Le philtre d'amour

Harry Potter - J. K. Rowling 僕のヒーローアカデミア | Boku no Hero Academia | My Hero Academia (Anime & Manga)
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Le philtre d'amour
Summary
Mina et Ochako ont une idée géniale pour détourner l'attention de leur couple inter-maison et fabriquent un philtre d'amour pour faire tourner la tête à Katsuki et Izuku. Mais tout ne vas pas se passer comme prévu.

Ochako, qui était blottie dans les bras de Mina dans le coin d’un couloir, soupira.

— Qu’est-ce qu’il y a mon ange ?

— Je les vois, ils nous regardent comme si on était folles, on dirait qu’ils n’ont jamais vu… 

— Une gryffondor et une serpentard ensemble. 

— Oui ! Je me sens comme Roméo et Juliette, s’indigna tragiquement Ochako. 

— Tu exagères. 

— Tu crois ? Tu sais que quand je l’ai annoncée, Iida a pris son ton de préfet en chef pour me mettre en garde. Apparemment, vous êtes peu fiables, manipulateurs et sournois. 

— Oui, ce sont là nos principales qualités, j’espère que tu lui as dit que c’est pour ça que je te plaisais, ironisa Mina. 

Ochako leva ses yeux au ciel. 

— Tout le monde pense que nos deux maisons ne peuvent pas s’entendre. 

— En même temps, l’animosité entre Katsuki et Izuku n’aide pas. 

— Oui, les deux préfets en chefs, meilleurs élèves de l’école et capitaines des équipes de quidditch qui se crachent dessus à la moindre occasion, ça fait mauvaise pub.

— Tu sais ma belle, j’ai toujours pensé que s’ils se comportaient comme ça, c’est parce qu’en fait ils sont attirés l’un par l’autre. 

— Oh, mais on est tellement des âmes sœurs, moi aussi, dit-elle tout en se reculant pour mieux plonger ses yeux dans ceux de Mina. 

— Tu sais ce qu’on devrait faire ? On devrait leur donner un petit coup de main. 

— Tu penses à quoi ? 

— Un philtre d’amour, pardi.

— Les philtres d’amour ça permet pas de faire en sorte que des personnes tombent amoureuses, récita Ochako.

— Je sais, la coupa Mina, mais il provoque une forte passion et puisqu’ils s’aiment déjà dit-elle avec un clin d’œil. 

— Mina, tu es le mal incarné, je t’aime, lui dit-elle avant de déposer un rapide baiser sur ses lèvres. 

— Je sais, lui répondit-elle ensuite. 

— Et en plus, avec cette histoire, ce sera eux le centre de l’attention et plus nous, se réjouit Ochako. 

— Je vois bien là le grand cœur et la droiture des gryffondor, se moqua-t-elle.

— Et je pense qu’ils sont faits l’un pour l’autre et qu’ils sont trop têtus, bornés et aveuglés pour s’en rendre compte, notre geste sera un bienfait pour l’humanité ensemble et un grand pas vers la paix dans le monde. 

— Ma petite gryffondor chérie, s’exclama Mina. 

 

La réalisation d’un philtre d’amour s’avéra plus périlleuse que prévu et au bout d’un mois de travail acharné durant lequel se succédèrent menaces de séparations et réconciliations passionnées, elles finirent par obtenir un liquide ressemblant parfaitement à la description du gros volume de potions avancées piquée dans la réserve de la bibliothèque. 

— Et maintenant, il va falloir trouver un moyen de glisser ça dans leur nourriture, sans qu’ils s’en rendent compte. Et je te souhaite bon courage, car autant Izuku est assez confiant et se laisse distraire facilement, autant je pense que tu vas avoir bien du mal avec Katsuki, ricana-t-elle. 

— J’ai déjà ma petite idée, déclara-t-elle avec malice. 

 

Dans la salle commune de Serpentard, l’équipe se préparait à descendre sur le terrain pour leur match contre Gryffondor. 

— J’ai pas besoin de stupide potion pour être le meilleur sur le terrain, cracha Katsuki alors que Mina lui tendait son prétendu tonique de feu au piment. 

— Moi je le veux bien, contra Kirishima, attrapant le gobelet et avalant d’un trait la potion tendue par Mina. 

Au bord de la crise cardiaque, Mina se figea et ouvrit grand sa bouche. 

— Hé ! C’est pas aussi dégueu que je l’aurais pensé. 

— Mais, c’était pas pour toi, bégaya Mina. 

— Il n’en veut pas de toute façon, alors c’est quoi le problème ? 

Dans la tête de Mina se jouait une bataille, qu’est ce qui était le plus urgent ? Empêcher Kirishima de déclarer une passion imaginaire à Izuku ou prévenir sa chère et tendre qu’elle avait fait une mega chiasse de chouette. Le temps qu’elle se décide, la pièce s’était vidée et elle se précipita à la suite des joueurs, vers le terrain. De toute façon, d’ici quelques minutes, toute l’école y serait aussi. 

Dans le flot des élèves, elle agrippa Ochako par le coude et l’attira légèrement à l’écart. 

— J’ai fait une terrible erreur, c’est Eijiro qui a bu le philtre. 

— Quoi ? Comment ? Par le caleçon de merlin qu’est-ce qu’il s’est passé ? 

— Pas le temps de t’expliquer, il faut qu’on trouve le moyen d’annuler les effets de la potion avant qu’Eijiro fasse un truc encore plus abruti que d’habitude. 

Elles sprintèrent vers les vestiaires des Serpentards quand elles virent le roux se diriger sans hésitation vers le vestiaire des Gryffondor. 

— Qu’est-ce qu’on va faire ? se lamenta Mina alors qu’Ochako sortit sa baguette.

— Petrificus Totalus ! s’écria-t-elle. 

Le corps de Kirishima se raidit et il tomba la tête la première dans une belle flaque de boue, éclaboussant les personnes qui se tenaient à proximité. 

— Faites attention quand vous lancez un sort, râla un septième année, pas le moins du monde peiné par le sort du pauvre élève qui venait de se prendre un maléfice de saucisson sous ses yeux. 

— Écartez-vous, je suis préfète, déclara Mina, c’est une opération d’urgence, ne vous en faites pas, tout est sous contrôle. 

— Que crois-tu qu’il va se passer si Izuku se pointe aussi dans les vestiaires des Serpentards et avoue son amour inconditionnel à un Katsuki qui n’a pas bu de filtre ? chuchota Ochako à l’oreille de sa petite amie. 

— Cours, lui intima-t-elle. 

— Alors, on s’est trompé de vestiaire ? se moqua Monoma quand Izuku pénétra dans la pièce. 

Entrant à sa suite dans les vestiaires verts et argent, Ochako avisa rapidement Izuku. 

— ‘Zuku, il faut te préparer pour ton match, le coupa-t-elle. 

Elle l’attrapa par le bras, le tirant hors du vestiaire sous les regards interloqués de l’autre équipe. 

— Attends Ochako, j’ai besoin de lire un truc à Kacchan. 

— Ce n’est pas le moment, peut-être que tu pourrais lui dire après ? 

— Non, c’est important, je dois lui dire tout de suite !

— Parfois, c’est mieux d’attendre. Et de préparer le truc, tu vois ? 

— Tu veux dire, un truc romantique ? 

— Oui, si tu veux, mais plus tard.

— Oui, plus tard. Avec du chocolat et des fleurs. 

— Voilà, très bien, faisons ça. Mais là, tu vas jouer le match, on est d’accord ?

— Oui, je suis obligé, mais après je dirai à Kacchan toute l’étendue de mon amour pour lui. 

— C’est ça, c’est ça, lui assura Ochako. 

Elle retrouva Mina dépitée avec son ami encore saucissonné posé contre un mur comme un balais. 

— Je voulais pas le laisser par terre, s’expliqua Mina.

— Les autres vont le chercher pour le match non ? 

— Oui, il faudrait partir avec lui et aller à la bibliothèque voir comment annuler ce maudit filtre. 

Aussi discrètement qu’il est possible de faire avec un ami magiquement ligoté volant derrière vous grâce à un sort de lévitation, elles se rendirent à la bibliothèque. 

 

Izuku était très déconcentré par le beau Katsuki qui volait sur son balai. Il tenait fermement une batte dans ses mains et envoya un cognard droit sur Izuku qui le reçut de plein fouet sur l’épaule.

— Bien visé Kacchan, l’encouragea le capitaine adverse. 

Katsuki lui lança un regard circonspect, mais se concentra de nouveau sur le jeu. Izuku se massa son épaule sans doute démise vue la douleur, mais elle n’était rien comparé à l’incroyable sentiment qui gonflait actuellement sa poitrine. Kacchan était si beau. Il était si fort. Si intelligent. Comment attendre un instant de plus pour lui dire tout cela. Sauf qu’avec le souffle glacé du vent, les acclamations de la foule et le bruit des battes frappant les balles, il ne l’entendrait pas. Izuku suivait distraitement Katsuki sur son balai, loupant les passes de ses coéquipiers qui finirent par demander un temps mort à la place de leur capitaine. 

— Qu’est-ce qu’il se passe Izuku ? demanda Tsuyu, tu sembles, ailleurs… ? 

— Oui, je ne peux m’empêcher de regarder Kacchan. 

Tous ses coéquipiers se lancèrent des coups d’œil, perdus. 

— Capitaine, ton épaule a l’air bizarre, lui indiqua Mashiro.

— Oui, je crois qu’elle est démise, acquiesça Izuku, se tordant le cou pour apercevoir le capitaine adverse. 

— Tu dois immédiatement aller à l’infirmerie ! s’exclama Tsuyu.

— Mais je vais louper le reste du match ? s’indigna Izuku. 

— On va gérer, toi, vas te faire soigner, allez, file. 

Quand le match fut plié, un bon 650 à 310 en faveur de Serpentard, Katsuki se rendit à grands pas vers l’infirmerie. Le comportement de Deku le taraudait et il voulait comprendre ce qui se tramait. Ses doutes se renforcèrent quand il vit Ochako et Mina au chevet de son rival. 

— J’aurais dû m’en douter que vous trafiquiez quelque chose.

— Kacchan, tu es venu voir si j’allais bien ? Tu es vraiment adorable, s’extasia le gryffondor. 

— Hein ? Tu veux que je te démonte l’autre épaule ? Personne ne dit que je suis adorable, s’écria Katsuki en levant le poing comme s’il allait frapper et Ochako et Mina se mirent sur son chemin. 

— Attends, c’est de notre faute. On a comme qui dirait fait une petite expérience, lui dit Mina. 

— Et il y a eu un riquiqui minuscule problème. 

— Sans déc., crachez le morceau sinon, menaça Katsuki dont la baguette magique projetait déjà des petites étincelles. 

— On a fait boire un philtre d’amour à Izuku, avoua Ochako. 

— Ça va pas de lui dire la vérité ! 

— Pourquoi, tu aurais eu un bon mensonge pour expliquer son comportement ? s’agaça sa petite amie. 

Mina leva les yeux aux ciels. 

— Un philtre d’amour, pour quoi faire ? s’étonna Katsuki. 

C’est le moment que choisit Eijiro pour débouler dans la pièce. 

— Izuku, tu es là ! On m’a appris que tu étais blessé, pauvre chéri, s’écria Eijiro bousculant tout le monde pour approcher plus près d’Izuku. 

— Pourquoi Eijiro est-il, commença Katsuki avant de comprendre. Le tonic, me dit pas que tu comptais aussi me faire boire un philtre, sale harpie ! 

Mina se décomposa, mais heureusement c’est le moment où l’infirmière Chiyo entra dans la pièce. 

— Qu’est-ce que c’est que toute cette agitation ? Mon malade a besoin de repos, vous pourrez le voir après, il sera totalement remis dans moins d’une heure. Allez ouste, les chassa-t-elle. 

— Est-ce que je peux rester ? 

— Est-ce que Kacchan peut rester ? 

Quémendèrent de concert Eijiro et Izuku. 

— Non ! répondirent en cœur toutes les autres personnes présentes dans la pièce. 

Katsuki attrapa par le col son ami et le fit sortir, suivi des deux sorcières contrites. 

Elles avaient appris dans un livre que la seule façon de contrer le filtre était de préparer un antidote qui prenait plusieurs jours à réaliser, mais dans 24 heures les effets seraient totalement dissipés, elles avaient donc opté pour l’attente. 

— Il va falloir empêcher tête d’orties d’approcher de Deku, ordonna Katuski. 

— Pourquoi ? demanda l’intéressé. 

— Oui, pourquoi ? Tu te préoccupes des sentiments de tes amis maintenant ? insista Mina. 

— Parce que, débuta Katsuki.

Il n’avait aucun argument à avancer, il ne voulait juste pas. Il ne voulait pas voir Eijiro minauder devant Izuku, il ne voulait pas qu’Izuku puisse trouver ça mignon et surtout il ne voulait pas les voir s’embrasser. Rien que de l’imaginer lui donnait envie de se battre avec un saule cogneur.

— C’est un sale gryffondor, il pourrait choper une maladie contagieuse, proféra-t-il avant de partir.

Ochako lui tira la langue. 

 

Katsuki alla ensuite se délasser dans la salle de bain privée des préfets, une parfaite solution pour évacuer tous les désagréments de cette journée. La serviette autour de sa taille, il actionna ses robinets préférés, déversant une épaisse couche de bain moussant et d’eau trop chaude pour la plupart des mortels. Il plia et déposa sa serviette sur un tabouret et il se glissa dans l’eau. Il soupira d’aise et ferma les yeux pour mieux profiter des effets relaxants. Il avait presque oublié le complot de sa sorcière d’amie quand le grincement d’une porte le sortit de son alanguissement. 

— Hé, j’ai mis le panneau, c’est occupé !

— Je me doutais bien que tu serais là, tu viens toujours après les matchs Kacchan, susurra Izuku. 

— Tu devrais pas être enfermé à l’infirmerie toi ? gronda Katsuki. 

— Oui, mais l’infirmière m’a laissé sortir plus tôt, ne t’en fais pas je vais bien. 

— Je ne disais pas ça pour, oh, tu fais quoi ?! s’exclama-t-il alors qu’Izuku passait sa robe de quidditch au-dessus de sa tête. 

— Je te rejoins, déclara-t-il sans gêne. 

— Non, tu me laisses prendre mon bain pénard et tu sors, lui ordonna Katsuki.

— Tu vas voir ça sera marrant, lui assura Izuku toujours en train de se déshabiller. 

Katsuki détourna le regard, les joues en feu. Non pas qu’il n’ait jamais vu aucun de ses amis entièrement nu, la proximité à Poudlard faisait qu’il y a avait eu ce genre de moments. Mais là, c’était différent, car à cause des deux crétines, il savait ce qu’Izuku voulait de lui. Par malheur, il était lui-même nu, il n’envisageait absolument pas de sortir de ce bain dont la mousse offrait une protection au moins visuelle à son corps. Sa baguette était bien évidemment rangée avec ses vêtements et il se sentait totalement impuissant face aux événements. 

— Sors de cette salle de bain, tempêta-t-il en ultime recours. 

N’entendant plus un bruit, il jeta un œil pour savoir si le nerd avait enfin décidé de l’écouter. Il avait l’air blessé et ses grands yeux verts le fixaient avec tristesse. Cela fit un truc étrange au cœur de Katsuki qui n’avait jamais vu Izuku dans cet état. Il l’avait déjà vu pleurer, certes, il pleurait souvent. De peur, de tristesse, de rage… Mais là, c’était différent, il semblait vraiment affligé et c’était bouleversant. 

— Ne reste pas nu comme ça, rouspéta le blond de mauvaise grâce, entre, mais tu te mets à l’autre bout, lui indiqua Katsuki qui estima que la baignoire était largement assez grande pour qu’il n’y ait pas de contact. 

— L’eau est super chaude, s’exclama Izuku en s’installant dans la baignoire. 

— C’est comme ça que je l’aime, déclara Katsuki. 

— C’est marrant parce que moi, c’est comme ça que je t’aime toi, roucoula-t-il.

Katsuki leva les yeux au ciel, retenant un ricanement tant la réflexion était navrante. Il découvrait cependant que c’était assez agréable de se faire ainsi désirer. Qu’y avait-il de mal à profiter puisque de toute façon il ne pouvait pas y couper ?

— J’espère que c’est pas comme ça que tu dragues d’habitude, commenta le serpentard.

— Pourquoi, comment tu fais, toi ? interrogea Izuku. 

— Je drague personne, lui avoua-t-il. 

— Ça ne m’étonne pas, tu dois avoir tout le monde à tes pieds. En même temps, c’est injuste, t’es à la fois tellement séduisant et si intelligent. Personne ne t’arrive à la cheville. 

Katsuki commençait à prendre un certain plaisir à se faire encenser ainsi. Et puis ce n’était pas désagréable de ne pas se disputer avec le nerd pour une fois. La porte s’ouvrit une fois encore et cette fois Eijiro apparut dans la pièce. 

— Personne en a rien à foutre que c’est écrit occupé ? s’indigna Katsuki. 

— Quelqu’un m’a dit qu’il avait vu Izuku entrer ici, pourquoi tu es là, toi ? 

— J’étais là avant, s’offusqua Katsui. Mais puisque t’es là, tu tombes bien, passe-moi ma serviette. 

Eijiro s’exécuta, manquant de trébucher sur le carrelage inégal, car il regardait avec insistance Izuku, qui fixait Katsuki. Il arracha sa serviette des mains d’Eijiro et sortit de l’eau en se cachant du mieux qu’il put du regard gourmand que posait le gryffondor sur lui. 

— Si tu sors, je vais prendre ta place, proposa Eijiro gaiement. 

Il fut de nouveau frappé par un sentiment de possessivité intense qu’il n’aurait pas cru posséder. Tout son être criait “MON DEKU, PAS TOUCHER”. 

— Hors de question, laisse le finir son bain tout seul, ça va peut-être lui remettre les idées en place.

— Mais tu étais bien là, toi, geignit le roux.

— J’ai dit dehors, lui ordonna-t-il. 

Une main agrippée à sa serviette pour qu’elle ne tombe pas et l’autre sur le bras de son ami, il sortit de la salle de bain et prévint tout le monde que le premier qui entrerait le regretterait amèrement. 

 

L’après-midi se déroulait comme à son habitude, à part que Mina s’était postée sur un fauteuil à la sortie de la salle commune pour empêcher Eijiro de quitter les lieux. Katsuki terminait son devoir de potion tout en beuglant sur Denki qui ne comprenait rien quand il tentait de lui expliquer quelque chose. Il se rendit soudain compte qu’Eijiro, qui n’était pas en reste en ce qui concernait les questions débiles, était bien silencieux. 

— J’espère que t’as fini ton devoir, grommela le préfet en chef à l’attention du roux. 

— Nop, je suis en train d’écrire un poème pour Izuku. Je trouve d’ailleurs peu de rimes en “cou”. À part bisous dans le cou, se plaignit son ami. 

— Non d’une goule à deux culs, le devoir c’est pour demain, le houspilla Katsuki. Arrête tes conneries et mets-toi dessus avant de te ramasser un T. 

— J’ai presque fini, lui assura ce dernier.

— Y a otaku qui rime, proposa Denki pour l’aider.

— Mais comment tu tournes ça en compliment ? demanda Eijiro, dubitatif. 

Katsuki attrapa le parchemin et le jeta dans le feu de la cheminée de la salle commune.

— Mon poème ! s’étrangla Eijiro. 

— T’en fais pas, le rassura Denki en lui frottant le dos, si ça se trouve il n’aime même pas les poèmes. D’ailleurs, je savais pas que tu avais des vues sur Midoriya, c’est récent ? 

— T’es fou il est parfait, je dois le lui dire, Eijiro se leva. 

Katsuki lui jeta un regard menaçant. 

— Pose ton cul sur ce foutu fauteuil et termine ton devoir, lui ordonna-t-il. 

— Mon brouillon était sur le même parchemin que mon poème, lui dit-il calmement. 

Katsuki était sur le point de péter littéralement un câble. Il lui fallut beaucoup de force pour se rappeler que c’était son ami et qu’il était sous l’effet d’une potion. 

— Bon, tu te rappelles de ce que tu avais écrit ? 

Eijiro entra dans une réflexion intense. 

— Je me rappelle mieux du poème, avoua-t-il. Mais j’avais utilisé un livre précis dans la bibliothèque pour écrire le début, ça je m’en souvient, peut-être que si je retrouve le livre je pourrais réécrire mon devoir ?

Quelques rouleaux de parchemin et de quoi écrire dans un sac et le petit groupe de septièmes années se rendaient dans la bibliothèque. Les yeux d’Eijiro pétillèrent quand il avisa dans un coin l’objet de sa passion et se dirigea droit sur lui. 

— On est là pour ton devoir ! le héla Katsuki quand Shinya, le bibliothécaire, lui intima le silence au risque de se voir obligé de partir. 

Katsuki fulminait. Il s’assit à une table avec Denki et Mina. Celle-ci lui souffla qu’ils n’avaient qu’à les surveiller, après tout, il ne pourrait rien faire de trop extrême ici. 

— C’est insupportable, s’offusqua Katsuki. Tu crois qu’il lui chuchote quoi là ? grommela-t-il alors qu’Eijiro se penchait pour lui dire un truc à l’oreille qui fit sourire Izuku. 

— Jaloux ? proposa Mina. Tu veux que j’aille écouter de plus près. 

— Non, c’est bon. Je suis sûr que c’est stupide ce qu’il lui raconte de toute façon. 

— Oui, si ça peut te rassurer, j’ai vu le mot “troll” dans son poème avant que tu le jettes au feu. Mais ça va poser problème si toi et Eijiro avez des vues sur le même mec. 

— J’ai pas des vues sur Deku, cracha Katsuki. 

— Pardon, mais je suis d’accord, t’as l’air jaloux, insista Mina. 

—Fermez-là tous les deux, grogna-t-il s’attirant un regard de désapprobation du bibliothécaire. 

Katsuki remarqua tout de suite que leurs cuisses se touchaient et que la main d’Eijiro reposait nonchalamment sur l’épaule d’Izuku. Assis à quelques mètres, il observait la scène avec une irritation croissante. Il serra la plume qu’il tenait si fort qu’elle se plia en deux, envoyant une pluie d’encre sur sa table. Denki et Mina échangèrent un regard de connivence. 

Pourtant tout ce qui avait toujours compté pour eux était de devenir de grands sorciers, de combattre les mages noirs et de protéger leur monde. Izuku écoutait avec une attention presque touchante les mots chuchotés par Eijiro à son oreille, se penchant légèrement vers lui. Izuku n’avait jamais été en couple, du moins de ce qu’il en savait. Jusqu’à présent, ni lui ni Izuku ne s’étaient jamais intéressés à ces sottises.

C’est pour ça que je suis énervé, se répéta-t-il intérieurement, tentant de trouver une explication logique à la tempête qui grondait en lui. On n’a pas de temps à perdre avec ces conneries. Il ferait mieux de s’entraîner à jeter des contre-sorts sur Eijiro plutôt que d’écouter son baratin. 

Katsuki alimentait son déni, mais chaque minute rendait son raisonnement plus bancal. La vérité étant que chaque rire étouffé d’Izuku, chaque regard qu’il échangeait avec Eijiro, alimentait une rage sourde qu’il n’arrivait pas à comprendre. Il ne supportait pas de voir son ami si proche de lui. Pas Eijiro. Pas de cette façon.

Il ne fallut heureusement pas longtemps pour que Shinya leur demande de partir à cause de l’agitation qui régnait depuis leur arrivée. 

— Kacchan, s’enthousiasma Izuku quand il fut libéré des griffes d’Eijiro qui le suivait toujours de près, je voulais te voir après le bain, mais je ne t’ai trouvé nulle part. 

— Quel dommage, se moqua le blond. 

Mais, atteint par sa potion, Izuku ne releva pas l’ironie du propos. 

— Tiens, dit-il en lui fourrant une boîte dans les mains, ce sont des fondants au chaudron, je les ai faits pour toi, ils sont pimentés, je sais que tu aimes tout ce qui pique ! Des piments de feu du Pérou, insista-t-il. 

Katsuki attrapa la boîte avec méfiance. Se pourrait-il qu’il y ait quelques gouttes d’amortentia dedans ? 

— Goûtes-en un, insista-t-il. 

— Je n’ai pas faim, contra Katsuki. 

— Moi je vais en goûter un, proposa Eijiro, jaloux d’avoir perdu l’attention de l’objet de ses pensées. 

— Pas touche, lui interdit Katsuki, qui, malgré le fait qu’il n’ait aucune intention de manger quelque chose qu’Izuku aurait cuisiné, ne voulait pas qu’Eijiro se l’accapare. 

— Mais tu n’en veux pas, s’obstina Eijiro en attrapant la boîte par le côté pour la lui prendre des mains. 

— Deku me l’a offert, à moi, revendiqua Katsuki. 

À force de tirer dessus, la boîte s’ouvrit en deux et tout son précieux contenu se retrouva au sol devant le regard peiné d’Izuku. 

— Tu vois ce que t’as fait, s’indigna Eijiro. 

Il s’approcha d’Izuku pour le consoler dans ses bras.

— Ne le touches pas, lui interdit Katsuki.

— Je fais ce que je veux, contra le roux, mais Katsuki le retint par l’épaule.  

— Lâche-moi ! s’offusqua Eijiro.

— Certainement pas. 

— Alors je te provoque en duel, pour avoir blessé l’amour de ma vie, pour mon honneur et puisse cet acte de bravoure éblouir l’homme de mes pensées, s’écria Eijiro.

— Arrête tes conneries, je suis préfet, je ne peux pas déclencher un duel dans les couloirs. 

— C’est moi qui le déclenche ! s’écria Eijiro tout en sortant sa baguette. 

Le bruit ameuta une petite foule dans les couloirs avides de voir ce qui pouvait bien opposer les deux inséparables serpentards. Des chuchotements s’échangeaient des rumeurs comme quoi ce serait au sujet de Midoriya. Personne ne comprenait comment deux serpentards avaient pu tomber si rapidement amoureux d’un gryffondor. 

— On devrait intervenir ? demanda Mina à son amoureuse. 

— D’un côté, je me sens un peu coupable, d’un autre, c’est pas ma maison qui se bat dans les couloirs, proposa-t-elle. Et puis, tu n’as jamais eu envie de voir le meilleur élève de l’école se battre en duel. Je ne pense pas qu’il puisse arriver quelque chose de grave, non ? 

— Kacchan va en faire qu’une bouchée, minauda Izuku qui ne semblait pas le moins du monde inquiet. 

Eijiro lança le premier sort, un basique désarmement que Katsuki contra avec une facilité déconcertante. Il enchaina ensuite, maléfice saucisson, crache limace, sort de projection, d’explosion. Le rythme devenait plus rapide, mais Katsuki les bloqua ou les dévia les uns après les autres, obligeant la foule à s’écarter parfois. Dans le fond, un jeune élève qui n’avait pas eu le temps de fuir vomissait des limaces dans un pot de fleurs. 

— C’est bon, tu as fini ? demanda Katsuki qui avait largement montré sa domination sans lancer un seul sortilège offensif. 

— Pas encore, lui dit-il, mais avant qu’il n’ait eu le temps de réfléchir à son prochain sort, le professeur Toshinori apparut, fendant la foule de curieux spectateurs. 

— Que se passe-t-il ici ? demanda-t-il confus. 

— Eijiro a attaqué Kacchan, lui répondit Izuku. 

Cruelle trahison qu’Eijiro prit de plein fouet. Il bafouilla des excuses, mais le professeur emmena les deux duellistes dans son bureau pour un de ses interminables sermons sur la fougue, la jeunesse, la sagesse et tout ce qui lui passait par la tête. 

 

La soirée avait été pesante, Eijiro n’avait pas voulu descendre manger et Izuku n’avait cessé de faire des petits signes à Katsuki pendant le repas sous le regard amusé de tous les élèves de la grande salle. 

Katsuki était prêt à se coucher quand reçut la visite d’une chouette blanche légèrement caractérielle portant une courte missive qui indiquait “Retrouve-moi dans la salle des trophées à minuit” et c’était signé “ton Deku”. 

Un peu avant minuit, il se tira de son lit dans lequel il s’était couché tout habillé et descendit dans la salle commune maintenant calme. Il eut l’impression de voir un coussin bouger, et sursauta quand il entendit une voix sortir d’un fauteuil. 

— Tu sors ? demanda Mina.

— Pas tes affaires, qu’est-ce que tu fous là ? lui répondit Katsuki. 

— J’ai empêché Eijiro de s’échapper deux fois déjà, qui sait combien de fois il tentera de faire le mur cette nuit. Dois-je aussi m’interposer, vas-tu faire des bêtises Kat ? 

— Je suis préfet en chef, c’est moi qui vous empêche de faire des conneries, rétorqua-t-il tout en disparaissant à travers le tableau qui servait de porte. 

Il allait juste renvoyer Deku dans sa salle commune, à coup de pied s’il le fallait. Il n’allait pas laisser cet idiot attendre toute la nuit dans une salle vide. Et demain, tout cela ressemblera à un mauvais rêve, rien de plus. Il entra dans la pièce dont la porte avait été laissée grande ouverte et sursauta quand elle claqua derrière lui. 

— Espèce de crétin ! lui jeta Katsuki quand il eut repéré sa silhouette dans la pénombre. 

— Je sais que tu as toujours aimé m’insulter, Kacchan, lui répondit-il tout en s’approchant. 

Katsuki l’empoigna par les bras pour le maintenir à distance. 

— Je suis venu te raccompagner à ta salle commune, soupira-t-il. 

— Déjà ? se lamenta Izuku. Tu ne voudrais pas m’embrasser avant ? 

Katsuki n’était pas tout à fait prêt à entendre ce genre de chose de la bouche du nerd. En fait, il n’avait jamais véritablement pensé à ce qu’il représentait pour lui. Deku était là, il l’avait toujours été, leur relation était explosive et c’était ainsi. Mais aujourd’hui, il avait été confronté à de nombreuses nouvelles choses, qu’il ne savait foutrement pas comment gérer.

Il n’avait jamais pensé aux lèvres charnues d’Izuku, aux joues sans doute douces couvertes de taches de rousseurs, aux bras musclés qu’il empoignait actuellement ni à l’odeur boisée qu’il dégageait. Et alors qu’il aurait dû répondre un franc et ferme “non”, il se mit à balbutier. Pardonnez-le, il était tard, il avait beaucoup révisé pour ses ASPICS, il s’était entraîné d’arrache-pied pour la coupe de Quidditch et tout ça était sans compter ses devoirs en tant que préfet en chef. 

Izuku saisit l’occasion et se lova dans les bras qui une minute auparavant le maintenaient hors de portée. Il laissa s’échapper un soupir d’aise lorsque son visage se blottit tout contre le cou chaud du serpentard. Le nerd prit une longue inspiration, se délectant du parfum et de la chaleur de Katsuki. 

Celui-ci se demandait s’il était possible que cette furie de Mina ait mis quelques gouttes de philtre dans son repas ou s’il n’était qu’un homme finalement, gouverné par des instincts plus primaires. Son cœur battait fort et sa raison l’avait abandonné, il n’osait bouger de peur de rompre le charme. La main d’Izuku se posa sur un de ses pectoraux et Katsuki déglutit. 

— Tu es sous l’effet d’une potion, chuchota Katsuki tout en essayant de se rappeler ce point de détail. 

— Je sais ce que je ressens, le contrat Izuku. 

— Non, c’est bien le problème, gémit Katsuki pourtant incapable de se libérer de son étreinte. 

La main remonta sur son épaule, avançant dans son cou. 

— On ne devrait vraiment pas, insista Katsuki.

Il savait pourtant qu’il était le seul à pouvoir les séparer, ses pauvres suppliques ne pouvaient rien contre la force du philtre d’amour. Pourtant il ne le fit pas, il voulait cette main sur sa joue, ces doigts l’encourageant à tourner le visage. 

— Depuis quand tu laisses ça t’arrêter ? riposta Izuku, coup fatal s’il en fallait un.

Ce fut Katsuki qui réduit à néant la distance qui les séparait encore. Et quitte à succomber, il ne le ferait pas à moitié. Ses mains enserrant les hanches du jeune homme, il le plaqua contre lui alors qu’il ruinait la bouche d’Izuku, mordant, lapant, suçant. Il n’hésita pas à y plonger sa langue quand, dans un gémissement, elle s’ouvrit. Il le repoussa jusqu’à un mur sur lequel il prit appui pour plaquer son corps plus fort contre celui de Deku. L’adrénaline affluait dans ses veines, il n’aurait jamais cru qu’embrasser le nerd était encore plus enivrant que de le battre au quidditch. 

 

Izuku se fit réveiller par une main secouant vivement son épaule. 

— Izuku, tu vas finir par être en retard en cours si tu ne te lèves pas. 

Il grommela, il se sentait très fatigué et pourtant il lui semblait avoir dormi une journée entière. Il finit par se lever. 

— Qu’est-ce que tu racontes ? On est dimanche, bâilla-t-il. Tu sais, j’ai fait un rêve super bizarre, dit-il en se remémorant quelques bribes de souvenirs. J’étais amoureux de Kacchan, je crois. Et je me suis démis l’épaule aussi. 

— On est lundi, insista Tenya. Tu as cours de potion dans moins d’une heure. Et pour information, hier, tu n’as cessé de nous répéter à quel point Katsuki était beau, intelligent et musclé. 

Les yeux d’Izuku s’agrandirent, si cette partie était vraie alors, celle dans la salle des trophées aussi ? Un vent de panique intense chassa immédiatement la fatigue. Il se rappelait leurs langues et les mains de Kacchan sur lui et ses mains à lui sur ses fesses. Il sentit son visage le brûler. Il devait être d’une couleur rougeoyante, alors que son traitre de sexe, lui, se tendit. Comment pourrait-il affronter le blond en cours dans une heure et plus curieux encore, qu’est-ce qui s’était passé la veille pour qu’ils en arrivent là. 

Il descendit l’escalier en colimaçon pour rejoindre la salle commune afin d’affronter son tragique destin. Ochako l’attendait avec une tasse de jus de citrouille et un air contrit. 

— Tu vas bien Izuku ? demanda-t-elle. 

— Ça peut aller, répondit-il avec prudence. 

— Tu te souviens d’hier ? demanda-t-elle avec l’air d’un chiot qui aurait fait une bêtise.

— Oh, non Ochako, qu’est-ce que tu m’as fait ?

Elle lui raconta en détail ce qui s’était passé, sauf qu’elle ne savait pas pour sa petite sortie nocturne. Izuku lui en voulait un peu, il hésita un instant à le lui raconter. Finalement, il l’attira à l’écart et lui souffla dans l’oreille quelques mots vagues pour expliquer ce qui s’était passé dans la nuit. 

— Kyaaaaaaaa !!!! cria-t-elle, faisant sursauter quelques étudiants encore ensommeillés qui se rendaient à la grande salle. 

— Chuuuuuut, lui intima Izuku. Tu vois dans quel pétrin tu m’as mis ? 

— Izuku, à ta place je ne m’en ferais pas tant, je te rappelle que toi, tu as une bonne excuse pour ton comportement, mais Katsuki, lui, il t’a embrassé et il n’était pas sous l’effet d’un philtre d’amour. Tu en penses quoi ? 

Izuku s’était arrêté de fonctionner. Il était en train de remettre en cause des années de relations houleuses et compliquées. De son côté, il n’avait jamais caché son admiration pour le blond même si son comportement l’agaçait parfois et que ses idées un peu trop arrêtées étaient des sujets de débats constants qui se terminaient souvent en joutes verbales musclées. Malgré ça, il ne détestait pas Kacchan, il avait été un pilier de sa vie, présent depuis toujours. Leurs relations évoluant d’ami, en rival, en collègue lorsqu’ils devaient travailler en tant que préfets en chef. Et maintenant quoi ? 

— Je dois aller en cours de potion, annonça Izuku et il fila pour éviter de répondre à la question de son amie. 

Il traîna dans les couloirs pour arriver en dernier et vite s’asseoir sans avoir à croiser Katsuki, une stratégie apparemment partagée, car le serpentard se hâtait de l’autre côté du couloir et ils se retrouvèrent tous deux devant la porte au même instant. Leurs regards se croisèrent, puis devinrent fuyants. 

— Soit tu entres, soit tu bouges, grommela Katsuki après un court silence. 

Izuku recula d’un pas, observant le blond s’engouffrer dans la classe sans jeter un regard vers lui. 

Il eut du mal à suivre le cours, d’ailleurs il se fit reprendre plusieurs fois par Tenya avec qui il préparait la potion du jour. Il fixait Katsuki qui semblait en grande discussion avec Eijiro. Et dès qu’un des deux serpentard lançait un regard vers lui, il se détournait, mettant un ingrédient au hasard dans le chaudron bouillonnant. 

— Izuku, que fais-tu encore, ce n’est pas maintenant qu’il faut ajouter le dictame, le rabroua Tenya. 

Izuku balbutia des excuses et tenta de se concentrer. Mais il repensait sans cesse à ce qu’avait dit Ochako. Katsuki l’avait embrassé. Les souvenirs des baisers échangés cette nuit étaient grisants, faisant palpiter son cœur d’une curieuse façon. Était-ce l’effet de la potion qui rendait ces souvenirs si agréables ? Les trois heures du cours de potion passèrent sans qu’Izuku n’ait rien appris sur l’élaboration du veritaserum. Mais durant lequel il avait pris une décision. Il allait confronter Katsuki et confronter ses sentiments, car il était un gryffondor et que les gryffondors sont courageux. 

Sa détermination vacilla cependant à la sortie du cours alors que le serpentard partait d’un bon pas vers la grande salle. Il prit une grande bouffée d’air pour se donner du courage et l’interpella. Katsuki ne fut pas le seul à se retourner. Les rumeurs du duel et de leur soudaine attirance étant un des potins chauds de l’école ce matin. 

— Je voudrais te parler, seul, beugla-t-il en voyant les paires d’yeux braquées sur eux. 

— Vous avez entendu ? Cassez-vous, dit-il en faisant quelques gestes pour évacuer la foule inhabituelle qui était massée dans le couloir. 

Ils patientèrent dans un silence inconfortable jusqu’à ce que les derniers élèves aient disparu.

— Je t’écoute, cracha Katsuki de son ton habituel. 

Rien ne paraissait avoir changé entre eux. Pourtant c’était impossible, pas après ce qu’ils avaient fait dans la salle des trophées la veille, se dit Izuku. Il s’alarma, peut-être avait-il rêvé de cette partie-là. Mais les souvenirs étaient trop réels pour avoir été inventés, se rassura-t-il. 

— Tu m’as embrassé, dit-il et cela sonna plus comme une accusation que ce qu’il avait prévu. 

Il n’avait cependant pas anticipé le silence de Katsuki suite à cette déclaration. 

— Tu m’as embrassé oui ou non ? insista Izuku retombant dans leurs travers de communication, l’agacement prenant le dessus. 

— Oui, c’est bon. Pardon. Il était tard, j’ai pas réfléchi. J’aurais pas dû, grogna-t-il en guise de réponse. 

Ça ressemblait à des excuses aux oreilles d’Izuku, même si le ton n’y était pas. 

— Tu as apprécié ? demanda-t-il, repoussant la chaleur qui s’étalait sur ses joues. 

Il fut surpris de voir que Katsuki rougissait légèrement même si son visage était toujours aussi fermé. 

— Peut-être bien, lâcha-t-il avec évasion. 

— Kacchan, se plaignit Izuku. Je cherche juste à comprendre, peux-tu arrêter d’essayer de fuir cette conversation. 

— Tu n’as qu’à commencer pour voir si c’est si facile, je te rappelle que c’est toi qui m’as harcelé toute la journée ! s’emporta Katsuki. 

— J’étais sous le coup d’un philtre d’amour, opposa Izuku. 

— Mais si tu veux en parler, c’est qu’il n’y a pas que ça, argua-t-il, sinon tu serais juste venu me dire que tu étais désolé pour ton comportement d’hier et que ça ne reproduirait plus, n’est-ce pas ? 

Bouche bée, Izuku ne pouvait pas le contredire. Il prit une inspiration et décida de montrer à Katsuki comment on gérait ce genre de conversation quand on n’était pas un serpentard froid et colérique. 

— Quand je repense à hier, j’ai honte de ce que j’ai pu faire et je suis gêné par ce que j’ai pu dire. Mais quand je repense à ce qu’il s’est passé à la salle des trophées, ce n’est pas pareil. Je crois que j’ai vraiment aimé t’embrasser, même si à cause du philtre, je n’en suis pas certain. Et, quand j’y pense, je ne serais pas contre l’idée que notre relation évolue ainsi. En fait, ça me plairait, je pense. J’aurais cru ça impossible il y a peu. Mais finalement, tu n’as pas été méchant hier avec moi, même si j’étais plutôt agaçant. 

— Je suis pas un connard. Tu avais été drogué. 

— Donc c’est impossible pour toi d’être amical avec moi si je ne suis pas drogué ?

— J’ai pas dit ça !

Il grogna, se demandant pourquoi c’était si dur de parler de ses émotions. Izuku attendant patiemment, constatant que son ami menait une lutte intérieure. 

— J’ai été jaloux hier, quand Eijiro essayait de te draguer. J’sais pas d’où ça sort, j’y avais jamais trop pensé. Mais je n’ai pas aimé ça. 

— Oh, fut tout ce qu’Izuku trouva à répondre. 

— Ouais, oh. Et puis, à la salle des trophées, c’était sympa, ajouta-t-il en détournant le regard.

Izuku ne savait plus ce qu’il devait faire maintenant. Son cœur battait vite, il était mal à l’aise, il l’évitait des yeux. Une idée germa dans sa tête. Il se mit dos à Katsuki et se colla à lui. 

— Qu’est-ce que tu fous ? grommela-t-il. 

— Je suis trop gêné pour te regarder, avoua-t-il. 

— Le fameux courage des gryffondor, se moqua-t-il, mais il n’y avait pas de piques dans sa voix. 

Izuku sentait le corps chaud de Katsuki bouger à chaque inspiration et expiration. Il leva la tête vers le plafond, effleurant du dos de sa tête la nuque de Katsuki qui était légèrement plus grand que lui. 

— Et maintenant, on fait quoi ? questionna le blond, impatient. 

— On s’habitue, répondit-il simplement. 

Izuku ferma les yeux. La pulpe d’un doigt vint effleurer sa main. Timidement, les doigts se cherchèrent en se caressant doucement. Cela envoyait des frissons dans tout le corps d’Izuku. Les doigts s’entrelacèrent d’un commun accord et le dos chaud disparut contre Izuku. Katsuki s’était retourné. La gêne avait disparu de ses pupilles, elles étaient chaudes et empreintes d’une lueur de défi qui le caractérisait bien. Avec une lenteur déroutante, Katsuki rapprocha leurs visages, laissant le temps à Izuku de le repousser s’il le désirait. Mais il ne le fit pas et le serpentard déposa un baiser délicat sur ses lèvres. Sa main libre atterrit tendrement sur la joue, prenant en coupe le visage d’Izuku. Le baiser se prolongea un peu, les deux hommes se goûtant du bout des lèvres. 

— Je crois que ça peut marcher, dit Izuku tout contre Katsuki. 

— Humm, acquiesça-t-il.

— Du coup, tu penses qu’il faudrait remercier Ochako et Mina ? demanda-t-il espiègle. 

— Hors de question, c’était une idée stupide. 

— Oui, mais sans elles, combien de temps tu penses qu’on aurait mis à se rendre compte qu’on se plaisait ?

— Tsk. On n’est pas si bête que ça, grogna Katsuki. 

— Oui, mais on est plutôt butés, enfin surtout toi. 

— Tais-toi et embrasse-moi, exigea Katsuki.