Mirabile Visu [FR]

- Zelda Hylia d’Hyrule.

Les applaudissements dans la Grande Salle se turent d’un commun accord. Ainsi, les rumeurs de cet été s’avéraient vraies. Professeurs comme élèves tendirent le cou pour mieux apercevoir la jeune héritière au trône d’Hyrule prendre place sur le tabouret. Tête haute, menton droit et carrure impeccable, la princesse s’assit avec grâce, ses longues nattes suivant le rythme de son corps. Aucune plissure inhabituelle sur ses robes parfaites dont le noir faisait ressortir le blanc de sa peau.

Sans trop de doute, le Choixpeau frôla à peine les mèches dorées qu’il s’écria :

- SERDAIGLE !

La maison concernée siffla sa joie, tambourina la table. Ce n’était qu’une formalité ; il n’aurait pas pu en être autrement pour celle que l’on disait être l’une des Disir des Trois Déesses.

La jeune noble au sang pur – et divin racontait-on – se redressa dans une élégance rare, un sourire délicat sur ses traits doux. Les préfets se levèrent en commun accord afin d’assurer un accueil digne de son rang, à la meilleure place. Ils ne laissèrent pas l’option à Zelda de refuser.

Puis, la voix d’Edessa Sakndenberg tout juste promue directrice adjointe résonna de nouveau dans la Grande Salle. Elle appela l’élève suivant – un nom qui suffit à ramener le calme total :

- Link d’Hālgascul-Elyndor.

Si en effet la princesse Héritière tentait sa scolarité au milieu des autres élèves, jamais son père ne l’aurait laissé sans surveillance. La présence d’un gentil toutou proche de la famille royale ne pouvait être qu’obligatoire ; et d’aucuns aurait pensé à un adulte occupant le poste vacant de Défense contre les Forces du Mal. Pas un gringalet de l’âge de la princesse !

Un autre blond, les cheveux encore en bataille de son arrivée par les airs. Une démarche assurée pour un regard ennuyé. Le concerné s’assit avec droiture, mais bien loin de l’élégance princière démontrée tantôt par Zelda – cette dernière ne sembla pas s’en formaliser plus que cela.

- GRY - commença le Choixpeau pour être interrompu dans son élan.
- Non.

La joie de la table des lions fut contenue dans un unique souffle, dans l’attente du mot final de répartition.

- Non ? Répéta le Choixpeau incrédule du toupet du jeune garçon.
- Non. Confirma l’élève perturbateur sans la moindre gêne.
- Tu n’es pas en mesure de décider d’une telle chose, jeune homme… Gronda l’artefact. Je sais reconnaître un étudiant digne de Godrick-
- Pas intéressé.

Les flammes des bougies vacillèrent, certaines en furent même soufflées ; un changement brutal qui provoqua des sursauts de surprise générale et des cris chez les étudiants de première année. À sa table, Zelda roula des yeux. Un acte non royal qui passa, heureusement pour l’image de la couronne d’Hyrule, inaperçu.

- Poufsouffle me conviendrait mieux. Affirma Link dans le plus grand des calmes loin de son petit numéro intimidant.
- Je ne doute pas de ta loyauté, de ta patience ou de ton dévouement. Cependant-
- Les cuisines sont proches de la salle commune des Poufsouffle.

De sa création par les quatre fondateurs, le Choixpeau n’avait jamais entendu pareille excuse pour finir dans l’une ou dans l’autre des maisons. Des élèves suppliaient de rester avec leur ami d’enfance, d’autres pour finir dans la maison attendue par leurs parents – voire leur famille entière, d’autres encore pour ne pas se retrouver avec un membre de leur famille plus âgé. Mais pour la proximité des cuisines aux dortoirs ? Quel argument était-ce ?

- L’Héritage de ta famille-
- Je préfère mon propre destin.
- Le courage dans ton aura-
- M’empêche de te brûler présentement. Ronronna l’esprit de l'élève insolent avec délectation.

Le visage juvénile du jeune blond resta neutre pour l’assistance. Les élèves s’envoyaient des œillades, murmurant la nouvelle minute écoulée s'ajoutant à celle passée. Les messes basses se questionnèrent aussi : car de vie d'homme, qui se souvenait qu'un Hālgascul-Elyndor puisse être autre chose qu'un Gryffondor ? Et un Choixpeauflou ?

- Soyons cordiaux sans en finir dans les flammes. J’aime les flammes. Mais j’aime encore plus la nourriture. Surveiller sa Majesté n’est pas de tout repos. Non qu’elle soit aussi déplaisante que son père ou sa grande tante. Donc Poufsouffle, ce sera.
- Cela irait à l’encontre-
- Comme tu veux.
- GRY-

De larges gouttes de cire blanche figèrent la bouche du Choixpeau. Dans un hoquet général, une des bougies chuta sur l’illustre accessoire ensorcelé – maintenue in extremis par un sort de lévitation, la flamme vive à quelques millimètres à peine du tissu ancien.

- Le feu me procure beaucoup de plaisir… Susurra le blondinet sur un petit ton malicieux. J'ai toujours trouvé la danse des flammes fascinantes, leur chaleur irrésistible et les couleurs si chatoyantes que j’aimerais que le monde y baigne… 

Silence.

Il fallut attendre encore un peu avant que la bougie ne soit redressée et remontée avec les autres par l'action des enseignants. Les taches de cire sur la bouche du Choixpeau disparurent.

- Rares sont ceux de ton âge maniant la magie sans baguette. Serdaigle serait un bon endroit pour toi... La princesse serait sous bonne garde.
- Sa Majesté ne me supporte pas. Grommela Link. Autant lui laisser son jardin secret. 
- Tu aurais aussi ta place chez les Serpentard…
- La couleur du blason correspondrait, en effet, plus à sa Grande Farore. Admit le blondinet. Mais... J'insiste. Ce sera Poufsouffle. Ou un feu de joie.

Soupir. L'artefact s'avoua vaincu. Finir en tas de cendre ne l'intéressait pas. Déroger ainsi aux sorts des fondateurs lui déplaisait tout autant, cependant, il côtoyait assez de jeunes têtes pour reconnaître qu'à aller à de telles actions, cet élève avait ses raisons. Cuisines ou non.

- Très bien. Si tu es sûr de toi... POUFSOUFFLE !

La surprise passée d'un tel retournement de situation, la table d'Helga hurla sa joie dans un tonnerre d’applaudissements.

Sur le tabouret, avant que la professeure Sakndenberg lui retire l’artefact de sa tête, Link poussa un soupir de soulagement.

- Merci, merci, merci, merci, merci ! Dit-il dans son esprit à l’attention de l’artefact, un immense sourire reconnaissant éclairant son visage. J’ai une peur bleue du feu ! Ça restera entre nous !

Le Choixpeau en resta coi.

Le toupet des jeunes !

Bonus .
Niamh inspira lentement. Avec les élèves répartis et les émotions légèrement retombées avec les deux grands noms de l’année, la soirée de rentrée se déroulait plutôt bien. Un bon point. Surtout avec la famille royale se mêlant des histoires de l’école - comme si le Ministère de la Magie n’était pas suffisant à gérer. Sept ans à tenir, ce ne serait pas grand-chose. La directrice avait vu pire.

- Avant que le festin ne commence, j’aimerais que nous accueillions chaleureusement notre nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal, Ganondorf Dragmire. Commença la directrice Niamh Fitzgerald.

Elle laissa les élèves applaudir la nouvelle, offrant ainsi du temps à son jeune collègue de se lever et saluer l’audience.

- Le Professeur Dragmire était étudiant à Uagadou. Ainsi, pour celles et ceux qui seront intéressés, il est d’accord pour enseigner la magie sans baguette. Mais pour l’heure, ne nous préoccupons pas de cette nouvelle option ; régalons-nous !

(Pour se régaler, il n’alla sans dire que Link se régala. À en oublier la chaleur croissante dans le dos de sa main gauche. Comment pouvait-il en être autrement avec les pommes de terre sautées sous ses yeux ?)