
Prologue
Harry se réveilla en sursaut, le cœur battant à tout rompre comme s'il émergeait d’un abîme sans fin. Son cri brisé — « Cédric ! » — se perdit dans le silence oppressant de la chambre. Tremblant, il se redressa, les draps en désordre témoignant de ses cauchemars.
Ginny, à côté de lui, ouvrit les yeux. Elle ne dit rien, ne posa même pas de question. Elle n’en avait plus besoin. Depuis combien de temps déjà ce cauchemar hantait leurs nuits ? Sans un mot, elle se leva et quitta la chambre.
Harry resta immobile, son souffle saccadé. Il se prit la tête entre les mains. Il savait ce qui allait suivre, mais le silence sans reproche de sa femme lui serra plus le cœur que sa colère. Il aurait préférée sa colère. Il suivit Ginny du regard tandis qu’elle sortait de la chambre, ses pas s’effaçant dans l’ombre du couloir, et chaque mètre qu’elle mettait entre eux ce soir semblait les éloigner davantage.
Après avoir prit un moment pour tenter de rassembler ses pensées, il se leva à son tour. Ses pieds nus frissonnaient sur le parquet froid alors qu’il avançait vers le salon, où il savait qu’elle l’attendait.
Comme prévu, il trouva Ginny près de la cheminée, les bras croisés, le regard perdu dans les flammes. Ce qui frappait Harry, plus que le feu dansant sur son visage, c’était cette absence d'étonnement dans son attitude, ce calme douloureux qui semblait émaner d'elle.
« Ginny… » murmura-t-il, une hésitation dans la voix, mais elle ne se retourna pas. Il la regarda, son cœur se serrant, conscient qu’il était peut-être déjà trop tard. Que cette fois était peut-être la fois de trop. Ils étaient passés bien des fois par ces moments de tension, et pourtant, il sentait que cette fois-ci, c’était différent. Les mots lui manquaient, mais il se força à continuer.
« Je suis désolé… Je ne voulais pas te faire de mal. » Sa voix n'était qu’un souffle. Il sentait bien que ses mots paraissaient dérisoires après toutes ces années de douleur accumulée, et Ginny ne répondit pas immédiatement. Elle se tourna enfin vers lui et le fixa longuement, une tristesse infinie dans les yeux.
Finalement, elle secoua la tête avec un sourire triste, résigné, sans haine.
« Je sais, Harry. » Sa voix était calme, douce même. Elle s’approcha de lui, pesant chaque pas, comme si elle approchait un animal blessé. Elle s'arrêta devant lui et semblait hésiter sur ses mots avant de finalement prendre la parole.
« Mais… je ne peux plus continuer Harry. Je ne peux plus vivre dans l’ombre d’un fantôme. »
Les mots de Ginny frappèrent Harry comme un coup en plein cœur. Cette confrontation qu’il avait tant redoutée, elle était là, inéluctable. Il la regarda avec un air désespéré, mais elle poursuivit, sa voix tremblant à peine.
« Cédric… Il est là entre nous, chaque jour, chaque nuit. Il a envahit toute notre vie. Toute ma vie. Et moi… moi je me suis effacée. » Elle soupira, détournant le regard vers le feu.
« Je t’aime Harry. Je t'aime de tout mon cœur, mais je ne sais plus si je suis prête à m’effacer éternellement pour un souvenir. »
Harry resta silencieux, incapable de détourner le regard ou de formuler un mot. Il aurait voulu s’excuser, se défendre, mais quelque chose dans les paroles de Ginny lui montrait que quoi qu'il dise, la décision de Ginny était prise. Elle avait raison. Ce fantôme, il ne l’avait jamais vraiment laissé partir.
Ginny inspira, comme si elle essayait de se donner du courage.
« Harry, je ne peux pas rester ici, à attendre que tu te libères de ce passé… Tu as beau dire que tu veux guérir, que tu vas guérir. Mais cela fait combien d'année Harry ? Tu ...tu es resté figé. Peut-être que ...c'est comme si tu ne voulais pas vraiment avancer. Tu penses le vouloir, mais au fond, peut-être que tu ne veux pas.»
Il se sentait défaillir sous ses mots. Il n'osait pas détourner le regard. Il n'avait pas le droit de se cacher. Et en cet insant, Ginny était si proche de lui, et pourtant il avait l’impression d’être si loin d’elle.
« Je comprends, » reprit-elle doucement. «Sans doute pas totalement, mais je pense que je comprends ce que tu ressens, ce que tu as vécu, ce deuil, ce que tu n’as jamais pu oublier. Mais moi aussi, je me sens oubliée parfois, Harry. »
Elle laissa un soupir échapper de ses lèvres, toute sa douleur contenue dans ce simple souffle.
« C’est comme si, entre nous, il était toujours là. Cédric. Il est là Harry, il prend toute la place dans ton cœur. Il prend tellement de place. Je .. je ne sais pas si tu as une place pour moi dans tout cela Harry. »
Elle baissa la tête un instant, comme si elle cherchait les mots pour dire ce qui la tourmentait. Puis elle releva les yeux vers lui.
« J’ai essayé, Harry. J’ai essayé d’être là pour toi, de t’aider à faire ton deuil. Mais… j’ai l’impression que je ne pourrai jamais rivaliser avec un souvenir aussi puissant. Que je ne pourrai jamais être assez présente pour toi, pas tant que tu n’auras pas accepté de tourner la page. Je .. Tu es mon grand amour Harry, mais ... je ne pense pas que je sois le tien.»
Les mots de Ginny frappèrent Harry comme une onde de choc. Il avait toujours cru qu’ils pourraient s’en sortir, qu’il suffirait de tout faire pour oublier. Mais rien n'était aussi simple, et Ginny semblait l'avoir compris bien avant lui. Et n’en pouvait plus de cette absence constante qui pesait sur leur couple. Elle n'était pas furieuse, non. Elle était juste… épuisée.
« Tu as le droit de ne pas pouvoir oublier, Harry, tu as le droit de ne pas vouloir oublier. Je ne t'en veux pas Harry. C'est normal, surtout quand on considère les circonstances et tout ce que tu as vécu dans les années qui ont suivie.» poursuivit-elle doucement, les yeux noyés d’une tristesse qu’elle n’avait pas voulu lui montrer jusqu’ici. « Mais je n’arrive plus à vivre dans cette ombre. J’ai passé trop de nuits à attendre que tu sois là, avec moi, vraiment là, et non perdu dans un autre monde. Et moi, je suis restée là, à t’attendre. » Elle se détourna vers la cheminée à nouveau, comme pour ne pas le laisser voir à quel point ça la faisait souffrir. « Je t’aime, mais je ne peux pas être plus que ce que je suis. Je ne peux pas être Cédric, et je ne veux pas être que son ombre. »
Harry sentit son cœur se serrer. Il ne pouvait rien dire, rien faire. Il avait perdu Ginny ce soir. Il le sentait au plus profond de lui-même. C'était la fin pour eux deux. Il sentit les larmes commencer à rouler sur ses joues. Il avait tout gâché.
Ginny se tourna à nouveau mais cette fois ce n'était pas vers lui. Ginny se tourait vers la sortie, faisant un pas vers la porte.
« Je ne veux pas vivre dans un amour incomplet, Harry. Je mérite mieux que cela. »
Elle trouva les yeux d'Harry et plongea son regard dans le sien pour la première fois. Ses yeux étaient remplis de larmes qu’elle ne voulait pas verser devant lui.
« Je vais partir, mais… je ne t’en veux pas. J’espère juste que tu arriveras à guérir. J'espère que tu seras heureux Harry.» Elle fit un dernier pas vers la porte et la franchit.
Harry resta là, figé, son cœur se brisant dans le silence qui semblait engloutir toute la pièce. Ginny avait compris. Elle l’avait toujours compris, mieux que lui-même. Mais maintenant, c’était à lui de trouver une façon de réparer ce qui était cassé. Et il n'était même pas sûr de savoir par où commencer.
Harry resta là, les bras suspendus dans l’air en direction de Ginny, comme si les mots se perdaient avant même d’être sortis. Il sentit la pression sur sa poitrine. Il devait faire quelque chose, essayer de réparer au moins leur amitié. Il le devait à Ginny, à tout ce qu'elle avait sacrifié. D'un coup, il se mit en mouvement et la rattrapa au seuil de la porte, ses mains tremblantes.
« Ginny, attends »
Elle se retourna lentement, ses yeux se plantèrent dans les siens. Elle le fixa sans parler, et il sentit que son regard disait tout ce qu’elle avait déjà décidé. Mais Harry ne pouvait se résoudre à rester silencieux.
« Je ne sais pas comment… faire autrement, Ginny. » Sa voix était cassée, vulnérable. « Il y a des nuits où je me réveille… et je ne sais même plus où je suis. Je me perds encore dans ces souvenirs… » Ses mains tremblaient malgré lui, et il détourna le regard, presque honteux.
« J’ai… j’ai essayé de tout oublier, de laisser Cédric derrière moi, mais je… je ne peux pas, Ginny. Je.. je n'ai jamais voulu te faire de mal. »
Les mots étaient durs à dire, mais ils avaient enfin franchi ses lèvres.
«Tu as raison. Je n’ai jamais fait mon deuil, tu as raison. Je l’ai porté en moi, et je t'ai fait porter ce poids à toi aussi. Je suis désolé Ginny. Et, tu as aussi raison sur un autre point, je crois que je n’arriverai jamais à le laisser partir. Je ne peux pas l'oublier. Je ... je ne sais même pas si je veux l'oublier. Et tout ici me rappelle ce que j'ai perdu. Je ne pourrais jamais oublier, pas ici, pas à Londres, pas dans cette maison, pas en étant l'homme qui a vaincu, pas dans le monde sorcier, pas avec tous ces souvenirs qui m’entourent. »
Il ferma les yeux un instant, il savait que c'était trop tard pour sauver leur couple. Mais il aimait réellement Ginny. Peut-être pas de la bonne manière. Peut-être avait-il forcé quelque chose qui n'aurait pas du exister. Mais il tenait à Ginny. Il ne voulait pas qu'elle soit malheureuse. Il avait été agoïste. Il devait lui faire comprendre qu'il acceptait ses fautes. Il se força à la regarder, à affronter son regard. Ginny restait là, silencieuse, son visage semblant désormais plus doux, comme soulagé.
Harry s’approcha un peu, sa voix plus douce, plus fragile, alors qu’il ajoutait : « Je suis désolé… Je t’ai obligé à porter cette douleur avec moi alors qu'elle ne te concernait pas et je t’ai laissé dans l’ombre, et… je n’ai pas été celui que tu méritais. »
Ginny ne bougea pas, mais Harry pouvait voir la tristesse dans ses yeux. Il sentit alors son cœur se serrer un peu plus mais il devait continuer, il devait tout dire à Ginny. Elle le méritait.
Une idée se forma dans son esprit et il prit une grande inspiration, comme s’il rassemblait tout son courage.
« Tu as raison. Mais, c'est moi qui vais partir, Ginny… Je vais prendre un peu de temps. Je ne sais pas où, mais loin d’ici. J’ai besoin de recul, de trouver un peu de paix, de guérir. Et tu as encore raison Ginny, tu dois penser à toi. Je ne peux pas te demander d’attendre. »
Un silence lourd s'installa entre eux, Ginny semblait lutter avec elle-même, mais avant que Ginny n’ait pu répondre, Harry ajouta d’une voix plus assurée :
« Et toi, tu n’as pas à partir. Cette maison, c’est autant la tienne que la mienne. Même si c’est moi qui en suis le propriétaire, c’est toi l’âme de cet endroit. C’est toi qui lui as donné vie, qui l’as réaménagée, qui lui as donné toute la chaleur qui y réside. »
Ses mots étaient simples, mais sincères, et il sentit un frisson d’émotion dans sa voix. « Tu n’as pas à fuir ta maison, Ginny. Tu n’as pas à partir à cause de moi. Si tu veux, si tu le souhaites, tu peux rester ici. C’est ta maison. »
Harry resta là, immobile, les mots qu’il venait de prononcer flottant dans l’air, il ne savait pas si c'était les bons mots, les bonnes choses à dire, mais Ginny lui avait si souvent reproché de cacher ce qu'il ressentait, cette fois Harry s'ouvrait à elle, complètement.
Ginny se tourna lentement vers lui, une émotion profonde et silencieuse traversant ses yeux. Elle inspira profondément avant de parler, la voix chargée de tristesse, mais aussi d'une certaine gratitude.
« Merci, Harry. » Elle s’arrêta un instant, ses yeux se perdant dans un point lointain, comme si elle cherchait à rassembler ses pensées avant de les livrer.
« Merci de me dire que ... » Elle secoua doucement la tête, comme si ce mot "merci" pesait bien plus lourd qu’il ne semblait. « Ça veut beaucoup pour moi. » Elle marqua une pause. « Je ne pensais pas que tu ... je ... Tu as besoin de temps, tu as aussi raison Harry. Je pense que c'est une bonne idée pour toi de t'éloigner du monde magique. Ce monde t'a trop pris. Tu ne pourras jamais oublier et te reconstruire ici. »
Elle baissa la tête, une douleur évidente sur le visage. « Et peut-être que… tu as aussi besoin de t’occuper de toi-même, de t'accepter, entier et de voir la vérité en face Harry, et pas seulement en ce qui concerne Cédric. Mais je en pense pas que tu es prêt à entende le reste, pas pour le moment. »
Harry la regarda, muet, incapable de répondre à cette remarque. Il savait qu’elle avait raison en partie, mais qu'est-ce que Ginny insinuait concernant le reste ?
Ginny reprit la parole, relevant enfin les yeux vers lui, son regard plus déterminé, ne laissant pas à Harry le temps de s’attarder sur sa dernière remarque.
« Je vais accepter ton offre et rester ici, pour le moment. J'avoue ne pas être emballé à l'idée de retourner vivre au Terrier, dans tout ce brouhaha. Et tu as raison, c’est aussi chez moi, d’une certaine manière. Je m'y sens bien. Mais… »
Elle hésita, cherchant ses mots. « Je ne peux pas te promettre que je vais t’attendre Harry. Et je ne peux pas te promettre d'être encore là si et quand tu reviendra» Elle fixa Harry droit dans les yeux, un éclat de tristesse dans le regard.
« Je ne peux pas passer ma vie à attendre quelque chose qui n'arrivera jamais. À attendre que tu me voies autrement que… Comme je te l'ai dit Harry. Je ne pourrais jamais rivaliser avec ce souvenir, avec Cédric. C’est trop. Harry. Je ne peux pas pas t'attendre.»
Un pincement de douleur traversa la poitrine de Harry, mais il n'eût d'autre choix que d'accepter ce qu'elle disait. Il baissa les yeux un instant, honteux, avant de les relever, la voix tremblante, mais pleine de sincérité.
« Je ne te demanderai jamais un tel sacrifice, Ginny. » Il se sentait épuisé par cette conversation qui ne faisait qu’ouvrir des plaies déjà anciennes.
« Je sais que je ne peux pas te demander d'attendre indéfiniment. » Il inspira profondément, ses mains se crispant légèrement sur le chambrant de la porte. « Je suis désolé. J’aurais dû te dire la vérité, dès le début. Je t’ai laissée dans l’ignorance et c’est injuste. » Il la regarda, ses yeux emplis de regrets. « Je t’en prie, pardonne-moi. »
Ginny resta silencieuse pendant un moment, son regard durcissant légèrement avant de se radoucir. Elle souffla, comme si elle essayait de se donner du courage.
« Oui, Harry, tu aurais dû. » Sa voix était plus acerbe, mais l’empathie ne l’avait pas quitté. « Mais je sais pourquoi tu n’as pas pu le faire. Même si je ne suis pas certaine que toi tu le saches. » Elle se rapprocha de lui, sa voix devenant plus douce, presque un murmure.
« Je sais en partie ce que tu as vécu, ce que les Dursley t’ont infligé. Ça t’a forgé. Je le comprends. » Un petit sourire triste se dessina sur ses lèvres, comme si elle reconnaissait enfin cette douleur qu’il n’avait jamais partagée. « Mais même si je comprends, ça ne m’empêche pas de… souffrir. » Elle secoua la tête, ses yeux brillants de larmes qu’elle n’avait pas voulu laisser couler.
Harry sentit sa culpabilité s’alourdir dans son ventre. Il s’approcha de Ginny et, d’une main hésitante, prit les siennes. « Je suis tellement désolé, Ginny. » Il posa son regard sur elle, sincère mais brisé. « Je n’aurais jamais dû tout garder pour moi. Je… je t’ai blessée, et je n’ai jamais voulu cela» Il s’arrêta, son cœur battant la chamade. « Je vais essayer de changer, vraiment. Mais je sais aussi que je t’ai laissée dans une situation impossible. » Il sourit tristement. « Et je comprends. Je ne m'attends pas à ce que tu m'attendes. »
Ginny le regarda, un instant de silence s’étirant entre eux avant qu’elle ne reprenne la parole, son voix remplie d'un mélange de résignation et de douceur.
« Merci, Harry, » dit-elle, la voix calme mais pleine de reconnaissance. Elle lui adressa un léger sourire, mais il n’était pas joyeux. Elle le serra brièvement dans ses bras, un geste plein de tendresse, mais sans illusion. Puis elle se détacha lentement, se reculant d’un pas, les épaules lourdes sous la réalité qu’elle venait d’accepter.
« Je vais rester ici, mais… » Elle marqua une pause, comme pour rassembler ses idées.
«Prends la chambre Ginny, si cela te convient. » lui proposa Harry « … tu devrais y aller, je vais rester ici un moment. » Un silence pesant s’installa entre eux, mais Ginny acquiesça en silence.
Elle se tourna pour partir, mais avant de franchir le seuil, elle se figea et se tourna vers lui.
« Qu'est-ce que tu vas faire maintenant, Harry ? » Sa voix trahissait une inquiétude qu'elle n’arrivait pas à dissimuler.
Harry haussait les épaules, visiblement fatigué.
« Je ne vais sans doute pas réussir à me rendormir, alors je vais prendre un peu de temps pour réfléchir…Je te préviendrais avant de partir. Promis. » Il souffla profondément, les yeux perdus dans le vide.
Ginny hésita, une légère moue d'inquiétude sur son visage. Bien qu’un poids se soit un peu allégé, elle n'arrivait pas à se défaire de l’inquiétude qui la rongeait encore. « Ne pars pas sans dire au revoir, d'accord ? Et ne fais pas de bêtise Harry. »
Harry la regarda longuement avant de comprendre ce qu'elle voulait dire. « Oh. Je vais bien. Non, c'est faux, je ne vais pas bien, mais ce va aller Ginny. Je te promets. Je te préviendrais avant de partir.»
Rassurée, Ginny s’éloigna sans ajouter un mot, remontant lentement les escaliers, et Harry resta là, figé dans une lourde solitude. Finalement, il se dirigea vers la cuisine, presque sans y penser, comme un automatisme. Il prit un verre d’eau, ses gestes lents et presque mécaniques. L’eau s’écoulait doucement du robinet, et pendant un instant, Harry se sentit hypnotisé par ce simple bruit. Le flux régulier de l’eau semblait effacer tout ce qui était trop lourd dans son esprit.
Un bruit léger derrière lui le fit sursauter. Kreattur, l'elfe de maison, se tenait dans l’ombre de l’encadrement de la porte. Ses yeux brillants observaient Harry, et d’une voix basse et respectueuse, il demanda : « Le maître a-t-il besoin de quelque chose ? »
Harry répondit par réflexe, sans même y penser. « Non, merci. » Mais soudain, une pensée fugace traversa son esprit. Il se tourna alors vers Kreattur, un peu plus alerte. « Attends… Finalement oui, j'aurais besoin de ... » dit-il. Il se racla la gorge, avant de poser la question qui venait de traverser son esprit.
« Dis-moi… la famille Black n’aurait-elle pas une seconde résidence quelque part, peut-être en dehors de Londres ? »
Kreattur sembla réfléchir un instant, son regard un peu plus suspicieux, avant de répondre d’un ton humble : « Le maître ne connaît toujours pas les règles du monde dans lequel il vit… Les propriétés et l’or, ce sont les affaires des Gobelins, maître. Kreattur ne sait pas si la famille a une autre résidence. »
Harry grimaça, déçu mais ne montrant rien. Il savait que les Gobelins n'étaient définitivement pas des plus aimables le concernant. Vestige de sa petite escapade avec Ron et Hermione à dos de dragon.
« D'accord, » murmura-t-il en replaçant son verre d’eau sur le comptoir. « Merci, Kreattur. »
L’elfe de maison le regarda un instant, son expression sceptique trahissant une forme de méfiance, mais il ne dit rien de plus et s’éloigna dans un murmure.
Harry lança un Tempus d’un geste distrait. Il était 4h20 du matin. Trop tôt pour se rendre chez les Gobelins, bien trop tôt. Il souffla, l’air encore lourd de fatigue. Il prit une nouvelle gorgée d’eau et se dirigea lentement vers son bureau.
Il s'assit, le regard vague, puis prit une feuille de parchemin et une plume. Son esprit n'était pas totalement clair, mais il savait qu’il devait le faire. Il écrivit d’une écriture un peu tremblante, mais résolue :
Chère Hermione,