
chapitre 2
Chapitre 2 :
Au loin, des gyrophares clignotèrent, confirmant les dires de la femme aux cheveux roses. Elle ne lui laissa pas le temps de s’attarder : d’un geste ferme, elle lui attrapa le bras et l’entraîna dans une course précipitée à travers les rues labyrinthiques de Laurios. Elle semblait connaître chaque détour, chaque recoin de la ville. Ils ne prenaient que des ruelles sombres et étroites, des passages excentrés qui offraient l’avantage de les dissimuler, mais aussi celui de multiplier les pièges dans l’obscurité.
Ambrose, moins agile, trébuchait presque à chaque pas. Il manqua de renverser un cageot de tomates, évita de justesse une bouche d’incendie et faillit même assommer un chat errant d’un coup de pied maladroit. Il avait arrêté de compter les félins qu’il avait frôlés quand enfin, ils débouchèrent sur le pont Ameira.
Le souffle court, ses poumons en feu, Ambrose leva les yeux vers l’immense construction qui s’étendait devant eux. Le pont Ameira, une arche imposante d’acier et de pierre, reliait les provinces de Los Oleas à la capitale. En contrebas, une crevasse vertigineuse se perdait dans les ténèbres, séparant les deux territoires.
Ambrose s’arrêta net.
À l’autre extrémité du pont, des silhouettes attendaient, armées et alignées en formation. Des militaires, des Sentinelles.
– Sérieux… Tout ça, pour moi ? marmonna Ambrose, non sans une once de fierté.
Il risqua un regard vers la jeune femme qui l’accompagnait, elle ne se souciait pas le moins du monde de leur comité d’accueil. Ses doigts fins se refermèrent sur la barrière en métal, le vent siffla autour d’eux, soulevant ses cheveux roses comme une flamme dans la pénombre.
Ambrose, haletant derrière elle, fronça les sourcils. Son regard suivit le sien, plongeant dans l’immensité obscure du ravin en contrebas.
– Qu’est-ce que vous faites ? » demanda-t-il, la voix tremblante malgré lui.
Elle ne répondit pas. Un sourire énigmatique étira doucement ses lèvres, et elle passa une jambe par-dessus la rambarde. Puis l’autre. Maintenant perchée, le dos droit et les mains accrochées au garde-fou, elle était suspendue entre le vide et la structure du pont.
Le vent continuait de souffler, faisant flotter son manteau derrière elle comme une cape. Elle baissa légèrement la tête, comme si elle cherchait quelque chose dans l’abîme. Ambrose sentit un frisson glacé courir le long de son dos.
– Qu’est-ce que vous comptez faire ? hasarda-t-il à nouveau, sa voix teintée d’un mélange de panique et d’incrédulité.
Pas de réponse.
Il voulut croire qu’elle cherchait à créer une diversion pour faire hésiter les soldats qui accéléraient leur course dans leur direction. Mais ce doute s’évapora lorsqu’elle se retourna légèrement vers lui et lui tendit la main.
– Viens.
Ambrose recula instinctivement d’un pas, les yeux écarquillés.
« Hors de question. »
Mais elle n’attendit pas sa réponse. D’un geste rapide et précis, elle agrippa sa main et l’attira avec une force surprenante. Avant qu’il ne puisse protester davantage, il se retrouva lui aussi de l’autre côté de la rambarde, ses doigts crispés sur le métal glacial.
Les cris des soldats résonnaient derrière eux. Ils s’étaient rapprochés, les bottes martelant la surface du pont avec une régularité implacable.
Ambrose risqua un coup d’œil vers le ravin sous ses pieds. Rien. Rien d’autre que l’obscurité totale. La crevasse était si profonde qu’elle semblait avaler toute lumière, toute vie.
– Vous êtes folle. On va mourir, murmura-t-il, les articulations blanchies par la force avec laquelle il agrippait la rambarde.
Elle tourna la tête vers lui, son sourire toujours présent, mais cette fois teinté d’un éclat audacieux.
– Fais-moi confiance, répondit-elle simplement.
Derrière eux, les soldats avaient atteint le centre du pont. Ambrose entendit une voix aboyer un ordre, et un frisson glacé le parcourut en comprenant qu’ils n’avaient plus d’échappatoire.
– On saute, dit-elle, son ton calme, comme si elle annonçait l’heure.
Ambrose secoua la tête avec frénésie.
– Non, non, non. Vous êtes complètement…
Mais avant qu’il ne puisse terminer, elle lâcha prise.
Et le monde bascula dans l’abîme.
Ambrose hurla, ses bras cherchant désespérément à attraper quelque chose, n’importe quoi, pour ralentir leur chute. Ses doigts glissèrent inutilement sur le métal froid de la rambarde, et il sentit son estomac se nouer.
– Je vais mourir, je vais mourir, je vais— », commença-t-il, avant de hurler encore plus fort.
Le vent siffla autour d’eux, et la crevasse semblait interminable. L’obscurité les avalait tandis qu’ils plongeaient dans les abysses. Ambrose jura à plusieurs reprises, insultant copieusement celle qui l’avait précipité dans cette chute insensée.
Mais alors qu’ils approchaient dangereusement d’un éclat de lumière bien trop loin en dessous, il sentit une chaleur émaner de la femme. Elle resserra son étreinte, et une lueur intense jaillit soudain de son poignet, éblouissant le jeune voleur.
Ambrose aperçut un bracelet noir serti de petites gemmes étincelantes. D’un mouvement habile, elle frappa l’air de sa main, et un réseau complexe de fils lumineux se déploya autour d’eux. Les fils se regroupèrent en une structure semblable à un filet gigantesque qui se matérialisa sous leurs pieds à une vitesse fulgurante.Ils s’écrasèrent sur la surface lumineuse avec un rebondissement qui coupa le souffle d’Ambrose. Sa tête heurta légèrement le filet, et il resta allongé, les yeux écarquillés, la bouche ouverte, tentant de comprendre ce qui venait de se passer.
Le filet vibrait doucement sous eux, comme s’il était vivant, avant de se dissoudre lentement, les déposant au sol dans un dernier éclat de lumière. Ambrose se releva difficilement, les jambes tremblantes, son souffle erratique.
– J’imaginais pas le paradis aussi lumineux, grogna-t-il, essuyant la sueur sur son front.
Elle, en revanche, semblait parfaitement calme. Elle effleura le bracelet du bout des doigts, et les gemmes cessèrent de briller, redevenant un simple ornement noir.
– Désolée de te décevoir, dit-elle en croisant les bras, un sourire amusé aux lèvres. « Mais on est toujours bien en vie.
Ambrose balaya l’endroit du regard, ses yeux s’habituant lentement à la pénombre. Leurs pieds reposaient sur des pavés usés, entourés de bâtiments décrépits et de lueurs vacillantes. Il y avait des ombres dans chaque recoin, et l’odeur de fumée et de métal flottait dans l’air.
– C’est… ça, la vie après la mort? demanda-t-il, encore confus.
Elle haussa les épaules et se détourna, jetant un regard vers une ruelle sombre.
– Bienvenue dans le vrai monde, petit. Tu vas vite comprendre que ça peut être bien pire que la mort.
Un léger ricanement se fit entendre à leur gauche. Le jeune voleur comprit que quelqu’un l’observait. Il était totalement déboussolé, était-il réellement au fond d’une crevasse, ou la femme à côté de lui les avait emmené ailleurs ? Il suivit ce rire amer et découvrit qu’il provenait d’une silhouette à l’allure nonchalante adossée à un mur en contrebas, légèrement inclinée, une main dans la poche, l’autre portant une cigarette fumante à ses lèvres.
La femme se redressa lentement, sortant de l’ombre avec une démarche décontractée, presque paresseuse. Une veste en cuir noire battait légèrement contre ses hanches, et son visage, éclairé par une bouffée de lumière orange provenant de sa cigarette, révélait des traits aiguisés et des yeux d’un bleu froid qui scrutaient la scène avec une lueur amusée.
Elle observa Ambrose un instant, puis se tourna vers Shay avec un sourire en coin.
– On sauve des gosses, nous, maintenant ? lança-t-elle en expirant une longue volute de fumée.
Shay leva les yeux au ciel, continuant d’épousseter calmement son manteau sans répondre immédiatement.
– Au moins, il est plus utile que toi, répliqua-t-elle finalement, sans même la regarder.
Elle haussa un sourcil, un sourire discret flottant toujours sur ses lèvres, avant de tirer une dernière bouffée de sa cigarette et de la jeter sur le sol, l’écrasant du bout de sa botte.
Elle ne fit pas un geste vers Ambrose, ne lui adressa même pas un regard, mais son simple silence pesait assez pour lui donner la désagréable impression d’être un insecte sous une loupe.
– On bouge, dit-elle finalement, sa voix basse et coupante, avant de s’éloigner vers une ruelle sombre.
Pourquoi devrait-il les suivre ? Il venait d’être crapahuté au milieu de nul part, avec des inconnus qui ne semblaient pas être là pour discuter de la pluie et du beau temps. Il aurait pu partir en courant, mais pour aller où ? Rentrer chez lui ? Il avait tout perdu, mais il lui restait deux choses : son butin et un nouvel espoir de revoir sa sœur. Son visage passa dans son esprit, il était si dur. Ce qui attirait l’attention d’Ambrose est qu’elle semblait avoir été
mise au courant qu’il serait là, comment ? Lui-même ne le savait pas l’heure d’avant.
Finalement, il attrapa son sac à dos et se mit debout, prêt à les suivre.
– Qui est-ce ? demanda-t-il à la femme qui l’avait sauvé - si l’on pouvait appelé cela sauver.
Un ricanement dans la gorge, elle fit volte face et le toisa. Ambrose avait toujours été doué pour comprendre ce que les gens disaient en un regard, seulement, celui de cette inconnue, semblait muet, complètement muet.
– Mon associé, Z.
Ambrose hésita, son regard oscillant entre la ruelle sombre où Z s’éloignait et Shay, qui remettait calmement son manteau en place.
– Penses à lui dire qui tu es, aussi, si on veut éviter qu’il parte en courant, marmonna la dite-associée, sans interrompre sa marche.
Shay soupira et sortit sa main de la poche de son manteau pour la lui présenter.
– Shay Visha. Présidente d’une association d’individus qui pourrait t'intéresser. Je travaille avec quelqu'un que tu connais.
Elle n’était pas gourmande en matière d’information. Son associé revint vers eux en ajoutant, avec un regard complice pour la dénommée Shay :
– En d’autres termes, elle est cheffe de gang.
Soudainement, Ambrose eut un mouvement de recul, serrant les lanières de son sac à dos :
– Vous en avez après mon butin, s’exclama-t-il, s’attendant à ce qu’elles se jettent sur lui.
Un silence s’ensuit. Il ne fut troublé que par un éclat de rire, qui provenait de Z. Elle le toisait, hilare.
– J’avais déjà peu d’estime pour les criminels de la surface, mais là…
Shay, en revanche, n’avait pas bougé. Elle croisa les bras, son expression calme presque désarmante.
– Personne ici n’en a après ton butin, » dit-elle d’un ton plat. « Si c’était le cas, on l’aurait déjà. »
Ambrose se figea, les mots de Shay résonnant dans son esprit comme un fait indéniable. Elle n’avait même pas haussé la voix, mais il savait qu’elle disait la vérité.
Z s’avança lentement, ses pas résonnant sur les pavés humides, et s’arrêta juste devant lui. Elle inclina légèrement la tête, le regardant comme on étudierait une bête curieuse.
– Tu sais, commença-t-elle, presque doucement, si elle voulait vraiment te voler, elle n’aurait pas eu besoin de sauter dans un ravin pour te sauver.
Elle laissa un sourire malicieux se dessiner sur ses lèvres, avant de lui tourner le dos et de reprendre sa marche.
Shay haussa les épaules.
– Je t’ai dit qu’on pouvait t’aider. Si tu préfères te débrouiller tout seul, c’est ton choix. Mais ne reste pas planté là.
Ambrose hésita, ses pensées se bousculant. Cette femme – Shay – savait quelque chose. Ses mots, « je travaille avec quelqu’un que tu connais, » tournaient en boucle dans son esprit. Était-ce un piège ? Peut-être. Mais il n’avait pas d’autres options.
– Attendez… » finit-il par lâcher.
Shay et Z s’arrêtèrent en même temps, mais aucune des deux ne se retourna.
– Qui ? demanda-t-il, presque suppliant. Qui est cette personne ?
Shay tourna légèrement la tête, son regard captant le sien dans la pénombre.
–Quelqu’un qui tient à toi.
Et sans attendre sa réponse, elle reprit sa marche, forçant Ambrose à courir pour les rattraper.Ambrose suivait Shay et Z d’un pas hésitant, serrant instinctivement les sangles de son sac à dos. Ses yeux scrutaient les environs, absorbant chaque détail des ruelles qui s’enfonçaient toujours plus profondément dans les entrailles d’Oleanthis.
C’était comme s’il avait quitté la ville qu’il connaissait pour entrer dans une autre dimension, un monde où la lumière semblait bannie. Les bâtiments qui l’entouraient étaient si rapprochés qu’ils donnaient l’impression de se refermer sur lui. Les briques, noircies par la suie et le temps, exsudaient une humidité glaciale. L’air était épais, chargé d’odeurs désagréables : la pourriture, le métal oxydé et cette note métallique qui lui rappelait du sang.
Les rares lumières provenaient de néons accrochés au hasard, vacillant entre la vie et la mort. Certains clignotaient de manière erratique, projetant des éclats rouges ou verts maladifs sur les pavés humides. Des ombres dansaient sur les murs, donnant vie à des silhouettes monstrueuses qui disparaissaient aussi vite qu’elles étaient apparues.
Ambrose essayait de rester concentré, mais chaque pas lui donnait l’impression d’entrer un peu plus dans un piège. Il remarqua des regards qui le fixaient depuis les recoins sombres. Des hommes et des femmes aux visages émaciés ou dissimulés sous des capuches. Certains étaient assis sur des caisses ou adossés à des murs, leurs yeux le suivaient comme s’ils jaugeaient la valeur de son sac ou de sa vie.
Shay et Z avançaient sans hésitation, comme si elles faisaient partie de ce décor inquiétant. Ambrose, lui, se sentait comme un étranger au mauvais endroit.
Des étals de fortune bordaient certaines ruelles : des tables branlantes ou des caisses empilées où des vendeurs chuchotaient des offres douteuses : potions illégales, lames artisanales, objets enchantés aux origines visiblement obscures. Chaque murmure, chaque tintement de pièces sonnait comme une transaction sinistre, un secret échangé dans une langue qu’il ne comprenait pas.
Un cri lointain, suivi d’un bruit sourd, lui fit sursauter. Shay ne broncha pas, mais Z tourna légèrement la tête vers lui, un sourire en coin, comme si elle trouvait sa nervosité amusante.
– Bienvenue dans les bas-fonds, gamin.
La voix de Z était aussi froide que l’air qui semblait se resserrer autour de lui. Ambrose tenta de répondre, mais ses mots restèrent coincés dans sa gorge.
Ils passèrent devant une porte métallique à moitié ouverte, laissant entrevoir une pièce enfumée où des silhouettes massives jouaient aux cartes autour d’une table éclairée par une simple ampoule suspendue. Une détonation étouffée résonna à l’intérieur, suivie d’un éclat de rire rauque.
Ambrose détourna les yeux, accélérant le pas pour ne pas perdre Shay de vue.
– C’est quoi cet endroit ? demanda-t-il enfin, sa voix tremblante.
Shay tourna la tête vers lui, un sourire énigmatique sur les lèvres.
– Un refuge, pour tous ceux que la couronne ne veut pas compter parmi ses enfants.
Ils atteignirent une place centrale, bordée de bâtiments plus imposants mais tout aussi délabrés. Des groupes de personnes se tenaient près de tonneaux en feu, leurs silhouettes se découpant dans la lumière vacillante. Ambrose sentit un frisson glacé lui parcourir l’échine.
Chaque détail semblait crier danger, mais il n’avait nulle part où aller.
– C’était un refuge pour les Nihilars pendant la guerre d'indépendance, la tradition a perpétué, lui expliqua calmement Shay sans le regarder.
Ceux qui n’avaient pas de pouvoir étaient les moutons noirs de Los Oleas, traqués, asservis, leur vie était une longue marche aux enfers. Les seules issues pour eux, en dehors des camps de travail en province, étaient d’être placés sous la protection d’une famille d’Aetheriens, ou de rejoindre les Sentinelles.
– Vous en êtes, dit-il, un peu plus bas, par habitude.
– Je suis une Invisible comme toi, si je ne me trompe pas. Tu verras, ici la barrière magique n’a aucun pouvoir, on pratique tous la sorcellerie.
Son regard glissa sur le bracelet de la jeune femme. Il comprit qu’ici, ils fabriquaient des objets pour rendre la pratique de la magie Invisible plus simple. Lui avait seulement vu son frère faire léviter une caisse une ou deux fois quand ils étaient hors du Creuset.
– Z en est une, par contre.
Ils tournèrent à l’angle d’une rue et se retrouvèrent devant une impasse contenant un unique commerce. Peu éclairée, sa devanture était sobre. L’enseigne semblait écrasée entre deux habitations, dont les fenêtres étaient recouvertes par des morceaux de cartons. Un simple lys noir était gravé au dessus de la porte et il put voir de la lumière s’échapper du dessous de celle-ci. Au moins ils n’étaient pas plantés devant un bâtiment abandonné. Bien qu’il ne soit pas très accueillant à première vue, il l’était déjà plus que le taudis dans lequel il vivait avant. Là-bas, il ne dormait jamais que d’un seul œil.
Ambrose et Shay s’arrêtèrent brusquement, sans prononcer le moindre mot.
–Vous comptez coucher dehors ? finit par dire Z, pour détendre l’atmosphère.
Z lâcha la remarque d’un ton sec, la voix chargée d’impatience, ses bras croisés contre son manteau. Elle écrasa ce qui restait de sa cigarette contre un mur proche, le geste accompagné d’un soupir. Ambrose resserra instinctivement les sangles de son sac, lançant un regard hésitant vers la porte verte devant laquelle ils attendaient.
Sa gorge était sèche, et il n’aimait pas l’atmosphère qui régnait ici, encore moins l’étrange calme de Shay et Z.Un tintement retentit soudain : les clochettes accrochées à la porte venaient de résonner. La lumière qui filtrait de l’intérieur projeta une ombre massive sur le seuil.
Z jeta un coup d’œil nonchalant, et un sourire étira le coin de ses lèvres.
– Ah. Voilà le grand moment, murmura-t-elle, sa voix chargée d’ironie.
Ambrose fronça les sourcils. Puis la porte s’ouvrit entièrement.
Il sentit son souffle se couper. Ses jambes faillirent flancher sous lui.
Non. C’était impossible.
L’homme qui se tenait là, droit comme un roc, ne pouvait pas être réel. Et pourtant, chaque détail semblait confirmer l’évidence : le visage anguleux, les épaules carrées, ces yeux sombres et glacials qu’il n’avait jamais pu oublier.
Ambrose recula d’un pas, le cœur battant à tout rompre.
Oscar.
Il était là, bien vivant, alors qu’Ambrose avait passé des années à croire qu’il était mort.
Oscar ne partageait visiblement pas son choc. Il resta impassible, observant son frère avec une froideur presque clinique. Puis un sourire lent, dénué de chaleur, se dessina sur ses lèvres.
– Salut, petit frère.