
Survivre
Chapitre 26 : Survivre
Durant les semaines qui suivirent dans tous les territoires de la coalition des festivités furent données. Ainsi chaque clan exprima sa gratitude envers ceux et celles qui les avaient sauvés. Partout des statues de Leksa kom Trikru semblables à celles de Polis furent érigées, mais comme cela avait été la volonté de Lexa la mémoire de Raven fût aussi honorée par tous les clans et une cérémonie en son honneur fût donnée par le Skaikru à Arkadia mais aussi à Polis. Une stèle fût posée sur la tour de Polis, portant l'inscription suivante :
« Raven kom Skaikru, la fille du ciel qui a sauvé la terre
« Winnes set raun bakon kom givnes »
«La victoire se tient derrière le sacrifice»
Indra tint sa promesse en s'assurant que l'histoire de la courageuse jeune femme venue du ciel qui s'était sacrifiée pour sauver l'humanité traverserait les frontières et le temps. Le sacrifice de Raven et le courage de tout son équipage marqua l'acceptation définitive du Skaikru au sein de la coalition.
Roan avait repris son poste d'intendant et avait appliqué les ordres de Lexa, le conseil des ambassadeurs fût rétablit et ensemble ils s'engagèrent à instaurer une paix durable. Indra fût récompensée pour son courage et prit le titre de défenseuse de Polis. Sa nouvelle mission lui fût révélée par Roan comme Lexa le lui avait demandé. La guerrière devrait partir en quête de nouveaux Natblidas et les ramener à Polis pour les préparer à un jour endosser le rôle de Heda. Indra accepta la tâche avec honneur.
Octavia retrouva Bellamy en laissant la flamme active, car Becca Prim Heda avait choisi de rester quelques temps pour conseiller l'intendant et transmettre ses ordres sur l'ensemble du territoire. Indra autorisa son second à retourner à Arkadia avec le Skaikru pour faire le deuil de Raven et revenir à ses côtés lorsqu'elle s'en sentirait prête. Monty entama son périple pour rejoindre les Skaikru et c'est avec bonheur qu'il sauta dans les bras de Jasper lorsqu'il entra à Arkadia avant de rejoindre Harper pour rattraper le temps perdu.
A mesure que les jours passaient chacun commença à comprendre qu'un nouveau monde était en train de se dessiner. Le mot « avenir » prit enfin un sens. C'était la première fois depuis qu'ils avaient atterri sur terre qu'ils purent enfin s'y sentir chez eux et en sécurité. Ils le savaient tout cela était encore bien fragile, ils auraient sûrement d'autres combats à mener. Mais, après tout ce qu'ils avaient traversé cela ne leur semblait plus aussi insurmontable qu'avant.
Quant à Clarke elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Elle avait accepté de suivre ses amis et de rentrer à Arkadia. Même si revoir sa mère avait été un soulagement, elle n'arrivait pas à surmonter la perte de Lexa.
Après, la cérémonie en l'honneur de Raven elle avait choisi de partir quelques temps pour essayer de retrouver la paix. Son voyage l'emmena très loin à l'ouest sur le territoire de clans qu'elle n'avait encore jamais parcouru. Un soir dans une auberge, elle croisa un visage familier.
« Murphy ? »
Le jeune homme était accoudé à une table, une chope de bière à la main. Elle avait failli ne pas le reconnaitre car il s'était laissé pousser la barbe et ses cheveux plus longs étaient tirés en arrière.
« Clarke ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? »
« Je pourrais te poser la même question ! » Lui répondit-elle.
« Je voyage avec Emori, tu vois…je profite de la vie. » Lui répondit-il en levant son verre.
« Et où est-elle ? »
« Partie repérer des gens à détrousser… »
Clarke fit la moue.
« Détends-toi Clarke. Je plaisante. Elle est allée se coucher, la journée a été longue. » Lui dit-il en riant tout en lui faisant signe de s'asseoir à côté de lui.
Clarke enjamba le banc et s'installa à côté du jeune homme, qui leva la main en direction du tavernier pour lui demander d'apporter à boire à la jeune femme.
Murphy se mit à rire.
« Ben ça alors si on m'avait dit que je te croiserai ici ! »
« Je fais comme toi je voyage… » Lui répondit-elle.
« Je m'étais imaginé que tu ne pourrais pas résister à l'appel du devoir, et qu'en ce moment tu étais assise dans le siège d'ambassadeur du Skaikru à Polis. »
Clarke saisit la chope qu'on venait de lui poser devant le nez et bu une gorgée avant de répondre.
« J'avais besoin de changer d'air… »
« Je comprends… » Dit-il en faisant glisser son index sur le rebord de sa chope.
Les deux amis restèrent silencieux un instant. Encore étonnés de se retrouver là.
« Est-ce que tu vas bien Clarke ? »
Elle ne répondit pas et changea de sujet.
« Les gens d'ici sont plutôt accueillant tu ne trouves pas ? »
« Oh oui, on a été habitués à bien pire que ça… » Admit-il.
« Où vas-tu aller ensuite ? »
« Je ne sais pas encore… » Répondit-elle.
«Et vous ? »
« Emori voudrais qu'on continu encore un peu plus loin vers l'ouest, elle connait des gens dans un village…je ne me rappelle plus du nom du bled…Bref, elle voudrait qu'on y reste un moment…Après qui sait ? »
Clarke sourit.
« L'aventure te tentes ? Tu pourrais nous accompagner si tu veux. » Lui proposa-t-il.
Clarke trouva le garçon changé, il semblait heureux et apaisé. Cela lui mit du baume au cœur.
« Je te remercie, mais je crois qu'il faut que je continu mon chemin seule. »
« Je comprends. » Dit-il en souriant.
En écoutant Murphy, Clarke réalisa que lorsque l'on était avec la bonne personne peu importait le lieu où l'on pouvait se trouver le bonheur était là. Murphy avait rencontré Emori et cette rencontre l'avait profondément changé, il était amoureux, il était heureux et il la suivrait partout où elle déciderait d'aller en s'y sentant toujours chez lui. Cela la ramena au constat douloureux que ce n'était pas son cas.
Clarke termina le fond de sa chope d'un trait. Puis, elle se leva et en posant sa main sur l'épaule de Murphy elle le remercia pour le verre et lui fît ses adieux en lui souhaitant le meilleur pour la suite. Murphy la regarda s'éloigner, il savait que Clarke était triste mais aussi qu'il était impuissant face à son chagrin. Le mieux qu'il pouvait faire était d'espérer qu'elle finirait par trouver la paix.
Les jours suivants Clarke poursuivit sa route de village en village. Espérant que ces nouveaux paysages, ces nouvelles rencontres et la découverte des traditions locales lui permettraient d'oublier celle qu'elle avait perdue. Mais, à chaque fois, elle était rattrapée par le souvenir de Lexa. Dans les rues, elle entendait toujours des conversations qui évoquaient les faits d'armes du commandant, des autels, des statues étaient édifiées un peu partout. Depuis, les récents événements Leksa kom Trikru avait pris une autre dimension. Elle était devenue une icône, une légende…Elle avait dépassé son statut de Heda, sa résurrection et la paix qu'elle avait réussie à instaurer même depuis l'au-delà lui avait conféré une aura mystique que les natifs idolâtraient en lui prêtant des pouvoirs divins.
Clarke savait que ces croyances reposaient sur la méconnaissance primitive des natifs, mais bien sûr les exploits de Lexa eux étaient réels et Clarke comprenait qu'une partie de la population y voit une manifestation surnaturelle. Cependant, elle évitait toujours d'écouter les conversations qui tournaient autour de Heda. Si malencontreusement elle croisait au détour d'une ruelle une statue elle détournait immédiatement les yeux et changeait d'itinéraire. Elle ne voulait plus penser à Lexa. Elle avait trop souffert…
Pire, Clarke en était venue à détester Lexa pour l'avoir abandonné. En choisissant de ne pas rester prêt d'elle, le commandant l'avait détruite et il lui sembla plus facile de la haïr pour ça que de continuer à l'aimer. Clarke avait emprisonné ses sentiments sous une carapace et faisait tout son possible pour ne plus jamais les laisser sortir…C'était son seul moyen de lui survivre.
Après des jours d'errance, elle fît la connaissance d'un jeune homme appelé Aaron qui devint son compagnon de route. Il avait à peu près son âge, les yeux bruns, un sourire d'ange, ses longs cheveux noirs étaient tirés en arrière, il avait de larges épaules, une musculature saillante et la dépassait de deux têtes. Au-delà de son physique agréable, l'homme avait de l'esprit et beaucoup d'humour c'est d'ailleurs pour cela que Clarke accepta de faire un bout de chemin à ses côtés. Il était fils de paysan, ce n'était pas un guerrier. Il lui avait expliqué qu'il venait de quitter sa famille pour voyager avant de revenir au pays pour reprendre l'exploitation familiale, sorte de rite initiatique. Aaron n'avait donc jamais mis les pieds à Polis ce qui n'était pas pour déplaire à Clarke car, elle put facilement dissimuler son passé.
Les premiers jours, Clarke méfiante restait froide gardant une distante avec le jeune homme pour qui la compagnie de cette inconnue mystérieuse était déjà une véritable aventure. Au fur et à mesure la jeune femme se détendit et commença à apprécier d'avoir un acolyte pour l'accompagner lors de ses longues marches. Aaron s'émerveillait de tout ce qu'il découvrait, il discutait avec toutes les personnes qu'ils croisaient sur leur chemin. Cette insouciance et cette joie de vivre commença peu à peu à redonner le sourire à Clarke. Elle s'amusa de le voir aussi curieux de tout, aussi émerveillé. Il était heureux de vivre et cela faisait plaisir à voir.
Lorsque Clarke semblait triste ou dans ses pensées, il avait toujours une attention envers elle. Aaron était un soleil et Clarke le remarquait de jour en jour. Il était plaisant de l'avoir près d'elle, elle qui s'était réfugiée dans sa solitude depuis trop longtemps. Les premiers jours, Aaron posait des questions sur la vie passée de Clarke, mais à chaque fois il se heurtait à un mur de silence. Alors très vite il renonça à en savoir plus. L'homme avait compris qu'il ne saurait rien du passé de Clarke et l'avait accepté. Celle que l'on avait appelé un jour Wanheda savait que le jeune homme nourrissait des sentiments à son égard mais elle préférait les ignorer. Plusieurs fois Aaron avait tenté de lui voler un baiser et Clarke avait évité ses avances en se justifiant maladroitement. Mais, cela n'avait pas entamé le moral du jeune homme qui ne s'avouait pas vaincu. Il décida de se montrer patient en espérant qu'un jour elle lui dirait oui.
Un soir tandis qu'ils campaient dans un bois, Aaron lui annonça qu'il était désireux de découvrir la capitale. Clarke sentit des frissons la parcourir à l'évocation de Polis. En un instant tous ses souvenirs revinrent la hanter. Elle dévisagea le jeune homme qui la regardait toujours avec la même tendresse. Clarke se sentait désarmée face à l'expression tendre du jeune homme. Elle le fixa de ses yeux bleus et même si elle ne pouvait pas parler d'amour elle réalisa qu'elle avait développé au fil du temps des sentiments pour lui. En essayant d'oublier Polis et tout ce que ça représentait dans son esprit elle se blottit contre lui et dit :
« Ne parlons pas de Polis, tu veux bien ? »
Aaron un peu surpris de cette soudaine promiscuité lui répondit en souriant.
« Comme tu veux… »
Clarke compris que tout ce qu'il voulait c'était d'être auprès d'elle et qu'il ne ferait jamais rien qui pourrait la blesser. Lexa était partie pour toujours, elle l'avait contrainte à renoncer à elle, elle l'avait abandonnée. Aaron lui se tenait là juste devant elle le cœur ouvert. Le jeune homme se tourna vers Clarke et posa sa main sur sa joue. Il était émerveillé par la beauté de la jeune femme, il ne put résister et s'avança vers elle pour l'embrasser. Pour son plus grand bonheur cette fois ci, Clarke ne se défila pas. Ils s'allongèrent à côté du feu qui crépitait dans le silence de la nuit. Clarke ne pensait plus à rien, elle sentait le désir la parcourir sous les caresses d'Aaron qu'elle lui rendait avec la même envie. Cette tendre étreinte réveilla chez Clarke un appétit bestial. Elle s'emparait de sa bouche avec avidité et laissait courir ses mains sur le corps d'Aaron qui ne boudait pas son plaisir. D'un geste la jeune femme arracha le tee-shirt de celui qui ce soir elle l'avait décidé serait son amant. Elle caressa le torse nu aux muscles saillants du jeune homme avec désir. Aaron entreprit de la dévêtir avec plus de douceur, mais Clarke se faisait pressante. Elle avait envie de lui, elle avait envie de lui tout de suite !
Elle voulait le sentir en elle et tout oublier. Il n'était pas question d'amour, il n'était pas question de romance, tout cela lui était totalement égal. Clarke voulait céder à cette pulsion et profiter de l'instant. Oublier Lexa et vivre était le seul mot d'ordre, si la première chose était impossible elle pouvait essayer la seconde même sans amour. Ce soir-là elle fît tomber toutes ses barrières et elle trouva un certain réconfort dans cette union.
Le lendemain matin, devant les cendres fumantes du feu de bois, Clarke regarda Aaron encore endormi à côté d'elle. La fille du ciel commença à se rhabiller en silence. Une pensée lui traversa l'esprit, celle de partir sur la pointe des pieds et poursuivre sa route seule…Elle ne voulait pas que le jeune homme s'attache, même si elle avait des sentiments à son égard cela ne serait jamais suffisant. Elle avait envie de le protéger d'elle-même, de le protéger d'un amour impossible. Soudain, dans son esprit elle fît le lien entre cette situation et celle qu'elle avait vécu avec Lexa. Clarke l'avait détesté d'être partie et ce qu'elle avait vécu comme un abandon était en fait un acte d'amour. Lexa le lui avait pourtant dit sur le lac gelé, elle souhaitait que Clarke ait une vie normale et s'éclipser était pour elle la seule issue possible. En faisant cela Lexa l'avait mis devant le fait accompli sans lui laisser le choix. Ce choix qui pourtant lui appartenait aussi. Clarke s'en voulait de ne pas avoir trouvé les mots pour convaincre Lexa du contraire.
La fille du ciel venait de réaliser, qu'elle ne détestait pas Lexa, elle se détestait elle-même de ne pas avoir réussi à trouver un moyen de les réunir et de prouver à Lexa que cet amour était encore possible.
« L'amour est plus fort que la mort. » Pensa Clarke qui se sentait idiote de ne pas avoir compris cela plus tôt.
Son cœur se mit à battre, une montée d'adrénaline l'envahit, elle se leva d'un bon et commença à plier bagage. Le bruit réveilla Aaron qui en se frottant les yeux encore ensommeillé lui demanda :
« Mais qu'est-ce que tu fais ? »
Clarke sans même le regarder en fourrant ses affaires dans un sac.
« Je dois partir Aaron. »
Le jeune homme la regardait s'agiter sans rien y comprendre.
« Qu'est-ce que tu racontes ? Tu pars où ? »
Clarke arrêta de gesticuler et déclara d'un ton décidé.
« Je pars pour Polis ! »