
Epilogue
-Je me suis trompée, ronchonna Akako quand tout le monde fut rappatrié dans son manoir. Je pensais que Kid ne risquait rien dans le pentagramme, parce qu'il est moldu... J'avais oublié pourquoi la quatrième dimension est justement fermée aux moldus ! Le contre-coup est trop dur !
-Pourtant, il a l'air en pleine forme, remarqua Harry en observant le voleur présenter tête-de-crapeau à son majordome.
De leur côté, Summers et Andersen n'avaient pas quitté leur baguette et s'amusaient à une partie de tennis magique. La boule de lumière allait de l'un à l'autre en lâchant des paillettes multicolores sur son chemin.
-Il est très résistant à la magie. Ton protego lui a peut-être évité d'encaisser le choc de la sortie, mais il a subit celui de l'entrée.
-Attends, ça veut dire que pendant qu'on était hors du cercle, lui devait lutter contre... lui-même ?
-C'est ça. Je m'en suis souvenue après mon réveil.
-Mmh.
Harry observa ses collègues, puis Kid, la main serrée sur sa baguette. Il ferma les yeux, les rouvrit, et soudain, les couleurs du salon semblèrent plus brillantes, moins fixées sur les objets et les vêtements. Par terre, il arrivait à distinguer des ruisseaux d'énergie qui parcouraient le manoir, dans des tons allant du rouge vif au brun presque noir.
-C'est quoi ça ?
Akako comprit de quoi il voulait parler en l'observant suivre du regard les flux d'énergie qu'elle-même pouvait voir.
-Ah, ça. Eh bien, la magie est partout pour qui peut la voir... Mais c'est devenu rare, même chez les sorciers. Tu devrais travailler ton troisième œil, tu as peut-être une affinité avec la magie rouge.
-Bon, petit mage et demoiselle, intervint Kid en s'approchant d'eux. Je m'en voudrait d'interrompre votre conversation mais nous avons un accord.
-On le fera demain, protesta Akako. Tout le monde est fatigué et je suis encore convalescente...
Harry se contenta de lui lancer un Revigor. Elle couina et répondit par un regard noir.
Au premier étage de Sainte-Mangouste, dans un carré séparé des autres par deux paravents, un jeune garçon d'environ douze ans se réveilla en sursaut et se mit à pleurer.
A Poudlard, dans le petit bureau que McGonnagal lui avait prêté, Hermione lisait une lettre de papier, un journal ouvert près d'elle et Hedwige perché sur la fenêtre. La porte s'ouvrit et Ron parut, un peu branlant sur ses jambes, tenant une tasse de thé à la main.
Dans la boutique des Sorciers Facétieux, George avait des cernes sous les yeux et un grand sourire. Un peu avant l'ouverture, il prit sa baguette et s'amusa à déplacer les meubles dans tous les sens.
Dans un petit appartement du quartier moldu de Londres, Harry, Summers et Andersen terminaient de tout fouiller. Andersen découvrit des traces poussiéreuses de sodium, Summers confirma l'emprunte magique de Samuel Ants et Harry découvrit des traces d'un Alohomora mal maîtrisé.
-Aaa... tchoum !
Au quartier général des aurors, le commandant en chef écoutait les bruits de la brigade. Les travaux avaient accéléré ces dernières heures et tout serait bientôt remit en ordre. Il tapota la pile de feuilles qu'il avait finit d'examiner, apposa un tampon « affaire classée » en dessous du nom du coupable et rangea le dossier dans son tiroir avec un petit sort et un grand sourire.
Au cœur du grand manoir perdu au milieu de la forêt, couverte de son grand manteau noir, Akako dormait, la tête contre sa boule de cristal. La porte s'ouvrit et tête-de-crapeau entra, tenant un plateau sur lequel était posé une lettre frappée du sceau de Poudlard.
Perché sur le toit d'un musée italien, la cape volant mollement sous la brise nocturne, Kid regardait Snake et ses hommes se faire emmener par la police locale. Elle leur avait prit et détruit leurs armes et Snake hurlait au scandale.
Une fois seul, toujours perché sur son toit, Kid leva devant la belle lune blanche une petite pierre bleue. Les reflets du bijou, monté sur une armature de diamant, se reflétait sur son monocle et mettait en valeur l'éclat argenté du mince filet de sang sur sa tempe. A l'intérieur du saphir, une autre pierre, minuscule, révéla sa présence aux rayons de lune. Satisfait, le voleur abaissa la pierre, prit un petit tournevis dans sa poche et entreprit de faire un trou dans le saphir. Après quelques minutes de travail, il agita la pierre et ce qui se trouvait figé dedans s'écoula dans sa main. Un liquide rouge se retrouva niché au cœur de sa paume avant que le contact de l'air ne le fasse s'évaporer. Un moment, Kid fixa sa main sans bouger. Puis il lança la pierre désormais inutile au-dessus du garde-fou, où elle atterrit sur le toit d'une voiture qui passait par là. Ce soir-là, un couple qui peinait à joindre les deux bouts découvrirait une fortune tombée du ciel sur sa voiture.
Kid laissa son regard errer vers la lune, appréciant la sensation du vent sur ses joues et contre la soie de son costume. Les étoiles clignotaient, indifférentes à cette soirée qui voyait la fin de sa vengeance. Kid retira son monocle et le laissa tomber à ses pieds. D'un coup de talon, il écrasa le verre qui se répandit en minuscules morceaux sur la pierre du toit, assez petits pour être emportés par le vent ou pénétrer dans les fondations du bâtiment et se faire oublier pour l'éternité. Enfin, le voleur libéré s'envola, quittant le musée pour la dernière fois.
Le monocle resta là, brisé.