en premier lieu, pouvoir garder son corps intact à grand renfort de sortilèges et potions. Mais même si la magie permettait de grandes choses, elle avait tout de même certaines limites. Elle dut se rendre assez vite à l’évidence qu’une telle conservation sur plusieurs années drainerait drastiquement son noyau magique et à terme finirait par la tuer. C’est la mort dans l’âme qu’elle dut se résigner à laisser ses sœurs l’enterrer dans le cimetière familial.
Quelques années plus tard, la solution lui apparut lors d’une interview d’un chercheur moldu qui annonçait fièrement avoir créé le premier androïde sous intelligence artificielle. Et si cela lui permettait de lui donner un corps, tout en ramenant son âme ? Ce n’était pas vraiment l’idéal, mais c’était toujours un début…
Elle se replongea alors dans les études, se spécialisant dans le domaine de l’IA, postulant dans un pôle de recherche en grande Bretagne. Elle fut vite à la tête d’une petite équipe, possédant son propre bureau, son propre labo, et ne devant rendre des comptes qu’à elle-même et aux deux ministères. Une campagne d’envergure sur les androïdes et les IA fut lancée, afin de conquérir l’espace. L’idée était de pouvoir envoyer des androïdes assez évolués et obéissants pour tester d’autres planètes. Énergie quasi illimitée et oxygène non indispensable, c’était une vraie aubaine.
Pour Hermione, c’était l’occasion de travailler sur son projet en secret. Plusieurs années ont été nécessaires, beaucoup de nuits blanches également, mais au final, elle y était parvenue.
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Les yeux lourds de fatigues, la jeune femme jetta un œil sur sa montre. Plus d’une heure du matin, pas étonnant qu’elle bâillait toutes les cinq secondes. Un regard aux différents écrans lui apprit que tout fonctionnait très bien, seul un signe de réveil se faisait attendre. Elle n’était pas certaine d’avoir réussit. Sur e plan technologique, elle avait créé un bijou d’androïde. Le plus réaliste qui soit. La peau si semblable a celle d’un humain était chaude au toucher, les cheveux, plus vrais que nature… Vraiment, impossible de différencier la machine d’un véritable humain. Pourtant, elle n’était plus si sure d’avoir utilisé le bon sort, la bonne formule… est-ce que le rattachement d’âme était réellement possible ? Elle l’espérait de tout cœur.
Les minutes défilèrent, puis les heures, sans que le corps allongé sur la table ne bouge. Hermione finit par s’endormir, la main chaude serrée dans la sienne.
Ce n’est qu’au petit matin qu’un mouvement la tira du sommeil agité dans lequel elle était plongée.
-Bella ?
Elle parcourut le visage, à la recherche du moindre signe de réveil, puis eut un grand sourire attendri quand elle ouvrit finalement les yeux. L’androïde regarda d’abord fixement le plafond, avant de regarder autour d’elle d’un air parfaitement confus, puis de se focaliser sur Hermione. La jeune femme retint sa respiration, dans l’attente d’entendre enfin de nouveau sa voix chaude qui la faisait tant vibrer autrefois. Elle rêvait de se plonger à nouveau dans ses bras, même si ce n’était plus les mêmes…
L’androïde ouvrit la bouche, la referma, et se redressa sur la table de manière à se retrouver assise .
-Qui. Qui êtes-vous ?
Hermione fronça les sourcils, ne comprenant pas pourquoi elle lui posait cette question. Elle avait imaginé que Bellatrix aurait besoin d’un petit temps d’adaptation une fois son âme ramenée dans ce nouveau corps un peu particulier, c’était probablement normal. Mais elle ne s’attendait pas à cette question.
-Tu ne te rappelles pas ? De quoi te souviens-tu au juste ?
Bella ne la quittait pas du regard, l’air concentré, perdue dans ses songes. Au fur et à mesure que le silence s’éternisait, le visage de l’androïde se décomposa, la panique envahit son regard.
-Rien… je ne me souviens de rien… je ne sais pas qui je suis…
Hermione comprit alors. Même si elle avait ramené l’âme de Bellatrix Black, ses souvenirs, eux, seraient plus difficiles a retrouver, voit peut être même impossible.
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Reposant le journal sur son bureau, Hermione eut un petit sourire triste. C’était une composante qu’elle n’avait pas prise en compte dans sa frénésie de la ramener. Elle n’avait pas douté une seule seconde que les souvenirs reviendraient aussi. Et pourtant, elle s’était lourdement trompée.
Le chemin fut long, il a fallu tout réapprendre à Bellatrix. Lui créer une nouvelle identité, de nouveaux souvenirs avec elle, la cacher aux yeux de tous en attendant que le reste revienne. Où, qu’elle soit certaine que rien ne reviendrait.
Au fil des mois, elle abandonna l’idée qu’elle puisse se souvenir de quoi que ce soit. Elle avait bien sûr quelques flashs, quelques Caussenards, mais rien de bien tangible, rien qui lui permette de retrouver l’intégralité de sa personnalité. Alors, craignant peut-être finalement de changer quoi que ce soit, Hermione a soigneusement caché les affaires de l’autre sorcière dans le grenier de sa maison. Tous les souvenirs n’étaient pas bons à se remémorer, c’était peut-être mieux comme ça.
La seule chose dont elle soit sure, c’est que, inexplicablement, Bellatrix s’était remise à faire de la magie. Elle n’était pas faite de chair et de sang, cela aurait dû être impossible, et pourtant elle ne pouvait l’expliquer. Bellatrix l’androïde avec une âme faisait encore de la magie, baguette en main. Cette découverte la rendait d’autant plus précieuse qu’Hermione refusait de la montrer au reste du monde.
Si la société l’accepterait peut-être, il restait un problème de taille. Tous les androïdes étaient voués à servir la Nasa, voués à être envoyés dans l’espace comme de vulgaires pions. Ce sujet fut l’objet de leur première dispute d’ailleurs.
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Le journal dans les mains, Bellatrix ne comprenait pas. Si les androïdes dotés d’IA étaient capables dorénavant de libre arbitre, de sentiment, d’empathie… S’ils ressemblaient tant aux humains, alors pourquoi ne pouvait-il pas choisir d’être envoyé ou non dans l’espace ? Pour elle, cela ressemblait davantage à de l’esclavagisme.
-Non tu ne comprends pas Bella. Les androïdes nous permettent, à moindre cout, de partir chercher d’autres planètes, d’autres vies peut-être… ils participent à la recherche…
Bella secoua la tête.
-Non, là, c’est toi qui ne comprends pas mon chou… Réfléchis, est-ce que le gouvernement leur laisse le choix d’y aller ou sont-ils obligés de le faire ? Est-ce qu’ils peuvent s’ils le veulent se lancer dans une carrière dans l’éducation, dans la santé ou la musique ? Est-ce qu’ils ont seulement l’opportunité de choisir leur avenir ? Ou est-ce qu’ils font ce qu’on leur dicte de faire ? S’ils sont si semblables aux humains, pourquoi alors ne pas avoir les mêmes droits ?
-Mais Bella, ce sont des machines… Oui, ils pensent, mais dedans ce ne sont que des fils et des algorithmes…
Bella posa le journal en soupirant. Chose qu’elle faisait depuis très récemment. Elle respirait, soupirai réellement sans même s’en rendre compte.
-C’est là ou je ne serai pas d’accord avec toi. Je suis faite également de fils et d’algorithme, c’est toi qui as créé ce corps, ne l’oublie pas.. Mais si je peux avoir une âme et un libre arbitre, pourquoi est-ce qu’ils ne le pourraient pas ? Finalement, rien n’a changé depuis la guerre… C’est toujours un peuple qui en esclavage un autre pour son propre bénéfice…
Elle monta se coucher, sans un regard en arrière.
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Hermione se secoua pour sortir de ses souvenirs. Elle n’aimait pas penser à ce soir-là, mais elle devait bien admettre que Bellatrix avait parfaitement raison. Elle était devenue, elle et cette société toute entière, ce qu’elle avait toujours combattu. Dans sa poche, son téléphone vibra. Elle le déverrouilla pour y trouver un message de Bella. Un seul mot. « Rentre. »
Son sang ne fit qu’un tour. Elle avait donné ce téléphone à Bella pour qu’elle puisse la joindre en cas d’extrême urgence, et si la femme se donna la peine de lui écrire un message, elle qui n’aima pas ça, c’était important.
Elle prit donc sa journée, et rentra chez elle, s’attendant à tout sauf à l’état dans lequel était sa Bella. Elle la trouva au salon, entouré des affaires qu’elle pensait avoir cachées, visiblement sorti d’une grande caisse qui gisait à côté. Bella se balançait d’avant en arrière, des larmes roulant sur ses joues pâles. Phénomène qui la frappa, elle ne l’avait jamais vu pleurer, ce n’était, techniquement, pas possible.
-Bella ? Chérie, dis-moi ce qui se passe, j’ai eu ton message…
La femme essuya ses joues d’un revers de manche, le regard assassin.
-Tu pensais me le dire quand ? Tu voulais me le cacher encore longtemps ?
-Te cacher quoi amour ?
-Que je suis un monstre….
Bella lui jeta un journal, en première page, une photo d’elle, détenue à Azkaban.
-Je voulais ranger le grenier, alors j’ai fait du tri et je suis tombé sur cette caisse… Bon sang, je comprends maintenant, ça t’arrangea bien que je ne retrouve pas mes souvenirs. Dommage, tous mes revenus en bloc. D’abord toi, notre histoire, toutes ces nuits où je suis venue te retrouver… Et ensuite, tous ces meurtres, ces tortures, ces atrocités que j’ai pu faire… et ma famille, mes sœurs… putain tu comptais me le dire un jour au moins ?!
Sentant la situation lui échapper complètement, Hermione voulut rendre sa main, en vain.
-Tu n’es pas ce monstre. Tu te trompes. Tu n’es plus cette personne. À la fin de la guerre, tu ne l’étais déjà plus. Bella croit, moi s’il te plait, quand je te dis que je voulais te préserver. Au début j’espérais que tu te souviennes, vraiment, mais au fur et à mesure, j’avais la trouille que ça te détruise, j’avais peur de te perdre encore une fois !
-Et tu ne t’es pas dit qu’en me laissant dans le flou c’était pire ? Tu ne comprenais pas que ne pas savoir qui j’étais exactement me tuait tout aussi surement que cette putain de guerre ? Et maintenant quoi ? On fait comme si de rien n’était, je continu a me cacher éternellement ? Et .. Et mes sœurs…
Bellatrix n’alla pas plus loin, elle ne le pouvait pas. Elle savait, elle en était consciente, mais formuler l’évidence faisait beaucoup trop mal. Cette fois, elle laissa Hermione l’approcher, s’assoir avec elle par terre et la prendre sans ses bras. Calant son visage dans le cou de la plus jeune, Bellatrix ne fit pas attention à la stupeur qui frappa Hermione. Outre les larmes, qui n’auraient pas dû être possibles, elle pouvait sentir un mouvement dans la poitrine. Elle pouvait sentir un cœur battre… Pour avoir conçu elle-même ce corps et avoir été mainte et maintes fois dans ses bras, elle savait que ce n’était pas, mécaniquement, possibles.
Une explication germa dans sa tête, quelque chose dont elle osait à peine croire. Il lui faudrait plus de temps, et plus de recherche pour confirmer ou non son hypothèse.
-Ça va aller Bella… je suis là, on va traverser ça ensemble..