
Chapter 9
Salut à tous !
Je me suis à nouveau appuyée sur la B. O. du film « Blood Diamond », mais aussi du film « The King » que je n’ai pas vu mais dont la musique m’a aidé à l’écriture de la fin du chapitre. A écouter…
Bon courage en ces temps incertains.
A bientôt…
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Les deux hommes échangent une poignée de main chaleureuse. Sirius en profite pour s’approcher discrètement du reporter afin de le renifler attentivement.
- Merci, monsieur Potter. Sirius et moi, nous vous aiderons du mieux que nous le pourrons.
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Une truffe humide réveille Harry d’un sommeil agité. L’homme retire son bras qui pend hors du lit d’un mouvement-réflexe. Il ouvre un œil et tombe nez-à-nez avec Maya qui semble prête à détaler. En arrière-plan, la tête d’un chien noir dépasse de l’encadrement de la porte de sa chambre.
- Depuis quand tu as un copain chien ? marmonne le reporter d’une voix éraillée par le sommeil. Ah oui, c’est vrai. Sirius, c’est bien ça ? Salut, copain…, dit-il en tendant le bras vers le canidé, les paupières de nouveaux closes, la bouche entrouverte.
- Charmant tableau, Potter, se moque Drago, d’une voix trainante.
- Je t’emmerde, Malefoy, répond mollement Harry, sans conviction.
- Allez, lève-toi, Remus Lupin nous attend à côté.
- Pour quoi faire ? grommelle Harry. Il ne fait même pas jour.
Drago sourit simplement, sans trace de moquerie sur le visage. Son regard s’adoucit. Maya fait demi-tour et vient s’asseoir contre la jambe droite de son maître. Sa main vient automatiquement caresser le cou de l’animal qui se met à ronronner fortement.
Harry se frotte le visage et finit par ouvrir les yeux dans une grimace. Ses cheveux noirs sont en bataille. Le jeune homme attend manifestement une réponse.
Drago perd son sourire, une expression de sérieux venant modifier ses traits.
- J’ai discuté avec Hermione. Nous nous accordons sur le fait que tu dois apprendre à te défendre avec une arme. Les conflits s’intensifient au Soudan, ce qui suppose que nous devons nous attendre à davantage de braconnage dans les mois à venir. Comme tu le sais, nous avons un centre d’entraînement au tir. Nous allons tous y aller, tôt ce matin.
- D’accord…, finit par répondre le reporter qui se sentait à présent tout à fait éveillé.
- Notre priorité est de protéger les éléphants. On ne pourra pas toujours assurer tes arrières.
- Je le comprends. J’espère juste ne jamais avoir à m’en servir.
- En ce qui me concerne, j’espère avoir une mitraillette pour Noël ! s’exclame Fol’œil en faisant irruption dans la chambre, un fusil à la main. Ces enfoirés de braconniers sont mille fois mieux équipés que nous. Beaucoup sont des soldats de métier ou des mercenaires. Tuer est une seconde nature chez eux, Potter. Alors si j’étais toi, j’apprendrais à viser la tête, parce que ces gars-là ne t’épargneront pas si tu te mets en travers de leur chemin et de leur butin.
Un frisson d’effroi vient secouer le corps d’Harry. L’absence de réaction de Drago à ces mots ne fait que renforcer ce sentiment. Le jeune homme semble figé dans le marbre. Harry comprend qu’il partage la pensée de Fol’œil.
- On te laisse te préparer. Dépêche-toi, ordonne Drago.
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Hormis Drago, tout le personnel du parc vient de se réunir devant l’armurerie. Une quarantaine de personnes. Tous portent déjà une arme, à l’exception de Remus Lupin et du jeune reporter.
Hermione se rapproche de ce dernier et se met à discuter avec lui, à voix basse.
- Bonjour Harry, j’espère que tu as réussi à dormir la nuit dernière. Ce n’est jamais facile de terminer la journée sur ce qu’on a vu.
- On va dire que c’était une nuit correcte. Et pour toi ?
- Etant données les circonstances, je dirais aussi que ma nuit a été convenable.
La directrice du parc et le reporter échangent un sourire amical. Remus Lupin, accompagné de son chien fidèle, se rapproche du couple.
- Bonjour, Harry. J’espère que Sirius ne vous a pas importuné tout à l’heure. J’étais en train de discuter avec Drago quand je me suis aperçu que Sirius avait suivi Maya dans votre chambre, explique-t-il, l’air sincèrement désolé.
- Ce n’est rien, je vous assure. Je préfère de loin me faire réveiller par Maya et Sirius que par Drago ! (Remus Lupin rit doucement, tandis que la directrice fait une moue de réprobation.) Vous avez dû constater que la douceur et la patience ne font pas partie de ses qualités.
- Je n’ai vu qu’un jeune homme enthousiaste et plein d’humour…, rectifie Remus Lupin d’une voix calme, non sans second degré.
- Passons aux choses sérieuses, décrète Fol’œil en voyant arriver Drago, sur le dos de Kimya.
Les deux gardes qui sont postés devant l’armurerie déverrouillent la porte et retirent l’énorme cadenas qui retient encore le battant métallique à son encadrement. Hermione fait signe à Harry et Remus Lupin d’entrer avec elle. Fol’œil, Drago et Issa entrent peu après.
Harry est à la fois impressionné et mal à l’aise devant un tel déploiement d’armes. Fusils et pistolets essentiellement. Quelques carabines à lunettes comme celle qu’utilise Drago. Remus Lupin ne semble pas non plus se réjouir d’un tel spectacle. Ses mains fuient inconsciemment dans les poches profondes de sa veste kaki.
- Quelle arme utilisiez-vous au Kenya ? demande Hermione à Remus Lupin.
- A vrai dire aucune, mon travail consistant uniquement à traquer les braconniers, mais en aucun cas à mener des arrestations.
- Comme je vous l’ai dit, en ce moment, la situation est extrêmement tendue tout autour du parc. Je tiens à ce que vous ayez les moyens de vous protéger si, par malchance, vous deviez rencontrer des braconniers, explique Hermione, tout en scannant du regard les armes qui étaient soigneusement rangées dans des casiers numérotés.
- Un pistolet devrait faire l’affaire, décrète Drago en attrapant deux armes similaires d’un geste vif. Peu encombrant et facile à manier. Tenez, Lupin. (L’homme prend l’une des armes dans un soupir, les sourcils froncés.) Potter, je te donne le même.
La gorge légèrement serrée, le reporter laisse Drago prendre sa main et positionner l’arme dans le creux de sa paume. Ce dernier presse le pistolet contre sa peau, exprimant à quel point l’objet est précieux à ses yeux. Harry déglutit bruyamment. L’arme est froide et plus lourde qu’il ne l’aurait imaginé. La tenir a quelque chose de terrifiant pour le jeune homme, qui prend d’autant plus conscience de son pouvoir de destruction. Le regard reptilien de Drago se durcit.
- Je sais ce que tu penses, murmure le responsable de la lutte anti-braconnage, en se rapprochant de son visage. J’étais comme toi avant. Surtout après ce que mon père avait fait à la harde de Kimya. En tenir une n’était pas pensable. Puis, j’ai compris qu’on ne pouvait pas faire sans. J’espère qu’un jour ce sera possible, mais ce jour n’est pas encore arrivé. Alors, je te demande de voir cette arme comme un moyen de protection, pour toi comme pour les animaux de ce parc. Si tu dois t’en servir, tu le feras sans hésiter. Compris ?
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Le centre de tir est en réalité un espace en plein air, sécurisé par un immense mur épais, capable d’arrêter les balles. C’est au tour du reporter de s’exercer. Tous les membres du parc sont réunis derrière lui, y compris Drago qui s’est réinstallé sur le dos de Kimya. Cette dernière mâche calmement un gros tas de feuilles et de branches d’acacias. Son attitude détendue montre que ce n’est pas sa première venue au centre.
Non sans appréhension, Harry vide son premier chargeur sur les cibles immobiles qui sont dressées devant lui à quelques mètres de distance. Son cœur bat à tout rompre. Ses oreilles sont abasourdies par le bruit de chaque détonation.
- Pas mal pour une première fois, concède Fol’œil, une cigarette fumante au coin de la bouche. Et maintenant, les cibles humaines vont apparaître brusquement et se déplacer dans le décor. Entre les éléphants, les arbres et tout le bordel.
- N’oublie pas de recharger ton arme, rappelle Issa doucement.
- Ah oui. Merci…
C’est pas possible…, marmonne Drago en fermant les yeux d’exaspération.
Après avoir rapidement rechargé son arme, le jeune homme inspire profondément et indique à Fol’œil qu’il est prêt d’un hochement de tête. Ce dernier appuie sur un gros bouton rouge pour lancer la machinerie. Dans la précipitation, Harry manque plus de la moitié des cibles et une balle atteint même une girafe, dans une exclamation collective.
- Et voilà ce qui s’appelle un désastre ! éructe Fol’œil dans un rire tonitruant.
- Je n’ai pas fait ça ?! murmure Harry pour lui-même, horrifié, les yeux exorbités, face à la girafe en carton percée à l’arrière-train.
Personne n’a le temps de rassurer le reporter ou de le rendre plus pathétique qu’il ne l’est déjà. Les cibles non touchées par Harry sont stoppées net dans leur déplacement par une balle qui leur traverse la tête tour à tour. Tous les regards se dirigent vers Drago qui range déjà son pistolet dans sa veste grise. Kimya se montre plus remuante et nerveuse à présent.
- L’entraînement est fini, décide le jeune homme, en regardant sa montre. Kimya doit retourner auprès des siens. Que chacun fasse attention à lui. Maya !
Le guépard semble surgir de nulle part. En quelques bonds, le voilà à côté de Kimya, prêt à s’aventurer dans le parc. Sa longue queue fouette l’air avec excitation.
Maya, Drago et Kimya s’éloignent déjà en direction de la savane. Harry les rattrape, haletant.
- Je vais avoir besoin de m’entraîner davantage…
- Cela va sans dire. Habituellement, nous nous entraînons une fois par mois. Je te propose de retourner au centre tous les jours jusqu’à ce que tu obtiennes ton permis de port d’arme. On ne rigole pas avec ça, ici. Tu l’auras lorsque tu ne viseras plus un animal par accident. Tu y arriveras. Vois les détails avec Fol’œil et Hermione. A ce soir.
- Entendu. Sois prudent.
- Toi aussi.
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Une dizaine de jours se sont écoulés depuis l’arrivée de Remus Lupin et Sirius. Harry et Issa ont passé beaucoup de temps à leur côté, afin de les aider à prendre leurs repères dans l’immensité du parc. Le reporter en a profité pour monter des mini-films permettant de découvrir la faune et la flore de lieux du parc qu’il avait encore peu explorés.
Remus est de très bonne compagnie. A la fois calme et toujours prêt à s’engager dans une discussion intéressante. Parfois silencieux, mais toujours présent et conscient de ce qui passe autour de lui. Remus s’est formé au Kenya, auprès de la brigade canine du parc de Kruger. Il a ainsi développé cette qualité de présence, afin de ne passer à côté d’aucun détail.
Sirius, quant à lui, est un chien dont l’odorat est aussi développé que celle d’un Saint-Hubert, ce qui lui permet de suivre la plus infime trace sur des milliers de kilomètres. Son endurance et sa ténacité sont également deux grands atouts de l’animal.
Cet après-midi, le quatuor s’est déplacé en jeep jusqu’à la limite ouest du parc, qui borde le domaine de chasse d’Azande. C’est la première fois qu’ils posent un pied aussi loin du complexe.
Issa éteint le moteur du véhicule derrière un petit regroupement d’arbres.
- Il y a peu de hautes végétations ici, remarque Remus, le regard braqué au-delà de la limite invisible du parc. Cela ne facilitera pas notre déplacement, s’il est nécessaire de rester à couvert.
Sirius s’élance de la jeep et plaque immédiatement sa truffe noire au sol. Il se déplace rapidement, aussi discret qu’un chat, son corps fuselé en tension. Les trois hommes quittent le véhicule et suivent l’animal à travers l’imposante étendue d’herbes sèches.
- Il a trouvé quelque chose ? demande Harry au maître-chien, admiratif des capacités exceptionnelles de Sirius.
- Peut-être…
Les trois hommes se taisent à présent. Ils avancent lorsque Sirius avance. Ils reculent lorsque ce dernier fait soudainement volte-face. Ils attendent lorsque l’animal tourne en rond puis s’immobilise, son museau pointant vers le ciel, une patte se recroquevillant dans l’air. Le groupe progresse ainsi sur 2 km.
- Il y a quelque chose, confirme Remus, une ou plusieurs odeurs humaines qu’il n’a pas identifiées dans le complexe. Son état de fébrilité semble indiquer que la trace est récente.
- Ne devrions-nous pas nous cacher et demander du renfort ? demande Issa, l’œil vif et inquiet.
- Non, la trace n’est pas encore claire. La ou les personnes qui sont passées ici sont loin à présent, probablement à plusieurs dizaines de kilomètres de notre position. Voire même une centaine.
- Je ne comprends pas bien lorsque tu dis que « la trace n’est pas encore claire », avoue le reporter, les sourcils relevés.
- Sirius a identifié la ou les odeurs qui nous intéressent. Il cherche maintenant dans quelle direction les hommes sont allés…
La prise de conscience de ce que Remus implique s’écrase lourdement dans son estomac. Soit la trace les mène vers le territoire de chasse d’Azande, soit elle les conduit dans les profondeurs du parc…
Soudain, Sirius se couche à plat ventre dans la direction sud-est, vers le parc. Remus se rapproche de l’animal et découvre enfin dans la terre la preuve du passage de plusieurs chevaux. Il examine attentivement le sol sur quelques mètres avant de revenir vers Issa et Harry.
- Nous devons prévenir Drago, dit Remus avec gravité. Il y a environ cinq à sept hommes qui progressent dans le parc. Ils ont dû passer ici tôt ce matin, ce qui signifie qu’ils peuvent être dans les environs du complexe à présent…
Issa empoigne son talkie walkie et transmet les informations à Drago, tandis que Remus donne l’ordre à son chien de se lancer à la poursuite des braconniers. L’animal se précipite immédiatement, droit devant lui, aussi rapide qu’un éclair.
- Venez ! s’écrie Remus, qui bat en retraite vers la jeep.
- Mais nous risquons de ne pas retrouver Sirius ! s’écrie le reporter, le regard tourné vers l’animal, néanmoins les jambes obéissant à l’ordre du maître-chien.
- Aucun risque ! Son collier nous permet de le géolocaliser. Dépêchons-nous !
Issa les rejoint dans leur course effrénée jusqu’au véhicule. A bout de souffle, les trois hommes se précipitent dans l’habitacle. Le moteur hurle tandis que le guide écrase la pédale d’accélérateur…
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Les éléphants ont cessé de manger. La tension est palpable dans l’air pour les pachydermes comme pour les hommes qui les protègent. Les cinq militaires se sont regroupés autour de Kimya qui ouvre déjà la voie au reste de la harde, en direction du complexe. Redressé sur le dos de la matriarche, Drago scrute l’environnement de ses jumelles.
- L’hélicoptère devrait décoller d’ici dix minutes, explique le jeune homme.
- Ce qui veut dire qu’ils pourront être dans les parages dans vingt minutes, calcule rapidement l’un des militaires au sol.
D’un nouveau coup d’œil à travers les lentilles, Drago comprend qu’ils n’auront pas le temps de s’appuyer sur l’aide aérienne pour défendre Kimya et sa harde.
- Ils sont déjà là, au sud-ouest, indique Drago en pointant l’index vers l’horizon, dans la direction d’un groupement de huit hommes qui cavalent à grandes foulées. Kimya, likama ! Likama (en Lingala : « danger ») ! s’écrie le jeune homme.
Aussitôt, Kimya s’arrête et fait volte-face dans un mugissement qui fait trembler la terre autour d’eux. Tout en elle semble avoir doublé de volume ou s’être allongé : ses oreilles, sa trompes, sa tête, sa cage thoracique, sa queue.
Les autres pachydermes, menés par Yamé, la précieuse alliée de Kimya, poursuivent leur échappé sans un regard en arrière. Les derniers nés peinent à suivre le rythme. Des trompes maternelles viennent pousser les arrière-trains les plus lents. Quelques barrissements effrayés s’élèvent dans la savane. Yamé donne le cap sur un large regroupement de bananiers et de plantains, dans l’espoir de créer une première barrière entre eux et les braconniers.
Paniquée par l’agitation générale, Maya détale à pleine vitesse, bien au-delà de la position de la harde et finit par se tapir dans les hautes herbes. Le félin tacheté est totalement invisible.
Quant aux militaires, ils se déploient le long d’une ligne, puis avancent de plusieurs mètres devant Kimya avant d’ouvrir le feu. Les braconniers ripostent par rafales de fusils et de mitraillette. Un militaire s’écroule dans un cri.
Drago sait que dans quelques secondes, lui et l’éléphante seront à portée de tir. Gardant son sang-froid, il exerce une légère pression avec ses cuisses autour du cou de la matriarche, lui faisant comprendre qu’elle ne doit plus bouger. La carabine à lunette est déjà stabilisée sur la tête de Kimya. Le jeune homme vise le braconnier au centre du groupe, celui qui tient la mitraillette et qui semble mener l’attaque. Drago retient son souffle. D’un seul coup porté à la tête, l’individu chute de cheval et ne se relève pas.
Les sept individus restants lâchent un hurlement de rage à faire glacer le sang. En une fraction de seconde, quatre braconniers bifurquent avec agilité à gauche. Les trois autres contournent le groupe par la droite.
Drago, Kimya et les militaires du parc sont encerclés…