
Liste de mots: Lampe, Fée, Canelle, Chevelure, Orange, Bougie, Nuit
Octobre 1981
Dans l’obscurité silencieuse de la nuit, cinq silhouettes apparurent dans un pop étouffée. Le visage grave, baguette à la main, ils fixèrent une forme dans le ciel qui semblait les défier. Ce signe, tous le connaissaient, et peu s’en réjouissaient. Dans leur esprit, il était clair qu’ils ne trouveraient pas de vie épargnée dans la maison qui leur faisait face.
La question maintenant, était de savoir si les responsables étaient encore sur place ou s’ils avaient déjà pris la fuite.
Une forme se démarqua des autres, un peu agacé de rester planté sur ce trottoir à attendre. La femme avança, baguette baissée, probablement imprudente. Pourtant, tout dans son être lui soufflait qu’elle n’eût pas grand-chose à craindre, le pire devait être passé.
Un hurlement d’agonie secoua les personnes présentes, encore à l’extérieur. La femme se précipita vers la porte d’entrée, tandis que ses compagnons l’appelèrent, terrifiés à l’idée qu’elle se fasse blesser ou tuer.
Pour la sorcière, ce cri était trop familier, réveillait au fond de son esprit des souvenirs qu’elle aurait voulu enfermer et tenir sous clef. Peut-être même, jeter cette clef. Cette voix, qui hurlait, lui rappelait tellement ces soirs ou son ainée subissait les corrections de leur père a leur place, arguant qu’il valait mieux qu’il s’acharne sur elle, et que c’était son rôle de protéger les plus jeunes.
-Putain Andy attend !!!
Elle n’écouta pas. Déboulant dans ce qu’il lui semblait être le salon, elle se figea immédiatement. Outre le cataclysme qui semblait s’être déchainé dans la pièce avec ses meubles renversés et cadres photo brisés au sol , c’est plutôt la scène qui se jouait devant elle qui la choqua. C’était de sa sœur, Bellatrix, que venaient ces cris et ces sanglots. Assise par terre, elle tenait quelqu’un dans ses bras, le berçant comme l’on bercerait un enfant.
Elle n’avait jamais vu sa sœur pleurer, et bien qu’elle lui en veuille terriblement depuis des années, quelque chose en elle remua, brisant son cœur à cette vue.
Elle s’approcha doucement, après avoir intimé silencieusement à ses compagnons de ne pas faire le moindre geste, le moindre bruit. Elle pensait que la sorcière la maudirait, l’attaquerait instantanément, mais il n’en était rien. Bellatrix continuait à se balancer d’avant en arrière, le corps secoué de sanglots déchirants.
Enfermée dans sa propre tête, Bellatrix était parfaitement inconsciente de ce qui l’entourait. Tout ce qu’elle comprenait, c’était que son monde venait de lui être arraché de la pire des manières. Qui aurait cru qu’une sang pur, héritière de la famille Black, puisse s’enticher d’une vulgaire née moldu ? Cette féé, toujours optimiste, toujours a voir le bon en chaque personnes. Depuis que ces deux-là s’étaient trouvés a Poudlard pendant leurs études, elles n’avaient cessé de se chercher, de se chamailler, jusqu’à en apprendre davantage sur chacune, donnant l’impression de se détester, une illusion consentit pour brouiller les pistes. La jeune Bella n’était pas prête à tenir tête à sa famille, et sa compagne l’avait bien compris. Nastya assista donc de loin, le jour au mariage de sa belle avec cet homme qui n’en valait pas la peine. Elle assista aussi à l’endoctrinement de sa sorcière, parmi les rangs de ce mage dangereux. Elle participa à de nombreuses disputes qui secouèrent leur couple, sans jamais le briser.
Mais la nuit, les deux amantes se retrouvaient, toute barrière disparaissant, pour ne laisser s’exprimer que de la tendresse et un profond attachement.
Bellatrix n’attendait que le bon moment pour fuit avec elle, pour recommencer une vie loin de cette vision fausse qu’on les sangs pur sur les autres, loin du regard haineux, loin de l’emprise de son nom de famille.
Elle n’en eut pas le temps.
Continuant à bercer doucement son corps, elle eut du mal à respirer, un poids l’étouffait, son cœur se battant pour cesser lui aussi, d’avoir mal.
Dans son brouillard, elle sentit une douce chaleur sur sa joue, son bras, sa main. Ses oreilles captèrent une voix, d’abord indistincte, mais tout de même insistante, puis petit à petit, cette voix devenait plus nette, les mots se formèrent…
-Bella ? Tu m’entends ?
Le regard de la sorcière se posa alors sur la personne en face d’elle, reconnaissant ses traits similaires aux siens.
-Andy…
Sa voix était faible, rocailleuse, difficile à entendre à force de crier, d’implorer de ne pas lui enlever cette vie. La main de sa sœur revint sur sa joue, essuyant les larmes qui coulaient encore.
-Oui c’est moi… Il faut que tu la lâches. Personne ne te fera de mal, ne lui fera de mal. Mais il faut que tu la lâches et que tu me dises ce qu’il s’est passé…
Bella peinait à comprendre ce que disait sa sœur. Lâcher Nastya ? Mais pourquoi ? Instinctivement, ses bras se resserrèrent sur elle à cette idée inconcevable. Si elle la posait, alors tout deviendrait beaucoup trop réel. La sorcière prit une inspiration tremblante.
-Je lui ai promis. Je lui ai promis de l’emmener loin d’ici. Elle voulait aller vivre en France, tu sais… On aurait pu, ils ne nous auraient pas retrouvés là-bas. Maintenant elle est partie toute seule… elle est partie sans moi à cause d’eux… je n'ai rien pu faire, je suis arrivé trop tard. Je suis désolé… je suis tellement désolé…
Elle enfouit son visage dans les cheveux de la jeune femme décédée, repartant de plus belle dans une série de pleurs.
Andromeda comprenait peu à peu ce qu’il devait s’être passé. Les Mangemorts sont donc bien à l’origine de cette mort, et Bellatrix en avait été la témoin involontaire. La première pensée d’Andy fut que pour une fois, son ainée n’était pas fautive et qu’elle mettrait certainement beaucoup de temps à s’en remettre. Bien que cette relation était tout aussi surprenante, elle connaissait sa sœur et avait toujours su qu’elle n’était pas si irrécupérable que son entourage le pensait. La seconde pensée, est que peut être, cet événement pouvait ramener Bellatrix dans l’autre camp. Elle devait le tenter. À force de persuasion et de caresses, Bellatrix confia finalement le corps de sa petite amie a sa sœur, qui elle-même la confia a ses acolytes.
La sorcière plus âgée se retrouva alors dans les bras de sa jeune sœur, maudissant ce groupe en qui elle avait placé tous ses espoirs, qui, le comprenait-elle, n’avait rien d’enviable. Elle ne voulait plus leur appartenir, elle ne voulait plus lui obéir…
Octobre 2002
Assise confortablement dans un fauteuil au coin du feu, Bellatrix laissait son regard vagabonder d’une personne à l’autre, un sourire au coin des lèvres. Andy houspillait encore une fois sa fille qui faisait n’importe quoi avec son don de métamorphose, le plus souvent, pour faire rire son jeune fils. Sirius discutait dans un coin du salon avec Harry tandis que la fille wealsey, Ginny, était pendue à son bras comme une sangsue, jouait avec sa chevelure rouge orangé. Le plus jeune fils weasley parlait de son poste d’auror à une Hermione visiblement agacé et tout ce petit monde partageait un moment convivial pour la soirée d’Halloween. De temps en temps, la main de Bellatrix piochait un bonbon ou deux dans le seau sur la table basse devant elle, quand elle était sure que personne ne regardait. Après tout, qui aurait pu deviner que la grande Bellatrix Black avait la dent sucrée ?
Machant un chocolat a la cannelle, alors que son petit neveu était placé sur ses genoux pour une raison obscure, elle ne put s’empêcher de repenser à la nuit qui a permis de conduire a cette réunion de famille. Elle se demandait toujours, à quoi aurait ressemblé sa vie si elle avait refusé l’aide d’Andy. Si elle n’avait pas rejoint la lumière à ce moment-là, est-ce qu’elle serait entourée de sa sœur et de son cousin ? Probablement pas.
Laissant Teddy jouer avec sa chevalière, elle tourna la tête en direction de sa sœur qui venait de se planter devant elle, un sourire attendrit accroché sur le visage.
-C’est officiel, tu es sa tante préférée, mais ce petit monsieur doit aller au lit. Et c’est encore mamie qui va s’y coller, puisque ses parents ont autre chose à faire ce soir !
Petit à petit, la pièce se vida, et alors qu’il n’y avait plus qu’elle et Sirius encore présent, celui-ci lui tendit sa cane, ainsi que son bras.
-Besoin d’aide vieille branche ?
Bella aurai aimé le maudire, l’insulter, mais elle ne put que lâcher un rire amusé. C’était un jeu entre eux depuis la fin de la guerre. La hanche de la sorcière, alors irrémédiablement abimée lors de la bataille finale à Poudlard, l’empêchait de se mouvoir convenablement. Elle fut alors obligée de se déplacer avec une cane, et devait compter sur une aide pour se lever quand elle avait le malheur de s’assoir.
-Je vais vraiment t’offrir cette gamelle gravée le chien !
Sirius la laissa prendre appui sur lui, et posa un bras protecteur autour de ses hanches pour la soutenir.
-Tu me fends le cœur cousine, moi qui pensais que tu m’aimais ! Je devrai t’offrir quelques bougies, ou tu sais cette lampe que tu détestait dans ce magasin moldu.
Bellatrix leva les yeux au ciel. Son cousin l’agaçait autant qu’il l’amusait. Un raclement de gorge venant de l’entrée du salon les interrompit. Hermione, visiblement mal à l’aise.
-Est-ce que tu aurais cinq minutes à m’accorder Bellatrix ? Enfin… seulement si tu veux…
Sirius, pensant comprendre la teneur de l’échange qui se préparait, embrassa sa cousine sur la tempe pour lui souhaiter bonne nuit et lui glissa un « Laisse-lui une chance, l’âge n’a pas d’importance » discret a l’oreille.
Autorisant la jeune femme à l’approcher et la soutenir comme son cousin avant elle, Bellatrix ne put s’empêcher de l’observer. Peut être pouvait elle s’autoriser a laisser définitivement l’obscurité derrière elle, et rouvrir son cœur a une autre née moldue.