Tribulations devant un miroir

Harry Potter - J. K. Rowling
G
Tribulations devant un miroir
Characters
Summary
Un pré-sectusempra avec les pensées de Draco Malfoy.

    La larme s'écrasa sur le lavabo. Je refusais toujours de regarder mon visage dans ce putain de miroir. Après tout, je l'avais bien cherché, non ? Cette attention. Pouvoir montrer qui j'étais. De quoi j'étais capable. Quelques mois à peine je marchais dans les couloirs la tête haute, le regard fier, comme si le monde m'appartenait. D'ailleurs il m'appartenait. Derrière moi, ma troupe. Je savais qu'ils m'auraient suivi car après tout, c'était moi qui montrait la marche à suivre. Ils ne faisaient que mettre leurs pas dans les miens.

    J'avais moins fait le fier quand je m'étais trouvé devant Lui. Alors que cela aurait dû être mon moment de gloire, celui où l'on reconnaissait mes capacités et ma puissance, ce fut un moment de honte. Je savais bien que ce n'était pas pour ça qu'Il m'avait choisi. Que ce n'était qu'une façon de mépriser les miens. De montrer à tous que nous n'étions que des ratés de père en fils. Après tout, il avait ri devant ses fidèles avant de poser sa marque. Sa putain de marque. Je ne peux pas nier l'avoir désirer. M'en être enorgueilli devant Parkinson. Mais lorsque que les paroles deviennent des actes, tout est différent.

    La douleur avait été terrible. À mon retour au château, j'avais une mission impossible et une rancœur éternelle qui coulait dans mon être. À défaut de pleurer, j'avais levé la tête et m'étais attelé à la tâche, relevant le défi comme un enfant qui fonce la tête baissée dans la provocation. Ce qui était une querelle de gosse c'était transformé en piège vicieux qui m'enserrait la gorge. Je le savais bien qu'à tout moment le piège pouvait se refermer cruellement.

    Lui avait tout réussi. Il Lui avait échappé un nombre incalculable de fois et c'était aussi à cause de lui que mon père... Si lui brillait d'un côté, aveuglant tous ceux qui l'entouraient, moi je serais l'autre source de lumière, son opposé, son égal. Rogue m'avait bien proposé son aide mais accepter, c'était reconnaître mes erreurs, ma faiblesse et surtout... Le fait qu'on m'avait confié cette mission pour humilier ma famille.

    J'ai toujours voulu briller. Après tout, on m'a appris que je ne devais rien au monde mais que le monde me devait toujours tout. Mon existence était désirée, ma présence recherchée. C'est seulement à mon entrée au collège que mes convictions se virent... ébranlées.

    Je m'accrochais désespérément à ce foutu lavabo. Pleurer dans les toilettes des filles, sérieux ? Avec Mimi Geignarde pour me consoler ? Je me dégoûtais. J'étais tombé bien bas. Dans des profondeurs abyssales. Tout ça, c'était sa faute. Ça l'avait toujours été. Dès les premières secondes où il m'avait refusé une chose que je ne distribuais que parcimonieusement. Il m'avait humilié dès le premier jour.

    Mais je leur montrerai, je leur montrerai à tous qu'ils avaient eu tord de rire. De me mépriser. De nous mépriser. Ma famille est l'une des plus anciennes d'Angleterre, l'une des plus puissantes, l'une des vingt-huit sacrés. On ne traîne pas impunément dans la boue l'argent et le nom.

    Mon regard glisse et traverse la fenêtre. La neige a recouvert le paysage et cache ses imperfections. Mon souffle s'écrase contre le miroir et une buée y naît. Elle augmente et rétrécit en suivant le rythme de ma respiration. Inspiration... expiration... inspiration... Peut-être que ma vie s'envolera avec cette dernière expiration ? Mimi essaie encore de me réconforter et sans que je puisse m'en empêcher, je gémis qu'il n'y a rien à faire. Parce que c'est vrai.

    Je regarde enfin mon reflet. Mes yeux sont rouges de pleurer et mes cheveux en désordre. Je n'aime pas l'image faiblarde que je renvoie. Soudainement, je vois dans un coin du miroir, au second plan, une deuxième silhouette.

    TOUT mais pas LUI.

    Je me retourne et attaque. C'est ce que font les bêtes traquées et c'est ce que je suis. C'est tout ce qu'il me reste, l'attaque dure et frontale. Personne n'avait le droit de me voir dans cet état, encore moins lui. Les sorts pleuvent et le lieu morbide et silencieux se change en champ de bataille cacophonique. Je le regarde, haineusement.

« ENDOLO...

- SECTUSEMPRA ! »

    Je sens mon corps projeté dans les airs puis s'effondrer brusquement sur le sol. Je ne réalise pas tout de suite. La douleur ne vient qu'après mais elle est terrible. Tout devient flou et les bruits se mélangent. J'ai mal. Je tremble. Je sombre. Les abysses m'emportent et tout devient calme. Paisible.